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J'essaye de faire des connexions entre toutes les choses que je vois, toutes les choses que j'entends. J'essaie de capturer les choses qui me plaisent, tout ce que je trouve beau. A été un très grand défi.

Bienvenue Les Antilles françaises.

En mille-neuf-cent-soixante-trois, comme mon père avait dix-huit ans, il a traversé l'océan Atlantique en bateau. Quand il est arrivé à Paris, il a commencé à apprendre des leçons de musique au conservatoire. Clarinette est saxophone. Je ne sais pas qui l'y a poussé, mais j'en suis très content aujourd'hui. Lorsque nous travaillions notre piano, mon père voulait que nous disions les notes quoi qu'on joue.

Alors je chantais Je pouvais reconnaître toutes les notes. Je comprenais aussi les mélodies, les rythmes et les accords. Je pouvais m'asseoir et écrire toute une partition, toute une chanson. Je pouvais la mémoriser et la jouer quand je voulais. Un jour, j'écoutais de la musique et puis j'ai entendu un passage fort qui me parlait.

J'ai regardé mon bras et j'ai vu mes poils se hérisser, se lever. J'ai découvert la chair de poule, la musique me donnait la chair de poule. Je me souviens, j'étais petit dans mon lit. J'étais allongé avec un magnétophone à mes pieds. Mon plus petit doigt de pied était sur la touche Rewind et j'écoutais.

Quand j'entendais un passage que j'aimais, je poussais Rewind et j'écoutais. Et puis encore Rewind, Rewind, pour revivre les passages que je

préférais.

Je jouais de la musique tous les jours, huit heures par jour. C'était difficile de m'arrêter. J'ai vite compris que j'allais faire de la musique toute ma vie. Au début, je voulais composer des musiques de films. Je voulais raconter une histoire avec le son et l'image.

J'ai beaucoup travaillé pour le cinéma, la télévision et la publicité. J'ai fait ça pendant quinze ans. Je vivais avec ma femme à Santa Monica en Californie, dans un centre d'art nommé le Ateen Street Art Center. N'avions pas beaucoup d'argent, mais nos projets artistiques nous rendaient heureux. Il était cinq heures du matin et je dormais.

Mon téléphone a sonné bien trop tôt, je savais que c'était important. J'ai répondu au téléphone et j'ai entendu la voix de ma soeur qui m'a dit qu'il y avait un problème avec l'avion de mes parents.

Christophe

J'avais vingt-neuf ans et deux des personnes les plus importantes de ma vie étaient parties. Je prends un discours, quelqu'un qui parle et j'écoute la musique de leur voix. Je découvre les notes de chaque mot, de chaque syllabe et je les joue au piano. Je les transforme en musique, tout ce matériel musical était là, c'était comme une explosion. J'ai filmé et j'ai enregistré.

Des sons, des bruits, des voix, des images, puis je les ai mis en musique. J'appelais ça ultra score. J'ai décidé de voyager pour capturer des endroits et des moments et les transformer en musique. Je suis allé aux États-Unis et ensuite en Inde. Dans mes albums, je voulais capturer le monde, capturer la magie des images, des sons.

Je voulais utiliser le monde comme un instrument de musique. Je me souvenais de mon enfance. Quand j'étais petit j'allais presque chaque été en martinique avec ma famille alors j'ai pensé je dois faire mon album en Martinique, je voulais le faire pour mes parents. J'ai donné un objectif à l'équipe. Pendant deux semaines, nous devions capturer les sons et les images de la Martinique.

Après, j'allais retourner dans mon studio et les transformer en musique. J'utilise les images que je filme comme j'utilise les sons. Je choisis des images, puis j'en fais un montage. Pour le concert, je voulais montrer les images sur grand écran pour jouer avec le lien entre l'image et le son. J'ai trouvé des disques de chanteurs et de groupes légendaires de la Martinique.

Mon père aimait beaucoup ses albums. Il écoutait très souvent cette musique. Il la jouait aussi. Je mets un premier disque sur la platine, celui de Malavoix, et puis un autre de la Perfecta. C'est une très belle musique, très familière.

J'écoutais ces chansons quand j'étais enfant. Elles me font penser à mes parents. Je voulais enregistrer les oiseaux. En Martinique, les oiseaux sont partout. Ils chantent tous de manière différente.

Alors je voulais commencer mon album avec le chant des oiseaux Je marchais dans la rue avec mon équipe documentaire. Quand je voyais des gens intéressants, j'allais vers eux. Je parle le créole, donc c'était facile pour moi de parler avec eux. Demandais la permission de les filmer et de les enregistrer. Le carnaval dure quatre jours.

Les gens et les musiciens mettent des costumes. Ils dansent, c'est joyeux, mais c'est aussi une forme de rébellion contre le racisme, contre le pouvoir. C'est très ironique et je voulais capturer cela. On a filmé et enregistré le plus de choses possibles. Les danses, les costumes, les masques, les gens, leurs voix, leurs musiques.

C'était bientôt la fin de mon voyage et je voulais capturer le plus de matériel possible, surtout la musique de la Martinique. Nous avions seulement deux jours sur l'île avant notre départ. J'étais avec un de mes oncles, je lui parlais de mon projet. Quand il m'a simplement dit au fait, je connais Pipo Gertrude. C'est un très bon

ami.

C'est fou comme les choses se sont passées. Le lendemain, j'étais avec Pipo Gertrude et on le filmait. On parlait des oiseaux, il les imitait, on a tout enregistré. J'étais impatient de travailler avec ça dans mon studio. Chaque mot, chaque syllabe est une note de musique.

Note après note, la voix devient une mélodie. J'ajoute des accords et des harmonies. Je change les rythmes et ça devient de la musique. Je suis resté dans mon studio pendant des semaines, dix heures par jour. Je voulais la perfection pour mon album, mais j'avais trop de possibilités.

Parfois je voulais arrêter, parfois je ne savais pas comment finir. Mon père m'a appris la rigueur. Il m'a appris à ne pas abandonner des projets. Mais il faut savoir s'arrêter. Un projet n'est pas infini.

Tout ne doit pas être parfait. C'est nécessaire de faire des erreurs et de les accepter. Et puis à un moment, le morceau est fini. Mes parents auraient aimé l'album. Je voulais le faire pour terminer ce chapitre de ma vie.

Mais j'espère que ceux qui écoutent Big Son ont envie d'appuyer sur la touche rewind, comme moi quand j'étais enfant. Alors ils peuvent écouter encore, encore et encore pour revivre les sons de la Martinique.

Christophe Chassol continue ce tour pour former big salle. À la prochaine.

Podcast: Duolingo French Podcast
Episode: La mélodie de la Martinique (The Sound of Martinique)