Les Outre-Mer (partie 2)

Les Outre-Mer (partie 2)

This episode is the second (and final) part of our mini series talking about “Outre-Mer” - French overseas territories. In this episode, Gaelle takes you far from the picturesque postcard image of an island with coconut trees to tell you about the traumatic past of those old colonies, and the tensions that are still present.

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Bonjour à toutes et bonjour à tous! Bienvenue dans ce nouvel épisode de LanguaTalk Slow French. Nous sommes aujourd'hui dans la deuxième partie de cet épisode consacré aux Outre-mer. Donc, il faut d'abord écouter la première partie qui était la semaine dernière et vous pouvez ensuite écouter cette deuxième partie. Elles sont indépendantes, mais c'est plus facile si vous écoutez la première partie au début.

[english].

Aujourd'hui, nous allons nous concentrer sur l'image plutôt difficile des Outre-mer, de ces territoires. Pas la jolie image d'un pays tropical, exotique avec des cocotiers, mais la réalité historique très difficile et également les tensions, les problèmes qu'il y a maintenant dans ces territoires. Bonne écoute.

Commençons avec l'histoire. Je vous ai dit la semaine dernière dans le premier épisode que ces territoires sont des colonies. D'anciennes colonies. Bien sûr, maintenant, elles n'ont pas ce statut là, mais à l'époque, c'étaient des colonies. Et bien sûr, quand on parle de colonies, on parle d'une histoire très difficile, très douloureuse. -painful and very atrocious, really. Let's put some clear words on that. La colonisation, c'est quelque chose d'horrible, d'atroce.

La première raison, c'est que ces territoires avaient des populations, bien évidemment. Il y avait des gens qui habitaient sur ces territoires. Et quand les Français sont arrivés, deux phénomènes se sont passés -two things happened-, deux choses se sont passées. La première, c'est que les Français, (et pas seulement les Français, mais tous les Européens) avaient des maladies, -diseases- qu'ils ont amené avec eux - [english]. Mais les populations locales n'étaient pas immunisées contre ces maladies. Et les populations dans les Caraïbes et les populations dans l'Océanie sont presque toutes mortes -they almost all died- à cause des maladies que les Européens ont emmenées avec eux. Donc ça c'est une première histoire dramatique, pas intentionnelle -it wasn't done on purpose, it was not intentional-, pas intentionnel, mais c'est la réalité. Les populations ont été tuées indirectement avec les maladies d'Europe.

Deuxième chose les Français ont mis en place un système d'esclavagisme avec des esclaves. Donc "esclave", ça veut dire "slave", "esclavagisme"= "slavery". Donc les Français dans deux territoires en particulier: la Martinique et la Guadeloupe dans les Caraïbes, ont établi, ont mis en place -they put in place- ils ont mis en place un esclavagisme.

Avec notamment des règles qui étaient écrites dans un livre qui s'appelle le Code noir. Le code noir, so The Black Code. Et ces règles donnaient les les lois pour l'esclavagisme. Par exemple quand des esclaves avaient des enfants et bien leurs enfants devenaient automatiquement des esclaves. Un autre exemple il y avait des... en français on dit des "châtiments corporels", ça veut dire que c'était autorisé -it was allowed-, c'était légal de punir -to punish, to hit and quite often with a whip. Donc c'était vraiment une cruauté terrible. Et tout ça, c'était légal.

Ce code noir a été aboli, donc on a arrêté l'esclavage en France seulement en 1848. En 1848. C'est très tard. Donc quand la France dit et beaucoup de français pensent que l'esclavagisme ça ne fait pas partie de l'histoire française. C'est une histoire américaine des Etats-Unis. Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai parce que sur le territoire de la métropole, dans l'Hexagone, [english]. Donc, en métropole, c'est vrai, il n'y avait pas d'esclaves. Mais dans les territoires d'outre mer, dans les colonies, -because back then they were colonies- dans les colonies, il y avait des esclaves! Et c'était bien des esclaves français. Donc c'est important, je pense, de bien rappeler cette réalité historique.

Dans une autre partie de l'histoire c'est que la colonisation c'était pour utiliser les terres, pour exploiter les terres. So we said last week to exploit the lands. Et pour faire ça, eh bien de manière très simple, les Français ont volé -they stole the lands-, ils ont volé les terres. On dit ils ont spolié. "Ils ont spolié", ça veut dire ils ont pris de manière illégale les terres des habitants locaux, des personnes qui habitaient sur ces territoires. Donc ils ont volé les terres, ils ont exploité les terres pour avoir de l'argent et une grande partie de la richesse - Of the richness of France, of wealth- vient de là. Vient de cette colonisation.

Une autre conséquence c'était une volonté, un désir d'éliminer -to get rid of- éliminer les cultures et les traditions locales. Et par exemple, c'était en interdisant les langues locales à l'école. [english].

Voilà. Donc ça, c'est un passé très lourd et on ne peut pas juste oublier. C'est la même réalité qu'aux Etats-Unis avec la communauté noire américaine. Le passé de l'esclavage est un passé qui a des conséquences maintenant. Eh bien, c'est la même réalité dans les territoires d'Outre-mer français. On ne peut pas oublier cette histoire.

Regardons maintenant la deuxième partie qui parle des inégalités, des problèmes qu'il y a maintenant. Le problème essentiel, c'est une très grande inégalité -inequality- inégalité entre l'Hexagone, -so mainland France-, entre l'Hexagone et les Outre-mer. Il existe plusieurs inégalités.

La première inégalité, c'est une inégalité pour le prix des choses, le prix des produits -the prices of things of everyday life things-. Parce que beaucoup de choses sont importées -imported-. Et donc en moyenne -on average- en moyenne, le coût de la vie -the cost of life- le coût de la vie est entre 7% par exemple à la Réunion. Donc à la Réunion, tout coûte plus cher de 7%. Mais en Polynésie, donc par exemple à Tahiti, c'est 38 % de plus qu'en France, en Hexagone. Donc tout, tout est beaucoup plus cher. Mais bien sûr, les salaires ne sont pas plus élevés. They don't have higher salaries. Donc c'est plus difficile pour les populations qui... françaises qui habitent en Outre-mer, d'acheter des choses parce que tout coûte plus cher.

La deuxième inégalité, c'est qu'il y a beaucoup plus de chômage. "Chômage", c'est quand les gens n'ont pas de travail -unemployment. En moyenne trois fois plus que en Hexagone, trois fois plus. Et c'est très très fort chez les jeunes. Dans les populations jeunes, le chômage, par exemple, en Guadeloupe, il y a 60 % des jeunes qui n'ont pas de travail. Donc c'est vraiment énorme. Donc on a deux problèmes. On a des gens qui n'ont pas de travail, avec des salaires moins importants et un coût de la vie plus élevé. [english] Ça ça, ça ne marche pas, c'est un problème.

Un autre problème, c'est une très grande dépendance à l'Hexagone. 50% des échanges économiques -economical trade-, 50 % c'est entre les Outre-mer et l'Hexagone. Donc c'est une très grande dépendance. Very high dependency. Il n'y a pas assez -there is not enough-, il n'y a pas assez d'échanges économiques, d'échanges commerciaux avec les pays autour, les pays voisins. La majorité, c'est avec l'Hexagone.

Et on retrouve un peu la logique coloniale, l'ancienne pensée coloniale dans l'agriculture qui est faite dans ces territoires. Par exemple en Guadeloupe et en Martinique, il y a encore beaucoup d'agriculture de la banane et de la canne à sucre -sugar cane-, et c'est majoritairement pour l'Hexagone. Pour les besoins de la métropole. Et donc on voit qu'il y a encore cette pensée post coloniale de: la métropole a besoin de certains produits et ils sont fabriqués dans les outre mer. Ce n'est pas des produits que les populations locales vont consommer ou pas en entier. C'est vraiment pour exporter vers l'hexagone.

Une autre inégalité qui est intéressante, c'est dans les territoires géographiques où les Outre-mer sont situés. Donc par exemple la Guyane, je vous ai dit la semaine dernière c'est en Amérique du Sud. Eh bien la... la Guyane, c'est la France. Donc avec quand même un niveau de développement très important. It's a very developed country, it's France right. In terms of hospitals, health, in terms of education, it is like France. Mais les pays voisins, les pays autour, n'ont pas le même niveau de développement et donc il y a une inégalité régionale entre les Outre-mer et les pays autour. Et ça favorise -it develops, it helps- une immigration assez forte surtout en Guyane et à Mayotte. Mayotte c'est à côté de Madagascar. That's quite a lot of pressure- pour l'immigration avec les pays voisins.

Une autre inégalité, c'est le fait que, en France métropolitaine donc en Hexagone en Europe, on ne parle jamais des Outre-mer. Ce sont vraiment des territoires qui, oui, sont français. Mais dans... si vous regardez la télévision, si vous lisez le journal, il n'y a jamais des informations sur ces territoires. Ils sont un peu oubliés. On parle de ces territoires seulement quand il y a des catastrophes, quand il y a des accidents ou quand il y a des tensions. Mais on ne parle jamais de leur vie quotidienne. Et ça, je pense que c'est une très grande discrimination, parce que économiquement, c'est très intéressant que ces territoires, ils font [fassent] partie de la France. Mais on ... les Français métropolitains, les Français en Europe, ne pensent jamais à ces territoires pour d'autres choses.

Et c'est très intéressant, par exemple, quand une personne qui est française, qui habite en Martinique ou à la Réunion, probablement avec une couleur de peau, -a skin color- plus sombre, plus foncé ce clos, -closer to black than white-. Quand ces personnes viennent en France métropolitaine parce que c'est leur pays et c'est très classique de venir en métropole pour faire ses études supérieures, pour aller à l'université. Et bien quand ces personnes viennent, elles souffrent du racisme. Parce que les Métropolitains, les Français de la métropole ne les voient pas -they don't see them- ils ne les voient pas comme des Français mais comme des personnes noires. Et donc avec tout le racisme qu'il y a avec ça. [english]. Et ça, c'est très violent parce que, en terme de citoyenneté, en terme d'éducation, ils sont français. C'est vraiment des territoires français.

Il y a de grandes inégalités et il y a une grande discrimination qui est vraiment très très forte et qui est très violente pour les gens qui habitent dans les Outre-mer, dans les territoires d'Outre-mer.

Regardons la dernière partie qui est sur les tensions et peut-être les idées d'indépendance. Est ce que ces territoires veulent être indépendants? Donc parlons des tensions. Je vous ai dit que la vie est très chère -Life is very expensive- la vie est très chère dans ces territoires. Et c'est vraiment un gros problème pour les populations locales. Et régulièrement, il y a des tensions et les gens vont manifester -they protest-, ils vont dans la rue. -they go on The streets and they actually protest and sometimes it even goes into riots- ça fait... parfois, il y a des émeutes. Et c'est quelque chose de très récurrent. Ça arrive assez souvent.

Et les derniers épisodes, c'était en 2018, en 2018, avec particulièrement la Guadeloupe, la Martinique, (donc dans les Caraïbes) et la Réunion (à côté de Madagascar). Et c'étaient des manifestations très très tendues -very tense- et aussi violentes. Parce que il y a le problème du coût de la vie -the cost of life- mais plus généralement, il y a aussi un manque de reconnaissance. L'impression que le gouvernement à Paris s'en fout. Sorry for the rude language but "s'en fout" means really "don't give a shit"- Parce que c'est comme ça que la population le pense, le ressent.

Et dans le contexte des gilets jaunes, -I don't know if you remember but in France mainland we had what we called "Les gilets jaunes", so the "yellow jackets" et c'était un mouvement de contestation sociale très très fort. Eh bien, dans les Outre-mer, c'était aussi très fort à ce moment là.

Et plus récemment, dans le contexte de la pandémie de Covid, le gouvernement français a décidé d'imposer, de forcer la population à se faire vacciner.[english]. Et ça, en France, en métropole, c'était un peu un problème. Mais dans les outre mer, c'était un énorme problème, surtout en Martinique et en Guadeloupe. Et la population a vraiment manifesté de manière violente pour dire: "non, nous ne sommes pas d'accord". Je n'ai pas le temps maintenant d'expliquer en détail pourquoi, mais ça montre qu'il y a vraiment un manque de confiance - a lack of trust- un manque de confiance des citoyens des outre mer pour le gouvernement central à Paris. C'est vraiment un problème très ancien et qui continue et qui est très fort.

Alors la dernière question c'est: est-ce que ces territoires veulent être indépendants? Eh bien, ça dépend. Il y a un territoire en particulier, c'est la Nouvelle-Calédonie. La Nouvelle-Calédonie, c'est dans l'Océanie, c'est proche de l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Eh bien la Nouvelle-Calédonie, c'est le territoire qui a le plus travaillé pour être indépendant. Et récemment, l'année dernière, il y a eu des référendums en Nouvelle-Calédonie pour demander à la population locale si ils voulaient être indépendant. Il y a eu trois référendums. [english]. La réponse finale, c'est non. La population ne veut pas être indépendant. Mais les résultats, c'est 58 % de la population qui a dit non à l'indépendance. Mais donc ça montre qu'il y a quand même 42 % qui voulaient l'indépendance et donc ça montre quand même que la situation n'est pas tranquille, n'est pas calme et que Paris, la métropole, doit vraiment faire des efforts, doit vraiment ouvrir un dialogue, doit discuter avec la Nouvelle-Calédonie et les populations locales pour trouver plus de compromis.

Les autres territoires ne demandent pas vraiment l'indépendance, mais régulièrement, il y a des demandes pour plus d'autonomie et plus de prise en compte de la réalité locale. [english]. Et donc ces territoires d'outre mer demandent plus d'autonomie. Pas l'indépendance mais plus d'autonomie sur certaines questions, certaines décisions.

[quick summary normal pace French].

Aujourd'hui, nous avons abordé cette deuxième partie qui concerne les outre mer et c'était pour vous parler des contextes historiques très difficiles et des tensions actuelles. Nous avons commencé avec un rappel historique en disant que ces territoires sont en fait des colonies. Et donc bien sûr, quand on parle de colonies, on parle d'exploitation, de meurtre et d'esclavage. Et que oui, la France a un passé esclavagiste avec particulièrement la Martinique et la Guadeloupe et qu'on ne peut pas ignorer cette réalité pour comprendre aussi les tensions actuelles.

Nous avons dit que dans les inégalités, elles sont très très fortes maintenant, entre l'Hexagone, la métropole et les territoires d'outre mer. La vie est très chère, tout coûte très cher. Il y a beaucoup de chômage et il y a des salaires qui ne sont pas très hauts. Les inégalités sont également en terme de représentation. Il y a en fait beaucoup de racisme et il y a aussi beaucoup d'ignorance. À Paris, en France, en Hexagone, on ne pense jamais à ces territoires, on ne parle jamais d'eux. Et quand les ultramarins, -that's how we call them-, les ultramarins, donc les habitants d'outre mer viennent en France métropolitaine pour le travail, pour les études, eh bien ils font face à beaucoup de racisme.

Et enfin, nous avons terminé en parlant des tensions puisqu'il y a en fait régulièrement des manifestations, des protestations et même des émeutes qui se passent particulièrement en Martinique et en Guadeloupe. Et dans le contexte de la pandémie de Covid, ça a été encore plus fort. Mais en général, c'est plutôt pour des manifestations contre la vie chère. Et le dernier point, c'était sur les indépendances. Et nous avons dit que, en général, les territoires ne demandent pas leur indépendance, sauf la Nouvelle-Calédonie. Et c'est une question qui revient régulièrement. Mais que beaucoup de territoires voudraient plus d'autonomie.

And now we are back to slow french.

J'espère que cet épisode vous a intéressé. Je pense que c'est très important de ne pas seulement regarder la belle image. De seulement voir pour le tourisme, parce que c'est beaucoup plus complexe et je pense que c'est un peu une insulte si on regarde seulement quand tout va bien. Ces territoires sont vraiment magnifiques, ils ont beaucoup, beaucoup de ressources et ils sont très intéressants. Mais il y a aussi des tensions. Il y a des souffrances du passé à cause de la colonisation, à cause de l'esclavagisme et on ne peut pas oublier cette partie là. Merci de m'avoir écouté. Je vous souhaite une très bonne semaine et je vous dis à la semaine prochaine. Salut.

Merci. Et à la prochaine.

Learning tips:

1. Follow the interactive transcript to read as you listen. You can replay a sentence by clicking on it.

2. To work on your speaking skills and pronunciation, try copying what Gaëlle says from time to time.

3. Boost your vocab by looking up words you don't understand: Reverso French - English translator

Look out for these words, and learn them:

  • Douloureux = painful
  • Atroce = atrocious
  • Des maladies = diseases
  • Des esclaves = slaves
  • L’esclavagisme = slavery
  • Des châtiments corporels = physical punishments
  • Spolier = to dispossess
  • Autoriser / interdire = to allow / to forbid
  • Eliminer = to get rid of
  • Inégalités = inequalities
  • En moyenne = on average
  • Le coût de la vie = the cost of living
  • Le prix des produits = the prices of the products
  • Le chômage = unemployment
  • La dépendance = dependency
  • Les échanges économiques = economic exchanges
  • Des émeutes = riots
  • Des manifestations = protests
  • Un manque de confiance = a lack of trust
  • La prise en compte, la prise en considération = the taking into account/consideration
  • L’autonomie = autonomy
  • L’indépendance = the independence
  • Les Ultramarins = inhabitants of overseas territories
  • Ça ne marche pas = it doesn’t work
  • Ça favorise = it promotes, it helps
  • Le gouvernement s’en fout (familier) = the government doesn’t give a shit


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