Je parle le vietnamien, mais malheureusement, je ne sais pas le lire ou l'écrire. Alors je ne pouvais pas lire la lettre. L'homme a pris la lettre. Il l'a lue en silence. Puis il m'a regardé.
Il avait les larmes aux yeux. Il m'a dit, c'est ta maman. Elle te cherche depuis plus de vingt ans. Bienvenue Je ne savais pas quoi dire, je n'ai pas pleuré, je n'ai rien dit, je n'ai rien fait. J'ai pris la lettre et je suis rentré à la maison À dix ans, j'ai commencé à me poser des questions sur ma famille.
J'allais à l'école du village. Un jour, une autre petite fille m'a dit, tu sais, ce ne sont pas tes vrais parents. Je savais que j'étais né au centre du Vietnam. Pendant la guerre, nous étions partis pour venir en France quand j'avais six ans. Alors je me posais des questions.
Je les écrivais dans mon journal. Ils m'ont dit, ta mère t'a abandonné, Ta mère n'est pas quelqu'un de bien. Nous t'avons sauvé. Ensuite, la relation avec mes parents est devenue très difficile. À seize ans, je suis partie de la maison et j'étais toute seule.
Quand ils sont morts, je n'ai rien gardé d'eux. Je voulais oublier ce passé qui me faisait mal. Je regardais le numéro de téléphone en bas de la lettre. Au début, je ne voulais pas appeler cette femme. J'avais besoin de temps.
Mes parents adoptifs m'ont toujours dit, ta mère t'a abandonné, elle était méchante. Je ne savais pas si je voulais lui parler. Quand ma mère a entendu ma voix, elle a commencé à pleurer. Elle m'a demandé en vietnamien, c'est vraiment toi, Hamp J'ai répondu oui. Alors elle m'a dit, maintenant je peux enfin mourir.
Je n'ai pas pleuré. Je voulais tout savoir sur mon histoire. Puis elle m'a parlé de mes frères et soeurs. J'ai appris que j'avais deux de mes frères et trois demi soeurs au Vietnam. Il s'appelle Tay, un frère jumeau.
C'est plus qu'un frère. Tout de suite, j'ai voulu le connaître et savoir où il était. J'ai appris qu'il vivait aux États-Unis, mais il n'avait pas de contact avec notre père. Ma mère et mon frère ne savaient toujours pas où mon père vivait. Je voulais savoir pourquoi ma mère m'avait abandonné.
Je voulais comprendre pourquoi j'étais parti en France avec mes parents adoptifs et pourquoi mes frères et soeurs étaient restés au Vietnam. Ma mère m'a raconté son histoire. À la fin, j'étais triste et en colère aussi. Ma mère était très pauvre. Elle avait huit enfants et elle travaillait beaucoup.
Elle ne pouvait pas garder tous ses enfants avec elle. Alors elle nous plaçait dans différents endroits. Un jour, elle est arrivée à la maison pour faire le ménage. Elle voulait me voir, mais la porte était fermée à clé. Le couple était parti en France sans le dire à ma mère.
Il m'avait emmené avec eux. C'était la guerre. Il n'y avait pas de justice. Personne ne défendait les vietnamiens ordinaires. Mes parents adoptifs voulaient me garder.
Alors ils m'ont pris. C'était fou, je ne savais pas quoi dire. Avec mon mari, nous sommes allés chercher ma mère à l'aéroport de Lyon. Quand je l'ai vue, je l'ai reconnue tout de suite. C'était la seule femme asiatique.
Elle était très petite. Mais elle marchait avec beaucoup d'énergie je l'ai trouvée très belle je suis allée vers elle je l'ai embrassée et puis rien Je lui ai demandé pourquoi elle avait attendu si longtemps avant de me contacter. Elle m'a dit qu'elle avait envoyé beaucoup de lettres. Elle voulait que mes parents adoptifs lui donnent de mes nouvelles. Mais ils ne lui ont jamais répondu.
J'ai compris que mes parents adoptifs avaient caché ou jeté les lettres. Ils ne m'ont jamais rien dit. À la fin de sa visite, ma mère était triste. Elle m'a dit je vois que tu ne m'aimes pas je lui ai répondu ce n'est pas ça c'est juste que je ne te connais pas Partir en Californie, c'était difficile pour moi j'avais mon travail mes deux fils étaient encore petits et je devais m'occuper d'eux j'ai attendu l'année deux mille quatre pour faire le voyage Je suis partie seule. Ma mère vivait dans la maison d'une famille vietnamienne.
Le jour, elle s'occupait de leurs enfants. La nuit, elle dormait dans une petite chambre, dans leur maison. J'ai dit non, je ne peux pas te laisser dormir par terre. Je dois te montrer du respect. Mais elle a insisté.
Elle s'est allongée par terre et je me suis assis sur le petit lit. Au début, je ne savais pas comment la toucher, mais je pense que ma mère attendait ce moment. Elle est venue près de moi et je l'ai prise dans mes bras. Je sentais son petit corps contre moi. J'avais l'impression de me laisser aller.
Je libérais des sentiments profonds. À mon avis, c'est parce que j'étais seule avec ma mère. Dans un autre pays, je n'étais pas en France avec ma vie, mes responsabilités, mes enfants, je me suis sentie libre. À ce moment-là, l'amour est né. Je ne voulais pas retourner à ma vie normale.
J'ai réalisé que quelque chose avait été absent toute ma vie. Quand j'ai pris l'avion pour revenir en France, j'ai pleuré pendant tout le voyage, douze heures. Je voulais comprendre qui j'étais vraiment. C'était incroyable. J'ai rencontré mes demi-soeurs et mes demi-frères.
J'ai rencontré la femme de mon frère jumeau et ma nièce aussi. On est allé voir la maison où je suis née. C'était une toute petite maison avec quatre murs, sans toilettes dans un village. J'imaginais la vie de ma mère là, avec huit enfants. Je suis très fier de ma mère.
Sa vie a été difficile, mais elle a beaucoup de courage et elle n'a jamais arrêté de me chercher. Maintenant que je sais tout cela, beaucoup de choses ont changé. Quand on s'est vu à l'aéroport, on s'est embrassés. C'était merveilleux. C'est la meilleure chose qui m'est arrivée depuis que ma mère m'a retrouvée.
Deuil et moi, on s'est tout de suite aimé. Notre lien est venu naturellement. J'avais l'impression qu'on n'avait jamais été séparés. J'ai appris qu'il était mort en dix-neuf-cent-quatre-vingt-seize, mais j'ai rencontré sa soeur et son fils, mon demi-frère. Je suis allé au cimetière avec ma tante.
J'ai déposé des roses sur la tombe de ce père que je n'ai pas connu. J'ai enterré une mèche de mes cheveux au pied de la tombe. Je suis resté devant, en silence, un long moment. Maintenant, je m'appelle Merci Annette.