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France Inter. Aujourd'hui dans Affaires sensibles, retour sur l'un des cold cases les plus célèbres d'Amérique, l'assassinat du rappeur Tupak Shakur. C'est un vendredi treize qui restera dans l'histoire de la musique américaine. Treize septembre mille-neuf-cent-quatre-vingt-seize, Tupak Shakur, le rappeur le plus populaire et le plus controversé du pays meurt à l'âge de vingt-cinq ans dans un hôpital de Las Vegas, victime d'une fusillade. À l'image de John Lennon assassiné lui aussi, Tupak est devenu une icône, un mythe dont on refuserait de faire le deuil.

Régulièrement sur internet, l'incroyable nouvelle se propage. Tupac n'est pas mort, Tupac est vivant. On dit qu'il se cache sur une île des Caraïbes et fume des cigares avec Elvis, loin des magouilles du rap game des années quatre-vingt-dix. Bref, comme toutes les idoles, on voudrait qu'elles soient éternelles. Les conspirationnistes imaginent le reste.

Mais les conditions mystérieuses de son assassinat ne manquent pas de soulever de sérieuses interrogations. Qui a tiré et pourquoi Tupac a-t-il été victime de la compétition féroce entre deux labels, entre deux territoires, côte est et côte ouest ou bien s'agit-il d'un règlement de compte entre Gangriveau de Los Angeles Notre invité aujourd'hui est le journaliste Maxime Velcourt, auteur d'une biographie sur Tupac Shakur, Be a games do World, publiée aux éditions Le mot et le reste en deux-mille-seize. Affaires sensibles, l'émission de France Inter, récit documentaire Margaux Pinel, coordination Franck Cognard, chargé de programme Rebecca Denante, réalisation Hélène Bisio. Fabrice Drouet, affaires sensibles sur

France

Inter.

Samedi sept septembre mille neuf cent quatre-vingt-seize, La nuit tombe sur Las Vegas. Le Strip, l'avenue principale de la ville, s'illumine sous les néons des casinos. Au milieu des sosies d'Elvis, des jeunes mariés des Cheep and Dale, une foule se presse devant les ports du MGM Grand Hotel qui accueille ce soir-là un combat très attendu. À l'affiche, Mike Tyson, la star incontestée de la boxe américaine, qui revient après six ans de prison et autant d'années passées loin des rimes. Face à lui Bruce Selden, tenant du titre de champion du monde, catégorie poids lourd.

Les hostilités commencent les cris de seize-mille spectateurs en délire. Mike Tyson entre sur le ring au son de Rôle Glory, chanson écrite spécialement pour lui par son ami, le rappeur Tupak Shakur, qui lui non plus n'aurait pas raté ça pour rien au monde. En chemise et pantalon de soie beige, il est assis aux premières loges, accompagné du patron de son label, Serge Night, Nabab du rap californien, la carrure massive, cigares au coin des lèvres. Le combat est expéditif. Moins d'une reprise plus tard, Bruce Elvin s'écroule sous les coups de son adversaire.

Iron Mike retrouve son trône et tout le paquet explose les joies. Quelques heures plus tard, la nuit est tombée, l'euphorie aussi. À vingt-trois heures quinze, une fusillade éclata à l'angle de Freyming Road et de Corolane sur l'Interstate Fifting, la principale artère pour entrer et sortir de Las Vegas. Le sergent Chris Carroll, stationné non loin de là, est le premier arrivé sur place il voit, au milieu de la route, une BMW noire criblée de balles. Il fait immédiatement évacuer les lieux, sécurise le périmètre et s'approche.

Le conducteur s'en sort indemne. À ses côtés, en revanche, il ne faut pas que j'ai mis de douleur, couvert de sang. Touché par quatre balles, il tombe comme une masse dans les bras du sergent Carole. Ammené vers l'ambulance, le rappeur tente en vain de répondre au cri de soudj, tandis que le sergent lui, le presse de questions, comme il le racontera quelques années plus tard.

Je lui demande qui a tiré Que s'est-il passé Qui a fait ça Tout ce temps-là, il m'ignorait. Il me fixait parfois et persistait à répondre à Sage. Puis j'ai vu sur son visage en un claquement de doigts qu'il avait changé. Il était passé d'un état de lutte pour parler de non-coopération à une sorte de je suis en paix. Je lui ai alors demandé une dernière fois qui t'a tiré dessus.

Il m'a fixé a pris une grande respiration pour faire sortir les mots a ouvert la bouche et je pensais vraiment que j'allais obtenir de lui une sorte de témoignage et les mots sont sortis fuckew. Puis il a commencé à gémir et a perdu connaissance.

Tout pâques est emmené d'urgence à l'hôpital du comté de Las Vegas. En chemin, il tombe dans le coma. Son pronostic vital est sévèrement engagé, une balle a traversé sa poitrine. Admit en soins intensifs, il subit dans les heures qui suivent deux opérations dont une ablation du poumon droit. Les médecins sont pessimistes, mais les proches de Tupac veulent encore y croire.

Arrivée à Atlanta, sa mère, Affenish à Cour, veille jour et nuit sur son fils. De nombreux amis également viennent nous rendre visite de Mike Tyson jusqu'au révérend Jesse Jackson, défilant les uns après les autres dans une sorte de procession funèbre. Mais les prières n'y changent rien. Six jours plus tard, tout paquet toujours en commun sous respiration artificielle. Sa mère dévastée comprend alors qu'il est temps de laisser partir son fils.

À seize heures trois, le treize septembre mille-neuf-cent-quatre-vingt-seize, Tupak Shakur décède de ses blessures à l'âge de vingt-cinq ans. Vingt-cinq ans, un quart de siècle au cours duquel il est devenu l'un des rappeurs les plus célèbres d'Amérique, héros du ghetto pour certains, dangereux apôtre de la violence pour d'autres. Bref, une icône. Trois heures à peine après l'annonce officielle de son décès, des centaines de fans se rassemblent au pied de l'hôpital et diffusent en boucle l'un de ses titres phares, bientôt repris par tous les radios du pays. Le lendemain, le quatorze septembre quatre-vingt-seize, le corps de Tupac est incinéré.

Quelques jours plus tard, sa mère réunit ses proches sur une plage isolée de Malibu pour disperser une partie de ses cendres. Un mort sans sépulture qui alimentera de nombreuses rumeurs comme celle-ci, racontée et confirmée en deux mille onze par deux membres du collectif Outlaws sur l'antenne de Black Télé.

Mais le maire dit que quand tout paquet mort, vous, les outlos, elle a fumé ses cendres, c'est vrai Carrément. C'était une nuit, on est allé à la plage, faire tous les trucs que Tupac aimait faire au bord de l'océan. Nous apporter de l'herbe, des chicken wings, du soda orange. Pas qui aimait toutes ces conneries. C'était notre façon de lui dire nos adieux.

Et cette nuit-là, j'ai oublié lequel d'entre nous a eu

l'idée. C'était Pâques qui

a eu l'idée.

S'il s'écoute

Black Jesus, il dit ma dernière volonté de fumer mes cendres. C'était une requête de

sa part.

Il était sérieux

avec ça.

Alors on a appris la chose au sérieux.

Mais côté enquête, rien ne semblait évoluer. Le soir du drame, les policiers n'ont trouvé que des témoins mutiques. Rien vu, rien entendu. Dix voitures pourtant suer le rappeur au moment de la fusillade. Un cortège composé de son garde du corps et de plusieurs membres de son label.

Mais ici, on ne parle pas aux flics et Seth knight, leur patron encore moins. C'est pourtant le témoin principal de l'affaire, lui qui était au volant de la BMW. Légèrement blessé à la tête, il serait en mesure de témoigner. Mais lorsqu'il daigne enfin se présenter au commissariat, l'entrevue tourne court, une heure à peine et bien peu d'éléments. Alors dans la Dante, la famille Tupac ne cesse de se repasser de suivre.

Diffusée en boucle à la télé, la BM criblée balle, le sang sur le bitume, les rubans jaunes tout autour. Entre colère et angoisse, tous sont à la recherche du moindre indice, du petit détail qui aurait échappé aux enquêteurs. Et toujours les mêmes questions, comment cela a-t-il pu se produire Qui a tiré Pourquoi Qui tout parc dérangeait-il À vrai dire, les candidats sont nombreux, aussi nombreux qu'étaient ses ennemis. Mais avant d'explorer les pistes potentielles, il nous faut remonter la trajectoire de Tupac Shakur. En avril quatre-vingt-quinze incarcéré à la prison de Island Island pour une histoire de viol, il présentait ainsi sa confession publiée en ruine du magazine Vib, voici ma dernière interview, si je meurs, je veux que l'on connaisse ma véritable histoire.

Une histoire plutôt complexe, qui porte en elle toute l'ambiguïté, la révolte ni ulysse la violence et la morbidité durable des années

quatre-vingt-dix.

Les Est-il vrai que vous êtes en prison Pas née en prison. Ma mère était enceinte de moi quand elle s'est retrouvée en prison. Et au moment elle est sortie, elle a accouché. J'ai donc été cultivé en prison. Mon embryon était en

prison. C'est vrai, la légende de Tupac s'est construite avant même sa naissance. Sa mère, Aphalie Shakur, a longtemps appartenu au Black Panters, mouvement de libération des noirs américains. En avril soixante-neuf, elle est soupçonnée d'avoir participé à un projet d'attentat contre plusieurs bâtiments publics à New York. Arrêtée, elle est incarcérée, enceinte à la maison d'arrêt pour femmes de Greenwich Village.

Le seize juin mille-neuf-cent-soixante-et-onze, un mois après son acquittement et sa libération, elle donne naissance à un fils qu'elle baptise Tupa Camaro, en hommage à un chef inca assassiné par les conquusadors espagnols. L'enfant grandit sans père au milieu des militants, bercés par les slogans du Back power. Du bronze à Harlem, de cité en foyer, il déménage au gré des pérégénations de sa mère, alors accro au crack. Une mère à qui il ne cessera de rendre hommage, comme dans cette interview en mille-neuf-cent-quatre-vingt-quinze.

C'est mon pote, ma mère c'est mon pote, on est passé par pas mal d'étapes. D'abord mère fils, puis sergent instructeur, élève officier, et après dictateur pays. Ensuite, je suis parti vivre seul, puis je suis revenu tel le fils prodigue. Elle respecte l'homme que je suis et je respecte la mère pour tous ces sacrifices. C'est mon ami Mais je suis comme tous les jeunes noirs ou les latinos, comme tous les mecs en fait.

Mais en particulier quand on grandit dans le ghetto, on adore nos mères qui nous ont élevés seules, car ça crée des liens forts. Tu sais depuis tout petit, tu dis, j'aimerais toujours ma maman et ça dure depuis des années.

En mille-neuf-cent-quatre-vingt-six, toute la famille quitte New York pour Baltimore, Tupaca quinze ans et intègre une école d'art il passera les plus beaux moments de son adolescence. Il s'est familiarise avec les classiques de Shakespeare, sa référence absolue, et commence à bondouiller quelques raps sous le nom de MC New York. Mais l'accalmie est de courte durée. Deux ans plus tard, il déménage à nouveau pour Merrin City, une ville misérable près d'Oakland, en Californie. Quitter l'école a été un véritable drame, dira-t-il plus tard.

Je crois que c'est à ce moment-là que j'ai véritablement déraillé. Là-bas, il se retrouve vite abandonné à la rue et à la petite délinquance. Alors pour s'en sortir un peu, il rejoint un groupe local de hip hop et Digital Onderground avant de faire ses premiers pas au cinéma dans le film Juice, un second rôle très remarqué. En novembre quatre-vingt-onze, il sort son premier album, To Paralyps Now sur le label Interscape. Treize titres comme un journal intime qui raconte les douleurs de son enfance et le monde dans lequel il vit.

Les problèmes sociaux, les brutalités policières, l'addiction et les grossesses adolescentes, comme dans le morceau Brandg bagout a Paibi, son premier tube. Quelques mois plus tard, en septembre quatre-vingt-douze, le vice-président républicain Dan Quayel attaque violemment l'album qui, dit-il, n'a pas sa place dans notre société. Il soutient qu'il serait responsable de la mort d'un Texas Ranger assassiné par un jeune fan de Tupac et demande que le disque soit retiré des bacs. Peine perdue de Canton à Long Island, le gangster rap révolutionne l'industrie du disque et devient la bande son d'une génération. La violence des ghettos déferle dans les foyers des classes moyennes américaines faisant danser fantasmer leurs enfants.

Des fantasmes auxquels Tupac se conformera dès lors de son plein gré, surjouant la posture du mauvais garçon, adepte de la fugue life, en français vide voyou, huit lettres tatouées sur son ventre. Mais à l'origine, la signification de cette expression est tout autre. C'est un acronyme inventé par Tupac, qui signifie, la haine que vous transmettez aux enfants détruit tout le monde. C'est aussi une sorte de programme politique de la stricte, un code moral édicté pour les criminels élégants. T

h u g l I f e, la haine que tu donnes aux

enfants, tu te la reprends dans la gueule. C'est-à-dire

la haine que tu as semée,

tu vas la récolter. C'est notre code.

En février quatre-vingt-treize, Tupac sort son deuxième album vendu à plus d'un million d'exemplaires. En parallèle, il ne cesse d'apparaître dans la rubrique faits divers. Coup de batte de baseball sur un rappeur local, violence sur un réalisateur qui ne le choisit pas dans son film, tirent sur deux policiers en congé qui volestaient un jeu noir. L'année quatre-vingt-treize se termine plus mal encore. Une fan rencontrée en boîte de nuit l'accuse de viol.

Le soir du trente novembre quatre-vingt-quatorze, alors qu'il est à New York pour assister à son procès, Tupac est invité dans un studio de Times Square. Le rappeur de vingt-trois ans est accueilli par trois individus qui lui volent ses bijoux et lui tirent dessus. Il reçoit cinq balles et s'en sort miraculeusement. À l'étage au-dessus, le rappeur Notorious Big est en session d'enregistrement avec son producteur Sean Cons, le futur Puff Daddy. Dès lors, Tupac est persuadé que les deux hommes, représentants du rap de la côte Est des États-Unis, à l'inverse de lui qui incarne la côte Ouest, lui a tendu un piège, comme le raconte le critique musical Pierre Éville au micro de France Culture en deux-mille-quinze.

Fusiable, dont il a été victime à la fin mille-neuf-cent-quatre-vingt-quatorze à New York, pour sortir d'un studio. Là, il était la victime fusillade dont on n'a jamais retrouvé les auteurs et qui a largement contribué à la paranoïa qu'il a eue à l'égard de New York avant d'entrer en prison. Il était persuadé que c'était un contrat qu'on avait mis sur sa tête, que ce contrat avait été mis sur sa tête par Puff Daddy et Notorious Big et que parce qu'ils avaient attenter à sa vie, il allait leur faire leur faire et ça a été de fait une source attisée par Chup knight et tout le gang qu'il y avait à Deathloop, ça a attisé cette querelle côte est, côte ouest dont il a été l'un des plus venimeux

vecteurs.

Le lendemain de la fusillade, le verdict tombe, tout paquet condamne à quatre ans de prison pour agression sexuelle. Mia Gins the World, son troisième album sort pendant cette détention et il devient le numéro un des charts alors que son auteur est en prison. Mais malgré les ventes, Tupac n'a pas les moyens de payer sa caution. C'est alors qu'un terrible personnage entre en scène, Sudge Night, celui qui quelques mois plus tard à Las Vegas, sort au volant de la BMW mitraillé. Originaire de Canton, berceau californien, il est le fondateur et président du sulfureux label Dead Rory Cords, les disques du couloir de la mort, qui a notamment lancé Snoop Downy Dog.

Riche en millions, Subs est aussi connu pour être une brute épaisse, affiliée aux Blood, l'un des plus célèbres gangs afro américains des États-Unis. Depuis le milieu des années soixante-dix, la guerre entrait les Blood avec du rouge et des clips sang bleus ensanglantes les rues de Los Angeles avec plus de mille morts par an au début des années quatre-vingt-dix.

Pour atteindre les sommets, il ne manque finalement à Sutch Night qu'un artiste

de la trempe et de l'aura de Tupac. Alors il le convoite et il le convoite depuis longtemps. Et aujourd'hui, il a les moyens de convaincre de rejoindre son écurie. L'élu propose alors de payer sa caution un million quatre cent mille dollars. En échange, Tupac accepte de lui livrer trois disques.

Un, pas qu'il avait le diable, donc il en sortira profondément transformé. Comme en témoigne Yasmine Fulla, la mère de coeur de Tupac dans le documentaire Biggy Un Tupac, réalisé par Nick Boomfield en deux-mille-deux.

On s'est senti obligé de continuer sur sa lancée et de se fondre dans le milieu des gangsters. Oui, ce n'était pas un. Tupac n'était pas un gangster. Tout cela a eu un impact négatif sur toutes les ambitions positives auxquelles il aspirait. Mais il avait décidé de jouer les gangsters et il se complaisait dans cette image de mauvais garçon.

Il côtoyait des membres de gangs dont il reproduisait les signes de reconnaissance. Il faisait de la musique qui glorifiait ce mode de vie de gangster et qui dénigrait les femmes.

Le douze octobre quatre-vingt-quinze, après onze mois de prison, tout équilibre. Le soir même, il est déjà en studio dans les locaux de Death Row. En deux semaines, il boucle l'enregistrement Dollar Eyes On Me, un double album il chante son amour pour la Californie tout en dézinguant ses rivaux new-yorkais. Résultat cinq millions d'exemplaires vendus. De quoi exciter la guerre largement alimentée par les médias, entre les deux labels qui se disputent au leadership du gangstara Death Row sur la côte ouest et Bad Boy Records sur la côte est fondée par Puff Daddy, producteur de Notorious Bag.

Tupac les accuse toujours d'avoir voulu le faire, fasciner un an auparavant. De plus en plus paranoïaque, ils ne se déplacent jamais sans une escorte armée, ce qui ne l'empêche pas d'en rajouter dans la provocation. En juin quatre-vingt-seize, il sort le morceau, accompagné d'un clip ultra énervé qui ridiculise Notorious Big et lui promet une guerre éternelle. Entre les insultes, il se vante notamment d'avoir couché avec la femme de son ennemi et il en profite pour moquer ses qualités de rappeur. C'est dans ce contexte d'extrême tension que Tupac s'envole pour Las Vegas le sept septembre mille-neuf-cent-quatre-vingt-seize.

Il ne lui reste plus que quelques

Le rappeur américain Tupak Shakour est mort aujourd'hui des suites d'une fusillade. Il avait été criblé de balles le sept septembre dernier à Las Vegas à l'issue d'un combat de boxe de Mike Tyson du Tupak Shakour âgé de vingt-cinq ans était connu pour la violence de ses textes. L'artiste avait vendu près de vingt millions de disques. Sa mort pourrait être le résultat d'un règlement de compte entre maisons de production ou encore l'épilogue d'une guerre des gangs.

Affaire sensible, Fabrice Drouel. L'enquête sur l'assassinat de Tupak Jacquourt commence par la reconstitution heure par heure du déroulé de cette soirée funeste du sept septembre mille-neuf-cent-quatre-vingt-seize. Vingt heures quarante-cinq, le combat de boxe entre Mike Tyson et Bruce Selden s'achève au MGM Grand Hotel. Tupaks se dirige alors vers le hall d'entrée en compagnie de et de sa garde rapprochée. Soudain, ils reconnaissent un visage familier, celui d'Orlando Anderson, un membre des CRIPS, le gang adverse des Blood, auquel Death Rules Records est affilié.

Il y a quelques mois, il se trouve que cet Orlando a agressé et dérobé un médaillon à un membre du label, un larcin inacceptable pour Tupac. Alors sa réaction est immédiate. Ils font vers lui et le rouent de coups. Les membres de Deathflo, dont Sutch Night, se joignent au lynchage. Plusieurs secondes durant, Orland doit en dire ça n'a encaissé de coups.

Et la scène est filmée par la caméra de surveillance, mais la police n'intervient pas. Vingt heures cinquante-cinq, vengeance faite. Tout pacte retourne à son hôtel, se change en vitesse, se repart illico sans armes et sans gilet pare-balles. Véritable prolongement de son corps depuis quelques mois pourtant. Avec Soljnahit au volant d'une BMW, ils se mettent donc en route vers le club six cent soixante-deux le rappeur est programmé ce soir-là.

Derrière eux, suite à un convoi de Diberlin, avec à leur mort Frank Alexander, l'homme de confiance de Tupac, qui est à la Jones, sa petite amie ou encore Yaffeux Fulla, l'un des membres des Outlouses. Alors qu'ils sont arrêtés à fond rouge, un papa radio prendra la toute dernière photo de tout pâques vivant, comme le raconte Olivier Cachin, journaliste et critique musicale au micro de France Culture en deux-mille-quinze.

Et ce qui est terrible, c'est que juste avant de monter dans la voiture conduite par Schub knight, quelques secondes après va être arrosée d'un déluge de balle au coin de la rue, on a une dernière photo de Tupac qui serait une photo totalement anodine qui est un peu floue d'un paparazzi ou d'un fan qui qui est devant la voiture au moment Tupac va refermer la portière et le regard qu'a Tupac qui évidemment devient totalement prophétique vu ce qui s'est passé quelques secondes après celui de d'un être complètement désarmé on a l'impression on ne sait pas si la peur c'est c'est un regard très troublant il a tes grands yeux amande et il fixe la caméra et c'est c'est vraiment une photo qui marque parce que ça aurait être une photo anodine, mais il se trouve que c'est la dernière photo quelques secondes avant son coma et son décès une semaine après.

Vingt-trois heures quinze à l'intersection de Flamingo Road et de Cobal Lane, une caliac blanche avec quatre mains intérieures se place juste à côté de la BMW, baisse la vitre arrière et ouvre le feu. À treize reprises, un fracas pistolet déchire la nuit. Tous visent le côté passager, celui de Tupac. À l'arrière, le convoi est impuissant. Tout ce que j'ai vu, c'est la place du tireur, affirme Frank Alexander.

Il était sur le siège arrière. J'ai vu sa silhouette. C'était celle d'un black portant un bonnet à visière. Puis la Cadillac a pris directement à droite après le feu vert. Voilà comment Tupakchako est tombé, presque banalement comme tombe tous les jours de Jeanne noire dans les ghettos urbains.

On appelle ça le drive by shooting, des coups de feu en passant. Pour les enquêteurs, celui-ci apparaît fatalement comme un énième règlement de compte entre les blues et les, une riposte immédiate au passage à tabac dans Lando et Grounderson. D'ailleurs, dans les jours qui suivent, on recense dans la banlieue de Los Angeles plus de douze fusillades, toutes considérées comme des actes de représailles. Pour l'heure donc, la seule conclusion officielle est que Tupac a été victime de la guerre des gangs. Mais face au manque d'éléments probants et au mutisme obstiné des témoins, d'autres pistes sont envisagées.

L'un des premiers suspects à être interrogé est notorious Beigda de son prénom Christoph Wolhaiis que l'on surnomme aussi Beggie en raison de sa forte corpulence. Avant d'être le principal rival de Tupac, il était son protégé et son ami jusqu'à cette fameuse fusillade en novembre quatre-vingt-quatorze dans un studio New York. Depuis, les meilleurs ennemis enchaînent les dix Song, ces morceaux de rap l'on tue l'adversaire à Colerrix. Des mots, Biggy, seraient-ils passés à l'acte Est-ce lui qui a commandité l'assassinat de son ancien ami qu'il avait si violemment ridiculisé dans son titre, Biggy s'en défend. Et d'ailleurs, aucune preuve formelle n'a pu établir sa culpabilité, ni d'ailleurs celle de son producteur, Paf Daddy, patron de Bad Boy Rekowerts, soupçonné lui aussi.

Certains ont raconté qu'il aurait lui-même payé des membres du gang des Crims pour éliminer Tupac et ainsi mettre à terre Death Law, le label concurrent de la West Coast. Des rumeurs que Biggy conteste. Six mois plus tard, le cinq mars mille neuf cent quatre-vingt-dix-sept, il est de passage en Californie, territoire ennemi, si je puis dire. Dans une interview accordée à une radio locale, il tente d'apaiser les esprits.

Et je veux que

tout le monde sache que je suis là. Je suis là, je vais nulle part. Bad Boy Records non plus. Toutes ces rumeurs, n'écoutez pas les rumeurs. Prenez le temps de connaître les gens avant de les juger.

Ça vaut pour tout le monde. Si vous entendez des rumeurs, ne tirez pas de conclusions, renseignez-vous

avant. Moi je

vais continuer à faire du son pour vous faire danser, bouger, avoir des gosses et tout. Je suis avec mon pote

et on

va faire notre truc pour toujours.

Trois jours après cette interview, dans la nuit du huit au neuf mars mille-neuf-cent-quatre-vingt-dix-sept, à Los Angeles, la voiture de Biggy criblée de balles, le rappeur meurt sur le coup. L'émotion est immense, le monde du hip hop est en deuil. En six mois, il vient de dire adieu à deux de ces figures emblématiques selon un scénario aussi bien ficelé qu'on peine à le croire. D'autant que l'hécatombe ne s'arrête pas là. Deux mois après l'assassinat de Tupac à Las Vegas, Jaffe Fulla, l'un des témoins du meurtre, est abattu d'une balle en pleine tête sans avoir pu être interrogé par la police.

Orlando Anderson, lui, le crips qui s'est fait tabasser par Tupac quelques heures avant sa mort. L'acteur clé de toute cette affaire, sinon le suspect principal est Assassilia Canton en mai mille-neuf-cent-quatre-vingt-dix-huit. Reste Subs Knight, le ténébreux patron de Death Row. Mais fidèle à sa culture de la rue, il refuse toujours de collaborer avec la police et il s'en réexplique au journaliste Bryan Ross, venu l'interviewer deux mois après la mort de Tupac.

Si vous saviez qui a tué Tupac, vous ne diriez rien à la police Jamais de la vie.

C'est quoi

Ce n'est

pas mon boulot Je ne suis pas payé pour élucider les homicides ni pour balancer les gens.

Au fond, c'est comme si tout le monde avait intérêt à enterrer l'affaire. Du reste, l'attitude de ne manque pas d'éveiller les soupçons des enquêteurs et de témoins, il devient suspect. Bien, mais quelle raison aurait-il de vouloir illuminer son artiste star, la poule aux oeufs beurre de son label. Bien il y en a d'une part le rappeur lui réclamait depuis longtemps une somme mirobolant de royalties que seul je refusais de lui verser la mère de tupac portera plainte contre lui pour escroquerie peu après la mort de son fils d'autre part tupac aurait envisagé quelques semaines avant d'être tué de quitter des flots et réfléchissez à monter un label indépendant ceux que sige n'aurait jamais acceptés mais s'il est le commanditaire de l'assassinat Toupac, comment expliquer qu'il ait pris place dans le véhicule visé lors du drive by shooting Une question, encore une, et qui restera sans réponse. Depuis vingt-cinq ans, les enquêtes policières se sont multipliées sans qu'aucune ne soit parvenue à élucider l'affaire.

En septembre deux-mille-vingt-et-un, la police américaine met officiellement fin aux investigations, une perte de temps trop coûteuse déclare-t-elle. Mais c'est Cole Case n'a pas fini de s'emparer de lui, devenant l'un des plus commentés d'Amérique. Des dizaines de livres, de films, de séries échafaudent un nombre infini de théories. Plusieurs pointent du doigt les nombreuses incohérences de l'affaire, comme autant de soupçons. On dit que Tupac a été incinéré trop vite, ou bien qu'il est impossible que personne, que ce soit la police, les passants, n'aient rien vu.

Las Vegas est une ville surveillée par des dizaines de caméras, ça ne tient pas, qu'une fusée, elle est au milieu d'un désert. Comment pourrait-on réussir à effacer la moindre trace Peut-être parce que tout le monde n'est pas égal face à la loi. C'est en tout cas ce que suggère Russell Poole, un inspecteur de la police de Los Angeles qui a repris enquête et qui témoigne dans le livre du journaliste Randall Sullivan, Aley Birent, publié en deux mille deux.

J'ai fourni à mon supérieur assez d'informations et de preuves pour faire ouvrir une instruction. On m'a alors donné l'ordre de ne pas poursuivre mes investigations si ça avait été une affaire de fusillade ordinaire entre membres de gangs inexpérimentés on l'aurait résolu depuis longtemps posons-nous la question qui peut faire ça sans être inquiété des flics si on avait pu faire une enquête plus approfondie on aurait sans doute découvert plus de choses entre autres le fait que des officiers de police travaillaient pour Deathrow ce qui est déjà un scandale en soi Des représentants de la loi travaillaient pour des gangsters, des criminels avérés, car tout le monde savait que Deathrow Records faisait du trafic de drogue.

Ils sont nombreux à remonter le fil tant bien que mal, illustrant à leur manière la puissance du mythe Tupac. Parce que par delà la mort, il n'a jamais cessé d'occuper le devant de la scène, réelle ou fantasmée. Avant son assassinat, il a eu le temps d'enregistrer des centaines de raps. Si bien que davantage d'albums portant son nom seront publiés après sa mort. Les albums postillum écoulés Ils continuent de servir de curseur, un rappeur sur qui chacun a un avis et par rapport à qui un nouvel artiste est systématiquement comparé.

Il est devenu une icône, tu sens encore une légende urbaine au sens le plus plein de l'expression. Pour preuve, dans les quartiers pauvres du monde entier, il se vend aujourd'hui autant des t-shirts à l'effigie de Tupac que de Bob Marley. Affaire sensible aujourd'hui, la mort du rappeur Tupac Shakour dont nous allons parler avec notre invité, le journaliste Maxime Delcourt. Bonjour. Bonjour Fabrice.

Vous êtes rédacteur en chef adjoint de Jack, le média musical de Canal plus et auteur notamment d'une biographie de Tupac, Tupac Me Your Games the world, publié aux éditions Le mot et le reste en deux-mille-seize. Bien, on va d'abord écouter une archive ensemble, on en discutera après. Cette archive, c'est un extrait du Discours de Barack Obama lors du dîner des correspondants de presse en deux-mille-onze, il en profitait pour apostropher Donald Trump qui était présent dans la salle, écoutez. Je traduis tout de même, Alors Barack Obama dit, monsieur Trump va pouvoir désormais se poser les vraies questions comme avons-nous vraiment marché sur la lune Que s'est-il vraiment passé à Rose, elle est sont Biggy et Tupac Voilà, cette archive montre à quel point la mort de Tupac est entrée dans l'histoire américaine, au rang des grandes théories du du complot et ça en dit long sur le mythe de de Tupac, à quoi tient ce mythe déjà

à plusieurs plusieurs éléments plusieurs choses

Ah allons-y.

C'est en fait c'est tout bonnement je pense le le rappeur qui a qui a marqué vraiment les années quatre-vingt-dix aussi bien aux États-Unis que dans le reste du monde, c'est peut-être pas le forcément le plus talentueux ou le ou le le plus original, mais en tout cas c'est celui qui a le plus de charisme et le et celui qui a incarné des textes assez forts même politiquement et et autour de sa de son de son intimité et puis je pense comme vous l'avez rappelé aussi dans votre dans votre récit, c'est c'est quelqu'un en fait qui est qui est devenu une une icône en fait une sorte de de mythe à dépasser dans dans dans le rap il y a beaucoup de rappeurs notamment aux États-Unis bien sûr qui aujourd'hui se se comparent ou se ou se prétendent plus fort que tout pâques parce qu'on sait ça va provoquer et que ça va faire réagir, mais c'est aussi quelqu'un dont on voit fleurir le visage sur les t-shirts, sur les posters de qui sont affichés ou portés par les enfants du monde entier donc c'est c'est vraiment devenu une une icône à part entière et c'est je pense que tous ces éléments mélangés puisque le fait qu'il soit mort Assassiné, jeune.

Et puis mort assassiné, ce qui avait fait de l'énorme une autre icône énorme du rock et de la pop pour le coup, mais mort assassiné, jeune, ça construit un mythe forcément.

Ça construit un mythe oui totalement d'autant plus que dans ce cas-là la l'affaire n'est pas n'est pas résolu. En plus. On ne sait toujours pas ce qui a réellement tué Tupac, qui en est le commanditaire non plus

donc

il y a il y a tout un mythe aussi autour de ce de de cette affaire et c'est vrai que c'est que clairement ça contribue à générer un peu enfin à faire vivre aussi son image et cette légende.

Et puisque vous êtes un spécialiste vous l'hypothèse vers laquelle vous pencheriez naturellement le plus.

Moi je pense que c'est alors c'est très complexe bien évidemment mais je miserais quand même sur l'implication de donc de Orlando Andersen le le membre de gang qui avec qui Tupac s'est s'est battu le le soir de son de son de la fusillade tout simplement parce que je pense que à ce moment-là tu peux pas jouer aussi un jeu dangereux c'est-à-dire que les le son label Deathway est affilié au gang des Blood et Alland Anderson est affilié au gang des et il y a Los Angeles c'est vraiment une réalité qu'on a du mal imaginé en France parce qu'il n'y a pas des gangs aussi importants qui ont enfin qui ont une maîtrise sur même la la vie quotidienne et je pense qu'à ce moment-là tu peux pas y jouer oui vraiment un jeu dangereux et le fait de s'attaquer à un membre des comme ça en plein en public il y avait forcément une une vengeance derrière qui est mais c'est qu'une théorie.

Bien sûr dans l'introduction de votre ouvrage vous écrivez que Tupac est avant tout alors le la formule je la cite au mot près, ce qui est importante, donc Tupac est avant tout, un héros au sens antique du terme, une figure herculéenne. Que voulez-vous dire par Figure herculéenne, c'est ces douze travaux

Non non non mais je pense que c'est quelqu'un qui sait encore une fois quand on s'intéresse à la à la à la vie de Tupac même à sa carrière on se rend compte que tout est hors norme finalement il a vécu à vingt-cinq ans une vie et heureusement sur bien des points la majorité des gens ne connaîtront jamais même en vivant ce que voilà quatre-vingt quatre-vingt-dix ans c'est c'est hyper intense c'est hyper noir même dans le dans le dans dans le récit donc c'est et puis il a il il s'est passé tellement de choses le fait que sa mère était enceinte de lui pendant qu'il est pendant qu'elle était en prison le fait que son beau-père était un addict enfin même sa mère d'ailleurs addict au crack il ait grandi dans cet environnement-là qu'il était extrêmement pauvre dans les quartiers les plus délaissés des des États-Unis qu'il est grandi aussi à une période le le le crack fait vraiment son apparition dans les ghettos new-yorkais que que les les aides sociales sont coupées enfin et puis après malgré ça il arrive à s'en sortir à à la fois passer par l'apprentissage de la danse classique, de la du théâtre, des comédies musicales et qu'il arrive à devenir un un rappeur qui incarne à la fois une extrême poésie et une profonde violence, il y a tellement de contrastes en lui et une espèce de schizophrénie même de la personnalité qui est qui est qui pour moi en fait dépasse vraiment le le simple artiste en fait.

Oui on pourrait d'ailleurs traduire aussi ce profil-là par artiste complet.

Oui, c'est ça.

Il y a il y a deux façons de le voir

et qui

ne sont pas contradictoires d'ailleurs. Tupac n'a jamais cessé de de chanter sa mort de rapport rap, on voit se dessiner le drame, surtout dans son dernier opus qui s'appelle The Don Quilluminati the Seven Day Theory, enregistré quelques mois avant sa mort, qu'est-ce qu'il nous raconte cet album posthume

Mais cet album posthume il met vachement en avant finalement en fait il se met vraiment dans une dans une position à la fois alors soit d'une d'une personne qui est vraiment menacée qui par par de toute part et qui du coup s'apprête à à mourir mais aussi d'un autre côté un justement un homme qui est prêt à se réinventer complètement à prendre une une autre identité donc forcément inspiré par Machiavel et le et le le livre le prince et et donc tout cet album tourne autour de cette thématique de de la mort mais c'est vrai que comme vous le disiez c'est quelque chose qui est extrêmement présent tout au long de sa sa de sa discographie il y a même un un clip qui qui paraît quelques semaines quelques mois avant sa mort également le clip de la chanson Iant Mariacha ou en fait il est au paradis il se fait tuer dans dès le début du clip il accède au paradis puis on le voit jouer avec des musiciens enfin des sortes de d'imitation de Mike Davis ou de Jimmy Hendrix on a vraiment l'impression qu'il se il se met en scène il se prétend lui-même et je pense à juste titre aussi important musicalement que que ces artistes-là mais surtout il y a quand même quelque chose d'étrange de vouloir mettre en scène sa mort dès les prémices d'un d'une vidéo.

Ça veut dire qu'il est à la fois mythique et mystique.

Un peu oui. On

va reparler dans trois minutes après avoir écouté Lousem Yakuza Hiroshima.

Maxime

Delcourt. Alors, on on a parlé de l'album Seven Day, il est à l'origine d'une des théories les plus folles sur sa mort. Tupac aurait mis en scène sa propre mort pour disparaître sur une île déserte et donc c'est une théorie qui s'appuie sur ce fameux chiffre sept racontez-nous.

Oui ben voilà on en revient en fait un peu à à ce que je disais autour de voilà le autour de Machiavel et donc du prince donc les les fans savaient que Tupac avait lu ce bouquin et qu'il faisait partie un peu aussi de comment dire de ces de ces livres de chevet finalement et en fait bah oui entre

le le

nombre de jours qui s'écoulait entre sa la fusillade et sa mort donc qui s'écoulait sept jours on retrouve ce chiffre très souvent Quand

on veut le trouver en fait

quand on veut le

trouver on trouve

ça en fait si on il y a des chiffres qui sont additionnés pour pour coller au numéro sept donc oui c'est c'est pour c'est c'est plus c'est presque plus amusant quoi.

Alors moins amusant, plus sérieux en tout cas, Tupac est un personnage complexe, ambigu et double. Il y a d'une part le fils des Black Panters, héritiers de leur conscience révolutionnaire et puis d'autre part le le rappeur. Comment cet héritage militant traverse son oeuvre et jusqu'à son être

Ben elle se ressent vraiment partout c'est-à-dire que tupac il y a il a dès son premier album tupacalypsno en fait il part vraiment du principe que si la guerre du Vietnam s'est arrêtée

en tout

cas si le public américain en a la population américaine en a pris conscience c'est parce que les médias en ont parlé donc il se dit que la violence dans les dans les ghettos le le problème de des problèmes de drogue et et et les trafics et les violences entre gangs tout ça ne pourra se

stopper que s'il y a des artistes qui le qui le qui le revendiquent et qui qui l'affichent dans le qui le pose dans le débat public quoi. Et tout ça en fait c'est vraiment quelque chose qui va accompagner le reste de ces albums, ça se ressent

constamment, de toute façon même le juste pour rester sur ce premier album, tu ne peux pas tout à fait quand on lit le livret on voit aussi qu'il est la la les derniers mots du livret en fait c'est c'est clairement un un j'emmerde les flics j'emmerde les skinny j'emmerde les nazis donc il y tout ça va ensuite va se propager dans le reste de ces disques et sauf peut-être un peu moins l'album donc le premier album sur sur des frau il y a il y a une bascule qui s'opère

Ah voilà il y a une bascule j'allais vous le dire on lit souvent que la vie Tupac a basculé précisément le jour il a signé chez Death Provood Court et qu'il s'est lié au producteur Soulch Nights donc vous êtes d'accord

Oui même lui il a même reconnu dans des interviews il disait qu'il a il savait qu'il avait signé un une sorte de pacte avec le diable et c'est vrai que moi les la les les les personnes qui l'ont côtoyé que j'ai eu la chance de rencontrer pour le l'écriture du bouquin m'ont aussi un peu avancé cette analyse et et c'est vrai que il avait conscience à ce moment-là d'entrer dans un label qui avait des moeurs très douteuses voire même dangereuses mais en contrepartie il avait les pour une fois en fait dans sa vie il avait il accédait à l'argent il accédait aussi à des opportunités de d'avoir deux studios en permanence à disposition toute une équipe de producteurs presque le rêve artistique finalement et à et à ce moment-là oui il y a une bascule qui s'opère et ça se voit même quand on observe des des pochettes d'album par exemple la pochette de son troisième album, Bean Guest The World il a une posture très très calme très mélancolique très posée finalement et celle de justement il s'affiche avec plein de bijoux des cuirs des yeux rouges comme s'il avait fumé juste avant enfin c'est énormément de choses.

Comme dirait il est devenu quoi le diable Sutch Night et son label

Le label a fini par péricliter à la fin des années quatre-vingt-dix, Nub Dog a quitté aussi le label quelques quelques années plus tard il craignait justement des les relations avec avec ce jeune night ce jeune night a fini en prison pour d'autres histoires des histoires de de de meurtre et d'accident également enfin de trafic et des fois a été repris par Snoop Dog aujourd'hui qui voudrait en faire le premier ouais c'est ça être le premier label dans le métavers si

je dis

pas de bêtises donc c'est une une toute une toute une aventure.

Ça ce serait l'huile selon vous le digne hérité de Tupac il y a il y a des hérités de Tupac.

Alors alors c'est très quand il y a beaucoup de rappeurs qui qui se qui se posent qui se présentent de cette façon il y a aussi beaucoup qui se qui font référence dans dans

Qui se revendiquent quoi

Qui se revendiquent oui et qui en font référence dans leur nom

moi il

y a un rappeur que j'aime beaucoup qui est pas du tout injustement méconnu en en en France qui est un rappel qui s'appelle Danny Brown et qui est alors musicalement ça ça n'a pas forcément grand chose à voir mais je trouve que dans aussi bien physiquement que dans la voix et dans ce qu'il incarne il m'a toujours fait penser un peu à ce que à ce que à une échelle beaucoup plus réduite à ce que ce qu'a pu incarner tout le monde.

Une question infernale vous voulez bien Allez. Allez-y. Une question infernale. Si on devait retenir qu'un morceau de Tupac Genre question un peu idiote mais c'est marrant, si vous partiez de sur une île déserte, un morceau de Tupac, ce serait lequel

Alors moi ça serait Powert Little Leak War qui est un morceau extrait de son de l'album collectif Stoglife justement et qui est un album qui symbolise plein de choses déjà au-delà de l'aspect musical que enfin la la production tout ça que j'aime beaucoup ça c'est en fait c'est pour une pour enfin verser un peu le liquard au sol en fait finalement c'était ce que faisait les gangs dès que quelqu'un est décédé et puis en coulisses ça représentait aussi vachement sa façon de travailler.

Merci merci d'avoir répondu à cette question, Maxime Delcourt, au revoir. Merci beaucoup. C'était affaires sensibles aujourd'hui, tout pas que chaque cours, une émission que vous pouvez réécouter en podcast bien sûr, la technique aujourd'hui, il y avait Julien Michel. Et puisque nous sommes vendredi, j'en profite pour remercier toute l'équipe qui a préparé les affaires sensibles de cette semaine. Rédaction et recherche documentaire Sylvie Fagnard, Jeanne Mayer, Margaux Boupinel, Adrien Morin et Franck Cognard.

Coordination Franck Ognard, Kevin Samuel chargée, documentation Claire Tesser, attachée de production et même chargée de programme, Rebecca Dolante. Réalisation Hélène Bisio, Frédéric Milano et Stéphane Caumes.

Podcast: Affaires sensibles
Episode: L'assassinat de Tupac Shakur