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Géopolitique, bonjour Pierre Asse.

Bonjour Nicolas.

Pierre, vous vous demandez ce matin si les États-Unis sont toujours l'alliés des Européens

C'est la question qu'on ne s'attendait pas vraiment à se poser tant l'alliance entre les 2 rives de l'Atlantique a dominé le monde de l'après seconde guerre mondiale. Cette alliance a résisté à d'innombrables crises y compris en deux-mille-dix-neuf lorsqu'Emmanuel Macron avait décrit l'OTAN en état de mort cérébrale. L'alliance avait connu depuis une résurrection. Cette page se referme avec Donald Trump après à peine un mois à la maison blanche. S'il fallait un acte symbolique de ce divorce non encore prononcé, ce qui s'est passé aux Nations unies lundi suffirait, voir les États-Unis voter une résolution sur l'Ukraine aux côtés de la Russie et de ses alliés comme la Corée du Nord contre les pays de l'Union européenne brise un tabou qui semblait impensable.

Les Européens ont vécu avec la conviction que les États-Unis étaient leur garantie de sécurité ultime face à la résurgence de la menace russe sur le continent. Il y a 2 ans, la dirigeante d'un pays d'Europe du Nord nous disait que sa mission était de faire en sorte que l'Amérique reste en Europe pour nous protéger, cette certitude-là a vécu.

L'Amérique est-elle pour autant devenue un adversaire Alors c'est toute l'ambiguïté de

la situation actuelle Nicolas, on l'a vu à l'oeuvre situation actuelle Nicolas, on l'a vu à l'oeuvre pendant la visite éclair d'Emmanuel Macron à Washington. Le président est allé défendre des positions opposées à celle de Donald Trump sur l'Ukraine, mais il n'a pu le faire qu'en passant par le rituel de la flatterie et le rappel de l'amitié historique franco-américaine, La Fayette nous voilà a-t-il rappelé. Emmanuel Macron a beau se dire convaincu que les États-Unis sont toujours un allié de l'Europe, le doute s'est installé et sur les questions de sécurité, le doute peut être fatal. L'heure de vérité viendra sans doute lors du prochain sommet Trump Poutine autour du sort de l'Ukraine. C'est ce qui explique le tourbillon de concertation et d'annonce de hausse des investissements de défense qui traversent l'Europe.

Ce matin les européens se retrouvent en visioconférence pour entendre le débrief d'Emmanuel Macron après ses entretiens avec Donald Trump, un mini sommet sur la défense est annoncé dimanche à Londres puis un conseil européen le 6 mars, on ne sait jamais autant parler sur le continent.

Et comment l'Europe peut-elle réagir

Les vingt-sept sont piégés ils ne peuvent pas espérer construire en quelques semaines une alternative au parapluie américain mais ils savent en même temps qu'ils ne peuvent plus compter dessus si l'Estonie était en danger, qui peut croire que Donald Trump volerait à son secours La montée en puissance des budgets de défense européens est spectaculaire, hier ce sont les britanniques qui annonçaient une hausse à 2 et demi pour 100 du PIB, avança le Danemark avec le doublement de ses dépenses de défense, la Pologne approche les 5 pour 100. Pour la France Emmanuel Macron vise à terme les 3 à 3 et demi pour 100 du PIB contre 2 pour 100 actuellement dans un contexte budgétaire tendu. Mais en cas de l'achat américain complet, certaines estimations vont jusqu'à 7 pour 100, c'est-à-dire un changement de monde. Mais ces investissements ne signifient pas que la défense européenne existera, elle est à construire. En attendant, les États-Unis sont-ils un allié ou un adversaire, les 2 à la fois sans doute, c'est toute la complexité de ce changement d'époque avec son cortège d'incertitude.

Pierre Haski merci.

Podcast: Géopolitique
Episode: Allié ou adversaire ? La question douloureuse des Européens à propos de l’Amérique de Trump