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Je suis parti en vacances sur l'île de la Réunion avec ma femme et mes enfants. Je pensais qu'on pourrait aller vivre là-bas si on aimait l'endroit. J'attendais une dernière vague pour entrer sur la plage quand j'ai senti ça. Pour un surfeur, c'est l'horreur. J'ai vraiment pensé, je vais

mourir.

La mer a toujours fait partie de ma vie. À sept ans, j'ai eu ma première planche de surf. Rapidement, je voulais une seule chose, faire du surf. Après les cours, je retournais dans l'eau. C'est devenu ma passion.

J'ai choisi le métier d'infirmier parce que j'aimais aider les gens, mais aussi parce que je voulais avoir le temps de faire du surf le matin ou l'après-midi. Je voulais pouvoir surfer quand il y avait de belles

vagues.

J'avais surfé pendant plus d'une semaine à la Réunion. Nous aimions tous cet endroit. Ma femme, mes enfants et moi, ont commencé vraiment à penser pouvoir vivre là-bas. Je savais qu'il y avait des requins, mais il n'y avait pas eu d'accident sur la côte sud-ouest de l'île. Alors j'ai pensé, pas de problème.

J'ai pris ma planche de surf et je suis allé surfer aux roches noires. Ça a été très rapide. Le requin a attrapé ma jambe. J'ai juste eu le temps d'essayer de me défendre. J'ai frappé le requin et il est parti.

J'ai commencé à retourner vers la plage en ramant. Une vague est arrivée et j'ai regardé derrière moi. Mourir, c'était une pensée presque douce. Mais j'ai pensé à ma famille, à ma femme et à mes enfants qui étaient sur la plage. Je les imaginais ensemble en train de m'attendre.

Alors j'ai continué. Je me suis accroché à ma planche de surf. J'ai essayé d'aller vers la plage, vers ma famille. Ma femme est venue à côté de moi. Elle criait et pleurait.

C'était horrible. Personne ne peut se préparer à vivre ça. C'était difficile, mais je répétais à ma femme, je veux continuer à faire des choses, je veux continuer à voyager, je veux continuer à vivre. J'ai dit à ma femme d'aller chercher ma planche de surf. Je lui ai dit, un jour, je recommencerai à surfer.

Quand les pompiers sont arrivés, je me suis relaxé, la tension a quitté mon corps, c'est à ce moment-là que j'ai senti la douleur, c'était terrible. Les docteurs m'ont dit, faire du surf ne sera pas possible. C'est une question d'équilibre. Personne ne peut continuer à

faire du surf après un accident comme ça.

Il m'a dit, je ne sais pas ce que tu es capable de faire, mais je ferai tout pour t'aider Et c'était incroyable. Il ne me promettait pas une chose impossible, mais il ne me disait pas non. Alors je pouvais me projeter dans l'avenir et me dire, tu peux y arriver. Je me souviens. Quand je suis allé dans l'eau pour la première fois après l'accident, je flottais.

Mon corps ne sentait plus la force de la gravité. J'avais l'impression de retrouver ma jambe. C'était

incroyable.

Revenir dans l'eau m'a donné de la force. C'était un plaisir différent de celui que je connaissais avant. Je me sentais fier de pouvoir transcender mon handicap. Cela me donnait de la motivation pour aller plus loin. J'avais besoin de ça.

Le regard des autres est compliqué. Tout le monde me regardait, des inconnus, mais aussi ma femme, mes enfants, ce regard, c'est une chose très très difficile. Je voulais continuer à vivre comme avant, avec ma famille, mon travail d'infirmier et le surf. Je ne pouvais pas imaginer ma vie sans surfer. Je devais réussir à tenir debout sur une planche de surf.

Je voulais créer une prothèse pour faire du surf, une prothèse du pied au genou, pour nager dans l'eau de mer, surfer sur une belle vague, être debout sur une planche de surf, trouver mon équilibre et glisser sur l'eau. La communauté des surfeurs est forte. On passe la grande majorité du temps à nager en attendant une vague. Alors on discute avec les autres. Le surfeur peut être infirmier, boulanger ou chef d'entreprise.

On se connaît parce qu'on partage une passion. Très rapidement, j'ai voulu aider les gens, ceux qui étaient amputés comme moi. Je me sentais mieux grâce au surf et je voulais la même chose pour tous ceux qui en avaient

besoin.

Rencontrer Patrice a tout changé. On partageait beaucoup de choses ensemble, notre handicap, mais principalement notre passion pour le sport. La passion de Patrice, c'était le roller blade. Mais après un accident de moto, il a perdu sa jambe au-dessus du genou. J'ai dit à Patrice que je voulais avoir un genou pour le surf, Une prothèse légère et solide, qui résiste au sel de la mer.

On a décidé de travailler ensemble. On voulait prendre la prothèse de ski qu'il avait créée et l'adapter pour le surf. Je me souviens des premiers moments dans l'eau avec les premières versions de la prothèse. J'ai essayé de très nombreuses fois de me tenir debout sur la planche. C'était très dur.

Il y avait beaucoup de sensations, de l'espoir, de l'irritation, je tombais tout le temps. Je prenais ma planche et ma prothèse et je nageais vers les vagues. J'essayais de prendre une vague, mais je ne pouvais pas trouver mon équilibre. Je tombais à chaque fois. Je me souviens de la première fois j'ai réussi à surfer sur une vague avec un prototype de notre prothèse.

J'attendais dans l'eau avec les autres surfeurs. Puis une belle vague est arrivée. Je me suis positionné et j'ai sauté sur la planche. Je ne suis pas resté debout longtemps, mais c'était le début d'une nouvelle aventure. J'ai enfin retrouvé la sensation que j'ai adoré depuis le début, glissé et je voulais continuer.

Finir la prothèse nous a pris deux ans et demi. Patrice et moi, nous voulions faire une prothèse multisport pour aider différentes personnes à vivre leur passion. Parfois, on voit des personnes qui utilisent notre prothèse dans des sports que je ne fais pas, comme le karaté ou bien l'escalade. Quand on pense à un amputé, un handicapé, on ne pense pas toujours au sport. Mais il y a beaucoup de possibilités pour les handicapés dans le sport.

Le sport nous encourage à dépasser nos limites, à toujours aller plus loin. Le sport, c'est la meilleure thérapie.

So Eric Through you're you're you're not to is not be not to be with in it l'association surfeur d'argent.

Je voulais que les gens essaient, même s'ils avaient peur. Je me souviens d'un jeune homme amputé qui est venu à un de nos événements. Il pensait que c'était juste impossible d'aller dans l'eau comme ça. C'était il y a trois ans. Maintenant, ce jeune homme est un surfeur passionné.

C'était incroyable de le voir prendre du plaisir et de le voir progresser si rapidement. Maintenant, je peux surfer des vagues. Pas des grosses vagues de dix mètres, mais je peux surfer des vagues de trois ou quatre mètres. Et je veux continuer à surfer pour montrer que même après un accident comme ça, c'est possible d'aller vers ses rêves. Tout le monde peut apprendre à surfer et voir quelqu'un commencer à surfer pour la première fois, découvrir ce plaisir, avoir de la confiance en soi, c'est un sentiment très fort.

L'association Surfer d'argent and à Nice.

Podcast: Duolingo French Podcast
Episode: Le surfeur sans limites (The surfer without limits)