Interview avec Clémence, diététicienne

Interview avec Clémence, diététicienne

In this episode, Gaelle interviews Clémence, a French dietitian with her own private practice. With her modern and progressive views on nutrition, Clémence will explain why being slim doesn’t always mean being healthy, and how the table manners you learnt as a child can have a big impact on your adult life and your relationship with food.

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Gaelle:
Bonjour à toutes et bonjour à tous. Bienvenue dans ce nouvel épisode de LanguaTalk Slow French. Aujourd'hui, nous faisons une interview avec Clémence. Clémence est une diététicienne donc elle a un métier très intéressant et c'est pour ça que nous l'interrogeons aujourd'hui. Bonjour Clémence.

Clémence:
Bonjour Gaëlle, merci de m'accueillir avec toi aujourd'hui.

Gaelle:
Avec plaisir. Est-ce que tu pourrais te présenter rapidement pour nos auditeurs s'il te plaît?

Clémence:
Bien sûr! Donc je m'appelle Clémence, j'ai 35 ans et j'habite à Champagnole. Champagnole est une toute petite ville située dans le Jura qui se situe juste à côté, au niveau de la frontière de la Suisse.

Gaelle:
Très bien. Donc en géographie, en France, on est donc à l'est de la France, proche de la frontière avec la Suisse. Très bien. Et donc j'ai dit en introduction que tu étais une diététicienne. Depuis quand tu fais ce métier?

Clémence:
J'ai été diplômée en 2013. Ensuite, j'ai eu plusieurs travails dans des entreprises différentes et finalement je me suis installée à mon compte en libéral depuis cinq ans.

Gaelle:
Donc ça c'est un mot intéressant. S'installer à son compte, ça veut dire que tu travailles de manière privée, pour toi. C'est ça? Tu n'as pas un chef, un patron?

Clémence:
Oui, c'est ça.

Gaelle:
Très bien. Et donc on dit "en libéral", en français effectivement. On parle de libéral pour les professions médicales, souvent, peut-être aussi pour les avocats - les "lawyers".

Clémence:
Oui

Gaelle:
Très bien. Mais donc avant tu as commencé à être diététicienne, mais pour des compagnies, c'est ça?

Clémence:
Exactement, oui, dans des entreprises.

Gaelle:
Très bien. Donc, depuis 2013. Et tu as dit que tu as été diplômée, donc très bonne transition: comment on devient diététicienne, quelles études il faut faire pour ça?

Clémence:
Alors moi j'ai eu un BTS option diététique. Donc BTS c'est un brevet de technicien supérieur et c'est donc deux années d'études qui sont situées après le baccalauréat.

Gaelle:
Très bien. Donc pour expliquer simplement aux auditeurs: en France, on va à l'école jusqu'à 18 ans, à peu près. Donc 18 ans, c'est pour le lycée. À la fin du lycée, il y a le bac ou baccalauréat. Et après on appelle ça des études supérieures. Et on peut faire des études longues, très longues ou plus courtes. Et donc Clémence a fait un BTS, c'est deux ans après le bac, avec donc une option diététique. Très bien. Est-ce que c'est un BTS qui est assez fréquent, que l'on trouve facilement en France?

Clémence:
Oui, on va le trouver dans toutes les grandes villes en France. Ce sont des études assez courtes donc ils sont très accessibles. Et comme les études sont relativement courtes, ça va être important de continuer à se former tout au long de la carrière professionnelle.

Gaelle:
Donc se former, ça veut dire il faut continuer d'apprendre des choses. Sinon, on garde des informations peut-être trop vieilles, qui sont un peu passées.

Clémence:
Oui, c'est totalement ça.

Gaelle:
Très bien. Et donc toi, personnellement, tu as étudié dans quelle ville?

Clémence:
Alors moi j'ai étudié en Lozère. C'est une toute petite ville au centre de la France, vraiment un milieu très rural.

Gaelle:
D'accord, donc tu ne viens pas des grandes villes comme Paris, Lyon, Bordeaux?

Clémence:
Pas du tout! À l'opposé de ce type de ville.

Gaelle:
Très bien. Et donc, qu'est-ce qui t'a attiré? Pourquoi tu as voulu aller vers cette profession?

Clémence:
Alors depuis toute petite, j'ai toujours voulu travailler dans le monde de la santé. Par contre, je ne savais pas exactement quelle profession je souhaitais faire. Et en tant que grande gourmande, améliorer le bien être des personnes grâce à l'alimentation s'est avéré être une vraie passion.

Gaelle:
Alors le mot gourmande, j'adore ce mot. Ce n'est pas un mot qui existe en anglais. Si on regarde dans un dictionnaire, un traducteur, "gourmande" vient comme "greedy". Et ce n'est pas du tout ça. Gourmand ou gourmande, c'est quand on aime la nourriture et que on a vraiment du plaisir à manger. Peut-être un petit peu en excès, mais il y a vraiment cette idée de plaisir dans le mot gourmand. Et donc tu nous disais que toi tu étais gourmande, c'est ça? Et donc tu voulais mélanger, combiner, la santé qui était ton centre d'intérêt et la bonne nourriture. Et donc la diététique était une orientation assez logique.

Clémence:
C'est ça.

Gaelle:
Parfait. Très bien. Donc maintenant qu'on a vu qui tu es, ton profil et tes études, on va regarder vraiment comment tu travailles, comment tu "exerces" on dit. Donc typiquement le profil des personnes qui viennent te voir. Est-ce que tu peux nous décrire qui sont les gens qui viennent dans ton.. un mot important: dans ton cabinet. Donc le cabinet c'est "the practice", donc c'est le lieu où Clémence travaille. Donc qui vient dans ton cabinet?

Clémence:
Alors dans mon cabinet, je vais accueillir tout type de patients, que ce soit des enfants, des adultes ou encore des seniors, hommes ou femmes, peu importe. Néanmoins, j'ai quand même beaucoup plus de femmes qui viennent me consulter.

Gaelle:
Alors ça c'est intéressant. Est-ce que tu penses qu'il y a plus de femmes, parce qu'il y a plus de femmes qui ont des problèmes, ou parce qu'il y a plus de femmes qui pensent qu'elles ont un problème?

Clémence:
Oui, c'est plutôt cette deuxième option. En effet, la société aujourd'hui pose une grande pression sur les femmes, sur leur corps et donc généralement, elles sont en mal-être vis-à-vis de leur corps et ressentent plus le besoin de revoir leur alimentation, améliorer leur assiette pour essayer de perdre un peu de poids.

Gaelle:
Tu as dit "perdre du poids", so "to lose weight". Donc est-ce que c'est vraiment la thématique centrale quand les gens viennent te voir?

Clémence:
C'est la majorité des motifs de consultation. Néanmoins, je peux aussi avoir des personnes qui viennent me consulter suite à des maladies comme par exemple le diabète, le cholestérol ou encore des maladies digestives. Et dans ce cas, l'alimentation va avoir un grand impact sur leur santé au quotidien.

Gaelle:
D'accord. Mais donc tu disais tous les âges, les enfants, les adultes, les seniors, les deux sexes. Est-ce qu'il y a une différence dans les catégories sociales? Est-ce qu'il y a plus des personnes dans les classes moyennes qui viennent te voir ou pas?

Clémence:
Alors j'ai en effet plus de patients dans les classes moyennes, voire supérieures. Tout simplement, en France, même si nous avons un système de santé qui est 100 % gratuit, certaines prises en charge et donc certains professionnels dont je fais partie, ne sont pas remboursés. Donc finalement, c'est au patient de payer les consultations et ça peut devenir un véritable coût.

Gaelle:
Donc oui, il y a une barrière financière, un blocage financier, une réalité de ce côté là. Parce que en France, oui, la santé normalement est très bonne et gratuite, mais il y a certaines spécialités qui, peut-être sont considérées par le gouvernement, par l'Etat comme optionnelles, qui ne sont pas essentielles et donc ce n'est pas remboursé, ce n'est pas gratuit. D'accord. Donc forcément, ce sont plutôt des gens des classes moyennes ou des classes supérieures qui peuvent payer une consultation. Très bien. Mais ça ne veut pas dire que les problèmes n'existent pas chez les classes basses, chez les classes populaires, j'imagine.

Clémence:
Non, en effet, c'est même bien le contraire. Aujourd'hui, toutes les études montrent que plus on a une classe économiquement défavorisée, plus on a de risques sur sa santé et plus on a une alimentation déséquilibrée.

Gaelle:
Donc, pour le dire avec des mots encore plus simples, plus on est pauvre, plus on a des risques de santé et on a des problèmes avec ce qu'on mange. Donc oui, donc là, on voit déjà qu'il y a un problème systémique, dans le système français, que ce ne sont pas les personnes qui ont le plus de besoins qui ont accès à cette.. à ce service de santé.

Clémence:
Malheureusement, oui.

Gaelle:
Je voudrais qu'on parle un petit peu de l'image. Tu as dit: les femmes ont une grande pression dans la société pour justement,.. On regarde le corps des femmes. Beaucoup. Et donc, est-ce que cette image de la femme française que l'on retrouve dans beaucoup de pays à l'étranger, mais particulièrement je sais en Angleterre où j'habite, aux États-Unis, d'une femme française parfaite qui est très mince, so very thin, skinny, qui est très élégante,... Est-ce que c'est une réalité ou pas du tout?

Clémence:
Alors bien entendu que les femmes françaises sont très belles, sont très élégantes et ce quel que soit leur poids. Par contre, en effet, la minceur n'est pas forcément un gage de réalité puisqu'il faut savoir que environ un tiers des femmes s'habillent en taille 40-42. Alors que dans les magazines, au cinéma, on voit des femmes qui portent plutôt des tailles 36, donc qui sont relativement maigres.

Gaelle:
Alors tu as dit "un tiers", ça veut dire "a third". Donc, un tiers des femmes françaises qui portent des vêtements. Alors, la taille 40-42 pour les personnes américaines ou anglaises, ils ne comprennent pas. En Angleterre, la taille 42, je pense que c'est un 14 peut-être ou 16. Mais donc oui, ce sont des tailles qui ne sont pas grosses, mais ce sont pas des tailles -so sizes- qu'on voit dans les magazines, que l'on voit dans la publicité. Donc il y a une différence de réalité. Moi je n'aime pas du tout cette représentation des femmes françaises très minces parce que ce n'est pas vrai. Elles existent, mais ce n'est pas la majorité, ce n'est pas la norme en France. Et est-ce que du coup tu pourrais nous dire si l'obésité est un problème en France ou pas?

Clémence:
Oui en effet, les chiffres de surpoids et de l'obésité augmentent au fur et à mesure des années. Je fais la distinction sur le surpoids puisque ce n'est pas exactement la même chose que l'obésité. Est-ce que je dois expliquer du coup cette différence?

Gaelle:
Oui, alors je vais juste donner peut-être une traduction. "Surpoids". Le mot "poids" c'est "weight", so "over weight". Et donc il y a une différence entre obesity and overweight. Mais tu peux, oui, expliquer, ce serait très intéressant.

Clémence:
Alors cette explication et cette différence se fait grâce à un calcul. On parle du calcul de l'IMC: l'indice de masse corporelle. Et avec cet IMC, on a du coup des cases, des valeurs. Et lorsqu'elles dépassent un petit peu la norme, on va catégoriser les personnes comme étant en surpoids. Et lorsque cet IMC est relativement élevé, alors la personne sera en obésité.

Gaelle:
Oui, donc l'IMC c'est un nom différent en anglais, mais c'est quand on fait un calcul entre la taille so your height and et votre poids. Et donc ce calcul donne un nombre, un chiffre et ensuite ça nous donne une idée de si on est trop maigre, so under weight, si on est normal, si on est en surpoids ou si on est en obésité. Et donc, pardon, les chiffres du coup tu as dit augmentent. Donc il y a de plus en plus en France de personnes en surpoids ou avec l'obésité. Est-ce que tu as des chiffres?

Clémence:
Oui. Donc les derniers chiffres montrent qu'il y a environ une personne sur deux qui est en surpoids. En France, on parle de 47 % de la population. Et en ce qui concerne l'obésité, nous sommes à 17 % de la population française.

Gaelle:
Donc on est très loin de cette image des Français qui sont tous minces. Là, on nous dit que une personne sur deux, donc presque la moitié de la population, est en surpoids, donc un peu trop grosse pour le dire simplement. Donc c'est quand même très important en terme de chiffres. Très bien. Et donc une partie de ces personnes viennent te voir dans ton cabinet. Donc regardons maintenant comment tu travailles. Donc est-ce que tu pourrais nous dire comment se passe une première consultation quand une personne vient pour la première fois.

Clémence:
Alors, lorsque le patient vient pour la première fois au sein de mon cabinet, il faut savoir que c'est un entretien qui va durer environ 1 h. Donc c'est relativement long, mais ça va permettre de faire un état des lieux de son alimentation, mais également de l'environnement autour de son alimentation. Parce que parfois l'assiette est relativement équilibrée, néanmoins, c'est tout autour qu'il va y avoir des difficultés pour améliorer sa santé.

Gaelle:
D'accord, donc une première consultation où on parle beaucoup pendant 1 h. Tu as beaucoup de questions et tu vas regarder, donc pas seulement ce que la personne mange - donc tu parles de l'assiette, so "the plate" - donc qu'est ce que la personne mange. Mais très intéressant, tu nous dis, il y a parfois des choses autour qui vont avoir un impact, qui vont avoir un rôle dans ensuite des problèmes d'alimentation. Ok, donc par exemple, quelles sont ces choses autour qui peuvent avoir un impact?

Clémence:
Et bien avec le patient, je vais explorer la qualité de son sommeil. S'il a du stress au quotidien, sa consommation d'alcool, s'il fume par exemple, son niveau d'activité physique,... Mais également je vais faire un point sur les conditions dans lesquelles ces repas sont pris. S'il arrive à ressentir de la faim, s'il arrive à comprendre sa satiété et s'il respecte ces fameuses sensations alimentaires.

Gaelle:
Alors là, il y a des mots très intéressants que tu as dit. Donc déjà tu as dit, tu explores en fait, oui, son environnement global. Donc comment il dort, comment il.. est-ce qu'il fume, est-ce qu'il boit, est-ce qu'il est stressé? Donc ça ce sont pleins de choses qui ne sont pas directement l'alimentation mais qui ont un.. une connexion. Mais ensuite sur l'alimentation tu disais: est-ce que la personne ressent la faim - so can he feel hunger. Et ça, oui, c'est très important. Et tu as dit le mot "la satiété". C'est le sentiment de : on n'a plus faim, la satiété. On sent que c'est bon, on a bien mangé, on a assez mangé. Ça veut dire quoi? Ça veut dire que des gens ne sont pas connectés avec leurs sensations?

Clémence:
En effet, la plupart des personnes qui viennent me voir ont eu beaucoup d'injonctions dans leur quotidien depuis tout petit. Ils se sont forcés à terminer leur assiette. Le travail ne leur permet pas de manger lentement, donc ils ont tendance à manger très rapidement et tout ça font qu'ils vont manger des quantités qu'ils n'ont pas forcément besoin.

Gaelle:
Alors ça, c'est très intéressant sur les injonctions. Les injonctions, donc oui, les commandes, les ordres. Typiquement, en France, de ma génération et de la génération avant, on a tous entendu: "finis ton assiette", "finis ton assiette parce qu'on ne gaspille pas" = "we don't waste". Un grand favori: "il y a des petits Africains qui meurent de faim". so "poor little kids in Africa, they are dying from hunger so you finish your plate". Et ça, je pense, dans toutes les familles, on l'a entendu. C'est très fort parce qu'on n'apprend pas à écouter son corps, son estomac, mais on écoute ce que papa, maman nous dit de manger, la quantité que eux on choisit.

Clémence:
C'est exactement ça. Et ensuite, quand on devient adulte, on a gardé du coup ces habitudes. Et malheureusement, ces habitudes sont inadaptées pour sa santé et pour les besoins de son corps.

Gaelle:
Donc est-ce qu'on peut dire qu'une règle essentielle, c'est que quand on a des enfants, on ne leur dit pas ça?

Clémence:
En effet, ce sera beaucoup mieux pour eux.

Gaelle:
Donc oui, moi je sais qu'avec mes enfants, je ne les force jamais. Parce que aussi, moi je mets dans leur assiette la quantité, mais je ne sais pas en vrai comment ils ont faim. Est-ce qu'ils ont très faim, un peu faim? Donc c'est toujours eux qui choisissent la quantité qu'ils mangent. Je ne les force jamais. Mais ce n'est pas... Ce n'est pas intuitif. Parce que ce n'est pas ce que moi j'ai appris quand j'étais une enfant. Donc c'était a relearning pour moi. Très bien. Donc les gens sont déconnectés de leurs sensations, donc il faut leur faire prendre conscience, leur montrer déjà ça, qu'ils ils ne mangent pas comme ils ont besoin. Très bien. Et ensuite, est-ce que dans ton cabinet la balance - donc l'objet balance pour savoir le poids- est-ce que c'est un objet important?

Clémence:
Alors absolument pas puisque je n'ai pas de balance dans mon cabinet, je ne pèse jamais mes patients.

Gaelle:
Incroyable!

Clémence:
Le poids ne représente pas la santé du patient. Finalement, on peut être mince et avoir une très mauvaise alimentation, ne pas bouger suffisamment, mal dormir, être en mauvaise santé, ... Alors qu'au contraire, on peut être en surpoids ou en obésité et avoir de belles assiettes équilibrées, de bien bouger au quotidien et d'être en bonne santé.

Gaelle:
Très bien. Donc il n'y a pas du tout une tyrannie du poids dans ton cabinet, une tyrannie de la balance. Parce que je sais que c'est un objet, la balance, qui fait peur à beaucoup de gens qui détestent cette.. ce moment d'aller sur la balance. Et je sais qu'en France il y a quand même un peu une obsession sur le poids. Donc bravo de changer les méthodes dans ta profession. Et en général, quand tu commences avec un patient ou une patiente, tu vas les voir pendant combien de sessions? Pendant combien de mois?

Clémence:
Alors là cela va vraiment dépendre le besoin du patient. Certaines personnes vont venir me consulter deux ou trois fois, sachant qu'ils ont de bonnes bases déjà dans leur alimentation. Finalement, ils auront juste besoin de quelques petites astuces. Et par contre, il y a d'autres patients qui sont un peu plus en difficulté, pour qui c'est plus difficile en fait de respecter ses besoins, de s'écouter, d'avoir confiance en son corps et à sa façon de penser. Et dans ce cas là, le suivi peut être beaucoup plus long.

Gaelle:
Très bien. Et est-ce que du coup tu vois des taux de réussite? Est-ce que tu vois que pour 50 %, 20 %, il y a des changements, c'est positif? Est-ce que tu as des statistiques pour toi?

Clémence:
Alors je n'ai pas de statistiques précises, mais en effet, c'est la majorité des patients qui terminent la prise en charge avec moi en étant satisfaite, en ayant fait évoluer leurs habitudes de vie et surtout en ayant pris plus confiance en eux et en ayant compris en fait toutes ces fameuses injonctions, en ayant travaillé sur ces dernières pour améliorer leur estime et leur confiance d'eux-même et être plus à l'aise au quotidien dans leur assiette.

Gaelle:
Donc la confiance en soi, so they trust themselves more. Très bien. Donc en général tes patienTEs (parce que beaucoup de femmes) sont satisfaites et changent de manière positive leurs habitudes. Excellent! Et donc dernière question, est-ce que pour être une bonne diététicienne il faut être une bonne psychologue aussi?

Clémence:
Alors en effet, il y a une grande part de psychologie dans la prise en charge diététique. Je disais, on parlait tout à l'heure des injonctions sur le corps de la femme. De cette éducation alimentaire qui nous a obligé à terminer nos assiettes. Et tout cela, en fait, vont amener les patients à douter d'elles-mêmes. Donc, il faut avoir un peu une part de psychologue pour réussir à défusionner leurs pensées de la réalité, pour que ces personnes puissent prendre confiance en elles et mieux se respecter.

Gaelle:
Très bien donc être diététicienne, du moins comment toi tu pratiques, ce n'est pas du tout juste donner des recettes et de regarder le poids. Pas du tout. On est sur quelque chose de beaucoup plus systémique et global, de regarder une personne dans ses comportements en général, dans son éducation alimentaire. Comment, quand ils étaient enfants, qu'est ce qu'on leur a dit? Et un peu de casser, changer tout ça. Donc il faut aussi avoir beaucoup d'empathie j'imagine. Il faut bien écouter ces patients.

Clémence:
En effet, oui, il va falloir savoir les écouter pour comprendre leur demande, comprendre parfois les représentations qu'ils peuvent avoir au niveau de leur alimentation. Par exemple, j'ai beaucoup de patients qui viennent me voir pour perdre du poids et la première chose qu'elles me verbalisent, c'est qu'il est nécessaire de moins manger. Alors souvent, elles mangent déjà pas suffisamment. Donc finalement, moi je vais les amener à ce qu'elles mangent un peu plus. Elles vont tout de même perdre du poids en mangeant plus. Donc c'est vraiment casser l'idée reçue de: pour maigrir, il faut moins manger.

Gaelle:
Il y a du travail, il y a du travail. Et quand on voit donc les chiffres en France, que 50 % de la population qui est en surpoids, effectivement il y a beaucoup de clients potentiels, mais aussi peut-être un appel au gouvernement de dire: cette profession devrait être peut-être remboursée. Ça devrait être gratuit et accessible à beaucoup plus de gens. Pas seulement ceux qui peuvent payer.

Clémence:
C'est sûr qu'avec les besoins actuels, ça mériterait que les gens aient plus facilement accès à des diététiciennes.

Gaelle:
Très bien. Merci beaucoup Clémence. C'était passionnant. J'espère que nos auditeurs ont appris plein de choses. Et que peut-être une morale importante: le poids n'est pas la clé et il faut peut-être déconstruire nos pensées autour de l'alimentation. Merci beaucoup Clémence.

Clémence:
Merci à toi Gaëlle.

Gaelle:
Au revoir à vous les auditeurs. Je vous souhaite une très bonne journée et je vous dis à la prochaine. Salut!

Learning tips:

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Look out for these words, and learn them:

  • Une diététicienne, un diététicien = a dietitian, a nutritionist
  • S’installer à son compte = to set up your own business
  • Travailler en libéral = to have your private practice
  • Le Bac (ou Baccalauréat) = major exam at the end of Lycée
  • Un BTS (brevet de technicien supérieur) = 2 years technical diploma (advanced vocational training certificate)
  • Des études supérieures = higher education
  • Se former = to get trained
  • Tout au long de sa carrière = throughout your career
  • La santé = health
  • Gourmand, gourmande (adj) = food lover
  • Le bien-être = well-being
  • Un mal-être = emotionally unwell, unease, discontent
  • Exercer un métier = practicing a profession
  • Un cabinet = a practice
  • Perdre du poids, maigrir = to lose weight
  • Prendre du poids = to put on weight, to gain weight
  • Néanmoins  = nevertheless
  • Une alimentation déséquilibrée = an unbalanced diet
  • Mince (adj), la minceur  = thin, thinness
  • Un tiers = a third
  • Une taille = the height
  • Le surpoids = overweight
  • L’obésité  = obesity
  • L’IMC (indice de masse corporelle) = BMI (body mass index)
  • L’assiette = the plate
  • La qualité du sommeil = sleep quality
  • Ressentir la faim = to feel hunger
  • La satiété = satiety
  • Finir son assiette  = to finish your plate
  • Faire prendre conscience = raising awareness
  • La balance = the scale
  • Peser = weighing
  • La confiance en soi = self-confidence
  • En effet = indeed
  • L’idée reçue = the preconceived idea







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