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Épisode quarante-trois, la deuxième révolution française. Salut à tous et bienvenue pour ce nouvel épisode. Comme d'habitude, je suis très content de vous retrouver et de pouvoir passer un peu de temps avec vous et je voudrais commencer par vous remercier parce que après l'épisode anniversaire, le dernier épisode, j'ai reçu beaucoup d'e-mails, vraiment énormément d'e-mails pour me féliciter pour ce premier anniversaire. Donc merci à vous, merci à tous ceux qui m'ont écrit et merci plus généralement à tous les auditeurs du podcast. Vraiment, je ne m'attendais pas à avoir un tel succès avec ce podcast.

Donc pour moi, c'est que du plaisir. Je suis vraiment très content d'enregistrer de nouveaux épisodes pour vous et j'espère continuer à le faire le plus longtemps possible. Donc j'ai reçu beaucoup d'emails pour me féliciter, mais aussi pour me poser des questions sur le programme dont j'ai parlé dans ce dernier vous aider à apprendre le français et vous aider à apprendre le français. Et c'est un programme qui va être plus complet que le podcast une leçon quotidienne, de la grammaire, des exercices. Bref, tout ce dont vous avez besoin pour progresser et pour être plus à l'aise en français.

Donc au début, je pensais faire un programme de trois mois, mais je me suis rendu compte que ça serait peut-être un peu long pour certains. Donc je vais commencer avec une version plus courte, une version d'un mois, pour tester un peu l'idée, voir comment ça fonctionne et voir comment ça vous plaît. Et ensuite, si le programme marche bien, s'il vous permet de faire des progrès, je sortirai la suite. Donc le niveau deux, le niveau trois, et caetera, et caetera. Donc je sais que vous avez encore beaucoup de questions auxquelles je n'ai pas répondu.

Un peu de patience, je pense que je vais vous envoyer un email sur ce sujet dans les prochaines semaines, comme ça vous en saurez plus. Mais aujourd'hui, on va parler d'un sujet complètement différent, on va parler de la deuxième révolution française. Donc c'est un titre un peu provocateur, un peu choquant peut-être, parce que je suis sûr que vous connaissez tous la première révolution française, celle de mille-sept-cent-quatre-vingt-neuf, mais peut-être que vous n'avez pas entendu parler de la deuxième. Peut-être que vous ne savez pas qu'en France, il y a eu une deuxième révolution. En fait, c'était pas vraiment une révolution politique, c'est une révolution plutôt sociale.

Cette révolution, elle a eu lieu en mai mille-neuf-cent-soixante-huit. Ça fait donc cinquante ans que cet événement a eu lieu. Cette année, on fête le cinquantième anniversaire de mai soixante-huit. Donc c'est pour ça que j'ai décidé de vous en parler aujourd'hui. Je vais vous expliquer pourquoi cet événement est un des événements les plus importants de l'histoire de France au vingtième siècle et pourquoi c'est important de le connaître si vous voulez comprendre la société française actuelle.

Donc pour ça, je vais d'abord vous parler du contexte, dans quel contexte cet événement a eu lieu. Après ça, je vais vous parler concrètement des événements, de ce qui s'est passé. Et puis pour finir, on verra ensemble quelles ont été les conséquences de cette petite révolution. Quelles ont été les conséquences de mai soixante-huit et quels changements on a pu observer après cet événement Vous êtes prêts

Alors, c'est parti.

Pour commencer, je vais vous parler du contexte. D'abord le contexte économique. On est en France à la fin des années soixante et aussi à la fin d'une période qu'on appelle les trente glorieuses. C'est une période de trente ans après la Seconde Guerre mondiale pendant laquelle la croissance économique dans les pays développés a été extrêmement forte. En France, pendant ces trente ans, il y avait cinq pour cent de croissance par an.

Donc en fait, le niveau de vie des Français a doublé. On peut dire que les Français sont entrés dans la société de consommation. Bon, ça s'est passé un peu plus tard qu'aux États-Unis parce qu'aux États-Unis, la société de consommation était déjà apparue quarante ans plus tôt. Mais dans les autres pays développés, en Europe, on était un peu en retard. À côté de cette prospérité économique, il y a un autre phénomène qu'on observe, c'est l'urbanisation.

Autrement dit, beaucoup de Français quittent les campagnes pour aller s'installer en ville. Soit pour travailler dans l'industrie, soit pour travailler dans les services. Parce que le secteur des services a commencé à beaucoup se développer. Mais tout le monde ne profite pas vraiment de cette prospérité économique. Par exemple, il y a certaines usines qui commencent à fermer.

Une usine, vous savez, c'est un endroit dans lequel on produit dans des quantités industrielles. Par exemple une usine de voiture. Donc déjà, à cette époque, il y a certaines usines qui ne gagnent plus assez d'argent et qui ferment. Donc, il y a beaucoup d'ouvriers qui se retrouvent au chômage. Les ouvriers, vous avez compris, c'est les personnes qui travaillent dans les usines, qui travaillent sur les chaînes de production.

Donc avec ces fermetures d'usines, beaucoup d'ouvriers se retrouvent sans travail, ils sont au chômage. Autrement dit, il y a une grande partie des travailleurs qui se sentent exclus de la prospérité. Ils ont l'impression de ne pas profiter de la bonne santé économique de la France. Ces personnes qui se sentent exclues, ce sont, vous avez compris, les ouvriers, mais aussi les femmes et les travailleurs immigrés. Autrement dit, toutes ces personnes dont les salaires sont très bas, dont les salaires sont très faibles.

À côté du contexte économique, il y a le contexte social. D'un côté, on a la génération d'avant-guerre, la génération des personnes qui sont nées pendant la première moitié du vingtième siècle. Cette génération, elle a eu une vie vraiment difficile. Parfois, ce sont des personnes qui ont connu les deux guerres mondiales. Et puis, en général, elles ont eu des conditions de vie assez dures.

Avec un travail pénible, pénible, ça veut dire quelque chose qui est difficile physiquement, quelque chose qui demande beaucoup d'efforts. Ces personnes avaient un travail pénible, elles travaillaient beaucoup, leurs leurs horaires de travail étaient très longs. Et cette difficulté de la vie, on peut dire qu'elle se retrouve, elle est visible dans les rapports entre les gens, entre les personnes de cette génération. Ce sont des personnes qui ont un état d'esprit assez rigoriste. Pour eux, il n'y a pas de place pour l'excentricité, il faut travailler et travailler dur si on veut survivre.

Il y a un dicton qu'on utilisait à cette époque qui disait on n'est pas sur terre pour rigoler. Autrement dit, on n'est pas pour s'amuser, pour prendre du plaisir. On est pour travailler, pour gagner assez d'argent, pour pouvoir manger. Donc d'un côté, il y a cette génération et de l'autre, il y a la génération d'après-guerre, les baby boomers comme on les appelle, qui eux ont une vie assez différente de celle de leurs parents et de leurs grands-parents. Ils n'ont pas connu la guerre, donc ils ont une vie qui est relativement confortable.

Et en plus, ils ont un confort matériel qui n'existait pas avant. Par exemple, il y a le chauffage central dans les appartements, ça veut dire qu'il ne fait jamais froid. Il y a toujours de la chaleur grâce au chauffage. Les nouveaux appartements sont aussi équipés de salles de bains pour pouvoir se laver régulièrement et il y a des moyens de communication comme le téléphone et aussi la radio pour diffuser les médias de masse. Un peu plus tard, il y a la télévision qui elle aussi va se propager massivement dans les foyers français, dans les maisons des Français.

Donc, avec ce confort matériel et avec le fait que ces personnes n'ont pas connu les guerres précédentes, en fait, il y a une incompréhension entre ces deux générations. Ces deux générations ne se comprennent pas. La génération plus âgée ne comprend pas pourquoi les jeunes veulent seulement s'amuser et profiter. Et les jeunes, eux, ils ne comprennent pas pourquoi Et les jeunes, eux, ils ne comprennent pas pourquoi leurs parents et leurs grands-parents ont une attitude tellement stricte, tellement sévère et pourquoi ils ne leur laissent aucune liberté. Ensuite, il y a le contexte politique.

À cette époque, c'est le général de Gaulle qui est au pouvoir. En fait, il est au pouvoir depuis mille-neuf-cent-cinquante-huit. Ça fait dix ans qu'il est au pouvoir. Le général de Gaulle en France, c'est un héros. C'est le héros de la Seconde Guerre mondiale.

C'est lui qui a organisé la résistance française et on aime dire que c'est de Gaulle qui a libéré la France. Bon, en réalité ce sont plutôt les Américains qui ont libéré la France, mais les Français préfèrent dire que c'est le général de Gaulle qui l'a fait. En mille-neuf-cent-cinquante-huit, le général de Gaulle a créé la cinquième République. La cinquième République, c'est le système qui est toujours en place actuellement. C'est le système qu'on utilise toujours maintenant.

Et dans cette cinquième République, le président a beaucoup de pouvoir. C'est un régime politique qui donne une grande importance au président de la République. Une importance d'autant plus grande que le président est élu au suffrage universel direct. Le suffrage universel direct, ça signifie simplement que les citoyens votent directement pour élire leur président et aussi pour élire leurs députés. Donc c'est un système un peu différent du système américain par exemple il y a les grands électeurs.

En France, c'est le suffrage universel direct, les citoyens élisent directement leur président et leurs députés. Ce suffrage universel direct, bien il donne une grande légitimité au président. Il donne ici une grande légitimité à de Gaulle parce qu'il a été élu directement par les Français. À côté de ça, de Gaulle a aussi un certain prestige et une grande influence sur la scène diplomatique, mais bon, c'est quelqu'un d'assez vieux parce qu'en mille-neuf-cent-soixante-huit, de Gaulle a soixante-dix-huit ans. Et en fait, il y a un décalage entre les attentes sociales et les attentes culturelles de la société française, surtout des jeunes.

Et d'un autre côté, l'attitude de de Gaulle, ses exigences et sa rigueur. On pense que de Gaulle est un peu old school et on dit à cette époque que la France s'ennuie, la France s'ennuie. Ce qui est aussi important dans ce contexte politique, c'est évidemment la guerre froide. La guerre froide entre le bloc de l'ouest dirigé par les Américains et le bloc de l'est avec l'Union soviétique, l'URSS. En France, il faut savoir que, officiellement, on était alliés des Américains, on faisait partie du bloc de l'Ouest, mais le parti communiste était le parti le plus influent à gauche en France.

Et puis, il y a aussi à ce moment-là l'influence du mouvement hippie. Les jeunes Français observent les jeunes Américains et ils voient cette naissance du mouvement hippie au niveau culturel, mais aussi au niveau protestataire avec toutes les manifestations des années soixante aux États-Unis, par exemple celle à l'université de Berkeley. Donc ça, c'est le contexte économique avec la prospérité économique, mais des grandes inégalités, certaines personnes qui sont au chômage. Le contexte social avec cette incompréhension entre la génération d'avant-guerre et la génération d'après-guerre. Et le contexte politique avec le pouvoir de de Gaulle qui est de plus en plus contesté.

L'autorité de du général de Gaulle qui est remise en question. Maintenant que vous avez compris le contexte, on va s'intéresser aux événements. Qu'est-ce qui s'est passé concrètement en France pendant ce mois de mai mille-neuf-cent-soixante-huit Il faut savoir que ce mouvement a commencé avec les étudiants. Et en particulier dans une université parisienne, l'université de Nanterre qu'on appelle aussi Paris dix et qui est située au nord-ouest de Paris. Historiquement, c'est une université qui a été créée pour qu'il y ait moins de monde à la Sorbonne parce qu'il y avait, il avait plus de place à la Sorbonne.

Donc, on a décidé de créer une autre université, un peu à l'extérieur de Paris, donc cette université de Nanterre, pour accueillir les étudiants de littérature et de sciences humaines. Et c'est dans cette université spécifiquement que le mouvement de mai soixante-huit a commencé. Il a commencé avec un groupe d'étudiants qui a décidé d'organiser des manifestations pour protester contre la guerre au Vietnam, contre l'impérialisme américain et l'autoritarisme de De Gaulle. À ce moment-là, face à ces manifestations, le directeur de l'université de Nanterre a décidé de la fermer. Et au moment il a fermé l'université de Nanterre, le mouvement s'est répandu dans le reste de Paris, notamment à la Sorbonne.

Donc ce mouvement étudiant a commencé à se répandre dans toute la capitale française. À côté de ces revendications politiques du mouvement étudiant, donc là, contre la guerre au Vietnam, l'impérialisme américain et l'autoritarisme de de Gaulle, il y a des revendications un peu plus pragmatiques, notamment l'accès au dortoirs des filles sur les campus. Il faut savoir que depuis quelques années, les filles ont accès à l'université en France, mais les garçons ne peuvent pas aller les voir dans leur dortoirs, dans les endroits elles vivent, sur les campus des universités. Donc les étudiants revendiquent le droit de pouvoir aller voir les filles dans leur chambre sur les campus des universités. Donc ça, c'est un exemple qui peut sembler un peu trivial, une revendication qui peut sembler un peu trivial, mais ça illustre le changement de mentalité.

On vit encore dans une société, à cette époque, les écoles, en tout cas la majorité des écoles, ne sont pas mixtes. Il y a les écoles pour les garçons et les écoles pour les filles. Donc ça, c'est en décalage complet avec la mentalité, avec l'état d'esprit des étudiants de cette époque. Ils ne comprennent pas pourquoi ils doivent vivre dans une société les écoles ne sont pas mixtes et les garçons ne peuvent pas aller voir les filles dans leur chambre, sur les campus des universités. Autrement dit, c'est une forme d'opposition aux valeurs de la société traditionnelle et ces étudiants réclament une libéralisation des moeurs.

Les moeurs, c'est l'ensemble des valeurs, des attitudes d'une société. Et les étudiants veulent que ça change. Ils veulent du changement et plus de liberté. D'ailleurs, on va écouter une interview d'un des leaders de mai soixante-huit qui s'appelle Daniel Cohn-Bendit, qui était un jeune étudiant à cette époque et qui plus tard est devenu un député européen pour le parti des Verts, le parti écologiste, pendant quasiment vingt ans. Donc à cette époque, il était seulement étudiant, il n'était pas encore député.

Et on va écouter quelles étaient ses revendications.

Des étudiants refusent leur fonction qui leur est assignée par la société, c'est-à-dire qu'ils refusent de devenir les futurs cadres de la société qui exploiteront plus tard les la classe ouvrière et la paysannerie. Bon ce refus est d'abord, se fait d'abord à l'université. Il est clair que le mouvement du vingt-deux mars ne veut rester à l'université, mais qu'il veut s'étendre en dehors de l'université, c'est-à-dire essayer de faire une jonction dans la lutte avec les ouvriers ou les paysans en lui.

Donc vous avez entendu, le jeune Daniel Cotebendit dit que les étudiants refusent de devenir cadres. Un cadre en France, c'est un manager. Des bonnes conditions de vie. Donc, Cohn-Bendit refuse que l'université forme des cadres, forme les étudiants pour qu'ensuite ils aillent exploiter les ouvriers dans les usines. C'est un monde qu'ils rejettent parce que une partie des étudiants se sent solidaire des ouvriers.

En fait, c'est assez drôle parce que quatre-vingt-dix pour cent des étudiants, à cette époque, ils venaient de la bourgeoisie. Donc ce sont des jeunes qui ont eu de très bonnes conditions de vie et ils ne comprennent pas pourquoi les ouvriers dans les usines, eux, ne bénéficient pas de plus de droits et de meilleurs salaires, de meilleures conditions de vie. Donc il y a une forme de solidarité de ces étudiants bourgeois avec les ouvriers des usines. Donc vous avez compris que mai soixante-huit commence avec le mouvement étudiant. Mais après deux semaines, il est rejoint par le mouvement ouvrier.

À ce moment-là, ce n'est plus seulement un mouvement étudiant, mais c'est un mouvement social. Le treize mai, en France, il y a une grève générale. Une grève, vous savez, c'est quand les personnes arrêtent de travailler, Quand elles arrêtent de travailler pour montrer qu'elles ne sont pas contentes, qu'elles s'opposent aux conditions de travail, à la direction, et caetera. Donc le treize mai, il y a une grève générale et des grandes manifestations dans toute la France. Il faut imaginer vraiment que c'était une grève énorme.

Maintenant, je sais qu'on a l'habitude de voir les Français en grève. Les médias étrangers aiment bien se moquer des Français parce qu'on a l'impression que les Français font toujours la grève. Mais à cette époque, c'était un peu plus rare et surtout c'était rare d'avoir une grève d'une telle ampleur, d'une telle importance. Cette grève des ouvriers, elle est contre le capitalisme et la société de consommation. Donc là, on retrouve bien l'influence du Parti communiste à cette époque, les ouvriers rejettent le modèle capitaliste.

Ils rejettent ce modèle capitaliste parce qu'ils se sentent exclus. Comme je vous l'ai dit dans le contexte, les ouvriers ont l'impression de ne pas profiter de la croissance économique et ils ont l'impression de se faire exploiter par ce système capitaliste. Cette grève, elle devait durer seulement une journée, mais à la surprise générale, elle continue. Elle ne s'arrête pas le treize mai, mais elle continue et pendant plusieurs semaines, entre deux et trois semaines, le pays est complètement paralysé. L'économie française s'arrête parce qu'il n'y a plus d'ouvriers pour travailler dans les usines, les étudiants bloquent les universités, donc le pays est vraiment complètement paralysé.

Les manifestations se multiplient et elles sont de plus en plus violentes. Il y a des affrontements très violents entre les manifestants et la police avec beaucoup de blessés, beaucoup de personnes blessées et aussi quelquefois des morts. Les manifestants, surtout les ouvriers, demandent une hausse des salaires. Ils veulent que leurs salaires soient augmentés. Et à côté de ça, il y a les slogans des étudiants qui eux veulent plutôt un changement global de la société.

Il y a des slogans qui sont devenus très célèbres, par exemple, il est interdit d'interdire. Il est interdit d'interdire, donc ça, c'est une référence plus ou moins directe à l'autoritarisme de De Gaulle et ça montre que les étudiants, la jeunesse réclament plus de liberté. Un autre slogan très populaire, c'est soyez réalistes, demandez l'impossible. Donc là, vous voyez, on utilise l'impératif, Soyez réalistes, le verbe être, demandez l'impossible, exiger l'impossible. Ici, ça montre qu'il y avait une vision un peu utopique, peut-être à cette époque, à l'époque de mai soixante-huit.

On était dans un climat, dans une atmosphère de révolution utopique. Il y avait des discussions partout, c'est assez difficile à imaginer, mais dans tous les lieux, dans les universités, dans les cafés, dans la rue, partout, les gens lançaient des débats et un groupe de personnes se réunissait pour discuter de la société, pour savoir ce qu'il fallait faire, quelles idées il fallait appliquer. Bref, les gens avaient envie de prendre leur destin en main. Ils avaient envie de ne plus laisser tout le pouvoir et toutes les décisions à l'autorité politique, mais de devenir acteur et vraiment de s'engager. Une partie de ces manifestants, des personnes qui participent à mai soixante-huit, demandent aussi la démission du général de Gaulle.

Ils veulent que de Gaulle quitte son poste, que de Gaulle démissionne, mais il n'y a pas de tentative de putsch, il n'y a pas de tentative de coup d'État, aucun parti politique n'essaye de prendre le pouvoir. Donc il n'y a pas de révolution politique, mais par contre, le vingt-sept mai, il y a la signature des accords de Grenelle. Grenelle, c'est la rue parisienne se situe le ministère du Travail et c'est au ministère du Travail qu'il y a une signature des accords entre le gouvernement, les syndicats ouvriers, les syndicats patronaux, des patrons, pour négocier une augmentation de trente-cinq pour cent du salaire minimum et de dix pour cent des autres salaires. Donc grâce à ces accords, le salaire minimum augmente de trente-cinq pour cent. Mais une partie des ouvriers n'est pas du tout satisfait par ces accords, ils trouvent qu'ils ne sont pas suffisants, donc ils continuent de faire la grève et de bloquer les usines.

Face à ça, le trente mai, le général de Gaulle fait une déclaration.

Françaises français, j'ai pris mes résolutions. Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas. J'ai un mandat du peuple, je le empirait. Je ne changerai pas le Premier ministre. Je dissous aujourd'hui l'Assemblée nationale.

Vous avez entendu dans ce discours que de Gaulle décide le trente mai de dissoudre l'Assemblée nationale. Dissoudre l'Assemblée nationale, c'est un pouvoir qu'a le président en France, le pouvoir d'organiser de nouvelles élections législatives pour élire des députés. Législatives pour élire des députés. L'objectif évidemment pour de Gaulle, c'était d'obtenir une majorité au Parlement, à l'Assemblée nationale, pour pouvoir adopter des lois et garder le pouvoir. Donc de nouvelles élections législatives sont organisées et là, c'est la grande surprise parce que le parti de De Gaulle gagne très largement ces élections.

Il obtient une majorité absolue à l'Assemblée, autrement dit, il a la possibilité d'adopter des lois sans devoir passer des accords avec les autres partis. Mais surtout, le plus important, c'est que ces élections redonnent une grande légitimité à de Gaulle et elle montre qu'une partie des Français, une majorité des Français en a assez de ces grèves et de ces manifestations et qu'ils veulent un retour à l'ordre, un retour au calme. Suite aux accords de Grenelle et à la victoire de de Gaulle, la situation revient à la normale en France. Il y a une partie des ouvriers qui n'est toujours pas satisfait par les conditions des accords de Grenelle, par les augmentations de salaires qu'ils

ne trouvent pas suffisants,

mais le pouvoir ne trouve pas suffisant. Mais le pouvoir envoie la police pour que ces ouvriers quittent les usines, pour qu'ils arrêtent de bloquer les usines et progressivement, le travail reprend, l'économie recommence à fonctionner. Mais un an plus tard, en mille-neuf-cent-soixante-neuf, de Gaulle organise un référendum qui concerne la création des régions et la rénovation du Sénat et il perd ce référendum. À ce moment-là, de Gaulle perd une partie de sa légitimité et il décide de démissionner, Il décide de quitter le pouvoir. Donc même si de Gaulle a survécu à la crise de mai soixante-huit, un an plus tard, il a quitter le pouvoir.

Une autre conséquence de mai soixante-huit, c'est la naissance du mouvement des jeunes. Les jeunes représentent un tiers de la société française et grâce à ces événements, ils se sont fédérés, ils se sont rassemblés et ils ont conscience d'être un groupe. Pas seulement des individus isolés qui dépendent de leurs parents, mais d'être un groupe avec sa culture, ses valeurs, ses médias, et caetera, et caetera. À côté de ça, il y a plus généralement un changement des valeurs, un changement des mentalités. C'est la fin de la société traditionnelle.

C'est la fin de l'autorité, de l'austérité, de la rigueur et on passe à une société avec plus de liberté, on valorise l'autonomie des individus, leur créativité, on valorise le débat, les échanges, et caetera. Évidemment, il y a aussi à ce moment-là la libération sexuelle avec ce célèbre slogan Peace and Love qui a été aussi adopté en France et certaines chansons iconiques comme celle-là. Et puis la dernière conséquence majeure, c'est l'essor des mouvements féministes. À la fin des années soixante et au début des années soixante-dix, c'est l'ère du féminisme en France. Les femmes s'engagent pour obtenir plus de droits.

Par exemple, le droit de contraception pour pouvoir contrôler leur rapport sexuel, mais aussi le droit à l'avortement qui est voté en mille-neuf-cent-soixante-quinze pour permettre aux femmes d'arrêter une grossesse. En conclusion, mai soixante-huit, ce n'est pas forcément une révolution au sens politique, mais c'est un événement qui a eu une énorme influence, un énorme impact sur la France. C'est l'événement qui a donné naissance à la société française contemporaine, la société française telle qu'on la connaît maintenant. Ce pas un mouvement qui a eu lieu uniquement en France, on a pu l'observer dans beaucoup d'autres pays, ce mouvement contestataire, aussi bien à l'ouest qu'à l'est. Voilà, j'espère que cet épisode vous a plu et que vous avez appris des choses intéressantes.

Vous voulez en savoir plus, je vous recommande un site, c'est le site INA point FR, fr, INA point fr, c'est le site des archives françaises. Donc sur ce site, vous pouvez voir beaucoup de vidéos très intéressantes et notamment des vidéos sur mai soixante-huit. Je vais mettre le lien dans la description de l'épisode et comme d'habitude, vous savez que vous pouvez aussi trouver la transcription complète sur mon site internet inner french point com. On se retrouve dans deux semaines pour un nouvel épisode et en attendant, n'oubliez pas de faire un peu de français tous les jours. À bientôt.

Podcast: InnerFrench
Episode: E43 La 2ème révolution française