Paroxysme de la guerre fratricide entre néerlandophones et francophones, la cession de l'université de Louvain a fait tomber le gouvernement et entraîne une transformation des institutions du pays. Le Walen Boyten bouleverse le destin d'un pays qui n'a cessé de chercher son identité construite au fil de ces langues, une histoire définitivement sensible. Notre invité aujourd'hui Cédric Istas, chercheur, spécialiste notamment de l'histoire politique de la Belgique et des questions linguistiques, il est membre du Centre de recherche et d'information sociopolitique, un organisme indépendant situé à Bruxelles qui étudie les processus de la décision politique en Belgique et aussi au niveau européen. Affaire sensible, une émission de France inter, récit documentaire Jullier Prouteau rédaction en chef Franck Cognard, chargé de programme Rebecca Denante, réalisation François Audoin. Fabrice Drouel, affaires sensibles sur France inter.
Regardez une carte de géographie, certaines frontières naturelles se matérialisent par de grands fleuves ou par d'impressionnantes chaînes de montagnes. Parfois, il s'agit aussi plus simplement de betteraves. Oui, vous avez bien entendu des betteraves. Si vous prenez une carte représentant les zones de production de ce légume racines sucriers en Belgique, vous constaterez qu'elles suivent presque parfaitement le tracé de la frontière qui sépare la Flandre néerlandophone au nord de la Wallonie francophone au sud. Le fameux mur de betteraves comme on dit.
C'est précisément au niveau de cette étrange frontière que se situe la petite commune wallonne d'Otini à quelques dizaines de kilomètres au sud-est de Bruxelles. Mais au début de l'année soixante-onze, les choses sont sur le point d'évoluer. En réalité, ça fait des mois maintenant que ça s'agite. Nous sommes le mardi deux février soixante-onze et dans les champs de betteraves, c'est l'excitation. Les gens commencent à affluer, des dizaines de journalistes se déploient.
Et plus rapidement, tout ce que la province compte de représentants locaux est réuni à Outigny. Et là, les choses sérieuses commencent. C'est que le jour est historique à la hauteur d'un projet fou créé à partir de rien, au milieu de rien, une université et dans la foulée une ville. Ou allons enfants de la patrie, pour l'occasion, le roi des belges lui-même a fait le déplacement. Il est au premier rang pour écouter le discours prononcé par monseigneur Massault, recteur de l'université.
Après de lourdes et longues années d'épreuves, notre université entre ce jour dans une ère nouvelle de son histoire séculaire. L'université de Louvain fondée par le souverain pontife Martin cinq hors l'an du seigneur quatorze-cent-vingt-cinq mais transféré ici par moitié afin de continuer comme auparavant en langue française l'enseignement et le progrès de la science universelle renaît.
Les mots prononcés par le recteur sont graves, lourds, politiques et au goût de défaite. Parce qu'ils traduisent l'ambiguïté des sentiments ressentis par toute l'assemblée ce jour-là. Parce que tous le savent, la pause de la première pierre de Louvain-la-Neuve, c'est le symbole de la Belgique unitaire qui s'écroule. Parce que ce projet, le roi, le gouvernement, les étudiants, les professeurs au départ, personne ici n'en voulait. Mais ils ont été contraints trois ans auparavant en mille-neuf-cent-soixante-huit parce qu'ils parlent le français
et que leur université de Louvain était en territoire flamand. En Belgique,
certes, mais en Flandre, mais en Flandre d'abord. Dorénavant, ils n'étaient plus les bienvenus dans cette université, dans cette ville au sein de leur propre pays. Insensé, peut-être, pas imprévisible. En Belgique, quand il est question de langue, il n'est jamais question que de langue. Derrière les conflits linguistiques, c'est bien nos politiques qu'il s'agit, d'enjeux identitaires, communautaires, qui traversent le pays et son histoire de part en part.
Et pour prendre la mesure des cataclysmes générés par la scission de l'université d'Ouvin et l'exode des francophones, il faut remonter bien avant soixante-huit. De toute façon, la Belgique est une affaire sensible en soi. C'est peu de dire que les raisons qui ont mené à sa création sont singulières. Comme le rappelle d'ailleurs Yves Tirand, directeur de la rédaction à la RTBF dans l'émission l'effet papillon.
Au fond, c'est vrai que la Belgique est un état artificiel. La Belgique a été créée au dix-neuvième siècle pour mettre un état tampon entre la France et l'Allemagne. Donc on s'est retrouvé avec des gens du nord et des gens du sud, des latins, des anglo saxons qui a priori n'avaient rien demandé à personne, personne.
À partir de mille-huit-cent-trente, année de création du pays, tous ces gens qui a priori n'avaient rien demandé à personne se retrouvent donc placés sous le même drapeau pour limiter notamment l'expansion française. La difficulté étant qu'effectivement, cette population se compose de groupes très différents culturellement. Au nord, la Flandre, l'héritage plutôt anglo-saxon, au sud, la Wallonie de culture latine. Le nord est d'appartenance protestante quand le sud lui est d'obédience catholique. La Flandre est rurale, la Wallonie industrielle.
L'économie de ces régions repose donc sur des bases différentes. L'agriculture au nord, les mines et la métallurgie au sud. Et puis bien sûr, il y a la question de la langue. Car les belges n'ont pas la même. Néerlandais ou flamands dans le nord, français en Wallonie.
Et puis allemand aussi dans une moindre mesure du côté de la frontière germanique. Voilà tout cela aurait pu être un détail, une spécificité indolore, comme en Suisse par exemple. Mais non, pas là. Car à la différence de la Suisse qui reconnaît du départ quatre langues officielles, la Belgique ne reconnaît en mille-huit-cent-trente que le français. Certes sur le papier, la constitution ne fait pas de distinction entre les communautés.
Il n'y a pas de frontière linguistique officielle puisque l'idée est de construire un état unitaire centralisé qui englobe et qui dépasse ses différences. Mais ça, c'est sur le papier. En réalité, c'est bien le français qui s'impose à tous et à toutes. Parce que dix-neuvième siècle, cette langue, la nôtre aussi, c'est celle de l'argent et du pouvoir dans toute l'Europe. Et en Belgique, l'argent et le pouvoir, il se situe en Wallonie.
Ceux qui parlent flamands, alors même qu'ils constituent la majorité de la population, sont alors considérés comme des citoyens de seconde zone, des péquenots quoi. Ce que confirme Hervé Aska, historien belge.
Mais il faut reconnaître et comme moi long, je le reconnais, que la bourgeoisie francophone de Bruxelles, de Flandre et de Wallonie a méprisé la langue néerlandaise et s'est dialectes. Rappelons-moi qu'une chose que les belges oublient ou ne savent plus, c'est que le flamand n'est devenu langue officielle en Belgique qu'en dix-huit-cent-nonante-huit, donc à la fin du dix-neuvième siècle. Les premières lois La clé est faite, comment dire en Inde
Non, les
les premières lois linguistiques en Belgique sur l'enseignement, l'administration datent de dix-huit-cent-septante-trois. Mais on sait bien encore au début du vingtième siècle que beaucoup de ces lois ne sont pas appliquées ou en tout cas sont très mal appliquées. Il n'y a pas d'enseignement supérieur. Il y a eu des injustices à l'égard des classements Sans aucun. Et que la Belgique apparaissait comme une Belgique marâtre, une Belgique qui ne voulait pas tenir compte de la vie de ceux qui constituaient la majorité de la population.
En Belgique, depuis la naissance du pays, la langue est le symbole d'un rapport de force, de pouvoir et de classe. L'égalité linguistique n'existe pas. Ainsi pendant des décennies, aucune place n'est faite à la langue flamande et donc à ceux qui la parlent. En Flandre, région où la quasi-totalité de la population parle néerlandais donc, aucun cours dans cette langue n'est dispensé dans les lycées ou les universités avant le début du vingtième siècle. La possibilité de faire des études est donc plus que limitée pour ces belges qui ne parlent pas ou mal le français.
Une ségrégation linguistique qui crée de fait un plafond vert socio-économique pour toute une partie de la population. Et puis, l'université catholique de Louvain n'est pas n'importe laquelle, c'est l'une des plus vieilles d'Europe et l'une des plus importantes de Belgique. Elle l'existence même du pays puisqu'elle existe sous différentes formes de façon quasi ininterrompue depuis mille-quatre-cent-vingt-cinq, date de sa création par le pape de l'époque, un certain Martin cinq. Martin v comme dirait Jacques Brel, le génie voilon. Et pendant des siècles, l'université de Louvain va constituer le coeur du savoir académique et théologique de
la
région. Voilà comment en mille-huit-cent-quarante, monseigneur de Rame, le recteur magnifique selon la formule toujours d'usage de l'université résume l'émission et les ambitions de l'université.
L'université catholique est une espèce de boulevard opposé aux ennemis de la religion et au progrès de ces funestes doctrines qui depuis un demi-siècle ont ébranlé les bases de la société. Parmi les bonnes oeuvres que le zèle du bien public inspire chaque jour et que chaque jour voit éclore parmi nous, il n'en est pas de plus importante. Il n'en est pas qui promettent de plus heureux résultats que celle de l'université catholique. C'est un devoir impérieux pour nous de soutenir cette belle institution de notre crédit, de notre fortune, de nos talents. La jeunesse que l'université catholique aura formée réalisera nos désirs.
Rien que ça, c'est peu de dire que pour les catholiques belges, l'université de Louvain est une institution fondamentale. C'est toujours le cas d'ailleurs, comme en témoigne la visite du pape François en septembre dernier pour célébrer le six-centième anniversaire de l'établissement. Mais l'université représente aussi un symbole très important de l'histoire culturelle flamande. Petite ville à l'architecture gothique, Louvain ou Lloyd donc, s'est construite avec et autour de son université devenue au fil des siècles un foyer intellectuel de premier plan. Et depuis sa création, elle attire des étudiants venus de toute l'Europe.
On y enseigne en latin d'abord, puis en français, et ensuite à partir des années trente, en français et en néerlandais. Tous les cours sont donnés dans les deux langues, tout comme les délibérations académiques et l'administration bilingue donc. Pendant la première partie du vingtième siècle, cette mixité linguistique ne semble pas poser des difficultés, comme en témoigne cette ancienne étudiante pour le documentaire de la RTBF intitulé ce jour-là. Walen Boyten.
J'étais étudiant en droit dans la section néerlandaise de l'université effectivement avec l'intention de devenir un juriste à Bruxelles donc bilingue. Les cours étaient faits dans les deux sections francophones et flamandes en parallèle dans les mêmes bâtiments et la coexistence est excellente. On se parlait éventuellement d'un groupe linguistique à l'autre selon les amis que l'on avait, mais les choses étaient très pacifiques.
Jusque dans les années cinquante, une ambiance relativement fraternelle semble donc prévaloir dans cet environnement clos, relativement préserver des tensions qui grandissent progressivement de part et d'autre du pays. Car les conflits mondiaux qui bouleversent l'Europe en mille-neuf-cent-quatorze, puis en mille-neuf-cent-trente-neuf, renforcent les tensions entre les wallons et les flamands. La première guerre attise le sentiment d'injustice vécue par les flamands à l'égard de leurs compatriotes francophones. Le français non seulement la langue de l'élite culturelle et politique, mais aussi celle des officiers de l'armée belge. Or, la majorité des soldats, des fantassins eux, ne parlent que le néerlandais.
Et on raconte souvent l'histoire de ces soldats flamands morts au combat parce que leur supérieur hiérarchique leur ont donné des ordres dans un français qu'ils ne comprenaient pas. Ce récit mythifié et mystifié m'a aidé à fonder le courant nationaliste identitaire flamand. La collaboration de ce mouvement, le Vlaams national Werbond avec les allemands durant l'occupation nazie va renforcer le mépris des wallon à l'encontre de leurs compatriotes néerlandophones. Et puis le fait est que la Flandre n'est plus ce qu'elle était, elle se développe considérablement à partir des années cinquante. Son économie rattrape progressivement son retard sur le Wallonie en misant sur l'industrie automobile, chimique, textile.
Inversement, l'économie de la région francophone qui s'appuie largement sur les charbonnages commence à s'affaiblir. Voilà à quoi ressemble le contexte national à la fin des années cinquante. Un renversement économique et des tensions identitaires qui se cristallisent autour de la question linguistique et qui aboutissent en mille-neuf-cent-soixante-deux à la légalisation, l'officialisation même d'une frontière linguistique séparant la Flandre néerophone de la Wallonie francophone. En mille-neuf-cent-soixante-quatre, le président de la commission de contrôle linguistique revient sur les objectifs de cette frontière au micro d'un journaliste de la RTBF.
Cette frontière linguistique n'a nullement espéré ou voulu faire une séparation nette entre Flamands et Vallon au contraire cette frontière linguistique est une sorte de séparation administrative qui permet de résoudre facilement les problèmes qui se posent pour chaque région. Je crois que la frontière qui a été fixée par la loi de soixante-deux peut au contraire ramener les belges à une meilleure entente.
Le huit novembre soixante-deux, le parlement belge composé en majorité de députés flamands vote donc la loi Gilson qui fixe officiellement la ligne de démarcation linguistique entre la Wallonie et la Flandre et qui établit le principe de l'unilinguisme dans ces deux régions. Autrement dit, dorénavant en Flandre, on parlera exclusivement néerlandais. À La Poste, au commissariat, chez le boucher ou à l'école, la langue française n'est plus reconnue. Alors quid des francophones qui se situent en zone néerlandophone C'est bien le problème que vous rencontrez quelques milliers d'étudiants catholiques qui étudient à Louvain. Vous écoutez affaires sensibles sur France inter aujourd'hui l'affaire de Louvain, une histoire belge.
Affaire sensible, Fabrice Drouel.
Il y a un mouvement flamand qui depuis depuis en fait mille huit cent trente-huit et l'écriture du lion des Flandres par Henri conscience de Halimi a un mouvement flamand qui demande une autonomie culturelle. Il voudrait bien pouvoir développer sa culture, son enseignement, sa langue comme il le souhaite. Et le mouvement flamand est relativement je dirais homogène de ce point de vue là depuis depuis le début. Et dans les années soixante, il se passe des choses intéressantes pour ce mouvement flamand.
Oui, il
se passe des choses intéressantes en Belgique en mille-neuf-cent-soixante-deux, à commencer par la loi qui établit nos frontières linguistiques entre la Wallonie et la Flandre, cette dernière étant dorénavant administrativement et légalement néerlandophobes. Mais elle ne règle pas encore la question pour les universités qui sont alors bilingues, celle de Louvain en particulier et il est clair que le mouvement flamand compte bien utiliser cette loi pour lancer ou relancer, c'est selon, une dynamique communautaire parmi les étudiants qui sont, rappelons-le en ce début des années soixante, de plus en plus nombreux dans les universités. À Louvain ou désormais, on estime qu'à l'époque, leur nombre augmente de dix à quinze pour cent chaque année. Or le campus de la petite ville à l'architecture gothique n'est pas extensible. Alors où va-t-on les mettre ces futurs étudiants Voilà une question pratique apolitique et a priori éloignée de la thématique linguistique.
C'est pourtant bien elle qui va servir d'excuse toute faite pour envoyer les francophones là d'où ils viennent donc en Wallonie. Écoutons sur ce point le témoignage d'un étudiant flamand de l'université de Louvain en soixante-six, suivi d'un micro trottoir de l'époque pour la télévision belge.
Il ne
s'agit pas je crois pour les étudiants flamand de chasser les vallons. On n'a rien contre les vallons. On aime bien les ballons comme tels. Mais s'il y a une des deux parties qui doit partir de Louvain puisque Louvain est une ville qui est complète, je crois que France, si je pense logiquement que ce sont les ballons.
Et que la présenter des francophones même en minorité ici à Louvain, est-ce que ça ça vous gêne réellement vous en tant que flamand
Non autant que ces francophones, comment dirais-je, acceptent qu'ils se trouvent au pays flamand et qui s'adaptent quand elles.
Il y a une classe, une catégorie des gens qui ne veulent pas s'intérêt dans la population et pourtant qu'ils comprennent bien le néerlandais donc ils ne veulent pas s'intérêt dans la population. C'est une question de snobizmissime.
C'est la population appelée riche aussi. Oui. Et ils ont de l'argent. Moi je suis
ni maman ni Flaman,
je suis un belge. Flamands avant d'être belge, ce dernier témoignage révèle bien la dimension identitaire que revêt progressivement la problématique linguistique pour beaucoup de flamands. Dans ces conditions, il semble assez évident pour la grande majorité des habitants et étudiants de Louvain que les francophones seraient mieux ailleurs. Quitte à construire d'autres campus pour gérer l'afflux étudiant, pourquoi ne pas faire de la place en créant pour ces derniers leur propre université catholique En Wallonie, autrement dit, pourquoi ne pas mettre les catholique En Wallonie, autrement dit, pourquoi ne pas mettre les francophones dehors Le vert est dans le fruit. Nous sommes en mille-neuf-cent-soixante-deux et c'est le tout début du Walen-Beuthen, autrement dit, les voilons dehors.
À la manifestation des étudiants du régime français pour l'unité de l'université de Louvain s'est opposé une contre manifestation flamande. Police et Tamoké doivent intervenir pour dégager Certains slogans ne sont pas faits pour rassurer les francophones qui voient dans ces inscriptions un langage ultra nationaliste s'apparentant à un racisme qu'on croyait définitivement enterrer.
Nous sommes donc au tout début des années soixante, quand les slogans xénophobes, Walen Boyten ou Lloyd Flamms, l'ouvain en flamand, retentissent dans les rues de la ville. Et à ce moment-là, il s'agit d'un problème local, pas encore pris au sérieux par les hommes politiques du pays. Pourtant, quelque chose est en train de bouger. D'ailleurs, le mouvement flamand organise d'autres manifestations, notamment à Bruxelles pour défendre l'autonomie culturelle et l'identité de leur région. Ils sont plus de quarante mille à défiler dans la capitale lors de la marche sous la mode de mille-neuf-cent-soixante-deux.
Quarante mille, le chiffre avait marqué les esprits évidemment. Mais revenons à Louvain. En parallèle des premiers mouvements et studiantiens de mille-neuf-cent-soixante-trois, des membres de la section francophone sont officieusement chargés de procéder à une sorte de prospection immobilière. C'est la responsabilité qui incombe à Michel qui vient d'être nommé administrateur général de la section française. C'est lui qui initie les recherches pour trouver un endroit où les étudiants francophones pourraient s'établir.
Si d'aventure le vent tourne. Alors de préférence pas très loin, mais de l'autre côté de la frontière linguistique. D'autant que dans tous les cas, scission ou pas, il faudra bien que le camp puisse s'étendre. Bien les années passent, mais la tension ne baisse pas, au contraire. Entre autonomie culturelle et revendications identitaires, avec un nombre d'étudiants qui explose, le mouvement flamand s'ancre à Louvain.
En décembre mille-neuf-cent-soixante-cinq, une autre manifestation plus importante ou plus dense s'organise dans les rues de la ville pour demander le départ des francophones. Une idée fixe et cette fois, les étudiants visés décident de réagir, mais avec humour. Le même jour, ils sont ainsi près de quatre mille à quitter l'enceinte de leur université pour aller en fonder symboliquement une autre dans l'improbable hameau de qu'on pourrait littéralement traduire par pétaouchnok. Un étudiant raconte dans l'émission la fabrique de l'histoire sur France culture.
Nous avons choisi aussi parce que nous voulions faire une manifestation mais qui soit une manifestation qui à tout prix éviterait des incidents. Et comme nous voulions donner un ton ironique et humoristique à notre manifestation pour cristalliser un peu plus les étudiants, nous avons choisi Utsipu. Nous sommes d'abord, nous avons d'abord vu Utsipu exister sur la carte et quand nous sommes rendus compte que ça existait, on a décidé d'y venir. Nous voulons également montrer la force des étudiants francophones de Louvain et nous voulons également aussi alerter le pays et spécialement la les régions francophones du pays pour qu'elles s'intéressent aussi à cette université qui est un patrimoine national et qui est aussi leur université.
Les images de cette manifestation sont joyeuses et un peu absurdes. On peut voir des étudiants portant des pancartes avec inscription ironique, un métro à ou encore un coin coin à nous, à l'humour belge. Et si ce n'était pas un cliché Oui, sauf que là, il ne s'agit pas d'une blague. Le tout se durcit, quand quelques mois plus tard, les évêques du pays se déclarent publiquement opposés à la scission de l'université qui rappelons-le est catholique. Et donc sous l'autorité épiscopale.
Nous sommes le treize mai soixante-six, voici une partie de leur déclaration. Nous
nous refusons à envisager deux universités catholiques dans notre pays, même si la réalisation était financièrement et politiquement possible. Les décisions étant prises, nous entendons les exécuter à l'abri de toute pression et nous demandons à tous de s'y rallier. Cet appel devient un ordre quand il s'agit des membres du personnel. Personne n'est obligé de postuler des membres du personnel. Personne n'est obligé de postuler une fonction dans l'université.
S'y engager à un titre quelconque, c'est donc adhérer librement à la volonté de ses chefs.
Le ton paternaliste et autoritaire employé par les autorités religieuses offensent presque autant que le fond du propos. Il y a quelque chose d'intape sur les doigts avec une règle, comme on rappelle à l'ordre un enfant un peu trop turbulent. Et la réaction des étudiants flamands est immédiate. Ils organisent une marche silencieuse le soir même, une grève des cours dès le lendemain, et c'est toute la région flamande qui se sent visée par la récrimination des évêques et qui commence à grincer des dents. La rentrée universitaire qui suit ces événements est chaotique.
Les manifestations se multiplient de part et d'autre et signe que le conflit se généralise, plus de trente mille militants nationalistes flamands se réunissent le cinq novembre mille-neuf-cent-soixante-sept à Rover pour réclamer la scission de l'université de Louvain et le départ de la section francophone. Ce qui était au départ une problématique universitaire est absorbée par la frange identitaire et nationaliste de toute la région néerlandophone. Il n'empêche que les autorités francophones refusent de céder à la pression. Et en janvier mille-neuf-cent-soixante-huit, le quinze exactement, les dirigeants de la section française de l'université déclarent qu'elle refuse la scission et c'est l'étincelle qui enflamme les étudiants flamands.
À Louvain, les manifestations se succèdent, c'est l'escalade dans la violence. Les flamants n'acceptent pas le plan d'expansion de la section francophone qui prévoit le statu quo à l'exception de la faculté de médecine qui doit s'établir à évoluer et de la construction de quelques extensions à Outigny. Louvain est mise à sac, le mot révolution est lancé.
Là s'inscrit le tournant de l'affaire Louvain parce qu'à partir de janvier soixante-huit, le conflit prend des proportions telles qu'il
s'impose à l'agenda politique national. Les députés du parti
social chrétien, le parti au pouvoir, national. Les députés du parti social chrétien, le parti au pouvoir sont obligés de réagir et de constater publiquement leur désaccord. Car en soixante-huit, les partis politiques sont encore unitaires avec des députés flamands et wallon. Et sur la question de Louvain, ces derniers sont irréconciliables. Alors que l'évêque de Bruges, troisième ville de Flandre décide de revenir sur ses positions et de remettre en cause la déclaration épiscopale, celle qui marque la division du monde catholique belge, le gouvernement du premier ministre Paul van den Moinens est sommé d'intervenir.
Mais le gouvernement lui-même est divisé sur le sujet. Le sept février soixante-huit, les ministres flamands démissionnent et c'est la chute du gouvernement. Les élections anticipées sont encore organisées en mars suivant, élections remportées pour la première fois en Flandre par le parti nationaliste. Trois mois plus tard, le nouveau gouvernement impose la scission à la section française de l'université de Louvain. La loi du vingt-huit mai soixante-dix institue deux universités séparées.
La et l'université catholique de Louvain implantée à Louvain-la-Neuve. Mais les travaux pour la lancée et la ville qui l'entoure sont gigantesques. Pendant des années, les amphis sont reliés par les planches en bois et tous les étudiants viennent en cours chaussé de bottes de pluie pour se protéger de la boue du chantier. Et quand ils se rendent dans leur nouvelle bibliothèque, les francophones ne trouvent qu'une partie des ouvrages de leur ancien établissement. Parce que par souci d'équité, le fond documentaire a été divisé en deux.
À Lloyd les livres côté impairs, à Louvain-la-Neuve, du côté père. Au-delà des anecdotes, l'année de la scission, l'état belge entame sa première révision constitutionnelle qui consacre et qui inscrit l'existence de trois communautés culturelles distinctes au sein du pays. C'est le début de la fin de la Belgique telle qu'on la connaît alors, la fin en tant qu'état unitaire et les prémices d'une construction fédérale.
Je crois que ça fait cent trente ans que la Belgique existe. Un problème a été posé pendant cent et trente ans et je crois qu'il restera posé encore longtemps. Il faudra s'y faire, mais j'espère que la jeune génération aura suffisamment d'intelligence et de compréhension pour les les problèmes autrement importants parfois et pour pouvoir transcender les difficultés actuelles. Cependant, on ne me fait pas dire que le problème linguistique n'est pas un vrai problème, c'est un problème réel, difficile, délicat. Voyez-vous, vrai problème, c'est de savoir si on est décidé à vivre ensemble.
Et si
on répond non à cette question, et bien alors il faut en tirer les conclusions, et savoir qu'il n'y a, qu'il n'y a plus de pays. Si on répond oui, et bien alors chacun doit faire l'effort au nord et au sud. Car il ne faut pas essayer de chercher la, la paille dans l'oeil du voisin quand on a une poutre dans son propre oeil. Mon vice-premier ministre et moi-même n'avons qu'un seul souhait à formuler ce soir, c'est que la Belgique surmonte rapidement, valablement et dignement cette crise.
Ces questions posées par l'ancien premier ministre von der Buynens au moment de l'affaire de Louvain sont d'actualité. Ainsi en décembre dernier, dans un train qui circulait depuis la Flandre vers Bruxelles, contrôleur a salué au micro les passagers par un bon jour prononcé en flamand puis en français. Et bien l'un des usagers a porté plainte devant la commission de contrôle linguistique car ces mots ont été prononcés alors que le train était toujours en région flamande et que seul le néerlandais devait être utilisé. La devise de la Belgique est rappelons-le, unie dans la diversité, tout un programme. Et un continuum historique.
Lundi dernier, Bar Devert, le nouveau premier ministre a prêté serment devant le roi des belges. Il s'agit du premier indépendantiste flamand à diriger le pays. Devert est le président de la NVA, un parti dont les statues prônent toujours officiellement la création d'une république indépendante de Flandre. Quant aux fameuses blagues belges, tiens parlons-en c'est l'occasion, elles ont été pour la plupart inventées par les belges eux-mêmes lorsqu'en mille-neuf-cent-cinquante, Wallon et Flamands s'est disputé sur le maintien de Léopold trois sur le trône. Wallon et Flamand, décidément.
France inter.
Affaires
sensibles, Fabrice Drouel. Aujourd'hui l'affaire de Louvain, notre invité à Bruxelles, Cédric Istas, bonjour. Bonjour. Vous êtes chercheur, spécialiste notamment de l'histoire politique de la Belgique et des questions linguistiques, vous êtes membre du Centre de recherche et d'information sociopolitique. C'est un organisme indépendant situé à Bruxelles qui étudie les processus et les acteurs de la décision politique en Belgique et aussi au niveau européen.
Est-ce qu'on peut dire effectivement que l'épisode de Louvain marque l'une des grandes étapes de la mise en place d'un système fédéral en Belgique
Oui, ça a incontestablement été un moment important. Alors évidemment, la Belgique n'avait pas attendu les années dix-neuf-cent-soixante pour se rendre compte qu'elle comptait en son sein deux grandes communautés culturelles et linguistiques, les francophones d'un côté et les néerlandophones de l'autre, ni pour prendre conscience que ces deux communautés étaient en opposition aiguë sur de nombreux sujets. Et la Belgique n'avait pas non plus attendu la décennie des sixties pour réfléchir à une réforme de ces institutions qui permettrait de résoudre ce problème de coexistence. Ainsi, le projet d'une séparation administrative entre la Wallonie et la Flandre existait depuis le tournant des dix-neuvième, vingtième siècle, et comme cela a été rappelé dans votre reportage, l'année dix-neuf-cent-soixante-deux, au cours de laquelle a véritablement commencé l'affaire de Louvain, a aussi été celle de la fixation de la frontière linguistique qui sépare depuis lors sous le plan de l'emploi des langues, la partie francophone du pays de la partie néerlandophone. Mais tout cela n'empêche que l'affaire de Louvain a été un jalon de grande importance et en particulier parce que cet épisode a opéré un changement d'orientation majeur au sein de ce qui était alors la principale force politique du pays, les sociaux chrétiens en effet, jusqu'alors résolument unitaristes, ceux-ci ont alors adopté un programme fédéraliste.
J'ai vu la déclaration d'un historien dans un article de journal qui disait après plus de vingt-cinq ans de réformes constitutionnelles, on peut affirmer que la Belgique a davantage changé qu'aucun autre pays occidental démocratique et industriel. Qu'en pensez-vous
Je pense que c'est exact. En effet, depuis mille-neuf-cent-soixante-dix, la Belgique a véritablement pris les allures d'un chantier institutionnel quasi permanent. Penser que la Belgique a connu pas moins de six réformes de l'État, à tel point que pour s'y retrouver, elle est numéro C'est sans doute le seul pays au monde à faire cela. La première réforme de l'État a eu lieu en mille-neuf-cent-soixante-dix, mille-neuf-cent-soixante-treize, et la dernière en date, la sixième, en deux-mille-douze, deux-mille-quatorze. Concrètement, cela signifie donc que depuis dix-neuf-cent-soixante-dix, la Belgique travaille constamment à digérer une réforme de l'État et à en préparer une suivante.
On est loin d'un régime constitutionnel stable. En Belgique, l'État a véritablement changé de nature, d'unitaire, il est devenu fédéral. C'est vraiment un changement fondamental qui n'a pas d'équivalent ailleurs.
Pourquoi la Belgique n'a pas opté pour une gestion de la question linguistique, la façon de la Suisse justement
Oui effectivement spontanément on a tendance à comparer la la Belgique et la Suisse, deux pays fédéraux, d'Europe occidentale, similaires quant à leur superficie et au nombre de leurs habitants, divisés entre plusieurs linguistiques avec des langues romanes, des langues germaniques. Et d'ailleurs moi je me rappelle que dans l'histoire d'un mec, Coluche disait en parlant de la Suisse et de la Belgique, dans l'ensemble, ça ne valait pas la peine de faire deux pays rien que pour ça. Il estimait que c'était, en fait les belges et les suisses ne se rendaient pas compte qu'en fait c'était exactement le même peuple, il n'y avait pas besoin de faire deux pays rien que pour ça. Mais en réalité, les deux pays sont très différents et au moins pour deux raisons, d'une part en Belgique, les problèmes linguistiques
sont réellement l'origine et le
moteur du fédéralisme.
Alors, réellement l'origine et le moteur du fédéralisme. Alors que ce n'est pas le cas en Suisse. Ce n'est pas en raison de problèmes linguistiques que la Suisse a opté pour le fédéralisme. Et d'autre part, en Belgique, les divisions territoriales entre les entités fédérées, c'est-à-dire entre les régions et les communautés, sont véritablement basées sur les aires de répartition des langues. Alors que tel n'est nullement le cas s'agissant des cantons en Suisse.
Une petite précision, c'était évoqué dans le récit, ce qu'il y a des endroits en Belgique notamment vers la frontière allemande où on parle allemand.
Oui effectivement, il y a une une petite zone du côté de l'Allemagne, la région de Peine et de Malmedi, une région qui a été rattachée à la Belgique après la première guerre mondiale, l'équivalent de dommages de guerre et depuis dix-neuf-cent-septante, cette région est également une entité fédérée, une communauté qu'on appelle la communauté germanophone, elle représente aujourd'hui environ septante mille personnes et on a l'habitude de la dénommer la minorité linguistique la mieux protégée du monde.
Ah bon et pourquoi
Parce qu'elle, voilà, voilà, ce sont des, des politologues et des constitutionnalistes qui, qui ont étudié la question. Et donc c'est une minorité linguistique, je vous dis septante-mille personnes sur environ dix, onze millions de personnes. Alors, ils ne sont pas protégés sur l'ensemble du territoire. Vous ne pouvez pas parler l'allemand n'importe où en Belgique, notamment pas à Bruxelles, mais sur leur territoire, ils disposent d'un grand nombre de compétences, notamment en matière d'emploi des langues, d'enseignement, de santé, mais également d'aménagement du territoire. Et donc il semblerait que ce soit la minorité nationale constituée sur une base linguistique qui bénéficie de la plus grande autonomie dans un cadre en tout cas fédéral.
France
Inter, affaires sensibles. C'est vrai qu'ils se disent, on dit souvent que l'épisode de la scission de Louvain que nous avons raconté a marqué la fin de la Belgique de papa. Qu'est-ce que cette expression signifie
Effectivement, c'est une formule qui est passée à la postérité et figurez-vous qu'elle est en fait apocryphe. Sa version originale permettez-moi de la citer en entier, c'est l'État unitaire, tel que les lois le régissent encore dans ses structures et dans son fonctionnement est dépassé par les. Les communautés et les régions doivent prendre leur place dans des structures rénovées de l'État qui doivent être mieux adaptées aux situations spécifiques du pays. Cette phrase a été prononcée le dix-huit janvier dix-neuf-cent-soixante-dix par le premier ministre belge Gaston Heiskens, pour qu'il annonçait au parlement qu'un accord avait été trouvé concernant une réforme de l'État. C'est-à-dire celle qui est devenue première réforme de l'État, mais qui à l'époque était censée être la seule et unique réforme de l'État, puisqu'on pensait qu'elle allait résoudre définitivement le contentieux entre les Wallons et les Flamands.
Cette phrase, elle est liée à l'affaire de Louvain. En cela que l'affaire de Louvain avait été la cause directe de la chute du gouvernement Van denenburghans en février dix-neuf-cent-soixante-huit, et il n'avait été ensuite possible de former un nouveau gouvernement qu'à la condition d'adopter une réforme de l'État. La fin de la Belgique de papa, c'est tout simplement la fin de la Belgique unitaire, celle qui existait depuis dix-huit-cent-trente, au profit d'une Belgique des communautés et des régions, comme on l'appelait alors, qui en dix-neuf-cent-soixante-dix n'était pas encore un État fédéral, mais une Belgique qui est bel et bien devenue un État fonctionnant selon les règles du fédéralisme vingt ans plus tard.
Et qu'est-ce qui relie au bout du compte les flamands et les wallons aujourd'hui
Alors il existe encore quelques symboles identitaires nationaux, on cite souvent Tintin, les frites, le surréalisme, les diables rouges, c'est-à-dire l'équipe nationale de football et le roi. Encore que le roi ce soit discutable à certains égards, c'est
un ciment ou pas C'est
un ciment oui et il a le souci de d'être neutre linguistiquement le plus possible et de ne pas prendre position dans les querelles linguistiques, mais en même temps à certains égards, c'est un facteur de division puisque notamment au nord du pays, la sensibilité est plutôt républicaine, en tout cas c'est les nationalistes flamands. Et dans l'histoire du pays, le roi en particulier Léopold trois a été un facteur d'aggravation des tensions et des des divergences entre Wallon et Flamand. Plus largement donc je disais il y a quelques symboles nationaux, il existe tôt et c'est incontestable un certain esprit national belge, même si celui-ci se définit souvent en creux, c'est-à-dire plus parce qu'il n'est pas que parce qu'il est et même si cet esprit national belge comporte, il faut bien le dire, une bonne dose d'autodérision. Mais cela dit, il est tout aussi incontestable que ce sentiment national belge est bien plus présent dans le sud du pays en Wallonie et en région bruxelloise que dans le nord, c'est-à-dire en Flandre. De même qu'il est incontestable que les mentalités entre les francophones et les néerlandophones divergent de plus en plus, cela notamment en raison de paysages médiatiques fortement cloisonnés.
Alors si on prend des exemples concrets et emblématiques, Jacques Brel par exemple, est-ce que les les flamands ont l'impression qu'il appartient à leur culture
Oui, c'est c'est Jacques Brel évidemment c'est un francophone, mais c'est un francophone
Ça transcende Londres. Oui, il se il transcende en fait.
Oui, il transcende réellement. Récemment, la Flandre a réalisé son canon, le canon de Flandre, c'est-à-dire la liste des des grands événements, des grands personnages qui ont forgé l'identité flamande. Et une des thématiques abordées, c'est Jacques Brel. Alors pour les flamands, Jacques Brel est un flamand qui parlait et qui chantait en français, même s'ils les estimaient qu'il était plutôt Franzquillon, c'est-à-dire ils estimaient qu'il avait un certain mépris pour la langue et la culture flamande, bien qu'il est, on l'a entendu tout à l'heure, parler en flamand, mais il chantait en flamand, mais il a eu des chansons aussi très virulentes vis-à-vis des nationalistes flamands et qui ne lui ont jamais donné. Et du côté francophone du pays, on considère que Jacques Brel est le plus grand artiste francophone, mais également le plus grand artiste belge qui ait jamais existé et sans aucun doute le plus connu à l'international.
Toute dernière chose parmi les choses qui peuvent transcender, il y a le football. Comment se passe la cohabitation entre un De Bruegne et un Courtois par exemple au sein des des diables rouges, est-ce que ça a posé un problème cette affaire linguistique pour les équipes nationales de Belgique qui je rappelle, la Belgique est un pays important football, elle était encore il y a peu de temps au sommet mondial, ça va un peu moins bien en ce moment depuis l'euro.
Effectivement il existe encore des des lieux où les les francophones et les néerlandophones sont obligés ou amenés en tout cas à travailler ensemble, il y a le gouvernement fédéral, il y a la région bruxelloise, il y a l'équipe nationale de football. Alors
Oui, c'est vrai.
Le l'équipe nationale de football est sans doute aujourd'hui le premier vecteur de d'identité nationale belge, le le dernier moment, le le dernier grand symbole qui rassemble l'ensemble des belges. C'est vrai que lorsqu'il y a un match international et que les diables rouges sont une des deux équipes, bien vous avez notamment à Bruxelles toute une série de cafés qui ouvrent pour retransmettre le match et qui dérangent d'ailleurs fortement les nationalistes flamands. L'actuel Premier ministre depuis ce lundi, Bardoeweather, se fait toujours particulièrement peu entendre lors des mondiaux de football lorsque, ou des européennes de football lorsque les diables rouges réalisent de bons scores. C'est un moment où il sent que ce n'est pas le moment de commencer à prêcher son idée selon laquelle il existe deux peuples irrémédiablement inconsidables en Belgique, les francophones et les néerlandophones, parce qu'il sent que ce, des moments où il y a un certain esprit national qui se manifeste, il attend quelques jours après le match qui a vu les l'équipe être éliminée de de la compétition. Alors comment ça se passe exactement au sein de l'équipe nationale de football Donc c'est-à-dire les Flamands s'expriment en Irlandais, les wallons s'expriment en français ou encore ce qui a lieu le plus souvent en fait en Belgique lorsque son on se rend compte entre francophones et néerlandophones, on parle en anglais.
Toute dernière chose, lundi dernier, Bardovert, le nouveau Premier ministre a prêté serment devant le roi des belges, il s'agit du premier indépendantiste flamand à diriger le pays. Ça, c'est un événement important
Oui, ça peut être qualifié d'historique. Imaginez un peu si la France était dirigée par un indépendantiste corse, vous n'estimeriez pas que c'est un un Premier ministre comme un autre. C'est quand même assez fort. Vous avez quelqu'un dont le le premier parti de Flandre et donc le premier parti de Belgique, même s'il y a des Flamands qui ont pu voter pour lui. Mais c'est un parti qui prône la fin de la Belgique, l'indépendance de la Flandre sous la forme d'une république et depuis ce lundi, il jure fidélité au roi, il promet obéissance à la constitution et il doit incarner et représenter un pays qu'il déteste, qu'il voudrait voir disparaître.
Et figurez-vous qu'il est même amené à préparer les fêtes du bicentenaire qui auront lieu en deux mille trente, deux mille trente et un. Donc on peut parler quand même là d'un événement pour le moins incongru et pour reprendre une expression familière de parler d'un bel exemple de surréalisme à la belge.
Bon alors là je ne dis rien après ça c'est vraiment le mot de la fin. Merci merci rapidement Cédric Christophe.
Non mais
je vous en prie c'est votre émission. Au revoir au revoir un tout grand merci.
C'était affaires sensibles aujourd'hui à tout grand merci. Une émission que vous pouvez réécouter en podcast bien sûr à la technique aujourd'hui, il y avait Guillaume Roux.