Après une fuite d'une semaine dans la forêt, les 7 assassins de l'embiscade Wagnat se rendent aux gendarmes et ils avouent tout. Oui, ils ont bien tué 10 indépendantistes kanaks qui étaient désarmés et sans défense. Pourtant, 3 ans plus tard, ils sont acquittés. Un épisode qui s'inscrit dans la grave période de tension qui débouchera sur le drame de la grotte d'Ouvéa en mille-neuf-cent-quatre-vingt-huit et sur un règlement provisoire de la question coloniale calédonienne provisoire la preuve depuis un an, ces feux mal éteints se rallument. Notre invité aujourd'hui Olivier Pigetti, réalisateur de Nouvelle-Calédonie, l'invraisemblable verdict diffusé en deux-mille-vingt-quatre sur France Télé.
Pour son film, il a eu accès à des archives exceptionnelles, des extraits du procès de l'embuscade One Yat que vous entendrez dans ce récit. Affaire sensible, une émission de France Inter diffusée en direct, récit documentaire Adrien Morin, rédaction en chaîne Franck Ognard, chargé de programme, Rebecca Denante, réalisation Stéphane Gaume. Fabrice Bruel, affaires sensibles sur France Inter. Dix-huit décembre mille-neuf-cent-quatre-vingt-quatre, Nouvelle-Calédonie, mairie de Cana, jour de scrutin. Ce jour-là, on vote 2 fois pour élire les conseillers de l'assemblée territoriale et pour se prononcer pour ou contre le statut de moine, nom du secrétaire d'état chargé des départements et territoires d'outre-mer.
Mais les indépendantistes kanaks qui sont contre ne vont pas exprimer leur désaccord dans les urnes, et par un boycott du scrutin. Ce matin-là, le maire Maximilien Carambeu, l'oncle du footballeur, voit un groupe de militants indépendantistes pénétrer dans le bâtiment municipal, emmené par un certain Eloi Machorro qui plus tard, deviendra célèbre dans des circonstances dramatiques. Cet homme charismatique a apporté avec lui une petite hache baptisée Tamyock, lointaine héritage du tomahawk nord amérindien. Alors il s'avance dans la mairie brandissant Tamyock avant de lâcher un grand coup sur l'urne, symbole d'une fausse démocratie selon lui et d'un statut imposé par le gouvernement à Paris. Louis Takamatsu immortalise ce moment d'une photo.
Le lendemain, le cliché fait le tour de la presse française et internationale. Eloi Machorro sait très bien que son acte ne sera pas sans conséquence. La veille, celui qui devient le Che Gueba à Kalak, écrivait à son camarade François Buc et à l'ensemble des militants de l'Union calédonienne.
Demain, la journée sera rude pour tout le peuple kanak. Le boycott actif des élections prôné par ceux qui sont conscients que la survie du peuple kanak se jouera demain, réussira ou ne réussira pas. S'il réussit, le gouvernement a tous les moyens à sa disposition pour présenter cela comme un échec. Sur le plan national, les métropolitains ont d'autres problèmes et ils ne nous connaissent pas. D'une façon ou d'une autre, ceux qui ont signé le mot d'ordre du boycott actif des élections paieront après les élections ou pendant la journée de demain.
Ne veux pas être incarcéré pour rien, et demain, je prendrai une part très active à l'action qui sera menée dans la mairie de Cana. Ce sera à vous d'exploiter le plus possible la suite des événements pour notre lutte, pour faire comprendre au kanak la gravité de la situation pour le peuple. Je te fais confiance. Le combat doit passer ses fautes de leader ou faute de combattants.
Ce coup de hache somme de départ d'une situation insurrectionnelle et un début de guerre civile dans l'un des derniers territoires du monde à décoloniser. Eloi Machorro qui mène et assume une guerre de reconquête, se bat contre les milices caldoches et assiègent la demi-heure de. Dans les jours qui suivent, le débat sur la Nouvelle-Calédonie s'invite à l'assemblée nationale. On reproche au gouvernement de perdre totalement le contrôle face aux indépendantistes kanaks. Le premier ministre Laurent Fabius doit ainsi répondre à l'intervention de Charles Pasqua.
Vous avez en face de vous un gouvernement indépendantiste qui s'érige d'une manière illégale contre l'autorité de la République, qu'est-ce que vous allez faire
Qu'est-ce que le gouvernement
souhaite dans cette affaire
éviter les affrontements, trouver une solution qui respecte les droits légitimes de chaque communauté.
Laurent Fabius nommé Gargusani ancien ministre gaulliste de gauche, oui ça existe, comme nouveau haut commissaire de la République chargé d'ouvrir les concertations et sortir l'île de la crise. Devant les journalistes, le premier décembre il déclare, il s'agit de sortir d'une crise pour créer un destin, Je ne connais pas chose plus enthousiasmante et je sais qu'elle sera difficile. Ce même jour, des hélicoptères de la gendarmerie débarquent dans la ville de Thio pour aider le Gelwa Machorro et les militants indépendantistes qui l'accompagnent. Mais les forces de l'ordre sont mises en échec et neutralisées. Des consignes ont été données par le gouvernement de ne pas tirer.
Le même jour, à quatre-cents kilomètres de Nouméa, dans le village de Yengen, Jean-Marie Djibao, leader du FLNKS prépare un gros coup politique médiatique. Il proclame devant les caméras le nouveau gouvernement provisoire de la kanakie dont il est le nouveau président.
Kanakie est en train de naître ceux qui ont suivi péniblement le chemin de l'humiliation, des coups de pied au derrière, ceux qui ont baissé la tête parce que chaque fois qu'ils ont levé la tête, ils se sont fait humilier. Les revendications de nos pères ont toujours trouvé en face l'administration coloniale et les gendarmes pour leur dire que parce qu'ils étaient canaques, ils avaient tort quel que soit leur droit. Aujourd'hui, nous relevons le défi et nous levons ce drapeau.
Pour la République de Kalakis, tu putes. Le
nouveau drapeau de la Canaki est levé, Jean-Marie le décrit avec la signification de ses couleurs. Le vert, symbole de kanakie, le vert du pays kanak. Le rouge, symbole de la lutte du peuple kanak, symbole de son unité autour du FNGAS et projet d'unité avec tous ceux qui accepteront la république de kanaky avec sa constitution. Le bleu, c'est la souveraineté et le rond jaune lui symbolise le soleil. Il ne manque pas dans ces contrées.
Avant de conclure, mon pays, je te salue. Ton peuple souverain est fier de se proclamer face au monde, face à l'histoire, ta souveraineté. Jean-Marie Thiébao connaît bien le chemin déjà parcouru sur la route de l'indépendance. Né en mille-neuf-cent-trente-six, il a vécu les méfaits de la colonisation. Il a connu l'époque où les calaks n'étaient pas considérés comme des citoyens français.
Élève brillant, il a fait des études et il est devenu prêtre. La religion et les missionnaires occupent une grande place dans l'île. Ils font partie du système de soumission des kanaks. Tout d'ailleurs est résumé dans ces 2 extraits du même reportage de la télévision calédonienne en soixante-quatre. Les journalistes filment d'abord l'enseignement apporté par un prêtre à de jeunes enfants kanaks.
Puis ils commentent des images où l'on voit des colons à cheval et en chapeau de cow-boy comme dans un western et un homme noir, un kanak, assis par terre jouant en air d'harmonica. Rappelons que nous sommes 20 ans seulement avant les troubles que nous vous racontons aujourd'hui.
Vous habitez dans un pays du Pacifique, qui est-ce qui habitait la France avant vous
autres Les
gaulois. Les gaulois, on les appelle nos ancêtres. Bon, alors est-ce qu'ils sont réellement vos ancêtres les gaulois Vous êtes sûr Comment vivaient-ils les gaulois
Ça va.
Aussi sauvage, donc comme vous autres.
La case de l'oncle Tom, voilà. Depuis tout à l'heure je cherchais, c'est la case de l'oncle Tom que nous avons retrouvée. Une case un peu made in USA, le racisme en moins et la simplicité en plus. La France quoi.
Ces territoires grand comme 2 fois la Corse, situé à 20000 kilomètres de la métropole est une colonie de peuplement. Bagnards et communards y sont envoyés dans l'archipel au dix-neuvième siècle dont la célèbre communarde Louise Michel. Peupler le territoire, une obsession pour la France. En soixante-douze, le premier ministre Pierre Mesmer écrit qu'en Nouvelle-Calédonie, colonie de peuplement, la présence française ne peut être menacée sauf guerre mondiale que par une revendication nationaliste des populations autochtones. L'immigration massive de citoyens français devrait permettre d'éviter ce danger en Nouvelle-Calédonie il faut faire du blanc toujours plus de blanc pour que le peuple kanak ne soit pas majoritaire et obtiennent ainsi l'indépendance Et dans les années soixante-dix, le mouvement indépendantiste se structure avec sa à sa tête notamment Jean-Marie Chibaou qui crée le festival Mélannesia deux-mille.
Avec l'élection de François Mitterrand en mille-neuf-cent-quatre-vingt-un, l'espoir est grand pour les indépendantistes. L'autonomie et la route vers l'indépendance est l'une des promesses de campagne. Mais François Mitterrand ne donne pas suite, pas d'exception pour la Nouvelle-Calédonie qui en mille-neuf-cent-quatre-vingt-quatre se voit proposer un statut de moine jugé décevant. Retour en décembre quatre-vingt-quatre dans la Nouvelle-Calédonie en situation insurrectionnelle. Le 4, Edgar Pisani débarque à l'aéroport de Loubea pour entamer sa tournée de négociations dans l'île.
À son arrivée, il déclare, j'ai beaucoup de choses à faire. Je sais quel but et dans quel but, mais je ne sais pas encore comment. Alors nous parlerons plus tard. En attendant, sa première décision est d'évacuer les caldoches qui le souhaitent des différentes régions de l'île pour les mettre en sécurité à Nouméa. Sur le tarmac de l'aéroport, l'Inde déclare, nous on fera notre loi de nous-mêmes.
Machorro fait sa loi là-bas, mais Machorro, on aura sa peau. La population est sous haute tension. Dans de nombreuses régions de l'île, des barrages ont été dressés, des maisons d'européens sont incendiées, pillés, on est au bord de la guerre civile. Le 5 décembre à Hengen, cette métisse loyaliste opposée au kanak abat un cocotier pour couper la route. Ils savent que des indépendantistes kanaks reviennent d'une réunion et sont de retour dans leur tribu.
Et ce n'est pas l'importe laquelle, c'est celle de Jean-Marie Tchebaou, le leader indépendantiste. Quand les 2 camionnettes arrivent à hauteur du barrage, les 7 hommes ouvrent le feu sur les véhicules. Les dix-sept passagers des camionnettes sans armes sont pris au piège. Certains sont touchés, d'autres parviennent à s'échapper. Les 7 meurtriers tirent frénétiquement plus de 300 coups de feu, ils incendient les véhicules, poursuivent les indépendantistes pour les abattre et les achever à bout portant.
La rivière en contrebas devient rouge, c'est un bain de sang, un carrelage. Le bilan est terrible, 10 morts et 7 blessés. Son mari Tsibaou qui était visé par cette attaque est indemne, il est retenu à Nouvéa pour rencontrer Edgar Pisani, mais 2 de ses frères Vianney et Louis sont morts. Et dans votre
coeur ce matin monsieur Djibahou
J'essaie de dans votre coeur ce matin monsieur Djibahou J'essaie
de ne pas avoir de haine.
Il ordonne également à tous les indépendantistes de lever les barrages, un geste d'apaisement. Les assassins, eux, ont pris la fuite dans la forêt. Une semaine plus tard, tous les meurtriers du massacre de Gengen se rendent aux gendarmes et ils avouent tout. Ils sont incarcérés en attente de leur procès. Pour certains caldoches, ils sont considérés comme des héros, des comités de soutien se mettent en place pour financer leurs frais de justice.
Le 7 janvier, Edgar Pisani esquisse une proposition de nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie avec une plus grande reconnaissance de l'identité. Il découpe l'île en plusieurs régions et propose une décentralisation ainsi qu'une déconcentration du pouvoir.
La France suggère que vous vous prononciez dans le cadre de l'article quatre-vingt-huit de la constitution de la République en faveur de l'indépendance association garantissant aux 2 pays la stabilité de leurs relations et garantissant à tous, à tous, personnes morales et physiques, le respect de leurs droits légitimes et de leur sécurité.
La proposition de Pisani que vous venez d'entendre ne satisfait ni les ni leurs opposants. Le territoire est toujours le théâtre d'affrontements. La situation bascule même 4 jours plus tard quand un jeune caldoche de dix-sept ans, Yves Tual est tué dans son jardin par des kanaks. Après sa mort, des zébuth anti-indépendantistes éclatent à Nouméa. Des magasins sont incendiés, bilan quarante-huit blessés et cinquante-une interpellations.
Le jour suivant, Eloi Machorro retranchée dans une maison avec d'autres indépendantistes, est encerclée par le JIGN. Il se refuse de se rendre, il est abattu. Telle est la situation résumée ici avec ses extraits de journaux, puis la réaction de Jean-Marie Tubaou à l'annonce de la mort de son et enfin la voix de Gar Pisani.
Les événements se précipitent en Nouvelle-Calédonie, assassinat d'un caldoche de dix-sept ans hier, puis fusillade entre kanaks et gendarmes, 2 morts chez les kanaks du FLNKS, dont est loi Machorot, l'un des leaders du mouvement.
Machorot et son groupe repéré sur la propriété de la foi dès vendredi après-midi, cernés par cent-vingt gendarmes et des membres du GIGN a été sommé de se rendre à plusieurs reprises au cours de la nuit. Le lendemain vers 6 heures, ordre est donné de neutraliser les meneurs. Les tireurs d'élite prennent à leur position, Macheroux a une minute pour se rendre, il refuse, reçoit alors de face une balle dans le sternum.
Assassinat politique, j'ose le dire, l'affirmer et le proclamer. Vos têtes ont été négociées à haut niveau.
J'ai décidé de déclarer l'état d'urgence à partir d'aujourd'hui 12 janvier mille-neuf-cent-quatre-vingt-cinq à 12 heures.
Au 12 janvier mille-neuf-cent-quatre-vingt-cinq, nous en sommes là. Yves Toile, un caldoche de dix-sept ans tué par des kanaks, 2 indépendantistes dont le leader Eloi Machoa battu par le GIGN, la situation est explosive. Dans les rues de Nouméa, une foule de caldoches fête la mort de l'indépendantiste. Jean-Marie Tsibaou lui dénonce un assassinat politique du gouvernement. Et Edgar Pisami qui craint un basculement vers la guerre civile déclare donc l'état d'urgence, une situation qui rappelle la guerre d'Algérie.
Une semaine plus tard, François Mitterrand effectue une visite express et annonce l'élaboration d'un nouveau statut tout en appelant à l'ordre et au dialogue. Mais les jours et les semaines qui suivent sont un enchaînement d'actions violentes. Meurtre, incendie, émeute, barrage, sabotage, arrestation, répression, opérations militaires, la situation finit par se calmer jusqu'aux élections législatives de mars quatre-vingt-six que les indépendantistes décident de boycotter.
Nous nous souviendrons de l'heure, nous nous souviendrons
du temps, nous nous souviendrons d'hier, nous nous souviendrons de nous, nous nous souviendrons de tout, nous nous souviendrons de l'heure, nous nous souviendrons du temps, nous nous souviendrons de
les marées montent mamie les marées montent les marées montent mamie, les marées montent. Alors vite, vite, vite, avant que les vagues n'avalent tout autour, vite, vite, vite. Avant que n'arrive l'avant dernier jour, vite, vite vite vite ils emmerdent à la mort et oui à l'amour vite vite vite avant que n'arrive l'avant dernier jour vite vite vite avant que les vagues n'avalent tout autour vite vite vite ils emmerdent à la mort et oui à l'amour
nous nous souviendrons de l'heure de nos souviendront du temps nous nous souviendrons d'hier nous
nous souviendrons de nos Même si les saisons se sont perdues de vue Même si l'or n'a jamais noté le temps Même si les os continuent de monter Même si les tirs ne voient pas cesser le
feu Même si même si
les marées montent mamie les marées montent les marées montent mamie les marées montent alors vite vite vite avant que les bagues navalent tout autour vite vite vite avant que n'arrive l'avant dernier jour vite vite vite des emmerdes à la mort et oui à la mort.
Vous écoutez affaires sensibles sur France Inter, aujourd'hui l'embuscade Wagnat en Nouvelle-Calédonie. Affaire sensible, Fabrice Drouel.
Le peuple français a fait son choix. Il a élu une nouvelle majorité à l'Assemblée nationale et par là même qu'il a approuvé une nouvelle politique pour notre pays. Le président de la République m'a proposé d'exercer la fonction de premier ministre.
20 mars mille-neuf-cent-quatre-vingt-six, l'arrivée au pouvoir de Jacques Chirac est une très mauvaise nouvelle pour les indépendantistes kanaks. Si François Mitterrand ne les a pas aidés, Jacques Chirac va tout faire pour les stopper. Il annule le projet d'ancien statut et envoie notamment de nombreux militaires pour occuper le terrain, méthode néocoloniale classique utilisée pour mater toute tentative d'insurrection. Le FLNKS, lui, décide de se replier dans la clandestinité et de ne plus participer à des scrutins tant qu'ils ne concernent pas exclusivement un électorat à Tanakh. Sans quoi minoritaire électoralement et démographiquement, effectivement ils n'ont aucune chance.
6 mois après le retour
aux affaires de la droite, le vingt-neuf septembre quatre-vingt-six, le juge d'instruction ordonne un non-lieu dans l'affaire de l'embuscade de Jengen pour cause de légitime défense par anticipation, légitime défense par anticipation. Les 7 meurtriers auraient ainsi mené une action préventive entourant les indépendants qui auraient pu mener une action violente. Dans la série décision, on ne peut embraser de nouveau le pays, on ne fait pas mieux. Ce jour-là d'ailleurs, la gendarmerie patrouille dans les zones sensibles de la Nouvelle-Calédonie par peur des troubles après cette décision unique. Mais 3 semaines plus tard, la chambre de l'instruction contredit le magistrat instructeur et renvoie les 7 accusés devant la cour d'assises.
Donc, un procès aura bien lieu et dans une salle des fêtes, le palais de justice étant incendié 2 ans plus tôt. Sur les lieux, des tracts réclamant la libération de certains accusés de l'embuscade Wagnat avaient été retrouvés à l'époque. Dix-sept octobre quatre-vingt-sept, Nouméa, cour d'assises de Nouvelle-Calédonie. 7 accusés sont jugés pour assassinat et violences volontaires avec préméditation et avec armes. Leurs noms,
car il
faut les nommer, ils ont tué, Maurice Mithrid, Robert Sinemélé, Raoul Lapetite et ses 4 fils Jacques, Jean-Claude, Jess et José. Du côté du jury, on ne retrouve que des kaldos chez des européens. Aucun juré n'est calaque. Tout est dit sur ce déni de justice érigé en système. Pour garder une trace de ce procès historique, les audiences sont enregistrés, chose rarissime en France.
Seuls dix-sept procès l'ont été. Le réalisateur Olivier Pigetti a eu accès à ses enregistrements pour son film Nouvelle-Calédonie, l'invraisemblable verdict. Nous allons en diffuser plusieurs extraits. Ici, c'est la parole d'un survivant de la fusillade Bernard Mapas qui raconte son
calvaire. J'ai touché sur le bas-ventre heureusement j'ai culbuté dans un dans un semblant de fossé alors c'est là que j'ai sauvé ma peau parce que là les balles sifflaient, il y a même un gars qui s'est approché au bord de la rivière, puis il disait à ses camarades, et regarde le sang là, regarde le sang, ça oui. Enfin parce que la rivière, c'était tout rouge et sang, le sang de mes camarades et ils déchargeaient leurs fusils dessus.
Parmi les 7 accusés, il y a 5 membres d'une même famille donc, les La Petite. Ce sont des métis avec plus de 100 kanaks que de 100 métropolitains, oui, mais ils se sont rangés du côté des loyalistes, donc loyaux à l'État français, donc anti-indépendantiste. Raoul la petite, qui vise à côté des kanaks, explique que tout a basculé le dix-huit novembre quatre-vingt-quatre avec le boycott des élections et le début des barrages. Il explique avoir tué pour se défendre.
Est-ce que vous estimez monsieur Raoul la petite que par cette fusillade, vous avez donné un coup d'arrêt aux événements de Nouvelle-Calédonie L'histoire
nous le dira, c'est certain.
Ce qui
veut dire que vous revendiquez la fusillade Je ne revendique rien, j'avais affaire à des terroristes et ces terroristes au lieu d'avoir 10 morts, il y en aurait eu 2000 quand même.
Je regrette d'avoir tiré parce que je suis pas dans un assassin. Je suis un homme d'honneur si on arrivait
à tirer ce n'est pas
de notre faute. Je regrette même que c'est arrivé, car il y a des responsables. Malheureusement, ces responsables ne sont pas à la barre aujourd'hui.
Une grande partie de la défense des accusés va être basée sur la légitime défense. Du reste, leur avocat est le fondateur de l'association pour la légitime défense, maître Garaud proche de l'extrême droite militant pour le rétablissement de la peine de mort. Alors voici le raisonnement. Après le dix-huit novembre quatre-vingt-quatre et la situation insurrectionnelle, les kaldosh ont pris peur. Peur pour leurs biens, des maisons étaient incendiées et peur pour leur vie.
Quasiment une maison est incendiée chaque nuit selon les témoignages à la barre du chef de la gendarmerie de plus. Les gendarmes étaient désarmés et avaient l'ordre de ne pas intervenir. Voici de nombreux témoignages de Caldosch qui ont pesé dans le procès.
Depuis le dix-huit novembre, qu'on dormait pas moi et ma femme,
pour aller voter avec des coups de grenade.
On nous avait dit qu'on devait venir incendier notre maison.
Et j'ai vu des balles taper devant moi.
On a
cassé ma maison, brûlé tout et je me trouvais dedans.
Et quand ils m'ont retiré dessus, ils ont baissé un mécanisme.
J'ai ma mère qui a quatre-vingt-treize ans et j'étais obligé de la faire coucher entre 3 tôles dans les brousses.
J'ai reçu cette balle.
On devait nous couper le coup et mettre nos têtes sur des piquets devant chez nous.
J'ai pris peur.
On était menacé tous les jours.
Nous sommes partis coucher dans la bouche.
Notre première balle a claqué en direction
la plus adaptée pour faire partir les Français dans les vallées, c'était de brûler leur maison, ils étaient obligés de partir. C'était 10, 15, 20 coups de tirés dans cette direction. Personnellement, j'estime que toute la population de la brousse à cette époque-là était en état de légitime défense, c'est tout ce que je peux dire.
Il y avait plus de
justice, il y avait rien. Ce qui
se dégage des audiences, c'est que les habitants de ont été complètement abandonnés par les autorités et les forces de l'ordre. La région était livrée à elle-même. D'ailleurs, les responsables administratifs se font porter pâle pour les audiences. Mais comment parler de légitime défense quand il y a eu préméditation pour tendre une embuscade Quand on tire sur des hommes désarmés, quand on achève les hommes à terre à bout portant. À la barre Jean-Marie Jébaou qui a perdu 2 frères dans l'embuscade rappelle le crime originel, la colonisation et le vol des terres les calaques.
Car on ne juge pas un fait divers, mais bien un crime de la colonisation. Et les victimes, ce sont bien les 10 militants indépendantistes assassinés, il ne faudrait pas inverser les charges.
Monsieur le président, je suis là au nom de
la
tribu que je représente, mais aussi en tant qu'élu du mouvement de pour commencer monsieur le président je voudrais rappeler un vieil adage que nous connaissons tous un bien volé réclame toujours son propriétaire. Là est le fondement du contentieux. Nous n'avons jamais accepté d'être spoliés de la souveraineté sur nos terres et sur notre pays.
Dans les derniers moments du procès, place à la plaidoirie de maître garrot. L'avocat va pousser à l'extrême le concept de légitime défense par anticipation, car les forces de l'or n'étaient plus là pour faire respecter la loi sur le territoire.
La audience surprise, la parole est à Bertrand.
Vous savez moi, je ne vais pas plaider cette heure et je ne vais pas vous en parler tellement de la légitime défense. Mais ce que je vous dirai, c'est qu'on ne répare pas un grand malheur en commettant une injustice. Qu'auriez-vous fait à leur place À qui la faute Voilà les 2 questions. A Enghane, on était heureux et après le dix-huit novembre, bien ce fut l'enfer. Demain c'est mon tour, ça résulte de tout le dossier, c'est comme ça que je le lis et on n'a rien fait pour leur venir en aide.
9 ans de réclusion criminelle, mais j'en j'en frémis, mais regardez-les ces hommes, regardez-les ces hommes de chair, non ils ne sont pas coupables, non ce drame ils ne l'ont pas voulu, non ce drame n'est pas de leur faute, mais pour vous-même, pour votre conscience, inquittez-les, inquittez-les et vous serez en paix avec votre âme.
Après 2 heures et demie de délibération, le jury composé seulement de caldoches, rappelons-le, fixe le sort des 7 accusés.
Après en avoir délibéré et voté conformément à la loi, la cour et le jury acquittent Maurice, je vous en prie, Pas de manifestation, je vous en prie. L'audience criminelle élevée, la saison de la cour d'assises du territoire de Nouvelle-Calédonie est
close. Dimanche s'est inculpé, s'est je dois quand même rappeler qu'il y avait un jury d'européen et de caldoche en particulier et
pour
rendre un verdict concernant la mort de Tikana et ça c'est c'est extraordinaire parce que quand le verdict a été rendu les gens dans le tribunal ont applaudi en criant vive la France. C'est ça la France des droits de l'homme.
Après cette décision de justice, Jean-Marie Tubaou estime que la chasse aux canaques est ouverte. Et selon lui, il va peut-être falloir avoir recours à la lutte armée. Une prochaine échéance électorale se profile avec l'élection présidentielle entre 2 candidats qui n'ont rien fait pour régler la question calédonienne, Jacques Chirac et François Mitterrand. Mais il se rattrapera avec sous la houlette de son premier ministre Michel Rocard, la signature des accords de Matignon en quatre-vingt-huit, qui auront pacifié pour un temps la Nouvelle-Calédonie. Une décision que la prise d'otage de la part d'Ouvéa avec la mort de 6 gendarmes et dix-neuf indépendantistes fin avril, début mai de la même année a rendu absolument nécessaire.
Un drame paroxystique de la crise calédonienne qui trouve son essence et ses racines, pas seulement dans l'embuscade Waniate, mais beaucoup. France Inter, affaires sensibles, Fabrice Drouel. Aujourd'hui, l'embuscade de Wagnat en Nouvelle-Calédonie dont nous parlons avec notre invité Olivier Piketty, bonjour.
Bonjour, bonjour.
Réalisateur de Nouvelle-Calédonie, l'invraisemblable verdict diffusé en deux-mille-vingt-quatre sur France Télévisions. Pour votre film, je rappelle, vous avez eu accès à des archives exceptionnelles, des extraits du procès de l'Ambiscade que vous avez entendu dans ce récit. Qu'est-ce qui vous a donné l'idée de ce film et surtout qu'est-ce qui vous a motivé
Alors j'étais intéressé à l'époque au grand procès historique comme papon, Barbie, le sang contaminé, c'est des procès qui ont été enregistrés et déposés aux archives nationales. Donc comme vous le disiez tout à l'heure il y en a dix-sept qui ont été enregistrés et je me suis rendu compte que 2 d'entre eux concernaient la Nouvelle-Calédonie et dont celui dont on parle aujourd'hui. Je n'avais jamais entendu parler de cette effroyable tuerie là qui est vraiment surprenante et quand on la replace dans un contexte historique, on se rend compte que c'est une sorte de comment je dirais de petit résumé d'une période de l'histoire de la Nouvelle-Calédonie et ça lui donne une dimension vraiment particulière.
Et quand quand nous disons nous dans affaires sensibles et on finit le récit là-dessus, un drame paroxystique de la crise calédonienne qui trouve son essence et ses racines pas seulement dans l'embuscade de Waniat mais beaucoup vous êtes d'accord avec cette analyse.
Oui oui effectivement oui c'est-à-dire que si on transpose ça sur l'ensemble de l'île en fait c'était ce qui s'est passé à Yangen c'était vraiment à l'image de tout ce qui se passait dans l'île sauf à Nouméa puisque Nouméa était quand même nettement plus protégé.
Alors question pratique au passage, comment avez-vous réussi à avoir accès à ces enregistrements normalement je crois qu'ils ne seront pas disponibles avant un délai de 50 ans.
Exactement 50 ans, alors j'ai demandé une dérogation et contrairement à ce que je pensais d'ailleurs on me l'a accordé, je n'étais pas je n'étais pas certain de l'avoir parce qu'on se rend compte que 40 ans plus tard finalement la Nouvelle-Calédonie est toujours une poudrière et aucune solution n'a été trouvée donc je me suis dit peut-être que j'aurais un refus parce que c'est encore trop sensible aujourd'hui mais je pense que ça le sera demain aussi.
C'était une affaire sensible avec Caramel. Le procès a duré combien de temps
Alors 2 semaines exactement. Toutes les audiences ont été enregistrées sans exception et il y avait c'était soixante-quinze heures d'enregistrement. Ce qu'il a de de passionnant, mais bon le mot est certainement déplacé, vous m'en excuserez. C'est c'est c'est c'est toujours que cette terrible tragédie et le procès qui a suivi donc c'est une sorte de condensé de de l'histoire mouvementée de l'archipel.
La réaction de Jean-Marie Djibahou est très forte au lendemain du drame, alors que ses 2 frères ont été tués et qu'il était visé par l'attaque. Il dit je crois qu'il l'a redit au procès, j'essaie de ne pas avoir de haine.
Oui alors ça c'est tout ce qui fait la grandeur de cet homme, sa sagesse et sa dimension. Il a vraiment marqué l'histoire de la Nouvelle-Calédonie, mais tout de même ces positions modérées n'ont pas été au goût de tous les kanaks puisqu'il ne faut pas oublier que c'est un extrémiste kanak et non qu'Aldoch qu'il a assassiné par la suite. Donc ces positions plutôt pacifistes ou en tous les cas de dialogue n'étaient pas appréciées par tous les kadash et par tous les kanaks et notamment chez les jeunes qui étaient beaucoup plus revendicatifs. Alors
que penser de ce procès globalement On y reviendra en détail notamment sur les plaidoiries, mais est-ce qu'une vérité a pu émerger en 2 semaines d'audience
Et
si oui quelle vérité d'ailleurs
Oui oui d'ailleurs oui en fait je dirais 2 vérités en fait puisque il y a là-bas toujours 2 vérités c'est c'est-à-dire celle des caldoches et celle des kanaks, celle des loyalistes et celle des indépendantistes. Donc on ne peut pas dire qu'il y a eu une vérité en tous les cas la vérité qui pour moi est vraiment sortie, c'est qu'il y a une incompréhension totale, une rupture totale entre les 2 les 2 clans, les 2 communautés et qu'il est très difficile de pouvoir renouer le lien aujourd'hui et que au fil des ans au fil de ces 40 ans qui sont passés depuis ce procès qu'est-ce qui s'est passé rien finalement la Nouvelle-Calédonie au contraire s'est même appauvrie et encore plus depuis les émeutes qu'il y a eu en deux-mille-vingt-quatre.
Oui, on reviendra sur la situation en Calédonie aujourd'hui, mais alors quand même il y a quelque chose qui interpelle ce jury composé uniquement de caldoches, enfin ça se voit comme le noeud au milieu de la figure qui est un déni de justice là, comment peut-on partir sur une base, sur un postulat pareil
Alors effectivement il n'y avait pas de kanak dans le jeu alors sur un tirage au sort qui aurait été disons normal il aurait dû y avoir la moitié de kanak puisque c'est leur proportion dans la population. Alors je n'ai pas réussi là-bas sur place à connaître les réalités de ce tirage, mais en tous les cas ce qu'il y a de certain c'est que ce tirage au sort à fausser les débats et surtout les chances d'un verdict serein et équitable. Faut savoir aussi je pense que c'est important c'est que l'avocat général monsieur Lucazo n'a requis que 9 ans de prison pour un massacre qui a fait tout de même 10 morts et 7 blessés donc on partait déjà très bas en termes de peine requise.
Je ne comprends pas pourquoi les d'autres avocats n'ont pas récusé les les les jurés parce que ça se fait dans la justice française.
Oui ça se fait mais par rapport aux jurés qui sont présentés donc si on vous présente par exemple c'est bon c'est 9 jurés si on si on si juré pardon si on si on
vous en
présente 50 et qui sont tous caddoches vous ne pouvez choisir que parmi ceux qui sont présents.
France inter. Affaire sensible, Fabrice Drouel. Olivier Pigetty, parlons de la défense des accusés. Quand on est anti-indépendantiste, c'est effectivement une bonne idée de d'étudier les les services de l'avocat Garaud. Par contre, on connaît ses orientations philosophiques et politiques, il ne les cache pas, mais qu'est-ce que c'est que cette légitime défense par anticipation alors qu'on est quand même dans la préméditation, une embuscade ça s'organise.
Ah oui alors c'est très intéressant en fait, c'est un peu complexe en fait on parle, c'est un texte de loi qui remonte à plusieurs siècles et qui dit que quand l'état ne peut plus être garant de la sécurité de ses citoyens à l'époque c'était par exemple contre les bandits de grand chemin, on pouvait en tant que citoyen prendre les armes pour supprimer la menace. Donc c'est ce qu'a exhumé maître garrot et ça n'a visiblement choqué personne et d'ailleurs une partie des audiences ont servi à démontrer qu'à Yengen, les autorités avaient abandonné le village et que ses habitants étaient laissés à eux-mêmes. Je voudrais souligner d'ailleurs que le juge d'instruction François Sémur avait pavé la route pour un procès totalement inéquitable puisqu'il avait refusé de faire une reconstitution, il a refusé les confrontations, mais le plus ahurissant c'est qu'il décide d'un non lieu au terme de son instruction, un non lieu qui a finalement été invalidée par la chambre de vous l'avez dit je crois et a permis le déroulement du procès.
Alors puisqu'il y a eu procès quelle était l'attitude des accusés
Alors les accusés bon on se retrouve face à des hommes de la terre dur au mal travailleurs peu éduqués, dépassés même par la dimension de leur geste assassin. Pendant le procès ils sont vagues, ont oublié, ils savent plus, ils chargent les kanaks de tous les maux et même s'il est honnête et je pense important de dire qu'ils vivaient tout de même dans un climat de peur assez important. C'est une attitude assez pitoyable puisqu'ils avaient avoué ça les grandit pas et finalement seul le patriarche le chef de famille Raoul la petite est resté pugnace plus proche de ses principes et d'ailleurs il a il a longtemps revendiqué le fait que son acte pouvait faire basculer le dessin de la Nouvelle-Calédonie.
Alors la particularité de ces assassins et c'est là que l'affaire devient un peu compliquée, mais il ne faut pas la la contourner. Ce sont des caldos, certes des caldos métis qui eux-mêmes et pour certains ont du sang kanak.
Ah oui c'est bien ça. Ah oui oui oui c'est c'est d'ailleurs assez incroyable parce que non seulement il parle kanak mais la grand-mère était kanak certains se sont mariés avec la avec les kanaks. L'un l'un des fils militait pour les mouvements indépendantistes, ils faisaient du commerce ensemble, Raoul la petite a aidé Jean-Marie Djibahou à à construire sa maison, ils allaient pêcher de temps en temps ensemble, enfin c'était des communautés qui vivaient de façon tout à fait correcte sans un amour fou non plus, mais de de de façon tout à fait correcte ensemble.
Le verdict a été applaudi par le public européen de la cour d'assises, on on l'a entendu moment de malaise quand même devant parce qu'on on applaudit rarement dans un prétoire ou là on se fait recadrer par le président du tribunal, mais là vous avez ressenti comme un malaise vous
Enfin oui enfin je trouve ça aussi déplacé que terrible. On n'applaudit pas au tribunal, ce n'est pas du théâtre.
Il y
a des victimes, les familles de victimes, les proches, c'est quelque chose d'immense en fait qui s'y joue et puis applaudir quoi Un verdict inégal, injuste, la liberté pour les meurtriers ou la victoire des loyalistes. Au final tout ce qu'on applaudit c'est la poursuite des hostilités parce que c'est ce qui s'est par la suite.
Oui selon vous ce verdict mène tout droit vers la prise d'otage d'Ouvéa.
Ah oui alors c'était intéressant de voir que dans un premier temps il y a eu un moment de sidération c'est à dire qu'ils n'ont pas réagi les les cadavres, le peuple kanak n'a pas réagi et c'est un petit peu plus tard quelques semaines plus tard les violences ont repris 6 mois après le verdict il y a eu la fameuse prise d'otage de la grotte d'Ouvéa donc qui a été vraiment la conséquence de ce verdict qui était pour les kanaks et on le comprend tout à fait inéquitable et qui est à les plus radicaux sont devenus encore plus radicaux. Je rappelle qu'il y a eu 2 morts et 4 blessés du côté des forces d'intervention, je crois que c'était dix-neuf morts et certains exécutés du côté des cadaques pendant la la grotte d'Ouvéa.
Pendant la pendant l'assaut, oui, on s'en souvient tous évidemment. Oui. Alors on va on va parler, il nous reste 4 minutes à peu près, on on va parler si vous voulez bien de la situation en Nouvelle-Calédonie aujourd'hui. On va d'abord écouter Manuel Valls, ministre des Outre-mer, micro de la Pauline de Malherbe, aujourd'hui même sur BFM TV et sur RMC.
Manuel Valls, la Nouvelle-Calédonie, l'épisode d'extrême violence qu'a traversé la Nouvelle-Calédonie. Est-ce qu'aujourd'hui, et c'était l'une de vos missions, vous y avez passé plusieurs jours. Est-ce qu'aujourd'hui, vous estimez qu'il y a une forme de cohésion à nouveau et que l'épisode de violence est vraiment derrière nous
Non, vous savez, dans le dans la coutume kanak, il y a 2 mots qui sont prononcés à chaque fois. C'est l'humilité et le respect. Donc moi je continuerai à travailler avec beaucoup d'humilité parce que même si nous avons réussi à rassembler toutes les forces politiques, est-ce qu'elles se reparlent, nous sommes encore loin d'un accord.
Quand vous dites non, c'est quand même non, la situation n'est pas apaisée.
Non, parce qu'elle est tendue, parce qu'il y a eu beaucoup de violence, beaucoup de peur, du racisme, des gens qui ne se parlent plus, qui se regardent en chien de de de faïence, il faut comprendre la peur qu'ont éprouvée tous nos compatriotes là-bas sur place et notamment ceux d'origine européenne à Nouméa. Il faut comprendre aussi l'aspiration à l'émancipation, à la décolonisation des des kanaks et donc ce sont au fond 2 2 logiques qui maintenant cheminent et il faut réussir et c'est évidemment la mission que m'a confié François Bayrou, il faut réussir à ce que le dialogue permette de trouver un accord un accord politique.
Qu'est-ce que ça vous inspire Olivier Pigatti
Rien du tout. On entend ça, on entend ça depuis quarante-cinq ans à la même chose, les mêmes paroles, les mêmes mots, non vraiment rien du tout aujourd'hui où va ce territoire, je ne sais pas qui peut répondre. La rupture est tellement totale tellement dure il y a eu tellement de tragédie qui ont émaillé l'histoire de la Nouvelle-Calédonie et qu'on a considéré à chaque fois comme un tournant on parlait à chaque fois un tournant ceci un tournant cela. Fait beaucoup de virages tout ça et ça veut dire qu'on ne sait pas vraiment où on va et ça renforce d'ailleurs cette terrible sensation d'impuissance totale. Je ne vois pas de solution et d'ailleurs de nouveau de beaucoup de d'européens aujourd'hui ont fui ou enfin ont déménagé en tous les cas de la Nouvelle-Calédonie parce qu'ils n'y croient plus.
Dans le journal Le Monde, le premier mars deux-mille-vingt-cinq, la journaliste Nathalie Guibert écrit, un document de travail a été remis en bout de course aux 6 délégations indépendantistes et non indépendantistes, donc on parle des négociations entamées par Manuel Valls. Sur sujets en cause, le lien avec la France, la citoyenneté calédonienne et la gouvernance du territoire, ces orientations du gouvernement posent les hypothèses basses et hautes entre lesquelles devra éclore le futur compromis politique sous une souveraineté redéfini, on parle de quelque chose d'inespéré après tant de violence, qu'est-ce que vous en pensez
Je sais plus que croire qui croire comment croire. Le territoire maintenant il est en faillite. On a fermé il y a beaucoup de terres rares là-bas, il y a 2 des 3 usines qui ne fonctionnent plus parce que c'est trop cher parce que l'extraction le coût d'extraction est trop cher, les commerces survivent pour certains les autres sont fermés. Il y a eu 3000000000 je crois de dégâts je ne me rappelle plus le chiffre exact, c'est impossible de pouvoir combler cette somme enfin qui va payer ça va être très compliqué c'est pourtant un territoire absolument merveilleux avec des capacités économiques énormes ça pourrait être quelque chose de
Sentiment de gâchis quoi.
Ah oui alors Gachito.
Et on va terminer en citant une phrase une phrase de Jean-François Mer l'ancien conseiller de Michel Rocard pour les Outre-mer, Michel Rocard qui avait présidé aux accords de Matignon en quatre-vingt-huit, il dit dans un entretien accordé à Mediapart, la question est de savoir si pour une fois dans son histoire, la France réussira une décolonisation. Voilà pour le mot de la fin. Merci merci infiniment Olivier. Au revoir oui, au revoir.
Merci, au revoir.
C'était affaires sensibles aujourd'hui l'embuscade de One Niard, une émission que vous pouvez réécouter en podcast bien sûr à la technique aujourd'hui, il y avait Céline Géribi.