Le cannabis en France

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Bonjour à toutes et bonjour à tous! Bienvenue dans ce nouvel épisode de LanguaTalk Slow French. Aujourd'hui, j'ai décidé de vous parler d'un sujet de société et j'ai décidé de parler du cannabis. Donc oui, la drogue, le cannabis. Mais particulièrement en France puisque la situation en France est assez contradictoire, assez paradoxale.

[english] Bonne écoute.

Alors je vais construire cet épisode en deux parties. Dans la première partie, nous allons voir donc quelle est la consommation, quelle est l'utilisation du cannabis en France et quels sont les risques. Les risques au niveau de la justice, pas les risques pour la santé. Et dans une deuxième partie, nous allons voir quels sont les débats autour de l'idée de la légalisation.

Donc commençons avec la consommation en France. En France, il y a un paradoxe, je vous ai dit dans mon introduction, donc une situation qui est un peu bizarre puisque la France, c'est le plus gros consommateur en Europe de cannabis. Si on regarde tous les pays européens, c'est en France qu'il y a eu la plus grosse consommation. Et ensuite, si on regarde au niveau des personnes, vraiment des habitants, des Français, 45 % des Français ont déjà fumé du cannabis, donc presque la moitié. Alors que la moyenne européenne -the european average-, la moyenne europeenne, elle, est de 27 %. Donc on voit que en France, essayer de fumer du cannabis, c'est quelque chose d'assez normal. Presque la moitié de la population a déjà essayé. Ça ne veut pas dire que tout le monde fume du cannabis tout le temps! Dans les consommateurs réguliers, on dit qu'il y a plus de 1 million de consommateurs réguliers. Réguliers, ça veut dire tous les jours. Donc, 1 million de consommateurs.

Donc, d'un côté, on a une très grosse consommation en France et presque une banalisation, une normalisation dans la société. Mais de l'autre côté, la France, c'est le pays avec une des lois -laws-, une des législations les plus dures -one of the hardest against the consumers and the people selling it.

Donc on a vraiment ce paradoxe : beaucoup de consommation, mais des règles, des lois très très dures.

Donc en France, la consommation de cannabis; donc pas le trafic hein, juste la consommation; c'est considéré comme une peine pénale, donc c'est considéré comme "a criminal penalty", right? Donc c'est quelque chose de très sérieux. Et le cannabis est en fait considéré comme les autres drogues sérieuses, comme la cocaïne, l'héroïne. On considère que c'est une drogue dangereuse.

Donc si vous consommez du cannabis en France, en théorie, dans la loi, on peut avoir un an de prison. Donc aller en prison juste parce que vous avez consommé du cannabis. Et vous pouvez avoir une amende (Une amende, ça veut dire "a fine, penalty, something you have to pay"), de 3 750 €, 3 750 €. Donc un an de prison et beaucoup d'argent juste pour la consommation.

Si vous décidez de produire du cannabis, même pour un usage personnel, donc par exemple dans votre jardin ou dans votre maison, si vous décidez de planter des plantes de cannabis pour après utiliser le cannabis pour vous, donc pas pour le vendre pour les autres. Ça aussi, en France, c'est considéré comme quelque chose de très grave et donc on peut avoir une peine -a penalty, a sentence- jusqu'à 20 ans, 20 ans de prison. Et 7 millions d'euros. Ça c'est le maximum, bien sûr. Mais dans la loi, c'est une loi très, très dure.

Si vous conduisez, donc si vous prenez votre voiture et que vous conduisez sous l'effet du cannabis, donc vous avez fumé du cannabis en soirée, par exemple, vous prenez la voiture, vous êtes arrêté par la police qui fait un contrôle, eh bien vous pouvez avoir deux ans de prison et 4 500 € d'amende. Donc des peines très très lourdes.

Dans la réalité, en fait, pour la consommation par exemple, en général, les personnes, si la police vous arrête, vous contrôle et qu'elle voit que vous avez consommé du cannabis ou que vous avez du cannabis sur vous, une petite quantité. En général, le cannabis est confisqué. Donc la police prend votre petit stock de cannabis, le détruit et vous donne une amende de 200 €. En général, c'est ça dans la réalité. Donc ce n'est pas un an de prison ou les 3 000 € d'amende. La réalité est beaucoup plus souple, beaucoup plus tolérante. Mais dans le texte, dans la loi, c'est très, très dur.

Et ce qui est intéressant, c'est que cette guerre des drogues que l'on connaît bien aux États-Unis, en fait, c'est un mouvement mondial. Et en France, ça a vraiment été très fort dans les années 70, dans les années 70. Mais en réalité, les premières interdictions contre le cannabis, ça remonte à Napoléon Iᵉʳ. Donc dans les années 1800. Donc beaucoup plus ancien. Alors donc ça, c'est pour le paradoxe français. Une très grande consommation, mais une loi très dure, très stricte.

Au niveau des usages, on parle de usage récréatif, donc quand quelqu'un veut prendre du cannabis pour le plaisir; et des usages thérapeutiques, donc quand quelqu'un veut prendre du cannabis pour des problèmes de santé -health issues- parce que le cannabis aide avec la douleur -the pain. Et en Europe, si on regarde sur les 27 pays de l'Union européenne, 21 pays ont rendu l'usage thérapeutique légal. Donc dans 21 pays en Europe, c'est légal, c'est autorisé de prendre du cannabis comme un médicament, comme un traitement.

En France, non, on est encore très, très stricts sur ça. Ce n'est pas légal. En ce moment, c'est une période de test. Donc, il y a des patients qui ont été sélectionnés pour tester justement le cannabis thérapeutique et pour voir si peut-être on pourrait autoriser son utilisation thérapeutique. Mais donc c'est très très progressif et c'est très, très long en France. Donc en France on est en retard par rapport à d'autres pays dans le monde.

Ce qui était intéressant quand j'ai fait mes recherches sur ce sujet sur le sujet du cannabis, c'est que, un peu comme aux Etats-Unis, la guerre contre la drogue a eu comme conséquence de grandes discriminations raciales, racistes. Donc aux Etats-Unis, on le sait, la guerre contre la drogue a beaucoup ciblé -targeted-, a beaucoup ciblé les personnes noires. En France, la guerre contre la drogue, donc contre le cannabis en particulier, a été une grande source de discrimination contre les personnes racisées. Donc les personnes qui ne sont pas blanches -non white people. Donc en France on dit "personnes racisées" ou "personnes issues de l'immigration"= "Coming from immigration". Concrètement, ce sont les personnes avec des origines du nord de l'Afrique par exemple, donc algérienne, marocaine, tunisienne, qui sont très discriminées et qui ont beaucoup plus de contrôles de police par exemple. Il y a des enquêtes -studies- qui ont montré qu'une personne non blanche a six fois plus de risque d'être contrôlé qu'une personne blanche en France.

Et surtout historiquement en fait, le cannabis; parce que le cannabis était produit dans les pays d'Afrique du Nord, donc par exemple en Egypte et aussi au Maroc; eh bien le cannabis est associé, est connecté aux personnes du nord de l'Afrique. Et il y a cette connexion qui a été faite pendant les colonies, pendant le temps de la colonisation, que les personnes non blanches consommaient du cannabis et donc étaient plus violentes et donc faisaient des révoltes. Et donc il y a eu un lien, une connexion entre personnes racisées (donc une personne marocaine par exemple), drogue, violence. Et cette association, cette connexion qui date de l'époque coloniale, et bien elle est restée dans l'imaginaire dans la société française. Il y a encore ce lien, cette stigmatisation entre personnes non blanches, mais surtout personnes musulmanes en fait (donc personne de l'islam), avec le cannabis, avec la criminalité, avec la violence. Et ça c'est un vrai problème encore maintenant avec les immigrés ou les gens des générations, deuxième, troisième génération d'immigrés.

Donc voilà pour la consommation en France, la situation en France.

Regardons notre deuxième partie sur cette question de la légalisation. Alors déjà, on va faire une explication : la différence entre la dépénalisation et la légalisation, parce que ce n'est pas exactement la même chose.

Dans le monde, dans la majorité des pays, le cannabis, c'est illégal. Mais il y a de plus en plus de pays qui ont dépénalisé le cannabis. Et ça veut dire que le trafic et l'usage sont toujours illégal. Donc on n'a pas le droit de vendre et normalement on n'a pas le droit de consommer -to use- le cannabis. Mais les consommateurs, en fait, ne sont pas poursuivis en justice. Ils n'ont pas de problème avec la justice si ils consomment. So it's a bit of a grey area I think. Je trouve que c'est assez flou - a bit blurry. Oui, on dit d'un côté c'est illégal, mais dans la réalité, les consommateurs, ça va, ils ne vont pas avoir de problème. Et surtout, à la place, -so instead of going to prison- au lieu d'aller en prison, ils vont avoir un suivi médical. On va leur proposer de l'aide pour arrêter de consommer. Et donc ça, par exemple, dans le monde, on pense au Portugal, au Mexique, à l'Italie ou aux Pays Bas = the Netherlands. Ça, ce sont des pays où c'est dépénalisé.

Les pays où le cannabis, c'est légalisé, en fait, il n'y en a pas beaucoup. Il y a seulement quelques pays comme le Canada et la Californie. Donc c'est vraiment en fait une minorité, extrême minorité. Et là, quand le cannabis c'est légalisé, ça veut dire que l'on peut produire, on peut vendre et on peut consommer. Et tout ça c'est ok, tout ça c'est légal.

Ce qui est intéressant, par exemple, c'est que le Canada a légalisé le cannabis en 2018, donc ça fait déjà quatre, cinq ans. Quatre, cinq ans. Et donc on peut observer les conséquences. Est-ce que c'est positif? Est-ce que c'est négatif? Et bien sûr, une des peurs - one of the fears against legalisation- c'est de dire "peut-être il va y avoir une explosion de la consommation. Beaucoup, beaucoup de gens vont commencer à consommer du cannabis parce que c'est légal". Et bien non. Au Canada, on n'a pas observé ça, on n'a pas vu ça. La consommation est restée stable.

Un autre pays qui est intéressant, c'est l'Allemagne (donc Germany). L'Allemagne parce qu'ils ont ce projet de légaliser complètement le cannabis. Et donc en France les politiques et la société regardent cette situation avec attention, attentivement pour voir comment les choses vont changer et quelles vont être les conséquences dans la société. Donc voilà pour la différence entre dépénalisation et légalisation.

Donc ensuite, quels sont les arguments pour la légalisation? Eh bien, il y a trois arguments majeurs, trois arguments principaux.

Le premier argument, c'est de pouvoir contrôler la qualité des produits, contrôler la qualité du cannabis. Parce que quand le cannabis est vendu de manière illégale, eh bien la personne qui vend le cannabis peut mettre beaucoup de choses dans le produit qui ne sont pas bonnes pour la santé. Par exemple, on retrouve beaucoup de produits comme du talc = "talcum", comme du sable = "sand", de la colle = "glue" dans le cannabis qui est vendu sur le marché illégal. Donc ça c'est un vrai problème. Donc pouvoir contrôler la qualité de ce qui est donné aux clients.

Et aussi contrôler le taux de THC. Donc THC, les trois lettres T.H.C. Donc c'est vraiment la partie de la drogue qui a des conséquences neurologiques. Et ça, plus le taux est élevé, plus ça peut être fort et dangereux et addictif. Donc si le cannabis c'est légal, et bien l'état peut contrôler la qualité et le taux de THC.

Deuxième argument en faveur de la légalisation donc pour la légalisation, c'est d'arrêter les activités criminelles et illégales. Parce que tout le trafic illégal, donc qui vend du cannabis, ça produit beaucoup, beaucoup d'argent, bien sûr. Et c'est de l'argent ensuite qui finance d'autres activités illégales, vraiment très graves et très sérieuses. Et ça, ça crée aussi beaucoup de problèmes d'insécurité, beaucoup de problèmes de criminalité. Dans des villes comme à Marseille par exemple en France, le trafic de drogue, et particulièrement du cannabis, est un vrai problème parce que ça crée beaucoup de violence entre les gangs. En fait, il y a des gangs rivaux et régulièrement, il y a des gens qui sont tués -people are killed, passers-by-, mais aussi des personnes des gangs vraiment. Donc ça crée une violence dans les villes qui est très, très forte.

Si le cannabis devient légal, et bien cette violence disparaît puisque les gangs disparaîtront. Pour le cannabis. Il y aura d'autres gangs pour d'autres activités illégales. Mais le cannabis, c'est vraiment une part très importante.

Et enfin, le troisième argument en faveur de la légalisation, c'est que l'État pourra taxer le cannabis. L'Etat taxe déjà le tabac ou l'alcool, qui sont aussi des drogues très addictives et dangereuses, mais elles sont légales et l'État taxe de manière très importante ces produit et ça rapporte beaucoup beaucoup d'argent à l'État pour ensuite financer d'autres projets.

Donc cet argument financier, cet argument de l'argent pour l'État, c'est un argument aussi intéressant. Et cet argent pourrait ensuite contribuer à faire des actions de santé publique = "Public Health", peut-être pour payer des cliniques de désintoxication, des cliniques de "rehab" ou pour payer des campagnes de prévention -ro prevent, to help people quitting or just not starting. Donc voilà de l'argent qui pourrait être bien utilisé.

Alors le problème en France, c'est que il y a ce débat, on parle très très souvent de la question du cannabis et de la dépénalisation ou légalisation. Il y a de plus en plus de personnes comme des scientifiques, des médecins, des sociologues qui disent: "il faut légaliser". Mais en France, le débat n'avance pas, ça ne progresse pas, ça ne change pas, parce que c'est un débat qui est très politisé et moralisateur et ce n'est pas basé sur les preuves scientifiques.

En fait, on a vraiment une division très claire entre la gauche, donc les partis politiques à gauche et les partis politiques à droite. Et si vous voulez, les partis de gauche sont en général en faveur, donc pour la dépénalisation ou la légalisation, et les partis de droite ou extrême droite sont pour une plus grande restriction, des lois plus dures encore. Donc on a vraiment une différence en fait politique partisane et pas du tout une différence de conscience et basée sur des preuves scientifiques rationnelles. Donc ça ne progresse pas. Donc il n'y a pas de changement.

Et par exemple, c'est intéressant de voir que Emmanuel Macron, donc l'actuel président français, pendant sa première campagne présidentielle, donc en 2017, donc la première fois qu'il a été candidat pour devenir président, il avait dans son programme politique, il parlait de la dépénalisation ou de rendre plus souple les règles. Mais pour la dernière élection en 2022, il a vraiment changé de position et il a dit OK, pas dépénalisation, pas criminalisation, mais on reste dans un statu quo et on donne plus d'argent à la police pour appliquer les lois.

Donc voilà, on a une situation qui ne bouge pas, qui ne change pas en France et je pense que c'est dommage parce qu'on a vraiment ce paradoxe dont je parlais au début avec une population française qui consomme beaucoup, mais des règles qui ne sont pas adaptées à la réalité et des règles qui sont aussi assez discriminantes, comme on a dit, contre les populations racisées, les populations issues de l'immigration.

Ok, we are at the end of this episode so it's now time to do a quick summary in normal pace French. Good luck.

Aujourd'hui, j'ai décidé de vous parler d'un sujet d'actualité et de société: le cannabis en France. Puisqu'en France on a une situation assez paradoxale: la France est le premier pays consommateurs de cannabis en Europe, mais c'est aussi le pays avec la législation, avec les lois les plus dures d'Europe. Donc il y a vraiment cette contradiction entre très grande consommation, mais des règles, des lois très dures, avec des peines qui sont très élevées. Même pour la simple consommation, on risque potentiellement un an de prison et plus de 3 000 € d'amende. Donc c'est vraiment très sérieux. En fait, le cannabis, c'est considéré comme les autres drogues au même titre que l'héroïne et la cocaïne par exemple.

Et donc je vous disais, cette répression aussi a un côté assez raciste puisque ça date de l'époque coloniale où il y avait un lien établi entre les populations des colonies du nord de l'Afrique qui étaient musulmanes et qui étaient associées donc au cannabis et à la violence. Et cette association là est restée dans les mentalités françaises et donc avec une criminalisation et une discrimination très forte envers les populations racisées.

Ensuite, je vous disais donc, il y a un débat en France qui existe entre la dépénalisation, la légalisation et je vous disais la différence, c'est que la dépénalisation, c'est toujours illégal, mais les consommateurs, en fait, n'ont pas de problème dans la réalité. Alors que la légalisation, c'est vraiment tout est légal. On peut produire, vendre, consommer et c'est normal, c'est bon. Mais bien sûr, c'est contrôlé par l'État.

Et donc, dans les points des arguments en faveur de cette légalisation, on disait pour contrôler la qualité des produits, pour arrêter les activités criminelles, les gangs par exemple, et enfin pour faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'État, dans le budget de l'État, puisque l'État pourrait taxer ces produits.

Et je vous disais qu'en France, le problème c'est que le débat n'est pas un débat apaisé du tout, c'est pas un débat calme sur des idées, sur des preuves rationnelles, mais c'est un débat très moralisateur et très partisan au niveau politique, avec une vraie division gauche/droite. Et donc ça n'avance pas.

And we are back to slow French.

Merci de m'avoir écouté. J'espère que ce sujet vous a intéressé. Ça change de nos sujets habituels. Je sais que la situation est très différente dans d'autres pays, donc je serais curieuse de savoir comment c'est dans votre pays. Mais donc voilà, si vous venez en France et que vous aimez consommer du cannabis, attention c'est illégal et vous risquez une amende -a fine- de 200 € au moins - at least. Donc attention à vous et à votre consommation. Merci de m'avoir écouté. Je vous souhaite une très bonne journée et je vous dis à la prochaine.