Et malheureusement, au bout d'un moment, ça peut être assez négatif pour ma santé mentale. Donc voilà, maintenant, j'essaye de me limiter un peu plus, j'essaye de profiter de mes week-ends et c'est pour ça que j'ai pas toujours le temps de faire de nouvel épisode ou de faire de nouvelles vidéos. Mais maintenant, j'essaye de revenir à un rythme plus régulier pour le podcast, au rythme habituel avec un nouvel épisode toutes les deux semaines. Je fais ça parce que je sais que vous les attendez avec impatience grâce aux emails que vous m'envoyez, mais aussi parce que je me suis rendu compte après la longue pause que j'ai faite cet été, je me suis rendu compte que j'étais un peu rouillé. Alors on dit que quelque chose est rouillé.
En général, une machine par exemple, une machine qui est restée longtemps à l'extérieur, qui est restée longtemps dehors et qui a été sous la pluie par exemple. Au bout d'un moment, cette machine commence à rouiller. Il y a une espèce de matière un peu jaune, orange qui apparaît sur la machine. Ça, c'est ce qu'on appelle de la rouille et on dit que la machine est rouillée. Par analogie, on peut aussi dire qu'une personne est rouillée.
Par exemple, si vous n'avez pas fait quelque chose depuis un certain temps, une chose qui était facile pour vous avant, et là, vous essayez à nouveau de la faire, mais c'est plus compliqué. Vous vous sentez pas vraiment à l'aise, vous avez un peu perdu vos automatismes. À ce moment-là, vous pouvez dire que vous êtes rouillé. Moi, je me sens un peu rouillé justement après cette longue pause. Ça me fait un peu bizarre de repasser derrière le micro.
Bon là, j'ai l'impression d'avoir trouvé le bon rythme, le bon flow comme on dit. Donc je pense que ça va aller pour le reste de l'épisode. Avant d'entrer dans le vif du sujet, on va comme d'habitude écouter le témoignage d'une auditrice du podcast. Alors j'ai fait une petite exception parce que je l'ai reçu il y a seulement quelques jours Et normalement, je passe les enregistrements en fonction de l'ordre chronologique dans lequel je les ai reçus. Mais là, j'ai décidé de donner la priorité à cet enregistrement et vous le passez dans cet épisode.
Et vous allez comprendre pourquoi en l'écoutant.
Salut Hugo et vos auditeurs et auditrices. Je m'appelle Ruby et je suis anglaise. J'ai étudié le français au collège et lycée et à l'université à côté pendant l'université je suis parti un semestre en échange erasmus à lausanne en suisse quattro en passé et je manque de pratique pour composer ce message je dépends beaucoup de super dictionnaires en ligne world référence mais mon échange a été énormément précieux pas seulement en matière de mon niveau de français et donc je suis très enthousiasmé pour et jalouse de ma soeur cadette lydia qui vient de commencer un échange erasmus d'une année entière en france un semestre à strasbourg et l'autre à lyon c'est lydia qui m'a fait découvrir ce génial podcast elle a écouté et réécouté tous les épisodes et aujourd'hui c'est son anniversaire de vingt et un ans alors joyeux anniversaire lydia je souhaite que je pourrais le dire en passant mais j'ai pensé que ce serait le meilleur second choix et c'est très cool que tu passes ton anniversaire en france il faut que je te rende visite bientôt finalement merci à vous hugo de la part de lydia et moi pour votre podcast je trouve qu'il tape dans le mit en termes de niveau de la difficulté et du fond.
Merci Ruby et bon anniversaire Lydia. J'espère que tu vas écouter cet épisode. Je trouve que c'est une idée géniale d'avoir fait passer ce message à travers le podcast. J'espère que ça va faire plaisir à Lydia. Ruby, je trouve que ton français est très bon et ça s'entend que tu as fait un échange à Lausanne, que tu as été en contact avec des francophones.
D'ailleurs, tu as utilisé une expression que j'aime bien dans ton témoignage, tu as utilisé l'expression taper dans le mille. Alors pour celles et ceux qui ne la connaissent pas, taper dans le mille, ça veut dire deviner juste, avoir une intuition exacte au sujet de quelque chose. Par exemple, vous faites un cadeau à votre ami pour son anniversaire et c'est exactement la chose que votre ami voulait. Il ne vous l'avait pas dit, mais vous, vous avez deviné que c'était le cadeau dont il avait très envie. Alors quand vous lui offrez, votre ami vous dit tu as tapé dans le mille.
C'est une expression un peu familière, un peu informelle, mais vous pouvez l'utiliser sans aucun problème avec vos amis francophones.
Quand
j'étais petit, un de mes jeux de société préférés, c'était le Monopoly. Alors j'imagine que vous connaissez sûrement le Monopoly. C'est un des jeux de société les plus populaires du monde. Mais si vous y avez jamais joué, je vais vous expliquer un peu en quoi il consiste. Au Monopoly, l'objectif, c'est de devenir riche et pour ça, vous devez investir dans l'immobilier.
Autrement dit, vous devez construire des maisons et des hôtels. Et Et puis, quand les autres joueurs passent dans vos maisons ou vos hôtels, ils doivent vous payer et c'est comme ça que vous faites fortune. Vous, vous faites fortune et les autres joueurs font faillite parce qu'ils doivent vous donner leur argent à chaque fois qu'ils arrivent dans une de vos propriétés. Ce qui est intéressant, c'est qu'au départ, chaque joueur commence avec la même somme d'argent. Ensuite, c'est un mélange de stratégie et de chance, un mélange de stratégie parce que vous devez décider si vous allez acheter un terrain ou non, construire une maison ou non quels sont les terrains les plus intéressants.
Mais il y a aussi une grande part de chance parce que vous ne pouvez pas vous déplacer librement. Vous vous déplacez en fonction des résultats que vous obtenez en jetant les d. Un d, vous avez compris, c'est un petit objet à 6 faces. Sur chaque face, il y a un numéro et en fonction de du numéro que vous obtenez, vous allez avancer d'un certain nombre de cases. Donc pour gagner au Monopoly, il faut être un bon stratège mais il faut aussi avoir de la chance.
Alors évidemment, quand on gagne, on pense que c'est parce qu'on est un génie de la finance, un vrai capitaliste et au contraire, quand on perd, on se dit que c'est parce qu'on n'a pas de chance et qu'on tombe toujours sur les mauvaises cases. Moi, quand j'étais petit, je jouais souvent avec mon petit frère et mon père, c'était toujours mon père qui gagnait. Alors ça m'énervait surtout qu'en vieillissant, j'avais l'impression de devenir meilleur, d'avoir une meilleure stratégie. Mais malgré ça, je continuais de perdre systématiquement quand je jouais contre mon père. Mon frère, c'était la même chose.
On n'arrivait jamais à battre mon père. Mais quelques années plus tard, j'ai compris la stratégie de mon père. En fait, il volait dans la banque. Il insistait toujours pour jouer le rôle du banquier et il en profitait pour se servir, pour prendre un petit billet de cinquante mille par là, un petit billet de dix mille par ci, ce qui fait qu'il n'était jamais à court d'argent, il avait toujours des capitaux pour pouvoir acheter des terrains, des maisons, des hôtels, et caetera. Bref, vous avez compris que mon père trichait, il ne respectait pas les règles du jeu.
Et c'est ça qui est assez intéressant avec le Monopoly, c'est le fait que ça ressemble pas mal à la vraie vie. Ceux qui gagnent, ce sont pas toujours les joueurs les plus vertueux mais simplement ceux qui ont le plus de chance ou alors ceux qui ne respectent pas les règles. Mais la grande différence entre le Monopoly et la vraie vie, c'est qu'au Monopoly, tous les joueurs commencent avec la même somme d'argent. Donc en théorie, ils ont les mêmes opportunités. Maintenant, imaginez un Monopoly où certains joueurs commenceraient la partie avec des millions et d'autres avec rien.
Est-ce que vous auriez envie de jouer à ce jeu Moi personnellement, non. Pourtant, c'est un peu ce qui se passe avec l'héritage. Alors ça, c'est juste une analogie. Je compte pas vous convaincre de quoi que ce soit avec ça. Et j'imagine que ça va peut-être faire grincer des dents les auditeurs qui pensent que je suis un dangereux socialiste, voire un communiste.
Ah oui, ça, c'est une bonne expression. Grincer des dents, c'est quand vous entendez ou que vous voyez quelque chose qui vous énerve et vous contractez votre mâchoire, vous avez la bouche fermée et vous grincer des dents. Bon, je vais pas vous expliquer en détail le verbe grincer parce que c'est assez difficile. Si vous n'avez pas compris, je vous conseille d'aller voir la transcription de l'épisode. Je vais mettre une traduction pour cette expression.
Mais voilà, moi, je vais dans cet épisode vous parler de l'héritage et on va se demander si c'est une bonne idée de l'abolir. Et je sais que ça va faire grincer des dents certains auditeurs, que ça va les énerver d'entendre ce genre d'idées. Mais comme d'habitude, je vais essayer de vous présenter un peu les deux points de vue. Comme ça, vous pourrez vous faire votre propre idée. Un petit avertissement avant de commencer.
Dans cet épisode, je fais uniquement référence à l'héritage que les parents transmettent aux enfants, pas l'héritage d'un conjoint à l'autre. Ça, c'est une question complètement différente. Ici, c'est seulement l'héritage qu'on transmet d'une génération à l'autre. On va commencer avec les arguments pour, les arguments en faveur de l'héritage. Déjà, il faut savoir qu'au cours de l'histoire, l'héritage a beaucoup contribué au développement des sociétés.
En France, le droit à hériter est inscrit dans le code civil de mille huit cent un. Depuis le début du dix-neuvième siècle, on protège ce droit à hériter. Et c'est vrai qu'à l'époque de l'économie agricole, c'était un droit très important parce qu'il fallait continuer d'entretenir les terres agricoles d'une génération à l'autre. Si les parents arrêtaient d'entretenir les terres, ensuite c'était beaucoup plus difficile pour leurs enfants de cultiver quoi que ce soit. Et puis ça a aussi permis l'établissement de grandes fortunes qui ont pu financer des explorations, construire des empires industriels, des empires industriels qui ont permis de contribuer à l'innovation.
Ça a aussi permis le mécénat artistique, la construction de monuments. Et puis beaucoup de choses qui ont façonné le monde moderne. Ça, ça n'aurait pas pu être possible sans l'héritage, sans la transmission et l'accumulation de fortune d'une génération à l'autre. Et puis, ces grandes fortunes ont aussi été à l'origine du système monétaire et bancaire actuel. C'est d'ailleurs ce système qui a permis de dynamiser le monde de l'entreprise et le développement du capitalisme.
Mais si les gens tiennent tellement à l'héritage, ce n'est pas vraiment pour ces questions historiques et économiques, mais plutôt à cause d'une dimension morale. La famille joue un rôle très important pour chacun d'entre nous et c'est bien normal pour des parents de vouloir continuer de protéger leurs enfants même après leur mort. Donc cet héritage, c'est un peu un symbole de l'amour qu'ont des parents pour leurs enfants. Et puis c'est quelque chose qui est vu comme un acte moral et vertueux. C'est vertueux de travailler toute sa vie, de faire des sacrifices pour pouvoir transmettre sa richesse à ses enfants.
Et ça, c'est assez éloigné de la vision assez individualiste qu'on peut avoir quand on pense à ces grandes familles qui transmettent leurs richesses à leurs enfants sans contribuer au bien-être général de la société. Et puis le patrimoine, autrement dit toutes les choses qu'on possède, ce patrimoine a aussi une valeur sentimentale. Par exemple, la maison dans laquelle les enfants ont grandi ou alors des objets qui sont dans la famille depuis plusieurs générations, des oeuvres d'art. Toutes ces choses, bien sûr, ont une valeur monétaire, mais elles ont aussi une grande valeur sentimentale. D'ailleurs, parfois, cette valeur sentimentale est plus importante aux yeux des héritiers que la valeur monétaire.
Et puis, quand on a travaillé dur toute sa vie, qu'on a fait des sacrifices, c'est légitime de ne pas vouloir que l'État s'accapare le fruit de notre travail pour le redistribuer à des inconnus. On préférerait que le fruit de notre travail aille directement aux membres de notre famille, à nos enfants et que ce soit eux qui puissent en profiter. Certains économistes pensent aussi que si on supprimait l'héritage, ça encouragerait l'oisiveté. L'oisiveté, c'est quand on décide de ne pas travailler, de profiter de son temps libre et globalement de ne rien faire. Ils font souvent référence à une fable de La Fontaine, une fable qui s'appelle La Cigale et la Fourmi.
Ah oui, une fable, c'est comme une petite histoire avec une morale à la fin. J'imagine que vous avez déjà entendu cette fable de la cigale et la fourmi. La cigale a passé tout l'été à chanter et quand l'hiver arrive, bien elle n'a rien à manger parce qu'elle n'a pas fait de réserve. Au contraire, la fourmi, elle a travaillé dur pendant l'été, elle est allée chercher, mais elle a accumulé de la nourriture pour pouvoir être tranquille pendant l'hiver et pour avoir quelque chose à manger. Et quand l'hiver arrive, la cigale n'a rien à manger et elle va voir la fourmi pour lui demander de l'aide.
Mais la fourmi refuse de l'aider. Si on décide de supprimer l'héritage, c'est un peu comme pénaliser cette fourmi qui a fait beaucoup d'efforts, qui a fait des sacrifices et qui, à la fin, n'est pas récompensé. En plus, si l'État taxe fortement ses héritages, ça correspond à une forme de double taxation parce que les patrimoines qui sont transmis en héritage ont déjà été taxés au cours de la vie des personnes qui les ont accumulées, que ce soit les revenus du travail, le patrimoine immobilier ou des actifs financiers. Tout ça, ce sont des richesses pour lesquelles il faut payer des taxes. Donc si en plus les héritiers doivent payer une nouvelle taxe sur ces biens, ça correspond à une double taxation.
Alors vous savez que les gens n'aiment pas payer d'impôts. Donc si vous leur demandez d'en payer deux fois, là, ils sont vraiment mécontents. Et puis on peut se demander ce que l'État ferait de cet argent. Si l'État décide de confisquer tous ces héritages, qu'est-ce qu'il va financer avec ses fortunes Partout, il y a des scandales de corruption, des exemples de mauvaise gestion du budget, et caetera. Donc je peux comprendre que les personnes qui ont travaillé dur toute leur vie n'aient pas envie de voir l'État gaspiller leur argent.
En plus de ça, en ayant une taxe élevée sur l'héritage, on prend un risque pour l'économie, le risque que les plus riches décident de quitter le pays. Si les plus riches décident de quitter le pays parce qu'ils ne veulent pas payer de taxes sur l'héritage et qu'ils veulent pouvoir le transmettre directement à leurs héritiers, à ce moment-là, le pays se prive d'une source de revenus. Et enfin, dans un sondage de deux-mille-dix-huit, quatre-vingt pour cent des Français ont déclaré qu'ils étaient contre les droits de succession. Ça, les droits de succession, c'est tout simplement les taxes qu'on paye sur l'héritage. Donc si la majorité des Français est contre les droits de succession, on peut se demander quelle serait la légitimité de l'État à imposer une telle mesure.
Tout ça, ce sont de très bons arguments. Mais quand on s'intéresse de plus près à la question de l'héritage, on voit qu'il a aussi certains effets négatifs et qu'il n'est peut-être pas aussi légitime qu'il n'y paraît. Déjà, la situation aujourd'hui n'est évidemment plus la même qu'au dix-neuvième siècle. D'autres structures existent et le capitalisme ne repose plus vraiment sur ces grandes fortunes familiales. Par exemple, si on prend le classement des personnes les plus riches du monde, on trouve à sa tête Jeff Bezos.
Jeff Bezos, c'est le patron d'Amazon et c'est quelqu'un qui a construit sa fortune lui-même. Il ne l'a pas hérité. C d'Amazon et c'est quelqu'un qui a construit sa fortune lui-même. Il ne l'a pas hérité. C'est la même chose pour Bill Gates et Warren Buffett.
Eux, ils venaient de familles aisées. Ils ont grandi avec des bonnes conditions économiques. Mais ils ont quand même construit leur fortune monumentale grâce à leur travail et pas grâce à un héritage. Ensuite, à cause du vieillissement de la population, les parents meurent quand on a en moyenne soixante ans et à soixante ans, on n'a plus les mêmes besoins. On n'a pas vraiment besoin d'argent.
En général, on a déjà une bonne situation. Donc quand on reçoit un héritage à cet âge-là, on a plutôt tendance à garder l'argent, à le mettre de côté ou à le dépenser pour faire des voyages. Mais on ne va pas l'injecter dans l'économie du pays en investissant, en créant des entreprises, et caetera. Donc non seulement la situation a changé, mais le principal problème avec l'héritage, c'est qu'il permet aux inégalités de s'accumuler d'une génération à l'autre. Et ça, c'est assez visible en France parce que si on prend le classement Forbes des dix plus grandes fortunes, bien 6 d'entre elles sont des fortunes qui ont été héritées alors que quatre seulement ont été obtenues par des entrepreneurs.
Parmi les héritiers célèbres, on trouve par exemple Françoise Bettencourt-Mayer qui est l'unique héritière de L'Oréal. Elle est à la deuxième place des plus grandes fortunes françaises ou Serge Dassault qui est le fils de Marcel Dassault et qui a hérité de cette entreprise. Mais bien sûr, ce phénomène n'est pas seulement visible chez les grandes fortunes. Il est aussi visible chez les familles moyennes. Par exemple, dans les années soixante-dix, la partie héritée du patrimoine des Français était d'un tiers.
Autrement dit, un tiers des possessions, des biens, des appartements, et caetera d'un français moyen provenait d'un héritage. Et le reste avait été gagné grâce au travail. Aujourd'hui, cette part dépasse la moitié. Autrement dit, le patrimoine d'un français vient pour plus de la moitié d'un héritage et il n'est pas le fruit du travail de cette personne. Ça, ça montre bien cette évolution de la part du patrimoine hérité.
Ça montre que ces inégalités augmentent au fur et à mesure des années. Au contraire, cinquante pour cent des Français n'héritent de rien ou de presque rien. Et quand je dis presque rien, ça veut dire entre cinq et dix mille euros. Donc on a d'un côté des Français qui ont un patrimoine de plus en plus important parce que les héritages transmis d'une génération à l'autre sont de plus en plus importants. Et de l'autre côté, la moitié des Français qui n'héritent de rien, qui ne perçoivent aucun héritage parce que leurs parents n'ont pas pu accumuler de richesses pendant leur vie.
Résultat si on ne fait rien, ces inégalités vont continuer d'augmenter mécaniquement d'une génération à l'autre. Les plus pauvres seront de plus en plus désavantagés dans la compétition et finalement, l'ascenseur social sera en panne. Ça, c'est une expression qu'on utilise assez souvent. L'ascenseur social, un ascenseur, vous savez, c'est pour aller du rez-de-chaussée au premier, au deuxième, au troisième, au quatrième étage pour monter dans un bâtiment. Et quand on dit l'ascenseur social est en panne, ça signifie qu'il ne fonctionne pas.
Autrement dit, c'est impossible pour quelqu'un qui vient d'une famille pauvre de monter dans la hiérarchie sociale. Parce que si ces inégalités de patrimoine et d'héritage continuent d'augmenter, on va finir par revenir au système d'ancien régime. Un système où notre destin est entièrement déterminé par notre naissance. Si on a la chance de naître dans la famille royale, tout va bien se passer pour nous au cours de notre vie. Par contre, si on est parmi le tiers état, parmi les pauvres, bien on n'aura aucune chance de sortir de cette classe sociale.
En plus, quand on y regarde de plus près, on peut voir que l'héritage va à l'encontre du principe de méritocratie, autrement dit d'une société basée sur les mérites individuels. Par exemple, on trouve injuste le fait d'hériter des dettes de ses parents. On se dit que ce n'est pas de notre faute si nos parents ont pris de mauvaises décisions, alors ce n'est pas à nous d'en payer les conséquences. Mais d'un autre côté, on trouve ça complètement normal d'hériter des richesses accumulées par nos parents alors que de la même manière, on n'y a pas du tout participé. C'est pas nous qui avons travaillé pour accumuler ces richesses, mais on trouve normal le fait d'en hériter.
Alors là, vous voyez que c'est un peu à géométrie variable. Et puis l'héritage va contre l'égalité des chances. Déjà, on a beaucoup d'avantages quand on est dans une famille riche parce que ça nous permet de bénéficier d'un important capital social et culturel. On accumule beaucoup de connaissances. Nos parents nous transmettent par exemple un goût pour la lecture, ils nous encouragent à bien travailler à l'école, et caetera.
Pour essayer de limiter ces inégalités de capital culturel, on a inventé l'école publique. Bon, c'est pas une solution parfaite, mais elle a le mérite d'exister. Par contre, il n'y a pas beaucoup de mesures pour limiter les inégalités de capital économique. Ces inégalités qui sont en grande partie liées à l'héritage. C'est notamment pour ça que le milliardaire Warren Buffett a décidé de ne pas léguer l'intégralité de sa fortune à ses enfants.
Il va leur en léguer seulement une petite partie parce qu'il a envie que ses enfants fassent des efforts, qu'ils travaillent pour devenir riches, en tout cas s'ils veulent devenir riches. Et il a une analogie assez intéressante. Il dit on ne va pas envoyer aux Jeux Olympiques les enfants de ceux qui ont gagné la précédente édition des Jeux Olympiques. Autrement dit, c'est pas parce que nos parents ont réussi des exploits que nous, on va réussir à faire la même chose et qu'on devrait être récompensés de la même manière.
Alors
tout ça, c'est bien joli mais vous pouvez vous demander Ok Hugo, qu'est-ce que tu proposes Si l'héritage est quelque chose d'aussi négatif, s'il a tellement d'effets nocifs pour la société, qu'est-ce qu'on doit faire bien, on a de la chance parce qu'aujourd'hui, il existe de nombreuses propositions pour essayer de résoudre ce problème. Il y a par exemple un économiste français très célèbre et très renommé qui s'appelle Thomas Piketty qui propose de taxer très fortement les successions pour permettre de créer un héritage pour tous. Autrement dit, on collecterait l'argent de l'héritage au niveau national et ensuite on pourrait le redistribuer. Dans la pratique, Piketty propose que l'État verse cent-vingt-mille euros à chaque Français à ses vingt-cinq ans. Comme ça, avec ce capital, les personnes pourraient décider soit d'acheter un appartement, de financer des études plus longues ou alors de créer une entreprise.
En fait, chacun aurait le même héritage et pourrait décider d'en disposer de la façon qu'il le souhaite. Ça, évidemment, ce serait une petite révolution. C'est un véritable choix de société. On choisirait de redistribuer les richesses d'une génération à l'autre, autrement dit de commencer une nouvelle partie de Monopoly. Avec une telle mesure, la réussite dépendrait davantage du mérite personnel, autrement dit du talent des joueurs, que simplement du fait d'être né dans la bonne famille.
Et puis les études psychologiques montrent qu'on est moins jaloux de la réussite individuelle d'une personne que des inégalités de situation. C'est plus facile de respecter quelqu'un qui a réussi grâce à ses efforts, à son travail, à ses mérites que quelqu'un qui a réussi simplement parce qu'il a hérité de la richesse de ses parents. Et même avec ce type de mesure, il sera toujours possible d'amasser des richesses, de devenir riche, mais ça se fera seulement sur une génération. Donc ça sera quelque chose d'un peu plus rare et les richesses récompenseront véritablement des personnes exceptionnelles ou alors des personnes très chanceuses qui auront gagné à la loterie. Dans ce scénario, les parents auraient toujours la possibilité de transmettre un capital à leurs enfants mais ça serait pas un capital économique, ça serait un capital culturel.
Ça, c'est assez intéressant parce que pour transmettre ce capital, les parents devraient passer beaucoup de temps avec leurs enfants et leur donner une véritable éducation. Alors que pour transmettre un capital économique, il faut souvent passer énormément de temps à travailler. Et ça, ça coupe un peu les liens entre les parents et les enfants. Donc encore une fois, ça serait un changement assez radical dans le modèle de transmission de capital. Bien sûr, un tel changement, adopter une telle mesure comme la taxation à cent pour cent de l'héritage, c'est pas quelque chose qu'on peut mettre en place du jour au lendemain.
Ça implique un véritable changement de mentalité à l'échelle de la société. Et si on voulait le mettre en place, ça demanderait sûrement de le faire sur plusieurs générations. Bref, vous voyez qu'il y a plein de questions intéressantes autour du sujet de l'héritage. Évidemment cet épisode avait pas vocation à couvrir entièrement le sujet. C'est impossible de le faire en trente minutes et en plus je suis pas du tout un expert sur la question.
Si vous voulez en savoir plus, je vais mettre les liens vers les articles, les références que j'ai utilisées dans la description de l'épisode comme d'habitude. Et ça, vous pouvez le retrouver sur mon site. Avant de vous laisser, on va écouter un dernier témoignage, celui de
nancy bonjour Google je m'appelle nancy et je suis américaine je sais que vous avez reçu beaucoup de messages des jeunes gens qui ont étudié le français pendant pendant peu de temps et maintenant ils parlent assez couramment mais moi j'ai une autre histoire celle de la persévérance j'ai plus de soixante ans maintenant et je viens de prendre ma retraite j'avais besoin d'un autre d'un nouveau défi donc j'ai décidé de rafraîchir mon français je l'ai étudié pendant de nombreuses années au lycée et à université mais dans les cours de français avec beaucoup d'étudiants je n'ai pas parlé trop souvent ce n'était pas possible donc j'ai appris la grammaire et caetera et caetera mais après des années de français je n'étais pas capable de tenir une conversation après mes études c'était impossible d'entendre le français dans ma vie quotidienne et j'ai oublié beaucoup, presque tout. Mais j'ai recommencé à étudier il y a quelques années avec le l'aide d'internet qui est vraiment un miracle pour les apprenants des langues étrangères au fur et à mesure j'ai réussi à ressusciter mon français beaucoup mieux que jamais et j'ai trouvé vos podcasts et vidéos il y a quelques mois et je les trouve vraiment excellents pour améliorer mon compréhension la compétence la plus importante à mon avis je veux dire que c'est tout à fait possible d'apprendre une langue étrangère même si on est plus jeune et je veux encourager les autres apprenants de mon âge Merci au bout pour votre bon travail.
Je vous souhaite beaucoup de succès dans le futur. Merci encore.
Merci beaucoup Nancy, j'adore ce genre de témoignage. Bravo pour ta persévérance. C'est vrai que c'est quelque chose d'essentiel quand on apprend une langue. On a besoin d'être patient, je vous le répète très souvent. Malgré ce que vous pouvez lire sur internet ou quand vous entendez des personnes vous dire qu'elles ont appris le français en trois mois ou en 6 mois.
En général, apprendre une langue, ça demande du temps, de la patience et de la persévérance. C'est un long voyage, il ne faut pas abandonner. Et Nancy, tu peux être fière de toi parce que tu as ressuscité ton français comme tu dis. Et aujourd'hui, tu parles très bien. C'est très agréable de t'entendre.
D'ailleurs, je suis d'accord avec toi, Internet est un vrai miracle pour les apprenants. Pour être honnête, je sais pas comment les gens faisaient pour apprendre les langues avant Internet. Il fallait être vraiment très motivé. Mais aujourd'hui, ça devient de plus en plus facile grâce à tous les contenus qui sont accessibles. Je termine en vous remerciant comme d'habitude pour tous vos messages, vos évaluations sur iTunes, vos recommandations sur Facebook, vos commentaires, vos emails.
J'en reçois vraiment de plus en plus. Malheureusement, c'est physiquement impossible de répondre à tout le monde. Je fais de mon mieux et j'essaye de lire tout ce que vous m'envoyez. Sachez que ça me fait vraiment très plaisir et ça me motive à continuer de faire tous ces contenus pour vous. Un grand merci et on se retrouve dans deux semaines pour un nouvel épisode.
À bientôt, ciao