Aujourd'hui dans affaires sensibles, un crime non résolu qui semble tout droit sorti d'un roman noir, le meurtre d'Albert Lairmoyer. Le vingt-cinq janvier quatre-vingt-trois, cet adjoint au maire du village de l'Écuze dans le Nord est retrouvé mort dans sa chambre, une balle dans la tête. Dès le départ, le crime interpelle les enquêteurs. La maison est en ordre et aucune infraction n'est constatée surtout, les voisins n'ont rien vu, rien entendu. Le meurtre sans leur a été commis sur la pointe des pieds par un professionnel.
Bien, mais qui en voulait à Albert Lairmoyer Dans le village, les rumeurs les plus folles commencent à circuler, notamment sur la vie amoureuse de la victime, car Albert était un grand séducteur. Faut-il chercher du côté d'une maîtresse et conduite ou d'un mari jaloux Pour raconter cette histoire, nous avons rencontré un témoin direct, Dominique Lairmoyer, le neveu de la victime, ainsi qu'une journaliste de La Voix du Nord, Mary Goodson, qui a redécouvert l'affaire en deux-mille-vingt et écrit un livre à ce sujet, Mais qui a tué l'adjoint de l'Ecluse Livre paru aux éditions de La Voix. Adjoint de l'écluse Livre paru aux éditions de La Voix. Notre invité aujourd'hui, Patrice Trappier, journaliste, auteur d'une enquête parue chez notre partenaire Zadig en septembre deux-mille-vingt-et-un sur le sujet bien sûr. Affaire sensible, une émission de France inter, récit documentaire Guillaume Malandras, coordination Christophe Barère, réalisation Marion Le Lay.
Fabrice Brouet, Affaire sensible sur France Inter.
Mardi vingt-cinq janvier mille-neuf-cent-quatre-vingt-trois, huit heures du matin. Un soleil pâle, un soleil d'hiver éclaire le village de l'Ecluse dans le département du Nord. Située à une dizaine de kilomètres au sud de Douai, cette localité est une commune typique de la région, un bourg entouré de marées sur la plaine où les maisons en briques se succèdent de long de rues étroites. Dans ce bastion communiste, tout le monde connaît tout le monde. Et parmi les mille-trois-cents habitants, on compte quatre familles principales, les Leroy, les libérales, oui libéral, les Laloux, mais aussi les Lair Moyer.
Les quatre frères de cette famille sont des figures locales. Tous habitent dans des maisons voisines de la rue de La Fontaine, comme le raconte ici Dominique Lairmoyer, le fils de l'aîné Henri.
C'était une famille qui travaille, une famille qui est d'origine modeste. Elle est établie dans ce village depuis des générations et des générations. Mon grand-père avait une petite ferme vivrière, il a cinq enfants et sur ces cinq enfants, il y a quatre enfants qui sont établis dans le village et qui sont établis d'ailleurs dans la dans la même rue, sur le sur le même trottoir. Ce qui fait que de temps en temps, de façon un petit peu ironique, les gens dénommaient cette rue, la rue L'Ermoyer.
Entrons dans cet univers à la Chabrol. À la fois frères et voisins, les l'air Moyé ont leurs petites habitudes. Par exemple, il est de coutume pour Albert le benjamin d'aller tous les matins prendre son petit déjeuner chez son frère henri et sa femme marie thérèse mais sereine à saint janvier albert est en retard d'abord marie thérèse pense à une simple panne de réveil mais au bout de quelques heures la voilà qui s'inquiète il est très rare qu'albert soit en retard Alors, vers onze heures, elle sort de chez elle et la frappe à la porte de son beau-frère. À l'intérieur, les deux chiens d'Albert aboient, mais l'homme ne répond pas. Bizarre.
Et puis, la porte d'entrée est verrouillée. La femme prend donc son double et pénètre dans la maison. Au rez-de-chaussée, rien n'a signalé. La cuisine, le salon, tout est en ordre. Elle appelle Albert, pas de réponse.
Elle décide donc d'inspecter les tâches qu'on atteint par un vieil escalier de bois genre qui craque et qui fait du bruit quand on l'emprunte. Arrivée en haut, elle va dans la chambre et quand elle ouvre la porte, elle découvre une scène macabre. Albert repose sur le lit allongé sur le dos, inanimé affolée marie des restes redescend et appelle le médecin du village le docteur zaramba qui arrive sur les lieux quelques minutes plus tard trop tard albert l'air noyé est mort après un rapide examen le médecin conclut un décès d'origine naturelle probablement un infarctus ou un AVC très vite la nouvelle fait le tour de la commune Dans les heures qui suivent, de nombreux habitants défilent dans la chambre du défunt. Marie Goodson, journaliste à la Voix du Nord et Dominique Larmoyer nous raconte l'ambiance qui règne dans la pièce.
C'est un événement en fait quand la belle-soeur le découvre et en plus que que tout le monde croit à une mort naturelle, ce qui fait que en fait tout le monde défile dans sa chambre, dans sa maison, c'est un peu le défilé des amis et des connaissances et comme dit le médecin qui l'a examiné à sa mort, en fait c'est vraiment le troupeau d'éléphants dans le magasin de porcelaine. Tout le monde a marché là comme si c'était un un lieu public.
Ils étaient venus en fait leur soutien de la famille. Lorsqu'on a la brutalité comme ça d'une mort, bien les gens bon le savent assez assez rapidement et puis sont là aussi pour pour être accompagnants et donc venir donner son soutien, son soutien moral.
Pour les proches d'Albert, ce choc est terrible bien sûr et une question s'impose, quelle est la cause de ce décès brutal Après tout, quarante-six ans, c'est un peu jeune pour faire un infarctus, même si ça arrive bien sûr. D'ailleurs, la question taraude également le docteur Zaramba. Alors qu'il est de retour chez lui, il est pris d'un doute. Il revient donc rue de la Fontaine. Lors de sa deuxième auscultation, il s'attarde sur une petite plaie là au coin de l'œil gauche d'Albert.
Il avait d'abord pensé à un glaucome, mais la trace semble suspecte. Il soulève donc la tête du défunt et remarque un filet de sang coulé depuis l'oreille droite. Et cette fois, c'est clair, Albert n'est pas mort d'un arrêt cardiaque. En réalité, la plaie au coin de l'oeil est un impact de balle, sans doute de très petit calibre. La conclusion est donc sans appel, le benjamin des Lairmoyer a été assassiné.
Comment ça un meurtre à l'écluse Impossible. Dans le village, évidemment, la nouvelle fait l'effet du monde. Il faut dire que si tout le monde ou presque connaît et apprécie la victime, Albert a la réputation d'être un bon gars toujours prêt à rendre service. Ainsi, il n'est pas rare de le voir le dimanche plumer la volaille chez un voisin ou tracter une vache embourbée dans un marais. Et ce n'est pas tout grâce à sa bonne mie et son sens du contact, cet ouvrier papetier de profession s'était même lancé dans la vie politique locale, nous le rappelle son neveu Dominique.
Il a été non seulement conseiller municipal, il a été aussi adjoint au maire en ayant toujours fait à chaque fois donc de très beaux scores. À cela, finalement, il a il a poursuivi l'action que menait son propre père puisque mon grand-père aussi était conseiller municipal, a été aussi lui adjoint au maire, un autre, en tant qu'adjoint, Albert était un homme donc au service, au service des autres, proche des gens. Il était dans une municipalité avec avec l'étiquette effectivement communiste, mais sans être dans un courant de pensée très très
fort. Il y avait
au sein de du conseil municipal d'autres représentants donc du parti communiste, donc qui eux faisaient partie de de la cellule, donc les communistes dans donc du village et avec lesquels il n'était pas toujours pas toujours en accord. Ce sont des courants de pensée, mais sans que ce soit bien évidemment là dans dans l'idéologie, c'est c'est avant tout essayer de de donner pour une commune donc les moyens de de sa subsistance.
À l'écluse, le fond de l'air est rouge et Albert Lairmoyer était un adjoint au maire populaire et investi. Alors, qui pouvait lui en vouloir à ce point Dans l'après-midi, l'équipe de la gendarmerie a dépêché rue de la Fontaine. La ferme est fouillée de fond en comble. Pour les enquêteurs, l'enquête s'annonce difficile, car comme on pouvait le prévoir, le passage de nombreux voisins souillait la scène de crime et aucune empreinte n'est exploitable. Mais ce premier état des lieux permet tout de même d'éliminer l'hypothèse du rôdeur, car rien n'a été volé, l'intérieur est en ordre et il n'y a aucune trace de lutte.
En réalité, le crime ressemble plutôt à une exécution froide réalisée par un tueur méthodique. Pourtant, et malgré l'aspect inhabituel du crime, l'affaire ne passionne pas les foules en dehors du canton. Ainsi, dans le journal régional, la Voix du Nord, ce meurtre est à peine évoqué dans un article de Pierre Varlet, coincé entre une affaire de pyromane et un cambriolage chez Bisunique.
La petite commune de l'Eccluse aux lisières du Douésié de l'Artois est en émoi mardi matin. Un conseiller municipal a été découvert sans vie par un membre de sa famille le médecin a refusé le permis d'inhumer. Monsieur Albert Lairmoyer quarante-six ans après avoir été agriculteur travaillait chez béguin conseiller municipal sérieux et serviable il était estimé de tous célibataire, il habitait dans l'ancienne ferme de ses parents qu'il avait fort bien aménagé, rue de La Fontaine. La gendarmerie se refuse à tout commentaire.
Au lendemain des crimes, les enquêteurs parcoure la rue La Fontaine et interrogent les voies indirectes de la victime de l'enquête de voisinage. Ainsi, un emploi du temps est établi. La veille du meurtre, l'homme a passé la soirée avec ses deux chiens chez Henri et Marie-Thérèse, son frère et sa belle-soeur. D'ailleurs, un détail retient l'attention des gendarmes. La nuit du crime, personne n'a entendu ces deux chiens alors qu'ils sont réputés être méfiants.
Et ce
n'est pas tout.
Il y a
aussi ce vieil escalier bruyant qui monte jusqu'à sa chambre. Si Si le meurtrier l'avait emprunté pendant la nuit, il est certain qu'Albert aurait été réveillé par les grincements du bois. Alors, avec ces éléments, un scénario se dessine. L'assassin aurait profité de l'absence d'Albert pour s'introduire dans la ferme, monter dans la chambre et attendre patiemment le retour de la victime, comme le raconte Dominique Larmoyer.
La disposition des lieux effectivement amène à penser que le le meurtrier est resté tapis dans dans dans l'obscurité puisque d'une part, il aurait fallu éviter de de faire aboyer les chiens, donc en s'introduisant dans la maison après que que Alberni soit rentré. Il aurait fallu ensuite réussir à monter l'escalier qui était un escalier donc en bois, l'escalier ancien qui faisait du bruit et donc Albert entre les les aboiements des chiens et puis les le bruit de l'escalier se serait réveillé. Il n'aurait pas été retrouvés comme ça, comme endormi.
Mais alors, comment l'assassin est-il rentré Oh la réponse arrive vite. Albert cachait un double des clés dans le coin masqué d'un rebord de la fenêtre, pas masqué pour tout le monde, il était facile d'entrer sans habiller les soupçons. Et donc, une première piste se dégage. L'assassin fait partie des proches d'Albert. Il connaissait par coeur toutes ses petites habitudes ainsi que le lieu du crime et surtout, il a fait preuve d'un sang-froid exceptionnel.
Son profil semble donc très particulier. L'homme ou la femme est un ou une habituée du maniement des armes méthodique, déterminé. Deuxième étape, les enquêteurs partent à la recherche d'éléments matériels. Deux jours après les faits, le vingt-sept janvier quatre-vingt-trois, un premier avis s'est découvert. La balle qui a tué Albert est délogée d'une plainte à côté du lit.
Il s'agit d'une balle
de huit millimètres, un petit calibre rare qui n'est plus utilisé depuis de nombreuses années. Après une analyse approfondie, les enquêteurs identifient
l'arme du crime et elle est plutôt inhabituelle. Il s'agit d'une balle de huit millimètres, l'arme du crime et elle est plutôt inhabituelle. Il s'agit d'une copie espagnole du célèbre Smith Wesson datée de mille-huit-cent-quatre-vingt-douze. D'importants moyens sont mis en oeuvre pour la retrouver. Ainsi, des dizaines de gendarmes investissent la commune.
Les pieds dans la boue, ils inspectent les alentours. Mais la tâche, une fois de plus, s'annonce compliquée. Le bourg est entouré par des centaines d'hectares d'étangs et de marais. Après des jours de recherches infructueuses, elles sont abandonnées. Le périmètre est trop grand et les recoins trop nombreux.
Et puis, Écluses est un village de chasseurs. Ici, On aime se retrouve au crépuscule avec un fusil, une bouteille, un sandwich pour aller tirer le gibier d'eau. Les armes à feu sont nombreuses et pas forcément toutes répertoriées. Alors, faute d'éléments matériels, les gendarmes décident de se concentrer sur les témoignages. Et décidément, de ce côté-là également, l'affaire s'annonce tout aussi délicate.
Il faut dire que l'Ethlus a une réputation sulfureuse. Les bagarres y sont fréquentes et les habitants ne se laissent pas facilement approcher. C'est un village à part, comme le raconte Mary Goodson, la journaliste qui est encoté sur l'affaire.
C'était un village à part parce qu'il est enclavé, c'est un village du Nord qui est complètement enclavé dans le Pas-de-Calais, ce qui est rare. Le fait que c'est un fief du Parti communiste et puis c'est un village agricole qui est entouré de marées, donc ça donne aussi une ambiance particulière à cette commune. Et ce qu'on m'avait dit d'autre, c'est que c'est un village qui a mauvaise réputation. On m'a parlé de bagarreurs, de grandes gueules, et caetera. Et le juge d'instruction Eric Alfenn m'avait dit que c'était une petite Corse où régnait l'omerta.
Et dans les premiers jours de l'enquête, c'est bien cette omerta qui règne effectivement. Les gendarmes se retrouvent face à des portes closes et des bouches cousues. C'est dans cette ambiance pesante que quatre jours après le meurtre, le vingt-neuf janvier quatre-vingt-trois, les funérailles de l'ancien adjoint se tiennent dans la petite église de Bourg et tous les habitants ou presque sont présents. Pierre Barley couvre à nouveau l'événement pour la Voix du Nord.
À l'écluse, tristesse et incompréhension présidée aux funérailles de monsieur Lermoyer, l'adjoint assassiné dans des conditions mystérieuses. Une même pensée se devinait chez les habitants de l'écluse venus très nombreux, qui pouvait en vouloir à cet homme paisible unanimement estimé tant pour son affabilité que pour sa serviabilité. Incompréhension devant un geste horrible, peine sincère ressentie par ses nombreux amis, émotions de ses collègues du conseil municipal, tels étaient les sentiments qui dominaient samedi. Une enfance heureuse au sein d'une famille unie, une conduite irréprochable tant au niveau professionnel que sur le plan de sa vie personnelle, une attitude de bonté naturelle qui rejaillissait sur son entourage dans l'allocution qu'il prononça lors de la cérémonie funèbre, le maire de l'Ecluse, monsieur Varlet, brossa un portrait fort élogieux de ce collaborateur apprécié autant pour sa clairvoyance que pour son
action municipale. Quant à l'enquête, tout laisse
croire que le week-end Quant à l'enquête, tout laisse croire que le week-end permettra aux gendarmes
de rassembler
les maigres éléments dont ils disposent et de faire le point. À l'écluse, la perplexité et l'incertitude restent de mise.
Guerrière ce ton unanime quasi agiographique autour de la victime. Dans la maison et les cafés, les rumeurs vont train. Et bientôt, l'écluse semble pris d'une sorte de fièvre comme si le meurtre d'Albert avait libéré les passions tristes et les conflits refoulés.
Peu à
peu, l'omerta des débuts laisse place à un flot de commérages et d'accusation avec au centre toujours le même sujet, la vie intime plutôt singulière d'Albert larmoyer. Car derrière sa réputation de ma femme et d'adjoint communiste dévoué, le fringuant quadragénaire était aussi un grand séducteur. Costume rayé, cheveux peignés en arrière et sourire charmeur, il avait de l'allure et il profitait de sa vitre célibataire. Forcément, ce mode de vie en dérangeait plus d'un. Les jaloux, les moralistes et les frustrés, ça fait du monde, d'ici comme ailleurs.
À moins qu'il ne s'agisse d'un mari coiffé, comme on dit là-bas, ou d'une maîtresse congédiée.
Des villas, des mimosas au fond de la bête, des familles sur des transats, le pommier des bains. Je regardais la mer qui brille dans l'été parfait. Dans l'os baignait des jeunes filles qui m'attiraient. Les connards de long des dunes en voiture. Tous ces morceaux de nous qui partent Y'en avait plein de réservoirs Au
départ
On avance, on avance, on avance, on avance,
Affairs sensibles, Fabrice
Drouel. L'écluse mars quatre-vingt-trois. Voilà plus de deux mois que Lairmoyer, l'adjoint au maire, a été assassiné chez lui pendant son sommeil d'une balle de huit mille mètres en pleine tête. L'enquête maintenant se ressent retour de la vie sentimentale d'Albert, puisque les gendarmes sont persuadés que l'assassin ou la meurtrière est un ou une proche de sa victime. Il y a par exemple cette voisine de la rue de La Fontaine avec qui Albert prévoyait Titouan de se mettre en ménage.
Il y a aussi cette ouvrière avec qui il avait eu une petite fille et bien qu'Albert ne l'ait jamais reconnue, elle lui ressemble tellement que tout le monde ici sait qu'il en est le père biologique. Les gendarmes décident de creuser la piste. Ils convoquent les deux femmes ainsi que leurs proches. Hélas, les témoignages ne donnent rien et les alibis sont solides. L'hypothèse est donc écartée.
Au
même moment, une autre rumeur leur arrive aux oreilles, celle d'une liaison avec une femme déjà très présente dans le dossier, Marie-Thérèse, la belle soeur. Après tout, c'est elle qui a découvert le corps. Et puis Albert avait pour habitude de prendre presque tous ses repas chez elle dans la maison juste à côté. Alors ces visites fréquentes, cachaient-elles une liaison Pour les gendarmes, la piste est sérieuse. Elle mérite même une démonstration implacable.
Ainsi, deux mois après le crime, le quatre mars mille-neuf-cent-quatre-vingt-trois, sans ménagement, Marie-Thérèse est placée en garde à vue. Chez les l'air mouillé, la nouvelle est accueillie avec un mélange de colère et d'abattement. Non seulement ils ont perdu l'année de l'heure, voilà qu'aujourd'hui un membre de la famille est soupçonné. Le fils de Marie-Thérèse, Dominique raconte l'interrogatoire musclé qu'a subi sa mère.
Elle a été interrogée comme une criminelle en puissance, n'ayant pas peur des mots, puisque son interrogatoire a a été menée de treize heures trente jusqu'à vingt-quatre heures, sans qu'elle ne lui soit fournie de réels moments de repos. Elle n'était pas aux bonnes conditions physiques, ne serait-ce que par la proximité donc de du deuil de de la perte cruelle donc d'Albert, puis elle a elle a eu des malaises liés donc à une très forte augmentation donc de de sa tension. Malaise tel que la gendarmerie de de Douai, voyant que ça prenait une mauvaise tournure, a fait appel à une une infirmière de leurs connaissances, c'est-à-dire n'ont pas eu le professionnalisme de demander à un médecin de venir. Elle a donné à la mère donc des cachets, dont ma mère n'a jamais su quel en était le le contenant Et donc dans un état donc de, on va dire de choc, ne serait-ce que de de choc tensionnel, bien ma mère a signé les papiers sans savoir véritablement ce qu'elle signait.
Malgré la pression exercée sur Marie-Thérèse, les enquêteurs doivent se rendre à l'évidence, aucun élément ne plaide pour sa culpabilité. Mais le mal est fait, les soupçons continuent d'opposer sur elle et sur une partie de la familière. Dans le village, on ne parle que de ça et deux camps s'affrontent entre soutien et suspicion. Pour les gendarmes, la situation est loin d'être idéale. Leurs échecs répétés et leurs procédés brutaux ont affaibli encore un peu plus leur code de confiance.
À l'été quatre-vingt-trois, l'enquête semble au point mort. Les racompars n'ont mené qu'à des impasses et à l'écluse on commence à trouver le temps long ainsi passent les mois et au début de l'année un an après le meurtre un nouveau juge d'instruction prend le dossier en charge un certain eric alphen oui le futur juge de l'affaire dhlm de paris il est alors un jeune magistrat de vingt-quatre ans qui sort tout juste de l'école L'affaire L'air Moyeux est sa première véritable affaire criminelle. Et comme l'enquête est à l'arrêt, il prend une décision radicale. Il dessaisit les gendarmes de Douai au profit de la pégie de l'île. Et très vite, les policiers font une découverte importante.
Albert entretenait une relation avec une fermière haute en couleur et du village, une certaine Marcel. La piste est intéressante. Cette femme est une figure locale. Elle écluse, tout le monde ou presque la connaît. Et elle est loin de faire l'unanimité pure encore, elle semble en conflit permanent avec la moitié du village.
À vrai dire, on la croirait sortie tout droit de Romansola, indiscrète, manipulatrice, vantarde, le portrait qu'en dresse les habitants est saisissant, comme le rappelle Marie Goutson, le journaliste à la Voix du Nord.
Marcel, c'est comme Albert un personnage à l'écluse, d'abord parce que c'est l'égérie du Parti communiste à l'époque, elle est porte-drapeau et ce qui ressort c'est qu'elle est assez clivante, les personnes que j'ai rencontrées m'ont raconté beaucoup de choses à son sujet alors que c'est une maîtresse femme, une personnalité dominante et qu'on lui prête en fait beaucoup d'activités ou de comportements troubles comme par exemple de servir d'intermédiaire pour des couples illégitimes. Il y a plein d'histoires en fait autour de ce personnage de Marcel.
D'ailleurs, parmi les histoires plus ou moins rocambolesque qui circulent à son sujet, quelques-unes retiennent l'attention des enquêteurs. Il se raconte par exemple que chaque soir à vingt-deux heures, elle ferait le tour de la commune à l'affût de la moindre anomalie. Une fois rentrée chez elle, elle noterait scrupuleusement dans des agendas tout ce qu'elle a vu lors de ses explorations. Et quand les policiers veulent connaître sa version surprise. L'infirmière assume elle se justifie même vous savez on voit des choses plus tard on pourra peut-être s'en servir dit-elle informations consignées sont sans importance pour l'enquête malgré cette fausse piste les policiers continuent de creuser dans la vie de marcel et plus particulièrement dans son entourage direct car même si la fermière a un caractère particulier personne ne l'imagine capable de commettre seul un assassinat aussi bien préparé et justement l'un des proches de marcel intéresse l'enquête roland son frère l'éclusien est un habitué du maniement des armes et pour cause il est inspecteur de police à douai et ce n'est pas tout il est aussi un grand collectionneur de pistolets anciens ce qui interpelle le juge Alphen qui décide de
creuser.
Les enquêteurs lillois filent donc sur les traces de leurs collègues. Très vite, ils identifient l'une des connaissances, propriétaire d'une petite armure à douai et son interrogatoire serait très enrichissant. L'homme raconte que Roland lui avait réclamé quelques semaines avant le crime des munitions de huit millimètres pour un petit revolver espagnol, soit le calibre, le modèle utilisé dans le meurtre d'Albert. On avance, on avance. À l'écluse, de nombreux proches de Marcel et de Roland sont entendus de nouveau et à ce sujet bien sûr.
Et certains témoignages renforcent la suspicion autour de Roland. Il y a par exemple Émile, cousin germain d'Albert. L'homme est convaincu d'avoir vu l'arme en question. Lors de son enquête, quarante ans plus tard, la journaliste Mary Godson a rencontré cette Émile. Elle nous rapporte son témoignage.
Quand je le rencontre, donc il a beaucoup de choses à dire, notamment deux choses importantes, c'est qu'il est déjà allé faire des travaux dans la ferme de Marcel et lorsqu'il est allé carreler chez elle, il voyait l'inspecteur donc le suspect principal s'entraîner au tir avec son neveu au fond de la cour Et alors l'autre élément qui est encore plus intéressant, c'est cet émile qui me dit avoir vu une arme similaire à l'arme du crime accrochée au mur chez Marcel comme une relique, c'est ce qui m'explique. Et alors concernant cette cette anecdote en fait ce qui est assez étonnant c'est que il me dit attendez alors il se lève, je vais vous je vais vous remontrer comment c'était comme si c'était hier en fait alors ça date de quarante ans et puis il me dit vous entrez, c'était sur le mur de gauche, c'était une relique, je je revois exactement cette arme, je l'ai dit aux gendarmes et puis là donc il il ouvre le tiroir de sa commode et puis il me sort une vieille carte, la brigade de recherche de gendarmerie et en me disant voilà, je leur ai tout dit et malgré tout, ils n'ont jamais retrouvé cette arme.
Sans le petit revolver huit millimètres qui reste introuvable, la tâche est ardue pour l'enquête. Mais malgré l'absence d'éléments matériels, le juge n'abandonne pas la piste. Parce qu'une question l'obsède. Si Roland est le tueur, quel est le mobile Pour tenter d'y répondre, le passé du suspect est disséqué. Et là, surprise, ce n'est pas la première fois que son nom apparaît dans un dossier criminel.
Le quinze janvier quatre-vingt-deux en effet, un an avant le meurtre d'Albert, la femme de Roland,
Thérèse disparaissait dans d'étranges conditions. Seul indice, sa voiture, une indice sa voiture, une Renault Sainte-Claire retrouvée trois jours plus tard, portes ouvertes devant la gare de Béthune. Mais après, plus rien. Thérèse s'est comme volatilisée. Très vite, l'éventualité de la disparition volontaire ou du suicide avait été écartée.
La mise en scène semblait trop grosse. L'hypothèse criminelle avait donc été privilégiée. À ce titre, l'enquête des gendarmes avait même révélé plusieurs éléments intéressants. Ainsi, on avait découvert que la femme originaire de Béthune n'avait jamais été acceptée à l'écluse. On lui reprochait tout et n'importe quoi, fumer le cigare, boire du whisky ou encore sortir tard le soir.
Surtout, plusieurs témoins avaient raconté les disputes orageuses avec son mari. Roland, l'inspecteur de police, était donc devenu le principal suspect dans la disparition de sa femme. Pour les gendarmes de l'époque, il avait le profil. À l'écluse, on racontait même qu'il lui arrivait tard le soir après quelques verres, de se vanter d'avoir fait disparaître le corps. Malheureusement, ce faisceau de présomption n'avait pas suffi.
Aucun élément matériel ou témoignage concordant n'était venu confirmer l'hypothèse. Il était donc resté libre. Détail important, au moment du meurtre d'Albert, l'enquête sur la disparition de Thérèse était en cours. Alors on se dit, et si Albert l'Ermouille avait surpris un détail embarrassant à propos d'affaires concernant la femme de Roland. Aurait-il pu savoir, par exemple, où était le corps Pour les policiers, ce mobile semble plausible.
Ainsi, près d'un an et demi après le crime, en mai quatre-vingt-quatre, Roland est convoqué dans les bureaux de la PJ à Lille et la partie s'annonce serrée. Inspecteur de police, il est évidemment rompu aux techniques d'interrogatoire.
Sans
surprise, il nie en bloc. Il n'a rien à voir dans la mort d'Albert, ni même d'ailleurs dans la disparition de Thérèse. D'après lui, les témoins n'ont pas bien vu l'armurier ment. Jamais il n'a eu en sa possession de revolver espagnols ou de balles de huit millimètres. Face à la pression des collègues, l'homme tient bon et après quelques heures, il est relâché.
Mais le juge Alphaine persiste. Quelques semaines plus tard, il organise dans son bureau de douilles aux confrontations entre Roland et l'armurier. Et là encore, ça ne donne rien. Roland continue de nier les faits. Alors sans aveu ni élément matériel l'enquête s'enlise les mois passent le jugé muté et l'affaire l'air moyen tombe peu à peu dans l'oubli Huit ans après le meurtre de l'adjoint, le quatre février mille-neuf-cent-quatre-vingt-onze, un non-lieu est prononcé.
Trois ans plus tard, en août quatre-vingt-quatorze, Roland meurt. À jamais, il est innocent du meurtre d'Albert et de la disparition de sa femme. Pour les l'air noyés, c'est une double peine et la douleur ne les a jamais quittés. Dans les années qui suivent, Marie-Thérèse et Henri tentent tout leur possible pour connaître la vérité comme le raconte leur fils Dominique.
Ça tournait dans les têtes, mes parents ont mis en oeuvre tout ce qu'ils pouvaient pour découvrir donc la vérité, avec le temps qui passait, avec les investigations qui s'étaient arrêtées, bien cet espoir s'amenuisait petit à petit. Ensuite ils se sont retournés vers des médiums. Ils ont contacté différents médiums, parmi ce médium, l'une d'elle agissait donc au niveau donc des des médias de l'époque autant qu'il m'en souvient, elle intervenait dans dans une émission télévisée, c'était pour l'espoir de connaître le la vérité.
Dix ans après le non-lieu, en deux-mille-un, aucun élément nouveau n'ayant été apporté au dossier, l'affaire est prescrite. Un an plus tard, en deux-mille-deux donc, Marcel meurt en haut du village dans le silence de la ferme où il a toujours vécu. Les années défilent et les rats indices s'effacent. En deux-mille-huit, un comble, c'est tout le dossier d'instruction qui disparaît, oui, lors d'une erreur de manipulation au moment de la mise en place du système informatique ACOP. Pourtant, malgré tous ces coups du sort, la familière moyenne n'abandonne pas et en particulier l'une des jeunes protagonistes de l'affaire devenue adulte, la fille biologique d'Albert.
Depuis des années, elle mène sa propre bataille sur les traces de son père qu'elle n'a jamais vraiment connu, comme l'explique Marie Hudson.
Cette femme a fait énormément de recherches à la mort de sa mère pour essayer de de comprendre ce qui avait pu se passer pour elle aussi avoir des réponses sur sa propre identité. Donc elle est allée à la rédaction de la voix du Nord, elle s'est plongée dans les archives, elle a contacté toute la famille l'air noyé, elle a rencontré ses oncles et tantes et puis elle a écrit au procureur, à la ministre de la Justice de l'époque Christiane Taubira, mais en fait elle a eu très peu de réponses parce qu'elle voulait à la réouverture de l'enquête et on lui a répondu qu'un non-lieu avait été prononcé et aussi que le dossier était prescrit suite à ce non-lieu.
Aujourd'hui avec le muse rue La Fontaine, la petite ferme d'Albert est occupée par sa filleule Marie-Antoinette. Le reste de la famille est rouillée s'est dispersé loin du fantôme de l'adjoint. Dans le village depuis le crime, tout a changé. La papeterie où travaillait Albert a fermé, le chômage de masse est installé. Signe des temps, en deux-mille-quatorze, les communistes ont même perdu la mairie après des décennies à l'hôtel de la commune.
Pourtant, à y regarder de plus près, l'atmosphère n'est pas si différente de celle de mille-neuf-cent-quatre-vingt-trois. La tradition de la chasse à la hutte persiste, les petites exploitations agricoles sont toujours aussi nombreuses et leurs relations sociales oscillent entre coups de mains généreux et coups de poing musclés. Néanmoins, au milieu de ces terres humides, le crime continue de hanter les plus anciens. En deux-mille-vingt, la journaliste Marie Gouneuse qu'on a entendue tout au long de ce récit, déterre l'affaire et enquête sur le meurtre d'Albert. Aujourd'hui, elle reste optimiste.
Quelqu'un, quelque part, connaît la vérité.
Je
vis à l'heure dans le coeur d'une montre arrêtée, dans s'est envolé, à cesser de couler, les jours passent le maître a dit aimer la rivière chante quand je chante la nuit va s'allonger au fond de la vallée où le jour la quitter d'ailleurs dorment à mes pieds près du feu allongé près d'un loup solitaire qu'ils aiment comme un frère dans la gare désertée chante un autre avenir Les saules coulent des branches qui doucement se penchent Sous les lueurs du ciel tendrement reflété Si parfois une rose semble dire quelque chose c'est chuchoté au coeur et seulement quand elle ose pas besoin d'autre chose pense thèse et qui ose ne pense plus à ces choses va donc la retrouver.
Vous écoutez Affaire sans ces pouces sur France Inter aujourd'hui l'affaire de l'écluse, notre invité Patrice Crapier, bonjour. Bonjour. Vous avez été, vous avez été grand reporter et vous avez écrit de nombreux ouvrages, Mordain SDF chez Camann Levy par exemple ou Génération Routard chez Jean-Claude Latès. Et plus récemment, vous avez enquêté sur l'affaire qui nous occupe aujourd'hui. Votre article est paru dans le magazine Zadig en septembre dernier Zadig, notre partenaire, quelle bonne idée d'exhumer cette histoire à mi-chemin entre l'ambiance l'ambiance vologne on va dire et l'ambiance Chabrol.
Et puis je pense à Simenon souvent
Et Simenon bien sûr.
En fait je découvre je pars avec l'idée de Simonon c'est-à-dire que Zadig ça raconte la France d'aujourd'hui des territoires un peu à l'écart des grandes métropoles puis je tombe sur Agatha Christie parce que vous l'avez excellemment raconté mais c'est une mécanique criminelle absolument incroyable donc il y a les deux il y a d'un côté un pays souvent j'ai l'impression en partant reportage que je suis au bord du monde, pas au bout du monde parce qu'on est à dix kilomètres de Douai donc une ville assez importante, mais au bord des marais, au bord de la civilisation contemporaine, peut-être les gilets jaunes, ces chasseurs de huttes qui refusent les éoliennes communistes et front national enfin.
Oui ça ça montre bien d'ailleurs cet cet endroit de la France ce village d'un point de vue sociologique et sociopolitique il dit beaucoup de l'évolution politique de la France
et la
classe ouvrière.
Oui oui avec une certaine permanence et encore beaucoup de petits agriculteurs dans dans ce coin qui en même temps sont ouvriers font les trois huit comme Albert ils ont des vies et puis il y a beaucoup d'économie de subsistance on fait l'ail chez le copain qu'on fait qu'on vend on vend ses poulets ses œufs c'est une France très ancienne et puis en même temps bon elle est d'aujourd'hui elle est à dix kilomètres des usines Renault très moderne on va faire des batteries électriques c'est très étonnant ce paradoxe.
Mais qu'est-ce qui vous a intéressé au point dans dans un article, il y a des ingrédients particuliers au au-delà de ça ou c'est ou c'est le contexte qui vous intéresse
Non il y a quand même le livre d'une jeune journaliste Mary Gutsson qui veut plus faire de faits divers qui tombe sur cet article et qui est prise parce qu'il y a une mécanique le crime non résolu c'est une mécanique infernale et puis le juge Alphaine qui quand même dans son livre sur l'affaire DHLN de Paris il y consacre certaines pages cette affaire, il est marqué pas uniquement parce qu'il a commencé sa carrière, on ne cesse de se demander est-ce que c'est cet inspecteur, il y a il y a quand même un crime de voisinage, mais avec une technique de de de criminel quand même extrêmement enfin tout le monde peut pas faire ça je suis monté dans cette chambre
Justement je vais vous le dire qu'est-ce que vous avez vu qu'est-ce que vous avez reparlé
L'escalier ne grince plus il a été refait puis il y a plus les deux chiens belle et Tommy mais quand même je me suis mis dans ce recoin pendant une une minute deux minutes mais j'entendais ma respiration et je me dis mais comment ce type enfin ce type on ne sait pas qui a fait ça, mais la personne cette femme. Cette femme oui parce que quand même bien sûr cette frère et cette soeur mais en tout cas comment on peut rester autant de temps à attendre qu'Albert Lamoyer rentre se prépare se couche s'endorme pour aller faire en plus un crime le docteur Zaramba il ne le voit pas c'est c'est-à-dire avec un tout petit calibre enfin c'est quand même une sorte de crime parfait, c'est peut-être exagéré, mais enfin il faut maîtriser quand même et quand on est dans ce quand j'étais dans ce recoin et que j'entendais ma respiration battre de plus en plus fort, je me disais que ce n'était pas possible que que si moi j'avais fait ça Albert aurait entendu aussitôt que j'étais dans cette chambre et peut-être qu'on ne s'invente pas criminel, j'imagine.
En tout cas au village sans prétention, j'ai mauvaise réputation, c'était le, ce n'était pas du tout le la réputation de de de la victime au contraire et en même temps. D'abord ça a été serviable, il était investi dans la vie de la commune, il avait une vraie fibre sociale, probablement très sympathique, très avenant. Puis en même temps, il avait une vie qui ne ressemblait pas à celle des autres du village. On retrouve la la fameuse mauvaise réputation de Brassens.
C'est pas le communisme de Marie de la femme de Maurice Torres Jeannette Torres Vermech pardon c'est pas le communiste austère ça c'était et puis sa copine la fermière aussi c'était quand même il y avait alors entre ce qui est réel effectivement il a eu des beaucoup d'aventures il était célibataire une fille naturelle et ce que ce qu'il y a eu des fantasmes parce qu'à partir du moment où une enquête n'est pas résolue
Ah c'est la machine à fantasme.
Absolument et les gendarmes ils ont écouté entendu tout le monde et tout le village s'est mis à raconter des choses qui n'avaient sans doute rien à voir avec le crime probablement.
Ah oui mais d'un point de vue logique on se met dans la peau du juge et des enquêteurs effectivement des relations plusieurs relations ici et là, bien sûr cachées parce que tout le monde se connaît, ça peut mal tourner. On parle, on parlait de de Marie coiffée comme on dit là-bas, donc Marie trompée ou de maîtresse et conduite, tout cela peut déboucher sur des actes irrationnels jusqu'au crime. Normal que que que que la justice ait creusé cette piste là non
Oui sûrement mais peut-être que l'enquête est devenue un peu plus professionnelle au bout d'un an en cherchant qui avait la possibilité d'avoir ce petit calibre de de de de d'avoir être la technicité de de d'être dans cette chambre close donc l'assassin qui attend sa victime avant qu'elle rentre c'est quand même assez rare enfin je ne suis pas sûr que tous les maris trompés s'il existe s'ils existaient ou des femmes déçus et eu la possibilité de faire ce crime, mais il fallait connaître il fallait savoir que Albert laissait sa clé sur sa fenêtre exactement une fenêtre en deux-mille-une donc il fallait une certaine proximité c'est pour ça que peut-être l'infirmière la soeur et son frère peut-être mais bon maintenant ce ne sont que des des hypothèses et des conjectures près de quarante ans après.
Après on aussi on peut aussi penser que quelqu'un de la localité de la commune aurait embauché des tueurs ça peut moi un tueur ça peut
puisqu'il n'a pas été
Qui n'a pas été apparemment de ce que je vois elle n'a pas été creusée celle-là.
Ce qui est vraiment nouveau enfin ce qui ce qui est très ancien dans cette affaire c'est la scène de crime le le comment dire tous les indices sont aujourd'hui on a des espèces de techniciens qui sont dans des combinaisons blanches de cosmonautes qui qui qui ont tout qui qui relèvent tous les ADN à cette la scène de crime elle est tout le monde la moitié du village est passé dans cette chambre et donc il n'y avait plus rien d'exploitable et à partir du moment où on n'a pas d'élément matériel exploitable on cherche les aveux donc la belle soeur qui a été poussé à bout on entend les ragots quoi les rumeurs et ça tourne en rond quoi et ensuite c'est un peu tard parce que effectivement il fallait trouver l'arme du crime.
Apparemment le juge la FED a bien fait de conduire les gendarmes au profit de la p j.
Oui oui même si en fait ils ont repris un peu les mêmes les mêmes mais ce qui est fou c'est cet inspecteur il était dans le commissariat de Douai c'est-à-dire que le juge la FED le voyait une fois par semaine après il a changé de de poste puis lui-même il a une histoire tragique cet inspecteur, il a eu une femme qui est morte dans un accident entre Noël et le jour de l'an cinq ans ou sept ans plus tôt je me rappelle plus très bien elle a glissé sur les betteraves pendant les mois les récoltes des betteraves et elle est morte ensuite il a eu cette cette ce deuxième mariage avec cette femme qui disparaît
Ça fait beaucoup hein.
Et lui-même est mort noyé ça tout ça n'a rien à voir sauf qu'il y a un destin tragique sur
Mais bien sûr.
Qu'on continue disons.
Et et et qui crée la suspicion forcément.
Absolument absolument.
Vous avez rencontré des des proches de Marcel et de Roland
De Marcel Laurent oui des proches mais qui ne souhaitaient pas être cités mais il y a eu toute une ambiance je pense que qui est quand même dans ce haut du village les les voisins de cette femme qui avait peur d'elle qui à un moment voulu porter plainte et les gendarmes lui ont dit, mais non, il ne faut pas porter plainte, elle va vous elle va vous pourrir la vie et puis j'ai j'ai j'ai parlé aussi avec la famille, le cousin Émile et puis et puis et puis le neveu Dominique là qui est qui extrêmement émouvant qu'on a entendu parler de portage.
Oui bien sûr. Alors parlez-moi du témoignage d'Émile, il est assez accablant ce témoignage.
Il est accablant moi j'ai passé du temps avec lui et je dois dire que j'avais du mal à comprendre ce qu'il me disait il parle vraiment à Ch'ti il aurait fallu sans doute beaucoup plus de temps j'ai trouvé que son témoignage sur la vie qu'il avait avec avec Albert me paraissait plus importante la vie d'agriculteur il se rappelait des moments où il faisait les labours avec des chevaux de trait quand même il se rappelle du premier tracteur acheté d'occasion c'est-à-dire vraiment on est dans une toute petite économie dans les années soixante soixante-dix le soir du crime il va il est avec avec Albert il regarde la télé chez la maîtresse d'Albert après il leur accompagne puis il part sur la reconnaissance de l'arme du crime je j'ai j'ai plus de doute mais enfin j'ai sans doute pas parlé assez longtemps avec lui en tout cas cette arme n'a jamais été retrouvé donc quelle est la part du fantasme qu'elle a la part de la réalité L'arme très rare d'ailleurs.
Bien sûr.
Un vieux revolver,
un
reset du Smith Wesson. De mille-huit-cent. Mille-huit-cent-quatre-vingt-douze. Quatre-vingt-douze.
Autre chose, alors peut-être que c'est une piste qui n'a pas été explorée non plus. On rappelle qu'Albert était un élu adjoint du maire. Est-ce que la piste politique a été explorée ou est-ce qu'elle paraissait vraiment trop légère quoi
Elle paraît légère on a parlé de de de d'histoire d'argent mais ça paraît peu probable il n'y a pas eu d'éléments tangibles en tout cas je n'en ai pas trouvé qui aille dans cette piste c'était un agent électoral c'était un type sympa qui ramenait beaucoup de voix mais on est vraiment dans une politique très familiale ou d'ailleurs il y a toujours un conseiller général communiste aujourd'hui qui n'a pas de mauvaise relation de relation que ça avec la la mairesse qui est la pharmacienne qui a des élus du du rassemblement national il y a même Marion Maréchal qui est venu en deux-mille-dix-sept faire un meeting dans cette ville c'est très très étrange les les clivages politiques On
est dans le nord c'est beaumont-wenin c'est la même chose.
C'est ça et et on sent d'ailleurs vraiment oui on sent des troupes toute une France très populaire très acquise à Marine Le Pen et puis et puis les communistes qui n'ont pas les mêmes convictions mais quand même qui partagent une certaine sensibilité la chasse, la bouffe française enfin on sent dans cette campagne électorale d'aujourd'hui pas mal de de de de réminiscences comme ça quand on fait des reportages quand on est dans le sud on on on voit très bien une France un peu zemmouriste
et puis
dans le nord on est vraiment chez les marinistes,
ce n'est
pas du tout pareil.
Non non n'empêche que la la désertion du parti communiste qui organisait la vie sociale à l'Inde dans dans ces régions-là a fait beaucoup de mal au social de ces régions-là puis des orphelins, les orphelins politiques.
Albert travaillait dans la plus grande papeterie du à un certain moment c'était la plus grande papeterie du monde fait par Ferdinand béguin qui a fait le sur qui a été actionnaire du Figaro et de Paris match enfin c'était un empire qui qui qui est parti et puis les nouvelles industries beaucoup plus techniques, n'employaient pas les mêmes types de personnel, il fallait être beaucoup plus formé, on est passé à une autre France.
La formule est souvent galvaudée, mais peut-on parler en l'occurrence de crimes parfaits.
Techniquement oui en tout cas il n'a il n'a pas Alphen a mis beaucoup beaucoup de d'énergie avec avec les policiers, ils n'ont pas trouvé la preuve donc d'une certaine manière c'était sans doute peut-être plus facile à l'époque sans l'ADN sans tous ces éléments-là.
Pensez-vous comme Marie Godson que quelqu'un quelque part connaît la vérité
On l'espère avec un tel mystère, on l'espère d'abord pour la famille parce que ça a laissé beaucoup de traces quarante ans après les les les neveux sont voilà ou cette fille naturelle qui qui a reçu d'ailleurs une petite lettre de Taubira à l'époque avec des sentiments éplorés, on l'espère, mais c'est très difficile, il y a cette phrase assez extraordinaire du du fils de de l'inspecteur qui il y a cette phrase assez extraordinaire du fils de l'inspecteur qui dit on ne saura jamais, c'est dans le livre de Mary Goutson, je trouve cette phrase extraordinaire, on ne saura jamais et puis même si on sait, on ne saura pas, il y a ces marins
Mais ça veut dire quoi ça
Même si
on ne sait pas,
très mystérieux comme phrase, mais ça ressemble à ces marais où il y a des sortes de fantômes et d'ombre, on ne saura pas parce qu'on ne se replacera peut-être pas dans le même contexte peut-être que lui espère que je ne sais pas c'est une phrase qui me fascine sans j'ai pas la réponse je ne sais pas bien pour ce que ça veut dire, mais exprime un esprit un état d'esprit sur place.
C'est pour ça que ça fascine. C'est parce
qu'on n'a
pas la réponse.
Absolument.
Vous avez rencontré des des membres de la famille, l'air, vous voyez, dont Dominique évidemment que nous avons entendu lui aussi tout au long du récit un vrai fil rouge. Comment vont-ils Quelle place occupe Albert aujourd'hui dans leurs souvenirs
Une place assez importante, ils vont, ils mènent leur vie, mais la famille s'est complètement disloquée, il y a eu des conflits, c'est une sorte de fantôme pour eux, c'est ils aimeraient savoir qui qui a tué, qui a tué et puis surtout en sortir de cette histoire que c'est quelqu'un de la famille ou que c'est enfin cette histoire que que Albert couché avec sa belle-soeur c'est c'est sans doute l'accusation la plus grave la plus farfelue et qui a beaucoup pesé et que une partie des enfants étaient les enfants d'Albert ça c'est on est dans le fantasme de l'inceste on est dans les choses qui pèsent beaucoup et pour pour ça au moins ils aimeraient voir la vérité.
Dernière question à l'écluse maintenant au-delà de la famille chez l'éclusien on dit comme ça
C'est quoi
l'éclusien oui. On continue de parler de ce crime on se dit bon ça va ça a noirci notre vie on oublie on oublie.
Et pas mal de gens n'aiment pas en parler mais le livre s'est vendu en deux trois jours à cent à cent exemplaires et en fait très très vite les plus anciens en parlent et même les plus jeunes sont un peu marqués par cette histoire on en parle encore oui quarante ans après.
Ça fait
partie de l'identité de la Patrice Trappier, merci infiniment pour toutes ces précisions.
Merci. Au revoir.
C'était affaires sensibles aujourd'hui le mystère de l'écluse, une émission que vous pouvez réécouter en podcast bien sûr. À la technique aujourd'hui il y avait Loïc Frapsos. À suivre, pop pop pop. Oui, pop pop pop pop. Bonjour Fabrice.
Fabrice.
Oui, ça
va très bien. Vous aimez le cinéma, je sais. Oui. Bon alors mercredi qui arrive là, dans quarante-huit heures, réservez votre séance pour aller voir Goliath.
Vous me
faites plaisir Oui, d'ailleurs je, bien sûr je connais le pitch comme comme
tout le
monde et j'avais envie, ça tombe bien vous confirmez. Film exceptionnel et nous allons en parler avec Gilles Lellouche dans quelques instants. Juste après Flash. Merci.