00:00
00:00
Le 7 10. Sur France Inter. Et c'est géopolitique, Pierre Haski, bonjour. Bonjour Nicolas. Pierre, vous revenez sur les massacres qui se sont déroulés en Syrie.

Depuis la chute du régime de Bachar el-Assad il y a 3 mois les Syriens retenaient leur souffle en espérant être sorti du cycle de la violence qui a détruit leur pays hélas ces 3 derniers jours plus de 1300 personnes dont 3 quarts de civils ont été massacrés dans les plus graves événements depuis la chute de la dictature. Tout dans cette tragédie était prévisible. Des soldats de l'ancien régime ayant refusé de se rendre se sont livrés à des opérations de guérilla dans le pays alaouite, la minorité dont était issue le clan Assad. En représailles, une vague de violence aveugle avisait aussi bien les partisans armés d'Assad que les civils alaouites victimes de vengeance de masse pour les morts des derniers jours, mais aussi pour les décennies de dictature tout le monde redoutait ce scénario depuis 3 mois selon l'organisation syrienne des droits humains qui fait référence des massacres ont été commis de part et d'autre hommes femmes enfants vieillards compte au nombre des victimes parmi les auteurs des exactions des djihadistes y compris étrangers toujours en possession de leurs armes.

Est-ce la fin de la transition pacifique

Alors c'est la plus grande crainte aujourd'hui Nicolas le pouvoir de transition dirigé par Ahmed Al-Sharara tente difficilement de rassurer la mosaïque de minorité du pays les alaouites chrétiens kurdes druses que leur sécurité est assurée il tente également de réunir tous les groupes armés sous une seule autorité nationale. Sur ces 2 points cruciaux, la confiance est désormais à 0. Ahmed Al-Sharré s'est employé à rassurer dans un discours à la nation. Ce qui se passe dans le pays a-t-il dit, ce sont des défis qui étaient prévisibles, nous devons préserver l'unité nationale, la paix civile autant que possible et si Dieu le veut nous serons capables de vivre ensemble dans ce pays a déclaré l'ancien djihadiste devenu homme d'état. Chez les syriens attendent surtout de voir comment il va discipliner certains de ses partisans radicalisés qui ne le suivent pas dans sa conversion pragmatique.

Et cette crise l'affecte aussi sur le plan international.

C'est évidemment l'un des sujets majeurs de la transition. Il y a d'abord le voisin Israël qui a détruit l'armée syrienne dès la chute d'Assad qui occupe des positions supplémentaires sur le plateau du Golan et se pose en défenseur des minorités syriennes. Israël voit d'un mauvais oeil l'avancée de l'influence turque auprès de Damas après les positions très dures qu'Ankara a prises au sujet de Gaza. Et il y a la Russie qui négocie toujours le sort de ces bases navales et aériennes en Syrie justement dans la région ont éclaté les troubles. Paradoxe ultime, Israël préférerait avoir la Russie plutôt que la Turquie à sa frontière.

Les massacres affectent également la levée des sanctions qui pèsent toujours sur la Surie qui n'a pas les moyens de sa reconstruction. Un premier allègement est menacé de ne pas être suivi d'autre si le pouvoir de Damas ne parvient pas à empêcher la violence de s'étendre. La Syrie a vécu dans sa chair le déchaînement de violence qui s'est emparé de l'Irak voisin après la chute de de Saddam Hussein avec la naissance de l'état islamique. Il y a donc urgence à éteindre l'incendie syrien. Pierre Haski merci.

Podcast: Géopolitique
Episode: Les massacres en région alaouite menacent la transition syrienne