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Pour le sept dix sur France Inter.

Géopolitique, Pierre Haski, bonjour. Bonjour Nicolas. Pierre, vous revenez sur la rencontre européenne de Londres hier.

Tous ceux qui ont été choqués par la scène brutale du bureau ovale vendredi entre Volodymyr Zelensky, Donald Trump et Jedi Vance souhaitaient ardemment une réaction forte de l'Europe. C'était faire peu de cas de la réalité du rapport de force et du fait que même hostiles, les États-Unis restent incontournables sur les questions de sécurité européennes. Le résultat fut un numéro d'équilibriste à Londres hier s'était réuni une quinzaine de pays autour du président ukrainien à peine revenu de l'incroyable clash de Washington. D'un côté, la volonté de réparer si possible les dégâts de la terrible rencontre de la maison blanche, de l'autre, la nécessité de se préparer à la vie sans l'Amérique. Les deux objectifs peuvent sembler contradictoires, mais ils sont le reflet de la réalité d'une Europe encore incapable de vivre sans le bouclier américain qui la protège depuis plus de sept décennies.

On ne change pas cette réalité en un instant et l'Europe paye le prix de ne pas l'avoir assez anticipé. Est-il

possible Pierre de réparer ce qui s'est passé vendredi

Alors plusieurs dirigeants européens s'y emploient le britannique, Ker Starmer et Emmanuel Macron qui ont tous deux effectué la semaine dernière une visite à Washington ou encore le secrétaire général de l'OTAN, le néerlandais Mark Rutte vont utiliser leurs bons offices pour essayer de recoller les morceaux. Tout plaiderait pour une attitude plus radicale après la violence verbale du président et du vice-président des États-Unis envers le chef d'un État ami en guerre depuis trois ans. Mais chacun sait que l'Europe aurait de grandes difficultés à remplacer les États-Unis en cas d'arrêt de leur aide financière et surtout militaire à l'Ukraine. D'où cette conclusion du sommet de Londres, tenter de conserver l'engagement des États-Unis, même si ça signifie remballer sa fierté face à l'attitude indigne des plus hauts dirigeants américains. Un plan franco britannique pour l'Ukraine avec une trêve d'un mois et les fameuses garanties de sécurité sera soumis à Washington dans l'espoir d'éviter le pire lors de la prochaine rencontre Trump Poutine.

Mais rien n'indique de l'aveu même des diplomates que Trump y soit prêt après la rupture de vendredi.

Est-ce un signe de faiblesse de l'Europe

Alors on va appeler ça du pragmatisme Nicolas en attendant des jours meilleurs. Le renfercement de l'Europe c'était l'autre grand sujet de la réunion de Londres sous le signe de l'urgence et de la gravité d'un moment historique. D'abord les invités, sur la défense, il n'y a pas l'Union européenne, mais un pilier européen de l'OTAN sans les États-Unis, mais avec le Royaume-Uni, la Norvège, le Canada et la Turquie. Dans le jargon diplomatique, les pays wheeling and Able, ceux qui veulent et qui peuvent. Les pro-russes comme la Hongrie d'Orban n'ont pas été invités.

Il s'agit de mobiliser des fonds considérables, deux-cent milliards d'euros dans un premier temps, a précisé Emmanuel Macron au Figaro, pour financer l'effort de défense afin que dans l'avenir, l'Europe puisse assurer sa propre sécurité avec ou sans les États-Unis. Mais on en est encore loin, un horizon de plusieurs années. On peut regretter le temps perdu qui force les européens à tendre l'autre joue à une Amérique qui pactise avec le pays qui a envahi l'Ukraine et menace l'Europe, mais la brutalité de l'administration américaine est telle que cette fois, le réveil stratégique est bien réel, tardif,

mais réel. Pierre Haski, merci.

Podcast: Géopolitique
Episode: L’Europe veut réconcilier Trump et Zelensky, mais se prépare à vivre sans l’Amérique