Interview avec Mélanie - être professeure en lycée professionnel
By LanguaTalkIn this episode, Gaelle interviews Mélanie, a teacher in a vocational high school in France. Together they explain the purpose of such an educational environment, which students it is aimed at, as well as the stigma surrounding it and the difficulties of the job.
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Transcript of Interview with Melanie.mp3
Gaëlle:
Bonjour à toutes et bonjour à tous! Bienvenue dans ce nouvel épisode de LanguaTalk Slow French. Aujourd'hui, nous avons une invitée spéciale. Bonjour Mélanie.
Mélanie:
Bonjour Gaelle.
Gaëlle:
Alors Mélanie et moi nous sommes amies et nous nous sommes rencontrées il y a six ans en Malaisie, un pays en Asie à côté de la Thaïlande. Et nous étions toutes les deux professeures de français dans une école de langue, une école de l'Alliance française. Mais aujourd'hui, Mélanie habite en France, elle est revenue en France et elle fait un autre métier. Elle n'est pas professeur de français et c'est pour cette raison que nous faisons une interview aujourd'hui, parce que son métier est très intéressant. Alors Mélanie, est ce que tu peux te présenter rapidement s'il te plaît?
Mélanie:
Bien sûr. Alors je m'appelle Mélanie, j'ai 35 ans. J'habite dans la région parisienne, à l'est de Paris exactement et je suis professeure de lycée professionnel.
Gaëlle:
Très bien. Donc c'est ça que nous voulons voir aujourd'hui: le lycée professionnel. Est-ce que tu peux nous expliquer assez simplement c'est quoi le concept? Donc peut-être les étudiants ont quel âge? C'est pour apprendre quoi? Voilà, nous faire une présentation générale s'il te plaît.
Mélanie:
Le lycée professionnel, on y entre après le collège, donc après l'âge de quatorze ans en général. Et ça prépare à des formations, à des cursus qui permettent d'entrer dans le monde professionnel rapidement après la fin, après le diplôme. On peut préparer deux types de diplôme: un CAP ou un baccalauréat professionnel (en plus court Bac Pro).
Mélanie:
Le CAP, ça signifie "certificat d'aptitude professionnelle". Ça se prépare en deux ans, c'est possible de le préparer en trois ans Et on apprend un métier de manière plutôt simple, comme par exemple vendeur ou mécanicien, ou tous les métiers manuels qu'on prépare voilà, dans le cadre d'un CAP.
Mélanie:
Un baccalauréat professionnel, ça se prépare en trois ans et ça prépare à des métiers qu'on appelle du tertiaire. Donc tous les métiers des services. On peut devenir secrétaire, on peut devenir comptable, aide soignant, pompier. On peut devenir aussi mécanicien aussi, mais avec plus de responsabilités par exemple. Voilà. Mais l'objectif, globalement, c'est après le baccalauréat professionnel, intégrer rapidement le monde du travail.
Gaëlle:
Très bien. Donc oui, ça c'est vraiment l'information clé. Donc ce sont des études courtes. L'idée, c'est de donner les capacités à des jeunes de apprendre un métier. Le mot métier, on l'utilise beaucoup. Un synonyme, c'est "une profession" ou "un travail". Donc on peut donner tous ces synonymes. Donc voilà, apprendre un métier, une profession à des jeunes qui vont travailler rapidement, donc quand ils ont 18 ans. C'est ça? Ils vont pouvoir travailler tout de suite après. Donc ce n'est pas du tout pour aller à l'université, c'est vraiment pour aller travailler normalement tout de suite après. Très bien.
Gaëlle:
Et donc en français, oui, Mélanie nous a dit le lycée c'est après le collège. Donc attention "collège" en France, ce n'est pas "college" comme aux États-Unis ou en Angleterre. Le collège en France est de onze ans à quatorze ans et ensuite le lycée c'est de quinze - 18 ans. Très bien. Donc ça, ça nous donne une idée générale. Donc c'est des élèves qui ont entre quinze et 18 ans, pour aller travailler et donc c'est des métiers plutôt techniques, des métiers "manuels" Mélanie nous a dit. Donc "manuels" = avec les mains.
Gaëlle:
Est-ce que tu pourrais nous donner un peu des des exemples un peu plus précis de cursus? Tu nous as parlé par exemple de aide soignante, donc dans la dans la médecine, mais pas docteur. Le premier métier. Est-ce que tu as d'autres exemples un peu plus précis?
Mélanie:
Je peux parler de tous les métiers qui ont un rapport avec l'automobile, donc ça va être les mécaniciens, les carrossiers (pour ceux qui travaillent la couche extérieure du véhicule, de la voiture). Il va y avoir aussi tous les métiers pour travailler dans l'administration. On peut devenir par exemple gestionnaire, secrétaire, assistant de direction. On peut devenir comptable.
Gaëlle:
Ok, très bien. Donc oui, vraiment, des métiers qui sont essentiels mais qui ne nécessitent pas, on n'a pas besoin, d'aller étudier pendant cinq ans à l'université pour ça.
Mélanie:
Exactement.
Gaëlle:
Et en termes de profils des élèves, est-ce qu'il y a plus de filles que de garçons? Ou l'inverse? Est-ce que.. Est-ce que tu peux nous dire un peu?
Mélanie:
Alors je vais tout de suite rebondir sur.. Je vais tout de suite continuer cette remarque de filles et de garçons. C'est intéressant parce que dans l'éducation nationale, c'est très important de ne pas faire de déterminisme, de parler de genre femmes ou garçons, plus dans une filière que dans une autre. Il y a une grande campagne de sensibilisation sur ce sujet, de dire il n'y a pas de métiers pour les filles ou de métiers pour les garçons. C'est très important d'ouvrir les esprits à cette à cette question. Mais il faut reconnaître que traditionnellement, il y a des métiers qui attirent plus les garçons et des métiers qui attirent plus les filles. Chez les ASSP, c'est à dire les futurs infirmiers, les futurs pompiers, les futurs assistants sanitaires, sociales,... il y a plus de filles. Dans les métiers manuels, industriels, il y a plus de garçons. Mais l'éducation nationale, les professeurs insistent sur la nécessité de ne pas mettre les filles d'un côté, mettre les garçons de l'autre.
Gaëlle:
Oui, très bien. Donc il y a une vraie volonté politique maintenant de dégenrer, de ne pas mettre un genre avec un métier. C'est très intéressant. Et donc oui, une femme, une fille peut être plombière et un homme peut être assistant social. Mais c'est vrai que ça demande un changement dans la société et ça, ça prend du temps. Donc ça, pour le profil fille garçon. En terme de profil démographique, est-ce qu'il y a quelque chose que tu peux dire?
Mélanie:
Quand tu parles de.. Oui de démographie, on peut dire beaucoup d'élèves du lycée professionnel qui viennent de classes sociales assez défavorisées.
Gaëlle:
Des classes sociales plus pauvres qui ont donc moins d'argent. Ça peut être pauvre en termes d'argent, mais pauvre aussi en termes de culture, d'éducation. Donc c'est .. Mélanie a dit "défavorisées", ça veut dire "underprivileged" en anglais.
Mélanie:
Il est très courant que les.. que les élèves soient dirigés vers l'assistante sociale du lycée pour les aider à payer la restauration, pour payer la cantine le midi.
Gaëlle:
Donc la cantine, c'est le restaurant scolaire. C'est quand on peut aller manger à l'école.
Mélanie:
À l'intérieur de l'école. C'est nécessaire pour eux aussi parfois d'aller voir l'assistante sociale pour payer le matériel scolaire ou pour avoir des bourses, des aides supplémentaires pour être capable de suivre une scolarité et de grandir dans de meilleures conditions.
Gaëlle:
Oui, donc c'est des élèves qui financièrement, leur famille, leurs parents, n'ont pas beaucoup d'argent et donc ils ont besoin de plus d'aide de la part du gouvernement, de la part des écoles. D'accord. Donc c'est plutôt ces élèves là qui vont ensuite dans les lycées professionnels, c'est ça?
Mélanie:
Oui. Oui, oui, tout à fait. Et aussi je peux ajouter que beaucoup, beaucoup de mes élèves ne sont pas nés en France. Parfois.. Alors soit ils ont la nationalité française, soit ils ne l'ont pas. Mais on peut remarquer que beaucoup d'élèves des lycées professionnels ont vécu ou ont un bagage culturel qui vient de l'extérieur de la France.
Gaëlle:
Donc peut-être leurs parents sont nés dans d'autres pays ou peut-être eux sont nés dans d'autres pays. Est-ce qu'il y a des groupes de pays très représentés dans tes élèves?
Mélanie:
L'afrique. Très clairement j'ai beaucoup d'élèves qui viennent du Cameroun, qui viennent du Mali, du Sénégal. Donc ce sont des pays à l'ouest de l'Afrique. J'ai des élèves aussi qui viennent d'Angola, beaucoup. Ça c'est au sud de l'Afrique, du continent africain. Je vais avoir des élèves qui viennent aussi un peu du Mozambique. Beaucoup aussi d'élèves, ce n'est pas l'Afrique, ça va être soit de Mayotte aussi ou des Comores qui sont deux îles dans l'océan Indien, très pauvres. Et il y a une grande immigration déjà entre ces deux îles. Les Comores, c'est un pays étranger. Mayotte, ça fait partie de la France.
C'est un Territoire français d'outre mer, donc qui.. "Overseas Territories".
Mélanie:
Donc beaucoup d'élèves qui viennent de là. Et j'ai quelques élèves qui viennent aussi des îles du Pacifique, comme par exemple Sao Tomé ou Trinidad. Voilà. Comment, pourquoi ces élèves viennent d'aussi loin pour étudier en France...? Très souvent, leurs parents sont d'abord venus au Portugal ou en Espagne, et ensuite ils ont choisi de migrer à nouveau, de changer de pays à nouveau et de choisir la France.
Gaëlle:
D'accord. Donc c'est vraiment un profil qui est effectivement complexe parce que c'est des étudiants qui viennent de familles défavorisées et qui n'ont peut-être pas la langue française comme langue maternelle. Donc j'imagine, en terme de communication peut-être, ce n'est pas toujours facile avec ces étudiants.
Mélanie:
Oui, tu as raison de parler de ça. Il y a des élèves qui sont arrivés il y a plusieurs années, des élèves qui n'ont pas commencé leur scolarité au lycée particulièrement, mais avant, au collège ou à l'école primaire, et qui ont eu l'occasion déjà d'apprendre le français. Donc il y a quelques erreurs, mais ce sont de petites erreurs. Ils comprennent très bien les cours, ils réussissent très bien leur scolarité. Mieux que les Français parfois! Et ça marche très bien pour eux. Et il y a des élèves... Par exemple, cette année, j'ai un élève du Cap Vert (c'est aussi un pays au sud de l'Afrique) qui ne parle pas du tout français et il suit ses cours sans rien comprendre toute la journée. Oui, c'est très très dur, très difficile. On imagine pour lui! Parce qu'il est gentil, il est présent, mais on pense qu'il ne comprend rien.
Gaëlle:
Oui, donc un public qui n'est pas le plus facile, même si ils ont peut-être envie et la volonté mais ce n'est pas le plus facile. Est-ce que tu pourrais nous expliquer comment ça s'organise typiquement une semaine de cours ou peut-être un trimestre? Parce que le monde, le lycée professionnel, c'est très différent du lycée général. Donc nous donner un peu un emploi du temps.
Mélanie:
Alors, je peux déjà parler brièvement de la semaine. Les élèves ont entre dix et 15 heures d'enseignement professionnel par semaine. Je pense par exemple au CAP Vente, ils ont entre dix et 15 h d'enseignement en vente en fait. À apprendre à organiser l'espace commercial, à connaître la loi aussi autour de leur environnement professionnel, ... Et ils ont ensuite quelques heures d'enseignement général. Donc ça, ce sont toutes les matières comme le français, l'histoire, la géographie, l'anglais, l'espagnol pour certaines filières. Et ils ont par exemple 3-5 h de français/histoire géo, 2 h d'anglais, 1 h et demie d'espagnol par semaine. Voilà. Mais le plus important, le gros bloc, c'est l'enseignement professionnel.
Gaëlle:
Ce qui est logique dans un lycée professionnel. On veut leur apprendre vraiment les techniques spécifiques à un métier.
Mélanie:
Absolument. Le métier vraiment propre. Leur donner les clés pour, à nouveau, s'insérer sur le marché du travail le plus vite possible. En termes de semestre, (puisqu'on n'est pas en trimestre, on est en semestre au lycée professionnel), les élèves doivent faire un stage entre six et huit semaines par semestre dans leur dans leur filière professionnelle. Donc par exemple un ou une élève en ASSP (j'en parlais plus tôt, c'est le domaine du médical), doit faire un stage avec des personnes âgées ou avec de jeunes enfants au premier semestre et un autre stage encore au deuxième semestre.
Gaëlle:
Donc un stage, juste pour bien clarifier, un stage, c'est quand on va travailler dans une compagnie, une entreprise, pour vraiment essayer le travail dans le vrai monde professionnel, plus à l'école. Donc oui, donc le lycée professionnel déjà pendant la semaine classique, il y a beaucoup d'apprentissage concret, vraiment technique. Et il y a ces stages dans l'année de plusieurs semaines qui sont vraiment essentiels pour.. pour bien comprendre le métier et bien l'utiliser et le mettre en pratique.
Gaëlle:
Alors on a parlé un peu du profil des étudiants. On a dit donc plutôt milieu social défavorisé, beaucoup d'étudiants étrangers. Moi je sais aussi que le lycée professionnel, il y a beaucoup de stigmates, il y a beaucoup d'images négatives qu'on associe à ce.. à ces lycées. Est-ce que tu peux nous en parler et nous dire pourquoi? Et est-ce que c'est vrai?
Mélanie:
À la fin de la troisième, à la fin du collège, il y a un moment où les professeurs, les familles, les élèves décident ensemble de l'orientation, de là où ils vont continuer leurs études. Les élèves sont envoyés dans un lycée professionnel, malheureusement, quand ils sont identifiés comme mauvaise élève. C'est pas bien, c'est pas normal. Et il y a une incompréhension de la part des professeurs de lycée professionnel par rapport à ça. Parce qu'il y a aussi de bons élèves qui veulent faire un métier, qui veulent choisir une profession, une profession parfois manuelle ou technique - les professeurs dissuadent...
Gaëlle:
Ça veut dire ils disent "Non, vraiment, ce n'est pas une bonne idée".
Mélanie:
Voilà. Exactement. Ils utilisent.., ils discutent beaucoup, ils utilisent beaucoup d'arguments pour dire "non, ce n'est pas une bonne idée, ne va pas en lycée professionnel, va en lycée général". Pourquoi, comment? C'est très difficile pour moi de le dire. Mais nous savons que le lycée professionnel est malheureusement gardé pour les mauvais élèves. Et c'est un peu vrai dans le sens où ce sont souvent des élèves qu'on appelle "en échec scolaire". Ils.., ils n'aiment pas l'école, ils n'ont pas envie de faire beaucoup d'école, ils ont envie de travailler, ils ont envie de gagner de l'argent. Ils sont courageux la plupart du temps. Et voilà. Ils viennent, on leur apprend un métier et ils ont .. Ils ont la possibilité de continuer à l'université après! Mais un gros pour centage préfèrent le travail rapidement après.
Gaëlle:
Oui, mais c'est vraiment un gros problème en France. Il y a cette cette image très négative du lycée professionnel, comme seulement pour les élèves qui ont des problèmes à l'école. Alors que tu as raison, il y a des jeunes qui sont très manuels, qui sont très intelligents mais qui ont envie d'être dans un métier technique. Et en France, on a encore cette image que seulement l'université ou les études supérieures sont positives, sont bénéfiques. Et donc il y a vraiment cette image très négative. Et c'est vraiment très dommage parce que je sais que dans d'autres pays, comme en Suisse par exemple, c'est très différent. Les filières techniques comme ça, ou ce qu'on appelle l'alternance - donc quand on fait l'école et une compagnie, une entreprise en même temps-, c'est vu de manière très positive. Et donc ça n'a.. ce n'est pas connecté avec nos capacités intellectuelles, avec est-ce qu'on est intelligent, est-ce qu'on est bon à l'école? Non, c'est en fonction de ce qu'on aime apprendre et ce qu'on aime faire. Donc en France, il y a vraiment une.. un gros problème d'image.
Gaëlle:
Et donc ça m'amène à mon autre question: est-ce que toi, en tant que professeure, tu ressens cette différence avec les professeurs du général? Parce que toi tu es professeure en lycée professionnel et c'est vraiment une section à part, un diplôme spécial. Est-ce que tu vois un peu une discrimination ou une impression d'être vue comme moins.., moins importante ou moins bonne?
Mélanie:
Oui, très fort. Quand je rencontre mes collègues d'écoles générales et que je leur dis que je suis professeure en lycée professionnel, je sens quelque chose chez eux. Ils me... Ils me regardent avec.. D'une manière différente je peux dire. Ils ne savent pas, en fait, ils ne savent pas que, en tant que professeure d'anglais, je peux aussi enseigner le français. Le concours,..
Oui, il faudrait expliquer concours! On va faire une petite pause là, c'est intéressant. Comment est-ce qu'on devient professeur en France? Vas y, explique nous très rapidement.
Mélanie:
Ça va probablement changer, mais pour le moment, il faut aller à l'université pendant trois ans, puis deux années supplémentaires où on apprend la pédagogie. On apprend à construire ses cours, à faire son métier de professeur. Et à la fin de ces deux années du master, on passe une grosse épreuve qui s'appelle le concours.
Gaëlle:
Mais un concours, c'est intéressant parce que c'est un examen mais avec des.. un nombre de places possibles. Donc ce n'est pas juste parce que vous êtes bon, vous avez bien travaillé et donc vous faites votre examen. C'est aussi une compétition. C'est ça en fait. C'est que par exemple, il y a 1000 personnes, 1000 candidats, mais seulement 100 places. Et donc si vous, vous avez des très bons résultats à votre examen, mais que vous êtes positionné, vous êtes classé numéro 103, et bien vous n'avez pas le concours. Donc c'est vraiment une compétition. Un examen avec une compétition. Et en France, c'est comme ça qu'on devient professeur. Et c'est pour les professeurs dans les écoles primaires, les collèges, les lycées. C'est toujours un concours en France.
Mélanie:
Eh bien tu as tu as presque tout dit. Ce que je peux rajouter, c'est que quand on veut devenir professeur en collège ou en lycée général, on passe un concours spécial qui s'appelle le CAPES. Si on veut être professeur en lycée professionnel, on passe le CAPLP. C'est un concours différent. Si on veut être professeur dans le privé, on passe le CAPET. Donc il y a des concours très spécifiques pour chaque type d'école si je peux dire. Moi avec le CAPLP (ou plus court le PLP), j'ai passé deux matières. C'est comme ça, c'est obligatoire. J'ai passé le français et j'ai passé l'anglais. Donc officiellement, je peux enseigner le français et je peux enseigner l'anglais. Et ça, beaucoup de gens l'ignorent.
Mélanie:
Donc quand je sens qu'il y a cette discrimination, il y a cette différence de la part de mes collègues professeurs de collège, de lycée général, je dis toujours : "Ah mais moi je peux enseigner deux matières!". Et là, là, ils sont souvent impressionnés parce qu'eux mêmes ignoraient, ils ne savaient pas que c'était comme ça. Et être professeur de deux matières, eh bien..,
Gaëlle:
C'est difficile!
Mélanie:
C'est difficile! C'est impressionnant. Donc j'aime bien.. j'aime bien préciser ça pour dire "oh, peut-être mes élèves ont une mauvaise réputation, peut-être que ce sont des élèves avec des grosses difficultés, mais je suis presque plus compétente que vous. Donc parlons avec respect, s'il vous plaît."
Gaëlle:
Non, et c'est vrai que c'est très dommage que, entre professeurs, il y ait comme ça une discrimination. Vous faites le même travail, pas avec le même public, mais le même travail, et qu'il n'y ait pas peut-être le bon respect d'un côté pour l'autre côté, je trouve ça un peu.. un peu dommage.
Gaëlle:
Je vois que le temps avance. J'avais beaucoup de questions. On va peut-être un peu limiter les questions. C'est un métier difficile être professeur et en lycée professionnel particulièrement. Tu as un public difficile. Pourquoi tu as choisi d'être prof en professionnel et pas en général?
Mélanie:
Eh bien j'aime beaucoup les cancres.
Gaëlle:
Alors "cancre"!
Mélanie:
Qu'est ce que c'est "les cancres"?
Gaëlle:
Ce sont les élèves qui ne sont pas bons et qui sont difficiles, qui ont un comportement difficile.
Mélanie:
Mais! Ce sont des élèves effectivement qui, qui, qui, qui ne travaillent pas, qui ne participent pas, qui ont un comportement parfois difficile, mais qui sont brillants, qui sont intelligents. Et j'adore aller chercher... Je sens tout de suite quand l'élève a des capacités. C'est difficile à expliquer, c'est une capacité de professeur de de comprendre les élèves à travers peu de choses. Mais j'identifie, je trouve les élèves intelligents très facilement, très très rapidement. Et j'adore aller les chercher, les provoquer en quelque sorte, pour qu'ils utilisent cette intelligence pour eux. De leur montrer et de leur prouver, de leur expliquer, de les convaincre.
Gaëlle:
Ils sont brillants, ils ont des capacités.
Mélanie:
Et que peut-être l'école, c'est pas l'endroit.. leur endroit préféré, mais que l'école peut leur permettre de réussir leur vie et d'avoir un bon salaire. Et parfois un meilleur salaire que le mien. Donc c'est pour ça que j'ai choisi de travailler en lycée professionnel, d'aider ceux qui ont vraiment besoin d'être aidés.
Gaëlle:
Alors ça, moi (c'est ma petite note personnelle), mais donc Mélanie est mon amie et j'ai toujours beaucoup admiré effectivement sa capacité à aimer un bon challenge. Elle aime ce qui est dur, elle aime là où ça bloque et elle va trouver des solutions. Et c'était la même chose quand on travaillait en Malaisie avec des étudiants qui apprenaient le français. Et moi je suis très admirative de ta capacité à.. oui, à travailler là où c'est dur et pas du tout avec les étudiants les plus faciles, qui écoutent bien, qui vont faire leur travail à la maison, Non. Mélanie elle va là où il y a des difficultés.
Mélanie:
Des problèmes.
Gaëlle:
Voilà! Et j'adore. C'est génial!
Oh merci Gaëlle.
Gaëlle:
Non mais c'est sincère. Bon, j'avais d'autres questions, mais vraiment, je pense qu'il faut qu'on arrête. Peut-être on fera un autre épisode où on parlera peut-être un peu plus des problèmes qu'il y a dans l'éducation en France en général. Quelles seraient tes solutions? Quelles seraient tes idées? Mais pour aujourd'hui, on va s'arrêter là. Merci beaucoup Mélanie d'avoir donné ton temps.
Mélanie:
Merci Gaelle.
Gaëlle:
Et je te souhaite une très bonne journée. Et je vous souhaite, à vous les auditeurs, une très bonne journée aussi. Merci de nous avoir écouté, j'espère que ça vous a inspiré et que vous avez bien compris ce que c'est le lycée professionnel en France, que ce n'est pas facile d'être professeur là bas, que ça demande des gens comme Mélanie qui ont une envie, qui ont une vocation pour ça. Je vous souhaite à tous une très bonne journée et je vous dis à la prochaine! Salut!
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- Un lycée professionnel = a vocational high school
- Une formation = a training
- Un CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle) = a vocational training certificate
- Un métier = a job, a profession
- Le monde professionnel = the professional world
- Les métiers du tertiaire = tertiary/service professions
- Un mécanicien, une mécanicienne = a mechanic
- Un/une comptable = an accountant
- Un carrossier, une carrossière = car bodybuilder
- Un plombier, une plombière = plumber
- Une assistante sociale = social worker
- Une campagne de sensibilisation = an awareness-raising campaign
- La cantine = canteen (school restaurant)
- La scolarité = schooling
- L’orientation (scolaire) = school career guidance
- Etre en échec scolaire = to be failing at school, a school dropout
- Un stage = an internship
- Un concours = a competition with an exam
- Une matière = a subject
- Un cancre = a dunce (a student who doesn’t work, has a bad attitude)
- Une classe sociale défavorisée = an underprivileged social class
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