J'imagine que c'est peut-être votre cas aussi, surtout si vous ne vivez pas en Europe. Oui, parce que les Roms, c'est une communauté qui est principalement présente en Europe. On estime qu'ils sont entre dix et douze millions, ce qui fait d'eux la plus grande minorité du continent. D'ailleurs, je suis sûr qu'il y a des Roms parmi les auditeurs du podcast, donc j'en profite pour vous saluer. Malheureusement, depuis une quinzaine d'années, les Roms ont mauvaise presse en France.
À la télévision et sur internet, il y a régulièrement des reportages dans lesquels on voit des familles extrêmement pauvres qui vivent dans des caravanes près des grandes villes. Parfois, ils montrent des opérations de police où les forces de l'ordre détruisent un campement de Rome. Et puis, il y a aussi des reportages en caméra cachée sur des enfants Rome qui sont forcés de faire la manche ou de voler. Faire la manche, ça signifie mendier, demander de l'argent à des inconnus. Mais là où mon père habite depuis quelques années dans un petit village à la campagne, j'ai rencontré des Roms totalement différents de ceux qu'on voit dans les reportages.
On les croisait en allant déjeuner au restaurant du village et en écoutant mon père discuter avec eux, j'ai appris qu'ils vivaient là depuis plusieurs générations, qu'ils étaient propriétaires de leur maison et qu'ils avaient créé une entreprise de BTP qui marchait très bien. BTP, ça signifie Bâtiment et Travaux Publics, autrement dit une entreprise de construction. Donc j'avais du mal à trouver les points communs entre les Roms que je voyais dans les médias et ceux du village de mon père. C'est d'autant plus compliqué qu'il existe plein de noms pour désigner cette communauté. Rome, Tzigane, Manouche, Sinete, Gitan, Bohémien, il y en a tellement que c'est difficile d'y voir clair, de savoir s'ils sont synonymes ou pas, lesquels sont corrects ou péjoratifs.
Par exemple, je me souviens qu'à l'école, le mot gitans était utilisé comme une insulte. Bref, comme beaucoup de mes compatriotes, j'avais des préjugés sur les Roms. Donc, pour éviter de dire des bêtises dans cet épisode, j'ai préféré faire appel à quelqu'un qui connaît le sujet de près, Léonard Vélicu. En plus d'être Rome, Léonard est le fondateur d'une association qui vient en aide aux populations Rome de Bordeaux, l'association Eurome. Il a répondu avec patience et bienveillance aux questions que je me posais.
Donc, je vais insérer des extraits de notre conversation au long de l'épisode pour vous aider à mieux comprendre qui sont les Roms et les difficultés qu'ils rencontrent en France. Quand j'ai discuté avec Léonard, on a surtout parlé de la situation actuelle des Roms en France. On n'a pas eu le temps d'évoquer leur histoire et leur culture, mais je pense que c'est important d'avoir quelques références, quelques éléments de contexte. Bon, c'est assez périlleux, assez risqué d'essayer de résumer des siècles d'histoire en dix minutes. D'ailleurs, c'est aussi à cause de ça que je publie cet épisode en retard.
Je me suis un peu perdu dans mes recherches. Donc comme d'habitude, si ça vous intéresse et que vous voulez approfondir le sujet, je mettrai des liens d'articles et de vidéos sur la page de l'épisode. La première chose essentielle à comprendre, c'est que les Roms ne sont pas unis par une nationalité, mais par une ethnie. Autrement dit, ils partagent une culture, une langue et des traditions qui se transmettent de génération en génération. Leur langue s'appelle le romanier ou le romanes et c'est en l'étudiant que les linguistes ont découvert l'origine des Roms.
Selon cette théorie, les Roms viendraient du nord de l'Inde, région qu'ils auraient quittée vers la fin du premier millénaire après Jésus-Christ. Ils ont migré vers l'ouest, d'abord dans les États grecs de l'empire byzantin. Puis une partie d'entre eux sont arrivés en Europe au Moyen Âge. Mais bien sûr, les Roms d'aujourd'hui n'ont plus grand-chose à voir avec leurs ancêtres indiens. C'est pareil pour nous les Français, on n'a plus beaucoup de points communs avec nos ancêtres gaulois.
D'ailleurs, la culture Rome est plus liée origine indienne des Roms, c'est souvent un moyen d'insister sur leur supposée différence, d'expliquer qu'ils ne sont pas comme les autres Européens. Mais en réalité, l'Europe entière est fondée sur des migrations semblables. Si on était capable de retrouver nos ancêtres d'il y a un millénaire, je pense qu'on serait tous très surpris en les voyant. Et pas seulement à cause de leurs vêtements. Et puis, rappelons-le, les Roms sont arrivés en Europe dès le Moyen Âge.
Ça signifie qu'ils étaient là bien avant la naissance des nations modernes. Et contrairement à ce qu'on entend souvent, les Roms se sont intégrées aux populations locales dès leur arrivée. Ils ont appris leur langue, ils se sont convertis au christianisme en même temps que l'ensemble des Européens. Autrement dit, ils étaient catholiques dans les pays catholiques comme l'Espagne ou la France et orthodoxe dans les pays orthodoxes comme la Roumanie. Résultat, la communauté Rome européenne s'est divisée en plusieurs sous-communautés.
Donc, dès la fin du Moyen Âge, les Roms d'Espagne étaient devenues relativement différents de ceux installés en Roumanie. Ils n'avaient plus la même religion et ne parlaient plus exactement le même Roumanie. Ils avaient développé différents dialectes, influencés en partie par la langue locale. D'ailleurs, on ne les traitait pas de la même manière et on ne leur donnait pas le même nom d'un pays à l'autre. En Espagne, on les appelait ritanos, en France Manouche, en Grande-Bretagne, Jeepse ou Romain Michel, En Allemagne, Cinte.
Et on utilisait aussi le mot tzigane ou bohémien un peu partout. Mais malgré cette différence et la distance qui la séparait, les Roms n'ont jamais renoncé à leur langue et leurs traditions. Et ça, quand on y pense, c'est vraiment remarquable. Les Roms ont réussi à maintenir une culture commune pendant des siècles sans avoir de pays ni d'institutions. Malheureusement, cette unicité les a longtemps condamnés à être perçus comme des étrangers, donc par définition des suspects.
Partout où les Roms sont allés, ils ont nourri les peurs et les superstitions. On les a accusés d'être des païens, des espions, des voleurs, des arnaqueurs. Et comme les Roms n'avaient ni armée ni institution religieuse pour se défendre, ils étaient les boucs émissaires idéal. On pouvait les condamner pour n'importe quel crime en toute impunité. Ces persécutions ont pris différentes formes selon les pays et les époques.
En Roumanie, les Roms ont été réduits en esclavage jusqu'au milieu du dix-neuvième siècle. En France, Louis quatorze les a condamnés à des travaux forcés et partout en Europe, ils ont été discriminés, emprisonnés ou chassés, ce qui a conduit certains d'entre eux à émigrer aux États-Unis ou en Australie à la recherche d'une vie meilleure. Mais c'est au vingtième siècle que les Roms ont connu l'événement le plus tragique de leur histoire. Entre mille-neuf-cent-trente-cinq et mille-neuf-cent-quarante-cinq, cinq-cent-mille hommes ont été exterminés dans les camps de concentration nazis. Après ces siècles de haine qui se sont conclus par un génocide, les Roms ont décidé de créer un mouvement politique international pour défendre leur communauté.
Le comité international Tzigane s'est réuni pour la première fois en mille-neuf-cent-soixante-et-onze à Londres, mais il a fallu attendre encore onze ans jusqu'en mille-neuf-cent-quatre-vingt-deux pour que l'Allemagne fédérale reconnaisse officiellement le génocide des Roms. Et malheureusement, aujourd'hui, quarante ans plus tard, les Roms continuent d'être victimes de discrimination en Europe. Maintenant qu'on a cette perspective historique, on va s'intéresser à la situation actuelle des Roms. Comme je vous l'ai dit plus tôt, on estime qu'il y a entre dix et douze millions de Roms en Europe, ce qui en fait la première minorité ethnique du continent. Mais il faut bien comprendre que leur situation d'un pays à l'autre est très différente.
Les communautés Rome qui vivent en Europe de l'Ouest sont généralement plutôt bien intégrées, comme les Ritanos en Espagne et les Manouches en France. Les Roms sont des membres de la société à part entière. Mais malheureusement, ça ne veut pas dire que les Mais en Espagne, les études ont montré que les Roms sont souvent plus pauvres que le reste de la population. Cependant, c'est en Europe centrale et orientale que les Roms sont les plus nombreux, notamment en Roumanie et en Bulgarie. Il y a environ deux millions de Roms en Roumanie.
D'ailleurs, ça donne lieu à une confusion. Je ne sais pas si c'est pareil dans les autres pays européens, mais en France, on confond souvent les Roms et les Roumains. Donc j'ai demandé à Léonard de clarifier ça.
Différence entre Oumar et Rome, c'est en fait le Oumar, c'est le pays, la Roumanie et le Rome c'est le la traduction de mots. Rome ça veut dire homme et dans la langue de romanesque mais en 1971 quand il y a eu cette traité à Bruxelles pour la journée de huit avril la Roumanie a préféré changer de motillans qui était un peu raciste tu vois beaucoup ils ont dit ben on va plus dire leur dire on va leur dire ce qui fait qu'il y a toujours cet amalgame entre le Rome et le roumain.
Donc vous voyez, il ne faut pas confondre Rome et roumain. Certains Roms sont roumains parce qu'ils habitent en Roumanie, mais tous les Roumains ne sont pas Rome. D'ailleurs, selon les statistiques, seuls neuf pour cent des Roumains sont Roms. Si on fait cet amalgame, c'est évidemment à cause de la ressemblance phonétique de ces deux noms, mais aussi à cause de la vague migratoire qui a commencé avec l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'Union européenne en deux-mille-sept. Quand ces deux pays ont rejoint l'Union européenne, beaucoup de leurs habitants ont décidé d'émigrer en Europe de l'Ouest.
Ce qu'a fait Léonard.
Je te cache pas que l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie en Europe en deux-mille-sept, d'un côté on était très content parce qu'on pouvait migrer et de l'autre côté il y a plein d'usines qui ont coulé Une fois que la Roumanie est entrée à la communauté européenne, le règlement ont changé et tous les patrons des grosses entreprises ils ont préféré mettre leur affaire dans un dans un monde avis c'était toujours un petit côté de l'harmonie le pays voisin qu'ils ont bougé toutes leurs affaires à côté et ce qui fait que beaucoup des usines ont coulé et moi à l'époque j'ai travaillé dans la boucherie j'ai eu tous mes collègues partir dans tous les pays de l'Europe et je me suis dit peut-être que moi aussi je dois faire un saut parce que économique de point de vue économique on n'était pas du tout très bien parce qu'avec cette entrée dans la comté européenne on sentait un peu la crise financière du pays le manque de l'emploi et puis les factures qui coulaient derrière et on s'est dit il faut combattre donc beaucoup mes compatriotes ils m'ont dit c'est très bien, il y a du boulot, il y a de quoi manger tout ça.
Alors j'ai décidé de partir en France avec des compatriotes à moi.
J'étais un peu surpris quand Léonard m'a raconté son parcours parce que nous dans les pays d'Europe de l'Ouest, on n'a pas vraiment conscience de ces problèmes économiques. Quand les pays d'Europe de l'Est sont entrés dans l'Union européenne, on avait surtout peur que nos entreprises délocalisent leurs usines là-bas et que ça crée du chômage chez nous. Mais on ne pensait pas que les entreprises roumaines ou bulgares feraient la même chose, qu'elles délocaliseraient vers l'est, en l'occurrence en Moldavie. Oui, parce que comme la Moldavie ne fait pas partie de l'Union européenne, la main d'oeuvre y est moins chère. Les salaires y sont plus bas.
Bref, tout ça pour dire que depuis deux-mille-sept, plusieurs millions de Roumains et de Bulgares ont émigré en Europe de l'Ouest. Et comme dans ces pays, les Roms sont souvent plus pauvres et plus touchés par le chômage que le reste de la population, ils étaient logiquement parmi les premiers à partir.
Tu sais là, nous à Bordeaux, on a des familles qui sont très bien, ils sont très riches et qui ils viennent ici pour travailler et dès qu'ils ont leur salaire pendant trois mois ils savent qu'il y a du boulot dès qu'ils finissent la saison de travail ils rentrent en Roumanie parce qu'en fait ça sert à rien que tu as un grand maison Roumanie ou tu as rien pour te nourrir ou tu as rien pour vivre pour payer les charges et tout ça parce qu'en fait ils ont besoin de l'argent pour acheter par exemple pour l'hiver du bois et avec le salaire que tu gagnes en Roumanie tu peux pas mettre de côté parce que toute sa part dans la nourriture dans les charges et tout ça donc du coup on travaille ici tu peux payer un parti des charges là-bas un parti des charges ici et mettre un peu de côté envoyer un pour pouvoir sortir un peu de cette crise là donc la plupart des gens ils préfèrent faire un peu jongler entre l'harmonie et d'autres pays pour pouvoir travailler le temps que l'économie de nos pays commence à vous mettre là maintenant je trouve que l'économie de l'harmonie commence à à monter et il y a beaucoup de familles qui commencent à se stabiliser à nouveau en Roumanie.
Mais ça prend du temps.
Mais il ne faut pas croire que ces Roms venues d'Europe de l'Est formaient un groupe homogène. Il y avait à la fois des travailleurs qualifiés comme Léonard qui ont trouvé du boulot assez vite, mais aussi des familles qui étaient dans une situation beaucoup plus
précaire. J'étais à l'école comme tout le monde, j'ai pu faire formation professionnelle et tout ça donc c'est pas parce que tu es rond que après il y a des familles qu'ils ont eu cette possibilité d'aller à l'école parce que leur situation financière ils étaient obligés de bouger là où il y avait de travail donc beaucoup à force de bouger à gauche à droite les enfants ils ont pas pu suivre leur scolarité ce qui fait que ça tourne en boucle tu vois tout le temps en fonction de la situation politique et aussi économique, les familles bougent et puis suivant les enfants c'est les premières qui ne peuvent pas suivre jusqu'à la scolarité puis après il devient des parents illettrés tout ça tu vois.
Comme l'explique Léonard, certains des Roms qui sont arrivés en France à cette époque étaient analphabètes. Donc non seulement ils ne parlaient pas un mot de français, mais en plus, ils ne savaient ni lire ni écrire. Vous imaginez bien que pour eux, trouver un travail, c'était mission impossible. D'autant plus que jusqu'en deux-mille-quatorze, les travailleurs roumains et bulgares avaient besoin d'une autorisation spéciale pour travailler en France. Autrement dit, ils n'avaient pas les mêmes droits que les autres citoyens européens.
Et si vous avez déjà eu affaire à l'administration française, vous savez qu'obtenir ce genre de document, ça peut prendre des mois. Alors imaginez si en plus vous ne parlez pas français et que vous êtes anal. Bref, tout ça explique comment quinze mille immigrés Rome se sont retrouvés à la rue en arrivant en France. Et même s'ils ne sont qu'une goutte d'eau comparée aux millions d'immigrés roumains et bulgares qui sont venus en Europe de l'Ouest au même moment, c'est sur eux que l'attention médiatique et politique s'est rapidement focalisée.
Du campement de Rome, il ne reste plus rien.
Christian et son voisin Cornell viennent d'arriver dans ce camp Rome illégal. Il fait encore nuit, les quatre-vingts Roms qui vivent ici attendent l'arrivée des forces de l'ordre.
Alors pourquoi ces Roms migrants ont autant attiré l'attention des médias et des politiciens malgré leur faible nombre. Tout simplement parce qu'ils étaient plus visibles. Ils étaient plus visibles parce qu'ils se sont installés en groupe dans des bidonvilles. Un bidonville, c'est n'ont pas des logements souvent construits avec des déchets qui n'ont ni l'eau courante ni l'électricité. En général, on les trouve en périphérie des grandes villes comme par exemple les célèbres bidonvilles de Rio de Janeiro.
En France, les bidonvilles avaient disparu du paysage dans les années soixante-dix, mais ils ont réapparu avec cette immigration Rome. Les Roms qui venaient en France et qui ne trouvaient pas de travail, ils ont bien dû s'installer quelque part. Or, sans travail, pas de revenus et sans revenus, pas de logement. Donc, ils ont construit des campements de fortune avec les véhicules qu'ils avaient utilisés pour venir en France, des camionnettes, des caravanes. Certains de ces campements ont grossi avec l'arrivée de nouvelles familles et ils sont devenus des bidonvilles où vivent parfois plusieurs centaines de personnes.
Au départ, ça n'a pas trop étonné les Français. On s'est dit, c'est normal, c'est leur façon de vivre. C'est cette ancienne croyance selon laquelle tous les Roms seraient nomades. Une croyance complètement fausse puisque la grande majorité des Roms sont sédentaires depuis des siècles. Et même les Roms qui vivent dans des bidonvilles en France avaient souvent une maison avant d'émigrer.
Ils vivaient dans les villages des campagnes roumaines et bulgares. Donc pour eux, habiter dans un campement, ce n'est pas un style de vie, mais une question de survie. On va voir pourquoi un peu plus tard. Dans tous les cas, même si ça ne nous a pas trop étonnés, on a commencé à voir ces campements d'un mauvais oeil. Voir d'un mauvais oeil, ça signifie qu'on est défavorable ou hostile à quelqu'un ou quelque chose.
Les Français ont commencé à voir ces campements Rome d'un mauvais oeil. D'autant plus que certains médias ont amplifié le phénomène en faisant des reportages sensationnalistes qui donnaient l'impression que des millions de Roms étaient soudainement arrivés en France, alors que, je le rappelle, ils sont seulement quinze mille. Les plus mécontents, évidemment, c'étaient les Français qui voyaient un campement s'installer juste à côté de chez eux. Mais je ne leur jette pas la pierre, je peux les comprendre. Si vous vivez dans un petit village où tout le monde se connaît, ça peut être intimidant de voir un campement apparaître du jour au lendemain, surtout quand ces nouveaux habitants ne parlent pas français et que vous ne connaissez rien à leur culture.
Mais cette peur est en grande partie fondée sur tout un tas de préjugés. L'un d'entre eux, c'est le supposé nomadisme des Roms. Comme on l'a déjà dit, ce stéréotype est faux, les Roms qui vivent dans une caravane, dans un bidonville préféreraient évidemment avoir un logement avec l'eau courante et l'électricité.
Les bidonvilles c'est un lieu de passage le temps que tu trouves dans le logement social mais cette demande ça peut aller le temps qu'il comprenne les démarches le temps qu'il y a pas le français le temps que il trouve un emploi stable le temps qu'il comprenne comment les démarches pourront se faire et tout ça ça peut prendre de cinq à dix ans.
Il y a deux choses essentielles pour réussir à quitter le bidonville. Apprendre le français et trouver un emploi. Vous êtes bien placé pour savoir à quel point apprendre le français peut être difficile. Et même si ces personnes ont l'avantage
de vivre en France, je vous
assure qu'elles ont Quand tu as trouvé un travail, c'est là aussi un véritable parcours du combattant.
Ah oui, c'est pas facile, c'est pas facile. Mais après, c'est aussi le fait que t'as pas un appartement et que tu viens en bidonville, c'est très compliqué parce qu'en fait tu vas au travail, tu dis je suis pas douché, je sens mauvais, surtout surtout si tu fais des nettoyages dans les bureaux.
Et oui, difficile d'être propre quand on n'a pas de salle de bains ni l'eau courante. Sans compter qu'il faut expliquer à l'employeur pourquoi on n'a pas d'adresse postale. Donc, face à toutes ces difficultés, la seule solution qu'il reste pour gagner un peu d'argent, c'est le système D. Le système D, ça veut dire se débrouiller, improviser par tous les moyens pour résoudre ces problèmes. Donc concrètement, pour ces hommes migrants, le système D, c'est le travail au noir.
Autrement dit, le travail est non déclaré, sans contrat ni protection, souvent pour un salaire de misère. Certains d'entre eux gagnent un peu d'argent en faisant les poubelles pour trouver des choses à revendre, comme de la ferraille ou des appareils qu'ils réparent. Mais dans tous les cas, comme vous pouvez l'imaginer, ces boulots ne rapportent pas assez pour payer un loyer tous les mois. Alors, on ne va pas faire de langue de bois, il y a aussi des Roms qui tombent dans la délinquance et le vol. Évidemment, ce n'est pas spécifique aux Roms, partout dans le monde, quand les gens vivent dans la pauvreté, c'est parfois la seule solution qui leur reste pour survivre.
Le problème avec les Roms en France, c'est que les méfaits de quelques individus sont généralisés à l'ensemble de la communauté. Comme je l'ai mentionné en introduction, il y a aussi le problème des enfants qui sont utilisés pour mendier ou voler. Là encore, il ne s'agit pas d'un trait propre à la culture Rome, mais d'une stratégie de survie répandue partout où il y a de la pauvreté. À côté de ça, il existe bel et bien des réseaux criminels, des réseaux de trafiquants qui achètent ou kidnappent des enfants dans les pays pauvres pour les exploités, mais là non plus, ce ne sont pas des réseaux qui sont liés à une ethnie ou une communauté en particulier, mais bien plutôt à des
conditions économiques.
S'il y a tous ces préjugés sur les Roms depuis des siècles, c'est en partie parce qu'on a l'impression qu'ils sont communautaires, qu'ils refusent de se mélanger aux autres. Encore aujourd'hui, on leur fait ce reproche en voyant leur campement. On dit qu'ils préfèrent vivre enfermés dans un bidonville que d'essayer de s'intégrer à la société.
Tu sais pourquoi ils ont cette choix-là de dire on préfère vivre en communauté, c'est vivre en communauté ça veut dire sécurité, s'il se sent en sécurité. Pourquoi parce qu'en fait s'il y a des petits groupes qui sont par exemple selon au fond d'un parking d'Auschamp tu vois des personnes qui les aiment pas ils vont y aller mettre en bouteille en cocktail selon caravane ça déjà arrivé et ou sinon il ya des gens qui les embêtent qui ne laisse pas rester là qui ils embêtent leurs enfants qui club leurs pneus de leur caravane ces situations là tu vois des fois ils se demandent pourquoi il n'y a pas des petits emplacements à gauche à droite et pourquoi il reste toujours un groupe surtout dans des grosses communautés tu vois mais en fait tout est gros plus imposant plus tu es en sécurité c'est ça s'il n'aurait pas eu cette problème d'insécurité peut-être que les gens auraient pu se disperser un peu partout on les verrait même pas tu vois mais il y a cette problème de sécurité même dans les quartiers où il y a des grandes HLM si tu vois un bidonville qui s'installe à côté eux ils vont pas pouvoir rester puisque les les gens des quartiers ils vont mettre le feu ils vont les embêter et ils vont embêter les enfants à la sortie de l'école et tout ça c'est très compliqué donc plus le bidonville est imposant plus les gens ils disent je vais pas me rapprocher parce qu'ils sont beaucoup, on ne sait jamais comment ça peut se finir.
Donc du coup, ils évitent.
Et oui, comme l'explique Léonard, c'est d'abord une question de sécurité. Ce que les Roms recherchent avant tout, comme n'importe quel être humain, c'est de vivre en sécurité. Or, quand on arrive dans un pays dont on ne parle pas la langue et qu'on sent une hostilité constante envers nous, c'est normal de rechercher la protection offerte par sa communauté. Malheureusement, cette protection reste précaire, elle a des limites évidentes. Ces communautés sont toujours à la merci des autorités.
Elles ne peuvent rien faire contre les décisions administratives. Par exemple, si le maire d'un village décide de faire évacuer un camp de Rome, les forces de l'ordre arrivent et en quelques heures, le camp est détruit sans autre forme de procès. Les Roms n'ont plus qu'à trouver un nouvel endroit où s'installer avant d'être à nouveau évacués quelques semaines ou s'ils ont de la chance, quelques mois plus tard.
Hélas, les enfants sont les premières victimes de cette précarité et
de cette instabilité. Par contre,
c'est parce que les dispositifs existants demandent en certaines en autonomie dans les démarches doit faire en déclaration aux impôts pour ça sans que ces familles là qui sont là depuis plus de dix ans et des familles où leurs parents étaient des illettrés et que eux aussi n'ont pas eu le cette possibilité d'aller à l'école parce qu'en fait à force de faire évacuer des bidonvilles d'un fil à l'autre tous les deux mois ça permet pas aux parents de de pouvoir stabiliser leurs enfants dans un école parce qu'en fait il y a aussi le l'emploi qui fait que tu as de mal à t'organiser avec les autres qui sont sur le bidonville parce que la plupart ils vont y aller sur le travail personne ne pourra leur amener leurs enfants à l'école mais il veut pas s'impliquer pour assurer transport scolaire et ce qui fait que les enfants de maintenant vont devenir les parents de demain qui ne savent pas lire et écrire et ce qui fait que dans ces moments-là pour ça qu'on n'arrive jamais à résorber des bidonvilles, c'est parce que tant que les autorités locales ne peuvent pas s'investir sur le transport scolaire, sous l'organisation de, surtout de suivre un peu l'assiduité des enfants qui qui vont à l'école, ceux qui ne vont pas, c'est c'est très très compliqué.
Léonard montre bien qu'on est face à un cercle vicieux. Les parents qui viennent en France en étant analphabètes ont beaucoup de mal à trouver un travail. Ils ne savent pas non plus comment inscrire leurs enfants à l'école. Et même quand ils y arrivent avec l'aide d'une assistante sociale ou d'une association, les enfants ne peuvent pas suivre une scolarité normale parce qu'on les force constamment à déménager. Donc, au lieu d'être à l'école, ils grandissent dans le bidonville sans apprendre à lire ni écrire et une fois adultes, ils ne trouvent pas de travail non plus.
Heureusement, des associations comme celle de Léonard essayent de rompre ce cercle vicieux, mais comme il le dit lui-même, il reste encore beaucoup de travail à faire, surtout quand on compare la France à ses voisins européens.
Le fait que chacun travaille à leur manière et sans les personnes qui sont sous les bilans villes ils arrivent pas à trouver un solution si on arrive à se mettre tous autour de la table avec les premières concernées et qu'on trouve en solution qui pourra être accepté par eux peut-être que ça va changer les choses peut-être qu'il y aura pas autant de bidonvilles vois la france c'est un pays où il ya énormément de bidonvilles si tu vas en allemagne ils ont des services d'accueil des personnes qui sont à la rue qui sont très bien tu vois pas de bilan de l'Allemagne ni une Italie ni ailleurs il y avait un époque en Italie il y avait des mais maintenant il y a plus de bidonville pourquoi parce que ils ont compris qu'il faut mettre plus d'argent pour qu'il y a plus de places en service d'accueil d'urgence mais ça commence à se mettre en place tout ça mais il faut du travail il faut eux ils comprennent qui vont un peu le terrain qui rencontre les personnes et il y a des choses qui pourront se travailler mais des choses qui pourront se travailler sans eux c'est comme si tu as fait un projet et que eux ils sont pas participants tu vois il faut que les premiers concernés, ils participent, s'ils participent pas, ça marchera pas.
Voilà, on va terminer sur ce message optimiste. Merci à Léonard Vélikou pour son temps et son aide précieuse. Merci aussi à l'association Rome Europe qui m'a mis en contact avec lui. Si vous voulez soutenir leur travail, vous trouverez les liens sur la page de l'épisode. Bien sûr, on ne peut pas s'engager dans toutes les causes, être de tous les combats.
Il y a tellement de problèmes dans le monde que c'est impossible, mais je pense qu'on peut au moins être curieux, s'intéresser à l'histoire et la culture de et ceux qui nous semblent étrangers, c'est une première étape essentielle pour dépasser nos préjugés et avoir plus d'empathie. Personnellement, mon regard sur les Roms a beaucoup changé en préparant cet épisode et en discutant avec Léonard, donc j'espère qu'il aura le même effet sur vous. Merci pour votre attention et je vous donne rendez-vous dans deux semaines pour un nouvel épisode. Ciao.