Heureusement, Anna nous en a trouvé un autre dans un quartier très joli. Merci Anne-Nat, tu nous as sauvé la vie parce que trouver un appartement à louer pour quelques mois avec deux chattes en pleine pandémie, ce n'était pas simple. Bref, aujourd'hui, on est dans les cartons. Être dans les cartons, c'est une expression pour dire qu'on prépare ses affaires pour déménager, qu'on les met dans des cartons, dans des boîtes. On est dans les cartons, mais j'ai bloqué une heure pour enregistrer cet épisode parce que je veux absolument qu'il sorte mercredi le cinq mai.
Pourquoi le cinq mai Vu le titre de l'épisode, vous vous doutez que cette date a un rapport avec Napoléon et si vous suivez l'actualité française, vous en avez sûrement entendu parler. Le cinq mai, c'est l'anniversaire de la mort de Napoléon. Et cette année, c'est un anniversaire particulier, c'est le bicentenaire. Ça signifie le deux-centième anniversaire. Ça fait deux siècles, deux-cents ans que Napoléon est mort.
Le problème, c'est qu'on ne sait pas s'il faut célébrer cet anniversaire ou non. Les Français sont très divisés sur cette question. Ce n'est pas très surprenant. Vous savez que nous, les Français, on passe notre temps à débattre, mais quand même, quand on s'intéresse à l'histoire de notre pays, il y a peu de personnages qui nous divisent autant que Napoléon. Certains le considèrent comme un héros qui a réussi à conquérir toute l'Europe et à faire entrer la France dans la modernité, alors que d'autres le voient comme un despote, un tyran sanguinaire dont les guerres ont fait des millions de victimes et qui a eu la très mauvaise idée de rétablir l'esclavage.
J'imagine que dans vos cours d'histoire à l'école, vous avez sûrement entendu parler de lui. D'ailleurs, même à l'étranger, Napoléon est un personnage qui fascine. Par exemple, en deux mille quatorze, un homme d'affaires sud-coréen a acheté un chapeau de Napoléon pour un virgule neuf millions d'euros. Il a dit qu'à ses yeux, Napoléon représente un pionnier qui lui rappelle l'histoire de son propre pays, la Corée. Et il n'est pas le seul.
Il y a beaucoup de collectionneurs étrangers qui vouent un véritable culte à Napoléon. Mais à côté, il a aussi énormément de détracteurs. Ça explique pourquoi il n'est pas toujours simple de parler de Napoléon. C'est un personnage qui polarise les opinions. Mais peut-être que vous, vous n'en avez rien à faire de Napoléon, que ce n'est pas quelqu'un qui vous intéresse.
Si c'est le cas, c'est dommage parce que c'est vraiment un personnage qui a une histoire fascinante et c'est cette histoire que je vais vous raconter aujourd'hui. Alors ça serait assez difficile de résumer la vie de Napoléon en trente minutes. En général, ses biographies font plusieurs centaines, voire milliers de pages. Mais moi, je ne vais pas vous lire une liste de dates et d'événements, ça serait assez ennuyeux. Non, je vais plutôt vous expliquer pourquoi il suscite une telle fascination à la fois dans son histoire personnelle et dans ce qu'il a accompli pour la France.
À la fin de cet épisode, vous ne connaîtrez pas la liste de toutes les batailles qu'il a menées, mais vous comprendrez pourquoi c'est un personnage qui nous divise autant. Et bien sûr, je vous encourage à faire vos propres recherches et à vous référer aux sources de l'épisode si vous avez envie d'en savoir plus ensuite. Voilà, on ne va pas perdre plus de temps avec cette introduction. Napoléon aimait attaquer fort et vite, donc c'est ce qu'on va faire nous aussi. Allez, c'est parti.
Napoléon, Napoléon Bonaparte est né le quinze août mille-sept-cent-soixante-neuf ou plutôt Napoléone Bonaparte est né le quinze août mille-sept-cent-soixante-neuf parce que oui, sa famille était italienne, corse pour être précis. La Corse, vous savez, c'est cette petite île entre la France et l'Italie. Aujourd'hui, elle est française, mais elle a été pendant longtemps sous domination italienne. Elle appartenait à la République de Gênes. Sauf qu'au dix-huitième siècle, avec la diffusion des idées des lumières, l'écorce commence à avoir des rêves d'indépendance, donc ils se révoltent contre les génois et la République de Gênes a beaucoup de mal à maintenir le contrôle sur l'île.
Il y a un homme en particulier qui leur pose problème, c'est alors non, ce n'est pas Napoléon parce qu'il n'est pas encore né, Cet homme, c'est Pasquale Paoli, un général qui se bat pour créer la République corse indépendante. Comme les génois n'arrivent pas à maintenir le contrôle sur l'île et à mater ces révoltes indépendantistes, il demande l'aide des Français. Très mauvaise idée. Louis quinze accepte d'envoyer l'armée royale sur l'île, Les soldats français battent les indépendantistes corses et on demande à la République de Gênes de nous céder, de nous vendre la Corse. Et voilà, le tour est joué.
En mille-sept-cent-soixante-huit, la Corse passe sous domination française. Au départ, la famille Buona Parte est du côté des indépendantistes. Le père de Napoléon est l'allié de Pascuale Paoli. Mais après la victoire des Français, il retourne sa veste. Retourner sa veste, ça veut dire changer de camp.
Le père de Napoléon retourne sa veste en décidant de collaborer avec les nouveaux envahisseurs, les Français. De son côté, Pasquale Paoli est contraint de partir en exil après la défaite des indépendantistes. Retenez bien ça, ça va être important pour la suite. La famille Bonaparte, elle appartient à la petite noblesse, elle est noble mais elle n'est pas très riche. Donc le père de Napoléon se dit qu'il a peut-être un coup à jouer, une opportunité à saisir avec les Français, le premier avantage qu'il obtient, c'est de garder son titre de noblesse, un bon point pour lui.
Bref, tout ça pour dire qu'en mille-sept-cent-soixante-neuf, quand le petit Napoléonais vient au monde à Ajaccio, il arrive dans une Corse qui vient juste de devenir française. Il grandit avec la présence des soldats français qui sont restés pour assurer le contrôle de l'île. Et apparemment, déjà enfant, il est fasciné par l'armée. Il va voir les soldats dès qu'il en a l'occasion. Grâce à ces bonnes relations avec les Français, le père de Napoléon obtient une bourse du roi pour ses deux fils aînés, ses deux fils les plus âgés.
Avec cette bourse, il envoie Napoléon dans une école militaire à l'âge de neuf ans. Donc à seulement neuf ans, le petit Napoléon doit quitter sa famille pour intégrer une école militaire en Champagne dans le nord-est de la France. Alors oui, c'est vrai que c'était une autre époque, mais quand même, quitter sa famille et la Corse à neuf ans, ça a dû être une expérience difficile pour Napoléon. Ça a été un déracinement. On l'a coupé de ses racines familiales et géographiques.
Dans cette école militaire, sa vie est loin d'être facile. Déjà parce qu'il ne parle pas français en arrivant, il parle seulement un dialecte corse. La légende dit qu'il aurait appris le français en trois mois, Mais comme vous le savez, c'est peu probable. Même pour un enfant, ça prend un peu plus de temps que ça. Pendant des années, les camarades de Napoléon se moquent de son mauvais français et de son accent italien.
Il y a donc une barrière linguistique, mais aussi une barrière sociale. Parce que oui, à cette époque, les écoles militaires sont réservées aux enfants des familles nobles, comme presque toutes les écoles d'ailleurs. Les autres enfants, ils ne vont pas à l'école, ils travaillent dans les champs avec leurs champs avec leurs parents. Certes, la famille de Napoléon est noble, mais elle est beaucoup moins riche que les familles nobles françaises. Ça donne à ses camarades une raison de plus de se moquer de lui et de le rejeter.
Comme vous pouvez l'imaginer, Napoléon a une enfance et une adolescence très solitaire. Au lieu de jouer avec les autres enfants, il se réfugie à la bibliothèque pour lire les livres des penseurs des grands hommes de l'antiquité. C'est là qu'il découvre ses modèles, les stratèges qui vont l'inspirer Jules César et Alexandre le Grand. À partir de ce moment-là, il va vouloir inscrire son nom dans l'histoire lui aussi, réaliser des exploits militaires comme ses grands généraux de l'Antiquité. À onze ans, Napoléon participe à sa première grande bataille, une bataille de boules de neige.
Alors non, ce n'est pas une bataille officielle, d'ailleurs je n'ai pas trouvé la source exacte, mais c'est une anecdote qui revient souvent sur Napoléon. En hiver, une épaisse couche de neige recouvre le sol de l'école. Les professeurs divisent les élèves en deux armées et nomment Napoléon Capitaine. Le petit Napoléon met en place une stratégie. Il donne ses ordres à ses camarades et son armée remporte la victoire.
À ce moment-là, il découvre qu'il a l'étoffe d'un chef, autrement dit qu'il a les qualités nécessaires pour être un bon chef, un bon commandant. À quinze ans, il rejoint une autre école militaire très prestigieuse, l'école militaire royale de Paris. Malheureusement, son père meurt la même année. Napoléon devient alors chef de famille. Il a un grand frère, mais il ne le juge pas capable d'assumer ce rôle.
Mais pour subvenir aux besoins de sa famille, il a besoin d'argent. Il décide alors de finir son école le plus vite possible pour recevoir son salaire de soldat. Grâce à ses efforts, il réussit à obtenir son diplôme en seulement un an au lieu de trois. Il devient ainsi sous-lieutenant de l'armée royale à seize ans. Mais très vite, il comprend qu'il ne va pas pouvoir assouvir ses ambitions de gloire.
Assouvrir, ça signifie satisfaire pleinement un instinct, un désir ou un sentiment. Par exemple, on dit souvent assouvir sa curiosité. Quelque chose vous intrigue, donc vous voulez assouvir votre curiosité. Vous voulez en savoir plus. Le jeune Napoléon comprend qu'il ne pourra pas assouvir ses ambitions de gloire dans l'armée royale parce que les plus hauts rangs sont réservés aux membres des familles les plus nobles, les familles dont la noblesse est ancienne et qui sont proches du roi, ce qui n'est pas le cas de la famille Buonaparte, même si elle a francisé son nom en Bonaparte.
Dans l'armée, comme dans toutes les institutions de l'époque d'ailleurs, il existe un plafond de verre. Oui, c'est la même expression qu'en anglais, Un plafond de verre, une limite dans la hiérarchie que certaines catégories de personnes ne peuvent pas dépasser. Encore une fois, Napoléon se sent exclu, rejeté. Il a beau être plus intelligent, plus doué et plus travailleur que ses camarades, il ne pourra jamais être plus que sous-officier. Il ne pourra jamais devenir général de l'armée royale.
Puisque la France le rejette, il se tourne vers la Corse. En fait, il n'a jamais oublié sa terre d'origine. D'ailleurs, le général Paoli était un de ses héros d'enfance. Le général Paoli, vous vous souvenez, c'est celui qui s'est battu contre les génois puis les Français pour obtenir l'indépendance de la Corse et qui a été obligé de s'exiler ensuite. Justement, en mille-sept-cent-quatre-vingt-neuf, un événement vient changer la donne.
Cet événement, c'est bien sûr la Révolution française. Au moment de la Révolution française, les indépendantistes corses comprennent qu'ils ont une opportunité à saisir. Pasquale Paoli revient sur l'île pour organiser la bataille et bientôt il est rejoint par le jeune Napoléon âgé de dix-neuf ans qui lui propose de devenir son bras droit. Être le bras droit de quelqu'un, ça veut dire être le principal assistant ou conseiller de cette personne. Mais Pauli refuse.
Il ne veut pas de Napoléon comme bras droit parce qu'il n'a pas oublié la trahison de son père, de Charles Bonaparte qui a décidé de collaborer avec le français. D'ailleurs, à cause des révoltes indépendantistes, les Bonaparte commencent à avoir des ennuis sur l'île. Napoléon est à nouveau rejeté, mais cette fois par les Corses. Pour assurer la sécurité de sa famille, il quitte définitivement l'île avec les siens pour s'installer sur le continent, dans le sud de la France. Après cet épisode, Napoléon gardera une rancune contre les Corses toute sa vie.
La bonne nouvelle, c'est que les révolutionnaires ont aboli les privilèges de la noblesse dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Donc en théorie, il y a plus de plafond de verre. Plus rien ne peut empêcher Napoléon de gravir les échelons de la hiérarchie militaire. Gravir les échelons, ça signifie monter dans la hiérarchie. Malgré ça, Napoléon n'est pas un grand fan des révolutionnaires.
Il se méfie d'eux, il ne leur fait pas confiance. C'est quelqu'un qui n'aime pas le bazar. Lui, il aime l'ordre, la discipline et il est fasciné par l'aristocratie. Quand les révolutionnaires décident de guillotiner le roi, Napoléon est choqué par ce régicide, mais il comprend que l'ancien régime est terminé, qu'il y a plus de retour en arrière possible et que les idées de la Révolution vont se propager. Donc il garde sa place dans l'armée.
Ça tombe bien parce que depuis la Révolution, l'armée française a pas mal de travail. La France est attaquée de tous les côtés par les monarchies européennes. Oui, parce que les autres familles royales ont peur de subir le même sort que Louis seize et Marie-Antoinette. Donc elles envoient leurs armées pour stopper les révolutionnaires et aider les royalistes français à rétablir l'ancien régime. Les Anglais attaquent au nord et à l'ouest, les Espagnols au sud, les Autrichiens et les Prussiens à l'est.
Pour Napoléon, c'est le contexte idéal, il va enfin pouvoir prouver sa valeur. Il remporte une première victoire à Toulon, une ville du sud de la France qui est occupée par les Anglais et les Espagnols. Il invente un plan brillant qui permet à l'armée française de reprendre le contrôle de la ville et d'en chasser les ennemis. Grâce à cette victoire, il commence à se faire un nom. On commence à parler de lui à Paris.
Les chefs révolutionnaires décident de faire appel à lui pour combattre les royalistes français. Oui, parce que tous les Français ne soutiennent pas la révolution, loin de là. Il y a encore beaucoup de royalistes qui veulent un rétablissement de la monarchie. En mille-sept-cent-quatre-vingt-quinze, Napoléon écrase une insurrection royaliste à Paris. Quelques jours plus tard, il obtient le grade de général et devient officiellement le bras armé des chefs de la Révolution.
Donc vous voyez, le vent tourne pour Napoléon. Autrement dit, sa situation change complètement. Après avoir été rejeté toute sa vie, il commence enfin à être apprécié. En quelques semaines, il passe d'un jeune capitaine relativement inconnu au respecté général Bonaparte Et ça n'est que le début de son ascension fulgurante. Cerise sur le gâteau, l'année suivante, il épouse la femme dont il vient de tomber amoureux, Joséphine de Beauharnais, mais il n'a pas le temps pour la lune de miel parce qu'il doit partir immédiatement livrer une nouvelle bataille.
Cette fois, direction le nord de l'Italie pour affronter l'empire d'Autriche. Il est à la tête d'une armée de soixante mille soldats, mais ses soldats sont mal entraînés et mal équipés. À vrai dire, Napoléon est seulement censé faire diversion avant que deux autres armées françaises plus nombreuses et plus puissantes attaquent par surprise. Mais vous imaginez bien que Napoléon ne va pas se contenter de ce second rôle. Il motive ses troupes et invente une nouvelle stratégie très différente de ce qui se fait à l'époque.
À cette époque, les batailles sont longues et assez lentes, un peu comme des marathons. Il faut épuiser, fatiguer l'ennemi. Au contraire, Napoléon décide de tout miser sur la rapidité. Il demande à ses hommes d'attaquer fort et vite pour briser l'armée adverse d'un seul coup, un peu comme les Allemands feront plus tard avec la Blitzkrieg. Sa stratégie est un succès.
Le général Bonaparte remporte bataille après bataille. Ses soldats lui donnent le surnom de petit caporal. D'ailleurs, c'est en partie pour ça qu'on croit souvent qu'il était petit. En réalité, il avait une taille normale pour l'époque, il faisait un mètre soixante-neuf. Ses soldats l'appelaient petit caporal de manière affectueuse, mais aujourd'hui c'est devenu une expression péjorative.
Quand on dit que quelqu'un est un petit caporal, par exemple un collègue au bureau, ça signifie qu'il joue au chef alors qu'il n'a pas l'autorité, le pouvoir officiel pour le faire. Bref, à vingt-six ans, le général Bonaparte entre dans Milan en grand vainqueur de la campagne d'Italie. Il fait signer un traité de paix à l'Empire autrichien, le traité de Campo-Formio, grâce auquel la France obtient l'Italie du Nord et une partie de la Belgique. Il rentre ensuite à Paris avec ses nouvelles conquêtes auréolé de gloire. Mais les politiciens au pouvoir commencent à s'inquiéter.
Napoléon n'a demandé à personne l'autorisation de Est-ce que ça ne serait pas une menace pour le pouvoir en place On décide de l'éloigner de Paris, on l'envoie faire la guerre en Égypte. Pourquoi en Égypte Tout simplement pour couper la route des Indes aux Anglais, cette route commerciale très importante pour leur économie. L'idée plaît beaucoup à Napoléon. Il a l'impression de marcher sur les traces d'Alexandre le Grand. En Égypte aussi, le général Bonaparte enchaîne les victoires.
Il remporte victoire après victoire et il montre qu'il est prêt à tout pour gagner. Là, je fais référence à un événement en particulier, le massacre de Jaffa. Jaffa, c'est une ville de Palestine où Napoléon a donné l'ordre d'exécuter deux-mille-cinq-cents prisonniers pour faire peur à l'armée adverse. Les soldats reçoivent la consigne de tuer les prisonniers à l'arme blanche pour économiser les munitions. Ce bain de sang dure pendant trois jours.
Aujourd'hui, on appellerait ça un crime de guerre. Il y a de nombreux exemples qui montrent que Napoléon était sans pitié. Mais ce massacre, le massacre de Jaffa, c'est un des plus célèbres. Pendant ce temps-là, les choses vont mal en France. La situation s'est nettement dégradée.
Les monarchies européennes ont formé une nouvelle coalition contre la France et elles ont réussi à reprendre les contre la France et elles ont réussi à reprendre les territoires que Napoléon avait conquis. Le pays est ruiné et l'instabilité politique est grande. À nouveau, Napoléon sent qu'il peut profiter de cette situation. En plus, son armée est très affaiblie à cause de différentes maladies. Il sait qu'il ne pourra pas conquérir d'autres territoires.
Il décide donc de quitter l'Égypte en laissant son armée sous le commandement d'un autre général et il rentre à Paris. Là, il est une nouvelle fois accueilli en héros grâce à ses victoires égyptiennes. Mais la gloire ne lui suffit plus. Ce qu'il veut maintenant, c'est le pouvoir. Il forme une alliance avec un politicien influent, l'abbé Sieyès, pour préparer un coup d'État.
Ce coup d'État a lieu le neuf novembre mille-sept-cent-quatre-vingt-dix-neuf, mais on l'appelle coup d'État du dix-huit brumaire parce que c'est la date dans le calendrier républicain, un calendrier inventé par les révolutionnaires avec de nouveaux noms pour les mois. Il Il a été mis en place de mille-sept-cent-quatre-vingt-douze à mille-huit-cent-six. C'est pour ça que de nombreux événements historiques de cette période ont des dates un peu bizarres, des dates qui correspondent à ce calendrier révolutionnaire. Bref, je ne vais pas vous détailler le déroulement du coup d'État. Il s'est déroulé de manière assez paisible, il n'y a pas eu de victimes.
Retenez simplement que grâce au coup d'État du dix-huit brumaire, un nouveau régime politique est mis en place, le consulat. C'est un régime politique autoritaire. Officiellement, il est dirigé par trois hommes, trois consuls, mais en réalité, seul un d'entre eux a vraiment le pouvoir, le premier consul. Et devinez qui est le premier consul Napoléon bien sûr. À trente ans, il devient donc l'homme le plus puissant de France.
En prenant le pouvoir, Napoléon fait une autre déclaration qui est restée dans l'histoire, la révolution est fixée aux principes qui l'ont commencée. Elle est finie. Le message que Napoléon veut faire passer, c'est que les idées de la révolution ont définitivement gagné face au royalisme et qu'il est temps maintenant de mettre fin aux troubles et à l'instabilité de la période révolutionnaire. Dans la nouvelle constitution, la constitution de l'an huit, Napoléon donne au consulat des apparences démocratiques, mais en réalité, c'est une organisation très autocratique. C'est lui, le premier consul, qui concentre tous les pouvoirs.
De facto, Napoléon décide et fait adopter les lois qu'il veut. D'ailleurs, il n'hésite pas à changer le résultat du vote quand il ne lui convient pas. Mais les Français semblent relativement satisfaits de cette nouvelle organisation. Napoléon consolide sa position grâce à de nouvelles victoires militaires. Il signe d'être traité de paix avec l'Autriche et l'Angleterre.
Les Français peuvent souffler un peu après une décennie de guerre. Ah oui, souffler un peu, ça veut dire se reposer après un effort. Par exemple, si vous faites un sprint, après vous devez vous arrêter pour reprendre votre souffle, votre respiration, mais on utilise aussi cette expression de manière figurée. Par exemple Ça fait 6 mois que je travaille comme un fou, j'ai besoin de vacances pour souffler un peu. Bref, grâce à ce nouveau régime politique, les Français peuvent souffler un peu.
Ils en sont reconnaissants, ils apprécient le premier consul, si bien que quand ils modifient la constitution pour être consul à vie, personne n'y voit d'objection. Là, on pourrait se dire que ça y est, Napoléon a enfin étanché sa soif de gloire et de pouvoir, mais non, pas encore. Il a des ambitions bien plus grandes. Le problème avec ce régime politique, le consulat, c'est que s'il arrivait quelque chose à Napoléon, s'il mourait pendant une bataille par exemple, la stabilité du régime serait menacée. Il faudrait lui trouver un remplaçant et ça pourrait provoquer des luttes internes et une nouvelle période d'instabilité avec peut-être un retour en force des royalistes.
Ce scénario, il fait très peur aux notables, autrement dit aux bourgeois. Les bourgeois, ce sont les vrais gagnants de la Révolution. Ils se sont énormément enrichis grâce à elle et ils ont enfin pris le pouvoir politique aux nobles. Ils savent qu'un retour au pouvoir de Louis dix-huit et des Bourbons leur serait fatal. Mais ils ont aussi peur du peuple, des émeutes populaires.
Ils ont vu ce qui était arrivé aux nobles, aux aristocrates, ils ont vu les exécutions, donc ils se disent que si les révoltes reprennent dans les grandes villes, ils pourraient connaître le même sort qu'ils pourraient devenir à leur tour la cible de la colère du peuple. C'est pour ça que les bourgeois veulent que Napoléon reste au pouvoir. Il est leur protecteur, celui qui garantit leur sécurité et leur position. Alors pour pérenniser ce système, Napoléon et les politiciens qui l'entourent imaginent un nouveau modèle, l'Empire. Le deux décembre mille-huit-cent-quatre, Napoléon devient le premier empereur des Français.
Il est sacré dans la cathédrale de Notre-Dame en présence du pape. Il y a un tableau gigantesque qui représente cet événement, un tableau du peintre Jacques-Louis David intitulé Le sacre de Napoléon. Il fait quasiment dix mètres de large et 6 mètres de hauteur. Si vous avez déjà visité le musée du Louvre, vous l'avez sûrement vu. Pour son sacre, Napoléon décide de Il reçoit une couronne de lauriers qu'il prend des mains du pape pour la poser lui-même sur sa tête.
Ensuite, il couronne sa femme Joséphine de Boirnet qui devient impératrice. Le symbole de l'aigle est lui aussi adopté. Ça sera un des surnoms officiels de Napoléon et le fils qui l'aura quelques années plus tard sera surnommé l'Aiglon, le petit aigle. Oui, car avec l'Empire, le pouvoir redevient héréditaire, comme dans l'ancien régime. Seulement dix ans après avoir guillotiné leur roi, les Français acclament leur nouvel empereur.
Ça peut sembler paradoxal, mais grâce à ses victoires militaires, au rétablissement de l'ordre dans le pays et à l'amélioration de la situation économique, Napoléon a réussi à convaincre tout le monde que pour prospérer, la France a besoin de lui. Ils sont prêts à remettre leur destin entre ses mains quitte à sacrifier une partie des libertés acquises pendant la Révolution. À trente-quatre ans, Napoléon est à la tête d'un des pays les plus puissants du monde, le petit Napoléonais, cet immigré corse qui était censé devenir un simple lieutenant dans l'armée royale a réussi à se faire couronner premier empereur de France. C'est ça qui nous fascine encore aujourd'hui. Ce self made man d'avant l'heure qui a réussi à monter tout en haut de la hiérarchie alors qu'il est né dans un système où tout était déterminé à la naissance.
Bien sûr, dans chaque destin, il y a toujours une grande part de chance. Par exemple, Napoléon n'aurait jamais pu devenir général sans la révolution et l'abolition des privilèges, mais quand même une ascension aussi fulgurante, aussi rapide et totale, c'était du jamais vu à l'époque. On a vu qu'une partie de la fascination pour Napoléon vient de la façon dont il est arrivé au pouvoir contre toute attente. Mais s'il est considéré aujourd'hui comme un des personnages les plus importants de l'histoire française, c'est grâce à ce qu'il a fait avec ce pouvoir. Non seulement il a lancé la France dans une intense phase de modernisation, mais il a aussi agrandi son territoire comme jamais auparavant en conquérant l'Europe.
Néanmoins, on va voir qu'il a aussi commis de nombreuses erreurs, erreurs qui ont fini par lui être fatales. Comme je vous l'ai dit un peu plus tôt, quand Napoléon organise le coup d'État du dix-huit brumaire, il annonce que la révolution est terminée. Il entend mettre fin à l'instabilité révolutionnaire, mais il veut aussi enterrer définitivement les institutions de l'ancien régime. Donc, après avoir obtenu les pleins pouvoirs et signé les traités de paix avec les monarchies européennes, il va se lancer dans la réforme du pays. Pour ça, il va créer de nouvelles institutions, d'abord en tant que premier consul, puis lorsqu'il sera empereur.
Et ce qui est impressionnant, c'est que beaucoup de ces institutions sont encore en place aujourd'hui. Pour relancer l'économie qui est en difficulté depuis des années, Napoléon fonde la Banque de France sur le modèle de la Banque d'Angleterre. Elle a le rôle de soutenir une nouvelle monnaie, le franc germinal. Grâce aux conquêtes de Napoléon, le franc germinal va se diffuser dans toute l'Europe et il sera utilisé pendant cent-vingt-cinq ans jusqu'en mille-neuf-cent-vingt-huit. En parallèle de l'économie, Napoléon veut réformer l'administration.
Un des grands problèmes de l'ancien régime, c'était le manque de contrôle du roi sur la province. Les régions étaient relativement autonomes, elles avaient leurs propres lois. Donc il n'était pas facile de collecter l'impôt et d'organiser la conscription pour avoir des soldats en temps de guerre. D'ailleurs, pendant la Révolution, il y a eu des insurrections dans plusieurs régions parce que les habitants voulaient conserver l'ancien régime. Ils étaient contre les idées des révolutionnaires parisiens.
Comme je vous l'ai dit, Napoléon n'aime pas le bazar, donc cette situation ne lui convient pas du tout. Il décide d'y remédier en centralisant tous les pouvoirs à Paris et pour être sûr que cette décision soit bien appliquée partout sur le territoire, il crée une nouvelle fonction, la fonction de préfet. Il choisit personnellement un préfet pour chaque département. Ces préfets ont pour mission de représenter l'État dans les localités, de faire en sorte que l'impôt soit collecté correctement et d'organiser les levées en masse, Oui, parce que Napoléon a besoin de beaucoup d'hommes et d'argent pour ces guerres. Ce poste de préfet existe encore aujourd'hui.
C'est ce qu'on appelle un poste de haut fonctionnaire. Les fonctionnaires, ce sont les employés des pouvoirs publics. Il y a un préfet dans chaque département et dans chaque région du pays. Alors, leurs missions sont un peu différentes, mais ils sont toujours chargés de représenter l'État dans les régions et ils sont un des symboles de la très forte centralisation du pouvoir en France. Une autre invention de Napoléon qui a perduré jusqu'à nos jours, c'est la Légion d'honneur.
Peut-être que vous en avez déjà entendu parler, c'est la plus haute distinction, la plus haute décoration honorifique française. On l'offre aux Français et aux Françaises qui ont rendu des services exceptionnels au pays aussi bien à des militaires que des scientifiques, des artistes, des sportifs ou des chefs d'entreprise. La Légion d'honneur, c'est plus qu'une simple récompense symbolique, c'est quelque chose qui vous donne un certain statut, qui vous ouvre des portes comme on dit. C'est peut-être moins le cas aujourd'hui, mais quand Napoléon l'a créé, c'était un véritable ascenseur social. Peu importe vos origines, quand vous obteniez la Légion d'honneur, vous montiez tout de suite dans la hiérarchie sociale.
Le but de Napoléon, c'était de créer une nouvelle élite basée sur les mérites individuels et pas sur la naissance. Souvenez-vous qu'à l'école, il était discriminé à cause de ses origines et que sans la révolution, il aurait été bloqué toute sa vie au grade de lieutenant. Donc il s'est dit qu'avec la Légion d'honneur, il pourrait sélectionner et récompenser les personnes selon leurs mérites et que ça serait un bon moyen de motiver les gens à se dépasser, à travailler plus pour accomplir des exploits. D'ailleurs, Napoléon a aussi créé les lycées et le baccalauréat, le diplôme que les lycéens passent à la fin du lycée avant de commencer leurs études supérieures. Mais la plus importante création napoléonienne, elle concerne le domaine juridique, le domaine du droit.
C'est le célèbre code civil bien sûr, qu'on appelle aussi parfois le code Napoléon ou code napoléonien. Alors, ce n'est pas lui qui en a eu l'idée. En fait, c'était un projet qui existait depuis Louis quatorze et qui avait été repris par les révolutionnaires. L'objectif, c'était d'unifier les lois sur tout le territoire français et de remplacer le droit féodal, autrement dit les lois du Moyen Âge. Mais c'était un projet tellement énorme que personne n'avait réussi à le mener à bien, à le réaliser.
J'imagine que vous commencez à cerner un peu la personnalité de Napoléon, autrement dit à mieux le connaître. Vous avez compris que sa passion, c'était l'organisation, la guerre aussi, mais ça on va en reparler. Un réformateur hors pair, un réformateur sans égal. C'était aussi un bourreau de travail. On dit qu'il travaillait souvent dix-huit heures par jour.
Donc Napoléon a pris ce projet de code civil. Il s'est entouré des meilleurs juristes du pays et tout le monde s'est mis au travail. Et en mille-huit-cent-quatre, juste avant de devenir empereur, il a promulgué le code civil. Trente-six lois qui fixaient le droit des personnes, de la famille, de la propriété, des obligations et des contrats. C'était un texte écrit dans un français clair et concis, très différent du style de l'époque et qu'on admire encore aujourd'hui.
D'ailleurs, le code napoléonien a eu une grande influence en Europe. Le code civil a rempli sa mission. Il a permis d'unifier les lois dans toute la France. Par contre, pour les femmes, il a été un vrai retour en arrière. On peut dire que le code napoléonien a inscrit le patriarcat dans le droit.
Par exemple, une des lois dit, je cite le mari doit la protection à sa femme et la femme obéissance à son mari. La femme ne peut accomplir aucun acte juridique sans l'accord de son mari. Elle ne peut même pas exercer la profession de son choix et la nationalité est transmise aux enfants seulement par le père. Donc globalement, c'est un retour à la situation de l'ancien régime alors que pendant la révolution, les femmes avaient obtenu de nouveaux droits. Quand Napoléon promulgue le code civil, elles perdent tous ces nouveaux droits au profit de leurs maris.
C'est une des raisons pour lesquelles les féministes françaises ne sont pas des grandes fans de l'empereur. Mais celles et ceux qui ont le plus perdu à cause de Napoléon, ce sont les esclaves des colonies françaises ou plutôt les anciens esclaves. Parce que oui, quelques années plus tôt, en mille-sept-cent-quatre-vingt-quatorze, les révolutionnaires français ont voté l'abolition de l'esclavage. Alors la loi n'était pas appliquée dans toutes les colonies parce que certains colons refusaient de s'y soumettre. Mais par exemple à Saint-Domingue, la colonie française la plus riche, oui, les esclaves étaient devenus libres.
Ça, si vous avez écouté l'épisode soixante-dix-huit sur Haïti, vous le savez déjà. Vous vous souvenez peut-être aussi qu'en mille-huit-cent-deux, Napoléon envoie son armée pour combattre le général haïtien Toussaint l'ouverture qui a des ambitions d'indépendance pour son île. À cette époque, Saint-Domingue qui a été renommée Haïti ensuite, la plus riche des colonies françaises. On y produit principalement du sucre. Donc pour Napoléon et les colons français, il est hors de question de la perdre.
Et il fait adopter une loi pour le maintenir et il fait adopter une loi pour le maintenir dans les colonies où l'abolition n'a pas encore été appliquée. Heureusement, les Haïtiens réussissent à battre l'armée française et à obtenir leur indépendance. Mais pour les autres colonies, le mal est fait. L'esclavage est rétabli et il faudra attendre jusqu'en mille-huit-cent-quarante-huit pour qu'il soit à nouveau aboli. Donc, à cause de Napoléon, des centaines de milliers d'esclaves ont perdu un demi-siècle de liberté.
Juste après cette défaite, Napoléon commet une deuxième erreur en Amérique, une erreur moins grave parce qu'elle a seulement eu des conséquences économiques. Il décide de vendre la Louisiane aux États-Unis en mille-huit-cent-trois ou plutôt de brader la Louisiane. Brader, ça veut dire vendre quelque chose à un prix très bas pour s'en débarrasser. Parce que oui, il ne faut pas oublier que les Français ont colonisé une grande partie du territoire nord américain eux aussi. Mais Napoléon pense qu'il n'est pas possible de développer ce territoire parce qu'il est trop loin de la métropole et que les Anglais contrôlent l'océan Atlantique.
En mille-huit-cent-trois, Napoléon sait qu'il va avoir besoin d'argent pour financer les guerres à venir, donc il vend la Louisiane aux États-Unis et beaucoup d'historiens considèrent que cette décision a été une erreur stratégique. Maintenant, on va parler de la grande passion de Napoléon, la guerre. Je ne vais pas entrer dans les détails parce qu'il y aurait de quoi faire tout un autre épisode. Et puis j'imagine que ce sont des choses que vous connaissez peut-être déjà. Si vous vivez en Europe, il y a de grandes chances que l'armée napoléonienne soit passée par chez vous en laissant de mauvais souvenirs.
Alors essayons de résumer les guerres qui reprennent en mille-huit-cent-cinq. Déjà, on peut dire que la France est seule contre tous. Les monarchies européennes sont terrifiées à l'idée que les valeurs de la révolution se propagent, d'autant plus que l'homme à la tête du pays est un stratège militaire de génie qui a soif de conquête. De génie qui a soif de conquête. Le fil rouge de Napoléon, l'idée qu'il a constamment en tête depuis ses débuts dans l'armée, c'est d'envahir l'ennemi de toujours, le Royaume-Uni.
Il pense que c'est le seul moyen d'obtenir la paix. En face, le Royaume-Uni sent cette menace napoléonienne, donc il décide de former des coalitions avec les autres monarchies européennes pour mettre fin à la domination française. Au début, Napoléon remporte toutes les batailles. Il conquiert les pays voisins les uns après les autres et il en profite pour mettre les membres de sa famille sur les trônes de ses monarchies. En mille-huit-cent-douze, le Grand Empire est à son apogée.
Il compte cent-trente-quatre départements de Hambourg à Rome et Barcelone, plus d'autres États qui n'en font pas partie, mais qui sont sous domination française, jamais la France n'a eu un territoire aussi vaste. Le problème, c'est que Napoléon a les yeux plus gros que le ventre. Il est comme un joueur au casino qui ne fait que gagner à la roulette. Il croit qu'il ne peut pas perdre. Alors il continue de jouer.
Il prend de plus en plus de risques et en mille-huit-cent-douze, l'empereur prend un risque qui va lui être fatal, Il attaque la Russie du Tsar Alexandre premier. Même si sa grande armée va arriver jusqu'à Moscou, cette guerre va être un désastre. La stratégie de la terre brûlée adoptée par les Russes et la dureté de l'hiver vont causer sa défaite et décimer la Grande Armée. D'ailleurs, une de ces batailles est devenue une expression dans la langue française, la Bérézina. La Bérézina, c'est le nom d'une rivière russe près de laquelle il y a eu une bataille qui a fait des milliers de morts dans le camp français.
Donc maintenant quand on dit c'est la Berezina, par exemple pendant un match de foot, ça veut dire que c'est un échec cuisant, une défaite totale. Cette défaite de Napoléon en Russie, elle redonne de l'espoir à ses adversaires, ils comprennent que l'empereur n'est pas invincible. Les monarchies européennes forment donc une nouvelle coalition, la sixième depuis la révolution et cette coalition réussit enfin à vaincre Napoléon en mille-huit-cent-quatorze. Il est obligé d'abdiquer et il est exilé à l'île d'Elbe, une petite île au large de l'Italie. Mais Napoléon n'a pas dit son dernier mot, il revient en France quelques mois plus tard et il reprend le pouvoir.
C'est ce qu'on appelle la période des cent jours. Mais il subit une nouvelle défaite à la bataille de Waterloo et il doit abdiquer une seconde fois. Cette fois, les Anglais décident de l'exiler loin, très loin, au milieu de l'océan Atlantique, sur l'île de Sainte-Hélène. Il y meurt de maladie 6 ans plus tard, à l'âge de cinquante-et-un ans. Napoléon est né sur une île.
Il a pris le pouvoir en France, puis conquis l'Europe avant de mourir exilé sur une autre île. Ses adorateurs pensent qu'il est le plus grand héros que la France ait connu. Mais quand on regarde son bilan de plus près, on peut en douter. Déjà les guerres napoléoniennes ont fait des millions de morts dans toute l'Europe dont un virgule sept millions de Français. C'est une catastrophe démographique qui va pénaliser le pays pendant toute la première moitié du dix-neuvième siècle.
En mille-huit-cent-quinze, après la défaite face à la coalition, la France perd non seulement les conquêtes napoléoniennes, mais aussi celles des révolutionnaires et une partie de ses colonies. Donc Napoléon laisse une France plus petite qu'il ne l'a trouvé en arrivant au pouvoir, une France qui en plus a perdu son influence internationale au profit de l'Angleterre. Et bien sûr, le pays est ruiné à cause de toutes les indemnités de guerre qu'il doit verser aux autres monarchies. Pour finir, certains historiens pensent aussi que c'est Napoléon qui a donné naissance au sentiment nationaliste en Europe, notamment en Prusse avec les conséquences qu'on connaît. Voilà on arrive à la fin de cet épisode, J'ai essayé de vous donner une vision nuancée de ce personnage historique, de ne pas tomber dans le manichéisme ou la caricature.
Mon but, ce n'était pas de faire le procès de Napoléon. Il est mort depuis deux siècles, donc ça n'aurait pas servi à grand chose. J'espère juste que maintenant vous comprenez mieux le contexte dans lequel il est arrivé au pouvoir, ce qu'il en a fait et pourquoi il suscite à la fois haine et fascination. Si vous voulez en apprendre plus, il y a un excellent podcast en neuf épisodes sur France Inter intitulé Napoléon l'homme qui ne meurt jamais. Je mettrai le lien sur la page de l'épisode avec les autres sources.
Merci d'être toujours plus nombreux à écouter le podcast. Merci pour toutes vos sur Apple podcast. Il y en a eu beaucoup récemment, donc ça me fait chaud au coeur et je vous dis à bientôt pour une nouvelle histoire. Salut.