Paul Touvier qui pendant plusieurs décennies a réussi à se cacher grâce à l'appui d'une dizaine de religieux catholiques. Mais l'affaire Touvier dépasse Touvier. Derrière le monstre se cache quelque chose de beaucoup plus vaste que lui. Après la guerre, il devient l'incarnation de la collaboration et de Vichy. Et il réapparaît par à coup, de la collaboration de Vichy et il réapparaît par un coup dans l'actualité tout au long d'un demi siècle comme une ombre revenant hanter les mémoires qui ne s'apaisent jamais comme le sinistre fantôme de ce passé qui décidément ne passe pas.
Notre invité aujourd'hui est Claude Grenier, ancien juge d'instruction, il a instruit l'affaire Touvier de mille-neuf-cent-quatre-vingt-cinq à mille-neuf-cent-quatre-vingt-neuf, il nous attend dans les studios de France Bleu, Loire Lozère, gare Lozère à Nîmes. Affaire sensible, une émission de France inter diffusée en direct, récit documentaire Romain Weber, coordination Franck Ognard, chargé de programme à Rebecca de Nantes, réalisation Frédéric Milano. Fabrice Drouet, affaires sensibles sur France inter. Quand le juge d'instruction Claude Rely en hérite, le dix-huit novembre mille-neuf-cent-quatre-vingt-cinq, le dossier Touvier cumule des milliers de pièces, mais il est à l'arrêt. Ne perd pas ton temps avec cette affaire, lui dit-on.
Touviez, tout le monde s'en fiche. Il est sans doute mort ou à l'étranger. Tout le monde s'en fiche, vraiment, un dossier s'y fournit. Il semble au contraire que certains y aient accordé de l'importance. Alors le juge reliait Louvre et s'y plonge.
Ce dont on accuse Touvier date donc de la guerre, de la période où il était l'un des responsables de la milice à Lyon. Le juge est particulièrement saisi par l'horreur que dégage une série de photos qu'il a sous les yeux. Ce sont des corps morts piteusement jonchés sur un trottoir. La plupart ont les yeux ouverts et une expression terreur. Ils s'appellent Glaser, Zaïzig, Benzema, Skisselmann, Krikovski, proc et le septième n'a pas de nom, inconnu paraissant vingt-cinq ans est-il mentionné, sept juifs.
Ils ont été assassinés par la milice le vingt-neuf juin quarante-quatre et tout vit à vous les avoir choisis. C'est l'une des exactions qui lui valent d'être poursuivies pour crime contre l'humanité. Bétouiller n'a jamais purgé Le Pen et le juge découvre que son histoire va de bizarrerie en étrangeté. Arrêté en quarante-sept, il a miraculeusement réussi à s'évader. La police ne l'a jamais retrouvé alors qu'il vivait chez son père et plus étonnant encore, il était gracié en mille-neuf-cent-soixante-douze.
Treize ans ont passé, tout y est à nouveau poursuivi, mais il est introuvable. Le juge Rolier, lui, n'a pas l'intention de laisser mourir cette affaire. Et il commence par se rendre à l'adresse qu'indique une fausse carte d'identité présente dans le dossier, prénom Paul, nom, Berthaix, résident au un place de Fourvière à Lyon. Étonnant, c'est l'adresse de l'archevêque. Pourquoi ce condamné à mort en cavale a-t-il été domicilié ici Devant la basilique Notre-Dame de Fourvière, le juge s'interroge en regardant Lyon que l'église surplombe.
De cette colline, on distingue la place Bellecour sur laquelle une feu là vient de s'installer. C'était dans ce bâtiment que siégeait la milice. Juste devant cette place où Jean Moulin, Léo Braque et autres résistants se donnaient rendez-vous. Et là-bas, derrière le Rhône, ce grand édifice d'Eric longe les voies qui sortent de Perrache. C'est là qu'était la Gestapo.
Depuis la colline de Fourvière, sous les yeux du magistrat, resurgit un passé douloureux. Rappelons que sévissait également vers la capitale des Gaules, un certain Klaus Barbie. Le dossier de tout vie fait revivre cette période. Page après page, il égrène les crimes du autant de blessures qui attendent que le rotor soit puni pour commencer enfin à se cicatriser.
Je m'engage sur l'honneur à servir la France et le maréchal Pétain chef de la Légion à consacrer toutes mes forces à faire triompher la révolution nationale et son idéal suivant les ordres de mes chefs et la discipline librement acceptée du s o l, s o l, c'est vous.
Ce serment Paul Touvier l'a prêté, Ce n'est pas encore le serment d'Amélie, c'est celui de son ancêtre, le service d'ordre légionnaire, le s o l. Créé par Vichy, ce groupe paramilitaire annonce ses ambitions dans un texte appelé les vingt-et-un points du s o l. Qui dit par exemple contre le bolchevisme pour le nationalisme ou contre la lèpre juive pour la pureté française. Et le jour où tout billet s'engage, il n'oublie pas comme tous les autres, le vingt-et-unième et dernier point de la liste qui dit contre l'oubli des crimes pour le châtiment des responsables. Voici donc l'histoire d'un homme qui n'a jamais été aussi heureux que lorsque la France était écrasée, qui s'est épanoui dans le déchirement de son pays, comme beaucoup de ratés, de minables de la société démocratique d'avant-guerre et qui formeront l'un des gros bataillons des traîtres français pendant l'occupation comme une revanche.
Ils forment la cohorte des collabos actifs dont le zèle assassin n'a rien eu à envier à celui de leur maître, les nazis. Touvier est né en mille-neuf-cent-quinze dans les Alpes, un père militaire, une famille catholique anticommuniste antisémite, une éducation typique de la droite maurrassienne, un cerveau déjà lessivé par la haine. Mais toutvier ne milite pas avant la guerre, non Ce jeune homme moyen, très moyen, qui jusqu'alors ne s'est fait remarquer ni pour ses compétences intellectuelles, ni par ses qualités physiques, attend l'occupation pour s'engager sans aucun risque au nom de ses convictions. Vichy est là pour ça, ce qui le conduit jusqu'à la milice créée en janvier mille-neuf-cent-quarante-trois. La milice est un organe totalitaire de type fasciste du genre tu ne penses pas comme moi je t'élimine et qui prépare la construction d'une Europe nazie.
Toutvier s'y plaît, c'est un bon milicien. Alors il gravit les échelons jusqu'à devenir l'un des chefs de la région en Alpes. Il collectionne les renseignements sur les résistants et les juifs qu'il transmet ensuite à la Gestapo. Ses locaux à Lyon servent de prison et comme ses semblables délinquants en uniforme, il se spécialise dans la spoliation en d'autres termes, il pille. Il loge sa maîtresse dans un appartement qu'il a vide et ses propriétaires, juifs bien sûr.
Il récupère l'argent, les meubles et les voitures des martyrs. Sans pitié, animé par sa cupidité, il est également au moins au moins complice d'assassinat. Ceux de Victor Bach, le président de la ligue des droits de l'homme est de son épouse. Et ce, le vingt-neuf juin mille-neuf-cent-quarante-quatre à Rieu-la-Pape au nord de Lyon de sept juifs fusillés en représailles du meurtre de Philippe Henriot, vedettes de la milice incendiaires abattus par des résistants. Alors les miliciens de Lyon assassinent sept juifs au hasard donc pour venger leur grand homme.
Et c'est tout vieux qu'ils a choisi et c'est lui qui a donné l'ordre de les assassiner. À la libération, comme beaucoup de ses semblables, portant l'acheter en bandoulière, il se cache. Il n'a que vingt-neuf ans, mais plus jamais il ne sera un homme libre. Jusqu'à son arrestation, il restera en cavale perpétuelle. Son premier refuge le presbytère d'un certain abbé Vautrin.
Tu viens raconte des années plus tard.
Tout à coup, il y a une bande d'hommes armés qui ont sonné au portail en bas. L'abbé Vautrin leur a répondu d'en haut. Une troupe a envahi la maison et lui a dit, tu caches un chef de la milice. Il les a accompagnés partout et quand il est arrivé dans la pièce où il y avait le plancher sous lequel j'étais caché, il s'est planté au milieu, puis il a dit chercher. Alors les garçons ont regardé, ils ont fait le tour de la maison et ils sont repartis.
Il les a accompagnés. Il est remonté, il m'a dit, il faut partir tout de suite.
C'est d'abord dans d'autres cachettes à Lyon, puis à Montpellier que tout vient se taire comme un rat. Et déjà sous la protection de la croix, puisque c'est dans des couvents ou des monastères qu'il se réfugie grâce à un réseau ecclésiastique qu'il connaît depuis toujours. En mille-neuf-cent-quarante-six, il est condamné à mort par Comptimas à Lyon. Même chose l'année suivante à Chambéry, Comptimas, oui, car il court toujours. Il est tout de même arrêté en mille-neuf-cent-quarante-sept à Paris.
Effrayé à l'idée de monter sur l'échafaud, il donne tous les noms qu'il connaît, y compris ceux des hommes d'église qui l'ont aidé. Puis étrangement laissé seul dans une pièce la porte ouverte, il sort des commissariats comme on sort d'une boulangerie et il disparaît. La vérité, c'est que dans le tumulte de l'après-guerre, on oublie le nom de Paul Touvier. Les hauts responsables de Vichy et de la milice sont jugés, Touvier n'en est pas un haut responsable et il s'évapore sans craindre mou. Ainsi le temps passe, les décennies.
Touvier a disparu en mille-neuf-cent-quarante-sept à l'âge de trente-deux ans. Il en a donc cinquante-neuf en soixante-douze quand un journaliste retrouve sa trace. Ce journaliste s'appelle Jacques Béroger et il travaille pour l'Express sur Klaus Barbie, le chef de la Gestapo de Lyon qui vient d'être identifié en Bolivie.
Donc je vais voir la mouvance de la résistance et un de ses anciens résistants me dit, oui, enfin Barbie était allemand tant que tout vient français. Je lui dis tout vient qui sait Jamais entendu parler. Et en vérité, me dit-il, c'était le chef du service de renseignement de la ministre pour la région Rhône-Alpes, c'est-à-dire que c'était quand même un cadre, un cadre quand même relativement important. Mais me dit-il, on croyait mort à la libération, sauf que certains d'entre nous avaient, sentaient quelques anguille sous roche dans la mesure où monseigneur du Caire, qui était le secrétaire des cardinaux Charlier puis Villot, avait fait le tour des rescapés des journaux de la ministre pour essayer d'avoir des attestations en vue d'un d'un des cadras. Alors, alors moi je commence à faire le tour des gens qui ont signé des attestations ou qui ont été sollicités par l'ancien du Caire et le dernier que je vois à Paris, professeur Gabriel Marcel de l'institut philosophe, abdelicanséisme chrétien me dit j'ai interdit ma porte à Noé Touvier.
Je lui dis comment vous avez fait Il
me dit
je vais écrire une lettre. Dire bon, il dit voilà la photocopie de cette lettre enfin, le double. Monsieur Paul Berthaix trois, chemin des Charmettes de Chambéry.
Vingt-et-un mai mille-neuf-cent-soixante-douze, Chambéry. Un livreur se présente au numéro trois de la rue des Charmettes, un bouquet de fleurs à la main. Le portail est fermé, il sonne plusieurs fois, rien, mais un volet à l'étage finit par s'ouvrir prudemment. Et apparaît un homme en robe de chambre l'air renfrogné. Il regarde tout en restant dans l'ombre et cet homme, c'est Paul Touvier.
De l'autre côté de la rue, Jacques desrosiers, lui, est planqué derrière un buisson avec un photographe qui capture cet instant. Et puis un autre homme, plus jeune, c'est le fils Touvier, et finit par sortir. Il vient en portail chercher ce qu'apporte le livreur. C'est un bouquet de sept glaïeuls rouges accompagné d'un billet écrit par Jacques Desrogers. Il y est inscrit avec le meilleur souvenir de Klaus Barbie.
L'article des journalistes qui paraît dans l'express est retentissant. La France avait oublié Touvier et le voilà qui revient et le passé grec. Mais Dorogis sait maintenant que Touvier vit tranquillement à Chambéry et qu'un évêque, monseigneur Duquer, secrétaire de l'archevêché de Lyon, a passé plus d'une décennie à tenter d'annuler les poursuites contre l'ancien milicien. Et c'est lui qui a fourni à Touvier la fausse carte d'identité à l'adresse de l'archevêché, celle que le juge Grenier découvrira dans le dossier. Avec une énergie extraordinaire, minimisant ses crimes, apitoyant les uns et les autres sur le sort de ce pauvre homme persécuté et sur celui pire de sa femme et de ses deux enfants, il parvient à décrocher la grâce présidentielle, celle de Georges grâce présidentielle, celle de Georges Pompidou en l'occurrence.
Dans ces années soixante-dix où l'on chasse les nazis, où historiens, cinéastes, écrivains commencent à fouiller l'histoire de l'occupation, cette grâce en met beaucoup mal à l'aise. Le général de Gaulle, approché par le même monseigneur du Caire, aurait répondu pour sa part, tout vient, douze balles dans la peau. Mais Pompidou n'est pas de Gaulle. Lui n'était pas résistant et il s'est laissé convaincre, mais il est contraint de s'expliquer.
Allons-nous éternellement entretenir saignante les plaies de nos désaccords nationaux Le moment n'est-il pas venu de jeter le voile, d'oublier ces temps où les français ne s'aimaient pas, s'entredéchirer et même s'entretuer, et je ne dis pas ça, même s'il y a ici des esprits forts par calcul politique, je le dis par respect de la France.
Mais les mémoires peuvent-elles s'apaiser sans qu'il y ait eu justice, les résistants, les enfants déportés, les orphelins de guerre, tous ceux qui ont tant souffert des horreurs de la milice, manifestent. Certains font savoir qu'ils veulent éliminer Touvier. Trois-cent-cinquante articles dans le mois qui suit, presque deux-mille au cours de l'année soixante-douze, tout le monde l'avait oublié, mais voilà tout y est brusquement projeté au coeur de l'actualité. D'autant que dans sa maison qui la fuit, on retrouve une bande magnétique, l'enregistrement d'un entretien destiné à sa demande de grâce. Sur ce document sonore, Touvier comme d'habitude minimise ses crimes, prêtant qu'il n'était qu'un petit exécutant qu'il n'a jamais ni tué ni torturé.
Mais il a bien participé à l'exécution des sept juifs à Rio. Pourquoi avoue-il cela bien, c'est parce qu'il prétend avoir agi sous la pression des allemands et avoir choisi de tuer sept juifs quand on lui en demandait trente. Et il n'est donc pas coupable puisqu'il a sauvé des vies. Un raisonnement pervers qu'il tient deux ans plus tard sur antenne de grotesques menthe affublé de lunettes noires et d'une perruque.
Finalement, j'ai été obligé d'accepter de faire fusiller trente personnes. Les personnes les prendront dans les prisons. Nous avons été contraints et forcés parce que dites-moi ce qu'il aurait fallu faire dire non aux allemands, les allemands auraient tué de cinq.
Mais vous saviez qu'ils allaient être fusillés
Oui, Oui. J'avoue, je le savais. Mais comment fallait-il faire Dites-moi ce qu'il fallait faire face aux allemands. J'ai fait mon devoir en évitant le pire. Le raisonnement
est surtout catastrophique pour tout vieux parce que les enfants des victimes ne savaient pas que ce fuyard avait un lien avec ces horreurs, maintenant ils le savent et sa grâce en devient encore plus intolérable et les familles victimes des pour crime contre l'humanité cette fois. Plus de trente ans après la libération, l'affaire Touvi reprend. En fait, elle commence véritablement. Mais l'ancien milicien et sa famille disparaissent pour la deuxième fois. Des polices de fichiers, traque nos frères réfractaires ni décence vous devrez pour les traîtres, pas pitié.
Aujourd'hui le dossier Paul Touquet, France Inter, affaires sensibles. Qu'est-ce qu'un crime contre l'humanité C'est une notion apparue en Nuremberg en mille-neuf-cent-quarante-cinq. C'est un acte criminel à l'encontre d'un groupe humain violant gravement les droits de la personne pour des motifs politiques philosophiques raciaux ou religieux. Et un tel crime n'est pas prescriptible. Mais encore faut-il en trouver parmi son don de Pontala Cuspouvier qui ne soit pas jugé et qu'on puisse prouver.
Rapidement, la justice identifie les assassinats de Rio comme l'un des seuls crimes entrant dans cette catégorie. Après plusieurs années de procédure, la justice tranche. Le vingt-sept novembre mille-neuf-cent-quatre-vingt-un, un mandat d'arrêt est émis contre Touvier. Entre temps, la juge d'instruction, Martine Anzani, a entendu un témoin décisif. Il s'appelle Louis Goudard.
Il Il était résistant à Lyon et il était présent dans les locaux de la milice avec les juifs qui ont été assassinés. Cette nuit-là, un milicien Henri Gonnet l'avait d'abord mis dans la liste des personnes à exécuter. Il raconte.
Alors, il m'a donc fait pas, traverse le couloir, mis à côté des juifs alignés contre le mur et du temps où j'ai traversé le couloir, en regardant à gauche, j'ai vu monter le touvier. Et aussitôt il s'est dirigé vers Gonnet qui était derrière moi, ils ont discuté, j'ai eu l'impression que Gonnet se faisait engueuler, et aussitôt après cette, ce laps de temps, Gonnet m'a saisi par l'épaule et m'a rejeté en cellule.
Donc Touvier voulait fusiller uniquement des israélites. Oui.
La justice ne sait pas où est Touvier. C'était pendant la guerre, un professionnel de la traque caché depuis quarante ans, il est maintenant l'expert de la clandestinité. Il a soixante-dix ans et chaque jour qui passe rapproche celui où il disparaîtra pour de bon sans avoir été puni. Et le vingt septembre mille-neuf-cent-quatre-vingt-quatre. Bien que la nouvelle ne soit pas encore officiellement confirmée, il est à peu près sûr que Paul Touvier est mort ces dernières semaines, Dominique Tiers.
Paul Touvier vivait en homme depuis mille-neuf-cent-quarante-cinq, mais hier on apprend sa mort par une petite annonce publiée dans le Dauphiné Libéré. L'annonce est discrète et sibyline, c'est un message de remerciement adressé aux membres des familles Touvier et Berthaix, le nom de la femme de Paul Touvier. Ni la date ni le lieu du décès ne sont précisés.
Pour les familles des victimes, la mort de Touvier est une grande déception et plus encore. Mais pour la juge d'instruction, c'est une grande arnaque. Son état civil n'a pas été modifié et aucun cimetière n'a noté le décès. Pour la magistrate, Touvier court toujours. Nous sommes maintenant en mille-neuf-cent-quatre-vingt-cinq et c'est au tour de juge Grenlier d'être saisi de l'affaire.
Toujours s'est-il depuis quatre ans que Touvier est mis en examen pour crime contre l'humanité, il n'a jamais été inquiété. Et cela, le juge ne le comprend pas. Il appelle alors des commissariats pour vérifier que le mandat d'arrêt leur est bien parvenu. Et surprise, il apprend que non. Haïrissant, la police n'a pas reçu l'ordre de chercher Touvier.
Le fugitif avait-il des soutiens au sein de l'état ou de la police C'est ce que peut-être le juge soupçonne. Et c'est un comble pour Touvier qui ne sait pas lui qu'il se fatigue à se cacher alors que personne ne le cherche. Le juge Rolier décide donc de retirer l'affaire à la police et de la confier à la gendarmerie. C'est mi-lieutenant-colonel Jean-Louis Recordon qui mène l'enquête. Un travail fastidieux, éplucher les dossiers administratifs pour retrouver la trace de la famille Touvier connu sous plusieurs pseudos.
Mais rien n'apparaît. Et puis pour qu'il n'y ait ni compte bancaire, ni sécu, ni facture, il faut nécessairement que tout vit ait été aidé. Et par qui L'affaire de la grâce a révélé sa proximité avec des hommes d'église. Alors les gendarmes mettent sur écoute plusieurs abbayes. Les premiers temps ne révèlent pas grand-chose.
Mais une information anonyme oriente l'enquête vers un certain abbé Lagond fondateur d'un groupuscule appelé l'ordre des chevaliers de Notre-Dame. Louis-Marie Aurore journaliste au Canard Enchaînée explique sur France inter qui sont ces personnages.
Les chevaliers de Notre-Dame sont une une sorte de secte ou en tout cas une une organisation secrète qui a des rites, ces gens-là se déguisent, mettent, ils se déguisent en chez chevalier, ils se réunissent de façon un peu secrète, tous ces gens-là avaient en, tous en commun leur nostalgie pour le régime de Vichy, leur affection particulière pour le les collaborateurs et les anciens miliciens et d'une façon générale pour l'extrême droite qui flirte avec les mouvements intégristes.
Le canard enchaîné a eu l'idée lui aussi de gratter du côté de ces fous de Dieu et le journaliste Hervé Lifranc a eu la bonne idée d'aller faire un tour à l'une de leurs réunions. Elle a lieu au sacré-coeur à Paris et c'est un drôle de cirque. Habillés en chevalier, en écuyer ou en moines, ils écoutent les anciens ressasser leçons de vie. Et l'Inde raconte sans se cacher ses souvenirs de jeunesse lorsqu'il était volontaire dans la Waffen SS. Cet homme s'appelle Jean-Pierre Lefebvre.
Un intégriste parmi les intégristes, il milite pour la réhabilitation de Rudolfès par exemple, à bord la démocratie et la libération où vient en aide au fugitif de l'aloès. Et comme il ne se cache pas en plein milieu du sacré-corps d'être un nazi, pourquoi garder pour lui qu'il connaît Paul tout vieux. Alors, ce personnage vulgaire et cynique raconte, sourire aux lèvres, comment il l'a caché dans le coffre de sa voiture en mille-neuf-cent-quatre-vingt-trois alors qu'il risquait d'être découvert. C'est donc maintenant certain, ces fanatiques sont derrière sa cavale. La gendarmerie l'a compris elle
aussi.
Le vingt-deux mai quatre-vingt-neuf, les gendarmes sont ambitieux dans le pas de calais à l'abbaye de Wiska. C'est celle de Laffont, le fondateur de l'ordre. Brahmach, il leur lance, de toute façon, vous ne l'attraperez pas. Il leur avoue tout de même que Lefebvre en sait plus que lui. D'autres gendarmes se trouvent précisément devant le domicile de cet homme en banlieue parisienne.
Ils entrent et découvrent des documents prouvant que les chevaliers versent trois mille francs par mois à Paul Touvier. Pour le retrouver, il faut donc suivre l'argent. Et Lefebvre lâche le nom d'une femme, Geneviève Peudoux, qui à son tour donne l'adresse d'un certain Pierre Tilly. Puis cet homme donne aux gendarmes le nom du dernier endroit il envoyait les billets, l'abbaye Saint-Michel dans l'Indre. De Paris jusque dans le mairie, les gendarmes filent en voiture pour perquisitionner l'abbaye.
Devant l'abbé scandalisé, les enquêteurs fouillent les lieux et découvrent quatre valises marquées Paul Lacroix. C'est l'un des pseudonymes de Paul Touvier. Alors il les ouvre ces valises. Cinq ans plus tard, au procès de Paul Touvier, le lieutenant colonel record nous raconte.
Et dans l'une de ces valises, la première chose qui m'est apparue, c'est une enveloppe en matière plastique transparente dans laquelle il y avait des écussons de l'armée allemande, il y avait des croix gammées et à côté une autre enveloppe ou un sachet opaque qui était ouvert dans lequel se trouvaient des écussons métalliques portant la croix gammée, il y avait également une croix de fer avec son ruban tout à fait caractéristique rouge, blanc, noir, donc j'ai bien vu que c'était des des écussons nazis.
Et la baie donne aux enquêteurs l'endroit où se trouve tout vient, le prieuré Saint-François à Nice. Alors les gendarmes se remettent en route, parcourent la moitié de la France en cette nuit du vingt-trois au vingt-quatre mai mille-neuf-cent-quatre-vingt-neuf. Au petit matin, ils entrent dans ce prieuré intégriste, se précipitent à l'étage, ouvrent les portes les unes après les autres jusqu'à ouvrir la bonne main. À l'intérieur d'une petite pièce austère au pied du lit en robe de chambre, Paul Touvier se pétrifie. C'est la fin d'une fuite qui aura duré quarante-cinq ans.
Madame, mademoiselle, monsieur bonsoir, une édition spéciale ce soir consacrée bien sûr à l'arrestation de Paul Touvier, celui qu'on a appelé avant Klaus Barbie, le bourreau de Lyon. Il était le chef du service de renseignement et d'action de la milice, une pièce maîtresse de la collaboration. L'arrestation a eu lieu ce matin dans le vieux Nice très précisément dans ce prieuré Saint-François. Les gendarmes de la section des recherches de Paris sont arrivés à sept heures du matin et en sont ressortis deux heures et demie plus tard, encadrant Paul Touvier, âgé de soixante-quatorze ans, Paul Touvier se cachait sous le pseudonyme de Paul Lacroix dans ce prieuré appartenant à la ville de Nice et qui est tenu par des intégristes fidèles à monseigneur
Lefebvre. Douvier conduit à Paris, le juge éthique qui a remplacé Claude Grenier dispose soudainement d'une profusion de matière pour instaurer l'affaire. Toutvier archivé sa propre vie, il a compilé ses déplacements, il a répertorié ceux qui l'ont aidé, mais aussi son état d'esprit, sa vie quotidienne. Le juge retrace ce parcours, cette demi-vie dans laquelle il s'est cloîtré, une existence de morts-vivants. D'abord, ses archives montrent un homme certain qu'il est persécuté, imaginant que les communistes, les résistants et les juifs préparent sa pendaison et l'enlèvement de ses enfants.
Il n'en a rien été. C'est un homme hanté au quotidien par sa propre chute. J'ai vécu cent fois, mille fois peut-être mon arrestation, écrit-il. Et chaque fois, j'ai ressenti cette émotion qui vous laisse comme un grand vide au milieu du corps. Toute ma vie a été une agonie.
Un homme obsédé par la mort qui l'a pourtant donné, un homme qui vit dans le noir derrière ses volets fermées ou à l'ombre de monastère comme dans sa propre tombe. Un homme qui va à la fausse nouvelle de son décès jusqu'à assister une messe des morts en s'imaginant que c'est pour lui qu'on la donne. On découvre aussi un manipulateur dans sa stratégie tord dans son passé répétant tellement ses mensonges qu'il finit par se berner lui-même. C'est le récit à la première personne d'un éternel fuyard ne se rendant jamais alors qu'il avait la possibilité d'alléger ses peines. On découvre aussi l'ampleur de l'aide dont il a bénéficié, des dizaines d'hommes d'églises, des couvents, des abeilles, des prioris.
Difficile de faire le compte de tous ceux qui ont fourni le gîte, le couvert et l'argent. C'était par charité chrétienne se défend-ils tous Mais il semble que cette charité soit donnée par des ecclésiastiques qui lui ressemblent, marqué à l'extrême droite, des anciens collabos, des nostalgiques de Vichy, voire des néonazis. L'historien René Raymond est chargé de faire la lumière sur cette aide. Il présente son rapport en mille-neuf-cent-quatre-vingt-douze.
Première observation, c'est que qu'il y a beaucoup de monde, beaucoup d'ecclésiastiques et même plus qu'on ne savait. Hans Beaulieu, ce n'est pas les mêmes de bout en bout. Pour ne prendre qu'un exemple, mais il a, c'est celui qui s'impose ici, c'est monseigneur Duquer à qui on fait porter la principale responsabilité, elle est considérable, mais il ne fait la connaissance de Touvier qu'en mille-neuf-cent-cinquante-sept, donc il ne joue aucun rôle dans les protections, les interventions qui ont pu se produire en faveur de Touvier entre mille-neuf-cent-quarante-quatre ou quarante-sept et et mille-neuf-cent-cinquante-sept et on pourrait multiplier les exemples si bien que il n'y a pas continuité. On a beaucoup beaucoup de monde passe dans dans ce paysage, mais ce n'est pas toujours les mêmes.
Le procès pour de crime contre l'humanité de Paul Toullier est souvent à Versailles le dix-sept mars mille-neuf-cent-quatre-vingt-quatorze. Pour l'histoire, les audiences sont filmées. Ce n'est pas le procès d'un homme, c'est celui de Vichy. C'est scandalise son avocat. Les parties civiles ne le contredisent pas.
Elles veulent effectivement faire celui de la collaboration. Toutvier, soixante-dix-neuf ans, apparaît alors à la face du monde. Un vieil homme impassible, pathétique, sans grand intérêt, lâche qui semble n'avoir jamais refermé la page de l'occupation. Comme si les cinquante années d'écoulaient n'avaient été qu'une longue parenthèse. Il répond par exemple à une question de maître Djokovic, l'un des avocats des parties civiles.
Dans, dans les dates importantes, dans la période qui nous occupe, je crains qu'il en manque une et je souhaiterais qu'il soit demandé à l'accusé s'il se souvient ce qui s'est passé très précisément le trois octobre dix-neuf-cent-quarante. La promulgation du premier statut des juifs de France,
ça
m'a échappé.
Je souhaite bien sûr que la cour et mesdames et messieurs les jurés puissent prendre acte de la réponse qui vient de lui être fait par l'accusé. Est-ce que l'accusé a une connaissance plus avérée et plus certaine du second statut des juifs de France du mois de juin dix-neuf-cent-quarante-deux
Non plus parce que
c'était un sujet qui ne concernait pas.
Le vingt avril mille-neuf-cent-quatre-vingt-quatorze dans la nuit après cinq semaines de violence, le président de la cour annonce le verdict, toutvier est reconnu complice de crime contre l'humanité, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Un silence se fait que seuls perturbent les pleurs de sa famille. Alors Touvier lève piteusement la main en direction de sa femme sans même qu'elle le voit. Il est le premier français condamné pour crime contre l'humanité. Maurice papon sera le second.
C'est dommage dit René Zaïg, le fils de l'un des fusillés. C'est dommage d'avoir attendu cinquante ans. Paul Touvier meurt deux ans plus tard le dix-sept juillet mille-neuf-cent-quatre-vingt-seize à la prison de Fresnes. Une haine s'est éteinte, titre libération. La messe est célébrée à l'église intégriste de Saint Nicolas du Chardonnay à Paris.
Le prêtre honore, je cite, son âme sensible, délicate et même nuancée. Mais le même prêtre n'a pas le courage de citer le vingt-et-unième et dernier point du serment du service d'ordre légionnaire que Touvier cinquante ans plus tôt avait pourtant prêté et qui disait souvenez-vous contre l'oubli des crimes pour le châtiment des responsables. France inter, Affaire sensible, Fabrice Drouel. Aujourd'hui l'affaire Paul Touvier dont nous parlons avec Claude Grenlier, bonjour.
Oui bonjour.
Ancien juge d'instruction, vous avez instruit l'affaire Touvier de mille-neuf-cent-quatre-vingt-cinq à mille-neuf-cent-quatre-vingt-neuf. Vous arrive-t-il de de mille-neuf-cent-quatre-vingt-cinq à mille-neuf-cent-quatre-vingt-neuf, vous arrive-t-il de repenser trente ans après à cette affaire à ce moment j'imagine intense de votre vie professionnelle
Certes, il y a eu une une un événement assez assez étonnant, c'est que le le lieutenant-colonel recordon qui m'a téléphoné alors que je n'étais plus juge d'instruction pour me me faire connaître l'arrestation de Paul Touvier dans les circonstances qui ont été rappelées au cours de l'émission tout à l'heure. Donc voilà, c'est, il il tenait à me faire part de de cette arrestation qui qui qui à laquelle on ne croyait plus ou en tout cas pendant très longtemps, comme vous l'avez dit, monsieur Touvier se se pensait vraiment très très bien protégé, il l'était, il l'était, c'est sûr.
Et je vous pose une question personnelle et après on passera à autre chose ou faut-il aller puiser au plus profond de soi quand on est juge pour ne laisser aucune place à la haine quand on a en face de soi la figure de l'abjection absolue
J'ai sans doute eu la chance de de ne pas de quitter l'instruction avant avant l'arrestation de Paul Touvier. Oui,
c'est vrai.
Votre votre question, votre question certes me me paraît me paraît légitime, mais je, j'allais dire le le le même quelqu'un comme Touvier sait qu'il a tout intérêt à avoir de bonnes relations avec son juge, quel quel qu'ait pu être le l'horreur de crime ou les circonstances dans lesquelles il a été arrêté. Et je pense que ça a été une des des une des forces de de mon collègue Getty de de de d'avoir entretenu des, au cours des interrogatoires, des relations qui restaient des relations de juges inculpés. On on arrive assez assez facilement, je dois dire à à se débarrasser de toute de tout jugement moral sur la sur sur le ce qui s'est passé sur sur le le le les crimes qui sont qui sont en cause et qui sont instruits. Moi je je je n'ai pas je n'ai pas le souvenir d'avoir même dans dans des affaires criminelles horribles, il me semble que le juge garde assez assez facilement et normalement ça, le recul nécessaire pour ne pas faire transpirer sa sa sa sa sa
la situation. Son indignation. Oui bien sûr. Merci d'avoir répondu à cette question. Il y a quelque chose de de saisissant dans l'affaire Touvier, c'est qu'il est introuvable pendant quarante ans.
Alors on a l'impression quand même que la justice et la police ne fournissent pas non plus beaucoup d'efforts pour le trouver. Et finalement, quand vous vous vous y mettez sérieusement à le chercher avec la gendarmerie, vous le retrouverez très très rapidement. Comment expliquer cela Comment expliquer cela
Très rapidement, c'est ça.
Pas de rapidement par rapport en tout à ce qui s'est passé avant.
Oui, bien, mais parce que je me rendais compte que ça a été rappelé aussi, le mandat d'arrêt n'avait pas été diffusé. Et il m'est arrivé moi-même, j'ai eu j'ai eu un concours de circonstances exceptionnelles, c'est que j'ai moi-même rencontré Touvier assis tranquillement sur un banc dans un square derrière le Notre-Dame à Paris et nos regards se sont se sont croisés et il s'est immédiatement levé et a disparu dans la foule. Donc j'avais la preuve qu'il circulait totalement librement au sein de la société française et le le le petit sondage auquel je m'étais livré pour savoir si le mandat d'arrêt avait été diffusé m'avait appris le contraire. Donc là, j'avoue que la, c'est c'est quand j'ai fait ce petit sondage, j'ai j'ai pris deux, un commissariat au hasard, un commissariat de police et une gendarmerie au hasard aussi. Et je j'ai demandé à ces deux institutions si le mandat d'arrêt avait été diffusé, tous les deux m'ont dit non non non, on n'a rien au nom de Paul Touvier.
Et donc là, la moutarde m'est montée au nez, c'est évident depuis quarante ans. Bien avant le le le mandat d'arrêt délivré par Martin Anzani, à à laquelle j'ai succédé, il il y avait déjà des mandats d'arrêt qui dataient de mille-neuf-cent-quarante-sept. Rien ne les avait rendus caduques, ces mandats d'arrêt. Donc au bout de, au bout de quarante ans, on se dit que ce n'est pas possible. Il y a une espèce de pied de nez à la justice et qu'il est temps de de d'essayer d'y mettre un terme.
Alors comme c'était la police qui qui qui avait la maîtrise de de la recherche de tout je je j'ai pensé évidemment à la gendarmerie et avec les résultats finalement qui se sont trouvés tout à fait positifs. Je dois dire que je je ne je rends encore hommage à Jean-Louis Recordon qui a été un officier de gendarmerie extraordinaire.
Alors il était protégé, tout y était protégé par une partie de de de l'église catholique, mais alors quand même, on l'a évoqué dans le récit, en quarante-sept, il est arrêté à Paris, interrogé par la police, il s'évade, on peut même pas dire qu'il s'évade d'ailleurs, c'est comme s'il était ressorti tranquillement. Est-ce qu'il a pu profiter de soutien au sein de l'État ou de la police Bravo.
Non seulement au sein de la police, mais au sein de l'église, vous l'avez rappelé. Je je peux je peux vous raconter une petite anecdote qui montre à quel point il était quand même proche de la de l'église catholique puisqu'il avait, on avait retrouvé une carte d'identité le concernant et l'adresse qui était portée sur le concernant et l'adresse qui était portée sur cette carte d'identité était un place Fourvière à Lyon. Un place Fourvière à Lyon, c'est la, c'est l'adresse de l'archevêché du
Oui, un aliment de Lyon.
De Lyon donc voilà. Et quand je me suis moi-même rendu avec ma greffière au au à cette adresse et le c'était le cardinal de Courtrai n'était pas n'était pas là ce jour-là. Mais voilà, ça ça ça a permis quand même là de mettre un coup de pied dans la fourmilière ecclésiastique si j'ose ainsi m'exprimer.
D'accord pour l'église, mais je je vous posais la question de savoir est-ce qu'il aurait pu bénéficier de protection de la part de la police ou de l'État.
Ah, mais c'est absolument évident puisque d'une part, le mandat d'arrêt n'était pas, n'était pas diffusé. Or, il existe au sein de la de la direction centrale de la de la police judiciaire, un un une un service qui doit diffuser les mandats d'arrêt, c'est une obligation légale.
Alors Eras à
savoir pourquoi Alors Eras à savoir pourquoi Mais gravissime.
Mais gravissime. D'accord, bien Eras à savoir pourquoi il aurait cette protection
parce que Parce qu'il était protégé par des organes politiques, des institutions politiques allant jusqu'à au plus haut sommet de l'État. Souvenons-nous que la grâce qui lui a été accordée l'a été à à l'encontre de du rapport qui avait été demandé par le le président de la République de l'époque à à la direction des services de de la chancellerie, de la la direction des affaires criminelles et des grâces. Et ce rapport concluait à ce qu'il est, la grâce serait ressentie comme comme particulièrement choquante au regard des de la gravité des crimes reprochés à à Paul Touvier. Donc, quand on prend une décision qui va à l'encontre de celle que les services de l'État, en l'espèce donc de la chancellerie, c'était le le directeur des affaires criminelles et des grâces, c'était à l'époque monsieur Pierre Arpaillange.
Tiens qui est devenu ministre après.
Qui est devenu ministre après et il il concluait sous sa signature au rejet de de la de la demande de grâce qui avait qui était prise de la Et ça
et la raison profonde, elle résonne dans dans la déclaration de Georges Pompidou, est-ce qu'on va continuer à parler d'une pierre qui est haute ou les Français ne s'aimaient pas C'est ça en fait
Mais exactement, exactement. Donc, on peut citer aussi l'intervention, enfin le rôle d'un homme d'église qui était, qui s'appelait René Brouillé, qui avait été non-sapostolique ou plus exactement représentant de de l'église, de la France auprès du Saint-Siège. Il avait l'oreille évidemment d'un certain nombre de hauts fonctionnaires ou même d'hommes politiques de premier plan. Donc, je pense que c'est allé très très haut dans le soutien de de Touvier pour pour que la police finalement ne l'arrête pas quoi, soyons clairs.
Jean-Claude Rolier, on va se retrouver dans deux minutes. On écrit, on écrit, on écoute Green Tiping, Los for Mind Marine.
France
Inter, affaires sensibles. Jean-Claude Grelier, vous avez donc été juge d'instruction de cette affaire Paul Tullier pendant quatre ans. Alors évidemment juge instruit sur un dossier, tout le dossier rien que le dossier, mais est-ce que vous êtes servi de livre d'histoire Est-ce que la partie étude de de l'histoire, notamment celle de la collaboration, a constitué un élément important de votre travail
Pas pas tellement. Je me suis surtout, je je j'ai travaillé autour de la de de la recherche de de de Paul Touvier, certes je connaissais ce qui s'était passé à Lyon et ce qui était un centre de résistance et de et où la milice avait été particulièrement cruelle, mais non ce ce qui m'a préoccupé de façon très très intense et dans ce dossier, c'est c'est la recherche de de Paul Touvier et surtout de de comprendre pourquoi et jusqu'où allait la protection dont il bénéficiait. C'était ça, c'était ça qui m'a qui qui m'a le plus, qui qui m'a le plus préoccupé. Je dois dire que le la la première pièce du dossier était essentielle pour pour comprendre, pour comprendre cette affaire tout vieille. C'était une photo qui était celle des des sept, les sept, la photo des sept cadavres des des juifs assassinés à Rieu la Pape, donc en fin juin quarante-quatre.
Et parmi les sept que la police avait rapidement identifiées, les victimes ont été rapidement identifiées, mais pas toutes. La septième victime est restée anonyme et on on on ne sait toujours pas qui c'est. Et c'était d'après d'après le l'autopsie, c'était quelqu'un, c'était un jeune probablement de dix-sept ans, en tout cas loin d'être majeur. Et et cette photo, je crois que chaque fois qu'on ouvrait le dossier, c'était c'était ce qui Ce
qui motivait l'instruction quoi.
Vous m'avez posé la question tout à l'heure de la façon dont on le juge regarde un dossier et la façon dont il réagit presque j'allais dire émotionnellement et cette photo disait tout quoi, disait tout de la de de l'absurdité de cette de cette de ces assassinats et de ces de l'assassinat de cette personne de cette personne qui ont été assassinées parce que juive et donc là on se disait mais ça fait quarante ans qu'il est recherché ça ça ça peut plus durer c'est ça qui m'a animé.
Oui et c'est ça d'ailleurs le crime contre l'humanité on assassine des personnes non pas pour ce qu'elles font mais pour ce qu'elles sont. Il y a dans le dossier d'instruction de l'affaire Touvier un nom qu'on n'attend pas. Jacques Brel. Et qu'est-ce que Jacques Brel a à voir avec Touvier
Ah, je crois que c'était une l'édition d'un disque que Brel avait avait interprété, enfin des chances, une chanson que Brel avait interprété à la demande de de de de Paul Touvier ou de son de son entourage. Là, mes souvenirs ne sont pas très pas pas très précis, donc je ne pourrais pas vous en dire grand-chose, mais je sais qu'on s'était intéressé,
notamment par
l'intermédiaire, c'était au moment de sa grâce où le le cette question de de de l'intervention de de de la participation de Jacques Brel dans les activités de de de Paul Touvier était apparue. Mais bon, je ne peux pas vous en dire Bon vraiment. Ça a
l'air très très indirect en fait de toute façon très très indirecte. Dernière question, en mille-neuf-cent-quatre-vingt-douze, la chambre d'accusation de Paris statue sur l'affaire Touvier et rend un non-lieu. Alors son non, ce non-lieu est ensuite cassé et Paul Touvier est bel et bien jugé heureusement. Mais comment expliquer ce non-lieu, ces pièces de de réflexe Non, on ne juge pas. Comme si on dit non non, on ne juge pas, surtout pas.
Je ne sais pas si c'est un réflexe, en tout cas il y a deux-cent-quatre-vingt-douze pages que j'ai
C'est comme réflexe.
Dans un tiroir et qui est en fait non pas à temps ce qui est reproché à tout vie et c'est mais surtout une espèce de contextualisation de des des des faits reprochés à tout vie qui s'inscrivent au fond dans le dans la politique générale de de Vichy donc finalement Vichy on a retenu de cette de ce non lieu qui a qui avait fait du bruit à l'époque on s'en souvient, le, il y avait cette phrase un peu ahurissante, les, le régime de Vichy était caractérisé par une constellation de bons sentiments. Alors, on parlait des camps scouts, du du de du
tout Oui la figure paternelle du maréchal
de l'État, qui sont en France. Absolument donc voilà.
On va malheureusement terminer cette conversation Claude Grenier, elle était passionnante mais l'heure c'est l'heure surtout en radio. Merci infiniment encore.
Je vous en prie. Au
revoir. Au revoir. C'était affaires sensibles aujourd'hui l'affaire Paul Touvier, une émission que vous pouvez réécouter en podcast bien sûr. À la technique aujourd'hui d'Éric
Lois Moreau.