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France Inter.

Aujourd'hui dans Affaire Sensible Eminem, l'enfant terrible du rap. Plusieurs centaines de millions d'albums vendus, quinze Grammy Awards à un Oscar. Il suffit parfois de quelques chiffres pour donner la mesure d'un phénomène. Quand Eminem surgit de détroit en mille-neuf-cent-quatre-vingt-dix-neuf, mille-neuf-cent-quatre-vingt-dix-neuf, après des années de galère, c'est une déflagration artistique, médiatique et politique. Jusqu'à deux-mille-quatre, en cinq ans et quatre albums sans s'arrêtent, il atteint les sommets et de l'hélico mondiale de la musique pop.

Qu'il est un rappeur de génie au flow inédit, parce qu'il crée la polémique et provoque le scandale avec des morceaux et des déclarations misogil et homophobes, parce qu'il est le premier blanc à vraiment s'imposer dans cette culture afro américaine qui est le hip hop et enfin parce qu'ils sont les failles et les impasses d'un pays en crise, le phénomène Eminem en dit long sur ce moment charnière de l'histoire du rap et des États-Unis. Notre invité aujourd'hui est le journaliste Jean Morel, fondateur du média rap Grünt. Affaire sensible, une émission de France inter diffusée en direct, récit documentaire Simon Maisonneuve, rédaction en chef franc-cognard, chargé de programme Rebecca de Nantes, réalisation Hélène Bision. Fabrice Houelle,

affaires sensibles sur France Inter.

Détroit ou Detroit, États-Unis, dix-sept février quatre-vingt-seize. L'image est le charme des vidéos digitales de l'époque. La caméra tremble, le cadre est hasard deux, les pixels sont légions. Mais l'essentiel est là, ce qu'il faut retenir, c'est qu'il y a quelqu'un qui filme Et s'il filme, c'est qu'il se passe quelque chose ce jour-là au hip hop shop de la Seven my road de Détroit. Depuis quelques mois, tous les samedis après-midi, alias Prouf, un rappeur local de vingt-trois ans organise dans ce magasin de vêtements des battles de rap.

Ces derniers temps, dans les rues de New York, Chicago, Los Angeles, partout à travers les États-Unis, c'est le retour en force de ces affrontements artistiques improvisés. Alors le principe est simple, Annecy pour animer, deux rappeurs pour s'affronter à coups de rimes et le public pour arbitrer. Ce dix-sept février quatre-vingt-seize sur les images prof a le sourire. Il est venu avec son meilleur ami Marshall Bruce Matters Free alias Eminem, contraction de ses initiales m m et m et jeu de mots avec les célèbres sucreries favorites du jeune homme. Si Prouf a le sourire, c'est que leur numéro est bien rodé.

Prouf et Minim, cela joue whitemen camp jump, une comédie à succès sorti quelques années plus tôt, il me dit des joueurs de basket de rue trop confiant, partant du principe qu'il est nul parce qu'il est blanc. Et oui, Eminem est blanc, ce qui dans le rap n'est pas légion et dans une ville aussi divisée entre noir et blanc que Détroit de surcroît. D'ailleurs sur ces vieilles images digitales filmées ce jour-là, on le voit le jeune homme est quasiment le seul blanc dans la foule. En tout cas il est le seul à se lancer dans le battle. Sauf qu'Eminem a une autre particularité et ça explique aussi le sourire de prouve.

Il a un talent hors norme pour le rap. Il exhèle notamment dans cet exercice il s'agit autant de rimés que de vanner. Et il a neuf ans quand son oncle lui offre son premier disque de rap, du rappeur Ice Tea. Le jeune Marshall découvre le rap hardcore, la puissance des mots et du flow, incroyable se mêlent poésie, storytelling et musique. Au collège, il rencontre Proof, avec lequel il commence à rapper et freestyle partout ils peuvent, rue, battle, radio local, lors d'un passage radio justement.

Eminem est repéré par deux producteurs de Détroit, les frères Bass. Il lui propose de produire son premier album. Avec ce premier

disque, il

te dit, on en apprend un peu plus sur Eminem. Il y raconte sa vie de galère dans le ghetto de Détroit, son boulot à la plonge dans un resto, sa relation tortueuse avec sa copine Kim rencontrée quand il avait quinze ans et elle douze. Il évoque la naissance de leur fille, qu'ils sont très jeunes, on imagine les difficultés rencontrées pour l'élever. Et surtout, son envie de se faire sa place dans le rap et de devenir numéro un. Voilà pour le fond.

Sur la forme, Eminem s'inspire beaucoup des flots de rappeurs phares de l'époque comme. L'album sort en novembre quatre-vingt-seize et fait un flop. Oui on critique son style trop copié justement. Eminem tombe dans la dépression, l'alcool, la drogue, il fait même une tentative de suicide. Mais Prouf ne le lâche pas.

Avec d'autres rappeurs de détroit, il crée un groupe, et c'est Prouf qui propose aux autres membres de s'inventer des alter ego de rappeurs, des personnages volontairement excessifs ou outranciers avec lesquels ils pourraient dire ce qu'ils

veulent. Ce nom m'est venu alors que j'étais aux toilettes. Et j'en crois que je dis ça pour les connaît, mais c'est vraiment arrivé comme ça. J'étais en train de chier. Il m'a en me disant mec, je suis aussi, j'ai trouvé mon nom.

Non, j'ai dit, direct j'ai pensé à des tonnes de trucs qui arrivent avec.

Los Angeles vingt-quatre octobre quatre-vingt-dix-sept. À côté de l'aéroport Lax, dans une petite salle de la cité des anges, le soleil change du froid de détroit. Eminem se rend au Rap Olympics, compétition nationale qui réunit les meilleurs flux style euruper. Bon il hésite un peu à s'y rendre, mais le prix cinq cents dollars, une rolex tout de même l'encourage vu la misère dans laquelle il est. En plus, il a enregistré une nouvelle bande démo avec six titres il fait râpé son double, le personnage de Slim Shady qu'on pourrait traduire par negricho malicieux peut-être qu'il y aura des professionnels de l'industrie à qui la remettre cette bande.

Bien la commence, Emilhem fait son premier freestyle, il est à côté des juges, crie au-dessus de la foule, arrêtez tous ces bons, ce gars a gagné la compétition. Pourtant il perdra en finale. Pour tout le monde, éminemment en tête, c'est clair que c'est parce qu'il est blanc. Peu importe le destin est lui n'est pas sourd. Ce jour-là, un stagiaire d'Interscope, la maison de disque de Jimmy Yavin, ingénieur du son et producteur, notamment pour Bruce Finksteen et John Lennon, récupère la démo d'Eminem et la donne à son boss.

Il se trouve que Yavin travaille avec un certain André Young alias docteur Drey, rappeur et producteur de génie. Derrière le groupe phare de la côte ouest n a b u a I qui a notamment fait scandale à la fin des années quatre-vingt avec son titre. Il a ensuite produit les plus gros succérables de l'époque qui font passer le genre dans une autre dimension. Oui, Docteur Dray impose un style, un style nouveau. Le gangstar rap et popularise ce qu'on appelle la J-Funk, un rap boosté au symbole de funk.

J'étais

chez Jimmy Lovin et il m'a fait écouter la démo d'Éminem. Je lui ai dit, mec file-la-moi, il me la faut. Je ne savais même pas que c'était un gamin blanc à ce moment-là. J'ai rencontré Éminem chez Interscop, on a discuté cinq minutes et boum.

Salut les enfants, vous aimez la violence Le vingt-trois février quatre-vingt-dix-neuf, c'est avec My Enees, Kevin M se présente au monde ou plutôt Slim Shady, son double maléfique. Dès ce premier titre, on entend la recette de cette rencontre magique entre Dre et Eminem, ce morceau en forme de ritournelle terriblement efficace. L'alliage entre le son de la côte ouest de Dre et la voix avec il rate dans un flot hallucinant et rime comme personne, et bien c'est simple, on n'avait jamais vu ça. Eminem installe le personnage de Slim Shady et développe ses obsessions, la drogue, le sexe, la violence. Il se moque des célébrités comme les Spice Girls ou Britney Spears ou des rappeurs rivaux.

Dans le clip du tube de l'esthétique cartoon, il se déguise en Bill Clinton, le président américain ou Marilyn, le rockeur infréquentade. Le tout avec des images et des mots particulièrement vulgaires et crus. Beaucoup d'homophobie et de misogynie notamment contre sa petite amie et mère de sa fille Kim. Dans l'un des morceaux Bonnie and Clines, Kim Shelly raconte à sa fille qu'il a tué sa mère et qu'il va jeter le corps à l'eau. Derrière l'outrance, Eminem se raconte aussi et s'en phare.

L'abandon de son père, sa mère qui se drogue, je viens de découvrir que ma mère se drogue plus que moi, merde, semble-t-il. Dans Braina Mitch, il raconte le harcèlement qu'il a subi à l'école, notamment son passage à tabac par des airs qui le plongent plusieurs jours dans le coma. En décor de tout album, on a bien sûr Détroit motorsythie qui fluctue de crise en crise, sa violence sociale, sa violence de cours, la vie dans les caravanes et les baraques. Mais on entend aussi Détroit la musicale, est le son des années soixante, la techno dans les années quatre-vingt, bref, une ville et une vie qui influencent Emilem.

Tu sais, je dirais que je représente, j'ai l'impression de représenter le hip-hop. J'ai vécu toute ma vie et je le connais, j'ai grandi avec, vous voyez ce que je veux dire Et je dirais que mon son s'adresse à tous ceux qui ont déjà vécu des conneries dans leur

vie,

ont déjà vécu des, des moments sans importance ou quoi que ce soit d'autre, tu sais, ce qui nous arrive à peu près à tous. Je représente donc ces personnes, Tout ce que je fais, c'est refléter ce qui s'est passé dans ma vie dans ma musique. Tu vois Quel genre d'influence apportez-vous dans votre musique Mon cul.

Mais à Interscop, personne ne veut les mimer. Tous demandent à vrai Yovine ce qu'ils veulent faire de ce blanc qui chante des obscénités avec cette voix aiguë et qui se déguise en jouant avec son sexe. En dehors des, un groupe de fin des années quatre-vingt, pratiquement aucun rappeur blanc n'a rencontré de succès. Pire, les Mart Mike ou autres Vanilla Ice sont été plus moqués qu'écoutés. Emilem lui aussi est attaqué par certains afro américains qui voient dans son succès notre trajectoire à la luvis, ceux blancs qui volent la musique des noirs ou comme les stones qui tirent leur rock de la musique blues.

Surtout que de son côté, docteur Dre n'est pas en position de force à Induscope. Il vient d'enchaîner plusieurs échecs commerciaux. Alors le voir prendre ce risque, ça vraiment personne ne comprend. Mais lui sait, c'est comme ça, il a la science, il perçoit que Minem a quelque chose en plus, quelque chose qui s'appelle le talent, figurez-vous. Et il sait aussi que la culture hip-hop, sa culture, celle qu'il a en partie participé à fonder en a besoin à ce moment-là.

En cette fin de décennie quatre-vingt-dix-neuf, le monde du hip-hop est encore marqué par les assassinats kusuroku quelques années plus tôt des deux stars et demi du parquet notorious big. À l'image d'un, le rap pousse l'extrême, une esthétique bing bling et gangster chic. Et puis le moment est baroque, on voit des rapprochements entre rap et rock avec des groupes comme ou Corn. C'est aussi l'époque de et une esthétique, un ton trash acerbe, ironique. Au cinéma American Histrix et Fine Club, sont crûment la violence des conflits qui gangrènent les États-Unis.

Alors, voir ce gamin blanc de détroit surgir, rappeler des propos obscènes, mais en même temps, parler de sa détresse, avec cette sincérité, cet humour qui le caractérise, ça, ça crée un choc, une nouveauté.

Mon inspiration vient de la colère.

Il y a

beaucoup de choses qui vont mal dans ce monde. C'est ce qui me donne la haine. C'est un peu mon carburant si vous voulez. Quand il y a des trucs que je n'aime pas, j'aime en parler.

Je crois

que le truc principal que les gamins veulent savoir, mais ils le savent déjà, c'est de ne pas prendre tout ce que je dis au premier degré. Parce qu'au final, c'est seulement du divertissement. C'est vrai que la plupart de ce que je raconte, c'est mon point de vue je viens, mes origines et beaucoup de ces conneries sont de la blague.

En tout cas ça marche, rencontre un premier succès notamment grâce au single et au clip de Mines Elise qui tourne en boucle sur MTV, près de trois millions d'albums sont ainsi vendus en un an. Emilhem gagne deux. Dès ses premiers, il fait la lune de Rollingstone, le magazine musical américain. C'est le signe qu'Emilhem touche un public plus large au-delà du cercle rap, mais aussi blanc et rock. Seulement voilà, dans un pays la famille et ses valeurs sont sans cesse brandies comme le fondement de tout, voir un jeune rappeur renier sa mère, parler de féminicide, insulter à tout va, c'est évidemment insupportable.

Mais de son côté, Eminem assume tout. C'est un personnage qui raconte ça. Ce sont des mots. Lui n'a jamais frappé ou violenté sa femme dans la vraie vie. D'ailleurs, il se marie à l'été quatre-vingt-dix-neuf.

Puis personne ne s'offusque de la violence des films de Tarantino ou des paroles choquantes du rock. Non, ce qui gêne, c'est qu'il m'aime tant ce miroir à l'Amérique, qu'il joue avec cette insulte que les classes supérieures utilisées adorent. Cette façon méprisante de voir le petit blanc paumé perdu de l'Amérique. Et bien le voici, le voilà, il s'appelle Slim Shady, profitez-en, il est pour vous amuser. Mais avec le succès, inévitablement, Emilum va bientôt soulever les critiques, être confronté à des tempêtes intimes, judiciaires et médiatiques, en même temps qu'il va continuer à conquérir la planète.

Vous vous écoutez affaires sensibles sur France Inter, aujourd'hui Eminem l'éminent.

Affaire sensible.

À propos de rap retour sur un concert controversé un concert unique du rappeur américain Eminem, un blanc bec de détroit, superstar du rap avec vingt-cinq millions d'exemplaires de son dernier album, mais surtout des scandales parfaitement médiatisés et des déclarations sexistes qui n'ont rien de poétique, d'autant plus inquiétant que les jeunes se pressent à ces concerts au grand regret

souvent

des parents, illustration hier soir à Bercy.

Pour le peu que j'en ai entendu, je pense que c'est un un connard de fachos, racistes, anti anti tout et c'est un très mauvais modèle, un très mauvais exemple pour les pour nos enfants. Et si j'avais su qui il était, je n'aurais pas laissé venir ma fille.

Moi je ne comprends pas personnellement ce qu'il dit alors.

Ah, ça ne va pas comprendre. Ouais ouais, on comprend pas mal, ouais il est fou, mais mais il est terrible, c'est pour ça qu'on aime. Franchement, c'est

ça qui fait du bien, c'est qu'il l'expulse, tu vois, toutes nos pulsions, tu vois ce que je veux dire.

Son esprit provocateur, moi j'irais contre les homos c'est clair mais faut le prendre au deuxième degré faut pas à la lettre, le mec c'est dans son style quoi, c'est c'est son esprit, c'est l'esprit minimum quoi enfin je sais pas je comprends pas que les gens ils comprennent pas c'est comme un terme quoi, ils disent des trucs c'est au deuxième degré qu'il faut faut les prendre même, même eux ils le disent donc il s'est à fond, il est trop beau, il a un beau cul, il déchire et qu'est-ce que je voulais dire Et je t'aime, voilà

quoi.

Après la déflagration de Slim, chez Eddie Elb, Docteur et le savent, faut battre le fer tant qu'il est chaud, donc enchaîné. Le vingt-trois mai deux mille sort de Marshall Marles LP avec une recette qui commence à être connue, un tube en forme de détournelle provocatrice qui entre dans la tête. Et cette fois c'est The Real Slim Shelly qui place évidemment Teddy Charts. Porté par ce titre, il entre dans une autre dimension. Plus d'un million et cinq-cent-mille albums vendus en une seule semaine, le deuxième plus gros démarrage de la pop musique.

Les ventes explosent partout à travers le monde. Eminem passe en boucle sur les radios, à la télé, la tournée s'annonce incroyable. Oui, mais voilà, avec le succès, la polémique enfle comme souvent. Le faux provocateur Slip Shady est bientôt rattrapé par le vrai scandale Martahl Maders. En juin deux mille, Eminem est arrêté pour avoir menacé avec son arme déchargée un homme proche d'un groupe de rap ennemis à Détroit.

Le même jour, il en frappe un autre en boîte de nuit parce qu'il le soupçonne d'avoir embrassé sa femme Kim. Sans compter l'action justice lancée quelques mois plus tôt par sa mère qui lui réclame dix millions de dollars pour l'avoir accusé à tort de négligence parentale et d'usage de drogue. Elle ira même jusqu'à composer un morceau en forme de lettre pour se plaindre.

Cher Marshall, je veux juste commencer par te dire que je t'aime toujours. Quand j'étais enceinte de toi, c'était très dur

pour moi.

Nous. Chaque minute de toutes ces heures de torture, on va les laver. J'ai regardé dans ses grands yeux bleus et c'était la première fois que je ressentais un véritable amour de toute ma vie. Nous avons un problème à l'archi. Ces deux dernières années, quelque chose a vraiment mal tourné.

Je suis tellement heureuse pour tout succès, mais tellement déçue par ta trahison. Jouer à la fois le rôle de maman et de papa a t'épuiser plus que je ne l'aurais imaginé. J'ai fait de mon mieux.

Avec le succès, Eminem redécouvre aussi les membres de sa famille. Son père, qui l'a abandonné à neuf fois et qui n'a jamais essayé de le recontacter, se manifeste. Toutes ces affaires ne font qu'accroître son image sulfureuse et amplifier le phénomène. Surtout que dans cet album et notamment lors de la tournée, Eminem n'a pas décidé de se calmer. Dans l'une de ses chansons Kim met en scène le meurtre de sa femme.

Sur scène, lorsqu'il chante ce morceau, il prend une poupée gonflable dont il simule de la mise à mort. On n'en est pas dans la vraie vie bien sûr, mais leur relation est de plus en plus houleuse. Et puis Kim ne va pas bien. Comme lui, elle est dépressive, prend des médicaments, se drogue. Alors qu'il est en concert à Détroit, elle se taille les veines.

Sa mère s'en rend contact, en appelle la police et la sauve. Ces affaires alimentent inévitablement la polémique autour du rappeur. En deux mille, il devient avec neuf albums vendus le plus gros vendeur de l'histoire du hip hop. Sa nomination dans plusieurs catégories au Parmi Award de deux mille un, notamment celle de meilleur album de l'année sert d'étincelle. Des associations comme Glan en défense des homosexuels et des droits des femmes prennent la parole pour dénoncer la promotion faite à un artiste aux paroles homophobes et misogynes.

Des manifestations devant le siège des Grammy sont organisées. Certains artistes montent au créneau comme Mobi. La polémique remonte même jusqu'à la femme du vice-président Lynne Chesney qui prend la parole pour dénoncer les propos du rappeur.

C'est un misogyne violent, il prône le viol et le meurtre de sa mère dans l'une de ses chansons. Il se glorifie dans la même chanson de l'idée qu'il pourrait assassiner n'importe quelle femme qu'il rencontrerait.

En réponse Michael Greene, le directeur des Rami, soutient le choix de l'académie et de l'artiste au nom de la liberté d'expression. Face à ce tourbillon, Eminem continue de défendre sa position. Sa musique est un exitoire, une thérapie, il n'a jamais eu de gestes violents à l'égard de sa femme. La relation est tumultueuse dure certes, mais il exorcise tout cela en chanson. Surtout, Ebynen reçoit aussi de nombreux soutiens d'artistes, de journalistes et puis encore plus inattendu du chanteur Alton John, homosexuel et grand défenseur de la cause.

Sur la fameuse scène des Granny Awards, comme une réponse éclatante, il se dévoile au moment dans le refrain du tube Stan normalement chanté par la chanteuse Guido. Sur sa nomination, Eminem remporte quatre ce soir-là, mais manque celle de l'album de l'année. Mais une fois encore, Eminem surprend, joue le contre-pied. Dans cette chanson Stan, il raconte l'histoire d'un fan obsédé qui essaie de raisonner. Ce morceau devient un tube planétaire et surtout il envoie un message fort, ne prenez pas ce que je dis au pied de la lettre, porté par ses succès au printemps deux-mille-deux, il sort un nouvel album, les MLM Show qui marque une nouvelle étape, celle de la conquête du grand public en même temps que l'émancipation vis-à-vis de son mentor, docteur Dreff.

Pour la première fois, Emilien passe producteur et compose une grande partie de l'album affirmant dans ce domaine également un talent incroyable au-delà de celui du parolier et du rappeur. Dans ces productions, on sent une influence beaucoup plus rock, il sent en plus des riffs d'Ailleurs Smith ou d'ACDC. Dans les paroles ensuite pointent une forme de rédemption. Le rappeur reste évidemment provocateur et violent, mais il adoucit légèrement le trait. Il n'y a plus de parlomophobe et surtout, il ouvre un nouveau champ.

Fini le récit de sa vie de galère, il raconte désormais sa vie de star, le succès et ses excès, le show m&m quoi. Dans une Amérique frappée par les attentats de deux mille un quelques mois plus tôt, son discours se politise. Et encore, il en profite pour choquer. Il se déguise en Ben Laden qu'il fait danser avec ses amis du groupe dit. Mais MLM Show est le disque de tous les records.

Numéro un de Billboard américain, il est l'album le plus vendu à travers le monde cette année-là. Pourtant, c'est par une autre porte qu'Eminem va encore surprendre son monde. Le onze novembre, quelques mois après The Eminem Show sort sur les écrans le film Ate Mile dans lequel Eminem joue le rôle principal. Celui de Jimmy B Rabbit Smith Jr, jeune melon de la ville de Détroit qui veut s'imposer dans les battles de rap. D'où cette séquence finale restée dans toutes les mémoires Eminem bat son rival.

Il devait être écrit quelque part que l'année deux mille deux serait celle des Minesm. Encore une fois, l'artiste ne fait pas comme tout le monde. Au lieu de l'habituel biopic sur son incroyable parcours, il endosse les traits d'un personnage. Comme son titre l'indique, Ate Mile, du nom de la célèbre route qui marque la séparation à Détroit entre les ghettos blancs et noirs, le film est une véritable déclaration d'amour à sa ville et à ce milieu des battles dans lequel il a tout appris. Clain d'oeil à l'histoire, c'est qui arbitre la battle finale du film Hate Mile, comme quelques années plus tôt quand tout a commencé au hip hop shop.

Le film est porté par une impressionnante bande originale aux semelles classiques et titres originaux, en grande partie produit par Eminem et surtout une chanson principale, pour la première fois, Eminem rap de manière littérale un message très américain d'encouragement, de pouvoir et de réussite. Si tu essaies, si tu t'accroches et que tu crois en tes rêves, tu peux y arriver chante-t-il. Cet alliage d'un rôle parfaitement joué Eminem fait preuve d'humilité, c'est une fois entrer l'artiste dans une nouvelle dimension encore une. En février deux-mille-trois, il remporte un Oscar, une première pour un rapport et le grand ami des meilleurs albums de l'année. Milemme est sur le toit du monde.

Pourtant derrière cette ascension exceptionnelle, Marshall Maders, l'homme lui vacille. Il faut même se rendre compte du rythme effréné sur lequel il vit depuis quatre-vingt-dix-neuf. En seulement quatre ans, il a sorti quatre albums, un film et a fondé son le tout sur fond d'affaires judiciaire et privé d'un divorce avec sa femme, autant d'événements qui l'ont mené devant les tribunaux. Et puis il est allé tourner partout à travers le monde. Alors au moment il s'apprête à se lancer dans une nouvelle à l'été deux-mille-trois, gaz à crack.

À bout de force, complètement dépendant des somnifères, il annule la tournée européenne. Après un passage en cure de désintoxication, il parvient à remonter un peu la pente, mais bientôt en deux-mille-six, il est terrible nouvelle là-bas de nouveau.

Le hip hop a perdu un nouveau soldat. Dishon Othon, connu sous le nom de Proof, membre du groupe Petwelve

et ami du rappeur Elimin, a été tué à la sortie d'un club à Détroit.

C'était un peu comme si j'étais, vous savez, coincé dans ce moment. À ce moment-là, j'avais l'impression que c'était la fin du monde. Toute cette période a été l'endroit le plus sombre que j'ai jamais connu de ma vie. Je l'ai pris durement, je l'ai pris, je l'ai pris très mal. Et comme je l'ai dit, quand c'est arrivé avec les pilules que je prenais, c'est que j'ai commencé à m'enfoncer dans la spirale.

J'avais déjà un problème de drogue. J'avais déjà une dépendance à laquelle je devais faire face quand c'est arrivé. Je pense que c'était une sorte de chose qui s'est déclenchée dans ma tête comme, puis merde quoi. Je pourrais tout aussi bien en prendre plus. Peut-être que ça va m'aider à passer à travers.

Et la vérité, c'est que, ça n'a pas

Trouve son meilleur ami rattrapé par la terrible réalité de Détroit, tragique symbole. Il venait de tourner un clip ensemble quelques semaines plus tôt qu'il mettait en scène tout justement se faisant tuer par balle dans les rues de la ville. Et c'est le coup de trop pour Eminem. Il retombe dans une profonde dépression, reprend ses addictions et fait une overdose en deux mille sept il passe à deux doigts de la mort. Après quoi, il décide de se soigner, vraiment.

Il disparaît des radars pendant plusieurs années, mais il reviendra de nouveau avec succès. Reste que pendant cinq ans, à coups de scandales et de talents, la comète Eminem est venue fracasser et révolutionner la pop culture de sa trajectoire et de son oeuvre unique. Vous écoutez affaires sensibles sur France Inter aujourd'hui, Eminem dont nous parlons avec notre invité le journaliste musical Jean Borel, bonjour. Bonjour. Vous également fondateur du média rap Grünt et vous portez une casquette.

Évidemment. Alors au-delà de la musique, qu'est le rap, qui est d'ailleurs la musique la plus écoutée au monde aujourd'hui je crois, c'est la musique numéro un. Bien sûr au-delà de la musique, c'est une culture, c'est un comportement, c'est un look, qu'est-ce que c'est le rap pour vous

Ouais, Vincent, c'est parfaitement résumé, c'est une culture, c'est je pense que c'est un un mode de pensée, c'est une méthode en fait de pensée, c'est l'idée d'une sorte de de curiosité en fait globale, c'est une musique qui vient de la culture du sample, qui s'inspire toujours de plein de choses différentes pour continuer à se renouveler, c'est une musique qui raconte aussi toute une théorie et des fantasmes de ce qu'on appelle le comm'up aux États-Unis, c'est-à-dire de raconter des parcours de gens qui viennent un peu comme ils n'aiment de rien du tout et qui atteignent des choses absolument incroyables. Je crois que c'est quelque chose qui me touche beaucoup en en termes de culture parce que c'est souvent la méthode d'expression des gens qui sont les plus marginalisés, les plus invisibilisés et donc du coup je trouve qu'il y a il y a toute une théorie aux États-Unis ils appellent ça le black CNN, c'est de raconter en fait d'être le CNN de la rue et de raconter une autre réalité que les les médias ne racontaient pas forcément et je pense que c'est c'est un peu ce condensé de tous ces rapports que j'ai à cette musique qui fait que je l'aime, mais qu'elle se renouvelle tout le temps et qu'elle renouvelle ma curiosité pour cette musique.

Il y a aussi de la dimension des mots Bien sûr. Parce que ça ça c'est important dans dans le rap, on on les mots deviennent une matière archi vivante avec lesquels on joue et c'est d'ailleurs un art pas facile.

Exactement en fait presque c'est presque les flow sont presque une forme de partie

du flow. C'est ça.

Exactement, c'est-à-dire c'est une manière de faire rebondir les consonnes, les voyelles, les mots, les étirer, les transformer, il y a une question d'aussi d'oralité de l'interprétation, c'est-à-dire que ce sont des textes qui ne sont pas pensés pour être lus à l'écrit en fait, ils sont pensés vraiment pour être écoutés en musique et ensuite il y a quelque chose de l'ordre de la virtuosité comme vraiment il peut y avoir des musiciens virtuoses, c'est quelque chose de savoir maîtriser cette rapidité, cette diction, cette scansion qui en fait qu'on devient meilleur que les autres, ce qui est en plus l'archétype même de la démission d'un rappeur qui veut toujours être meilleur que les autres.

Oui mais c'est la de l'arobase des mots. Exactement. Vraiment. Alors quel souvenir vous gardez-vous de l'arrivée d'Éminem Je je disais Éminem l'Éminent parce que c'était c'était joli ces impacts quoi. On s'amuse avec

les mots,

mais c'est vrai qu'il est c'est c'est une éminence, elle est éminent, enfin chanteur éminent quoi.

Je je dirais que j'ai deux souvenirs d'Éminem. En fait, j'ai eu deux souvenirs à différents moments de ma vie. A le premier souvenir qui est le souvenir en fait je suis exactement la cible de sa musique et un peu le cible des inquiétudes qu'avaient les parents à l'époque pour ceux qui écoutaient Minem, c'est-à-dire qu'en gros moi je suis collégien quand Eminem débarque et à ce moment-là je pense qu'on est vraiment au sommet du soft power américain avec un seul canal qui est la télévision et donc MTV. Donc en fait, on est tous abreuvés de ces images qui viennent des États-Unis et qui sont vraiment pour nous en fait le rêve américain de toute la culture vient de là-bas, et caetera. Et à posteriori, en réécoutant ces disques parce que c'est vraiment c'est vraiment une discographie qui m'est très cher et que je réécoute, j'ai en fait compris plus tard en grandissant que j'avais affaire à quelque chose qui était en fait la discographie que tous les américains ne voulaient pas vraiment voir, c'est-à-dire l'idée de vouloir se, il fallait cacher son regard de ce que représentait Eminem parce qu'il représentait en fait tous les échecs fondamentalement des États-Unis et je trouve qu'en fait il y avait quelque chose de très crépusculaire dans sa musique, c'est-à-dire qu'aujourd'hui tout ce que l'Amérique on va dire de Trump déteste est en fait l'incarnation presque des mèmes alors que c'est quelqu'un qui leur ressemble en fait d'une certaine manière.

Cachez-moi ce miroir que je ne saurais voir.

Exactement, c'est tout à fait ça.

Il y a aussi un rapport à l'image, au personnage chez Eminem, cela dit le rap n'a pas tout inventé en matière de de déguisement. Oh oui il l'a fait dans le dans la

dans le

rock, Alice Cooper l'a fait, mais enfin on reprend cette tradition-là, Eminem reprend cette tradition du personnage et de l'alignement.

En fait je pense que c'est c'est d'ailleurs tout ce qui est très bien raconté dans le récit que vous avez fait, c'est qu'en fait je pense que c'est quelqu'un qui a tellement subi toute sa vie les foudres, les humiliations, le côté de de ne pas être accepté en tant que blanc évidemment, c'est d'ailleurs comme ça que termine son film à Hit My il détourne en fait le stigmate contre lui-même en disant, dis quelque chose sur moi que les gens ne savent pas déjà, donc en fait je suis tellement nul et je te déjà tellement exposé que j'étais nul, tu vois rien de plus nul que que les gens ne savent pas et en fait je pense que du coup ce côté cartoonesque qu'il a, ce côté vraiment l'idée de la parodie est quelque chose qu'il peut s'autoriser en tant que rappeur puisque de toute façon il a toujours été pointé du doigt, donc autant être ironique avec lui-même et en fait le seul endroit il est précis et minutieux c'est comme vous l'avez dit, c'est qu'en fait c'est un artiste aguerri et un rappeur hors pair, c'est-à-dire que n'importe quel père rappeur n'a pas envie de prendre le risque de faire un featuring avec Eminem.

Un featuring, c'est un duo, une collaboration et la plupart des rappeurs se disent, moi je n'irai pas trop parce qu'il ira mieux que nous quand même, c'est un peu une vérité quoi.

Donc techniquement, c'est un grand artiste, c'est unique. C'est unique, c'est unique.

C'est unique, quand rien, autant sont vraiment incroyables, des placements de rimes qui sont vraiment très uniques quoi. Il y

a quelque chose que j'ai du mal à comprendre, c'est le fait qu'on ne comprenne pas que ce qu'il dit est du second, voire du troisième degré. Il a dit dix fois, vingt fois, cent fois et d'arrêter de critiquer. Quel est ce mur dans la compréhension, ce n'est quand même pas difficile à comprendre.

Ouais, mais c'est parce qu'en fait je pense que c'est c'est la question de la théâtralité qui est en fait paradoxale dans une musique qui se veut la musique de la sincérité. C'est-à-dire que tout ce que racontent normalement les rappeurs sont quelque chose de très sincère et il a il apporte quand même ce truc de personnage qu'on entend beaucoup dans les interprétations, notamment si vous voyez dans les changements de voix qu'il fait tout le temps. Ma raison, il y a des morceaux il se répond à lui-même, en fait il est en train de se mettre en scène, donc du coup ce personnage, ce dialogue, je pense que ce n'est pas facile parce que tout est raconté à la première personne et du coup c'est cette dichotomie des personnages a toujours été difficile pour les gens interprétés je pense.

Alors on parlait justement de la technique des binèmes dans les années deux-mille-dix avec ce rap le plus rapide de l'histoire. Écoutez. Jean-Eules, on voit la technique là, c'est incroyable.

Ce qu'on appelle les fast flow, c'est là, c'est typiquement de de l'esbroufe, c'est la beauté du geste, c'est l'amour du geste.

Oui, c'est la c'est la perf quoi.

Ouais, c'est l'idée de prouver quoi. On a toujours besoin de prouver et en plus à ce moment-là d'ailleurs, c'est même une nouvelle terminologie que se donne Eminem lui-même qui s'appelle le rap God, donc il attend un niveau statut, c'est-à-dire que donc ça je me rappelle de la sortie de ce morceau parce que c'était après un long moment de silence justement et il y avait vraiment cette idée à mon avis de revenir en disant regardez encore ce que je sais faire quoi. Alors

Miam est blanc, on a un peu insisté là-dessus, je n'espère pas trop lourdement, mais je pense que c'est un élément important.

C'est fondamentalement essentiel en fait parce que il en fait c'est je pense que quand je disais ce que l'Amérique n'a pas envie de voir, c'est justement en fait la déclaration d'amour d'Eminem, c'est-à-dire un blanc au white trash déclassé pour la culture afro américaine. En fait ce qu'il aime et ce qu'il découvre, c'est qu'il découvre cette musique, le hip-hop, il en il en tombe éperdument amoureux et du coup il va chercher toute sa vie à être accepté par cette communauté avec toujours ce ce ce côté, mais en fait du coup pardon, mais tu as la couleur de l'oppresseur fondamentalement et maintenant tu veux t'accaparer notre culture et c'est comme ça en effet qu'il grandit et c'est donc à force de talent qu'il s'est fait accepter par ses pairs et je pense que du coup le regard extérieur de cette Amérique républicaine, cette Amérique conservatrice et réactionnaire, c'était mais pourquoi est-ce qu'un blanc veut devenir ou veut faire de la musique de noir Et et c'est en fait ça Aminem a je pense aussi créé un problème des deux côtés, en fait il n'a pas été accepté par les rappeurs et pas par le public d'une certaine manière.

Mais nous, souvent on va parler de métissage, il est musical, je reviens un peu sur ce que je disais tout à l'heure, le rap est-il d'une bonne matière pour se mélanger avec d'autres musiques et créer des comme ça des métissages musicaux intéressants

Pour moi c'est justement c'est une c'est une musique presque aspirateur, je dirais, je vous tente l'expression, mais encore une fois c'est la culture du sample donc tout ce qui est nouveau est intéressant pour la production rap donc dès qu'il y a une nouvelle un nouveau rythme, une nouvelle sonorité on se dit maintenant je peux la découper parce que je peux la sampler, je peux l'échantillonner et je peux la mettre donc si on aime la musique électronique je peux rapper dessus, si on aime le jazz, je peux rapper dessus, si on aime la folk, je peux rapper dessus donc en fait, c'est une musique qui n'arrête pas de se réinventer parce que du coup elle peut puiser dans tout ce qui se réinvente et se renouvelle.

Elle pourrait puiser dans la musique classique

Elle l'a déjà fait.

C'est déjà fait. M t m

s'est beaucoup permis de le faire, il y a beaucoup de rappeurs qui l'ont fait, il y a justement en plus plus on est, plus on fait quelque chose de presque sacrilège, plus on va encore loin. Donc évidemment c'est de la provocation, autant provoquer, allons rapper sur sur du Beethoven.

Bon ça y est, je suis démasqué, j'ai fait semblant de m'y connaître. Voilà, voilà. Bon et puis il va y avoir un iminem plus engagé contre Bush qui en deux-mille-quatre et puis contre Trump, la

preuve. Et tous mes fans qui le soutiennent, je dessine une ligne dans le sable avec eux. Vous lisez les arguments pour ou contre. Si vous n'arrivez pas à décider qui vous préférez et si vous ne savez pas qui vous devez soutenir, je le ferai pour vous avec cette ligne. Vous d'un côté.

Le reste de l'Amérique se lève de l'autre. Nous aimons notre armée et nous aimons notre

pays et

nous avons un putain de problème.

Ça c'est la question de l'engagement politique et sociétal ou non durable.

Il y en a il y en a évidemment plusieurs types et c'est en fait il y a une telle diversité qui a du rap qui est de rap de l'entertainment, ce mot préféré des Américains, c'est le divertissement, c'est-à-dire d'ailleurs d'accord beaucoup de gens parfois se se cachent d'ailleurs ensemble, mais ça n'est que du divertissement et il y a aussi ce ce rap qui est encore une fois ce ce je reprends l'expression du black CNN, c'est-à-dire cette logique de de vouloir raconter quelque chose, raconter une vérité, je pense que le rap est naturellement politique dès lors qu'il met en en lumière des chants qui ne sont pas vus et ensuite il s'est engagé politiquement à de à de nombreuses reprises et de quelles que soient ses formes que ce soit en France, que ce soit aux États-Unis et et en sept on sait en plus à quel point les paroles des artistes sont importantes dans les campagnes notamment américaines, on l'a vu récemment avec Taylor Swift par exemple qui pour le coup ne fait pas du rap, mais pour qui la parole comptait et Minem il a il a du coup embrasser tellement cette culture qu'il est en fait du coup presque un porte-parole blanc de cause qui sont des causes noires.

C'est pour ça que en fait pour être un rappeur un rappeur ne peut pas aimer Trump, c'est impossible. Après il y a la démarche supplémentaire de l'affirmer quoi.

Est-ce que Trump peut aimer un rappeur

bien c'est normalement je ne pense pas encore une fois je et pourtant hélas il y a des gens qui finissent par basculer du côté obscur de la force dirons-nous qui est celui de Trump et on a vu des rappeurs en effet devenir des soutiens de Trump mais pour moi c'est contraire même à ce qui est l'essence du hip-hop c'est quand on aime le rap, on ne peut pas tomber du côté de l'extrême droite et du et du monde réactionnaire.

Alors les rapports de De Minnem avec la planète rap, il produit fifty cent Bien sûr. Qui sera quand même l'autre grande star du rap après lui-même. Qu'est-ce qu'est-ce que ça raconte ça

Ça raconte que je je pense qu'il aime tellement cette musique qu'il comprend en un peu comme docteur Drey a compris tout de suite qu'Eminem était talentueux, Eminem a compris tout de suite qu'il y avait quelque chose d'unique avec Flicky Cent, avec ce parcours de vie, c'est quand même un rappeur qui s'est pris neuf balles dans le corps, du coup avec la mâchoire qui avait été transformée à tout jamais, ce qui a changé son flow, il y avait quelque chose en plus de ce com-up américain encore une fois, je reprends l'expression pardon pour les anglicismes, son premier album s'appelle Get Rich or die trying, donc devenir riche ou ou mourir en le tentant et En fait, c'est l'incarnation de ce de ce de ce que c'est que le hip hop et encore une fois, il était entouré en plus à Millenem des plus grands producteurs de cette musique. Donc si on prend un rappeur aussi fort que 50 Cent, on amène Docteur Dre, on les met dans un studio, ça fait une nouvelle légende. Il y a toute une génération pour qui 50 Cent est un des rappeurs les plus importants.

Et de règles justement Docteur Rey, quelle place il tient Soula C'est une institution. Mais c'est, je je pense que

je n'arriverai même pas à trouver les qualitatifs, c'est fait partie, c'est le patrimoine quoi, c'est vrai, c'est vraiment, c'est quelqu'un qui a eu la vision, qui a transformé cette musique, qui inlassablement a eu cette curiosité d'aller trouver des nouveaux talents parce que derrière Eminem je lui dis à fifty cent et puis récemment il y a eu Kendrick Lamar qui vient d'être honoré encore une fois en faisant le Half time du Super Bowl donc en fait il a eu il a ce il a ce génie ce flair de comprendre qu'il y a du talent et se dire je vais me positionner, vous allez le voir, je vais transformer ça en or et et il l'a fait systématiquement.

Et le Quiesing Jones du rap

Totalement, c'est la meilleure métaphore qu'on pourrait trouver, c'est même très bonne comparaison.

Merci, merci. Moi, il y a d'autres visites que je connais. Alors quelle place occupe Eminem dans l'histoire du rap au bout du compte

Je pense qu'il incarne vraiment une sorte de bascule, c'est comme une forme de en fait historiquement on pourrait presque le le comparer à une période comme la renaissance, c'est-à-dire qu'il y a une bascule pour moi artistique, il y a une bascule symbolique et d'ailleurs en fait ce qui est qui est très étonnante parce qu'un peu comme les Beatles d'une certaine manière et ce que vous racontez très bien dans le récit, c'est qu'en fait il laisse trois disques, mais dans un laps de temps qui est très court comme les Beatles l'ont fait en très peu

de temps.

Exactement et en fait aujourd'hui il continue à vendre énormément d'albums alors que la qualité de ce qu'il produit n'est plus du tout la même, mais il a il a cette trace indélébile sur la musique parce qu'il a changé les règles du jeu en fait, il a autorisé des gens à rapper, il a autorisé des gens à se travestir en le faisant, il a autorisé des gens à prendre des risques, il a autorisé les gens à devenir eux-mêmes dans cette musique, Donc je pense que encore une fois pour prendre l'expression américaine, c'est un game changer, c'est-à-dire qu'il a changé les règles du jeu. Il a dit à partir de maintenant, soyez le plus libre possible, autorisez-vous à tout dire donc dans l'espèce d'univers un peu du freezepeech américain, c'est voilà, c'est une c'est une plaque tournante je dirais de la musique et aujourd'hui encore une fois, il est classé par tout le monde dans les plus les idoles absolues et les plus grands rappeurs en tant que virtuose et en tant qu'inventeur je dirais.

Et je dirais vous écouter que personnage influent.

Bien sûr c'est dans

le rap.

Ouais c'est un c'est un, encore une fois éminent je pense que ce que vous employez comme terme tout à l'heure veut tout dire, c'est-à-dire que il reste en fait c'est un phare dans la culture, c'est un c'est quelqu'un en fait on ne peut pas aujourd'hui prétendre faire du rap sans sans connaître la discographie des Millenem, j'irai jusque-là, c'est-à-dire qu'il faut connaître c'est c'est comme quand on fait son solfège, quand on fait son solfège de rap, il faut il faut connaître les discographies des Munem pour comprendre comment on écrit cette musique. En en

sept secondes, il reste sept secondes, voilà. Qu'est-ce que vous écoutiez vous encore un jeune homme, qu'écoutiez-vous comme musique avant de découvrir le rap

Beaucoup beaucoup de de pop, de rock, beaucoup de guitare. J'aimais beaucoup la guitare et ce truc rebelle aussi qu'a le rock un peu comme le rap.

Ça c'était intéressant. Merci. Justement parce qu'on pense que beaucoup d'amateurs du rap aussi viennent peut-être de ces racines-là.

J'aime tout.

Merci beaucoup. Merci

infiniment.

Et affaires sensibles aujourd'hui est une émission que vous pouvez réécouter en podcast bien sûr, à la technique pour aujourd'hui il y avait Gilles Gaillard.

Podcast: Affaires sensibles
Episode: Eminem, le mauvais garçon du rap