Aujourd'hui dans affaires sensibles, les jeux olympiques Berlin, les olympiades en trompent l'oeil. Août mille-neuf-cent-trente-six, l'Allemagne nazie offre au monde un spectacle impressionnant et une première démonstration de force. Adolf Hitler, chancelier depuis trois ans, jubile, Georgette Goebbels, ministre de la Propagande, exulte. Ces jeux ne sont pas qu'une compétition sportive. Ils sont un test, une répétition générale du rôle que l'Allemagne entend jouer sur la scène internationale.
Dans les tribunes, les dignitaires étrangers fascinés observent la mise en scène qu'ils ont longtemps hésité à cautionner. Lenny Ribenstahl, cinéaste du régime fige l'image flatteuse d'une Allemagne qui se donne un exemple au monde moderne, pacifique, triomphante. On connaît la suite, cinq ans d'horreur à venir. Et puis surtout ce trouble fait de Jessy Orems, coureur noir qui écrase tout, les records, la propagande et l'idéologie nazie. L'Allemagne se rêve invincible.
C'est un athlète noir qui entre dans l'histoire. Notre invité aujourd'hui Fabrice Abral, journaliste à la direction des sports de Radio France, co-auteur avec François Tomazo du livre en mille-neuf-cent-trente-six, la France à l'épreuve des jeux olympiques de Berlin aux éditions Elvik. Affaire sensible une émission de France Inter diffusée en direct, récit documentaire Florence de Talouette, coordination Franck Cognard, chargé de programme Rebecca Denante, réalisation Charles de Sylvia.
Fabrice Drouelle,
affaires sensibles sur France Inter. Le ciel est lourd à Berlin cet après-midi du premier août mille-neuf-cent-trente-six. Dans l'immense stade de la capitale allemande, cent-mille spectateurs retiennent leur souffle. L'excitation est palpable, électrique. Les fanfares se font entendre, la cloche monumentale résonne, les drapeaux des nations se figent et Hitler apparaît.
Flanqué de ses ministres et des éminences du comité international olympique, il descend lentement le grand escalier de la porte de marathon. Une vague se lève des gradins. Les spectateurs se dressent d'un seul mouvement bras tendu vers le ciel, le stade résonne d'un même rugissement Heitler. Puis l'orchestre attaque les premières notes solennelles de la marche d'hommage de Wagner, l'Igol d'Hitler. L'écho des cuivres alors emplit l'air.
Triomphant, jouissant de façon ostentatoire de son pouvoir comme d'habitude, et plus encore ce jour-là, Hitler traverse la pelouse pour atteindre sa loge. Il surplombe maintenant le stade à la manière des souverains antiques avec la complicité d'une partie de son peuple qu'il a lui-même creusé sa tombe. Ce jour-là, les fleurs du mal exhalent un parfum de fête et de force. C'est bien le but de la manoeuvre. Alors Hitler vient se poster devant son micro
comme
lors des grands rassemblements de son parti, mais cette fois, ce n'est pas la diarrhée verbale habituelle, non, il a droit qu'à une phrase. Le défilé commence. La Grèce ouvre la marche comme le veut la tradition. Puis une à une, les nations défilent en ordre alphabétique. Entre la Finlande et la Grande-Bretagne, la France fait une entrée remarquée.
Berré, blazer impeccable, pantalon d'un blanc éclatant, cravate tricolore, les deux ans un athlète avancent avec élégance tous françaises. Affiers, droits, ils semblent vouloir compenser leur réputation de turbulent indisciplinés. Et alors qu'ils approchent de la tribune officielle, d'un même mouvement précis et majestueux, les bras droits de nos sportifs français se lèvent à l'horizontale à hauteur d'épaule. Le geste est fluide, presque chorégraphié et il ressemble à s'y méprendre au salut nazi, il ressemble seulement. Mais l'effet crée un certain malaise.
Pendant une fraction de seconde, le public se tait avant qu'une explosion de clameurs enthousiastes ne parcourt les gradins. Le stade se lève alors en une longue vibrante. La France va à coeur d'hier, ennemi toujours, est acclamée d'une seule voix. Noëlle Myrnot, le plus jeune barreur d'aviron des jeux, un enfant se tient avec un sérieux d'adulte et lui aussi tend le bras avec force. Cinquante ans plus tard, au micro de Fabrice Abural, sur France Inter, il se souvient.
Quand on est arrivé devant la tribune, bien entendu, on a fait le salut olympique qui se faisait depuis toujours d'ailleurs. Ça s'appelle à l'époque le salut de joint ville. On a tourné la tête pour regarder la tribune puis on a tendu le bras. Oh là là, une explosion, là là c'était. Le gouvernement français surtout un gouvernement de gauche en plus qui aurait pu s'éviter de nous le faire faire en nous disant que le salut nazi ressemble étrangement à ce salut à tel point quand même Hitler était surpris il a compris qu'il y avait une méprise de la part des gens qui croyaient qu'on faisait le salut c'est rien c'est pas ça mais eux ils pensaient que oui bref.
Et enfin l'acte manqué total et la maladresse, l'inconscience des français d'autant plus flagrante que les autres délégations, elles, optent pour des gestes plus neutres. Les australiens retirent leur Panama en approchant de la tribune officielle, Les américains avancent, chapeau posé sur leur coeur. Même les belges soulèvent simplement leurs canotiers, tandis que les britanniques, classes, se contentent de tourner brièvement la tête vers les tribunes. Hitler la prendra à ses dépens pendant la guerre. On ne la fait pas au Royaume-Uni.
Il y a des citadelles imprenables. La cérémonie culmine avec une nuée de pigeons qui s'envolent comme autant de promesses de paix. Pourtant, le stade est couvert de drapeaux, la croix gammée et la sécurité de l'événement est assurée par l'ensemble de l'appareil militaro-policier de l'état hitlérien, cette engeance criminelle s a s s Gestapo jeunesse hitlérienne. Le spectacle à cet instant est total. La grande messe olympique aux couleurs nazis se déploie avec une somme lité impeccable.
Le régime nazi est un spécialiste du genre, tout le monde a en tête les immenses rassemblements type Nuremberg, l'ordre et la force toujours. Pendant quelques instants, on en oublierait presque les débats houleux et les passions brûlantes qui ont précédé ces jeux olympiques. Alors, comment en est-on arrivé là Le seize mai mille-neuf-cent-trente-et-un, la République de Weimar, donc sous lequel on définit alors la démocratie allemande, celui de plein fouet le Praque de vingt-neuf. Pourtant, c'est bien l'Allemagne qui est désignée pour accueillir les jeux. En vérité, le si haut feu frappait fort.
Ce sera un message de réconciliation internationale, une tentative de refermer les plébéantes laissées par la grande guerre. Treize ans auparavant, Après tout, Berlin aurait dû organiser les jeux en mille-neuf-cent-seize, annulés par le conflit. Jusque-là, rien d'anormal, au contraire, la décision du CIO est plutôt pertinente. Mais personne à l'époque ne peut imaginer que l'Allemagne s'apprête à sombrer dans la dictature.
Hitler est incontournable. Le trente janvier mille-neuf-cent-trente-trois, il est nommé chancelier, c'est l'apothéose pour les militants du NSDAP, le parti national socialiste qui le soir même défilent devant leur chef. Oubliez les complots, les putschs manqués des débuts, les nazis arrivent légalement au pouvoir. Certes, ces SA qui défilent ont bien semé la terreur à chaque élection, mais Hitler a également su passer des accords noués des intrigues avec d'autres forces politiques.
En accédant au pouvoir, Hitler hérite donc des jeux. Mais le nouveau chancelier, loin d'être enthousiaste. Cet homme au physique malingre, ne sait ni nager ni faire du vélo, n'a aucun intérêt pour le sport. Pour lui, les j o ne sont qu'une frivolité bourgeoise. Dépenser des millions pour un tel événement absurde.
Mais autour de lui, on en perçoit bien l'enjeu, à commencer par Théodore Lewald, président du comité d'organisation allemand. L'homme l'a bien compris, ces jeux-là, au-delà de la simple célébration sportive, peuvent devenir un outil de propagande redoutable. Reste à convaincre Hitler. Lors d'une entrevue cruciale, accompagné de l'exalter Joseph Goebbels, Théodore Lewald joue sa carte. Il promet aux Führer que les jeux olympiques peuvent devenir une vitrine
éblouissante pour
le troisième Reich. Bon, d'accord, mais à une condition, ces jeux devront être les plus spectaculaires que le monde ait jamais vu. Le chantier démarre, il est titanesque. Le budget initial fixé à deux millions et six cent mille marques explose. La facture atteint en vérité les trente-six millions.
Mais qu'importe, l'objectif est clair, faire des jeux l'apothéose du régime nazi. Cette démesure ne répond pas seulement à une ambition sportive et architecturale. Elle s'inscrit aussi dans la stratégie économique du Reich. Les jeux doivent servir l'industrie, l'emploi, alors le directeur du chantier Vérone.
Pour donner du travail et du pain au maximum de chômage, nous effectuons les travaux avec aussi peu de machines que possible afin de soutenir le travail manuel d'une manière presque anti-économique.
Une pierre deux coups, Hitler façonne une Allemagne triomphante aux yeux du monde et devient le garant de la prospérité économique nationale. D'ailleurs, tous les sports tombent sous la coupe du parti nazi. Dans chaque ville, des infrastructures sportives modernes sont construites. Les jeunesses hitlériennes prennent en main l'éducation des jeunes, mêlant programmes sportifs obligatoires et endoctrinement idéologiques imblagables. Cela dit, Hitler n'invente rien.
Le sport a souvent été un instrument de dictature. Ainsi, en Allemagne, les clubs traditionnels disparaissent, dissous ou absorbés dans des structures nasifiés et les athlètes d'élite, eux, profitent des avantages dignes du professionnalisme. Dans le même temps, l'inquiétude gagne la scène internationale, des voix s'élèvent. L'Allemagne est-elle en train de franchir la ligne rouge en professionnalisant ses athlètes, défiant ainsi les règles olympiques qui réservent la compétition aux seuls amateurs Et surtout, prendre part à ces jeux, n'est-ce pas cautionner l'idéologie nazie Henri Baylet Latour, président de CIO s'alarme. Le trois mai mille-neuf-cent-trente-trois, depuis son bureau de la villa Mon repos à Lausanne, il s'exprime sans détour dans une lettre qu'il adresse aux autorités allemandes.
Il est indispensable que monsieur Hitler soit préalablement mis au courant que les jeux sont donnés à une ville et non à un pays, qu'ils n'ont aucun caractère politique, rasique, national, confessionnel. Au cas où ces conditions ne recevraient pas l'approbation du chancelier, il serait préférable que la ville de Berlin retire sa candidature.
En réponse, le responsable des affaires sportives Hitler explique qu'il est inconcevable qu'un chef d'État représentant soixante-cinq millions de personnes soit tenu de confirmer par écrit une déclaration qu'il a déjà faite verbalement. Tous les athlètes, quelle que soit leur origine, seront traités sur un pied d'égalité. Cette déclaration convainc Henri Baillet Latour. Cela n'empêche pas quelques mois plus tard Hitler de promulguer les lois de Nuremberg.
En même temps qu'il menace à l'extérieur, décide d'étendre son système de terreur à l'intérieur. Le onze août, les s s organise des opérations antisémites dans toute l'Allemagne. Mais l'intimidation ne suffit pas. Il faut mettre les juifs au banc de la société. Le Führer profite du rassemblement annuel du parti nazi à Nuremberg pour annoncer sa politique en la matière.
Le quinze septembre, il y présente deux lois. La première concerne le droit de citoyenneté, la seconde la protection du sang allemand. Les lois de Nuremberg vont faire des juifs des citoyens de deuxième catégorie.
Rénué au statut de paria, les athlètes juifs sont bannis des clubs et dans le cas très rare où ils parviennent à accéder aux clubs ils sont systématiquement écartés des épreuves éliminatoires sous des prétextes fallacieux évidemment. Une exception tout de même, Helen Mayer, escrimeuse de talents considérée comme demi juive selon lui le roi racial intègre l'équipe du Reich. Et son rôle est clair, elle n'est qu'une caution, un alibi destiné à masquer la réalité des discriminations aux yeux du monde, un moyen de donner des gages à l'opinion internationale. Mais personne ne dupe et à l'étranger, les esprits s'échauffent. Comment concilier l'esprit de fraternité des jeux avec un régime qui bafouille ouvertement ses principes Aux États-Unis, organisations juives, clubs sportifs et syndicats appellent au boycott.
Les manifestations se multiplient tandis que des éditoriaux enflammés réclament une position ferme. En France, les débats sont tout aussi vifs et le contexte qui se tend inexorablement avec la remilitarisation de la Rhénanie n'arrange rien bien sûr, comme le montre ce reportage des actualités françaises.
Enhardi par ses succès intérieurs, Hitler déchire le traité de Locarno signé par son pays en mille-neuf-cent-vingt-cinq. L'Allemagne acceptait alors librement de ne pas militariser la Rhénanie, zone tampon garantissant la sécurité de la France et de la Belgique. Mais début mars, des éléments de l'armée allemande pénètrent en Rhénanie. La Reichphère dont les régiments forment très vite plusieurs divisions entrent dans les villes de Dusseldorf et de Cologne. Hitler propose un traité de non-agression à la France.
Cinq jours plus tard au palais Saint James à Londres a lieu une réunion extraordinaire du Conseil de la Société des Nations. Les diplomates essaient de trouver une réponse au coup de force allemand en Rhénanie. Ripentrope ambassadeur du Reich en Grande-Bretagne est sommé de s'expliquer et la SDN se borne à une condamnation de l'Allemagne.
Le coup de force est total et le geste calculé. En violant délibérément les accords internationaux, Hitler a mis sur l'inaction des démocraties européennes, ce qu'il vérifiera deux ans plus tard avec les accords de. À Paris toutefois, l'écho de ce coup de force fait exploser les tensions et se cristallise à l'assemblée nationale sur une question qui divise profondément la classe politique, faut-il accorder la subvention pour permettre aux athlètes français de participer aux JO de Berlin Quand certains prônent la prudence diplomatique, d'autres défendent les idéaux universels du sport tandis que les voix les plus combatives dénoncent une mascarade orchestrée par Hitler. Florian Bonte, membre du parti communiste par exemple déclare, aller à Berlin, c'est être complice. La cloche olympique retentira comme un lugubre tocsin qui sonne l'appel aux armes.
On ne peut pas s'associer à cette caricature des jeux dont les juifs, les démoradles, les communistes vont être brutalement écartés. Parole lucide, visionnaire, forte, auquel le député François Pietri, membre de la droite munderer rétorque avec un pragmatisme glaçant. N'y a-t-il pas d'autres pays qui usent à de certaines catégories de citoyens de procédés à peu près analogue Croyez-vous par exemple qu'aux États-Unis, les noirs soient si facilement accueillis dans les clubs sportifs À l'heure des votes, c'est Pierre Males France, jeune député radical socialiste s'oppose frontalement à l'attribution des fonds. La majorité de la chambre, elle, est malgré le malaise ambiant, suit la ligne de prudence dictée par Léon Blum, récemment arrivé au pouvoir avec le Front populaire. Le socialiste préfère éviter d'affronter seul et de front ses voisins encombrant que l'Allemagne encombrant et aux réactions imprévisibles.
Alors pour calmer son île gauche et ne pas donner l'impression d'une capitulation morale, une partie des subventions est également attribuée au contre-jeu de Barcelone. Initiative antifasciste, jeu populaire, prévue à partir du dix-neuf juillet mille-neuf-cent-trente-six, ils n'auront jamais lieu. Le dix-huit, un jour avant, le coup d'État franquiste emporte tout sur son passage. Le fascisme a le vent en poupe à travers l'Europe, la machine est en marche. Vous écoutez Affaires sensibles sans France Inter, aujourd'hui le J.
O. De Berlin en mille-neuf-cent-trente-six.
Affaires sensible, ce jour de santé.
Le vingt-cinq juillet, sur le sol allemand, les premiers athlètes commencent à arriver. Parmi eux, un jeune sprinteur noir américain dont les racines plongent dans les champs de coton de l'Alabama, Jessy Owens. Adolphe Dassler, futur fondateur d'Adidas, lui fait essayer une paire de chaussures révolutionnaires qui pourraient bien le propulser par la victoire. Et pendant ce temps, en France, les derniers détails sont réglés dans l'urgence. Billet de train à payer, intendance à organiser et costumes pour la cérémonie d'ouverture commandée à.
Cette année nous apporte heureusement un deux ou plus pacifique. Et si le jeune français part Berlin, ce n'est que pour de loyaux combats sur le seul terrain sportif. Deux août mille-neuf-cent-quatorze, mobilisation pour la guerre, premier août mille-neuf-cent-trente-six, mobilisation pour le sport et la paix.
À la
gare de l'est à Paris, l'effet récent, c'est palpable. Les athlètes, saxe sur l'épaule et visage concentré, montent à bord au lit train en direction d'Erla. Sur le quai, on échange poignée de main, accolades et regards pleins d'espoir. Pour beaucoup, ce voyage ressemble à un rêve, oui une chance unique de se mesurer au reste du monde, de briller, de montrer que la France a du souffle. Mais derrière les sourires pointent un soupçon d'inquiétude tout de même.
Ce n'est pas seulement une question de médaille. Il s'agit de savoir si la France peut rivaliser avec des allemands surentraînés et galvanisés par l'ambition de leur régime. L'hebdomadaire, le sport passe de main en main. On peut y lire comme une mise en garde. Toute notre nation sera jugée à travers cette poignée d'hommes qui porteront nos couleurs.
Noelman le plus jeune médaillé olympique revient sur la portée symbolique de ce voyage.
Je peux vous dire que par rapport à certains pays, nous français étions beaucoup plus sensibles que d'autres au fait de se rendre en Allemagne, car de près de loin, tous ceux qui étaient dans la délégation avaient été concernés et touchés à la guerre de quatorze dix-huit. Moi, j'étais dans une école où trente pour cent des instituteurs étaient handicapés ou estropiés. Quand on est gamin, ce genre d'image marque à vie. L'Allemagne faisait peur et l'arrivée au pouvoir de Hitler n'a rien arrangé, on était inquiet.
La frontière franco allemande traversait les regards scrutent ce pays qui fascine autant qu'il inquiète. Mais à part les bannières frappés de la croix gammée, rien ne semble particulièrement alarmant. Non, les drapeaux olympiques flottent joyeusement dans chaque gare traversé. Les slogans antisémites et les journaux xénophobes ont disparu. Les livres censurés sont réapparus comme par magie.
Voilà un pays fréquentable. L'objectif des allemands est clair, éblouir, séduire, faire taire les critiques. Le côté allemand des Hangriff résume, nous devons être plus charmants que les parisiens, meilleurs vivants que les viennois, plus cosmopolite que les Londoniens, plus pratiques que les New-Yorkais. Assis dans le train à côté de Noël en Vernote, il y a Etienne Daloux, le recordman de France Junior du mille cinq cents mètres. Bien plus tard au micro de TF un, il se souvient de son arrivée à Berlin.
Alors je suis arrivé, j'étais ahurie, mais complètement ahurie. Ça je m'en souviens, je ne comprenais pas, je voyais des choses étonnantes, tous ces jeunes gens en uniforme. On avait mis à la disposition de notre groupe un jeune garçon qui avait mon âge, qui était jeunesse hitlérienne et avec qui la conversation était très agréable, il parlait pas mal français, il parlait un peu anglais, on arrivait à se comprendre, il était très sympathique, pas bête et de temps en temps tout d'un coup il sortait un couplet qui me laissait mais vraiment que je ne comprenais pas.
Face à l'apparente cordialité des nazis, André François Poncier en place alors de France à Berlin est loin d'être dupe. Il écrit son inquiétude au ministère des affaires étrangères d'ailleurs et lui dit, vous savez, nous avons affaire à une Allemagne qui joue un jeu très serré qui veut témoigner d'un esprit pacifique. Les marques d'estime dont nous sommes l'objet font partie de la propagande. Dans un mois, les étrangers auront repris le chemin de leur patrie et ils chanteront les louanges du troisième Reich. Or ils ignoreront tout de la tyrannie de la Gestapo, de la partialité monstrueuse, de la justice, de l'étouffement de toute opinion.
Derrière les façades immaculées en effet, la réalité est tout autre. Les indésirables sont méthodiquement effacés. Prostituées, gitans, opposants politiques, mendiants et autres individus considérés comme des parasites de la société sont enfermés dans des camps d'internement. L'ordre nazi repose déjà et intrinsèquement sur la répression, sur l'exclusion. Pendant ce temps, les délégations s'installent dans le village olympique conçu comme un modèle de cité idéal à une quinzaine de kilomètres de Berlin.
Les bâtiments modernes entourés de jardins, de forêts et de lacs superbes offrent une vision idyllique d'un monde où règne harmonie et confort. On y croise des athlètes en plein entraînement, des journalistes fascinés par la propreté des installations et même des curieux autorisés à visiter ce lieu exceptionnel témoin de l'hospitalité allemande. Oh le joli pays de Cocan que voilà. Même le vieux baron Pierre de père des jeux olympiques modernes a fait le déplacement sa voix enregistrée à RTS résonne comme une déclaration de foi.
J'ai l'impression que toute l'Allemagne depuis son chef jusqu'au plus humble de ses écoliers souhaite ardemment que la célébration de dix-neuf-cent-trente-six soit l'une des plus belles que le monde ait vu dès aujourd'hui que veut remercier le gouvernement et le peuple allemand pour l'effort dépensé en l'honneur de la onzième Olympie.
Berlin est devenu un décor de cinéma pour la propagande nazie. Au centre de ce projet, il y a Lenny Riefenstahl. La cinéaste se confier de mission précise et délicate, projeter une image idéalisée du Reich sans qu'on y voit de la propagande. Mais c'est bien le ministère de cette même propagande qui tire les ficelles. Joseph Goebbels accorde à Rifenstahl des moyens colossaux.
Une soixantaine de cameramen, des soixantaine de cameramènes, des grues, des ballons pour les prises aériennes, des caméras subaquatiques pour les épreuves de natation, des tranchées pour obtenir des angles de vue uniques. Tout est minutieusement orchestré. C'est la fameuse efficacité allemande qu'on verra au service des pires causes plus tard. Dans un documentaire de TF un, la cinéaste protégée d'Hitler se défend d'avoir réalisé une oeuvre au service du régime nazi.
Mes collègues étaient jaloux. Ils pensaient que j'étais la
protégée d'Hitler.
Ce n'était pas ça, je n'ai pas eu tellement de contact avec
Il
admirait mes films Je n'étais pas la pompadour du troisième âge. Je n'étais pas l'ange des années trente. J'étais seulement un metteur en scène.
Et sans doute une très bonne réalisatrice qui fait des choix. Lenny Riefenstahl filme une Allemagne qui brille au lancer de marteau, de poids et de javelot, des disciplines de guerre, de quoi enthousiasmer Hitler. Le film Les dieux du stade ont très bon film d'ailleurs. Il n'y a rien d'autre qui donne à l'Allemagne triomphante qui se hisse en tête du classement des médailles et évidemment battant tous les records avec pas moins de quatre-vingt-neuf breloques or argent et bronze. Mais un grain de sable vient enrayer cette mécanique bien huilée.
Au coeur de cette mise en scène millimétrée de la grandeur Ariane, un nom s'élève comme un défi magistral au projet nazi Jesso Wales. Ce sprinter noir américain fissure à lui seul la façade soigneusement construite par le Reich. Il devient l'incarnation d'un autre idéal inattendu et incontrôlable. Des années plus tard, de retour dans le stade de Berlin, il raconte.
Imaginez cent-vingt-mille personnes tout autour qui vous regardent. Vous pensez à ce que vous allez faire et tout à fait. C'est comme si vous étiez seul. Faites plus vite. Il n'y a plus que les sept autres potentiels vainqueurs.
Chacun veut gagner. Et la personne qui gagnera remportera le titre du coureur le plus rapide de l'humanité. Et vous savez que tout ce travail, celui des neuf dernières années va se jouer ou dissolu. Alors j'attends les ordres des starters, ils sont à petit pas derrière moi. Je vais à mes marques, je me souviens.
J'ai baissé la tête. J'ai regardé le sol, j'étais prêt et j'ai entendu.
Le coup de feu du départ déchire l'air. En dix secondes et trois centièmes, Jessy Wornes vole vers la ligne d'arrivée laissant ses adversaires loin derrière lui. La foule d'abord saisie explose en applaudissements, les gradins s'enflamment, mais dans la tribune officielle, Adolf Hitler se lève brusquement, incapable de supporter cette humiliation. D'autant qu'Owen n'en reste pas là, sur le deux-cents mètres, il écrase la concurrence avec une aisance presque insolente. Mais c'est au saut en longueur que la légende s'écrit.
Face à Lus Lang, l'archétype de l'Atléétarien, le duel est intense, haletant. Les deux hommes sont à égalité, l'allemand bénéficie du bruyant soutien du public du stade olympique, puis, vient un instant décisif. L'ultime sceau d'Ouns. Il s'élance, un bond magistral, huit mètres six, le public est stupéfait. Raccord olympique, un exploit qui tiendra vingt-quatre ans.
Et là, au coeur de cette performance inouïe, une image bouleverse l'assistance. Lous Lang, l'allemand, va féliciter Jessy Wales. Leur accolade, fraternelle et sincère offre un instant de grâce, une image en totale contradiction avec l'idéologie du régime. Le neuf août, Owens enfonce le clou en s'imposant avec ses coéquipiers américains sur le relais des quatre fois cent mètres, pulvérisant un nouveau record du monde. En quatre jours, la quête américain accomplit l'impossible, quatre médailles d'or, quatre victoires retentissantes.
Un jour où je ne courais pas, notre comité a demandé si je pouvais m'asseoir dans la loge aux côtés de l'hyper pour observer le spectacle. S'est-on évidemment fini Ça me faisait rire Nous étions là pour détruire le mythe de la suprématie. Quand vous pensez à tout ce que Hitler représentait, nous, les auxiliaires noirs de l'équipe américaine repêchés dans les fonds de tiroir de la mairie, nuit. Une équipe capable de tenir tête au surhomme de Hitler.
Nous étions
le week-end.
Par la seule force de sa présence, Owens se dresse contre le racisme. Sa victoire, immortalisée par la caméra de Griffchenstall, porte un coup symbolique aux efforts du régime nazi pour imposer sa vision du monde, sa supériorité raciale, supposée. Mais de retour aux États-Unis, c'est un comble. Owen n'est pas reçu par le président Roosevelt. Une amère réalité qui révèle les contradictions d'une Amérique encore profondément ségrégationniste.
Pour les français, le bilan des jeux est plus terne. Classée cinquième, l'équipe olympique ne récolte que dix-neuf médailles. Les responsables de la délégation mal préparés oublient même de convier leur champion à monter sur le podium. Ainsi Noëlle Wengernot reçoit ces deux médailles de bronze sur un coin de table à la fin d'un dîner comme de simples souvenirs de voyage. Il est temps de rentrer.
Jacques Godet, rédacteur en chef de loto, l'ancêtre de l'équipe écrit depuis ton Berlin, bouleversé et inquiet, on s'est servi du sport, on ne l'a pas servi. Les jeux sont devenus un moyen, une vitrine pour un régime et un peuple souvenir son maître. On est loin de la cécité du baron de Couberta. Les jeux de la onzième olympiade s'achève le seize août avec un discours du comte Henri Vélératour président de Civaux.
Après avoir opé aux chandeliers du règne et au peuple allemand, aux autorités de la ville de Bernin et aux organisateurs des juges, le tribut de notre profonde gratitude, nous proclamons la clôture des grands fous de la onzième olympienne et selon la tradition, nous fondions la genèse de tous les pays à s'assembler dans quatre ans à Tokyo pour y célébrer avec nous les jeux de la douzième olympas.
Mais Tokyo n'aura pas lieu et tandis que le rideau tombe sur les jeux, les ambitions du Reich grandissent et ce sont les ténèbres qui vont bientôt fondre sur le monde, des ténèbres noires et vert de gris. Le lendemain, la cérémonie clôture, le corps de Wolfgang Fursner commandant adjoint du village olympique est retrouvé sans vie. L'homme qui a consacré deux ans à bâtir ce village modèle disparaît dans des circonstances pour le moins troubles. La propagande nazie parle d'un accident survenu en nettoyant son revolver. Mais Fursner portait en lui une tâche indélébile du régime des origines juives.
Quelques jours plus tard, Hitler double la durée des services militaires obligatoires. Bientôt, ce ne seront plus des athlètes qui défileront en serré, mais des soldats. La flamme olympique s'est éteinte, d'autres feux sont sur le point de s'allumer. France inter. Affaires sensibles, Fabrice Drouel.
Aujourd'hui les Jeux Olympiques de Berlin en mille-neuf-cent-trente-six dont nous parlons avec notre invité Fabrice Abbaral, bonjour.
Bonjour.
Journaliste à la direction des sports de Radio France, vous êtes co-auteur avec François Tomoiseau du livre mille-neuf-cent-trente-six, La France à l'épreuve des Jeux Olympiques de Berlin aux éditions Alvik. Je crois qu'ils sont issus, tous les propos de ce livre, mais ce livre est issu directement Fabrice de votre mémoire de thèse, je ne me trompe pas.
De maîtrise, oui, mémoire de maîtrise à Nanterre, pareil dix
Sur les jeux de Berlin donc.
Sur les jeux de Berlin, c'était, d'ailleurs c'était le titre d'ailleurs et ce mémoire de maîtrise est né de de cette photo hallucinante quand on fait des études d'histoire et qu'on aime le sport, quand on voit des Français défiler le bras tendu devant Hitler, on se dit, mais qu'est-ce que ça veut dire quoi Comment les Français ont pu en arriver là quoi.
Bon on
va le rendre justice quand même, ça n'était pas le sel nazi, c'est le salut de Joinville. C'est quoi le salut de Joinville C'est le salut de Joinville non
Alors le salut de Joinville a fait son apparition aux jeux olympiques en mille-neuf-cent-vingt à Anvers et ça faisait référence en effet aux athlètes qui sont traînés au bataillon de Joinville et c'est devenu donc le salut olympique. Alors il faut donner les précisions, le salut olympique ses bras tendus sur le côté avec la tête légèrement inclinée.
D'accord.
Alors que le salut nazi, lui, ses bras tendus devant avec la la tête dans le prolongement du du bras avec les yeux fixes.
Donc
ça n'a rien à voir avec le le le, mais évidemment Mais
ça ressemble tellement, c'est facheux, mais ça arrive à voir.
C'est terrible, il
y a
une méprise terrible. Imaginez dans un stade de cent-mille spectateurs, imaginez le spectateur qui se trouve tout en haut, qui voit le les Français défiler avec le bras tendu, le le public a répondu par le salut nazi, Hitler étonné a répondu par le salut nazi, André François Ponsel l'ambassadeur qui était à côté de de d'Hitler s'est pris la tête dans les mains en se disant, mais qu'est-ce qui se passe quoi
Bien sûr.
C'était la panique à bord vraiment, mais alors et puis rendez-vous compte dix-huit ans après la fin de la première guerre, des Français acclamés à Berlin.
Vous voyez voilà, on l'a dit au massif parce que c'est important.
C'est dingue donc le, ça a été le pays le plus acclamé, le plus applaudi derrière l'Autriche, l'Italie évidemment derrière derrière l'Allemagne. Mais bon évidemment ce n'était pas un un hommage à au nazisme et encore moins à à Hitler, il y a eu méprise totale comme l'a expliqué Noël Vandernaut, mais ce ce n'est pas superficiel, c'est c'est enfin ce n'est superficiel qu'en apparence en fait parce que ça ça traduit en fait la méconnaissance totale que les Français avaient à l'époque de ce qui se passait en Allemagne. Guy Laby, cycliste qui a eu trois médailles dont deux en or aux jeux de Berlin en mille-neuf-cent-trente-six, je l'ai rencontré en deux-mille-cinq, il y a vingt ans, à Bordeaux et il m'a même précisé, il m'a même avoué qu'il ne, quand il est arrivé à Berlin, il ne connaissait même pas le salut, le salut nazi, il ne savait pas ce que c'était. Donc rendez-vous compte
Il part de loin.
Oui donc il partait de très très loin, mais c'était la preuve que les Français enfin en tout cas les Français moyens ne savaient pas ce qui se passait en Allemagne.
Alors on a passé trois minutes là-dessus mais c'était important, c'était important. Ah non
mais c'est important parce que on les a beaucoup critiqué après quand ils sont revenus en France.
Bien sûr. Alors que devait être concrètement maintenant ces contre jeux organisés à Barcelone, l'idée est intéressante, qu'est-ce qu'on sait de cela sauf que ça peut avoir lieu évidemment avec l'arrivée de
Les contre-jeux c'était organisé par ceux qui étaient en faveur du boycott, alors essentiellement des des des communistes, mais aussi des des des personnes liées à la communauté juive puisqu'ils étaient exclus évidemment, ils se sentaient exclus et donc ils sont organisés ces ces contre jeux à Barcelone qui devaient avoir lieu le dix-neuf juillet, donc c'était avant les jeux de les jeux de Berlin qui n'auront finalement jamais lieu puisque Franco déclenche la le coup d'État le le dix-huit, la veille et c'est la guerre civile en Espagne, c'est le chaos à Barcelone et les jeux et les contre-jeux n'auront jamais lieu. Alors ces contre-jeux devaient rassembler des sportifs liés au parti communiste essentiellement, mais aussi à la à la communauté à la communauté juive et les premiers combattants d'ailleurs de la guerre civile en en Espagne. Absolument. Ce sont aussi des des athlètes qui devaient participer en effet à ces à ces contre-jeux
Les premières brigades internationales.
Les premières brigades internationales et et d'ailleurs il y a eu un financement parce qu'au départ en fait le budget pour les jeux de Berlin était de d'un million huit cent mille francs, d'accord. Léon Blum les a coupés en deux, un million pour Berlin et huit cent mille francs pour pour les les contre jeux de Barcelone, pour les financer aussi, pour envoyer des Français là-bas et malheureusement ces ces contre jeux n'ont n'ont jamais eu lieu, mais c'était évidemment pour pour évidemment critiquer Hitler, pour ne pas cautionner ce qui se passait en en Allemagne et puis pour pour lutter contre contre le nazisme et pour et pour montrer que tout le monde n'était pas d'accord.
Alors on va on ne va pas faire du chrony, mais si ces jeux avaient existé, ça aurait changé probablement le le le visage des JO de Berlin. Forcément. Alors, on on va écouter Noël von der not, on va écouter ce ce ce qu'il en pense, ce qu'il a ressenti avec ce jeu et
puis on
en reparle ensuite.
Il y avait la cérémonie olympique protocolaire, on remettait les médailles sur un podium qui était sur le stade olympique. Et alors il jouait à chaque fois c'était pénible, tout le monde debout, les Allemands le bras tendu, il fallait voir cette marée, c'était impressionnant, nous tout petits au milieu de tout ça là-dedans et ils jouaient l'hymne national allemand et ensuite l'hymne des nazis. Ça, c'est interdit normalement, on n'a pas le droit, mais ils l'ont fait à chaque compétition et c'était long et puis c'était impressionnant, presque angoissant j'allais le dire.
Voilà, l'hymne national, c'est le Deutschland lead et le chant du parti nazi c'est le Hort Fessul Lead, là c'est effectivement assez choquant.
Bien sûr que c'est choquant parce que normalement on n'a pas le droit. Ben oui. Normalement on n'a pas le droit, c'est le le comité international olympique l'a l'a bien précisé mais Hitler en a fait en a fait encore évidemment un outil de propagande de ces jeux olympiques et ça passait aussi par là. Donc donc voilà alors c'est vrai que la communauté internationale n'a pas réagi mais comme elle n'a pas réagi pour la remilité à la réalisation de la de la Rhénanie.
Ni à Munich d'ailleurs.
Et oui non mais ça préfigure Ça
préfigure au
fait ce qui va se passer à Munich en mille-neuf-cent-trente-huit donc les accords de Munich donc oui oui dans la communauté internationale a été un petit peu lâche, mais en fait c'était quoi le problème, c'était qu'il ne personne ne voulait se froisser avec avec Adolf Hitler, personne. Personne parce qu'ils avaient peur d'Adolf Hitler, ils ne voulaient surtout pas le contrarier et ils ont préféré fermer les yeux donc face à cette Allemagne qu'ils ont vu pacifier et pacifique pendant une quinzaine de jours puisque c'est vrai qu'on ne reconnaissait pas l'Allemagne, vous l'avez vous l'avez très bien vu.
Bien sûr, c'était maquillé, tout était maquillé. Tout était
maquillé, tout était maquillé évidemment.
Et les médias et les médias alors dont on peut attendre qu'ils aient une plus d'acuité que nous. Comment comment ils ont, ils se sont laissés bien Il
y avait d'un côté les journaux qu'on va qualifier de droite et puis il y avait les les les journaux comme le l'humanité du parti communiste et puis le sport puisque c'était un hebdomadaire qui est lié aussi au parti communiste alors eux évidemment ils étaient contre les jeux, ils étaient pour le boycott, ils étaient en faveur des des contre jeux de Barcelone alors évidemment c'était une énorme vitrine pour l'Allemagne ces jeux de ces jeux de Berlin mais eux ils s'intéressaient surtout à l'arrière boutique forcément. À l'arrière boutique, c'était les les lois racistes de de Nuremberg, c'était les camps de concentration, les premiers camps de concentration, c'était les les lois antisémites et puis évidemment la la remilitarisation de la de la Rhénanie. Alors ils ont évidemment ils ont ils ont mis le l'accent là-dessus pour leur dire attention on est en train de se faire manipuler, il faut faire très attention, cette Allemagne est belliqueuse, il faut faire attention. Mais finalement finalement bon ça n'a pas servi à grand
chose parce que tout
le monde
y a été, même si les Français ont été les derniers, ont été les derniers à accepter l'invitation du c n o allemand, parce qu'il faut se souvenir aussi, il faut savoir que ce n'est pas un pays qui invite, ce sont les les comités nationaux olympiques et là c'était le comité national allemand qui invitait et la France a été le dernier à à accepter une invitation parce que les débats ont été particulièrement houleux, la le la France a donc été le dernier pays à accepter cette cette invitation, vous l'avez dit Pierre Mendès France a été le seul à voter contre, Les les communistes et les socialistes se sont abstenus, évidemment la droite a a voté en en faveur des des jeux. Mais bon, pour Léon Blum, c'était compliqué parce que pour Léon Blum, avant d'arriver au pouvoir, avant d'être président du conseil, il était contre les jeux. Mais une fois qu'il est arrivé
au pouvoir C'est la politique.
Là il était partagé entre ses convictions réelles et évidemment la réalité diplomatique. Donc ça a été extrêmement compliqué pour lui. Il s'est appuyé beaucoup sur André François Ponset pour prendre sa décision. André François Ponset donc ambassadeur de France à à Berlin, alors il s'est laissé un petit peu séduire alors évidemment pas par conviction, pas par conviction, mais surtout pour voir ce que Hitler voulait faire de ces jeux olympiques et évidemment il a très vite dit allez en Blum attention, il est en train d'en faire une opération de propagande incroyable et il est en train de préparer la guerre. Il est en train parce que le sport c'est quoi C'est une confrontation, c'est des duels, c'est des combats C'est
un rapport de force.
C'est des rapports de force et il est en train de préparer la guerre. Donc faire du sport, c'est la le le c'est la guerre en en avec d'autres moyens en fait en en quelque sorte.
Hitler est l'homme des rapports de force. Alors ce ce débat, bien que les périls n'étaient pas les mêmes, il faut toujours faire attention avec les comparaisons, mais ça me rappelle quand même les débats en France, notamment avant la coupe du monde de mille-neuf-cent-soixante-dix-huit en Argentine.
Oui, pareil.
Il y avait bon, mais c'est vrai que les périls n'étaient pas tout à fait les mêmes. France Inter. Affaire sensible, Fabrice Drouel. Fabrice Abgraal, nous en étions restés à Léon Blum, président du conseil au moment des faits. On va rester avec Léon Blum parce que évidemment la décision qu'il prend d'envoyer les les Français aux JO de de Berlin est difficile
De peur de cautionner, évidemment. Voilà donc
donc il faut compenser, donc il faut compenser.
En fait il avait, il avait un vrai problème donc il avait peur d'être incompris des Français parce qu'il venait de créer avec le Front populaire le premier secrétariat d'État au sport, le ministre des sports en quelque
sorte. C'est ça Léo Lagrange et
c'est ça. Léo Lagrange qui était donc le secrétaire d'État. Donc il était quelque part obligé d'envoyer des sportifs parce que comment faire comprendre aux français qu'il veut développer la pratique du sport en France et qu'il n'envoie pas les meilleurs sportifs français dans le plus grand événement, les jeux olympiques. Donc c'était très compliqué aussi pour lui de de prendre cette décision de de boycotter. Bon et après évidemment il y avait aussi la remilitarisation de la Rhénanie.
Les Français ont été incapables de réagir. Pourquoi boycotter les jeux de Berlin qu'il est capable de réagir à la rémunération de la Rhénanie en mars mille-neuf-cent-trente-six. Donc c'était deux trois mois avant. Donc c'était insupportable pour lui évidemment de de pouvoir prendre une décision de de boycotter et puis bon les Français évidemment veulent la paix avec l'Allemagne parce qu'ils sont encore traumatisés par le souvenir de la première guerre mondiale et puis évidemment il ne veut pas il ne voulait pas cautionner évidemment le le régime nazi mais il a été contraint d'envoyer des des athlètes pour ne pas froisser Hitler pour ne pas contrarier
Et pour ne pas entrer dans une logique de guerre.
Voilà exactement.
Alors on n'a pas abordé les JO d'hiver qui ont eu lieu six mois auparavant à Garmizh-Barttenkershen, mais déjà Hitler avait demandé à ce qu'on prenne soin les médias, ça a été une répétition générale.
Ah bah c'était clairement une répétition générale, oui c'était, vous savez les les jeux de de Garmi-Schparten Kershen c'est les jeux d'hiver donc quinze jours ou trois semaines après il remilitérise la Rhénanie. En fait ce qui s'est passé c'est qu'il s'est en effet servi de cet de cet événement pour voir un petit peu comment aller réagir les les pays étrangers, pour savoir aussi un petit peu comment le peuple allemand allait réagir, mais là encore c'était une opération de Promaconda incroyable pour lui, pour savoir justement pour asseoir un petit peu sa popularité, pour asseoir évidemment sa politique et puis pour voir aussi pour mesurer déjà les les forces en présence et ça a été clairement mais vraiment clairement une répétition générale et ils se sont aperçus que après c'était après les jeux olympiques de de Berlin sont arrivés dans la foulée et Bien sûr. Et avec le triomphe que l'on sait.
Alors le film Les dieux du stade a mauvaise réputation parce que les JO de Berlin parce qu'on était persuadé que Lenny Rifenstahl était vraiment à la solde du terme. Un, c'est un beau film déjà.
C'est un film merveilleux.
Bien sûr, c'est un beau film. Esthétiquement parlant. Oui, j'entends bien. Alors vous avez entendu évidemment, vous vous connaissez cette archive de Lenny Rievan Stahl qui se défend d'avoir été la disciple d'Hitler. C'était l'égérie d'Hitler.
C'était l'égérie d'Hitler. Mais l'égérie ça va pas forcément dans les deux sens.
Le sport qu'avec Lenny Refendstadt, c'est incroyable parce qu'elle a deux-cent-cinquante heures à dérocher, deux ans de montage, le film est incroyable, il est très très beau, alors évidemment il faut prendre du recul quand on le regarde parce qu'évidemment, mais c'est vrai que c'est un outil de propagande, ça reste un outil de propagande quand on le regarde, mais attention elle a quand même elle a quand même filmé Jessy Wes, elle a quand même filmé des athlètes noirs, des athlètes étrangers, il n'y a pas que les Allemands, mais c'est vrai que les Allemands sont filmés de façon incroyable et c'est très très beau. J'invite évidemment
à à
Tout le
monde a d'autres auditeurs de le de le voir mais avec le recul nécessaire.
Alors Fabrice vous êtes un homme de radio donc il reste une minute. Oui je compte sur vous. Allez. Bon les les Français, le le le sport français, ils ils dans quel état le sport français à cette époque
Le le sport c'est éventuellement, c'est essentiellement un divertissement. Alors évidemment on aime la boxe en France à cette époque-là, on aime les la lutte, l'haltérophilie, mais mais évidemment on se souvient aussi du tennis avec évidemment les les mousquetaires, on reste dans le souvenir des mousquetaires Borottra, Bruno Lacoste et Cochet, mais le sport en France à à cette époque-là, c'est le vélo, c'est le cyclisme parce que les héros ce sont les coureurs du tour de France.
Les dieux de la route. Les dieux de
la route non mais c'est vrai c'est vrai et il faut savoir qu'à l'époque il y avait un vélo pour quatre habitants en France. C'était incroyable, il y a neuf millions de vélos. Neuf millions de vélos, c'était le et évidemment les les les les les les les les Français ont été particulièrement performants à Berlin d'ailleurs à vélo, comme cyclisme.
La France, un pays qui roule.
Un pays qui roule.
Merci.
Il n'y a pas beaucoup de médailles. Il n'y a pas beaucoup de médailles. Merci dix-neuf. Merci infiniment Fabrice Amkarel. Au revoir.
Au revoir. C'était
affaire sensible aujourd'hui les JO de Berlin en mille-neuf-cent-trente-six, c'est l'émission que vous pouvez réécouter en podcast bien sûr. À la technique aujourd'hui, il y avait Florian Dorymily.