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Épisode 137 Pourquoi les français boivent-ils de moins en moins d'alcool Salut à toutes et à tous, salut Ingrid

Salut Hugo, comment tu vas aujourd'hui

Ça va, ça va et toi Le week-end s'est bien passé

Ouais le week-end s'est bien passé, plutôt tranquille. Et toi, est-ce que t'as fait la fête ce week-end

je pense. Il me semble qu'on en avait déjà parlé, c'est une expression aussi que les profs de français aiment bien expliquer sur Youtube. Est-ce que tu peux dire ce que ça signifie, avoir la gueule de bois

Avoir la gueule de bois, c'est être malade, ne pas se sentir bien parce qu'on a bu trop d'alcool. Donc voilà, c'est une expression qui est assez imagée et comme tu dis, elle tombe bien aujourd'hui puisqu'on va parler de la consommation d'alcool des français. On s'est dit qu'aujourd'hui c'était une bonne journée pour parler de ce sujet puisque c'est la fin d'un phénomène qui s'appelle le « dry January » donc le janvier sec et comme le mois de janvier vient de se terminer, le dry january vient de se terminer, c'est à dire que c'est un défi pendant lequel on ne doit pas boire d'alcool pendant tout le mois de janvier.

Exactement, pas une goutte d'alcool et c'est une opération qui a été mise en place pour remédier aux excès du mois de décembre parce que c'est vrai qu'en décembre avec les fêtes de fin d'année on a tendance à faire quelques excès aussi bien au niveau de la nourriture que de notre consommation d'alcool. Donc en janvier, une nouvelle année commence, c'est l'occasion de prendre des bonnes résolutions, notamment celle d'essayer peut-être de réduire sa consommation d'alcool. C'est pour ça que cette opération a été mise en place. On va vous en reparler un peu plus tard mais globalement on va essayer de vous aider à comprendre pourquoi la consommation d'alcool des français baisse. Et c'est une tendance de fond d'ailleurs qu'on observe depuis une soixantaine d'années c'est ça

Oui c'est ça, il y a plusieurs statistiques qui montrent qu'en France en général la population a tendance à boire de moins en moins d'alcool chaque année, chaque génération, la consommation est moins élevée et donc on s'est dit que peu importe si les français ont vraiment participé au petit défi de janvier, dans tous les cas c'est un sujet qui est intéressant puisque c'est une tendance, une mode qui est plutôt globale et plutôt vérifiée qu'on boit de moins en moins d'alcool en France et il y a plusieurs raisons à ça, donc c'est le sujet de l'épisode d'aujourd'hui.

Alors on va revenir un peu sur les origines de cette opération du Dry January. On vous a dit qu'en français ça se traduit par janvier sec mais on a gardé l'expression anglaise. Je sais pas si c'est parce que c'est plus cool ou parce qu'on veut garder une certaine distance avec ça parce que c'est vrai que nous les français on est assez connu pour notre consommation d'alcool. Chez certains c'est aussi un signe, une source de fierté d'être capable de boire et d'autant plus que chez nous on se vante d'avoir un alcool de bonne qualité. Donc voilà tout ça pour dire que ça peut vous sembler bizarre mais en France dans les médias etc on parle du Dry January.

C'est quelque chose qui vient du Royaume-Uni, c'est ça Ingrid

Oui c'est ça, en fait c'est une opération qui existe depuis beaucoup plus longtemps au Royaume-Uni. Donc Une campagne, une marque déposée qui s'appelle Dry January et qui a été importée en France il n'y a pas si longtemps. En France, c'est un collectif d'associations qui participent et qui font de la publicité pour cette opération. C'est des associations diverses, par exemple de lutte contre des maladies ou de lutte de prévention pour la sécurité routière, des choses comme ça, qui essayent d'inciter les français à participer à cette opération à travers les réseaux sociaux, des affiches dans la rue, des publicités à la radio, etc. Apparemment, c'est assez suivi et c'est particulièrement suivi par les jeunes et donc avec ce nom Dry January, moi j'imagine qu'il y a un côté un peu, comme tu dis, cool mais aussi international quand on est sur les réseaux sociaux, on a tendance à ne pas traduire parce que ça permet de montrer qu'on fait la même chose que les voisins.

C'est vrai, même si pour nous les français c'est assez compliqué à prononcer quand même. Je

galère perso, c'est un peu compliqué.

C'est un peu compliqué. Et ça fait penser à une autre opération le mois sans tabac le mois sans tabac je sais plus à quel mois de l'année c'est

c'est au mois de novembre

peut-être qu'on y consacrerait un épisode en novembre mais l'objectif est un peu différent parce que le mois sans tabac c'est vraiment pour que les gens arrêtent de fumer de manière définitive pour les accompagner alors qu'officiellement Dry January c'est plutôt l'occasion de faire un point sur sa consommation d'alcool, de voir si on est capable de ne pas boire pendant 30 jours, d'observer les effets que ça peut avoir sur notre santé et peut-être de se rendre compte qu'on a un problème d'addiction avec l'alcool. Mais la promesse de cette campagne, c'est pas de dire vous allez complètement arrêter de boire de l'alcool à partir du mois de janvier c'est seulement quelque chose de temporaire pour faire le point et je sais que ça existe aussi d'ailleurs avec le véganisme depuis quelques années, le vegan rally ça s'appelle, c'est aussi l'occasion de faire le point sur sa consommation de viande et de produits d'origine animale et d'essayer de s'en passer, ah c'est une bonne expression, se passer de quelque chose, est-ce que tu peux expliquer ce que ça veut dire

Ça veut dire vivre sans cette chose, réussir à faire sa vie tout simplement en n'ayant pas cette chose dans son quotidien.

Exactement, se passer de café, se passer d'alcool, se passer de produits d'origine animale.

Moi je me rappelle que j'avais fait un mois, c'était pas lors d'une opération, mais j'avais fait un mois sans viande et ça avait duré deux ans et demi finalement, trois ans même je crois. Donc comme quoi ça peut fonctionner dans certains cas d'arrêter complètement une fois qu'on a fait un test et dans le cas de l'alcool je pense qu'en France on a une culture tellement portée sur l'alcool.

Être porté sur quelque chose ça signifie qu'on a un intérêt pour cette chose, c'est une chose qu'on fait régulièrement, donc on peut dire qu'une personne qui est portée sur l'alcool c'est une personne qui consomme beaucoup d'alcool. Et c'est vrai que ça fait vraiment partie de notre culture notamment parce qu'on est un grand producteur de vin et de champagne donc c'est quelque chose qu'on a toujours mis en avant. Mais malgré ça, l'opération du Dry January est de plus en plus populaire et cette année il y a un tiers des français qui ont déclaré vouloir y participer. Alors après, est-ce que tout le monde a réussi à passer tout le mois de janvier sans boire une goutte d'alcool C'est moins sûr, mais en tout cas, de plus en plus de Français déclarent avoir l'intention de participer à cette opération.

Ouais, en tout cas, c'est l'intention qui compte comme on dit et c'est vrai qu'il y a de plus en plus de Français qui sont intéressés par cette idée de réduire leur consommation. Pourtant, l'État n'est pas forcément très très d'accord avec ça. Et en faisant des recherches pour cet épisode, on a vu que la campagne du Dry January, même si elle est soutenue par beaucoup d'associations, en fait, elle n'a pas été soutenue par l'agence de santé publique de France. Normalement, il y avait eu des discussions, l'état français était censé soutenir l'opération, par exemple en donnant de l'argent, etc. Il devait s'occuper de piloter, de faire en sorte de faire la coordination de l'opération et finalement ça a été abandonné.

On ne sait pas exactement pourquoi mais il y a des grandes chances que ce soit à cause des lobbys de l'alcool qui sont très puissants quand même en France, notamment les lobbys du vin, mais pas que, parce qu'il y a d'autres alcools qui sont produits en France, qui sont des alcools bien français et bien vendus en France. Je pense par exemple aux pastis de l'entreprise Ricard. Et donc, même si en France, on a quand même pas mal de campagnes qui sont en prévention pour éviter les excès d'alcool, l'état ne soutient pas vraiment l'idée d'arrêter complètement et je pense qu'avec cette opération, il y a le risque de quand on arrête l'alcool pendant un mois entier, éventuellement d'avoir de plus en plus de personnes qui se disent que finalement, être sobre, c'est pas si mal et ça c'est pas très bon pour le business.

Oui c'est vrai que l'état français a un peu le cul entre deux chaises. Tu sais que j'aime bien cette expression avoir le cul entre deux chaises. Vous entendez qu'il y a le mot cul donc c'est une expression plutôt familière. Je vous déconseille de l'utiliser pendant un entretien d'embauche mais je pense que l'image est assez parlante, ça veut dire qu'on a un dilemme, on est entre deux positions qui sont un peu contradictoires, on se trouve peut-être dans un conflit d'intérêts. D'un côté l'état français veut faire de la prévention pour améliorer la santé publique parce que ça coûte aussi de l'argent dans les hôpitaux etc.

Ça coûte de l'argent à l'état donc on essaye de faire de la prévention mais de l'autre il y a les lobbys de l'alcool qui font pression pour pouvoir continuer à vendre leurs produits. Ce qui fait que comme tu l'as dit Ingrid, l'état a plutôt des recommandations pour mieux encadrer la consommation d'alcool et pour la limiter mais pas pour arrêter complètement. D'ailleurs ça me fait penser à un chiffre qui m'a vraiment choqué en préparant cet épisode. Je pense que c'est ça, mais que 58% de l'alcool consommé est consommé par 10% des Français. Donc, c'est toutes les personnes qui ont vraiment un problème d'alcoolisme et qui ont une consommation assez démesurée et forcément ces personnes-là si pendant un mois elles arrêtent complètement de boire de l'alcool elles vont peut-être réussir à se sevrer.

Se sevrer c'est quand on a une addiction que ce soit au niveau des drogues, de l'alcool etc. Et qu'on arrive à se débarrasser de cette addiction.

Oui c'est quand on arrête de consommer quelque chose. Ça fonctionne aussi pour les bébés qui sont sevrés quand ils arrêtent le lait maternel. Mais donc c'est en général on est sevré quand le corps n'a plus besoin de consommer quelque chose qui, avant, était nécessaire.

Sachant qu'une grande partie de l'alcool vendu est le fait d'un petit nombre de français finalement, mais qui consomment de grandes quantités, c'est sûr qu'une opération comme le Dry January, ça pourrait faire baisser significativement les ventes d'alcool à long terme.

Oui, l'état préfère avoir des campagnes dans lesquelles il va plutôt promouvoir des consommations d'alcool responsables. Donc par exemple, il va nous dire quelle est la quantité d'alcool qu'on peut consommer pour ne pas être en état d'alcoolémie, quelle est la quantité d'alcool qu'on peut consommer pour être en bonne santé.

Ce qui est recommandé par l'état français, c'est maximum 10 verres par semaine, c'est ça

C'est ça, avec maximum 2 verres par jour, à savoir que quand on dit 2 verres c'est 2 verres qui représentent une certaine quantité d'alcool, donc le verre de vin de 12,5cl, le demi de bière, donc c'est 25cl, en France on dit un demi quand c'est 25cl, une pinte quand c'est 50cl et ça, la pinte, ça compte pour deux verres et puis pour l'alcool fort c'est une quantité d'un verre classique par exemple un cocktail, un verre de whisky etc. Mais aussi avec des jours dans la semaine de pause. Moi il me semble qu'on m'avait dit que c'était un jour sur deux. Donc ce qui revient à dire au moins trois jours de pause dans la semaine. Donc voilà.

Et même au niveau de la sécurité routière, on a du mal vraiment avec le zéro alcool. Je sais pas si c'est toujours le cas mais il me semble qu'en France on a toujours le droit à 0,5 grammes.

0,5 Mais il me semble, alors quand j'ai passé mon permis il y a déjà quelques temps c'était ça, c'était 0,5 grammes dans le 100, c'est ok pour conduire et moi je sais que ça m'a rendu complètement paranoïaque, je voulais pas du tout boire avant de conduire mais parfois on me disait mais si t'as le droit à deux verres et du coup je me retrouvais sur une application du gouvernement à calculer, ok mais j'ai bu un verre de vin à telle heure et puis après j'ai bu une pinte donc normalement c'est trop, alors il faut que j'attende combien de temps, etc. Bon C'est la preuve quand même que chez certaines personnes, pas tout le monde, au moins la prévention ça fonctionne. Et en parlant de prévention sur la sécurité routière, je pense que notre génération, on a été marqué par quelqu'un en particulier. Hugo, est-ce que tu te rappelles de Sam

Oui bien sûr, Sam, celui qui conduit, c'est celui qui ne boit pas. Ça c'était un slogan de la sécurité routière et c'était pour inciter les jeunes à toujours avoir une personne qui ne boit pas pour pouvoir les ramener de soirée et cette personne elle avait le prénom de Sam donc on demandait à c'est qui Sam ce soir est-ce que c'est toi Sam c'est toujours moi Sam j'en ai marre j'ai envie de boire etc...

C'était toi Sam du coup toi Hugo non

Assez rarement même quand j'ai eu le permis, non parce que oui c'est vrai que j'avais des amis plus âgés donc ils avaient le permis avant moi, du coup j'avais une bonne excuse et ensuite j'ai pas eu ma propre voiture avant un certain temps, donc c'était rarement moi Sam. Mais ce que je voulais dire aussi, c'est qu'il y a beaucoup de pays qui ont décidé d'avoir une tolérance zéro et c'est beaucoup plus clair en fait de dire bon ben voilà on n'a pas le droit du tout de boire de l'alcool avant de prendre le volant. Et nous en France, non, on a décidé quand même, encore une fois sûrement du fait de la pression des lobbys de l'alcool, de tolérer une petite quantité d'alcool au volant, ce qui en fait rend les choses beaucoup plus complexes, comme tu l'as dit, on est obligé d'être sur une application à calculer, etc. Au lieu de se dire « bon ben voilà, je conduis, je ne bois pas du tout, c'est clair ».

Mais la bonne nouvelle, c'est que de toute façon, les campagnes fonctionnent, ou en tout cas que la mode fonctionne, et globalement, on a de moins en moins de consommation d'alcool en France et ce sera notre prochaine partie.

Comme on l'a dit les français sont connus pour être de gros buveurs mais ce qu'il faut savoir c'est que depuis une soixantaine d'années, la consommation a baissé drastiquement puisqu'elle a été divisée par plus de deux. Il faut savoir que dans les années 60, un français buvait en moyenne 200 litres d'alcool par an, ce qui est vraiment pas mal. On avait une bonne descente. Alors, une autre expression. On va avoir pas mal d'expressions, je pense, dans cet épisode parce qu'on a énormément d'expressions autour de l'alcool.

Avoir une bonne descente, tu peux expliquer ce que ça veut dire Ingrid

Avoir une bonne descente, ça veut dire être capable de boire beaucoup d'alcool en général. Celui qui a une bonne descente, c'est celui qui, par exemple, a déjà fini son verre quand tout le monde a à peine commencé, celui qui finit deux bouteilles quand on en est à deux verres, donc voilà. C'est quelqu'un qui lève beaucoup le coude. Autre expression.

J'y pensais, ouais. Lever le coude, donc ça, le coude c'est cette articulation au niveau du bras, entre le bras et l'avant-bras. C'est comme le genou pour les jambes mais c'est pour les bras, le coude. Quelqu'un qui lève le coude, ça veut dire, il fait ce geste de lever le coude pour boire son verre et on a d'autres expressions d'ailleurs avec ça on dit aussi lever le pied qui a un sens complètement différent tu peux expliquer ce que ça veut dire lever le pied

Ben c'est le contraire même si c'est pas lié à l'alcool nécessairement mais en général quand on lève le pied ça veut dire qu'on ralentit c'est l'image de la voiture parce que ça veut dire lever le pied de l'accélérateur donc on a pas mal d'expressions qui sont assez imagées avec des parties du corps, avec des mouvements qu'on fait et par rapport à l'alcool, c'est une expression que j'aime bien, moi, lever le coude, ça fait très vieille France.

C'est vrai, en école de commerce, on utilisait souvent cette expression parce que c'est vrai qu'on est un peu vieille France aussi de temps en temps et l'alcool c'est un sujet central pendant les études supérieures en France donc voilà on parlait beaucoup du lever de coude et c'est vrai que maintenant les français lèvent moins le coude qu'il y a 60 ans puisqu'ils ne boivent plus que, autrement dit seulement, 80 litres par an et par personne.

Et d'ailleurs même au niveau du vin, si on regarde seulement le vin qui est quand même, je pense, l'alcool le plus consommé et en tout cas le plus marquant de la culture française. Il y a une quarantaine d'années, la majorité des Français buvaient du vin tous les jours alors que maintenant c'est seulement 15% des français qui déclarent boire du vin quotidiennement. On est vraiment sur une baisse complète, une baisse significative de cette consommation. Avant, on peut dire que les gens buvaient leur petit verre de vin le midi, le soir, c'était comme de l'eau sur la table alors que maintenant ça a quand même assez disparu je sais pas ce que tu en penses

Oui c'est vrai qu'on le voit moins et même au travail je pense qu'avant quand il... Bon quand il y a des déjeuners d'équipe, que c'est quelque chose d'un peu festif, par exemple quand on a réussi un projet ou quelque chose comme ça, il n'est pas rare encore d'avoir du vin le midi, mais c'est vrai que sinon, surtout parmi notre génération je pense, pour le déjeuner, voilà, on boit de l'eau en général et pas forcément de l'alcool. Mais ce qui est intéressant aussi c'est que depuis 2010, cette baisse a fortement ralenti. Donc on est un peu arrivé à un niveau maintenant, j'ai l'impression, c'est assez difficile de descendre en dessous de ce seuil de consommation, notamment parce qu'il y a, comme je l'ai dit un peu au début, toutes ces personnes qui sont alcooliques et pour lesquelles c'est quasiment impossible de réduire leur consommation. Et là, c'est un peu comme si on était arrivé au niveau des irréductibles, comme ces irréductibles gaulois.

De boire et ça c'est quelque chose qui a priori n'est pas près de disparaître par exemple comme les fêtes de fin d'année.

Oui après il faudra voir comment ça évolue peut-être dans les années, dans les prochaines années quand il y aura des nouvelles générations qui vont apparaître et d'autres qui vont disparaître parce que par exemple quand on parle du verre de vin au quotidien, moi je pense à mon grand-père, peu importe qu'il est, il a quel âge Il a presque 100 ans et puis il continue à boire son vin tous les jours sur la table comme si c'était de l'eau. Et donc voilà, maintenant on a une stagnation parce qu'on a toujours cette population qui continue ses habitudes et on aura toujours un problème d'alcoolisme puisque c'est une maladie quand même qui est assez universelle, mais voilà, il y a une question de génération à voir comment ça évolue.

Et c'est vrai que cette diminution de la consommation d'alcool, elle est plus prononcée chez les jeunes, elle vient principalement des jeunes, et d'ailleurs, c'est pas du tout la même consommation, puisque parmi les personnes plus âgées, on a davantage une consommation quotidienne d'alcool mais en plus petite quantité alors que pour les jeunes on parle d'une alcoolisation ponctuelle importante API autrement dit c'est se mettre une cuite ou se prendre une cuite encore une expression se prendre une cuite ça veut dire boire beaucoup d'alcool d'un seul coup, en général parce qu'on fait la fête avec ses amis. Et c'est vrai que les jeunes, c'est plutôt de cette façon qu'ils consomment de l'alcool.

Ouais, c'est vrai. La première cuite, en moyenne, elle a lieu à partir de 15 ans alors que l'alcool, on rappelle, est légal seulement à partir de 18 ans et à 17 ans, plus de 8 adolescents sur 10 ont déjà bu de l'alcool. Mais ce qui est intéressant avec ce chiffre, c'est qu'il ne fait que de baisser. Il y a 20 ans, seuls 4,4% des jeunes de 17 ans n'avaient jamais bu d'alcool. Alors que maintenant, comme je disais, si 8 sur 10 en ont déjà bu, ça veut dire qu'il y en a 20% qui n'en ont pas bu et c'est vraiment pas mal.

Franchement, ça fait de plus en plus de jeunes adolescents qui ne sont pas intéressés, qui n'ont pas déjà goûté entre copains, qui n'ont pas pris le petit verre en famille et qui ne se sont pas bourrés la gueule. Bourrer la gueule, c'est la même chose que se prendre une cuite, c'est boire en excès jusqu'à vomir, etc. Et ça, c'est vrai qu'apparemment, c'est moins à la mode chez les jeunes, c'est plutôt bien parce qu'à notre époque c'était quand même cool de boire quand on était adolescents.

Oui c'est vrai, la première cuite c'était le rythme de passage, c'était une espèce de défi qui nous permettait ou en tout cas qui nous donnait l'impression de devenir un adulte. Ça y est, on se prend sa première cuite, ça veut dire qu'on passe à l'âge adulte, un peu comme le bac, cet examen à la fin du lycée, c'est aussi un rite de passage. Moi je sais que c'était vraiment quelque chose, voilà, tous mes amis le faisaient, moi je l'ai fait comme tout le monde, j'ai pas fait exception à la règle, et évidemment à l'époque je le voyais pas de manière aussi objective, je me disais pas « ah voilà c'est mon rythme de passage, je dois me mettre une cuite », etc. C'est arrivé de manière assez naturelle, en vacances, quand je sais plus si j'avais 14 ou 15 ans mais c'était aussi dans ces eaux voilà on avait rencontré des gens un peu plus âgés on avait découvert les cocktails rhum orange et j'étais rentré chez moi très tard et tout vert et je sais que d'ailleurs ma mère ne m'avait même pas sermonné, voilà c'était quelque chose. Bon évidemment elle n'était pas ravie mais elle savait que ça faisait partie des rites de passage des adolescents.

Toi tu te souviens de ta première cuite

Ouais ouais ouais je m'en souviens. Alors je pense que c'était en vacances sur la plage, ça devait être de la manzana ou un alcool comme ça, on avait des alcools

les jeunes,

bien sucrés, bien dégueux,

bien chimiques,

maintenant, ouais c'est ça, et par contre j'ai la chance d'avoir une grande soeur, donc c'est ma grande soeur qui m'a ramené à la maison, qui m'a mis sous la douche et qui s'est occupé de moi. Je ne sais même pas si mes parents étaient au courant. À mon avis, s'ils s'en étaient rendu compte, ils n'auraient rien dit non plus. Ils auraient dit « oh bah dis donc ». Ils le savent les parents.

Puis après, à partir du moment ils font attention à toi, je pense qu'ils savent que ça va pas forcément se répéter. Pour ma part, c'était une fois je savais pas, j'ai pas compris que même si c'était très sucré en fait, ça montait très vite à la tête et que ça faisait mal au ventre et après une fois que j'ai compris ça je me suis calmée pendant vraiment jusqu'à devenir étudiante après c'est avec les études que la consommation est redevenue plus importante et c'était vraiment le vin. Je ne sais pas si toi aussi, les années d'études en France, on se fait des bouteilles de vin vraiment pas chères.

Oui, il y avait ça et moi il y avait beaucoup la bière en école de commerce alors en prépa pendant deux ans comme on faisait que travailler on avait à peu près deux fêtes par an effectivement on buvait beaucoup mais le reste de l'année on avait tellement de choses à apprendre et d'examens. Ah bah

les prépas littéraires je peux te dire que ça boit du vin, même avec les examens.

Non, nous c'était... En plus j'étais en internat donc bon c'était pas possible. Du coup j'avais une consommation très raisonnable mais après on savait aussi qu'une fois en école de commerce on allait pouvoir se lâcher, faire des excès et nous dans notre école et c'est le cas dans beaucoup d'écoles de commerce il y avait un bar qui était tenu par des étudiants qui servaient de la bière donc très souvent même parfois entre les cours il y avait des personnes qui descendait boire une bière pendant la journée et on avait aussi ce qui a été interdit depuis mais on avait les soirées open bar donc on payait je sais plus c'était ridicule l'équivalent de 5 ou 10 euros et ensuite on pouvait boire de manière illimitée toute la soirée dans des bars encore une fois tenus par les étudiants et voilà ces soirées c'était vraiment du grand n'importe quoi mais il me semble que ça a été interdit depuis parce que comme vous pouvez l'imaginer ça donnait des choses qui n'étaient pas toujours top pour l'image et la réputation de l'école.

Oui j'ai entendu beaucoup de choses assez négatives sur les écoles de commerce donc en tant que personne extérieure je peux confirmer que c'était pas très bon pour l'image. Donc heureusement, ça a été interdit et tout ce qu'on dit de manière générale sur notre expérience, comme vous le savez, c'est une expérience de millenial, donc de génération Y. Nous, on est au début des années 90 donc ce qu'on dit en fait c'est plus d'actualité. La génération Z, la génération suivante, ceux qui sont actuellement au début d'études je pense à peu près, ils n'ont pas du tout ces mêmes habitudes. Pour eux apparemment c'est beaucoup moins cool de boire.

Donc comme on le disait pour les adolescents, ils prennent leur première cuite plus tard ou alors ils ne touchent pas d'alcool mais aussi les étudiants apparemment maintenant pour la génération Z c'est beaucoup plus normal d'aller aux fêtes étudiants sans boire, il n'y a pas cette pression de dire mais pourquoi tu bois pas, c'est pas normal etc. Moi je sais que j'ai quelques personnes autour de moi qui ont 10 ans de moins et c'est vrai qu'elles ne boivent pas d'alcool, qu'on a l'air d'être des vieux pas cools quand on lève un peu trop le coude par exemple dans les fêtes de famille et qui disent qu'avec leurs copains, copines, ils font la fête, enfin ils font des soirées un peu plus tranquilles ils discutent de manière différente et ils ne se bourrent pas la gueule, pour reprendre encore cette expression, pour qu'elle rentre dans votre tête cette expression.

C'est vrai, c'est ce que, à nous, à notre époque, les médias, quand ils parlaient de ce problème d'alcool chez les jeunes, ils mentionnaient toujours le « binge drinking », encore une fois, comme si c'était quelque chose qui avait été inventé par les américains ou les anglais. Et maintenant, chez la génération Z, on parle plutôt de la tendance « straight edge » pour les jeunes qui décident de ne pas consommer une goutte d'alcool, de ne pas toucher aux drogues, etc. Et j'ai l'impression que ça c'est quelque chose qui est considéré comme assez cool par une partie de cette génération alors qu'à notre époque quelqu'un qui ne buvait jamais d'alcool c'était vraiment une personne qu'on invitait pas en soirée en général.

Mais alors pourquoi Pourquoi est-ce que c'est de plus en plus à la mode de ne pas boire d'alcool, c'est ce qu'on va voir dans la prochaine partie.

Pays. Depuis une quinzaine d'années, il y a cette préoccupation pour le bien-être physique et mental qui est omniprésente sur les réseaux sociaux. Peut-être pas une quinzaine d'années du coup, mais une dizaine d'années. Ce qu'on appelle aussi le « healthy lifestyle », le mode de vie « healthy ». aussi, on a gardé le terme anglais, je sais pas pourquoi, ça va être un épisode bourré d'anglicismes.

Mais pour les jeunes c'est à la mode de faire attention à sa santé. Ça passe à la fois par le sport, par son alimentation, donc on met en avant le fait d'avoir une diète saine, de manger des choses de qualité, sans excès, et puis aussi tout ce qui concerne les routines beauté qui sont très populaires sur Youtube, TikTok, comment prendre soin de ses cheveux, de sa peau, etc. Il y a vraiment cette exigence d'être au top dans tous les domaines et ça c'est difficilement compatible avec une consommation d'alcool quotidienne.

Oui c'est sûr, c'est sûr, le sport, la diète, avoir une belle peau etc tout ça si on boit de l'alcool déjà on perd beaucoup de points et puis au delà de la préoccupation pour le bien-être physique, il y a aussi une tendance à préserver plus sa santé mentale. C'est vrai que chez les générations les plus jeunes, il y a beaucoup plus de prévention au niveau de tout ce qui est psychologique, connaissance de soi, les nouvelles générations vont beaucoup plus en thérapie par exemple et recherchent des relations saines. Si on regarde les réseaux sociaux, ce que de la génération Z, mais aussi les milléniales, on a tendance à voir beaucoup de choses sur comment avoir des relations qui sont moins « toxiques », comment réussir à se reconnecter à soi-même, des incitations à aller voir un ou une psychologue, etc. Et donc c'est vrai que ça aussi, ça ne va pas trop de pair avec une consommation d'alcool qui souvent est utilisée au contraire pour oublier, pour se déconnecter, pour avoir des relations assez superficielles. Et c'est vrai que même au niveau du dating, il me semble qu'il y a des chiffres qui montrent qu'il y a beaucoup moins de consommation d'alcool associée aux dates Tinder, etc.

Oui, effectivement, ça va en fait avec cette idée de contrôle. On va être capable de tout contrôler au niveau de notre santé, au niveau de notre travail pour rester productif. Et ça passe effectivement aussi par les rencontres déjà, avant de rencontrer la personne, on la scanne sur une application de rencontre ou voilà on essaye de filtrer avant de s'engager ne serait-ce que pour boire un verre et quand on a notre fameux date et bien maintenant c'est plus courant de ne pas boire d'alcool pour voir si vraiment on s'entend bien avec cette personne et pas simplement si on s'entend bien grâce à l'alcool en fait, voir si on a des atomes crochus, encore une expression, avoir des atomes crochus avec quelqu'un, ça veut dire que vous vous entendez bien avec cette personne, il y a une bonne alchimie, avoir des atomes crochus. Donc on essaye d'exclure le facteur alcool de cette première rencontre pour voir vraiment comment on s'entend avec cette personne.

Et en parlant de relations un peu plus saines avec une alchimie, avec une connexion et avec des conversations beaucoup plus réelles et profondes. Il y a une tendance qui renforce aussi ça, c'est la tendance qui a lieu depuis le Covid en fait, depuis les confinements, à être casanier. C'est la tendance du cocooning on peut dire, la tendance à être dans son cocon. Alors cocooning c'est aussi un anglicisme, je précise que c'est pas nouveau, le cocooning ça fait 20 ans je pense que le mot existe en français, mais par contre il est beaucoup plus à la mode de plus en plus et chez les plus jeunes. Avant le co-couning c'était un peu un truc qu'on aimait faire en hiver au moment de Noël ou qu'on aimait faire à partir de 30 ans alors que maintenant même à 20 ans en fait les personnes aiment bien être chez soi, se retrouver seulement à deux ou trois personnes autour d'une tasse de thé pour discuter, pour jouer à un jeu de société, pour voir un film, etc.

Et ça, c'est quelque chose dont on a eu l'apprentissage avec le Covid. On a été forcé de le faire et finalement, beaucoup de personnes se sont rendu compte que ça pouvait être sympa. Voir certaines personnes n'ont connu que ça. Il y a des jeunes qui ont commencé toute leur relation sociale sur ce mode assez casanier. Casanier, je sais pas si c'est un mot simple ou on peut peut-être l'expliquer.

Être casanier, ça veut dire qu'on préfère rester chez soi, qu'on n'aime pas trop sortir, aller dans les bars, rencontrer de nouvelles personnes, on se sent mieux quand on reste chez soi, être casanier. Je ne sais pas d'ailleurs d'où ça vient mais bon ça fait penser au mot casa en espagnol.

Et du coup, bon il y a d'autres raisons mais ça je pense qu'on peut s'arrêter c'est les raisons principales les raisons qui sont un peu tendance qui sont liées aux réseaux sociaux qui sont internationales après il y a d'autres raisons qui sont un peu plus sérieuses économiques socio-économiques etc etc

j'aime bien ce genre d'explications donc je vais les mentionner mais rapidement, on ne va pas rentrer dans les détails. Mais les experts parlent aussi de l'évolution de la structure familiale. Il y a de plus en plus de familles monoparentales en France à cause des divorces. Et en général, dans les familles monoparentales, la consommation d'alcool est plus faible. C'est vrai qu'une mère seule avec ses enfants par exemple, parce que normalement consommer de l'alcool c'est souvent quelque chose qu'on fait à plusieurs notamment quand on est un couple, on ouvre une petite bouteille de vin, on boit un verre mais ouvrir une bouteille de vin seulement pour soi, bon c'est peut-être pas aussi sympa.

Donc dans les familles monoparentales, la consommation d'alcool est plus faible. Il y a des raisons économiques aussi, vous avez sûrement entendu parler de l'inflation qui sévit depuis plus d'un an, ça a beaucoup réduit le pouvoir d'achat des français donc ils font plus attention à ce qu'ils achètent et c'est vrai que l'alcool c'est assez cher, ça peut vite représenter une part importante du budget et puis il y a l'apparition de nombreuses drogues alternatives. Bon, le cannabis c'est pas vraiment quelque chose de nouveau, mais c'est vrai que même si les jeunes boivent moins d'alcool, par contre ils fument plus de cannabis et il y a d'autres drogues qui sont apparues plus récemment, en particulier les opioïdes qui ne sont pas forcément des drogues à la base mais plutôt des médicaments mais aussi on a importé cette mode des Etats-Unis et il y a une part significative des jeunes qui maintenant sont devenus accros aux opioïdes, aux antidépresseurs, etc. Et qui les utilisent un peu de la même manière que notre génération utilisait l'alcool. Je me sens un peu vieux en disant ça mais c'est vrai qu'on observe une différence entre les millenials et la gen z, la génération z.

Bon et puisque tu as voulu rajouter tes dernières explications Je termine avec une dernière l'explication féministe qui est aussi le fait qu'il y a eu une baisse de la consommation d'alcool après les mouvements MeToo, puisqu'il y a eu une prise de conscience du fait que pour les femmes, les soirées alcoolisées pouvaient être un facteur il y avait plus d'agressions et la société avait tendance à les rendre coupables alors qu'elles étaient victimes et donc même si dans une société idéale, on n'aurait pas besoin de ne pas boire pour ne pas être accusé de l'avoir bien cherché. On s'est rendu compte que la société est toujours patriarcale et que donc si on veut se protéger, il vaut mieux qu'on évite de trop boire d'alcool et qu'on privilégie d'autres types de relations et de soirées.

Pour conclure cet épisode, retenez simplement que même en France, Terre du vin et des bons vivants ont boit de moins en moins d'alcool depuis une soixantaine d'années, même

c'est une tendance qui est plutôt internationale, en tout cas dans les pays occidentaux on observe cette baisse de manière assez globale, Donc voilà c'est un phénomène que vous avez peut-être observé, vous allez peut-être vous reconnaître ou reconnaître vos enfants, petits-enfants dans ce qu'on raconte. Alors n'hésitez pas à nous partager vos impressions en commentaire et nous on vous dit à dans deux semaines pour un prochain épisode

à bientôt ciao

Podcast: InnerFrench
Episode: E137 Pourquoi les Français boivent-ils de moins en moins d'alcool ?