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Episode 115, le minimalisme sauvera-t-il la planète Salut Ingrid

Salut Hugo

Ça va

Ça va et toi

Ça va, ça va. Aujourd'hui on va parler de minimalisme. Il me semble que, à mon avis tu l'as remarqué, mais c'est un sujet qui est très à la mode depuis quelques années. Moi, je sais que sur YouTube, par exemple, il y avait un moment toutes les vidéos qui m'étaient suggérées, c'était des vidéos en lien avec le minimalisme. Je ne sais pas si toi, tu étais dans la même bulle ou pas.

J'ai pas mal entendu parler de ça ces dernières années et c'est vrai que ça a été très à la mode et puis quand j'ai travaillé comme journaliste à Paris sur les sujets un peu sur ce qui intéressait les jeunes, notre génération qui était jeune à l'époque, les millenials. C'est vrai que c'était un sujet très très à la mode il y a cinq, dans les dix dernières années on va dire.

Mais on va adopter un angle un peu différent.

Oui, plutôt critique.

Plutôt critique, oui. On va réagir à un article qu'on a lu tous les deux, un article qui a été publié sur Slate en janvier. Et le titre de cet article, c'était « Le minimalisme pourra-t-il sauver la planète »

Quelque chose comme ça. C'est un peu plus compliqué. je l'ai, c'est « Décroissance, sobriété, minimalisme, des pratiques de Riff

»

C'est plutôt un angle critique sur pour qui et pourquoi est fait le minimalisme.

Exactement, exactement. Bon, il faut qu'on commence peut-être par définir ce qu'est le minimalisme.

Qu'est-ce que le minimalisme

Moi j'ai fait quelques recherches et le mot est apparu dans le domaine de l'art dans les années 60 par un critique d'art qui justement trouvait que les artistes produisaient des œuvres qui étaient de moins en moins approfondies, on pourrait dire qui étaient très simplistes avec des formes assez dépouillées. Je pense qu'il faut expliquer ce que veut dire dépouiller. Comment on peut expliquer dépouiller

C'est une bonne question. C'est compliqué comme mot là.

Dépouiller, par exemple, une œuvre d'art dépouillée, ça veut dire une œuvre d'art très minimaliste tout simplement, qui n'a pas beaucoup d'éléments, on pourrait dire.

Oui, dépouiller, c'est à l'origine un mot qui aussi peut être une action. Dépouiller quelqu'un, c'est lui enlever ses richesses, le voler, et donc par extension quelque chose qui est dépouillé, c'est quelque chose qui n'a pas de décoration, de richesse, de petits détails qui en font quelque chose d'un peu compliqué ou joli. Très simple.

Très simple, très sobre aussi on pourrait dire. Donc ce critique d'art, dont j'ai oublié le nom, avait inventé ce terme de minimalisme pour dire que les œuvres d'art de cette époque étaient de moins en moins riches. Mais justement, ces artistes ont repris ce mot à leur compte et en ont fait quelque chose de positif, en affirmant que le minimalisme c'était quelque chose la forme se suffisait à elle-même. On n'a pas besoin d'ajouter des tonnes de détails, de fioritures, etc. D'essayer d'imiter parfaitement la nature, mais on peut réaliser une œuvre d'art puissante simplement avec quelques formes qui peuvent exciter notre imagination.

Donc c'était un peu la naissance de ce terme et ensuite c'est devenu quelque chose d'un peu plus philosophique, économique, culturel, etc.

On trouve du minimalisme dans beaucoup de domaines comme dans le graphisme, C'est plutôt à la mode maintenant d'avoir du graphisme pour les logos, les choses comme ça. Assez simple, donc minimaliste, dans le design, la décoration intérieure et finalement même dans les modes de vie. Et c'est ça qui va nous intéresser. Là, c'est plutôt le terme minimalisme appliqué aux modes de vie, à la vie quotidienne.

Exactement. Et toi, tu te considères comme minimaliste

Non, pas du tout. Je sais, comme j'ai beaucoup vu de vidéos, lu des articles, etc. Je sais à quoi ressemble la vie des personnes qui sont vraiment minimalistes. Donc, même si je ne me considère pas, je ne pense pas être une super consommatrice, j'ai très peu d'affaires du fait de voyager énormément, etc. Mais en tout cas, je ne suis pas une minimaliste pratiquante qui fait tout pour avoir le moins de choses possibles.

Alors peut-être, est-ce que toi tu te considères minimaliste Est-ce que peut-être tu peux un peu développer sur à quoi ça ressemble un minimaliste finalement, un vrai

Oui, c'est vrai que c'est une tendance qui était très présente dans la décoration d'intérieur, notamment des meubles avec des formes très épurées. Et on a tous en tête, quand on pense au minimalisme, ces photos d'intérieur de maison ou d'appartement qui sont complètement... tout est blanc et noir, il y a seulement des formes très basiques, très épurées, très peu de meubles, etc. C'est un peu ce cliché qu'on a en tête, mais c'est vrai qu'ensuite sur YouTube, ça s'est développé avec des youtubeurs qui comptaient le nombre d'objets et le nombre d'affaires qu'il possédait pour essayer d'en avoir le moins possible. Tu connais aussi sûrement Marie Kondo, j'imagine Oui,

bien sûr.

Donc la grande prêtresse du minimalisme qui a eu sa propre série sur Netflix, il me semble.

Et moi, il y

a un YouTuber américain que j'aime bien qui s'appelle Matt Diavella, qui a réalisé deux documentaires sur le minimalisme qui sont sur Netflix. Et moi, c'est quelque chose qui me plaisait bien et pendant un certain temps je me considérais un peu comme minimaliste mais quand je regardais autour de moi dans mon appartement je me rendais compte que non c'était pas du tout le cas donc je suis minimalisme seulement dans ma tête, mais dans la réalité, quand j'ai envie d'acheter quelque chose, en général je l'achète. Surtout, je me rends compte avec le matériel photo, audio, vidéo dont j'ai besoin pour la chaîne YouTube, J'ai tendance à vouloir toujours une meilleure caméra, à acheter différents objectifs, différents micros pour tester, etc. Donc, je ne suis pas très, très minimaliste, malheureusement. Mais c'est vrai que maintenant, j'essaye de faire plus attention quand j'achète quelque chose, à retarder un peu l'achat de quelques jours.

Et ça c'est une bonne astuce que j'ai apprise. Retarder l'achat pendant deux trois jours pour voir si deux trois jours plus tard j'ai encore envie d'acheter ce truc ou pas, pour essayer de voir si j'en ai besoin ou si c'était juste une envie passagère.

Une lubie.

Exactement. Donc toi tu es minimaliste un peu par défaut, on pourrait dire.

Oui, moi, par exemple, tous mes vêtements tiennent dans deux valises. Je ne peux pas faire plus parce que si après, je veux changer d'endroit je vis, il faut que ça tienne. Il y a plein de choses que j'achète pas parce que pour moi c'est automatique de dire non j'ai pas la place, j'ai pas d'appartement à moi j'ai toujours vécu dans des meublés donc des endroits les meubles existaient déjà et je complète avec vraiment le minimum. Mais voilà, c'est pas forcément... Parfois je me fais plaisir, mais je pense que le minimalisme, ça va de pair.

Ça va de pair, ça veut dire que c'est associé toujours avec par exemple le zéro déchet. La mode du zéro déchet, ça veut dire ne pas avoir beaucoup de poubelles en fait. Donc ça veut dire acheter sans emballage, sans boîte, en carton, en plastique. Ça veut dire faire du compost par exemple, donc recycler toutes ces matières organiques pour qu'elles servent à quelque chose. Et finalement, tout ça, c'est des choses que je ne fais pas.

Philosophiquement, je trouve ça super. Après, on verra si c'est vraiment utile ou pas, mais en tout cas, c'est bien d'essayer. Mais pour moi, c'est trop difficile. Ce n'est pas dans mes modes de vie. Ce n'est pas dans mon mode de consommation.

Donc, c'est pour ça que je ne me considère pas comme minimaliste. Ce n'est pas parce que je n'ai pas beaucoup de vêtements que tout d'un coup, je peux me mettre une étiquette. Je suis minimaliste.

Et toi, tu réfléchis plutôt en termes de valise. Est-ce que ça tient dans la valise ou pas

C'est ton critère déterminant.

Oui. Alors, dans cet article, il disait que le minimalisme, c'est une tendance qui a été plutôt adoptée par les classes moyennes et moyennes supérieures, notamment celles qui ont un bon capital intellectuel, donc les personnes qui ont fait des études, qui sont diplômées. Et pour elles, le minimalisme, ça permet trois choses. La première, c'est de se distinguer des autres, une fonction de distinction sociale, de dire voilà moi je suis différent, je suis minimaliste ou alors je suis vegan, voilà se mettre un peu ces espèces d'étiquettes pour se différencier. C'est aussi une façon de critiquer la société de consommation et d'afficher une certaine supériorité morale, de dire voilà moi je suis mieux que les autres parce que je fais attention à ma consommation, j'essaye de réduire mon bilan carbone, etc.

Et la troisième fonction de ce minimalisme, c'est que ça leur permet d'améliorer leur qualité de vie en achetant moins mais en achetant mieux, des produits de meilleure qualité, des fruits et légumes bio au supermarché, etc. Donc ici, on pourrait dire que c'est une certaine forme d'égoïsme. En tout cas, c'est une motivation purement personnelle pour soi et pour sa famille et pas nécessairement pour la planète.

Oui, parce qu'on peut avoir cette impression, je ne sais pas si on l'a dit au début, mais voilà, que le minimalisme est plutôt un très bon geste pour la planète, puisque Je pense que ça, on l'a beaucoup dit sur le podcast, et tous les auditeurs ont un peu déjà cette idée que la surconsommation est directement responsable du réchauffement climatique, etc. Et donc on pourrait penser qu'en consommant moins, on fait un geste pour la planète. Mais, a priori, ceux qui consomment moins, qui sont minimalistes, n'ont pas forcément cette motivation en premier lieu. Et Quand on n'a pas la motivation de faire quelque chose, en général, nos actions ne vont pas forcément vers cet objectif par hasard. Les personnes les plus riches, les classes moyennes à aisées qui sont minimalistes pour les raisons que tu as évoquées, ont quand même finalement, à priori, une empreinte carbone élevée.

Empreinte carbone, donc c'est ce que chacun individuellement laisse comme marque, comment, à quel point on pollue.

Exactement, exactement. Parce que finalement, même si on a peu d'objets chez nous, mais si on part en vacances trois ou quatre fois par an à l'autre bout du monde, notre bilan carbone sera forcément bien bien supérieur à celui des personnes qui ont un peu moins d'argent et qui peut-être ont plus d'objets chez eux, parfois des objets de mauvaise qualité qu'il faut jeter ou remplacer régulièrement. Mais Au bout du compte, finalement, le bilan carbone reste très défavorable aux « minimalistes » des classes moyennes et aisées.

Et puis en plus, ces classes-là, De toute façon, si on regarde leur empreinte carbone sur toute leur vie, en général, elles sont minimalistes après avoir déjà profité de la société de consommation, après avoir déjà beaucoup voyagé, après avoir déjà offert tout ce qu'elle pouvait offrir à leurs enfants, les cadeaux, la belle vie, etc. C'est des personnes qui ont déjà acheté une maison, par exemple, et consommé beaucoup d'énergie pour chauffer leur grande maison, etc. Donc finalement, elles ne sont pas forcément plus écolo que les autres, c'est juste qu'elles ont bien profité de la société qui aujourd'hui a créé peut-être le problème de réchauffement climatique, et qu'elles peuvent se permettre, pour leur qualité de vie, et puis pour leur égo, et un peu pour se sentir moins coupable, de dire « ah non, moi j'achète plus rien », alors que bon, quand on a déjà tout à la maison, forcément c'est facile de moins acheter.

Oui c'est sûr et encore une fois si on a les moyens d'acheter des produits de meilleure qualité, que ce soit pour l'électroménager par exemple, le réfrigérateur, le lave-vaisselle, etc. Évidemment on a besoin de les remplacer moins souvent parce qu'ils tombent moins souvent en panne. Donc aussi, c'est plus facile d'être minimaliste et de garder ses appareils électroménagers plus longtemps. Et comme tu disais, c'est plus facile de renoncer à cette société de consommation une fois qu'on a pu en profiter, une fois qu'on a vu que d'acheter plus de choses ça ne nous apportait pas forcément plus de bonheur ou de satisfaction. C'est plus facile à ce moment-là de dire stop, j'arrête et je vais changer de mode de vie.

D'autant plus quand on sent que c'est quelque chose qui est très valorisé dans la société. Et c'est aussi qu'il y a eu un changement, une évolution, durant les 10-15 dernières années. Avant, posséder un grand nombre d'objets, de meubles, etc. C'était un signe de richesse extérieure. Et maintenant, C'est plutôt le cas quand on a un intérieur très minimaliste, avec seulement quelques meubles, mais qui sont très bien choisis.

Donc, comme les mentalités ont évolué dans la société, c'est plus facile maintenant pour ces personnes de consommer moins, parce que c'est quelque chose qui est très valorisé et qui leur donne aussi un certain statut.

Ce qui, en soi, il faut le dire, est quand même un peu mieux pour la planète. Tant mieux si la mode est d'avoir moins de choses, tant mieux si la mode n'est plus de se vanter d'avoir le dernier smartphone, mais plutôt de dire « moi j'ai un smartphone de seconde main, je l'ai gardé dix ans ». C'est bien, on ne va pas se plaindre de ça. Mais dans l'article et puis un peu dans ce qu'on voulait aborder, on vous laisse demander si est-ce que c'était vraiment utile, est-ce que c'est vraiment ça qui va sauver la planète Alors qu'est-ce que tu en penses

Moi d'un côté je pense que c'est assez souvent sous-estimé mais toutes ces choses c'est beaucoup une question de communication. Je vais prendre encore une fois l'exemple du véganisme mais je vois que les mentalités par rapport au véganisme commencent à changer. Avant, c'était vraiment quelque chose de très bizarre. C'était tout de suite associé au hippie ou à des espèces de sectes, etc. Et depuis que c'est quelque chose qui est socialement accepté, voire valorisé, c'est beaucoup plus facile pour les gens d'essayer, d'avoir cette envie d'essayer, de voir les bienfaits que ça peut avoir sur leur santé.

Et automatiquement, il y a de plus en plus de gens qui décident de changer de régime parce que c'est plus facile. Et je le vois aussi beaucoup avec les voyages. Pendant mes études, c'était vraiment le truc le plus cool, c'était de partir cinq ou 6 fois par an dans un pays exotique, ou voilà, dès qu'on avait un week-end de trois, quatre jours, de prendre l'avion et d'aller quelque part. Et depuis quelques années, je trouve que ça a changé et maintenant les gens culpabilisent un peu plus. Donc j'ai des amis, par exemple, qui adorent voyager et encore maintenant.

Et avant, tout le monde les enviait et leur disait « Ah, vous avez de la chance, vous partez en Jordanie, au Vietnam, vous visitez tous ces pays, c'est génial » Et là, maintenant, quand ils annoncent les prochaines vacances qu'ils vont faire, ils ont des réactions un peu différentes les gens leur disent « Ah, vous prenez encore l'avion C'est la cinquième fois cette année. Ah, dis donc, le bilan carbone, etc. » Donc, voilà, ils voyagent parce qu'ils adorent ça, mais socialement, ils comprennent que ça devient un peu difficile. Et j'ai un autre couple d'amis, Marie et Timothée, que tu connais via le cours raconte ton histoire, qui eux aussi ont beaucoup voyagé pendant leurs études. C'était vraiment des grands voyageurs.

Et là, depuis le Covid, ils ont complètement arrêté de... En tout cas, ils voyagent très rarement à l'étranger. Et maintenant, leur vacances, c'est vraiment de prendre le train, d'emmener leur vélo et d'aller faire du vélo quelque part en France ou alors pas loin de la frontière italienne. Ils ont complètement changé leur mode de transport pour les vacances. Mais encore une fois, c'est plus facile de faire ça quand on a déjà visité tous les pays qui nous faisaient rêver dans le monde.

Oui parce que c'est vrai que finalement c'est des modes encore une fois qui touchent plus facilement les personnes de classe moyenne à aisée, pour lesquelles ces choses ne sont pas des privations forcément et pour lesquelles il y a d'autres options. Alors que les personnes des classes plus pauvres, elles ont tendance, en fait toute leur vie, elles ont été minimalistes par défaut, mais dès lors, dès qu'il y a une possibilité pas chère de faire ce que les autres peuvent faire depuis toujours, ils vont saisir cette occasion. Donc c'est pour ça que c'est des modes qui peuvent être perçus dans peut-être nos classes sociales comme quelque chose qui sont très adoptés, que les gens voyagent moins, etc. Ou qu'on achète des vêtements de seconde main, on achète moins de vêtements, etc. Mais a priori, c'est vraiment une mode de niche, si je puis dire, c'est-à-dire qui ne concerne qu'une partie de la population, puisque les plus pauvres finalement continuent de consommer de la fast fashion, donc la mode rapide, c'est les gros, je ne vais pas citer les noms, mais toutes les chaînes qu'on connaît, et puis même pire, maintenant, elles consomment de l'ultra fast fashion, donc c'est des sites internet qui n'ont même pas de magasin physique et dont les conditions de production sont terribles pour l'environnement et les droits humains.

Et c'est vrai qu'il y a quand même une certaine culpabilisation, je pense, des classes populaires à dire « Ah non, vous ne devriez pas consommer de cette manière ». Pareil, vous ne devriez pas prendre des avions low-cost pour voyager en Europe de la part de personnes qui ont déjà des placards remplis de vêtements peut-être de meilleure qualité qui vont durer plus longtemps mais qui leur ont coûté beaucoup plus cher à l'origine. Des personnes qui, à une époque, quand ils étaient étudiants, par exemple, ont consommé de la fast fashion sans se poser la question, de personnes qui ont voyagé, etc. C'est vrai que C'est peut-être une impression qu'on a, et c'est tant mieux encore une fois, puisque de toute façon les classes moyennes sont toujours celles qui donnent la tendance qui va être suivie après, mais on n'est pas encore dans un monde qui est complètement transformé. Je ne suis pas sûre que pour l'instant, ça ait un réel impact à l'échelle mondiale.

C'est vrai, c'est vrai. Et justement, on parle de ça à l'échelle française, mais à l'échelle mondiale, on observe exactement la même chose entre les pays riches, les pays développés d'un côté, et ceux qui sont en voie de développement, il y a ce même discours de culpabilisation, de dire voilà la classe moyenne chinoise maintenant qui a les moyens de voyager, de prendre l'avion, c'est une catastrophe. Maintenant, ils mangent beaucoup de viande aussi. C'est une catastrophe pour l'environnement, tout simplement parce que ces Chinois, cette classe moyenne, veut faire la même chose que ce que font les Occidentaux depuis 50 ans maintenant. Et on leur dit, Ah non, vous n'avez pas le droit parce que nous, on a bien profité, on a beaucoup contribué au réchauffement climatique, mais maintenant c'est la catastrophe, donc vous, vous ne devez pas faire la même chose ».

C'est

un peu compliqué d'avoir ce discours, sachant que, encore une fois, ceux qui polluent le plus sont les citoyens des pays riches.

Et puis, ceux qui polluent le plus, il y a une catégorie sociale, sociologique, socio-professionnel, dont on n'a pas parlé, c'est les très riches finalement, parce qu'on parle de classes moyennes aisées contre les classes plus pauvres. Mais pendant qu'on débat entre gens de la société sur qui a le meilleur mode de vie et qui est le plus à plaindre ou qui doit culpabiliser, Il y en a qui n'ont pas du tout changé leur mode de vie et qui finalement individuellement polluent mais beaucoup beaucoup plus que n'importe qui d'autre. C'est ceux qui ont des jets privés, ceux qui ont des villas avec piscine, ceux qui vivent dans un monde complètement différent d'une autre, et dans ce monde, l'écologie n'existe pas. Ou alors elle existe juste sur Twitter pour dire

«

quelle tristesse qu'il fasse si chaud » alors qu'en fait, les millionnaires, milliardaires sont ceux qui polluent le plus, et les entreprises aussi, mais qui sont possédées par des millionnaires, milliardaires. Donc finalement, est-ce que notre poids en tant que classe moyenne est important, pas forcément.

Oui c'est drôle justement parce que depuis un ou deux ans, il y a beaucoup de comptes sur Twitter ou sur Instagram qui suivent les trajets de ces jets privés. C'était le cas pour Elon Musk et maintenant ça l'est aussi pour Bernard Arnault il me semble. C'est celui que tu m'as envoyé, le jet privé de Bernard Arnault. Et il montre des choses parfois complètement absurdes un milliardaire a pris le jet pour un trajet de 15 minutes alors qu'il aurait très bien pu le faire en voiture et montrer l'impact carbone de ces milliardaires c'est vraiment quelque chose qui nous permet de déculpabiliser en se disant « bon, nous notre impact finalement est assez marginal, le vrai problème c'est celui de ces grandes entreprises, de ces ultrariches qui polluent 10 000 fois plus que nous. » Mais moi j'ai l'impression de faire un peu, quand je me regarde honnêtement, j'ai l'impression de faire exactement la même chose si je me compare à des personnes qui n'ont pas les moyens de prendre l'avion par exemple.

Tu sais qu'au mois de juin j'avais des amis qui se mariaient en Italie, à Rome, et je suis allé au mariage en avion. Bon, j'en ai profité pour passer des vacances en Italie, pour ne pas aller juste au mariage et prendre l'avion juste pour ça. Et c'était vraiment un événement magnifique. Mais quand on regarde le bilan carbone de tous ces Français qui ont venir à ce mariage en Italie en avion, c'était vraiment une catastrophe. Mais à chaque fois, moi je me dis, c'est important, c'est le mariage de mes amis, je ne peux pas rater ça.

Et évidemment, ces milliardaires, ils se disent exactement la même chose, que leur travail leur impose d'être rapidement disponible à l'autre bout du monde. Et voilà, tout le monde finalement se dit que ce n'est pas ma responsabilité à moi, mais c'est celle des autres. Moi, je prends l'avion, mais parce que je suis obligé de prendre l'avion. Mais bon...

C'est pour ça que je ne pense pas que ce soit la responsabilité individuelle des milliardaires, ni la nôtre, ni celle des plus pauvres. On ne peut pas ni faire culpabiliser les plus pauvres qui achètent sur des sites chinois avec une production discutable, ni la classe moyenne qui va prendre deux fois par an l'avion pour quelque chose qui leur paraît très important. Et finalement, les milliardaires aussi, ils ont les moyens, ils ne sont pas sensibilisés, ils ne vont pas souffrir directement des conséquences. Bon, on peut comprendre, mais c'est pour ça que les discours de dire « chaque geste compte, chacun est responsable individuellement, c'est une très bonne manière finalement de faire oublier que la seule solution, elle est politique et collective. Et à partir du moment Il y aura des lois, par exemple, pour limiter, pour même surtaxer les avions low cost, par exemple, et au contraire, des politiques pour favoriser les voyages en train.

Parce qu'il faut savoir qu'en Europe, il y a quand même un gros problème de baisse du service des trains alors qu'on a les infrastructures disponibles.

Et d'augmentation du prix des billets aussi, c'est très très cher de prendre le train.

Ça coûte beaucoup moins cher de prendre l'avion en France que de prendre le train. Et dans un moment on est en crise et on devrait, au contraire, faire des efforts, etc. On a un porte-parole du gouvernement qui nous a dit il n'y a pas longtemps que quand on partait en vacances, il fallait faire des efforts comme couper le Wi-Fi ou voilà, comme si ces petits gestes, comme si nous on avait le pouvoir de changer, de freiner le réchauffement climatique. Mais c'est vrai que moi personnellement, j'ai tendance à culpabiliser puis me déculpabiliser. A chaque fois je me dis, mais est-ce que si tu changes tout toi toute seule ça va changer quelque chose Non.

Alors pour moi c'est le vote le plus important mais bon c'est un très compliqué comme sujet.

Je pense que c'est mieux que rien et ça devient de plus en plus facile de faire ces petits gestes, ça devient une forme d'automatisme. On parlait tout à l'heure aussi de l'achat en vrac, donc acheter en vrac dans un supermarché ou une épicerie, c'est acheter sans emballage. Par exemple, vous voulez 500 grammes de riz, vous allez au supermarché et il y a une énorme boîte et vous venez avec votre propre emballage ou votre propre boîte pour mettre votre riz. Donc, avec toutes ces choses qui sont de plus en plus disponibles, le fait que ce soit plus valorisé aussi par la société dans son ensemble, moi je suis un peu optimiste et j'essaie de me dire que au final ça va avoir un impact positif, mais c'est vrai que le plus important c'est la régulation. C'est la même chose qu'avec les impôts.

Il faut sanctionner les personnes qui polluent plus et utiliser cet argent pour investir dans les infrastructures, dans les énergies vertes, etc. Et on ne peut pas mettre le poids, tout le poids de cette transition énergétique sur les classes populaires en leur demandant de ne pas acheter des vêtements chez H&M ou chez Zara.

Donc finalement, Est-ce que le minimalisme sauvera la planète Moi je pense que c'est plutôt le jour on aura des lois qui nous obligeront à être minimalistes, mais pas seulement les individus mais aussi les entreprises, les ultra-riches, etc. Le minimalisme pourra sauver la planète. Mais tant que c'est un peu la mode et que chacun le fait un peu de son côté comme il peut, on peut réduire tous notre empreinte carbone de 2 tonnes de CO2 par an, ce n'est pas pour autant que la planète va être sauvée. Donc bon, voilà, à voir s'il y a une grosse révolution d'ici moins de 50 ans, tant qu'il est encore temps.

Ok, Donc on va s'arrêter sur cette conclusion. A priori, le minimalisme ne sauvera pas la planète, mais peut-être qu'il y contribuera. Merci Ingrid, j'ai beaucoup apprécié cette conversation.

Moi de même.

On se retrouve bientôt

A bientôt Salut à tous! Merci d'avoir regardé cette vidéo

Podcast: InnerFrench
Episode: E115 Le minimalisme sauvera-t-il la planète ?