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Épisode trente-huit, aujourd'hui je vous parle de l'immigration en France. Salut à tous et bienvenue pour ce trente-huitième épisode. Pour commencer, comme d'habitude, je voulais remercier toutes les personnes qui m'ont écrit Ismaël, amis, Denise, Eriko, Fernanda, et tous ceux que j'oublie. Merci à tous pour vos messages et vos encouragements. Je vois que le guide d'expression française vous a plu et que je n'ai pas fait ça pour rien.

Aujourd'hui, on va parler d'un sujet très important pour comprendre la société française. On dit souvent que la France, c'est une terre d'immigration et un des pays les plus multiculturels du monde. Certains historiens l'appellent même parfois les États-Unis d'Europe. C'est vrai qu'au dix-neuvième siècle, au moment les pays voisins envoyaient des millions de personnes vers l'Amérique, la France accueillait déjà des travailleurs venus de toute l'Europe. Le verbe accueillir, vous le connaissez Il va être très important dans cet épisode.

Accueillir dans ce contexte, ça veut dire que le pays accepte les personnes qui veulent s'y installer. Comme la France a accueilli beaucoup d'immigrés de différentes origines, son visage a beaucoup changé depuis le dix-neuvième siècle. En deux-mille-dix, l'Insee a publié une étude le nombre d'immigrés en France. Ah oui, si vous ne savez pas, l'INSEE, c'est l'Institut national français de statistiques. Une institution très importante qui publie beaucoup de statistiques sur la société et l'économie française.

Alors dans cette étude de deux-mille-dix, l'INSEE estimait qu'il y avait environ cinq virgule trois millions d'immigrés sur le sol français. Pour l'INSEE, la définition d'un immigré, c'est une personne née étrangère à l'étranger et habitant en France. Mais attention, ça ne veut pas dire que cette personne est encore étrangère car il y a beaucoup d'immigrés qui obtiennent la nationalité française, presque la moitié. Si on compte ces immigrés et leurs enfants, on arrive à douze millions de personnes, soit un cinquième de la population française, environ vingt pour cent. Mais actuellement, on se pose beaucoup de questions en France sur l'immigration.

Pas seulement en France d'ailleurs, on voit le même type de débat dans d'autres pays comme les États-Unis ou le Royaume-Uni. On essaye d'adopter de nouvelles lois pour mieux réguler l'immigration. D'un côté, il y a les personnes qui la considèrent comme une menace, qui croient que les immigrés prennent le travail des citoyens. Et de l'autre, il y a ceux qui pensent que le pays a le devoir moral d'accepter les étrangers qui ne peuvent plus vivre dans leur pays d'origine à cause de la guerre par exemple. Évidemment, ce débat crée beaucoup de tensions dans la société.

Donc dans cet épisode, on va s'intéresser au cas de la France. On va se demander si la France est toujours une terre d'immigration aujourd'hui. Pour répondre à cette question, je vais d'abord vous raconter l'histoire de l'immigration en France. Ensuite, je vais vous parler de son modèle d'intégration et pour finir, on verra quels sont les défis actuels, les challenges posés par l'immigration. Je vous promets que si vous écoutez cet épisode jusqu'à la fin, vous serez des experts sur ce sujet.

Allez, on y va. D'abord une petite question. Savez-vous quand a commencé l'immigration en France bien, elle a démarré au moment de la révolution industrielle au travailleurs d'autres pays européens. On peut dire que ces populations immigrées sont arrivées par vagues. Comme avec la mer, il y a des vagues qui arrivent les unes après les autres.

Quand on parle d'immigration, on utilise cette métaphore pour dire qu'il y a beaucoup de personnes qui arrivent en même temps, puis la vague se termine et une autre commence. Donc il y a eu trois grandes vagues d'immigration en France depuis le dix-neuvième siècle. Pour mieux comprendre ça, on va écouter un extrait d'une émission qui s'appelle C'est pas sorcier. C'est une émission de vulgarisation scientifique destinée aux enfants. En fait, l'expression C'est pas sorcier veut dire que quelque chose n'est pas compliqué, que c'est simple et facile à faire ou à comprendre.

Donc cette émission explique différents phénomènes scientifiques, sociaux ou historiques aux enfants. D'ailleurs, je pense que ça peut être un bon exercice pour vous car les présentateurs ne parlent pas trop vite et ils utilisent des mots assez simples. En plus, tous les épisodes sont disponibles sur YouTube, donc vous pouvez regarder s'il y a des sujets qui vous intéressent. Je vais mettre le lien dans la description de l'épisode. Allez, on écoute ce premier extrait.

Alors on distingue trois grandes vagues d'immigration. La première de mille-huit-cent-cinquante à mille-neuf-cent-quatorze avant la première guerre mondiale. Avec la révolution industrielle, les usines françaises ont besoin de main-d'oeuvre. Elles vont donc accueillir de jeunes ouvriers venant de Belgique et d'Italie principalement. Ils travaillent dans les mines et dans les grandes forges.

Ils seront rejoints, mais en moindre mesure, par des ouvriers espagnols et polonais. À l'époque, pour travailler en France, il suffit simplement de déclarer sa présence à la mairie.

Alors vous avez entendu que les premiers immigrés qui sont venus en France étaient surtout des Italiens et des Belges, mais aussi quelques Espagnols et Polonais. Comme la révolution industrielle avait déjà commencé en France, mais pas encore dans leur pays, ils sont venus y chercher du travail. Ça tombait bien parce que les usines françaises, ces endroits on fabrique des produits de façon industrielle avaient besoin de main-d'oeuvre. La main-d'oeuvre est une expression pour désigner l'ensemble des salariés qui participent à la production. Ces salariés qui travaillent dans les usines pour faire fonctionner les machines, on les appelle des ouvriers.

On parle d'employés pour les gens qui travaillent dans les bureaux et d'ouvriers pour ceux qui travaillent à l'usine. En anglais, on dit plutôt les cols blancs et les cols bleus. Bref, la jeune industrie française a besoin de main-d'oeuvre et il n'y a pas assez d'ouvriers français, donc elle recrute des immigrés. C'est assez facile pour eux de s'installer parce qu'il n'y a pas besoin de visa. Il suffit de faire une déclaration à la mairie.

La mairie, c'est l'administration qui s'occupe de diriger la ville. Il y en a une dans chaque ville et village. Par contre, la cohabitation avec les Français n'est pas facile. Il y a des incidents, des bagarres Malgré ça, des travailleurs d'Italie, de Belgique, d'Espagne et de Pologne continuent d'arriver en France jusqu'à la Première Guerre mondiale. Logiquement, c'est au moment de la guerre que cette première vague se finit.

Ah, une petite parenthèse. Vous vous demandez peut-être pourquoi le présentateur utilise le présent pour parler de tout ça. C'est quelque chose qu'on fait assez souvent à l'oral quand on raconte une histoire et qu'on veut la rendre plus vivante. Au lieu d'utiliser le passé, on parle au présent comme si l'action se déroulait devant nous, en direct. Ok, je ferme la parenthèse et on passe à la deuxième vague.

Deuxième vague de mille-neuf-cent-vingt à mille-neuf-cent-trente-et-un. La guerre quatorze dix-huit a décimé une partie de la population masculine en âge de travailler. Et pourtant, il faut reconstruire. Et puis, à cette époque, l'économie s'emballe. Alors l'industrie va une fois de plus faire appel à la main-d'oeuvre étrangère.

Les candidats viennent encore de Belgique, d'Italie, de Pologne et d'Espagne. Mais à cette époque, arrivent également des personnes venues d'Afrique du Nord, d'Afrique noire et d'Indochine autrement dit, deux pays faisant partie des colonies françaises. Et puis la France accueille aussi à cette époque des réfugiés politiques venus de l'ex Russie et puis des juifs aussi qui fuient l'Allemagne. La France a la réputation d'être une terre d'accueil.

Alors vous voyez, après la Première Guerre mondiale, la France a perdu beaucoup d'hommes et elle a encore une fois besoin de travailleurs étrangers. Pendant la guerre, elle a déjà recruté des soldats pour son armée dans ses colonies africaines comme l'Algérie et le Sénégal. D'ailleurs, beaucoup d'Algériens meurent au combat. Donc pour rendre hommage aux soixante-dix-mille musulmans morts pour la France, on lance la construction de la mosquée de Paris en mille-neuf-cent-vingt. D'ailleurs, si vous allez à Paris, je vous conseille vraiment de visiter cette mosquée.

Elle est dans le cinquième arrondissement et c'est un endroit magnifique. En plus, vous pouvez y boire un excellent thé à la menthe et goûter des gâteaux traditionnels délicieux. Mais revenons à notre sujet. Alors après la guerre, certains travailleurs et soldats étrangers ou des colonies doivent rester pour participer à la reconstruction du pays. Il y a également des réfugiés politiques qui arrivent.

Pas seulement des Russes et des Juifs comme l'a dit le présentateur, mais aussi un peu plus tard des Italiens qui fuient le fascisme de Mussolini et des républicains espagnols qui ont perdu la guerre d'Espagne. Puis la Deuxième Guerre mondiale commence et encore, la vague d'immigration s'arrête.

La vague d'immigration la plus importante qu'est connue la France. Durant cette période, l'État va encore faire venir des ouvriers italiens, mais moins nombreux que les ouvriers espagnols qui à l'époque fuient le régime de Franco. Les Portugais arrivent également en masse, au final, ce seront les plus nombreux. Cela dit, ça ne suffit pas à combler le manque de main d'oeuvre. Du coup, l'État va encore puiser dans ses anciennes colonies, les pays du Maghreb, l'Algérie notamment qui à l'époque d'ailleurs, au départ, a le statut de département français.

Et puis, des ouvriers arrivent également des renouvelable et c'est bien souvent après avoir passé de nombreuses années en France qu'ils décident de faire venir leur famille, c'est bien normal, pour s'installer avec elle sur le territoire français. En mille-neuf-cent-soixante-treize, malheureusement c'est le premier choc pétrolier qui entraîne une grave crise économique. La demande de main-d'oeuvre chute brutalement. L'État à l'époque décide alors de stopper l'immigration pour le travail. En revanche, le regroupement familial demeure d'actualité.

Autrement dit, les personnes d'origine étrangère qui travaillent en France ont encore la possibilité de faire venir leur famille pour s'installer avec elles. Par ailleurs, les frontières françaises restent ouvertes aux réfugiés politiques. À l'époque, ils seront nombreux en provenance d'Asie du Sud-Est, du Vietnam et du Cambodge notamment.

Ok alors, vous avez compris qu'après la Deuxième Guerre mondiale, la France a encore une fois besoin de travailleurs étrangers pour se reconstruire et pour soutenir son économie qui se développe très rapidement. D'ailleurs, on a un nom pour désigner les trente années de prospérité économique qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale. On les appelle les trente glorieuses. Bref, cette fois ce sont surtout les Espagnols et les Portugais qui viennent s'installer en France et ils deviennent les deux communautés les plus nombreuses. Comme vous pouvez l'imaginer, au départ leurs conditions économiques ne sont pas très bonnes.

Les hommes travaillent dans le secteur du bâtiment ou l'agriculture, les femmes dans les services domestiques. On voit apparaître à ce moment-là deux stéréotypes, celui de la bonne espagnole, cette femme qui fait le ménage et le concierge portugais qui s'occupe des immeubles parisiens. Mais à côté, il y a aussi de prestigieux artistes comme Pablo Picasso et des intellectuels qui s'intègrent à l'élite française. Vous avez aussi entendu que l'État français fait venir beaucoup de travailleurs des pays du Maghreb, notamment d'Algérie, même après sa guerre d'indépendance. Après les Italiens, les Espagnols et les Portugais, les Maghrébins, c'est-à-dire les Algériens, marocains et Tunisiens deviennent les nouvelles figures emblématiques de l'immigré.

Un combat politique commence pour qu'ils obtiennent plus de droits comme le droit de vote ou celui de recevoir la nationalité française. En mille-neuf-cent-soixante-seize, une loi importante est votée, celle du regroupement familial. Le présentateur en a parlé. Le regroupement familial permet aux immigrés qui travaillent en France de faire venir le reste de leur famille qui en général était restée dans leur pays d'origine. Mais une fois arrivées en France, les conditions de vie de ces familles sont difficiles.

Elles doivent vivre dans les cités. Les cités, ce sont des quartiers créés en périphérie des grandes villes pour les travailleurs pauvres comme les ouvriers. Les familles vivent dans des petits appartements sans confort. Il n'y a pas vraiment de commerce pour faire ses courses ni d'activités pour les loisirs. Ces quartiers sont isolés du reste de la ville et ils deviennent des sortes de ghettos.

En plus des maghrébins, à partir des années soixante-dix, on voit aussi arriver des immigrés d'Afrique subsaharienne, autrement dit les pays qui sont au sud du Sahara et qui étaient sous domination française. Le Sénégal, le Mali, la République du Congo et le Cameroun. Mais leur immigration est moins massive que celle des maghrébins. Et puis après la guerre du Vietnam, qui était une ancienne colonie française sous l'Indochine, Beaucoup de Vietnamiens quittent leur pays pour fuir le communisme et ils s'installent en France. Donc voilà, vous avez compris que l'État français a fait venir beaucoup d'immigrés, soit pour participer aux guerres, pour reconstruire le pays ou pour travailler dans les usines.

Pas vraiment une partie de plaisir si vous voulez mon avis. Mais tout s'arrête au moment de la crise économique avec le choc pétrolier de mille-neuf-cent-soixante-quatorze. Là, les frontières se ferment

et des tensions apparaissent dans la société. On commence à se poser la question de

On commence à se poser la question de l'intégration de tous ces immigrés. C'est ce qu'on va voir dans la deuxième partie. Depuis les années quatre-vingt, la question de l'intégration des immigrés est très présente dans les débats politiques. Certains partis comme le Front national, le parti d'extrême droite dirigé par Marine Le Pen, utilise cette question pour diviser les Français et convaincre des électeurs de voter pour eux. Ils affirment que les immigrés sont responsables de tous les problèmes du chômage, de la dette nationale, des attaques terroristes, et caetera.

En fait, ils font des immigrés des boucs émissaires.

Ah,

Un bouc émissaire, c'est une personne ou un groupe de personnes qu'on accuse d'une faute alors qu'elle est innocente. Certains politiciens disent que les immigrés sont responsables du chômage parce que apparemment ils voleraient le travail des autres. Mais en réalité, il n'existe aucune étude qui montre un lien entre immigration et chômage. Au contraire, l'immigration a toujours un impact positif sur l'économie. Mais parfois, il y a des événements qui montrent que le modèle d'intégration des immigrés en France ne fonctionne pas.

Par exemple, en deux-mille-cinq, il y a eu dans les cités ce qu'on appelle des émeutes. Je vous ai déjà parlé de ces cités plus tôt. Vous savez que ce sont surtout des personnes issues de l'immigration qui y vivent et que les conditions de vie sont difficiles. Il y a souvent des incidents entre la police et les jeunes de ces quartiers. Donc en deux-mille-cinq, deux jeunes sont morts parce qu'ils voulaient échapper à un contrôle de police dans la cité de Clichy-sous-Bois à côté de Paris.

Les autres jeunes de cette cité ont commencé à se battre avec la police et les combats sont devenus de plus en plus violents. Bientôt, des jeunes d'autres cités se sont mis à faire la même chose et à incendier des voitures et des lieux qui représentaient l'État On n'avait pas vu de telles violences urbaines en France depuis les manifestations de mai mille-neuf-cent-soixante-huit. Plus récemment, on a aussi vu la situation dramatique dans les cités avec les attentats, les attaques terroristes. C'est un sujet assez compliqué et les sociologues ne sont pas tous d'accord sur la façon d'analyser ça. Mais la plupart des auteurs des attentats de Paris en deux-mille-quinze venaient des cités.

Certains jeunes qui se sentent rejetés par la société française se tournent parfois vers l'islam et se radicalisent. Évidemment, ce sont des cas assez rares, mais les cités et les prisons sont des endroits parfaits pour propager ce genre de messages radicaux. En tout cas, ces événements ont attiré l'attention du grand public sur la situation dans les cités. Souvent, les jeunes n'ont pas d'opportunités de s'en sortir, de réussir leur vie. Les écoles dans ces quartiers sont très mauvaises, il y a beaucoup de délinquance et de chômage.

Si on caricature un peu, les seules options qu'on sait jeunes pour réussir, c'est de devenir footballeur ou rappeur. Évidemment, ces conditions créent un sentiment d'injustice et de frustration. Ces jeunes ont l'impression d'être rejetés par la société et victimisés par la police. D'ailleurs, il y a un très bon film sur ce sujet qui date de mille-neuf-cent-quatre-vingt-quinze et qui s'appelle La haine avec l'acteur Vincent Cassel. Ça vous donne une image assez fidèle de la vie des jeunes de cité.

Je vous propose d'en écouter un petit extrait.

C'est l'histoire d'un homme qui tombe d'un immeuble de cinquante étages. Le mec au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer. Jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien. Mais l'important c'est pas la chute c'est l'atterrissage.

Vous voyez l'attitude de cet homme qui se répète jusqu'ici tout va bien alors qu'il est en train de tomber d'un immeuble de cinquante étages. C'est un peu la même que celle de l'État français. Les politiciens savaient que la situation était de pire en pire dans les cités. Mais au lieu d'essayer de faire quelque chose pour changer ça, ils ont préféré ignorer le problème pendant toutes ces années. Et maintenant, la situation est tellement dramatique que personne ne sait comment la changer.

Justement, pourquoi l'intégration des immigrés et de leurs enfants n'a pas marché On dit qu'il existe deux modèles d'intégration. L'assimilation et le multiculturalisme. Dans le modèle multiculturaliste, l'État reconnaît les différences liées aux origines. On ne demande pas aux immigrés d'adopter complètement la culture du pays d'accueil. On les laisse vivre en communauté et garder leur culture et leur tradition.

C'est le modèle des États-Unis et du Royaume-Uni par exemple. Mais en France, on a choisi le modèle de l'assimilation. L'État exige que les immigrés deviennent complètement français, notamment qu'ils prennent la nationalité française. Obtenir la nationalité française, c'est souvent une étape nécessaire pour pouvoir s'intégrer plus facilement, pour avoir les mêmes droits. Surtout pour les étrangers qui ne viennent pas d'un pays de l'Union européenne.

Ça peut être compliqué pour eux de rester sur le territoire français, il faut un visa, une autorisation. Mais c'est faux de penser que devenir un citoyen français suffit pour s'intégrer à la société. Ici, je vais vous parler de quelque chose qui est très paradoxal et problématique à mon avis. Dans la tradition républicaine française, il n'existe pas de différence entre les citoyens. Tous les Français sont égaux et ont les mêmes droits.

On ne peut faire aucune distinction entre les Français même quand ils ont des origines différentes. C'est pour ça par exemple que la notion de race n'existe pas dans le droit français. Alors en théorie, c'est génial et ça peut sembler être une bonne idée pour éviter les discriminations liées aux origines. Mais ça ne correspond pas à la réalité multiculturelle de la France. Si on décide d'ignorer ces différences, difficile de montrer qu'il existe des inégalités, que tous les Français ne sont pas toujours traités de la même manière.

On ne peut pas montrer qu'une personne avec un nom d'origine maghrébine a plus de mal à trouver du travail qu'une autre avec un nom qui sonne français tout simplement parce que aux yeux de l'État, ces deux personnes sont françaises et elles ont théoriquement les mêmes chances de réussir. Si on ferme les yeux sur ces inégalités, si on refuse de les voir, les gens qui en sont victimes finissent par se sentir rejetés. Ils ont l'impression que leur pays d'adoption ne veut pas d'eux. C'est un sentiment terrible pour ceux qui ont fait le choix de venir vivre en France, mais c'est peut-être encore plus dur pour leurs enfants parce qu'ils n'ont pas choisi de vivre en France. Ils vont à l'école avec les autres, ils apprennent français et l'histoire de France, mais ensuite ils ne trouvent pas de travail parce qu'ils s'appellent Mohamed ou Samira.

Et ça, je ne l'invente pas. Il y a de nombreuses études qui montrent que le chômage est beaucoup plus élevé chez les Français dont les parents viennent d'Afrique que chez les autres. Et il y a une deuxième chose vraiment triste, c'est qu'en France, on ne valorise pas cette diversité. Si vous avez des origines portugaises ou vietnamiennes, vous vous sentez peut-être un peu différent des autres Français, mais la société ignore ces différences. Au lieu d'être une source de fierté pour vous, vous avez l'impression que c'est juste un détail et qu'il ne faut pas en parler.

Personnellement, je pense qu'on devrait célébrer ces différences, célébrer les traditions de chacun. Peut-être que je me trompe mais j'ai l'impression qu'aux États-Unis, c'est quelque chose qui est perçu de façon plus positive. Par exemple dans les grandes villes, il y a les quartiers Chinatown ou Little Little. En France, non. On préfère les immigrés qui s'intègrent discrètement, qui ne sont pas trop visibles.

C'est vraiment dommage et j'espère que les mentalités vont évoluer. Actuellement, en plus des problèmes d'intégration, il y a aussi des nouveaux défis liés à l'immigration. Ces défis ne concernent pas seulement la France mais tous les pays de l'Union européenne. Il y a de plus en plus de personnes qui cherchent à quitter leur pays à cause de la guerre, des problèmes environnementaux ou de la pauvreté. Donc logiquement, la France reçoit de plus en plus de demandes d'asile, autrement dit d'étrangers qui demandent à pouvoir venir ils ne peuvent plus vivre dans leur pays.

Et malheureusement, le gouvernement actuel veut adopter une loi qui va réduire les droits de ces réfugiés. Officiellement, cette loi doit permettre de donner une réponse plus rapidement aux réfugiés qui demandent le droit d'asile. Mais ça veut aussi dire que les autorités pourront renvoyer plus rapidement les réfugiés qu'elles auront refusés. En fait, l'objectif est de dissuader, de décourager les réfugiés de venir en France. Donc au lieu d'être solidaire et d'accueillir les réfugiés, le gouvernement préfère voter une loi pour leur rendre l'accès plus difficile.

Personnellement, j'ai honte d'être français quand je vois ce genre de décision politique. Je pense que la France a un rôle à assumer, un devoir de solidarité et qu'en ce moment elle ne le fait pas. Pour finir ce podcast sur une note plus positive, on va prendre un peu de recul. L'intégration des immigrés en France n'est pas totalement en panne. Il y a des statistiques encourageantes.

Par exemple, quarante pour cent des immigrés sont en couple avec quelqu'un dont les parents sont français. C'est ce qu'on appelle un mariage mixte. Mais quand on regarde leurs enfants, on voit que cette part est de soixante-cinq pour cent. Donc ça veut dire que d'une génération à l'autre, il y a plus de mariages mixtes, de mélanges entre les personnes de différentes origines. Alors bon, l'intégration est loin d'être parfaite mais on voit qu'elle progresse petit à petit.

Elle donne son nouveau visage à la France et elle lui offre de nouvelles richesses venues de différentes cultures. Voilà, c'est tout ce que j'avais à vous dire aujourd'hui. Évidemment, c'est un sujet très complexe et j'ai essayé de vous donner une vision d'ensemble. Mais si vous voulez en apprendre plus, vous pouvez m'envoyer un email et je vous conseillerais des articles et des vidéos. En tout cas, c'était un plaisir de préparer cet épisode pour vous et j'espère que ça vous a intéressé.

Comme d'habitude, je vous rappelle que vous pouvez laisser une évaluation sur iTunes si vous voulez soutenir ce podcast et aider d'autres personnes à le découvrir. On se retrouve dans deux semaines et en attendant, n'oubliez pas de faire un peu de français tous les jours. Salut, à bientôt.

Podcast: InnerFrench
Episode: E38 L’immigration en France