Le “Dry January” en France

Le “Dry January” en France

In this episode, Gaelle explores “Dry January” in France. This recent British tradition of completely cutting alcohol consumption during the first month of the year has found its way across the Channel and is trying to settle in France. But why does the French government refuse to officially support this initiative? And anyway, in a country famous for its many wines, champagnes and beers, could such an initiative work?

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Bonjour à toutes et bonjour à tous! Bienvenue dans ce nouvel épisode de Languatalk Slow French. Si vous m'écoutez quand cet épisode est publié, nous sommes au mois de janvier et nous venons donc de finir les fêtes de fin d'année. Particulièrement les fêtes de Noël pour les pays qui suivent la tradition catholique [chrétienne]. Mais également la fête du Nouvel An, donc pour célébrer la fin de 2024 et commencer l'année 2025.

Et en général, cette période de la fin de décembre est une période avec beaucoup de fêtes et beaucoup d'alcool. Et depuis quelques années, il existe un phénomène, un concept qui s'appelle le Dry January et qui nous vient du Royaume-Uni. Et je voulais aujourd'hui vous parler de ce phénomène du dry January en France, puisque nous sommes dans un pays où l'alcool a une place très importante. Et je me suis intéressée, j'étais curieuse de savoir si c'est un phénomène qui existe, qui est suivi par les Français - ou pas. Donc voici notre sujet: le Dry January en France.

Alors commençons déjà par expliquer ou rappeler le concept de ce dry January. C'est un concept qui est né au Royaume-Uni, donc en Angleterre, en 2015. Donc il n'y a pas très longtemps. Et en France, le nom que officiellement on utilise c'est "Janvier sobre" ou le "défi de janvier". "Défi", ça veut dire "challenge". Mais en vrai, dans la vraie société, pas sur les sites internet officiels, tout le monde dit "Dry January", donc l'expression anglaise.

Le concept, c'est de ne pas boire d'alcool du tout, donc vraiment zéro alcool, pendant tout le mois de janvier. Pourquoi en janvier? Parce qu'au mois de décembre, comme je l'ai dit en introduction, en général, les gens boivent beaucoup d'alcool, avec les fêtes de Noël et du Nouvel An. Et donc le mois de janvier, c'était un bon moment. Avec également les bonnes résolutions, quand on se dit: "ok, cette année, je vais faire plus de sport, je vais mieux manger, ...". On appelle ça des bonnes résolutions. Et bien de repenser sa consommation d'alcool au mois de janvier, c'est un bon moment. Après les excès de décembre et avec les bonnes résolutions de janvier.

Et vraiment l'idée de faire ça pendant un mois, c'est pour se rendre compte, pour réaliser quelle consommation on a d'habitude avec l'alcool et que peut-être on n'a pas besoin d'alcool pour voir ses amis, pour se détendre, pour passer un bon moment. Et donc c'est vraiment pour reprendre un peu un contrôle sur sa consommation et vraiment évaluer, revoir comment on boit de l'alcool.

Attention, ce n'est pas du tout pour les personnes qui ont un problème avec l'alcool, donc les vrais alcooliques. Parce que ce serait beaucoup trop dangereux d'arrêter complètement l'alcool pendant un mois comme ça, du jour au lendemain. So overnight. Ça serait trop dangereux. Donc c'est vraiment plutôt pour les personnes qui boivent de l'alcool, qui peut-être boivent un peu trop d'alcool, un peu trop souvent et qui veulent se questionner sur leur consommation. Mais pas pour les alcooliques, pas les personnes qui ont vraiment un problème avec l'alcool.

Donc je vous ai dit cette initiative est née en Angleterre et elle est née en 2015 et elle est arrivée en France en 2019. Et ce que nous allons voir dans cette première partie, c'est quelle est la réaction, quel est le comportement du gouvernement français. Et dans une deuxième partie, nous allons voir quelle est la réaction de la population française.

Eh bien, le gouvernement français, au début, donc en 2019, voulait soutenir cette initiative. Donc la ministre de la Santé à l'époque voulait faire une campagne pour promouvoir, pour inciter les Français à faire le dry January. Mais très rapidement, il y a eu un conflit, il y a eu un problème avec le ministre de l'Agriculture, qui lui a refusé.

Il a dit: "Non, ce n'est pas possible". Et son argument, c'était : "le vin, ce n'est pas un alcool comme les autres". Le vin, ce serait un alcool différent. Le sous texte, l'idée derrière ça, c'était que les jeunes qui ont un problème avec l'alcool et qui boivent trop d'alcool. (Donc on dit "ils se saoulent". "Se saouler", c'est le verbe = to be drunk, to get drunk. "Se saouler"). Donc les jeunes qui se saoulent ne se saoulent pas avec une bonne bouteille de vin rouge. Donc c'était cette idée que le vin, ce n'est pas un vin pour les personnes qui ont un problème avec l'alcool.

Et donc, depuis cette première tentative, ce premier essai en 2019 qui n'a pas réussi, la ministre de la Santé n'a pas réussi à faire cette campagne pour le Dry January, et bien ça fait cinq ans, six ans que le gouvernement français refuse de soutenir cette initiative. Il n'y a aucune campagne officielle soutenue par le gouvernement Français.

Et pourtant, il y a de très nombreuses demandes de la part des associations qui travaillent sur les addictions justement. Il y a l'année dernière 50 addictologues, donc des médecins, des professionnels de l'addiction qui ont officiellement écrit au gouvernement pour lui demander de soutenir cette initiative. Et le gouvernement continue de refuser.

Même l'année dernière, toute une campagne a été préparée, il y avait des publicités, il y avait un site internet officiel, donc tout était prêt au mois de décembre. Mais Emmanuel Macron, donc le président de la République, est allé dans la région Champagne. Donc c'est la région où le champagne est fabriqué. Et bien après cette visite où il a rencontré de nombreux producteurs de Champagne, et bien il a tout annulé. Toute la campagne pour le Dry January a été supprimée et rien n'a été diffusé à la télévision et le site internet n'est pas sorti.

Donc là, on commence à comprendre pourquoi le gouvernement français refuse de soutenir cette initiative. Et bien c'est à cause des lobbys du vin. Vous savez qu'en France, le vin est quelque chose de très important dans la culture, mais aussi économiquement. La production de vin et l'exportation, la vente du vin, c'est quelque chose qui, en terme d'économie, est très important. Parce que c'est beaucoup d'emplois, beaucoup de travail et c'est aussi beaucoup d'argent quand on vend du vin à l'étranger. Et donc le poids économique du secteur du vin est très important et les lobbys du vin ont une très grosse influence sur le ministre de l'Agriculture et donc ensuite sur le président.

Les arguments qui sont donnés par les lobbyistes, c'est de dire que les Français, de manière générale, savent boire de manière raisonnable. Ils ne font pas du binge drinking comme en Angleterre. Donc les Français n'ont pas un problème avec l'alcool.

Deuxième argument, c'est de dire que la France, c'est un pays où on ne peut pas interdire l'alcool. C'est dans la culture française. Ce serait impensable d'interdire l'alcool. Alors que je vous rappelle, le dry January ce n'est pas interdire! C'est seulement proposer aux Français d'arrêter pendant un mois, le mois de janvier, l'alcool pour repenser leur consommation.

Donc les lobbyistes du secteur du vin et des autres alcools ont vraiment un poids très important et ils sont écoutés par le gouvernement. Donc voilà pourquoi le gouvernement refuse de soutenir cette initiative.

Pourtant, si on regarde la réalité de la consommation de l'alcool et les conséquences de cette consommation, et bien c'est un vrai problème. Et c'est un problème qui est reconnu, qui est accepté par le ministère de la Santé. On sait qu'avec l'alcool, il y a 40 000 personnes qui meurent chaque année. 40 000 personnes, c'est énorme! C'est onze fois plus que les accidents sur la route, les accidents quand on est dans la voiture. Donc c'est vraiment beaucoup.

Et on sait aussi que la consommation d'alcool a de très grosses conséquences sur les violences et particulièrement les violences à la maison, dans le cercle familial, dans les familles.

Donc, le gouvernement, le ministère de la Santé, sait toutes ces informations. Donc, les gens qui meurent et la violence. Et pour autant, il ne veut pas soutenir cette action. Et c'est vraiment un problème parce que pour l'instant, ce sont seulement des associations privées qui font la promotion en France du Dry January, donc qui font des campagnes de publicité. Mais ils n'ont pas du tout les moyens, ils n'ont pas l'argent pour faire les grandes campagnes nationales, donc ça n'a pas le même impact. Il y a moins de gens qui vont savoir que le dry January existe et il y a moins de gens qui vont le faire.

Alors que si on regarde au Royaume-Uni, en Angleterre, c'est bien le ministère de la Santé qui fait la promotion du Dry January depuis 2015. Et donc en Angleterre, c'est vraiment quelque chose de très populaire. Beaucoup, beaucoup de Britanniques font le dry January et il y a des analyses, des études qui sont faites après pour voir les conséquences sur le court terme, le moyen terme. Et c'est très positif.

Et ce qui est très paradoxal, c'est que le gouvernement français, donc refuse de soutenir le dry January à cause des lobbys du vin, mais ils ont une campagne très forte et très agressive contre le tabac, contre la cigarette. Là, à cet endroit là, les lobbys du tabac n'ont pas gagné. Le gouvernement a décidé d'avoir des actions très, très fortes, avec des grandes campagnes d'information, de sensibilisation vraiment très fortes et choquantes et qui fonctionnent. Les gens en France fument de moins en moins. Parce que le tabac, la cigarette, c'est vraiment la première cause de mortalité. C'est la première raison pourquoi les gens meurent en France. Mais on voit que l'alcool, c'est en fait la deuxième raison et le gouvernement ne veut pas le soutenir. Donc il y a un gros paradoxe à cet endroit là.

Regardons maintenant dans cette deuxième partie quels sont les comportements des Français. Est-ce que les Français sont réceptifs ou pas du tout à cette idée du dry January? Et bien vous allez être peut-être surpris, mais oui, les Français sont très réceptifs et il y a de plus en plus de Français qui essayent pendant ce mois de janvier de ne pas boire d'alcool.

Et en fait, c'est un phénomène beaucoup plus large dans la société française en général, la consommation d'alcool baisse, la consommation diminue, donc de moins en moins. Et ça c'est très intéressant parce que c'est vraiment un changement profond, culturel. On sait que la France est un pays où l'alcool est présent. Il est produit et il est consommé, particulièrement avec le vin, mais également la bière. Et bien on voit un vrai changement et c'est un changement de génération.

Ce changement, il commence avec les millennials qu'on appelle la génération Y, mais aussi avec les générations plus récentes, donc les générations Z qui vraiment repensent la consommation d'alcool. Et la génération Z par exemple, est beaucoup plus consciente des problèmes que l'alcool pose. Et donc on observe vraiment un changement de comportement chez les Français.

Donc les jeunes commencent plus tard à boire. Avant, c'était très normal de commencer à boire de l'alcool et de l'alcool fort à seize ans par exemple. Et bien ça, ça change. Les jeunes commencent plus tard, plutôt vers 18 ans, 19 ans. On observe aussi un nouveau phénomène qui s'appelle les Sober Curious, donc les sobres curieux. Ce sont des gens qui ne disent pas ne jamais boire d'alcool, mais qui ont envie d'essayer de ne pas boire d'alcool de temps en temps parce qu'ils sont curieux. Ils veulent voir comment ils peuvent s'amuser, so to have fun ou faire la fête sans alcool par exemple.

Et aussi, un autre phénomène que j'ai personnellement observé, c'est que socialement, ça devient acceptable, ça devient bien vu de ne pas boire d'alcool dans une fête, dans une soirée. Et ça, moi, je peux vous dire, (parce que moi, je n'ai jamais beaucoup bu d'alcool) et quand j'étais jeune, il y avait une très grosse pression de la part de mes amis, de la société pour boire de l'alcool. Ce n'était pas normal de ne pas boire. On était vu comme bizarre, excentrique, asocial. C'était vraiment des choses très fortes et très négatives.

Alors que maintenant, pour les jeunes générations de ne pas boire d'alcool, et bien c'est OK. Ce n'est pas... ce n'est pas un problème, ce n'est pas un manque de sociabilité. Donc il y a vraiment un changement de perception vis à vis de la non-consommation d'alcool.

Avant, par exemple, si une femme de 25 ans, 30 ans à une soirée, disait: "Oh non merci, je ne vais pas prendre d'alcool", tout de suite on lui demandait: "mais est-ce que tu es enceinte?" = Are you pregnant? Parce que c'était impensable qu'il y ait une autre raison, une autre explication. Alors que maintenant, non, on ne va pas questionner les gens qui ne boivent pas d'alcool. Donc c'est vraiment très intéressant ce changement d'attitude.

Et quand j'ai lu des articles sur ce sujet, c'est un changement qui est mondial dans les pays occidentaux. Donc aux États-Unis, en Angleterre, en France, on retrouve ça, cette même distance que les jeunes prennent avec l'alcool.

Donc il y a un vrai écart de génération. La génération de mes parents ne questionne pas ça et je pense que le dry January, ce n'est pas quelque chose qu'ils vont faire. Donc la génération de mes parents, ce sont des gens qui ont 60 ans par exemple. Mais chez les jeunes, chez les gens de 30 ans, 20 ans, eh bien on questionne ça beaucoup plus.

Et ça se voit avec les ventes. Les ventes d'alcool en général ont beaucoup baissé. Année après année, on vend de moins en moins d'alcool en France. Alors que les ventes de vin sans alcool, donc c'est un vin, mais on a enlevé l'alcool, et bien ça double. Donc on a vraiment un phénomène où ce n'est pas que les gens boivent moins ou font moins la fête. Ils boivent moins d'alcool, mais ils ont envie toujours de boire des choses comme du vin ou de la bière, ou même du gin sans alcool.

Et du coup, les industries s'adaptent. Il y a énormément de start up qui sont sur ce secteur pour proposer des boissons sans alcool mais qui ressemblent au goût à de l'alcool. Mais on retrouve aussi les supermarchés. Maintenant, quand on va dans un supermarché français, c'est très facile de trouver un grand secteur avec ces vins et bières sans alcool. Donc c'est vraiment un.. quelque chose qui est économiquement très intéressant pour les compagnies qui produisent et pour les supermarchés qui vendent.

On trouve même un nouveau métier (et je le trouve adorable), ça s'appelle les "sobreliés". "Sobrelié", c'est la contraction de "sobre" = sober et "sommelier". Ce sont les experts du vin qui vendent le vin. Et bien, il existe maintenant une profession qui s'appelle les "sobreliés". Donc ce sont ces experts en vin ou spiritueux sans alcool et qui vont vraiment faire des compositions, faire une recherche de goût très très intéressante pour proposer des produits qui peuvent vraiment être comparés à des vins, des bons vins ou des bons spiritueux, mais sans l'alcool.

Donc on voit qu'on a vraiment une opposition entre une société française qui change dans ses habitudes de consommation d'alcool, où la société consomme moins, est beaucoup plus réceptive aux arguments de santé, aux arguments d'addiction, de se rendre compte des effets négatifs de l'alcool sur la santé en général et sur les comportements.

Et de l'autre côté, on a un gouvernement français qui est trop proche des lobbys du vin et qui se fait complètement influencer par ces lobbys et donc qui refuse de soutenir cette initiative du dry January et qui ne fait pas de grande campagne de sensibilisation, d'information comme ils le font pour le tabac, pour lutter contre le tabac. Donc on a une vraie opposition entre: changement dans la société et un gouvernement qui est aux prises avec les lobbys du vin.

Merci de m'avoir écouté. Je vous souhaite une très bonne année 2025, avec ou sans alcool, c'est votre choix. Et je vous dis "à la prochain". Au revoir.

Learning tips:

1. Follow the interactive transcript to read as you listen. You can replay a sentence by clicking on it.

2. To work on your speaking skills and pronunciation, try copying what Gaëlle says from time to time.

3. Boost your vocab by looking up words you don't understand: Reverso French - English translator

Look out for these words, and learn them:

  • Janvier sobre ou défi de janvier = Dry January
  • Un défi = a challenge
  • Noel = Christmas
  • Le Nouvel An = New Year
  • Les bonnes résolutions = good resolutions
  • Du jour au lendemain = overnight
  • Soutenir = to support
  • Promouvoir = to promote
  • Une campagne de sensibilisation = a campaign to raise awareness
  • Se saouler = to get drunk
  • Un poids économique = an economic powerhouse/weight
  • Les lobbys du vin = the wine lobbies
  • Première cause de mortalité = the leading cause of death
  • Un changement de comportement  = a change in behavior
  • Une baisse des ventes = a decline in sales
  • C’est bien vu = it’s good manners, it’s appreciated
  • Une soirée = an evening, a party
  • Un sobrelier, une sobrelière = sobre + sommelier = expert in non alcoholic drinks
  • Un sommelier, une sommelière = a sommelier (a wine expert)






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