Le monde des syndicats - Interview avec Laurène
By LanguaTalkIn this episode, Gaelle interviews Laurène, a French teacher who has been in a Union all her professional life. Together they talk about the major historical social achievements in France and what it means nowadays to be part of a Union. You will learn the French word for “strike”, so important in French culture.
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Transcript of Interview - Syndicat.mp3
Gaelle:
Bonjour à toutes et bonjour à tous! Bienvenue dans ce nouvel épisode de Languatalk Slow French. Aujourd'hui, nous allons faire une interview avec une invitée spéciale. Bonjour Laurène!
Laurène:
Bonjour Gaelle, Bonjour à tous!
Gaelle:
Alors Laurène, est-ce que tu pourrais déjà te présenter de manière très simple? Donc quel âge tu as? Où est ce que tu habites?
Laurène:
Alors je suis française, Je vis dans un département qui s'appelle le Val de Marne, proche de Paris et j'ai actuellement donc 40 ans.
Gaelle:
Et donc aujourd'hui nous faisons cette interview pour ton travail, mais ce n'est pas ton travail principal. Donc est-ce que tu peux nous dire quelle est ta profession et quelle autre activité tu fais à côté?
Laurène:
Alors moi j'ai deux professions. Je suis d'une part directrice de crèche et je suis également enseignante dans un lycée professionnel.
Gaelle:
Très bien. Donc directrice de crèche. Une crèche, c'est une "nursery". Laurène est directrice d'une crèche et en plus elle a un autre travail, c'est être professeure en lycée. Et en plus..., qu'est-ce que tu fais en plus?
Laurène:
Je suis donc co-trésorière dans un syndicat.
Gaelle:
Dans un syndicat. Ok, donc aujourd'hui c'est ça qui m'intéressait, c'était de parler du syndicat et du monde syndical. Alors syndicat, ça veut dire "union". Donc ça veut dire que Laurène, elle est co-trésorière, donc elle s'occupe de l'argent, des finances d'un syndicat. Et donc c'est ça qu'on va observer, étudier aujourd'hui. Alors on a... j'ai organisé cette interview en deux parties. D'abord, on va parler du monde syndical en France en général, et après on parlera avec Laurène de vraiment elle. Qu'est-ce qu'elle fait dans son syndicat et pourquoi elle fait ça? Donc déjà, de manière générale, un syndicat, ça sert à quoi? Quelles sont ses missions?
Laurène:
Les missions du syndicat, c'est de défendre les intérêts des salariés dans une entreprise de façon à ce que quand il y a des désaccords entre l'employeur et les salariés, que ce soit sur le salaire par exemple, que ça soit sur les conditions de travail, que ça soit concernant les vacances, les horaires de travail,... les syndicats sont là pour représenter en fait les salariés et défendre en fait leurs droits.
Gaelle:
C'est ça. Donc oui, protéger et être les personnes qui vont en priorité aller parler avec les patrons, les chefs, les responsables. Et donc, est-ce que en France, tu peux nous rappeler quelles ont... (Parce que la France est un pays de syndicats quand même) donc quelles sont les grandes victoires, peut-être historiques, que les syndicats ont fait en France, ont obtenues.
Laurène:
Déjà, il y a eu tous les acquis sociaux, donc tout ce qui est congés payés, il y a eu également tous les congés maternité. Donc ça c'est vraiment les.., c'est historique, vraiment les acquis sociaux historiques. En ce qui concerne moi, ce que j'ai vécu: une des deux grosses batailles vraiment qu'on a gagné contre le gouvernement, c'était à l'époque de Nicolas Sarkozy. Le ministre de l'éducation nationale, donc Dominique de Villepin voulait donc, pour lutter contre le chômage des jeunes, en fait, nous imposer en fait ce qu'on appelle le CPE : contrat première embauche. Sauf que il imposait également deux ans de périodes d'essai et c'était complètement injuste en fait pour les jeunes. Dans le sens où ils appelaient ça "l'égalité des chances" sauf qu'en fait, par rapport aux employeurs, ça posait problème puisque ils prenaient les jeunes en fait pendant les deux ans. Et puis ils mettaient un terme au bout de deux ans à leur contrat pour réembaucher d'autres jeunes.
Gaelle:
Donc Laurène nous a parlé donc du "CPE". C'était un grand moment en 2000...
Laurène:
En 2006.
Gaelle:
Et donc elle parlait pour lutter contre "le chômage des jeunes", donc le "Unemployement of the young people". Il y avait effectivement un programme, une idée de changement dans la loi pour faire une période d'essai. La période d'essai, c'est quand on travaille dans une compagnie mais l'employeur peut dire: "ok, stop, on arrête, ça ne fonctionne pas". Il n'y a pas de contrat signé pour une longue, un long temps, une longue durée. Et ça, ils voulaient faire un contrat, une période d'essai de deux ans. Alors que pour l'instant, dans la loi, normalement, c'est trois mois.
Laurène:
Donc ça mettait les jeunes dans la précarité.
Gaelle:
Ça mettait les jeunes dans la précarité. Exactement. Au début, Laurène nous a parlé des "congés payés", donc "paid holidays". Du "congé maternité", donc quand les mamans qui ont un jeune bébé, qui viennent d'avoir un bébé peuvent ne pas travailler pendant trois mois mais être payées. Donc tout ça, on appelle ça des "acquis sociaux". Ça veut dire que c'est des grandes victoires pour la société, pour les gens en général. Très bien. Donc, historiquement, la France a des syndicats. Est-ce que c'est toujours le cas? Quelle est l'évolution générale?
Laurène:
Alors, on a effectivement encore la CGT qui est le principal syndicat en France. On a effectivement la CFDT qui est un petit peu moins importante mais qui a son poids également. Et après on a beaucoup de petits syndicats indépendants. Tu parles d'évolution, c'est à dire qu'il y a des gens qui n'étaient pas contents de la CGT, de la CFDT et donc qui ont souhaité à côté créer des syndicats indépendants qui répondaient plus à leurs valeurs ou plus à leurs revendications. Parce que c'est vrai que la CGT c'est très grand et même si elle existe à chaque fois dans chaque région de France, elle est plus ou moins importante dans certaines branches. Et donc voilà, il y a des gens qui ne se sentaient pas forcément bien représentés.
Gaelle:
Parce que oui, ça veut dire qu'il faut comprendre: donc la CGT, ce sont les trois lettres "C.G.T".
Laurène:
La CGT, c'est la "Confédération Générale du Travail" et elle a été créée en septembre 1895. Donc c'est quand même très ancien. La CFDT, qui veut dire "Confédération Française Démocratique du Travail", a été créée à la base par un collectif chrétien et a été créée en novembre 1964.
Gaelle:
Donc beaucoup plus récent: 1964. Mais donc, si on comprend bien, un grand syndicat comme ça, comme la CGT, ils sont en fait..., ils ne sont pas spécialisés pour une profession en particulier. Ce n'est pas ... I don't know... The Train Union. Ce n'est pas seulement pour les gens qui travaillent avec les trains ou comme les professeurs. Ils vont représenter vraiment.. dans toutes les professions, ils sont présents. C'est ça qu'on peut comprendre?
Laurène:
C'est ça. Exactement. De toute façon, un syndicat n'existe que par sa base, c'est à dire que par les gens qui vont s'investir dedans et qui vont défendre l'intérêt et les revendications de leur métier. Dans chaque métier, il va y avoir une CGT. Il va y avoir CGT, par exemple la CGT éducation pour les professeurs, il va y avoir la CGT pour les cheminots par exemple,
Gaelle:
Donc pour les trains.
Laurène:
Voilà. Mais malgré tout, la base reste effectivement la même pour tous. On a la même confédération et l'important c'est qu'on lutte ensemble.
Gaelle:
So "lutter", c'est un mot très important dans le vocabulaire syndical. Lutter, c'est "to fight". Et oui, parce que ce sont des luttes sociales. Exactement.
Laurène:
C'est ça.
Gaelle:
Parce que l'idée c'est de défendre, mais aussi d'aller un peu au... Tu as parlé de "bataille" tout à l'heure, so "battle". On va combattre = we gonna fight. Donc c'est un vocabulaire assez guerrier quand on parle du monde du travail.
Laurène:
Oui.
Gaelle:
Mais donc oui, est-ce que tu sais si les Français en général sont beaucoup syndiqués. La proportion dans la population française. Est-ce qu'il y a beaucoup de gens inscrits dans un syndicat?
Laurène:
Alors j'ai regardé et on est à 18 % de personnes syndiquées en France, de travailleurs syndiqués en France. 3 % des moins de 30 ans et les 13 % qui restent, en fait, c'est les 30 à 60 ans.
Gaelle:
D'accord. Donc ce n'est pas les jeunes. Les jeunes ont tendance à ne pas être syndiqués du tout. Et après c'est plutôt quand on est plus établi, on est peut-être plus sûr de soi et on a peut-être plus envie de défendre ses droits. Ok. Mais donc 18 %, est-ce que tu penses que c'est beaucoup par rapport à d'autres pays, ou tu as l'impression que non, ce n'est pas beaucoup?
Laurène:
18 % pour un pays qui a un historique quand même comme le notre, moi je trouve que c'est pas beaucoup.
Gaelle:
Oui, j'ai vu aussi cette information que le syndicalisme était très puissant avant, était très fort. Si on pense aux années 30-40 justement avec les grandes avancées sociales, mais que ça a décliné, ça a diminué de plus en plus. Et oui, 18 % maintenant, ce n'est vraiment pas beaucoup.
Laurène:
Je pense que ça s'explique par deux raisons. La première, c'est que c'est effectivement les travailleurs qui financent le syndicat. Donc on a une cotisation mensuelle à verser. Et il y a de plus en plus de gens qui ne peuvent pas payer. Et la deuxième raison, c'est que du temps de Nicolas Sarkozy, il y a une loi qui est passée et qui a cassé en fait plus ou moins la grève légalement. C'est-à-dire qu'il l'a appelé "continuité de service" et donc c'est beaucoup plus difficile aujourd'hui de faire grève. Quand on fait grève, on n'est pas payé et qu'on touche encore aux salaires des Français. Donc c'est compliqué.
Gaelle:
Oui donc le mot "grève", c'est le mot très important aussi quand on parle de syndicats, c'est "to go on strike". Donc ce n'est pas juste "a protest", ce n'est pas seulement aller dans la rue et manifester, c'est vraiment arrêter de travailler. "To go on strike". Et les Français sont célèbres pour ça. Mais Laurène nous explique qu'il y a eu une loi, donc dans les années 2006 aussi, 2008. Et c'était pour rendre plus difficile de faire la grève. Et ça, c'est une vraie question morale, éthique. Est-ce que c'est normal de bloquer le droit de grève? Mais on ne parlera pas de ça aujourd'hui je pense, parce qu'on n'aura pas le temps. Mais donc voilà, ce sont les deux explications que Laurène nous propose: que les gens ne peuvent plus payer leur cotisation, donc leur participation pour faire partie d'un syndicat et que c'est aussi plus difficile maintenant de faire grève. Donc à quoi bon? (What's the point) d'aller dans un syndicat si on ne peut pas après faire grève? Très bien. Donc ça c'était pour une présentation générale de: Un syndicat, à quoi ça sert? Et en France, quel est le paysage syndical? Maintenant, parlons un peu de toi, Laurène, en particulier. Donc depuis quand est-ce que tu es syndiquée?
Laurène:
Alors moi, depuis toujours. Depuis que je suis rentrée, donc en tant qu'éducatrice de jeunes enfants, je suis rentrée dans une crèche où quasiment tous les salariés étaient syndiqués. Donc voilà, j'ai été informée, j'ai été accompagnée.
Gaelle:
C'est rare! Parce qu'on vient de dire que les jeunes en général ne sont pas syndiqués, surtout dans un premier travail et que la proportion, il n'y a pas beaucoup de personnes syndiquées. Et toi, tu es arrivée dans un premier travail avec tout le monde syndiqué et tu étais jeune et tu as commencé. Ok, c'est fantastique.
Laurène:
J'ai suivi le mouvement.
Gaelle:
Tu as suivi le mouvement. Très bien. Et est-ce que tu peux nous dire est-ce que tu étais dans des gros syndicats, comme on a dit la CGT ou la CFDT, ou pas?
Laurène:
Oui, oui, la CGT. Je suis toujours à la CGT, sauf que la proportion est moindre puisque je suis dans une petite union départementale. Parce que la CGT est découpée en fait. La taille de l'union départementale dépend du nombre de syndiqués. En Seine et Marne, il y a très peu de syndiqués. Par exemple en Seine-Saint-Denis, ils ont des pourcentages de syndiqués, en tout cas dans l'éducation, énormes!
Gaelle:
D'accord. Donc il y a une vraie disparité, une vraie différence, alors que vous êtes juste une région à côté, vous n'êtes pas loin. Mais il y a une vraie différence avec le nombre de syndicats. Est-ce que tu sais pourquoi?
Laurène:
Les conditions de travail. Les conditions sociales aussi. Par exemple en Seine-Saint-Denis, c'est très très difficile d'y aller, de travailler en fait. La population est extrêmement pauvre, il y a très, très peu de moyens. C'est des conditions de travail qui sont très compliquées. Donc peu de profs veulent y aller et ceux qui y vont, en général, ils ont des conditions de travail tellement déplorables qu'en fait ils se syndiquent parce que ils ont besoin d'avoir un soutien, ils ont besoin d'avoir un accompagnement et ils ont besoin justement d'obtenir des choses. Parce que c'est trop compliqué en fait.
Gaelle:
Donc, est ce que ça veut dire que les conditions de travail où toi tu habites sont mieux? En fait.
Laurène:
Elles sont différentes. C'est à dire que moi je suis dans un département plutôt campagne, donc c'est d'autres problématiques.
Gaelle:
D'accord. Mais donc voilà, il y a moins de syndicats, donc ton union, donc le petit groupe de ton syndicat où tu es, c'est un petit groupe en fait, parce qu'il n'y a pas beaucoup de gens dans ton département. Très bien. Mais donc toujours avec la CGT. Et donc concrètement, qu'est-ce que ça implique? Qu'est-ce que tu dois faire avec ce syndicat? Est-ce que ça te prend beaucoup de temps, beaucoup d'énergie? Explique-nous.
Laurène:
Quand on est syndiqué, juste syndiqué, on est dans la transmission d'informations auprès des travailleurs. On va être dans: donner les raisons pour lesquelles on va demander telle chose à l'employeur. On va donc représenter les salariés. On va par exemple accompagner un collègue qui va subir quelque chose au travail qui n'est pas normal et on va l'accompagner par exemple pour aller voir l'employeur et essayer d'améliorer sa situation ou du moins trouver une conciliation. On n'est pas obligé de faire grève. Il y a des gens qui font grève, il y en a d'autres qui ne font pas grève. C'est aussi des raisons financières. Là dessus, on n'a aucun jugement à avoir. En tout cas, pour ma part, je n'ai aucun jugement à avoir. Chacun fait comme il veut et comme il peut. Cette année, ce qui est différent, c'est que j'ai été élue dans mon syndicat, donc j'ai un poste d'élu. Donc en tant qu'élue, par contre, on a une décharge de travail. C'est à dire qu'au lieu par exemple de travailler 20 h, je vais travailler 17 h, mais je vais avoir 3 h à donner au syndicat, donc je vais faire 17 h par exemple, dans mon lycée et je vais travailler 3 h au syndicat, à l'Union.
Gaelle:
Et ça, ton employeur est obligé d'accepter ça.
Laurène:
Tout à fait. Parce que je suis élue.
Gaelle:
Donc élue = she was elected. Donc elle fait partie vraiment du bureau. Donc elle nous a dit tout à l'heure Laurène qu'elle était co trésorière. Donc elle a une fonction, vraiment. Elle n'est pas juste un membre classique, elle a vraiment une fonction, un rôle. Donc elle est élue. Et donc elle a du temps. Et donc ces 3 h là, elles sont payées par qui?
Laurène:
Alors ces 3 h, elles sont payées par l'employeur.
Gaelle:
D'accord, donc pour toi, vu que tu es professeure, donc l'école où tu travailles...
Laurène:
Ça rentre dans mon temps de travail.
Gaelle:
D'accord! C'est vraiment sur le temps de travail. Et ça, ce n'est pas seulement parce que tu es dans une école, c'est dans toutes les compagnies, les entreprises, ça fonctionne comme ça.
Laurène:
Toutes les entreprises se doit [se doivent] de nous donner un certain nombre d'heures pour travailler au syndicat.
Gaelle:
Très bien.
Laurène:
La proportion des heures dépend aussi du statut qu'on a dans le bureau. Par exemple, les secrétaires généraux vont être déchargés par exemple de la moitié de leur temps de travail. Ils vont travailler par exemple 9 h en lycée, 9 h au bureau. Moi, cette année, j'ai 2 h de décharge.
Gaelle:
Donc oui, c'est proportionnel à notre rôle. Si on a un rôle très important, qui demande beaucoup de travail, alors on a plus d'heures qui sont consacrées à ça et payées pour ça. Ok, très bien. Et donc, est-ce que vous avez... Tu nous as dit physiquement, tu vas avec, par exemple des professeurs devant la direction s'il y a des problèmes. Tu peux ou pas faire grève. Est-ce que vous avez des réunions et est-ce que c'est... Je ne sais pas, toutes les semaines, tous les mois? Comment ça fonctionne?
Laurène:
Alors oui, on se voit très régulièrement en réunion de bureau. Donc au minimum 2 à 3 fois par mois. Ça, ça va vraiment dépendre en fait, du climat social et du climat politique, et des enjeux et des réformes gouvernementales. Concrètement, quand il y a eu la réforme des retraites, on a eu un travail immense à faire, de préparation des contestations, etc. Donc, concrètement, oui, on a peut-être eu deux ou trois réunions par semaine! Mais en temps normal, oui, on a, je dirais, deux réunions par mois pour faire le point. Pour aborder les problématiques dans certains établissements qui nécessitent l'intervention d'élus de la CGT qui sont spécialisés dans tel ou tel domaine, en fait. Puisqu'il y a des juristes, il y a des avocats, il y a... Enfin, il y a vraiment de tout. Et concrètement, il y a des... Il y a des endroits où on est dans l'illégalité parfois au niveau des conditions de travail. Et donc il faut qu'un représentant se déplace auprès de l'équipe, par exemple d'un lycée, et aille voir la direction avec eux. Souvent, il y a une menace de grève, qui ouvre les négociations. Et voilà en fait. Il y a un rapport de force qui doit s'installer en fait. C'est toujours comme ça. C'est ce rapport de force qui va faire qu'on va obtenir gain de cause ou pas en fait.
Gaelle:
Oui, on disait tout à l'heure, on est dans une position de bataille et donc on doit se battre pour obtenir des choses positives pour les travailleurs, parce que c'est rare que les employeurs acceptent de manière très gracieuse et très: "oui, bien sûr". Il faut les obtenir en se battant. Pas physiquement avec les mains, mais avec son temps, en menaçant. Tout à l'heure, Laurène a dit "en menaçant de grève". Alors "menacer", ça veut dire "to threaten". Donc ils vont devant la direction et disent: "Si vous ne changez pas ça et ça, alors on va faire grève". Et ça, c'est une vraie menace, "a real threat".
Laurène:
Après, ce qui est difficile aujourd'hui, c'est qu'on n'est plus dans l'acquis de quelque chose, on est dans essayer de conserver ce qu'on a. Là, concrètement, on n'est pas dans demander des choses. On est en train de batailler pour garder ce qu'on a, le minimum de ce qu'on a en fait. Je vous donne un exemple: ils reviennent sur, par exemple, le travail du dimanche. Ils reviennent sur... Sur des choses qui voilà, qui sont importantes et qui ont été, voilà, c'est des luttes de nos parents, arrière grands parents. Et voilà, on se doit aussi nous de garder tout ça, de conserver tout ça parce que c'est aussi la qualité de vie derrière personnelle qui est en jeux. C'est à dire que, à l'heure actuelle, la conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle est compliquée et on a besoin de garder ces acquis là pour pouvoir avoir autre chose que le travail dans la vie.
Gaelle:
Oui, donc maintenant, c'est un gros travail de protéger ce qui est normalement déjà acquis. Des choses que, d'autres ont déjà fait des grèves pour ça, il y a 40 ans, 50 ans. Et maintenant les gouvernements essaient de rechanger ces choses positives, de revenir dessus. Ok. Et au niveau professionnel? Est-ce que c'est plutôt positif ou plutôt négatif d'être syndiqué? Est-ce que ça peut être dangereux pour trouver un travail ou au contraire est-ce que ça nous protège?
Laurène:
Je dirais que c'est un peu les deux. C'est à dire que je pense que quand on cherche un travail, on ne va pas parler de ses missions syndicales. Il ne faut pas oublier que les syndicats, c'est un peu la bête noire des employeurs puisque on est un peu le caillou dans la chaussure.
Gaelle:
C'est ça. Donc "La bête noire", oui, c'est "The worst nightmare".
Laurène:
Concrètement, si je devais postuler, si je cherchais du travail, j'en parlerais absolument pas, parce que je pense que ça me desservirait vraiment. Maintenant, quand ça fait longtemps qu'on est dans la boîte, enfin dans l'entreprise, qu'on a sa place, que l'on est reconnu professionnellement pour son travail, pour la qualité aussi de ses relations avec les autres, je pense que ça peut bien se passer. Après, l'Union fait la force et un syndicat sans syndiqués, ce n'est rien. C'est à dire que concrètement, moi, si je suis toute seule...
Gaelle:
Ça ne marche pas.
Laurène:
Je ne sers à rien! À part être un bureau d'information et dire : "voilà, il y a grève". Mais si personne ne fait grève ou si personne n'a besoin de mon aide ou d'information, aucun intérêt. Et donc pour répondre à la... au côté positif: c'est quand même une forme de protection. C'est une protection dans le sens où les employeurs, ils savent qu'on connaît les lois, ils savent aussi que derrière on a une grande confédération derrière nous, donc ils ne peuvent pas se permettre de faire n'importe quoi. Voilà, je ne conseillerai pas à quelqu'un qui n'a pas de travail de dire qu'il est syndiqué, mais par contre, je conseillerais à quelqu'un qui est déjà depuis quelques années dans une boîte de se syndiquer justement pour connaître ses droits et pour avoir une certaine protection.
Gaelle:
Alors Lauren nous a dit un mot un peu "slang", très intéressant. Elle a parlé d'une "boîte". Alors "une boîte", ça veut dire "a box", mais "une boîte" dans le contexte professionnel, ça veut dire "une compagnie, une entreprise". Et vraiment, les Français utilisent beaucoup cette expression. Donc merci de l'avoir dit, c'est très bien. Oui, donc si on résume, il ne faut pas le dire si vous cherchez un travail, vous ne dites pas que vous êtes syndiqué. Mais c'est très bien d'être syndiqué et quand vous avez une position bien établie, quand vous êtes sécure dans votre job, alors vous pouvez être syndiqué et c'est positif pour vous. Mais il ne faut pas le dire au début, c'est pas très intelligent. Très bien.
Laurène:
C'est ça.
Gaelle:
Parfait! Laurène, merci beaucoup pour toutes ces réponses, toutes ces explications. Moi aussi j'ai appris beaucoup de choses. Donc j'espère que nos auditeurs aussi auront découvert comment ça fonctionne un syndicat. Et en France en particulier. Donc merci beaucoup à toi Laurène.
Laurène:
Merci à toi Gaelle.
Gaelle:
Et je te souhaite une très bonne journée et je vous souhaite à vous les auditeurs de continuer votre journée et je vous dis à la prochaine! Au revoir!
Laurène:
Au revoir!
Learning tips:
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Look out for these words, and learn them:
- Une crèche = a nursery
- Un syndicat = a Union
- Les acquis sociaux = social achievements
- Ce qui est acquis = what is gained
- Les congés payés = paid leave
- Les congés maternités = maternity leave
- Une bataille, une lutte = a fight
- Lutter = to fight
- Un désaccord = a disagreement
- le chômage = unemployment
- Injuste = unfair
- Période d’essai = probation period
- La CGT (confédération générale du travail) = principal syndicat en France
- La CFDT (confédération française démocratique du travail) = deuxième plus gros syndicat en France
- Les cotisations = membership fees
- La grève = the strike
- Une manifestation = a protest
- Suivre le mouvement = to follow the trend, to go with the flow
- Représenter les salariés = to represent the employees
- Une décharge de travail = a release from work
- Un rapport de force = a balance of power
- Obtenir gain de cause = to win your case
- Menacer = to threaten
- La bête noire (expression) = (black beast) Nemesis
- Etre le caillou dans la chaussure (expression) = (to be a stone in the shoe) a nuisance
- L’union fait la force (expression) = united we stand
- Postuler = to apply
- Une boîte (familier) = a company
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