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Épisode quatre-vingt-douze de Paris au Pérou. Salut à toutes et à tous, c'est un plaisir de vous retrouver pour cet épisode un peu spécial, c'est un épisode spécial parce que c'est le quatrième anniversaire du podcast. Enfin je triche quelques jours d'avance, la date officielle de l'anniversaire c'est le vingt-huit avril, mais comme il n'y aura pas d'épisode la semaine prochaine, on le fête aujourd'hui. Donc oui déjà quatre ans, le temps passe vite. Je me souviens du premier épisode que j'ai enregistré, mon vibrant hommage au professeur Stephen Kwashen.

Je m'en souviens comme si c'était hier. En même temps, quand je pense à tout ce qui s'est passé ces quatre dernières années, ça me semble être une éternité. Je crois que j'ai déjà dit la même chose la dernière fois pour les trois ans. Ça y est, je suis vieux, je radote. Radoter, ça signifie qu'on répète toujours la même chose parce qu'on oublie ce qu'on dit.

Bref, je veux juste profiter de ce quatrième anniversaire pour vous remercier, vous les auditeurs et auditrices d'InnerFrench. Que vous écoutiez le podcast depuis le début ou seulement depuis hier, Merci de faire partie de la communauté. C'est un honneur de vous aider à apprendre le français. Bravo pour tous les efforts que vous faites. Je suis toujours impressionné quand je reçois vos messages ou que je lis vos commentaires.

Je vois les progrès que vous faites et c'est un plaisir de vous aider dans votre aventure. D'ailleurs maintenant, je suis plus seul, on est trois pour vous aider. Vous savez que l'année dernière, j'ai recruté Anna dont vous avez entendu l'interview il y a quelques semaines et récemment une nouvelle recrue nous a rejoint Ingrid. Je vous ai déjà parlé d'elle, vous savez qu'elle m'aide à préparer certains épisodes du podcast comme celui sur la liberté de la presse en France par exemple. Elle s'occupe aussi de répondre aux questions des élèves de Raconte ton histoire, notre cours avancé.

Donc aujourd'hui on va faire les présentations officielles, vous allez entendre la voix d'Ingrid pour la première fois. On a enregistré une interview ensemble pour qu'elle nous parle de son parcours, de son enfance en région parisienne jusqu'à son expatriation au Pérou. Je ne vous en dis pas plus pour ne pas tout vous dévoiler, mais j'étais très content de pouvoir discuter plus longuement avec elle parce qu'on n'avait pas vraiment eu le temps de le faire jusque-là. On a découvert qu'on a pas mal de points communs. Vous allez voir qu'on n'a pas fait d'efforts particuliers pour adapter notre façon de parler.

On parle assez naturellement, donc cet épisode sera un bon défi pour vous. N'hésitez pas à l'écouter plusieurs fois et à lire la transcription sur le site si vous ne comprenez pas certaines phrases. Allez maintenant je vous laisse écouter ma conversation avec Ingrid. Salut Ingrid.

Salut Hugo.

Bon, je suis très content de t'avoir comme invité dans le podcast aujourd'hui. L'idée, c'est de te présenter aux auditeurs parce que tu as rejoint l'équipe InnerFrench récemment et ça va aussi être l'occasion pour nous de faire un peu plus connaissance parce que bon, t'as rejoint l'équipe assez rapidement et on n'a pas eu le temps vraiment de de se poser et de parler. Donc voilà, je suis très content de de t'avoir dans le podcast.

C'est vrai moi aussi je suis très contente, c'est vrai qu'en plus avec la la distance on n'a pas eu l'occasion de discuter un peu tranquillement comme ça de tout et de rien donc ça me fait plaisir qu'on puisse le faire et et puis qu'on puisse partager avec avec tous les followers d'inner french.

Justement donc tu parles de la distance, est-ce que tu peux nous dire tu es en ce moment

Alors tout de suite je suis à Lima au Pérou. Donc ça fait déjà fou plusieurs années que je suis au Pérou et bon en plus avec en ce moment la pandémie tout ça, je suis resté ici toute la période du Covid.

Donc on va parler justement de ton expatriation au Pérou, je pense que c'est une aventure qui va intéresser pas mal d'auditeurs. Mais pour commencer, j'aimerais que tu te présentes pour voilà que les gens sachent un peu à qui ils ont affaire.

Alors du coup moi c'est Ingrid, j'ai vingt-neuf ans, je suis française, j'ai grandi en région parisienne, j'ai fait mes études à Paris donc pur produit donc de banlieue parisienne puis de de la capitale. J'ai fait des études de journalisme et donc j'ai commencé à travailler à Paris comme journaliste. Ensuite j'ai voyagé, j'ai voyagé et bon ça on pourra en j'ai fini par rester au Pérou sans l'avoir forcément planifié et et en fait j'ai, quand j'étais sur place comme le travail de journaliste, je le continuais mais ça ne me prenait pas nécessairement beaucoup de temps. Je me suis dit qu'il était temps de réaliser mon deuxième rêve qui était d'être prof puisque j'ai toujours voulu être soit journaliste soit prof et voilà. Et c'est comme ça que j'ai j'ai commencé à donner des cours de français, j'ai fait une formation et j'ai fini par par travailler un petit peu comme journaliste et un petit peu comme prof et donc à jongler entre les deux jusqu'à atterrir à inner french je fais vraiment un peu des deux mi journalistes, mi, mi professeurs.

Ouais pour moi j'avoue que c'était vraiment le le profil parfait, Je cherchais quelqu'un qui soit capable de m'aider à créer du contenu, mais qui ait cette approche aussi pédagogique et ce n'est pas si facile que ça à trouver. Je pense qu'avec Internet depuis quelques années, il y a de plus en plus de profs de FLE qui se mettent à la création de contenu. Donc c'est super parce qu'il y a de de plus en plus de choses, de ressources qui sont disponibles pour pour les apprenants. Mais voilà, les profs n'ont pas toujours la rigueur journalistique ou voilà, ce n'est pas non plus quelque chose qui qui qui peut s'improviser. Et toi, tu as vraiment été formé à ça, tu as vraiment fait tes études en journalisme.

Ouais, moi du coup pour moi aussi ça a été un peu le coup du destin, quelque chose qui me permet de m'épanouir sur les deux choses que j'aime finalement. Donc donc ouais, je suis plutôt contente qu'on se qu'on se soit trouvé professionnellement, ça c'est plutôt cool pour des deux côtés.

Et pour la petite histoire, je m'étais servi d'un de tes articles pour un épisode du podcast, C'était celui sur l'expatriation et l'immigration. Et quand tu as postulé à l'offre, justement, je me suis dit que j'avais déjà vu ton nom quelque part, mais je n'arrivais plus à m'en souvenir. Et après t'avoir à googler, là, voilà, j'ai fait le rapprochement et j'ai vu que tu étais l'auteur justement de cet article et je me suis dit que le monde est petit.

Oui effectivement encore plus c'est encore plus un signe qu'on pouvait bosser ensemble et qu'on avait des idées de sujets un petit peu en commun. Exactement.

Alors, en te présentant, tu as dit que tu étais un pur produit de banlieue parisienne et je sais que dans le cours, raconte ton histoire, je parle un peu de la banlieue et c'est vrai que c'est un mot qui est assez compliqué à expliquer en français parce qu'il peut avoir plusieurs significations. Donc toi, qu'est-ce que tu entends par pur produit de banlieue parisienne dans dans ton esprit À quoi ça correspond

C'est simplement que j'ai j'ai grandi dans la périphérie de Paris donc dans dans une petite ville, non pas si petite, mais dans une ville de des Yvelines dans le soixante-dix-huit et et en fait j'ai, si j'ai de la famille en dehors de de la région parisienne d'ailleurs quand je suis à l'étranger, je dis que je suis Paris mais que ma famille est dans les Alpes comme ça ça permet aux gens de situer un petit peu que je ne suis pas que de là-bas mais en réalité si j'ai grandi en banlieue qui donc pour situer c'est comment dire c'est vrai que il y a beaucoup de clichés autour de la banlieue de fantasmes pourquoi parce que il y a certaines banlieues qui sont disons très populaires et qui dans l'histoire ont eu quelques grands faits divers du fait d'être des territoires qui sont un peu oubliés, des territoires il y a parfois un peu plus de violence ou un peu plus de pauvreté et donc c'est vrai que notamment quand j'étais au collège par exemple je me rappelle il y a eu quelques mois il y avait eu des voitures qui avaient été brûlées et caetera, des émeutes qu'ils appelaient ça, donc dans l'esprit de certaines personnes n'ont pas vécu là-bas, toute la banlieue est un endroit horrible les gens sont perdus mais en fait bon ce n'est pas le cas.

Déjà il y a des banlieues qui sont très riches, très très riches, il ne faut pas oublier que Versailles ou Neuilly-sur-Seine c'est en banlieue. Et puis après il y a beaucoup d'endroits qui sont simplement moyens les gens coulent une vie paisible et bon. On va dire que moi d'où je viens c'est exactement entre les deux. J'ai eu voilà la ville d'où je viens à ces quartiers un petit peu plus populaires et puis aussi des endroits plus plus bourgeois on peut dire. Et moi j'ai grandi c'était vraiment exactement entre les deux ni ni l'un ni l'autre, mais c'est vrai que que du coup j'ai grandi à côté de Paris, la première grande ville je suis allé quand j'étais au collège aller faire les magasins c'était Paris et quand j'ai commencé à étudier à Paris, je sentais la différence, le fait que je vienne de banlieue ça me donnait une identité un petit peu aux yeux de certaines personnes.

Et de fait mes amis que je me suis fait à Paris en général c'était des personnes qui aussi avaient grandi dans une banlieue et avaient vécu la même la même réalité.

Est-ce qu'on t'appelait la banlieusarde ou pas

Ça m'est arrivé ouais alors c'est drôle parce que quand j'étais en dehors de Paris de la région parisienne on m'appelle la parisienne et quand j'étais à Paris avec des parisiens on m'a déjà appelé la banlieusarde surtout à l'époque je n'avais pas encore les moyens de vivre toute seule et du coup je faisais les allers-retours donc c'est vrai que j'allais en soirée il fallait que je dorme chez les gens ou alors il fallait que je rentre avant minuit pour prendre le dernier train sinon c'était le noctylien, le bus de nuit qui est un bus horrible. Donc donc oui c'était une réalité un petit peu différente avec tout le chemin que je devais faire et puis mon autre vie que j'avais en dehors de Paris.

Oui donc justement pour expliquer ce mot banlieusards et banlieusardes au féminin, c'est un nom qu'on utilise, c'est plutôt familier, c'est un peu péjoratif pour qualifier quelqu'un qui habite en banlieue et en général, c'est plutôt les gens de la ville. Donc, par exemple, les Parisiens qui se distinguent des banlieusards. Et voilà, dans la bouche d'un Parisien, banlieusards, c'est c'est plutôt péjoratif, c'est c'est plutôt négatif.

Et dans la bouche aussi d'un en réel, en vérité d'un d'un provincial aussi. J'ai j'ai rencontré beaucoup de de personnes qui venaient pas de Paris, qui ont monté à la capitale pour faire leurs études et quand on leur disait non mais moi j'ai j'habite, je n'ai pas d'appartement à Paris, je retourne chez mes parents en banlieue tous les jours et ils te regardaient un peu genre ah ouais tu viens de banlieue. Donc ouais, alors que bon après quand quand ils connaissent mieux les gens en général, ils comprennent que ce n'est pas du tout l'image qui ait pu être véhiculée dans les médias, en particulier quand nous on était jeune et que c'était un peu l'époque, la grande époque des reportages télé qui font peur.

C'est vrai et comme tu l'as rappelé au début tout dépend vraiment de la banlieue dans laquelle tu vis, c'est ce mot ça, il recouvre une réalité vraiment vraiment variée, on pourrait dire.

Ouais, ouais, ouais.

Et pour toi, c'était toujours une évidence pendant au collège et au lycée que qu'un jour tu aurais vivre à Paris, que tu aurais étudié à Paris ou c'est arrivé finalement un peu par par hasard.

Ah non, c'était cent pour cent depuis l'enfance. De fait, je pense que quand tu grandis en banlieue parisienne et du coup tu veux faire des études que tu te vois voilà moi très jeune je disais soit je serai journaliste soit je serai prof et dans tous les cas je voulais faire des études, le seul endroit je me visualisais c'était à Paris, j'ai jamais envisagé c'est vrai et ça c'est un défaut je pense de la France qui est si centralisée, je me suis jamais vue faire des études ailleurs qu'à Paris jusqu'à bien sûr plus tard ou quand tu te rends compte de la réalité pour aller en master ou quoi j'ai envisagé d'aller ailleurs, mais au début quand j'étais jeune, c'était vraiment, je pense que si on retrouvait mes mes carnets de petites filles ou d'ados j'écrivais mes rêves dans la vie, il y avait avoir un appartement à Paris, boire un Starbucks à Paris, c'est super cliché de Paris.

Alors que c'est exactement les mêmes Starbucks à Paris et en banlieue.

Ouais non mais à l'époque je crois et je pense qu'il n'y avait pas de Starbucks en banlieue. Il y a des choses que ouais il n'y avait pas les mêmes magasins, c'était, j'avais des copines qui avaient par exemple leur leur maman qui les emmenait faire les magasins à Paris et c'était parce que moi j'allais aux gémeaux, mais l'encours. Donc donc ouais, il y avait quand même une réalité différente, mais c'est vrai que, moi au final, au final, j'aurais très bien pu aller dans une ville de province pour faire des études en particulier, la vie aurait été la même finalement, la vie étudiante.

Et justement concernant tes études, pourquoi tu as choisi le journalisme

Alors là, ça c'est une très bonne question parce que du coup ça remonte à tellement loin le fait de vouloir être journaliste que j'ai eu plusieurs phases. En fait je pense qu'au tout début c'est la base de base c'est que j'adore écrire depuis toute petite, j'adorais lire et écrire et on va dire échanger, transmettre des idées d'où le rapprochement avec professeur ou journaliste. Puis après j'ai eu plusieurs phases, j'ai voulu être journaliste de mode, ce qui me fait rire maintenant parce que quand on sait maintenant mon rapport avec la mode, mais à une époque ouais je voulais plus parce que je lisais les magazines féminins qui avaient des tons un peu légers, très chroniques, très je raconte ma vie d'une manière drôle et caetera, très sex and the city finalement et et après j'ai eu une autre phase à partir de quinze, seize ans j'ai commencé à recevoir le magazine l'Express à la maison gratuitement et donc mes parents évidemment ne lisaient pas du tout ce ce genre de de journaux politiques ou quoi, m'ont jamais transmis un amour de j'ai jamais vu le monde ou ou le Figaro ou libération à la maison, non c'est des choses que j'ai découvert après.

Mais quand je recevais l'express à la maison, j'ai commencé à me dire ah ouais non pas journaliste de mode, je vais être journaliste politique et je me suis mise à fond à souligner à surligner les interviews des politiques et caetera et voilà. Et au final je me suis un peu calmée sur les deux et c'est pour ça que j'ai fait plus des sujets société qui finalement permettent à la fois de parler de la vie quotidienne, des choses un peu plus chroniques, un peu plus témoignages de vie, mais sur des sujets qui touchent quand même un peu la politique, mais pas la politique politicienne, plus vraiment des choses de la vie réelle.

Et c'est difficile de rejoindre une école de journalisme à Paris

Ouais, ouais, c'est ultra. Alors moi j'étais, j'ai eu la chance d'intégrer une une association de préparation au concours que je conseille totalement qui est vraiment une association génialissime qui s'appelle la chance au concours. Donc c'est une asso de journalistes qui préparent des étudiants boursiers, donc des personnes qui boursiers c'est des personnes qui en fait sont n'ont n'ont pas forcément leur famille n'a pas forcément des beaucoup de ressources et qui donc reçoivent pour faire leurs études des aides de l'état. Donc il y a des boursiers avec plusieurs échelons, il a des personnes qui reçoivent une petite aide et d'autres plus importantes. Et donc la chance au concours c'est une association qui nous permettait avec un groupe donc qui avait été sélectionné sur la motivation, la situation des parents, le parcours et caetera, on allait tous les samedis me semble là-bas pour pour préparer Donc les concours c'est c'est des examens qu'on passe il y a plusieurs étapes.

Donc je pense que tu as déjà expliqué ça par rapport au concours en école de commerce pour ceux qui te suivent ils doivent déjà un peu savoir ce que c'est.

Ouais j'en ai parlé mais seulement dans le cours raconte ton histoire dans le podcast je pense pas l'avoir évoqué donc c'est bien que que tu le rappelles.

Donc du coup pour les grandes écoles c'est-à-dire les écoles de journalisme, les écoles de commerce, d'ingénieurs, pour rentrer en fait il y a un nombre de places limité et donc pour faire partie des heureux élus, il faut passer un concours. En général c'est un concours écrit d'abord il y a une première sélection et puis après c'est un oral. Donc moi j'ai passé tous les concours et bon de fait j'ai je pense que j'ai de la chance parce que je suis j'ai toujours été très bon élève et assez scolaire donc j'ai eu la chance d'être admissible à tous les concours donc quinze, je crois qu'il y a quinze écoles reconnues en France et j'ai en passer dix parce qu'il y a dix masters quelque chose comme ça.

Et Alors ça vaut la peine parce qu'il y a souvent une confusion avec le verbe passer pour les examens.

Ah oui.

Parce qu'en fait en français ouais passer un examen ça veut dire essayer cet examen, mais ça ne veut pas nécessairement dire le réussir. Donc toi, tu, voilà, tu t'es inscrite à tous les examens, tu as passé tous les examens et tu les as réussis. Donc tu étais admissible.

C'est ça. Donc j'ai été admissible à tous les concours et j'étais admise à tout sauf un. Donc celui qui est classé l'école de Lille et par contre ouais donc j'ai pu choisir, j'ai eu la chance de pouvoir choisir entre guillemets la meilleure école, je dis entre guillemets parce que la meilleure école de Paris, parce qu'en réalité moi je pense que à partir du moment tu es pris en master que tu es dans une école reconnue que tu es avec des super professeurs, des camarades qui vont être des futurs confrères et caetera, Dans tous les cas c'est des bonnes écoles, il y a les histoires de celle-ci est meilleure qu'une autre ça dépend vraiment de chaque personne et de ce qu'on fait à l'école. Mais en tout cas oui c'était difficile et j'ai eu la chance d'avoir cette association qui m'a préparée parce qu'il y a beaucoup d'autres personnes qui ont qui peuvent avoir des prépas privées en fait et qui donc payent assez cher pour pour pouvoir entrer dans dans la formation.

Enfin en tout, elles payent pas forcément pour elles payent pour être préparées Pour

être préparé.

Avec les meilleurs professeurs et caetera.

Peux payer énormément une préparation et ne pas être, ne pas être du tout admis dans l'école.

Exactement. Non, parce que ce n'est pas comme dans certaines universités américaines là, vraiment, on peut pas toujours officiellement, mais acheter sa place. En France, il y a toujours quand même cette histoire de concours à passer. Et ça, c'est la distinction entre grandes écoles et universités. Les universités, il n'y a pas de concours, donc la sélection, elle se fait plutôt sur dossier en fonction des notes que les élèves ont au lycée.

Ça, les concours, c'est seulement pour les grandes écoles, mais ce n'est pas pour toutes les études supérieures en France. Peut-être qu'on fera un épisode d'ailleurs sur ça, je pense que ça peut intéresser pas mal de monde.

Ouais, ça peut être intéressant parce qu'en plus les études en France, c'est vrai que c'est un grand mystère mondial, ça n'a rien à voir avec le système des autres pays, donc ça peut être intéressant.

C'est vrai. Et donc, est-ce que ça valait la peine tous ces efforts pour intégrer une école de journalisme Est-ce que tu as trouvé que ces études t'ont vraiment formé, t'ont vraiment apporté quelque chose

Ouais ouais ouais complètement, j'ai complètement appris le métier de journaliste, en plus j'ai eu la chance de, je ne vais que dire que j'ai eu de la chance, mais oui j'aime reconnaître que voilà il y a des personnes qui n'ont pas forcément toutes les options que qu'on a et c'est vrai que j'ai j'ai trouvé que parfois c'était plus une question de chance que de que de mérite, mais ouais donc bref j'ai pu j'ai pu faire mes études mon master en alternance donc ce qui m'a permis de travailler. Donc l'alternance c'est quand on est à moitié dans une entreprise et à moitié dans la formation et quand on est en formation, on reçoit notre salaire qui n'est pas un salaire complet mais qui est une rémunération intéressante par rapport à quelqu'un qui fait des études et qui donc doit parfois travailler à côté ou quoi. Donc ça m'a permis de travailler comme journaliste, d'avoir déjà ma carte de presse, d'être déjà professionnelle alors que j'étais encore en master. Après j'ai pu côtoyer des professeurs qui étaient des très grands journalistes, des voilà travailler comme journaliste, être formé sur le tas, pouvoir connaître la réalité et caetera et vraiment ça a été une très très bonne formation qui que je continuais à être journaliste ou pas parce qu'après le marché du travail en tant que journaliste c'est complètement autre chose ça ne dépend plus du tout de ta formation ça reste difficile pour tout le monde, mais dans tous les cas c'est une formation intellectuelle qui me servira toute ma vie voilà qui me sert chez InnerFrench et qui m'a servi aussi en tant que professeur ou et même dans la vie dans la vie quotidienne finalement pour mieux comprendre le monde, mieux s'exprimer, mieux appréhender les médias et toutes les sources d'information qu'on trouve autour de soi.

Et tu as fait ton alternance dans quelle rédaction

Alors j'ai fait mal à mon alternance dans une rédaction qui s'appelle Figaro classifie qui est en fait une des branches du figaro, mais qui n'est qui est en fait j'étais sur des sites internet qui étaient dédiés à à l'emploi, à la recherche d'emploi, à la formation, des choses comme ça donc très spécialisés. Et ça aussi ça m'a aussi bien formé parce que le fait d'être très spécialisé sur quelque chose, ça permet de d'apprendre d'une autre manière en fait de faire des interviews beaucoup plus techniques, de de s'informer sur l'actualité, de faire de la veille beaucoup plus précise et caetera. Donc c'est aussi quelque chose qui m'a qui a été une très bonne formation.

Ouais ça je comprends tout à fait l'attrait de cette spécialisation parce que justement avec le podcast, j'ai couvert quand même pas mal de sujets, des sujets à l'origine qui m'intéressaient et que j'avais envie de creuser un peu, mais ce n'est jamais possible d'aller vraiment au coeur du sujet, de lire tout ce qui est disponible dessus. Et c'est vrai que c'est assez frustrant en fait, en fait, d'être plutôt généraliste et voilà, de passer d'un sujet à l'autre. On a quelques jours pour se documenter, essayer d'avoir un fil directeur, un axe, mais c'est un peu frustrant en fait d'être généraliste et de ne pas être vraiment expert dans un domaine et d'être sûr de tout ce qu'on raconte. Donc j'imagine que ouais, ça doit être difficile pour les journalistes qui ont vraiment cette pression du temps en plus, quand il faut qu'un article soit prêt tel jour à telle heure, il faut qu'il soit prêt, sinon il ne peut pas partir en impression. Alors que moi, comme vous le savez avec le podcast, bon, je ne suis pas toujours très régulier, mais ouais, je comprends que ce soit quelque chose qui qui t'a plu.

Et à ce moment-là, tu as réalisé ton rêve d'avoir un appartement à Paris.

Ouais, ouais, ouais. J'ai eu un premier studio quand je préparais les concours en fait, je me rappelle que j'ai été accepté à la chance au concours donc, donc j'ai su que j'allais pouvoir préparer les concours de façon gratuite en plus avec des aides financières parce que les concours parfois il faut payer les droits d'inscription ou le voyage quand c'est des concours en province et caetera et la chance au concours se chargeait de rembourser ses frais. Donc je me souviens que je me suis dit bon la prochaine étape c'est vivre à Paris parce que comment je vais faire les allers-retours si je passe trois heures parce que c'était une heure et demie pour aller à Paris, une heure et demie pour rentrer, je vais passer trop de temps dans les transports et je vais pas pouvoir être efficace et donc j'ai fait un espèce de présentation powerpoint à mes parents pour pour leur expliquer que c'était vraiment important que je puisse avoir un petit studio à Paris qui puisse m'aider et puis que l'année suivante j'allais probablement être en alternance et pouvoir à nouveau assumer financièrement et caetera et donc en voyant toute ma motivation et en voyant à quel point je savais ce que je faisais, ils ont accepté et donc j'ai réussi à trouver mon petit studio pas cher, bien situé et caetera qui était pour moi un super plan jusqu'à me rendre compte évidemment qu'il était insalubre mais ça c'est une autre histoire mais de toute façon j'étais contente.

Qu'est-ce que ça veut dire qu'est-ce que ça veut dire insalubre tu peux expliquer quoi

Inalubre en fait c'est un immeuble ou un appartement qui n'est pas sain donc qui a des problèmes d'humidité ou alors des problèmes d'isolement ça peut être quand il y a des rats par exemple tout ce qui fait qu'un endroit n'est pas vivable en fait et donc dans mon cas c'était humide donc tellement humide que les murs sont devenus verts avec de la moisissure et caetera voilà donc c'était, mais bon je à Paris ce genre d'histoire est très n'est pas du tout rare et ça fait partie du folklore du début de vie parisienne d'être dans un hôtel.

Ça fait partie de l'expérience.

Voilà, c'est ça. Donc j'étais contente quand même.

Tu étais dans quel arrondissement

Dans le dix-huitième. Dans le dix-huitième, j'ai toujours, en fait j'ai fait une prépa dans le dix, à la place de Clichy et à partir de je suis tombée amoureuse du dix-huitième de Montmartre et caetera, toutes mes tous mes copains étaient aussi là-bas, donc quand j'ai cherché un de ma part j'ai cherché vraiment que dans un quartier en particulier autour du métro la marque Colincourt très cliché parce que maintenant à chaque fois que je vois des photos de Paris sur Instagram ou quoi c'est toujours des c'est toujours exactement ma rue ou les alentours de je vivais.

C'est vrai que c'est un quartier qui est devenu très très populaire ces dernières années qui n'était pas si cher que ça en plus au départ.

Non même quand j'ai déménagé finalement c'était c'était pas très cher, c'est aussi pour ça que tous mes amis étaient restés là-bas et que c'était un quartier, c'est un quartier qui était beau, qui avait vraiment une identité particulière et en même temps les les apparts n'étaient pas si chers que ça par rapport à à d'autres quartiers notamment dans les dans les zones étudiantes, dans le cinquième ou quoi ou vraiment c'était hors de prix.

Et comment ça s'est passé après tes études, le début de ta carrière

Alors du coup ouais donc j'ai commencé en étant pigiste tout de suite après la fin de mon alternance j'ai commencé à travailler comme pigiste et puis après j'ai une.

Tu peux expliquer ce que c'est qu'un un pigiste

c'est un journaliste qui travaille à la pige et donc la pige c'est un contrat ponctuel, donc c'est un contrat de salarié mais seulement pour une mission, une journée, donc ça permet de travailler de façon indépendante pour plusieurs médias. C'est comme si on était pour une journée embauché par un média et puis le jour suivant pour un autre et caetera. Donc c'est très précaire donc ce n'est pas du tout quelque chose qui est économiquement souhaitable ou qui est facile parce que pour trouver un appartement pour avoir un prêt auprès de la banque ces choses-là c'est difficile mais c'est vrai que moi en étant jeune et en n'ayant pas forcément envie d'une très grande stabilité au début, ça me paraissait être plutôt la possibilité d'avoir plein d'opportunités, d'être libre, de faire des choses différentes et caetera. Donc donc voilà.

Donc c'est un peu comme être freelance, mais attention pigiste c'est seulement dans le journalisme. Donc ce n'est pas l'équivalent de freelance, c'est seulement pour les journalistes.

Voilà ce n'est pas freelance parce que freelance on est son propre patron alors que journaliste, alors que pigiste c'est que pour les journalistes et c'est un type de contrat bien particulier qui permet d'être quand même salarié d'une entreprise, mais de façon ponctuelle, pas sur des contrats de 6 mois ou des choses comme ça. Donc après c'est des détails administratifs, mais que je précise parce que c'est vrai que c'est important dans la profession de faire la différence entre les deux Et voilà.

Très bien, donc tu as commencé comme pigiste et est-ce que dès le départ, tu avais des thèmes privilégiés ou est-ce que tu as cherché à te te positionner dans un secteur particulier comment tu as fait au début pour trouver des contrats justement

Alors j'ai trouvé un contrat assez régulier dès le début et puis après j'ai envoyé des mails, des choses comme ça et puis finalement je ne suis pas restée pigiste très longtemps au début parce que j'ai une opportunité qui s'est présentée pour un média que j'adorais mais vraiment j'adorais qui est les éco-start, qui est un média des échos donc le le premier journal économique de France, mais c'est c'est le site web qui était réservé aux jeunes, à la start-up, ces choses-là qui sont pas que j'adore en soi Des start-up nation. Voilà c'est des choses que je critique beaucoup

mais à l'intérieur c'est un média qui permettait

de parler de choses un peu sur faire sa vie à l'étranger, changer de complètement de carrière, avoir un travail qui ait du sens, des choses comme ça en fait c'est plutôt c'était le contresens de la vie dans les grosses entreprises. C'est un peu le média pour pour les Hugo finalement les jeunes qui sortent d'école de commerce et qui se rendent compte mais qu'est-ce que je fais là, ça n'a aucun sens je veux faire quelque chose de plus intéressant. Donc c'est vrai que ça me permettait d'écrire pour des personnes qui peut-être avaient cru que leur vie allait être toute tracée et finalement se rendaient compte qu'ils avaient envie de faire d'autres choses, qu'ils avaient envie de s'intéresser à des choses plus sociales, qu'ils avaient envie de voyager, des choses comme ça. Et donc j'ai commencé à travailler pour les éco-start, j'ai continué très longtemps puisque j'ai travaillé 6 mois en rédaction, puis j'ai travaillé avec eux comme pigiste et je me suis spécialisée de plus en plus sur justement l'expatriation qui est un mot que je n'aime pas trop mais qu'on comprend, c'est le fait d'aller vivre à l'étranger de façon volontaire, donc qui est une immigration mais une immigration de riches en réalité, de personnes occidentales qui ont la chance de pouvoir voyager et caetera comme moi j'ai pu faire.

Et donc je me suis spécialisée petit à petit sur ce genre de mode de vie en fait, des personnes qui qui travaillent en voyageant ou qui font des années sabbatiques ou qui vont à l'étranger pour trouver l'inspiration voilà des choses comme ça.

Et c'est en écrivant ces articles que toi tu as commencé à à prévoir de t'expatrier ou alors au contraire, c'était une idée que tu avais déjà dans un coin de la tête et justement tu as pu la creuser en en interviewant des gens, et caetera.

Alors c'est vraiment une question de qui de la poule ou de l'œuf est arrivé en premier parce que je pense que j'avais déjà au fond de moi l'idée puisque j'ai toujours voulu travailler de façon indépendante J'avais pas mal voyagé quand j'étais à partir du moment j'étais étudiante, j'avais profité du fait qu'en Europe c'est assez facile de de se faire des week-ends à l'étranger Mais je n'étais jamais sorti d'Europe et c'était quelque chose que je voulais vraiment, je sentais que j'étais appelé à à voyager, à sortir, à connaître autre chose et plus j'écrivais sur des personnes qui le faisaient et plus je me disais, mais qu'est ce que tu fous encore à Paris Genre vraiment c'est à un moment je me suis dit mais attends c'est ridicule d'être à écrire toute la journée parce que tous les sujets que je proposais c'était job de rêve, ils voyagent, ils travaillent tout en voyageant, ils ont fait une année sabbatique, et caetera et donc.

Et pourquoi tu as choisi le Pérou alors

Donc pourquoi le Pérou Parce que donc moi j'ai fait classe européenne espagnole au collège, donc collège lycée, classe européenne c'est une option en France qui permet de apprendre une langue de façon un peu plus approfondie avec des heures supplémentaires donc en apprenant aussi la géographie, l'histoire et caetera. Et donc dans cette classe évidemment on faisait l l'histoire de l'Espagne mais aussi de toute l'Amérique latine. Donc avec ma meilleure amie, on était resté sur l'idée que quand on sera grande, on voyagera en Amérique latine et donc elle m'a accompagné pour les deux premières semaines de mon voyage et donc c'est elle qui a choisi de commencer par le Pérou. Dans tous les cas moi je voulais aller en Amérique latine, je pensais à d'autres destinations comme Cuba. Cuba qui m'a toujours beaucoup attirée aussi voilà de toute façon je voulais faire tout tout le continent pratiquement et donc c'est elle qui a dit allez moi je vais aller au Pérou, je veux voir le Machu Picchu et caetera, donc donc voilà c'est comme ça que je me suis retrouvé au Pérou en juillet deux-mille-dix-sept.

Donc à la base, c'était simplement censé être un voyage.

Ouais, moi j'avais pris un billet d'aller, mais je n'avais pas pris de billet de retour. Donc déjà là, il y avait quelque chose un petit peu. J'avais pas prévu de date de retour, j'avais dit à mes ma famille mes amis, je pense que je reviens à peu près pour fin novembre début décembre que c'est mon anniversaire et noël, donc ça me paraît assez assez correct comme date de retour. Et mais voilà je n'avais pas d'itinéraire précis, j'avais prévu quelques petits quelques petits spots sur la route, retrouver certaines personnes et caetera, Mais voilà, je n'avais pas de de une idée très précise de ce que j'allais faire ni de quand j'allais rentrer.

Elle t'avait rendu les clés de ton appartement à ton travail, tu leur avais dit que tu partais ou.

Ouais alors mon travail j'ai eu ce dilemme qui n'a pas été un dilemme c'est que j'ai été interviewée et caetera j'avais fait tous les entretiens pour un CDI tout en me disant mince qu'est-ce que je fais j'ai pas envie d'un CDI mais j'ai très envie de ce travail et au final encore une fois le destin finalement le poste qu'ils avaient de libre c'était que pour 6 mois parce qu'il y a eu un petit changement interne. Donc en fait pour moi ça a été vraiment la décision je fais les signes et voilà c'était un signe totalement. Et pour l'appartement en fait j'étais en coloc chez une copine. C'était son appartement à elle, donc j'avais sous loué à une autre personne et donc j'avais laissé quand même mes affaires là-bas. Donc c'est vrai que quand j'ai décidé de, quand j'ai décidé de ne plus rentrer, j'ai appeler ma copine, lui dire je suis désolée, je ne rentre plus et puis j'ai deux, j'ai plusieurs potes en fait qui sont allés chez moi et qui ont fait tout mon, qui ont fait mon déménagement pour moi, qui m'ont mis à faire dans des valises et caetera.

Donc ça ça a été un peu

Ça c'est des vrais amis.

Ouais, c'est vrai que du coup, je laisse, j'aurais fait peser quelque chose d'assez assez lourd. Je les remercie.

Donc, tu es arrivée au Pérou avec ta meilleure amie et tu es restée là-bas finalement ou ta voyante comme tu as fait ce que vous aviez prévu

Alors j'ai fait donc c'est l'histoire le fond de l'histoire pourquoi je suis restée au Pérou. J'ai fait deux semaines, j'ai voyagé pendant deux semaines avec elle et après et elle est repartie et c'est qu'entre en scène, celui qui est devenu mon mari aujourd'hui, que j'ai rencontré du coup le jour, le premier jour j'étais toute seule, qui m'a fait visiter sa ville et en fait on ne s'est jamais quitté, il a voyagé avec moi, on est parti jusqu'à la frontière de l'équateur et après j'ai continué à voyager toute seule mais tout en restant en contact, on s'est retrouvé en Colombie et de on a décidé de je suis repartie au Pérou, on a voyagé de nouveau en Bolivie au Chili enfin. Mais petit à petit le Pérou est devenu un peu ma deuxième maison, c'est vrai que du coup j'ai retournée avec un péruvien qui m'a fait rencontrer sa famille et je suis beaucoup plus rentrée dans la culture péruvienne que j'ai adoré d'un autre point de vue parce que c'est vrai que c'est différent quand on est dans un endroit comme touriste pendant deux semaines et puis en parlant à peine la langue et puis quand on commence à vivre sur place à parler de plus en plus à rencontrer des personnes vraiment de là-bas à aller dans des endroits les touristes ne vont pas et caetera.

Donc donc voilà, je suis je suis restée au Pérou mais pas pas tout de suite, j'ai voyagé en même temps, je pense que les tout deux-mille-dix-sept, deux-mille-dix-huit, j'ai ouais j'ai voyagé énormément en fait, mais avec un peu ma deuxième maison, c'était le Pérou.

Ok et à ce moment-là tu travaillais comme pigiste ou comment ça se passait Ouais,

je travaillais comme pigiste. Ouais voilà j'ai j'ai travaillé comme pigiste jusqu'à enfin seulement comme pigiste jusqu'à je pense pendant un an quelque chose comme ça et c'est au bout de un an quand je suis retournée au Pérou après après être allé aux États-Unis en Europe, je ne sais plus, voilà je suis revenu pour plusieurs mois et je me suis dit bon maintenant je vais j'ai commencé à donner des cours et j'ai commencé à m'intéresser aux formations avec l'alliance française et caetera. Mais tout en continuant les piges, dans tous les cas j'ai jamais arrêté les piges mais c'est vrai que les piges c'est quelque chose qu'on fait, ce n'est pas du tout régulier quoi. Il y a des mois je vais en faire quatre et écrire des longs articles et puis il y a des mois du coup je ne proposais rien pour être plus tranquille et voyager voilà.

Ok et comment ça s'est passé tes débuts de prof

Mes débuts de prof c'était c'était en fait une grande révélation parce que je ne savais pas exactement ce que je faisais, mais bon je connais ce qui est bien c'est que la grammaire j'avais absolument aucun problème contrairement, parce qu'on dit parfois il suffit pas de parler français pour pouvoir l'expliquer, pour le coup je savais plutôt bien tous les mécanismes grammaticaux grâce à mes études et parce que je m'y intéressais. Et en fait le côté pédagogique c'est quelque chose que j'ai improvisé au départ et en fait que ça s'est super bien passé, j'ai adoré, j'ai vu que les élèves étaient contents et c'est aussi ce qui m'a donné envie de faire une formation supplémentaire pour connaître un peu mieux quels sont les différents courants de pédagogie, comment et comment en fait on peut apprendre ça, mais tout en sentant que j'avais la fibre non, donc c'était c'était quelque chose qui, ouais ça a été un peu un, je ne sais pas, un coup de foudre professionnel à partir dès le premier cours en fait.

Et ce premier cours, c'était dans une école de langue

Non, j'ai donné des cours particuliers au début. J'ai donné des cours particuliers, j'avoue que je ne me sentais pas du tout légitime dans des institutions un peu plus sérieuses entre guillemets. C'est vrai que j'ai tendance à ne pas me lancer dans quelque chose, ne faites pas comme moi, faites les choses sans, non parce que c'est vrai que sans avoir la formation, sans avoir de l'expérience et caetera, j'avais l'impression que j'allais être une prod et au final j'ai mis du temps avant d'aller donner mon CV à une institution et de commencer à travailler comme je l'ai fait après en donnant des classes à des grands groupes

Ah c'est le célèbre syndrome de l'imposteur.

Ouais exactement c'est quelque chose c'est énorme d'ailleurs je j'avais pensé ça pourrait faire un bon podcast ça je pourrais proposer à Hugo de faire ça parce que c'est un truc.

C'est vrai, moi j'ai la j'ai la même chose, mais je n'ai pas eu le choix. Donc on m'a vraiment la directrice de l'Institut français de Varsovie m'a dit on a un cours de conversation, on aimerait bien que vous soyez le prof. Elle savait que je n'avais aucune expérience en la matière. Donc voilà, juste après l'entretien, elle m'a proposé ça. Donc, je ne me suis pas trop posé de questions parce que je n'ai pas eu le temps d'y réfléchir tout simplement.

Mais c'est vrai que c'était un peu inconscient et c'était vraiment comme toi. Voilà, dès le premier cours, je me suis rendu compte que j'adorais ça, le contact avec les élèves, d'avoir des gens qui étaient tellement passionnés par le français, c'était vraiment quelque chose qui qui faisait chaud au coeur et je me suis formée sur le tas. Mais toi tu as fait une formation vraiment à distance, donc une formation officielle par correspondance.

Ouais après, mais au début c'était des cours particuliers et c'est vrai que comme tu dis ça fait chaud au coeur de voir à quel point des personnes peuvent être passionnées par un pays dont on se plaint tout le temps, nous habituellement. C'est intéressant de Puis je trouve que je ne sais pas si toi ça t'a fait ça, mais aussi quand tu vis dans un autre pays, ça permet d'avoir un contact avec son pays toujours et puis d'avoir un échange culturel avec des personnes qui s'intéressent à aussi à comment toi tu vis la réalité de leur pays et puis en leur expliquant, mais non en France, ce n'est pas comme ça ou ça, ça m'a surpris et puis ça permet d'avoir des échanges assez intéressants.

Non, c'est vrai. Moi, je ne me suis jamais senti autant français que depuis que je ne vis plus en France. Donc c'est un peu paradoxal. Mais effectivement, tu te rends compte de toutes les différences, de ce qui est bien en France, de ce qui est moins bien, tu as plus de recul et voilà des choses qui, toi, te semblaient complètement évidentes. Surtout, j'ai l'impression qu'on a un peu le même profil que toi aussi quand tu étais enfant, tu n'as pas forcément voyagé beaucoup à l'étranger et que c'est plus quelque chose que tu as découvert ensuite pendant tes études, non

Ouais, complètement, complètement. De fait, je me rappelle que quand je suis rentrée à un moment, j'étais en France après avoir déjà voyagé. Je ne sais plus à quel moment, mais bon bref, ma petite soeur est un peu dans le même, par exemple ma soeur, un, deux, trois, je recommence. Oui c'est vrai je me souviens que une fois il n'y a pas si longtemps mon père nous a fait une remarque avec ma petite soeur qui aussi a commencé à voyager elle a fait tout un tour de l'Amérique du Sud toute seule en stop, elle est en République démocratique du Congo donc enfin aussi un profil aventurier mais récent et je me souviens que notre père nous a dit mais je comprends pas pourquoi vous voyagez tellement parce que nous on n'a jamais voyagé enfin moi moi je ne suis pas et on lui a dit justement c'est peut-être pour ça on est tellement resté en France en France en France que au final dès qu'on a pu ça a été d'abord les voyages en Europe et puis après essayer de partir plus loin découvrir d'autres cultures, ne pas rester dans un métro boulot dodo parisien.

C'est vrai que c'est quelque chose, c'est quelque chose qui est venu après, peut-être par le manque dans l'enfance de ce genre de choses.

C'est vrai. Je pense que c'est assez générationnel aussi voilà, à l'époque de nos parents, il n'y avait pas forcément Ryanair, et caetera, les vols low cost, donc c'était plus difficile et c'était moins à la mode de voyager. C'était plutôt voilà, aller faire des festivals en France. Je sais qu'à contrario, mes parents connaissent beaucoup mieux la France que moi parce que quand ils étaient jeunes, ils ont baroudé vraiment dans tout le pays avec en faisant du stop, et caetera. Alors que nous, quand on était jeune, entre eux, on se sent déjà vieux, mais quand on était étudiant en tout cas, voilà, tout le monde se faisait des week-ends à l'étranger, à Barcelone, et caetera.

Tout le monde pour aller quelque, enfin tout le monde, les étudiants qui avaient les moyens.

Ouais, ouais, c'est vrai, c'est vrai ça que du coup, moi, je ne connais pas du tout la France. C'est d'ailleurs mon prochain objectif de voyage, c'est la France. Mais ouais effectivement qu'on allait à Barcelone pour pour vingt euros et puis on se retrouvait qu'avec des Français qui finalement pouvaient très bien auraient pu aller dans le sud de la France pour avoir la mer et faire la fête, mais non, il fallait aller en Europe ailleurs dans une autre ville avec un vol low cost.

C'est vrai. Donc tu as posé tes valises au Pérou, tu as commencé ta carrière de prof et tu me disais qu'au début, ton espagnol, ce n'était pas non plus, tu n'avais pas l'impression de de pouvoir parler couramment.

Ah non, pas du tout. C'était horrible, c'était en fait, moi, j'ai appris appris l'espagnol comme donc comme je te disais au collège lycée et j'ai fait même de l'espagnol renforcé mais ça ne suffit pas pour parler correctement pour comprendre correctement après.

Surtout que nous à l'école on nous enseigne vraiment l'espagnol d'Espagne avec l'accent d'Espagne et pas du tout l'accent d'Amérique latine.

Exactement donc c'est encore c'est encore différent il faut s'adapter et puis et puis en plus ça faisait des années quand même que j'avais puisque au final quand j'avais fini le lycée je sais plus combien de temps il s'était passé peut-être dix ans quelque chose comme ça et l'espagnol c'est quelque chose qu'on pratique en regardant des séries ou en écoutant enfin j'écoutais un peu de reggaeton de temps en temps c'est pas du tout du tout compréhensible c'est pas de l'espagnol.

C'est un vocabulaire très spécifique en plus.

Voilà donc j'allais pas ressortir les quelques mots du reggaeton Non du coup j'ai apprendre sur le par la force des choses mais après faut reconnaître que en ayant des bases pour la grammaire, la conjugaison et caetera qui étaient quand même enfouies dans mon cerveau et en parlant français qui est une langue assez proche en vivant sur place c'est aller c'est aller assez rapidement et puis et puis après j'ai fait des j'ai pris des cours d'espagnol mais alors j'avoue que j'ai pris des cours d'espagnol avant tout pour me faire des amis, donc quand j'avais déjà un niveau avancé. J'avais déjà un niveau avancé et et j'ai pris des cours pour vraiment améliorer tout ce qui est par exemple utiliser le subjonctif, utiliser les l'hypothèse des choses comme ça qui existent en espagnol comme en français mais qui ne s'utilisent pas de la même manière. Donc en fait on a des temps équivalents mais qu'on n'utilise pas au même moment. Donc c'est vrai que j'étais perdue et quand je demandais à mon copain, il me disait je ne sais pas c'est comme ça ce truc, donc j'étais ok merci merci. Donc du coup avec un prof ce serait mieux mais ouais c'était quand même pas je parlais pas du tout mais c'était pas si difficile grâce à la proximité de la langue grâce aux bases que j'avais et puis bon faut avouer que j'ai quand même de la facilité avec les langues donc en connaissant bien le français, les et l'étymologie, les choses comme ça, c'est allé assez facilement.

Et avec ton mari vous parliez espagnol dès le départ ou comment ça s'est passé

Non on parlait anglais, on parlait anglais c'était drôle parce qu'il parlait anglais avec lui il a vécu à New York donc il parlait bien anglais mais avec un accent latino puisque à New York c'est comme ça il y a beaucoup beaucoup de latinos qui parlent dans leur dans leur langage un peu mix comme on dit spanglish et moi je parlais anglais avec un accent français très très très important. Donc au début ouais on parlait comme ça mais on se disait quelques mots en français en espagnol parce que au final quand tu connais pas un mot en anglais, tu le dis en français et finalement il comprend parce que en espagnol c'est la même chose. Donc on faisait anglais avec quelques explications en espagnol en français et quand je me suis installée pour de bons entre guillemets en tout cas pour plusieurs mois je lui ai dit tu ne parles plus anglais. Vraiment on ne parle plus du tout anglais parce qu'en plus quand il me parlait anglais devant des gens, les gens ne pensaient que je ne pouvais pas comprendre du tout l'espagnol donc ils ne parlaient pas en espagnol et moi je voulais au contraire que les gens me parlent en espagnol pour que mon oreille s'habitue comme ça et me forcer, donc voilà.

Donc la transition a été vraiment radicale.

Ouais ouais ouais, après c'est sûr que c'était cool d'avoir l'anglais en commun parce que quand je bloquais vraiment, je disais comment on dit, je rappelle que mon beau-frère se foutait tout le temps de ma gueule parce que enfin parce que je disais tout le temps j'étais en plein milieu d'une phrase et je disais comment on dit et soit j'expliquais en espagnol ce que je voulais dire soit je le disais en anglais donc en fait je n'arrivais pas à raconter quelque chose d'une traite, je faisais des pauses et puis il y a eu un moment quand même mon mari était le seul qui me enfin c'est on parlait un peu un langage les autres ils le regardaient genre, elle a dit quoi Il me dit qu'il expliquait, il ne sait pas ce qu'elle se trompe entre ça et ça.

Non, c'est vrai que vraiment à l'intérieur du couple, tu tu développes ton ton propre langage. C'est la même chose avec ma copine voilà, on parle anglais, mais forcément, ce n'est pas ma langue maternelle ni la sienne, donc c'est vraiment un anglais qu'on a complètement adapté en fonction de notre quotidien, nos besoins, et caetera. Et je pense que enfin bon, je caricature forcément les les des anglophones nous comprendraient parfaitement, mais de temps en temps, je pense que voilà, on a notre notre propre vocabulaire qui n'est pas forcément intelligible par tous. Donc je comprends ça tout à fait.

Ouais parfois tu inventes. D'ailleurs en espagnol, moi ça m'arrive encore de dire ce mot-là, il manque en en espagnol et du coup on invente un mot, je lui dis en français, on peut dire ça ah ouais, c'est trop bien qu'il y ait ce mot qui existe en français et à l'inverse quand je parle avec des amis francophones qui vivent au Pérou, parfois à l'intérieur de nos conversations en français, on utilise des mots espagnols parce qu'il n'y a pas d'équivalent en français et du coup ça fait encore plus de richesse de vocabulaire quand on peut mélanger plusieurs langues.

C'est vrai, c'est vrai. Et ton mari apprend le français

Disons que par la force des choses, il le comprend de plus en plus. Il a des conversations très intéressantes avec ma mère les deux se parlent. Se parlent beaucoup avec les gestes, avec le regard

et caetera,

mais on va aller en France dans pas longtemps donc il va devoir s'y mettre sérieusement. Mais c'est vrai que je crois que tu as connu ça aussi, c'est la grosse frustration du corps des cordonniers qui sont les plus mal chaussées, une expression française qui je pense existe en tout cas il doit y avoir un équivalent dans toutes les langues.

Mais est-ce que tu peux l'expliquer quand même

C'est le cordonnier c'est la personne qui répare les chaussures et donc être mal chaussé c'est avoir des chaussures en mauvais état ou ne pas avoir de chaussures ou quoi donc c'est que la personne qui est Charles qui a comme métier de réparer des chaussures est celui qui n'a pas des bonnes chaussures et donc c'est la même chose nous qui sommes profs de FLE, on a des compagnons qui de la personne qui partage notre vie qui ne parle pas français parce que pas parce qu'on est prof de français qu'on peut leur enseigner comme ça dans la vie

quotidienne. Exactement, exactement, c'est très mauvais pour mon marketing d'ailleurs. C'est pour ça que vous n'avez jamais vu ma copine dans les vidéos YouTube. Mais non, c'est vrai que c'est assez difficile. Je ne sais pas si c'est encore plus difficile en étant prof, mais nous, on a essayé au début d'avoir quelques leçons, et caetera.

Mais voilà, moi, c'est quelque chose que je faisais déjà toute la semaine et je n'avais pas envie, quand j'étais avec ma copine, d'encore travailler et encore donner des leçons. Et puis la relation prof élève mélangée avec la relation copain copine, bon ça ça ne fonctionne pas toujours très bien. Donc on a un peu fini par par abandonner.

J'ai essayé aussi, on a fait de temps en temps, surtout au début du confinement, on se faisait des des sessions allez tous les mardis et jeudis, on fait une qui prenait son petit cahier et puis je voyais qu'en fait il ne m'écoutait pas ou moi je voulais juste faire des blagues, au final ça fonctionne pas.

Ok et tu disais donc que vous allez vous prévoyez de rentrer en France

Ouais ouais voilà c'est c'est le départ est imminent On va voir comment ça se passe au niveau de des frontières du Covid et caetera, mais comme ça fait assez longtemps que je suis au Pérou par sans pouvoir ni voyager ni rendre visite, avoir des visites de ma famille ou quoi et qu'on a l'impression que la situation est partie pour durer, du coup on s'est organisé et on va s'installer en France pour, je ne sais pas pour combien de temps, je ne sais pas combien de temps on tiendra dans la stabilité sans voyager, sans aller ailleurs, mais en tout cas pour l'instant peut-être une petite année pour que je sois plus proche de ma famille, comme ça lui il peut apprendre le français et puis ça permet aussi de ouais d'être un peu plongé de nouveau dans la culture française.

Ok très bien et peut-être que nous on pourra enfin se rencontrer en vrai.

Ouais ce serait bien, ce serait plus facile en tout cas de Pologne en France.

C'est sûr. Et moi aussi, je compte passer un peu plus de temps en France dans le futur. Je pense qu'il y a beaucoup de personnes qui ont ressenti parmi les gens qui vivent à distance, qui vivent loin de leur famille, qui ressentent vraiment ce besoin de passer du temps avec ses proches et voilà c'est quelque chose que je vais essayer de faire.

D'accord donc toi tu prévois de enfin de passer plus de temps de revenir régulièrement ou de t'installer en France pour

C'est ça de de non non non de revenir un peu plus régulièrement de quand je vais en France, de rester un peu plus longtemps. Parce qu'en général, quand j'y vais, j'ai toujours plein de personnes à voir, aussi bien la famille que les amis. Donc voilà, en une semaine, j'essaie de voir tout le monde, mais bon, c'est assez court. Et prochainement, je pense la prochaine fois, je pense que j'essaierai de de rester un peu plus longtemps pour voilà vraiment me sentir en France l'espace de de quelque temps.

Ouais, je comprends. Bah du coup, on se verra à ce moment. Exactement. Rencontre France.

Ok, très bien, bon Ben je pense qu'on va s'arrêter là. Merci beaucoup Ingrid pour tes réponses. Je pense que les auditeurs, voilà te connaissent un peu mieux, réussissent à à cerner le personnage maintenant et à mon avis ce n'est pas la dernière fois qu'on t'entendra dans le podcast donc voilà merci beaucoup.

Merci à toi pour l'invitation j'espère que ça pourra répondre à certains doutes et puis que ça me ferait plaisir de revenir et puis de faire de travailler sur le podcast donc on se on se réécoute bientôt.

Très bien très bien merci beaucoup à bientôt.

Merci à toi salut.

Voilà maintenant vous savez tout ou presque sur Ingrid, J'espère que cette discussion vous a plu. J'en profite pour vous dire que le mois prochain en mai, on va rouvrir les inscriptions pour le cours Raconte ton histoire. Donc si vous aimez ce genre de conversation authentique et que vous voulez apprendre à mieux les comprendre, vous savez ce qu'il vous reste à faire. Merci à toutes et à tous et on se retrouve bientôt pour un nouvel épisode. Salut.

Podcast: InnerFrench
Episode: E92 De Paris au Pérou