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Épisode 119, le télétravail va-t-il changer la société Salut à tous et à toutes, je suis ravi de vous retrouver pour un nouvel épisode en compagnie d'Ingrid.
Bonjour tout le monde.
Alors Ingrid, aujourd'hui on va parler de travail, plus précisément de télétravail. Et c'est quelque chose qui nous concerne de près chez InnerFrench, parce que toute l'équipe est en télétravail. Alors on va parler des avantages, des inconvénients, en essayant de prendre les différents points de vue, à la fois celui de l'entreprise, des salariés et plus généralement de la société, parce que c'est vrai que le télétravail constitue un bouleversement, un changement radical qui a déjà eu quelques effets sur ces différents acteurs et qui a priori n'a pas fini de changer la société.
Oui, nous c'est un sujet qu'on connaît bien parce que chez InnerFrench, on est en 100% télétravail. Donc qu'est-ce que ça veut dire ça Tout simplement qu'on n'a pas de bureau et on travaille seulement à distance. Télé, ça veut dire à distance et donc télétravail, c'est le travail qu'on peut faire de n'importe où, sans avoir besoin d'aller dans l'entreprise tous les jours.
D'ailleurs, je ne sais pas ce que tu en penses, mais je trouve que ce mot « télétravail », il est assez… je ne sais pas, ça fait un peu démodé comparé à l'anglais par exemple, parce que « télé », ça fait penser à télévision, mais pas vraiment à internet et aux nouvelles technologies donc moi j'ai toujours trouvé que ce mot télétravail il était un peu un peu vintage peut-être. Ouais je
suis d'accord Et puis ça donne aussi une impression que c'est pas vraiment du travail, c'est du télétravail, comme si c'était une branche parallèle du travail. Alors que quand on utilise le mot travail avec un adjectif, comme c'est le cas en anglais, c'est du travail, mais on précise en particulier quel type.
C'est vrai, c'est vrai. Le travail à distance par exemple, bon c'est un peu plus long mais je trouve que ouais, tu as raison, effectivement on a moins cette idée de télétravail qui est pas vraiment du travail, un peu travail-vacances,
on va en
parler, mais c'est le mot qui a été adopté et qu'on utilise en France.
Oui, c'est le mot vraiment très très courant, tout le monde le dit, donc vous pouvez apprendre ce mot et l'utiliser. C'est celui-là qu'il faut utiliser.
Alors avant InnerFrench, toi tu faisais déjà du télétravail, non
Oui, alors je travaillais en indépendante, parfois avec des contrats réguliers pour certaines entreprises, certains médias ou école de langue. Mais globalement, j'étais quand même assez indépendante, on peut dire aussi freelance. Donc, de fait, je faisais du télétravail puisque je travaillais chez moi.
Et tu as déjà travaillé dans une entreprise pour laquelle tu devais aller dans les bureaux
Ouais, déjà j'ai fait beaucoup de jobs étudiants, genre vendeuse, et après, quand j'étudiais et à la fin de mes études, J'ai eu l'occasion de travailler dans des rédactions pour des médias à Paris. Donc j'ai un peu d'expérience, oui.
Tu sais ce que c'est d'aller au bureau et tu connais la joie des transports parisiens aux heures de pointe.
Ouais, toi aussi, non
Moi aussi, moi aussi. J'ai fait plusieurs stages et puis j'ai commencé ma carrière professionnelle à Paris en agence de publicité, comme je l'ai déjà dit. Et j'ai jamais eu de cas extrêmes comme certains de mes amis qui avaient besoin parfois d'une heure et demie pour aller au travail en prenant le RER, le métro. Donc ça faisait trois heures par jour, aller et retour. Moi le maximum que j'ai eu, il me semble, c'est 45 minutes.
Mais J'en garde un souvenir impérissable parce que voilà, c'est 45 minutes de métro le matin, en particulier l'été, quand il faisait chaud. On se retrouve avec des personnes qui ont parfois une hygiène un peu douteuse. Il y a cette odeur vraiment caractéristique du métro parisien aux heures de pointe. Les heures de pointe, c'est les heures... Je crois qu'on en a déjà parlé dans un épisode, je ne sais plus lequel.
Peut-être.
Donc les heures de pointe, les heures où tout le monde va au travail ou alors tout le monde part du travail, les heures où il y a beaucoup de circulation et beaucoup de monde dans les transports en commun, les heures de pointe. Donc oui, ça je m'en souviens.
Et pour toi, du coup, quand tu as monté InnerFrench, c'était évident que tu ne voulais pas revivre ce genre de scénario.
Alors ça s'est fait de manière plus organique, un peu par hasard, c'était pas vraiment une décision préméditée, on pourrait dire. Ça s'est fait par la force des choses. Par la force des choses, c'est une expression qui signifie quelque chose qui n'est pas vraiment choisi, mais à cause du contexte ou de l'environnement, vous êtes obligés de faire quelque chose. Parce que quand j'ai commencé ma carrière de prof, j'étais à l'Institut français de Varsovie. Donc je donnais des cours en présentiel à l'école, et je donnais aussi des cours particuliers chez moi.
Donc là, j'avais pas du tout de télétravail. Et puis progressivement j'ai commencé à avoir des élèves qui étaient à l'étranger, donc on devait faire les cours sur internet. Et je me suis dit que c'était pas mal d'avoir des cours sur internet parce que ça permettait plus de flexibilité. Aussi à l'époque je vivais en colocation, donc quand il y avait des personnes qui venaient à l'appartement pour prendre des cours, c'était pas toujours sympa pour mon colocataire qui voulait être tranquille. Mais donc j'ai commencé à avoir de plus en plus de cours en ligne et puis j'ai arrêté mes cours à l'Institut français, donc là j'étais 100% en télétravail.
Et quand j'ai cherché à recruter la première salariée chez InnerFrench, qui était donc Ania, Je savais que j'aurais beaucoup plus de possibilités si je ne me limitais pas seulement à Varsovie, ni à la Pologne d'ailleurs. À la base, je voulais vraiment avoir quelqu'un, avoir un français ou une française, un natif. Mais j'ai reçu la candidature d'Anya, qui était super, très convaincante, qui avait beaucoup d'expérience. Et comme elle habitait en Pologne, c'était plus facile d'un point de vue légal pour l'entreprise donc de la recruter pour une première salariée. Je me suis dit que ça serait plus facile.
Mais manque de pot. Alors, une autre expression, manque de pot, ou ça veut dire manque de chance. Le pot, de manière familière, ça veut dire la chance. Manque de chance, Ania ne vit pas à Varsovie, mais à Cracovie, donc elle était quand même en télétravail. Mais en
tout cas, c'est vrai que quand tu nous as recruté, Ania et moi, c'était en plein Covid. C'était après même les plus gros moments de confinement. Et en fait, j'imagine que c'était assez évident puisque le monde entier s'était mis au télétravail. Et aujourd'hui, en 2022, On a toujours les effets post-Covid qui font qu'en France, en tout cas, il y a de plus en plus de salariés qui ont petit goût au télétravail. Prendre goût, ça veut dire qu'on aime bien et que finalement, on va continuer.
Apparemment, 8 salariés sur 10 disent vouloir télétravailler entre 1 et 3 jours par semaine. Ce n'était pas autant avant le Covid.
Oui, c'est vrai, parce qu'en France, on est plutôt réticent, en particulier les entreprises, parce qu'on voit que les salariés apprécient le télétravail. Mais pendant longtemps, les entreprises étaient réticentes. Elles n'avaient pas envie de passer au télétravail parce que je pense qu'en France, on a ce style de management qui est très hiérarchisé, avec beaucoup de contrôle, qui est un peu infantilisant aussi. Les managers ont tendance à traiter les employés un peu comme des enfants, donc ils essayent de les surveiller. Et à cause de ces facteurs culturels, en 2017, la France comptait seulement 7% de salariés en télétravail.
C'est beaucoup moins que dans les autres pays de l'Union Européenne. Et il a fallu un événement extérieur, un bouleversement, le Covid, pour que la situation change et que les entreprises soient contraintes de passer au télétravail, ce qui a montré, encore une fois par la force des choses, que c'était tout à fait possible.
C'est vrai que pour moi c'était un peu une chance inespérée, notre façon de s'organiser, où on travaille ensemble à temps plein, on a des vrais projets, etc. Mais en étant complètement en télétravail pour une entreprise française. D'ailleurs, ton entreprise n'est pas française, mais pour un contrat français en tout cas, puisque moi, je travaille en tant que française, c'est assez inespéré et peu habituel, même si, effectivement, beaucoup d'entreprises pendant le Covid ont été forcées d'avoir recours au télétravail. Donc, avoir recours, c'est mettre en place, tout simplement. Oui, utiliser...
Oui, c'est une expression assez sérieuse.
C'est formel.
C'est ce que le président me disait, il faut que les entreprises aient de plus en plus recours au télétravail. Mais voilà, on n'est pas non plus très très nombreux à avoir cette chance. Moi je le vois comme une chance, mais on va encore voir que ça dépend pour qui. Mais il y en a de plus en plus.
Il y en a de plus en plus, mais il ne faut pas oublier que pour la majorité des actifs, les actifs c'est les personnes qui travaillent, qui sont en âge de travailler et qui travaillent. Pour la majorité des actifs, le télétravail reste impossible. Donc en France, le ministère du Travail estime qu'entre 50 et 70% des actifs ne peuvent pas télétravailler. Non pas parce que l'entreprise ne le veut pas, parfois c'est la raison, mais principalement parce que leur poste, leur responsabilité implique qu'il est impossible de faire leur travail à distance. Et on appelle ces salariés les travailleurs du front.
On les appelait comme ça principalement pendant le Covid. C'était tous ces salariés qui étaient obligés soit d'aller au bureau, soit d'aller travailler dans les supermarchés, dans les hôpitaux évidemment, et qui étaient au front comme à la guerre. On a une autre expression qui est assez rigolote mais en même temps un peu triste. « Les premiers de corvée » qui fait référence à cette expression utilisée il y a quelques années par Emmanuel Macron, les premiers de cordée. Les premiers de cordée à la montagne, c'est ceux qui doivent tirer les autres, ceux qui sont devant et qui doivent faire le plus d'efforts pour aider ceux qui sont derrière à faire l'ascension de la montagne.
On a un peu changé ce terme en premier de corvée. Une corvée, c'est une chose qu'on est obligé de faire mais qui est assez désagréable. On parle par exemple des corvées ménagères. C'est toutes ces choses qu'on doit faire à la maison, qui sont pas très fun. Par exemple, faire la vaisselle, faire la lessive, etc.
Les premiers de corvée, ce sont tous ces salariés qui doivent travailler dans les services, dans les supermarchés, etc. Et qui n'ont pas du tout la possibilité de faire du travail à distance.
C'est vrai, et on ne voulait pas les oublier, c'est pour ça qu'on a tenu à parler de ça dans l'introduction pour montrer que le télétravail, ça concerne quand même seulement quelques privilégiés. Maintenant qu'on a dit ça, On peut passer au cœur de l'épisode qui est Quels sont les avantages et les inconvénients du télétravail
Pour commencer, on va parler de productivité. Un des avantages du télétravail, c'est qu'il n'y a pas de présentéisme. Le présentéisme, c'est quand vous devez faire acte de présence, autrement dit, vous devez rester au bureau pour montrer que vous travaillez. Et moi, c'est quelque chose que je détestais en entreprise. On ne pouvait pas partir avant une certaine heure, même si on avait fini son travail, parce que sinon ça montrait qu'on n'avait pas assez de travail ou alors qu'on était paresseux, ça faisait mauvaise impression.
Alors qu'au contraire, ça pouvait être... Peut-être qu'on partait plutôt parce qu'on arrivait à mieux s'organiser, être plus productif, mais ça, au lieu d'être valorisé, c'était puni. Et moi, je me souviens en particulier en agence de pub, il y avait vraiment cette tendance au présentéisme. Je me souviens une fois, j'étais parti à 17h30, à 5h30, parce que j'avais fini mon travail, et un de mes collègues m'avait demandé si je prenais mon après-midi. Ah ah ah La blague Prendre son
après-midi ça veut dire avoir posé son après-midi comme non-travaillé.
Exactement. Comme on dit prendre des vacances, parfois on dit prendre une journée, prendre un après-midi, ça veut dire que vous ne travaillez pas à ce moment-là, vous posez des congés. Donc en agence de publicité, on considérait que si vous quittiez l'entreprise à 17h30, ça veut dire que vous preniez votre après-midi. Donc voilà, je détestais le présentéisme. Je ne sais pas si c'est quelque chose que tu as vécu toi aussi en entreprise
Oui, un petit peu. Je pense que suivant les secteurs, ça peut être plus ou moins important. Mais c'est vrai qu'il fallait au moins faire un minimum d'horaire. J'ai beaucoup connu aussi des moments où j'étais moins productive et où j'aurais pu partir et arriver plus tôt le lendemain parce que je me serais bien reposée et j'aurais eu besoin au moins de faire une pause ou quoi. Et c'est vrai que c'était pas très bien vu.
Heureusement, j'avais une chef directe avec qui on était assez proche et donc on arrivait un peu à gérer ça. Mais parfois, elle me disait, il y a quand même les grands chefs, s'ils voient que tu n'es pas là, reste encore deux heures. Et elle le savait, mais on savait très bien que c'est les règles stupides de l'entreprise.
Exactement. Donc avec le télétravail, il y a moins ce problème, bien qu'il y ait quand même certaines entreprises qui essayent de mettre en place une surveillance avec des programmes, avec des logiciels, pour forcer les salariés, ou plutôt pour contrôler, pour s'assurer que les salariés sont bien derrière leur écran de telle heure à telle heure, et éventuellement pour contrôler les sites internet sur lesquels ils vont, etc. Donc, ce n'est pas quelque chose qui a complètement disparu. D'ailleurs, je pense peut-être le mettre en place chez InnerFrench.
Bien sûr, tu vas peut-être être déçu. Tous les sites internet, ce sera pour les recherches, pour le podcast,
pour les hétéroclites. Je pense que j'ai besoin de m'assurer un peu plus de ce que vous faites sur vos ordinateurs. Non mais moi au contraire, voilà, vous avez deux approches assez différentes. Donc Anya, elle est vraiment de telle heure à telle heure derrière son ordinateur, je sais qu'elle est là. Toi, je pense que tu es plus flexible.
Donc voilà, je sais par exemple que parfois le week-end tu travailles, peut-être qu'il y a des jours dans la semaine où tu travailles un peu moins etc. Donc moi c'est vraiment, les deux me conviennent en fait et je suis content que vous ayez cette autonomie. Je pense que c'est un des avantages du télétravail.
C'est vrai que l'avantage c'est que chacun fait comme c'est le mieux. En général, c'est la nature humaine quand même, c'est qu'on va choisir ce qui nous convient le mieux. Donc si un salarié travaille avec des horaires fixes, c'est que c'est comme ça qu'il va être le plus productif. Si un autre choisit un autre mode, c'est que c'est comme ça qu'il va être le plus productif. Et donc au final, on s'évite des obligations qui ralentissent tout le monde.
Exactement. Dans les autres avantages, qu'est-ce qu'on a
L'équilibre entre la vie pro et perso peut être favorisé parce qu'on prend moins les transports par exemple. Comme tu disais, on n'a plus besoin d'être bloqué dans les transports pendant les heures de pointe et puis on peut s'adapter. Donc j'imagine que, par exemple, pour ceux qui sont parents, quand il y a besoin d'aller rapidement à l'école parce qu'il s'est passé quelque chose ou quoi, on n'est pas obligé de complètement désorganiser sa journée. On peut y aller et puis on s'occupe de l'urgence et on se remet au travail après et ça ne pose pas de problème. Donc Par rapport à la vie personnelle, ça peut être un avantage de pouvoir moduler son travail sans qu'il y ait un imbécile qui nous dise « oh tu prends ton après-midi, non j'ai un rendez-vous, j'y vais, je reviens, j'ai pas besoin de me justifier ».
Ça, ça peut être un avantage.
Exactement. On a plus d'autonomie, plus de flexibilité, on peut aller faire ses courses à une heure où il y a moins de monde et travailler un peu plus tard pour rattraper. Donc ça permet aux salariés de s'organiser un peu plus facilement. Et puis il y a un dernier avantage non négligeable pour les salariés, c'est la liberté géographique. On a la possibilité de travailler d'où on veut, et ça je pense que pour toi c'est assez important.
Oui, c'est même essentiel. Une des raisons pour lesquelles j'aime télétravailler, ce n'est pas nécessairement parce que j'aime rester chez moi toute la journée, ça peut même être peut-être un des avantages dont on va parler après, mais largement compensé par cette possibilité de pouvoir voyager, déménager, passer du temps dans des nouvelles villes. Voilà, moi j'adore ça et ça permet de le faire sans avoir besoin de poser des vacances, de s'organiser d'une façon compliquée ou quoi. Donc ça clairement pour moi c'est ça. J'aurais même dû le dire en tout premier, pour moi c'est le premier avantage.
C'est le critère numéro un. Pour les entreprises aussi, le télétravail a des avantages. Le principal, c'est la réduction des coûts, notamment le loyer. Pour les bureaux, on a besoin de moins de bureaux ou alors si toute l'entreprise, si tous les salariés sont en télétravail, on peut complètement arrêter de payer pour des bureaux. Nous, chez InnerFrench, on n'a pas de bureau.
Donc ça fait un coût en moins et un coût qui, généralement, est non négligeable. Il y a aussi les fournitures de bureaux. Donc l'achat, je ne sais pas, qu'est-ce qu'on a comme fourniture de bureaux, acheter des stylos, du papier, du café pour la machine à café, etc. Et puis on fait des économies d'énergie parce qu'on n'a pas besoin, encore une fois, de chauffer ou d'éclairer des bureaux. Donc ça, Ça permet de réduire la facture de l'entreprise.
Et puis, quand on cherche des candidats, ce qui s'est passé pour moi avec InnerFrench, ça permet d'avoir un vivier plus important. Autrement dit, on peut recruter des candidats non seulement dans notre ville, mais aussi dans d'autres villes, dans d'autres pays, etc. Et puis c'est devenu un argument, comme tu l'as dit, c'est devenu un argument pour attirer les meilleurs candidats. Aujourd'hui, pour les jeunes diplômés, c'est très important d'avoir la possibilité de télétravailler. Donc, si on est une entreprise qui a ce modèle ou si au moins on propose quelques jours par semaine en télétravail, c'est un argument pour séduire les futurs employés.
Donc, c'est positif et pour les salariés et pour l'entreprise et même en dernier, on peut peut-être parler des avantages pour la société, puisque le télétravail, en réduisant les déplacements, l'utilisation des transports et en évitant de créer ces fameuses heures de pointe, est meilleur pour la planète. Ça permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre, Ça permet de réduire dans une certaine limite l'utilisation de l'énergie, puisque il y a un étalement des horaires de travail, un étalement des déplacements et donc moins de pics énergétiques. Et ça permet d'éviter d'avoir des grandes villes complètement surpeuplées, ce qui est en soi un facteur négatif et pour la qualité de vie et pour la qualité de l'air et de l'écologie en général.
Exactement. On passe aux inconvénients
Oui.
Les inconvénients pour les salariés, il y en a plusieurs. Déjà au niveau de la productivité, ça peut poser quelques problèmes quand le télétravail est subi. Subi, c'est le contraire de choisi. Quand on ne choisit pas une situation, on la subit. Certains salariés qui se sont retrouvés en télétravail ont été livrés à eux-mêmes.
Donc ça c'est une expression, être livré à soi-même, ça veut dire que personne ne vous aide, que vous êtes seul avec vos problèmes et vous devez trouver une solution tout seul. Vous devez vous débrouiller. Vous êtes livré à vous-même. Donc il y a certains salariés, On leur a dit du jour au lendemain, bon maintenant vous êtes en télétravail, débrouillez-vous. Donc c'est à eux de s'organiser, de savoir comment prioriser certaines tâches plutôt que d'autres, etc.
Et ça, ça peut être compliqué pour certaines personnes. Et puis le deuxième inconvénient concernant la productivité, c'est qu'il y a moins d'émulation entre collègues.
L'émulation, c'est le fait de se tirer vers le haut, donc qu'un collègue permet d'aider l'autre collègue à réussir à trouver des nouvelles idées, à réussir à se motiver. Voilà, on sait qu'en général, que ce soit à l'école ou au travail, c'est toujours bien d'échanger avec des personnes qui soit font le même métier, soit connaissent l'entreprise, etc. Et c'est vrai que pour avoir ces petits moments d'échange qui ne sont pas forcément des moments officiels de réunion ou quoi, c'est bien d'être à côté, d'avoir des petits échanges à la machine à café, la pause cigarette pour certains, ou pouvoir papoter, discuter avec ses collègues. C'est aussi important pour la productivité.
D'ailleurs, j'ai vu que certaines entreprises ont tenté de mettre en place des pauses café virtuelles. Elles définissaient certaines heures pendant lesquelles les salariés pouvaient se connecter à un chat sur Zoom par exemple pour discuter, pour faire une pause café virtuel, mais ça n'a pas du tout marché. Donc on n'a pas encore réussi à adapter la pause café au télétravail. Ensuite, la séparation entre la vie privée et la vie professionnelle est de plus en plus floue. Floue, c'est le contraire de clair, comme quand on prend une photo, une photo qui n'est pas claire, c'est une photo floue.
Donc cette séparation entre les deux sphères privée et professionnelle est de plus en plus floue et ça peut être assez dangereux pour la santé mentale. Moi je m'en suis rendu compte aussi pour moi, c'est vraiment à mon avis c'est le principal problème du télétravail. Je ne sais pas ce que tu en penses.
Oui, j'ai essayé de dire que ça a ses avantages. En théorie, ça peut avoir ses avantages, et ça c'est sûr, mais il y a les inconvénients qui vont avec, dans le sens où on s'arrête moins facilement de travailler, on travaille plus facilement sur des moments où on est censé être dans sa vie personnelle et pas en train de travailler. Je parlais des parents tout à l'heure, mais j'ai beaucoup entendu pendant le Covid qu'il y avait le problème inverse en fait, que du coup les parents se retrouvaient à faire tout ce qu'il fallait pour les enfants pendant le travail et donc à ne rien faire correctement, ni les moments avec les enfants, ni le travail. Donc, il y a plein de choses, tout se mélange. Et puis au final, On ne sait plus quand est-ce qu'on doit se reposer et quand est-ce qu'on doit travailler et on prend des mauvaises habitudes.
D'ailleurs, est-ce que tu as entendu parler de ce nouveau concept qui s'appelle les trakants
Non, ça ne me dit rien. Qu'est-ce que c'est
Tras, c'est pour travail et cance pour vacances. C'est un nouveau concept qui consiste pour certains salariés à partir télétravailler au bord de la mer par exemple, dans un endroit paradisiaque et à penser que c'est suffisant pour appeler ça des pseudo-vacances. Le problème, c'est que les vacances, normalement, c'est fait pour se reposer, pour déconnecter, et donc il y a de plus en plus de personnes avec le télétravail qui prennent moins de vacances, donc qui se reposent moins et finalement qui sont épuisées. Donc ça c'est quelque chose qui est complètement à surveiller.
Ouais, exactement. Maintenant peut-être les inconvénients pour l'entreprise. Alors le principal c'est qu'il faut complètement changer notre mode de management. Je vous disais qu'en France pendant longtemps les entreprises étaient réticentes à adopter le télétravail parce qu'elles ont plutôt tendance à fliquer leurs employés. Fliquer, c'est un verbe familier qui fait référence au mot flic.
Un flic, dans la langue familière, c'est un policier. Donc, fliquer quelqu'un, ça veut dire faire la police avec quelqu'un, surveiller quelqu'un de manière assez intensive. Donc, tout l'enjeu maintenant pour les entreprises, c'est comment gérer leurs employés sans les fliquer, sans les surveiller à outrance et sans tomber dans cette tendance à les contrôler de manière infantilisante. Il faut mettre en place un nouveau modèle qui serait plutôt basé sur la confiance. C'était déjà quelque chose de difficile quand les employés étaient au bureau.
Donc là, maintenant, avec les employés qui sont chez eux, c'est vraiment un casse-tête pour les employeurs. Je ne sais pas si c'est la même chose dans les autres pays, mais en France, on a vraiment ce problème de confiance, j'ai l'impression.
Comment tu le sens, toi
Moi, je pense que si on recrute les bonnes personnes, après, on peut leur faire confiance. Donc moi, j'ai pas du tout de problème avec vous. Je vous fais totalement confiance. Et après, on peut, au lieu justement de contrôler les salariés en fonction de leurs heures de travail, plutôt les contrôler en fonction de résultats, mettre en place des projets, leur dire exactement ce qu'ils doivent faire et s'assurer ensuite que les projets sont faits dans les temps. Ça, c'est une manière de gagner la confiance de l'employeur et pour l'employeur, c'est une manière de voir si les employés sont autonomes, s'ils respectent les deadlines, etc.
C'est un inconvénient parce qu'il faut s'adapter, mais finalement, ça dépend des personnes et peut-être que tous les managers ne sont pas faits pour le télétravail et tous les salariés ne sont pas faits pour le télétravail. Il faut que ça convienne à tout le monde.
Exactement, exactement. Ensuite, il y a aussi la question de la motivation. Comment on fait pour motiver les salariés quand on ne les voit pas ou quand on les voit seulement sur Zoom Et puis, plus généralement, la question de la culture d'entreprise. Comment faire pour créer une culture d'entreprise, pour partager ses valeurs etc. Ça c'est quelque chose qui peut sembler un peu artificiel mais on voit que les salariés maintenant ont vraiment besoin de faire un travail qui a un sens, ça leur permet de justifier tous les efforts qu'ils font pour ce travail, ça les motive, etc.
Ça peut être un peu difficile d'expliquer ce sens, d'expliquer ces valeurs et de créer une culture d'entreprise quand toutes les équipes sont en télétravail.
Oui, c'est vrai qu'il faut en fait cette émulation entre collègues, qu'elle passe aussi avec les managers, etc. Et donc, nous on essaye encore de... Enfin, je sais qu'Hugo, pour toi C'est important qu'on se voit, qu'on se fasse des réunions. Puis heureusement, on peut discuter avec tous les abonnés en vous faisant partager ces conversations dans des podcasts. Exactement.
Ça nous permet d'avoir une culture d'entreprise en même temps.
Et transparente, une culture extrêmement transparente, sans tabou. Ensuite, qu'est-ce qu'on a d'autre comme inconvénient Pour le pays, il y a le risque de l'exode des cadres ou des travailleurs qualifiés parce que si ces personnes peuvent travailler de n'importe quel pays, elles vont avoir tendance à comparer les systèmes d'impôts, les systèmes de protection sociale et à choisir tout simplement le meilleur pays pour elles. Ça va être une sélection on peut dire des pays à la carte et ça, ça peut créer un problème si par exemple pour la France parce que ses travailleurs qualifiés vont aller payer leurs impôts dans d'autres pays, Donc ça peut être un manque à gagner pour le pays. Et puis ça peut mettre en concurrence les systèmes sociaux et fiscaux des pays, ce qui peut avoir tendance à tirer les choses vers le bas. Les pays vont essayer de réduire leurs impôts le plus possible pour être attractif pour ces travailleurs qualifiés.
Oui, ça fait un nouveau modèle économique finalement qu'il faut réinventer pour tout le monde parce que même pour le salarié et pour l'entreprise, il faut réussir à trouver le bon équilibre par rapport à toutes les dépenses qui sont entraînées par le travail, etc. Donc c'est vrai qu'on est encore dans une période assez floue par rapport à quel est le modèle économique mondial si beaucoup de personnes se mettent à télétravailler. Et ça, on n'a pas encore vraiment la réponse.
Et puis on va finir peut-être en parlant des inégalités. Ce ne serait pas un épisode InnerFrench si on ne parlait pas d'inégalités. Alors, le télétravail, ça provoque aussi des inégalités. Et on n'est pas les seuls à le dire, évidemment. Il y a même un rapport du Sénat français qui a mis en lumière ces différentes inégalités.
D'abord, il y a la question des classes sociales. On peut se demander si le télétravail est un privilège de classe. On a dit que ça concernait en fait une minorité des employés. Une minorité des employés ont la possibilité de télétravailler, mais pour la grande majorité, le travail doit encore être fait sur site. Sur site, ça veut dire dans l'entreprise, au bureau.
Donc ça, ça crée une nouvelle source d'inégalité entre les travailleurs, ceux qui ont le privilège de pouvoir télétravailler plusieurs jours à la maison ou alors d'être 100% en télétravail, et les autres qui doivent continuer d'aller au bureau, de prendre les transports, etc.
Et après, en termes d'inégalités, il y a d'autres inégalités assez classiques, évidemment, il faut bien qu'on parle de ça. Entre les hommes et les femmes, la situation face au télétravail n'est pas la même, notamment pour les femmes qui ont des enfants, même avant les femmes qui vivent en couple, comme souvent les tâches ménagères ne sont pas bien réparties entre les hommes et les femmes et que ça s'est exagéré encore plus quand il y a des enfants, et bien quand on est en télétravail pour une femme, ça veut souvent dire avoir encore plus de tâches ménagères, que le conjoint compte encore plus sur vous pour faire des choses, puisque si tu es à la maison, pourquoi tu ne l'as pas fait » Et des choses comme ça. Alors que pour les hommes, a priori, c'est moins pénalisant.
Exactement. D'après un sondage qui a été réalisé cette année ou l'année dernière, par le cabinet de conseil du Boston Consulting Group, le télétravail génère plus d'angoisse, d'anxiété pour les femmes que pour les hommes. Pendant le Covid, les hommes ont mieux vécu cette période en télétravail que les femmes, parce que les femmes avaient plus de choses à gérer, la charge mentale n'était pas toujours partagée, n'était pas répartie de manière très équitable. Donc ça aussi c'est une question à laquelle il faudra être vigilant, une question à laquelle il faudra faire attention par la suite.
Exactement. Bon ben on a fait un petit bilan assez complet je pense sur les avantages et les inconvénients du télétravail. On aimerait bien savoir ce que vous en pensez. Est-ce que vous avez déjà fait du télétravail Est-ce que pour vous ça fonctionne bien Ou est-ce qu'au contraire, vous avez l'impression que vous ne pourriez pas travailler en télétravail Ça nous intéresse, donc dites-nous tout en commentaire. Et n'hésitez pas à vous répondre entre vous dans les commentaires, c'est aussi possible.
En français, bien sûr. Voilà, merci Ingrid et puis on se retrouve bientôt.
On se retrouve bientôt.
Ciao. Sous-titrage FR Sous-Titres
Bonjour tout le monde.
Alors Ingrid, aujourd'hui on va parler de travail, plus précisément de télétravail. Et c'est quelque chose qui nous concerne de près chez InnerFrench, parce que toute l'équipe est en télétravail. Alors on va parler des avantages, des inconvénients, en essayant de prendre les différents points de vue, à la fois celui de l'entreprise, des salariés et plus généralement de la société, parce que c'est vrai que le télétravail constitue un bouleversement, un changement radical qui a déjà eu quelques effets sur ces différents acteurs et qui a priori n'a pas fini de changer la société.
Oui, nous c'est un sujet qu'on connaît bien parce que chez InnerFrench, on est en 100% télétravail. Donc qu'est-ce que ça veut dire ça Tout simplement qu'on n'a pas de bureau et on travaille seulement à distance. Télé, ça veut dire à distance et donc télétravail, c'est le travail qu'on peut faire de n'importe où, sans avoir besoin d'aller dans l'entreprise tous les jours.
D'ailleurs, je ne sais pas ce que tu en penses, mais je trouve que ce mot « télétravail », il est assez… je ne sais pas, ça fait un peu démodé comparé à l'anglais par exemple, parce que « télé », ça fait penser à télévision, mais pas vraiment à internet et aux nouvelles technologies donc moi j'ai toujours trouvé que ce mot télétravail il était un peu un peu vintage peut-être. Ouais je
suis d'accord Et puis ça donne aussi une impression que c'est pas vraiment du travail, c'est du télétravail, comme si c'était une branche parallèle du travail. Alors que quand on utilise le mot travail avec un adjectif, comme c'est le cas en anglais, c'est du travail, mais on précise en particulier quel type.
C'est vrai, c'est vrai. Le travail à distance par exemple, bon c'est un peu plus long mais je trouve que ouais, tu as raison, effectivement on a moins cette idée de télétravail qui est pas vraiment du travail, un peu travail-vacances,
on va en
parler, mais c'est le mot qui a été adopté et qu'on utilise en France.
Oui, c'est le mot vraiment très très courant, tout le monde le dit, donc vous pouvez apprendre ce mot et l'utiliser. C'est celui-là qu'il faut utiliser.
Alors avant InnerFrench, toi tu faisais déjà du télétravail, non
Oui, alors je travaillais en indépendante, parfois avec des contrats réguliers pour certaines entreprises, certains médias ou école de langue. Mais globalement, j'étais quand même assez indépendante, on peut dire aussi freelance. Donc, de fait, je faisais du télétravail puisque je travaillais chez moi.
Et tu as déjà travaillé dans une entreprise pour laquelle tu devais aller dans les bureaux
Ouais, déjà j'ai fait beaucoup de jobs étudiants, genre vendeuse, et après, quand j'étudiais et à la fin de mes études, J'ai eu l'occasion de travailler dans des rédactions pour des médias à Paris. Donc j'ai un peu d'expérience, oui.
Tu sais ce que c'est d'aller au bureau et tu connais la joie des transports parisiens aux heures de pointe.
Ouais, toi aussi, non
Moi aussi, moi aussi. J'ai fait plusieurs stages et puis j'ai commencé ma carrière professionnelle à Paris en agence de publicité, comme je l'ai déjà dit. Et j'ai jamais eu de cas extrêmes comme certains de mes amis qui avaient besoin parfois d'une heure et demie pour aller au travail en prenant le RER, le métro. Donc ça faisait trois heures par jour, aller et retour. Moi le maximum que j'ai eu, il me semble, c'est 45 minutes.
Mais J'en garde un souvenir impérissable parce que voilà, c'est 45 minutes de métro le matin, en particulier l'été, quand il faisait chaud. On se retrouve avec des personnes qui ont parfois une hygiène un peu douteuse. Il y a cette odeur vraiment caractéristique du métro parisien aux heures de pointe. Les heures de pointe, c'est les heures... Je crois qu'on en a déjà parlé dans un épisode, je ne sais plus lequel.
Peut-être.
Donc les heures de pointe, les heures où tout le monde va au travail ou alors tout le monde part du travail, les heures où il y a beaucoup de circulation et beaucoup de monde dans les transports en commun, les heures de pointe. Donc oui, ça je m'en souviens.
Et pour toi, du coup, quand tu as monté InnerFrench, c'était évident que tu ne voulais pas revivre ce genre de scénario.
Alors ça s'est fait de manière plus organique, un peu par hasard, c'était pas vraiment une décision préméditée, on pourrait dire. Ça s'est fait par la force des choses. Par la force des choses, c'est une expression qui signifie quelque chose qui n'est pas vraiment choisi, mais à cause du contexte ou de l'environnement, vous êtes obligés de faire quelque chose. Parce que quand j'ai commencé ma carrière de prof, j'étais à l'Institut français de Varsovie. Donc je donnais des cours en présentiel à l'école, et je donnais aussi des cours particuliers chez moi.
Donc là, j'avais pas du tout de télétravail. Et puis progressivement j'ai commencé à avoir des élèves qui étaient à l'étranger, donc on devait faire les cours sur internet. Et je me suis dit que c'était pas mal d'avoir des cours sur internet parce que ça permettait plus de flexibilité. Aussi à l'époque je vivais en colocation, donc quand il y avait des personnes qui venaient à l'appartement pour prendre des cours, c'était pas toujours sympa pour mon colocataire qui voulait être tranquille. Mais donc j'ai commencé à avoir de plus en plus de cours en ligne et puis j'ai arrêté mes cours à l'Institut français, donc là j'étais 100% en télétravail.
Et quand j'ai cherché à recruter la première salariée chez InnerFrench, qui était donc Ania, Je savais que j'aurais beaucoup plus de possibilités si je ne me limitais pas seulement à Varsovie, ni à la Pologne d'ailleurs. À la base, je voulais vraiment avoir quelqu'un, avoir un français ou une française, un natif. Mais j'ai reçu la candidature d'Anya, qui était super, très convaincante, qui avait beaucoup d'expérience. Et comme elle habitait en Pologne, c'était plus facile d'un point de vue légal pour l'entreprise donc de la recruter pour une première salariée. Je me suis dit que ça serait plus facile.
Mais manque de pot. Alors, une autre expression, manque de pot, ou ça veut dire manque de chance. Le pot, de manière familière, ça veut dire la chance. Manque de chance, Ania ne vit pas à Varsovie, mais à Cracovie, donc elle était quand même en télétravail. Mais en
tout cas, c'est vrai que quand tu nous as recruté, Ania et moi, c'était en plein Covid. C'était après même les plus gros moments de confinement. Et en fait, j'imagine que c'était assez évident puisque le monde entier s'était mis au télétravail. Et aujourd'hui, en 2022, On a toujours les effets post-Covid qui font qu'en France, en tout cas, il y a de plus en plus de salariés qui ont petit goût au télétravail. Prendre goût, ça veut dire qu'on aime bien et que finalement, on va continuer.
Apparemment, 8 salariés sur 10 disent vouloir télétravailler entre 1 et 3 jours par semaine. Ce n'était pas autant avant le Covid.
Oui, c'est vrai, parce qu'en France, on est plutôt réticent, en particulier les entreprises, parce qu'on voit que les salariés apprécient le télétravail. Mais pendant longtemps, les entreprises étaient réticentes. Elles n'avaient pas envie de passer au télétravail parce que je pense qu'en France, on a ce style de management qui est très hiérarchisé, avec beaucoup de contrôle, qui est un peu infantilisant aussi. Les managers ont tendance à traiter les employés un peu comme des enfants, donc ils essayent de les surveiller. Et à cause de ces facteurs culturels, en 2017, la France comptait seulement 7% de salariés en télétravail.
C'est beaucoup moins que dans les autres pays de l'Union Européenne. Et il a fallu un événement extérieur, un bouleversement, le Covid, pour que la situation change et que les entreprises soient contraintes de passer au télétravail, ce qui a montré, encore une fois par la force des choses, que c'était tout à fait possible.
C'est vrai que pour moi c'était un peu une chance inespérée, notre façon de s'organiser, où on travaille ensemble à temps plein, on a des vrais projets, etc. Mais en étant complètement en télétravail pour une entreprise française. D'ailleurs, ton entreprise n'est pas française, mais pour un contrat français en tout cas, puisque moi, je travaille en tant que française, c'est assez inespéré et peu habituel, même si, effectivement, beaucoup d'entreprises pendant le Covid ont été forcées d'avoir recours au télétravail. Donc, avoir recours, c'est mettre en place, tout simplement. Oui, utiliser...
Oui, c'est une expression assez sérieuse.
C'est formel.
C'est ce que le président me disait, il faut que les entreprises aient de plus en plus recours au télétravail. Mais voilà, on n'est pas non plus très très nombreux à avoir cette chance. Moi je le vois comme une chance, mais on va encore voir que ça dépend pour qui. Mais il y en a de plus en plus.
Il y en a de plus en plus, mais il ne faut pas oublier que pour la majorité des actifs, les actifs c'est les personnes qui travaillent, qui sont en âge de travailler et qui travaillent. Pour la majorité des actifs, le télétravail reste impossible. Donc en France, le ministère du Travail estime qu'entre 50 et 70% des actifs ne peuvent pas télétravailler. Non pas parce que l'entreprise ne le veut pas, parfois c'est la raison, mais principalement parce que leur poste, leur responsabilité implique qu'il est impossible de faire leur travail à distance. Et on appelle ces salariés les travailleurs du front.
On les appelait comme ça principalement pendant le Covid. C'était tous ces salariés qui étaient obligés soit d'aller au bureau, soit d'aller travailler dans les supermarchés, dans les hôpitaux évidemment, et qui étaient au front comme à la guerre. On a une autre expression qui est assez rigolote mais en même temps un peu triste. « Les premiers de corvée » qui fait référence à cette expression utilisée il y a quelques années par Emmanuel Macron, les premiers de cordée. Les premiers de cordée à la montagne, c'est ceux qui doivent tirer les autres, ceux qui sont devant et qui doivent faire le plus d'efforts pour aider ceux qui sont derrière à faire l'ascension de la montagne.
On a un peu changé ce terme en premier de corvée. Une corvée, c'est une chose qu'on est obligé de faire mais qui est assez désagréable. On parle par exemple des corvées ménagères. C'est toutes ces choses qu'on doit faire à la maison, qui sont pas très fun. Par exemple, faire la vaisselle, faire la lessive, etc.
Les premiers de corvée, ce sont tous ces salariés qui doivent travailler dans les services, dans les supermarchés, etc. Et qui n'ont pas du tout la possibilité de faire du travail à distance.
C'est vrai, et on ne voulait pas les oublier, c'est pour ça qu'on a tenu à parler de ça dans l'introduction pour montrer que le télétravail, ça concerne quand même seulement quelques privilégiés. Maintenant qu'on a dit ça, On peut passer au cœur de l'épisode qui est Quels sont les avantages et les inconvénients du télétravail
Pour commencer, on va parler de productivité. Un des avantages du télétravail, c'est qu'il n'y a pas de présentéisme. Le présentéisme, c'est quand vous devez faire acte de présence, autrement dit, vous devez rester au bureau pour montrer que vous travaillez. Et moi, c'est quelque chose que je détestais en entreprise. On ne pouvait pas partir avant une certaine heure, même si on avait fini son travail, parce que sinon ça montrait qu'on n'avait pas assez de travail ou alors qu'on était paresseux, ça faisait mauvaise impression.
Alors qu'au contraire, ça pouvait être... Peut-être qu'on partait plutôt parce qu'on arrivait à mieux s'organiser, être plus productif, mais ça, au lieu d'être valorisé, c'était puni. Et moi, je me souviens en particulier en agence de pub, il y avait vraiment cette tendance au présentéisme. Je me souviens une fois, j'étais parti à 17h30, à 5h30, parce que j'avais fini mon travail, et un de mes collègues m'avait demandé si je prenais mon après-midi. Ah ah ah La blague Prendre son
après-midi ça veut dire avoir posé son après-midi comme non-travaillé.
Exactement. Comme on dit prendre des vacances, parfois on dit prendre une journée, prendre un après-midi, ça veut dire que vous ne travaillez pas à ce moment-là, vous posez des congés. Donc en agence de publicité, on considérait que si vous quittiez l'entreprise à 17h30, ça veut dire que vous preniez votre après-midi. Donc voilà, je détestais le présentéisme. Je ne sais pas si c'est quelque chose que tu as vécu toi aussi en entreprise
Oui, un petit peu. Je pense que suivant les secteurs, ça peut être plus ou moins important. Mais c'est vrai qu'il fallait au moins faire un minimum d'horaire. J'ai beaucoup connu aussi des moments où j'étais moins productive et où j'aurais pu partir et arriver plus tôt le lendemain parce que je me serais bien reposée et j'aurais eu besoin au moins de faire une pause ou quoi. Et c'est vrai que c'était pas très bien vu.
Heureusement, j'avais une chef directe avec qui on était assez proche et donc on arrivait un peu à gérer ça. Mais parfois, elle me disait, il y a quand même les grands chefs, s'ils voient que tu n'es pas là, reste encore deux heures. Et elle le savait, mais on savait très bien que c'est les règles stupides de l'entreprise.
Exactement. Donc avec le télétravail, il y a moins ce problème, bien qu'il y ait quand même certaines entreprises qui essayent de mettre en place une surveillance avec des programmes, avec des logiciels, pour forcer les salariés, ou plutôt pour contrôler, pour s'assurer que les salariés sont bien derrière leur écran de telle heure à telle heure, et éventuellement pour contrôler les sites internet sur lesquels ils vont, etc. Donc, ce n'est pas quelque chose qui a complètement disparu. D'ailleurs, je pense peut-être le mettre en place chez InnerFrench.
Bien sûr, tu vas peut-être être déçu. Tous les sites internet, ce sera pour les recherches, pour le podcast,
pour les hétéroclites. Je pense que j'ai besoin de m'assurer un peu plus de ce que vous faites sur vos ordinateurs. Non mais moi au contraire, voilà, vous avez deux approches assez différentes. Donc Anya, elle est vraiment de telle heure à telle heure derrière son ordinateur, je sais qu'elle est là. Toi, je pense que tu es plus flexible.
Donc voilà, je sais par exemple que parfois le week-end tu travailles, peut-être qu'il y a des jours dans la semaine où tu travailles un peu moins etc. Donc moi c'est vraiment, les deux me conviennent en fait et je suis content que vous ayez cette autonomie. Je pense que c'est un des avantages du télétravail.
C'est vrai que l'avantage c'est que chacun fait comme c'est le mieux. En général, c'est la nature humaine quand même, c'est qu'on va choisir ce qui nous convient le mieux. Donc si un salarié travaille avec des horaires fixes, c'est que c'est comme ça qu'il va être le plus productif. Si un autre choisit un autre mode, c'est que c'est comme ça qu'il va être le plus productif. Et donc au final, on s'évite des obligations qui ralentissent tout le monde.
Exactement. Dans les autres avantages, qu'est-ce qu'on a
L'équilibre entre la vie pro et perso peut être favorisé parce qu'on prend moins les transports par exemple. Comme tu disais, on n'a plus besoin d'être bloqué dans les transports pendant les heures de pointe et puis on peut s'adapter. Donc j'imagine que, par exemple, pour ceux qui sont parents, quand il y a besoin d'aller rapidement à l'école parce qu'il s'est passé quelque chose ou quoi, on n'est pas obligé de complètement désorganiser sa journée. On peut y aller et puis on s'occupe de l'urgence et on se remet au travail après et ça ne pose pas de problème. Donc Par rapport à la vie personnelle, ça peut être un avantage de pouvoir moduler son travail sans qu'il y ait un imbécile qui nous dise « oh tu prends ton après-midi, non j'ai un rendez-vous, j'y vais, je reviens, j'ai pas besoin de me justifier ».
Ça, ça peut être un avantage.
Exactement. On a plus d'autonomie, plus de flexibilité, on peut aller faire ses courses à une heure où il y a moins de monde et travailler un peu plus tard pour rattraper. Donc ça permet aux salariés de s'organiser un peu plus facilement. Et puis il y a un dernier avantage non négligeable pour les salariés, c'est la liberté géographique. On a la possibilité de travailler d'où on veut, et ça je pense que pour toi c'est assez important.
Oui, c'est même essentiel. Une des raisons pour lesquelles j'aime télétravailler, ce n'est pas nécessairement parce que j'aime rester chez moi toute la journée, ça peut même être peut-être un des avantages dont on va parler après, mais largement compensé par cette possibilité de pouvoir voyager, déménager, passer du temps dans des nouvelles villes. Voilà, moi j'adore ça et ça permet de le faire sans avoir besoin de poser des vacances, de s'organiser d'une façon compliquée ou quoi. Donc ça clairement pour moi c'est ça. J'aurais même dû le dire en tout premier, pour moi c'est le premier avantage.
C'est le critère numéro un. Pour les entreprises aussi, le télétravail a des avantages. Le principal, c'est la réduction des coûts, notamment le loyer. Pour les bureaux, on a besoin de moins de bureaux ou alors si toute l'entreprise, si tous les salariés sont en télétravail, on peut complètement arrêter de payer pour des bureaux. Nous, chez InnerFrench, on n'a pas de bureau.
Donc ça fait un coût en moins et un coût qui, généralement, est non négligeable. Il y a aussi les fournitures de bureaux. Donc l'achat, je ne sais pas, qu'est-ce qu'on a comme fourniture de bureaux, acheter des stylos, du papier, du café pour la machine à café, etc. Et puis on fait des économies d'énergie parce qu'on n'a pas besoin, encore une fois, de chauffer ou d'éclairer des bureaux. Donc ça, Ça permet de réduire la facture de l'entreprise.
Et puis, quand on cherche des candidats, ce qui s'est passé pour moi avec InnerFrench, ça permet d'avoir un vivier plus important. Autrement dit, on peut recruter des candidats non seulement dans notre ville, mais aussi dans d'autres villes, dans d'autres pays, etc. Et puis c'est devenu un argument, comme tu l'as dit, c'est devenu un argument pour attirer les meilleurs candidats. Aujourd'hui, pour les jeunes diplômés, c'est très important d'avoir la possibilité de télétravailler. Donc, si on est une entreprise qui a ce modèle ou si au moins on propose quelques jours par semaine en télétravail, c'est un argument pour séduire les futurs employés.
Donc, c'est positif et pour les salariés et pour l'entreprise et même en dernier, on peut peut-être parler des avantages pour la société, puisque le télétravail, en réduisant les déplacements, l'utilisation des transports et en évitant de créer ces fameuses heures de pointe, est meilleur pour la planète. Ça permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre, Ça permet de réduire dans une certaine limite l'utilisation de l'énergie, puisque il y a un étalement des horaires de travail, un étalement des déplacements et donc moins de pics énergétiques. Et ça permet d'éviter d'avoir des grandes villes complètement surpeuplées, ce qui est en soi un facteur négatif et pour la qualité de vie et pour la qualité de l'air et de l'écologie en général.
Exactement. On passe aux inconvénients
Oui.
Les inconvénients pour les salariés, il y en a plusieurs. Déjà au niveau de la productivité, ça peut poser quelques problèmes quand le télétravail est subi. Subi, c'est le contraire de choisi. Quand on ne choisit pas une situation, on la subit. Certains salariés qui se sont retrouvés en télétravail ont été livrés à eux-mêmes.
Donc ça c'est une expression, être livré à soi-même, ça veut dire que personne ne vous aide, que vous êtes seul avec vos problèmes et vous devez trouver une solution tout seul. Vous devez vous débrouiller. Vous êtes livré à vous-même. Donc il y a certains salariés, On leur a dit du jour au lendemain, bon maintenant vous êtes en télétravail, débrouillez-vous. Donc c'est à eux de s'organiser, de savoir comment prioriser certaines tâches plutôt que d'autres, etc.
Et ça, ça peut être compliqué pour certaines personnes. Et puis le deuxième inconvénient concernant la productivité, c'est qu'il y a moins d'émulation entre collègues.
L'émulation, c'est le fait de se tirer vers le haut, donc qu'un collègue permet d'aider l'autre collègue à réussir à trouver des nouvelles idées, à réussir à se motiver. Voilà, on sait qu'en général, que ce soit à l'école ou au travail, c'est toujours bien d'échanger avec des personnes qui soit font le même métier, soit connaissent l'entreprise, etc. Et c'est vrai que pour avoir ces petits moments d'échange qui ne sont pas forcément des moments officiels de réunion ou quoi, c'est bien d'être à côté, d'avoir des petits échanges à la machine à café, la pause cigarette pour certains, ou pouvoir papoter, discuter avec ses collègues. C'est aussi important pour la productivité.
D'ailleurs, j'ai vu que certaines entreprises ont tenté de mettre en place des pauses café virtuelles. Elles définissaient certaines heures pendant lesquelles les salariés pouvaient se connecter à un chat sur Zoom par exemple pour discuter, pour faire une pause café virtuel, mais ça n'a pas du tout marché. Donc on n'a pas encore réussi à adapter la pause café au télétravail. Ensuite, la séparation entre la vie privée et la vie professionnelle est de plus en plus floue. Floue, c'est le contraire de clair, comme quand on prend une photo, une photo qui n'est pas claire, c'est une photo floue.
Donc cette séparation entre les deux sphères privée et professionnelle est de plus en plus floue et ça peut être assez dangereux pour la santé mentale. Moi je m'en suis rendu compte aussi pour moi, c'est vraiment à mon avis c'est le principal problème du télétravail. Je ne sais pas ce que tu en penses.
Oui, j'ai essayé de dire que ça a ses avantages. En théorie, ça peut avoir ses avantages, et ça c'est sûr, mais il y a les inconvénients qui vont avec, dans le sens où on s'arrête moins facilement de travailler, on travaille plus facilement sur des moments où on est censé être dans sa vie personnelle et pas en train de travailler. Je parlais des parents tout à l'heure, mais j'ai beaucoup entendu pendant le Covid qu'il y avait le problème inverse en fait, que du coup les parents se retrouvaient à faire tout ce qu'il fallait pour les enfants pendant le travail et donc à ne rien faire correctement, ni les moments avec les enfants, ni le travail. Donc, il y a plein de choses, tout se mélange. Et puis au final, On ne sait plus quand est-ce qu'on doit se reposer et quand est-ce qu'on doit travailler et on prend des mauvaises habitudes.
D'ailleurs, est-ce que tu as entendu parler de ce nouveau concept qui s'appelle les trakants
Non, ça ne me dit rien. Qu'est-ce que c'est
Tras, c'est pour travail et cance pour vacances. C'est un nouveau concept qui consiste pour certains salariés à partir télétravailler au bord de la mer par exemple, dans un endroit paradisiaque et à penser que c'est suffisant pour appeler ça des pseudo-vacances. Le problème, c'est que les vacances, normalement, c'est fait pour se reposer, pour déconnecter, et donc il y a de plus en plus de personnes avec le télétravail qui prennent moins de vacances, donc qui se reposent moins et finalement qui sont épuisées. Donc ça c'est quelque chose qui est complètement à surveiller.
Ouais, exactement. Maintenant peut-être les inconvénients pour l'entreprise. Alors le principal c'est qu'il faut complètement changer notre mode de management. Je vous disais qu'en France pendant longtemps les entreprises étaient réticentes à adopter le télétravail parce qu'elles ont plutôt tendance à fliquer leurs employés. Fliquer, c'est un verbe familier qui fait référence au mot flic.
Un flic, dans la langue familière, c'est un policier. Donc, fliquer quelqu'un, ça veut dire faire la police avec quelqu'un, surveiller quelqu'un de manière assez intensive. Donc, tout l'enjeu maintenant pour les entreprises, c'est comment gérer leurs employés sans les fliquer, sans les surveiller à outrance et sans tomber dans cette tendance à les contrôler de manière infantilisante. Il faut mettre en place un nouveau modèle qui serait plutôt basé sur la confiance. C'était déjà quelque chose de difficile quand les employés étaient au bureau.
Donc là, maintenant, avec les employés qui sont chez eux, c'est vraiment un casse-tête pour les employeurs. Je ne sais pas si c'est la même chose dans les autres pays, mais en France, on a vraiment ce problème de confiance, j'ai l'impression.
Comment tu le sens, toi
Moi, je pense que si on recrute les bonnes personnes, après, on peut leur faire confiance. Donc moi, j'ai pas du tout de problème avec vous. Je vous fais totalement confiance. Et après, on peut, au lieu justement de contrôler les salariés en fonction de leurs heures de travail, plutôt les contrôler en fonction de résultats, mettre en place des projets, leur dire exactement ce qu'ils doivent faire et s'assurer ensuite que les projets sont faits dans les temps. Ça, c'est une manière de gagner la confiance de l'employeur et pour l'employeur, c'est une manière de voir si les employés sont autonomes, s'ils respectent les deadlines, etc.
C'est un inconvénient parce qu'il faut s'adapter, mais finalement, ça dépend des personnes et peut-être que tous les managers ne sont pas faits pour le télétravail et tous les salariés ne sont pas faits pour le télétravail. Il faut que ça convienne à tout le monde.
Exactement, exactement. Ensuite, il y a aussi la question de la motivation. Comment on fait pour motiver les salariés quand on ne les voit pas ou quand on les voit seulement sur Zoom Et puis, plus généralement, la question de la culture d'entreprise. Comment faire pour créer une culture d'entreprise, pour partager ses valeurs etc. Ça c'est quelque chose qui peut sembler un peu artificiel mais on voit que les salariés maintenant ont vraiment besoin de faire un travail qui a un sens, ça leur permet de justifier tous les efforts qu'ils font pour ce travail, ça les motive, etc.
Ça peut être un peu difficile d'expliquer ce sens, d'expliquer ces valeurs et de créer une culture d'entreprise quand toutes les équipes sont en télétravail.
Oui, c'est vrai qu'il faut en fait cette émulation entre collègues, qu'elle passe aussi avec les managers, etc. Et donc, nous on essaye encore de... Enfin, je sais qu'Hugo, pour toi C'est important qu'on se voit, qu'on se fasse des réunions. Puis heureusement, on peut discuter avec tous les abonnés en vous faisant partager ces conversations dans des podcasts. Exactement.
Ça nous permet d'avoir une culture d'entreprise en même temps.
Et transparente, une culture extrêmement transparente, sans tabou. Ensuite, qu'est-ce qu'on a d'autre comme inconvénient Pour le pays, il y a le risque de l'exode des cadres ou des travailleurs qualifiés parce que si ces personnes peuvent travailler de n'importe quel pays, elles vont avoir tendance à comparer les systèmes d'impôts, les systèmes de protection sociale et à choisir tout simplement le meilleur pays pour elles. Ça va être une sélection on peut dire des pays à la carte et ça, ça peut créer un problème si par exemple pour la France parce que ses travailleurs qualifiés vont aller payer leurs impôts dans d'autres pays, Donc ça peut être un manque à gagner pour le pays. Et puis ça peut mettre en concurrence les systèmes sociaux et fiscaux des pays, ce qui peut avoir tendance à tirer les choses vers le bas. Les pays vont essayer de réduire leurs impôts le plus possible pour être attractif pour ces travailleurs qualifiés.
Oui, ça fait un nouveau modèle économique finalement qu'il faut réinventer pour tout le monde parce que même pour le salarié et pour l'entreprise, il faut réussir à trouver le bon équilibre par rapport à toutes les dépenses qui sont entraînées par le travail, etc. Donc c'est vrai qu'on est encore dans une période assez floue par rapport à quel est le modèle économique mondial si beaucoup de personnes se mettent à télétravailler. Et ça, on n'a pas encore vraiment la réponse.
Et puis on va finir peut-être en parlant des inégalités. Ce ne serait pas un épisode InnerFrench si on ne parlait pas d'inégalités. Alors, le télétravail, ça provoque aussi des inégalités. Et on n'est pas les seuls à le dire, évidemment. Il y a même un rapport du Sénat français qui a mis en lumière ces différentes inégalités.
D'abord, il y a la question des classes sociales. On peut se demander si le télétravail est un privilège de classe. On a dit que ça concernait en fait une minorité des employés. Une minorité des employés ont la possibilité de télétravailler, mais pour la grande majorité, le travail doit encore être fait sur site. Sur site, ça veut dire dans l'entreprise, au bureau.
Donc ça, ça crée une nouvelle source d'inégalité entre les travailleurs, ceux qui ont le privilège de pouvoir télétravailler plusieurs jours à la maison ou alors d'être 100% en télétravail, et les autres qui doivent continuer d'aller au bureau, de prendre les transports, etc.
Et après, en termes d'inégalités, il y a d'autres inégalités assez classiques, évidemment, il faut bien qu'on parle de ça. Entre les hommes et les femmes, la situation face au télétravail n'est pas la même, notamment pour les femmes qui ont des enfants, même avant les femmes qui vivent en couple, comme souvent les tâches ménagères ne sont pas bien réparties entre les hommes et les femmes et que ça s'est exagéré encore plus quand il y a des enfants, et bien quand on est en télétravail pour une femme, ça veut souvent dire avoir encore plus de tâches ménagères, que le conjoint compte encore plus sur vous pour faire des choses, puisque si tu es à la maison, pourquoi tu ne l'as pas fait » Et des choses comme ça. Alors que pour les hommes, a priori, c'est moins pénalisant.
Exactement. D'après un sondage qui a été réalisé cette année ou l'année dernière, par le cabinet de conseil du Boston Consulting Group, le télétravail génère plus d'angoisse, d'anxiété pour les femmes que pour les hommes. Pendant le Covid, les hommes ont mieux vécu cette période en télétravail que les femmes, parce que les femmes avaient plus de choses à gérer, la charge mentale n'était pas toujours partagée, n'était pas répartie de manière très équitable. Donc ça aussi c'est une question à laquelle il faudra être vigilant, une question à laquelle il faudra faire attention par la suite.
Exactement. Bon ben on a fait un petit bilan assez complet je pense sur les avantages et les inconvénients du télétravail. On aimerait bien savoir ce que vous en pensez. Est-ce que vous avez déjà fait du télétravail Est-ce que pour vous ça fonctionne bien Ou est-ce qu'au contraire, vous avez l'impression que vous ne pourriez pas travailler en télétravail Ça nous intéresse, donc dites-nous tout en commentaire. Et n'hésitez pas à vous répondre entre vous dans les commentaires, c'est aussi possible.
En français, bien sûr. Voilà, merci Ingrid et puis on se retrouve bientôt.
On se retrouve bientôt.
Ciao. Sous-titrage FR Sous-Titres
Podcast: InnerFrench
Episode: E119 Le télétravail va-t-il changer la société ?
Description: Avec l'arrivée des nouvelles technologies, de plus en plus de personnes se sont mises au télétravail. En France, comme dans beaucoup d'autres pays, c'est surtout la pandémie de covid qui a accéléré la tendance.
Dans ce nouvel épisode, Hugo et Ingrid partagent leurs expériences pour présenter les avantages et inconvénients du télétravail. C'est un sujet qu'ils connaissent bien puisque chez InnerFrench, le travail se fait 100 % à distance !
Ils discutent des conséquences de cette nouvelle façon de travailler pour les salariés, les entreprises, et enfin la socié...