Alors quelques heures après l'annonce fracassante par Donald Trump qu'il allait bâtir la Côte d'Azur du Moyen-Orient dans une bande de Gaza débarrassé de ses habitants palestiniens, les porte-parole de la maison blanche semblaient rétropédaler comme si le président s'était laissé emporter par son propre enthousiasme d'entrepreneurs de l'immobilier. Mais Donald Trump est revenu à la charge une deuxième fois, une troisième fois. Hier, il est allé encore plus loin dans une interview à Fox News en déclarant que les Palestiniens ne pourraient plus revenir à Gaza comme il l'avait initialement suggéré. Ils seront tellement bien là où nous leur construirons des maisons qu'ils n'auront aucune raison de revenir a-t-il dit en substance et il a menacé de sanctions les pays arabes qui refuseraient de les accueillir. S'il y avait le moindre doute sur le fait que le président des États-Unis est sérieux quand il émet cette idée condamné comme illégal par l'immense majorité de la planète, le fait d'en parler quasiment chaque jour montre que Donald Trump croit ce qu'il dit et c'est là que ça devient dangereux.
Et donc il n'entend pas les critiques. Mais il les entend Nicolas, mais ça le renforce dans sa détermination. Donald Trump est revenu au pouvoir avec une volonté impériale que rien ni personne ne doit entraver. Tout est question de rapport de force et il est persuadé que les États-Unis sont justement en position de force dans le monde. Il a toutefois mis le doigt dans un engrenage délicat.
En revendiquant la responsabilité de l'avenir de la bande de Gaza, il place les États-Unis au coeur des crises du Moyen-Orient dont il voulait s'extraire. Trump veut à la fois régler le problème palestinien avec les recettes de l'extrême droite israélienne et produire une Pax Americana dans la région. Le problème est que pas un seul État arabe et en particulier pas l'Arabie Saoudite n'approuve son plan pour Gaza. Quel que soit le fond de leur pensée, ils ne veulent pas être complices d'une nouvelle Nakba, la catastrophe en arabe, l'évocation du départ forcé des Palestiniens en mille-neuf-cent-quarante-huit. Alors comment peut-il concilier les deux Il lui faudra faire un choix, les pays arabes se réunissent à la fin du mois pour définir une position commune, mais l'Égypte et la Jordanie, les deux pays désignés pour accueillir les plus de deux millions de Palestiniens de Gaza ont catégoriquement refusé.
Ils craignent une déstabilisation et une radicalisation dans leur propre société. En Israël, l'offre de Donald Trump est vue comme une aubaine et Benyamin Netanyahou s'est exclamé hier à la Knesset, le parlement israélien, vous vouliez le plan pour le jour d'après, le voici. Mais avant d'envisager le jour d'après, il faut en finir avec la crise actuelle. Le cessez-le-feu est fragilisé. Le Hamas a menacé hier de suspendre les libérations d'otages en accusant l'état hébreu d'avoir violé l'accord, en Israël les pressions pour reprendre la guerre sont fortes, il n'est pas sûr que l'accord arrive à sa deuxième phase.
Quant à Donald Trump, il a rajouté à l'attention en fixant un ultime atome au Hamas pour libérer tous les otages. Dans ce contexte explosif, voir Donald Trump répéter comme un mantra que la vie sera formidable à Gaza à quelque chose d'extravagant. Ce sera un bon test du sens du réel du président américain et de sa capacité à imposer sa loi contre le reste du monde. Pierre Raski merci.