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France Inter.

Aujourd'hui dans Affaires sensibles, l'affaire Viguier, du nom de Suzanne et de Jacques Viguier. Le vingt-sept février 2000 à Toulouse, Suzanne disparaît. Le mari est accusé de meurtre. 2 procès suivront. Cette affaire, vous la connaissez peut-être sous d'autres noms.

Longtemps, on l'a appelée l'affaire du professeur d'université de Toulouse. Et puis, il y a eu des fictions télé, cinéma, la disparition de Jean-Xavier Lestrade en 2 en deux-mille-dix-sept d'Antoine Rimbaud avec Olivier Gourmet et Marina Foïs. 2 interprétations, 2 intrigues autour d'une même question qu'est devenue madame Viguier. Pour cette émission, nous avons fait le choix de vous raconter les 2 procès de Jacques Viguier, procès très suivi par la presse et la télé qui se sont emparés de cette affaire sans cadavre, sans mobile évident et sans coupable identifié. Juste l'intime conviction, cette notion judiciaire qui à tort ou à raison nous trouble.

Notre invité aujourd'hui, le chroniqueur judiciaire du Figaro, Stéphane Durand Soufflant. Il a suivi les 2 procès Villiers qu'il aborde dans son livre intitulé Frissons d'assises, l'instant le procès bascule. Affaire sensible, une émission de France Inter en partenariat avec l'INA, préparée aujourd'hui par Jean Bulot, coordination Christophe Barère, réalisation coréenne Guyenne.

Fabrice Drouet, affaires sensibles sur France Inter.

Mercredi premier mars deux-mille-vingt, Dans la maison familiale d'Orgeix, dans l'Ariège, Jacques Viguier tourne et se retourne dans son lit. Le sommeil ne vient pas. Vers 4 heures du matin, il se lève, il sort et prend la direction de Toulouse. À la lumière des phares, les kilomètres défilent comme les questions. Sa femme Suzanne, Suzy comme il l'appelle, est-elle rentrée Voilà 2 ans que l'amour entre eux a disparu.

12 ans après leur mariage, il n'en reste rien, ni regard complice, ni geste tendre, ni mot doux rien. Tout s'est évaporé dissous. Jacques est un mari fidèle et donc menteur. Il aime plaire et Suzanne l'a su. Une, puis 2, puis 3, combien furent-elles à lui voler son mari Comme elle, Suzanne a rencontré Jacques sur les bancs de la fac.

Il était prof, elle était élève, ils se sont plus aimés, mariés, 3 enfants sont nés, Clémence, Guillaume et Nicolas. Vient ensuite le temps de la chambre à part, une nuit, 2, puis 3, des semaines, des mois, le verre est dans le fruit. Déjà 2 ans que Suzanne dort dans une chambre collée à celle de Clémence, l'épouse trompée passe la nuit sur un pic-clac. Un couple qui se délite, mais qui ne se quitte pas, ça n'a rien d'exceptionnel. De l'amour passé, demeurent tout de même les enfants.

Alors, alors on patiente, on attend qu'ils grandissent avant de se dire adieu, on pense ainsi qu'on les épargne. Quand Suzanne ne dort pas dans le clic clac, elle voit d'autres hommes. Elle aussi après tout avait le droit à un bonheur nouveau et Jacques sans doute. Souvent, sa femme absente, découche, il ne dit rien, ne pose aucune question. Ce premier mars 2000, quand Jacques rouvert Toulouse, voilà 3 jours que Suzanne n'a pas donné de nouvelles.

Dans la nuit du samedi vingt-six au dimanche vingt-sept février, il a cru l'entendre rentrer. Au petit matin, il pense l'avoir entendu dans sa chambre aux côtés de Clémence. Après, après n'est jamais réapparu, ni que fille, ni ni d'explication, rien. Olivier, son ami avec qui Suzanne joue au tarot, dit l'avoir déposé vers 4 heures et demie du matin. Depuis, comme à Jacques, Suzy ne lui a donné aucun signe de vie.

Le lundi vingt-huit au soir, Jacques appelle un ami inspecteur de police qui lui conseille de signaler la disparition de Suzanne. Mais il préfère attendre encore un jour. Le mercredi, il se décide enfin. À 8 heures et demie, le signalement est transmis. Ensuite, Jacques part travailler à l'université.

7 heures plus tard, ce premier mars 2000, au même poste de police, Olivier et l'ami de Suzanne déclarent lui aussi sa disparition. 2 hommes, une femme en partage. Olivier l'ami est en fait l'amant de Suzanne. Et cela, l'agent de police le comprend très vite, car Olivier Grande, tel est son nom, est inquiet et nerveux comme un amoureux éperdu. Lors de sa déposition, l'homme ne cache aucun sentiment, aucune idée.

Il déclare par exemple, en connaissant le caractère de Jacques pour l'avoir côtoyé depuis 2 ans, je dirais que la prise de conscience de la perte de son statut social, de sa situation et du paraître au regard des gens me font penser qu'il a pu commettre un acte irréparable. De cette accusation, Jacques Viguier ne sait rien. Le soir même, il est de retour en Ariège auprès de ses enfants et de ses parents. Le lendemain et les jours qui suivent, ils skient avec eux. C'est la période des vacances scolaires.

De retour à toulouse suzanne n'est toujours pas revenue une semaine déjà sans nouvelles le lundi le professeur d'université part pour 2 jours à strasbourg sa mère joue la baby sitter À son retour, il dépose une plainte pour enlèvement et séquestration. Après, tout s'accélère. Le 10 mars, la maison de coupe est perquisitionnée. À l'intérieur, les inspecteurs retrouvent le sac de Suzy, repèrent dans la maison de minuscules gouttes de sang et ils découvrent un kick claque sans matelas. Jacques bafouille se défend mal.

Pour les inspecteurs, c'est sûr, le mari a tué sa femme. Alors on le cuisine, on le menace, mais Jacques tient un bon. Pas de corps, pas de mobile, qu'importe, les soupçons sont grands. Le 11 mai, le juge d'instruction place Jacques Viguier sous mandat de dépôt. A-t-il assassiné sa femme

Il n'a pas

l'air très bien. En

novembre à peu près plus de 5 mois de détention lors d'une reconstitution, les journalistes enregistrent de loin l'arrivée de l'accusé, il crie son innocence. Quelques mois plus tard, le 15 février deux-mille-un, Jacques Viguier est libéré. Mais que n'a-t-il pas entendu et lu sur lui pendant ces 9 mois de détention Professeur de fac, on l'a glorifié du titre de vice doyen, cinéphile amateur, on l'a qualifié d'inconditionnel de Hitchcock, notamment des films, une femme disparaît et le crime parfait, la belle affaire. En y pensant aujourd'hui, la mort aux trousses aurait été un meilleur titre pour cet homme. En deux-mille-deux, 2 ans après la disparition de Suzanne, le professeur de faculté parle à la télé et le spectateur découvre un homme banal, terriblement banal.

Face caméra, il proclame son innocence, à petits mots sans rage, sans force.

Si je vous dis qu'est-ce qui lui est arrivé Qu'est-ce que vous m'entendez Je ne sais pas. Le problème si je le savais, ce serait quelque chose qui permettrait d'être délivré d'une certaine manière, délivré de souffrance. Si on gagne une disparition, que vous ne savez pas, c'est une douleur horrible. Et c'est ainsi, on parle d'anniversaire, c'est vrai que c'est une horreur, parce que j'en ai parlé avec mes enfants de ça. Hier soir encore, on a allumé une bougie dans la chambre de mon fils, je suis désolé vraiment, on était à la messe dimanche, j'ai envie de penser à tout ça, Écoutez, je suis désolé, je ne peux pas me donner un spectacle, donc je ne sais pas.

Monsieur Viguier, vous voulez nous dire quelque chose

On va

lui faire très très longtemps.

Le 20 avril deux-mille-neuf, son procès s'ouvre. Le public est nombreux. Voilà 9 ans que l'affaire fascine. Un mari et un amant ont perdu femme et maîtresse. Est-ce un assassinat Peut-être.

Mais est le corps Des aveux Aucun. Des preuves Mince Amobile Pas vraiment. Présentée ainsi, l'énigme semble impossible à élucider. Mais lors d'un procès en cours d'assises, tout est possible. Le temps long, le décor, le climat permettent souvent de mettre en lumière ce que l'enquête a pu voir.

Ce 20 avril, quand Jacques Viguier s'installe dans son box, il semble ailleurs, les yeux dans le vague. On l'a l'apprendra par la suite, il est dépressif. Pour tenir, son âme et son corps ont besoin de béquilles chimique. Lors de son arrivée, il est entouré de ses 2 avocats, maître Georges Catala, un local, et maître Henri Leclerc, une célébrité du barreau. En face, sur le banc de la partie civile, un drôle de mélange.

Il y a d'abord les enfants de l'accusé de la disparue, aucun ne croit à la culpabilité du père.

C'est aussi le cas de la mère

de Suzanne, leur grand-mère maternelle donc. Celles qui doutent de l'innocence de Jacques, ce sont les soeurs de Suzanne, Carole Hélène. Elles sont défendues par maître guide de Buisson, un local et maître Francis Miller, une autre célébrité. Lors des premiers jours du procès, on décortique la vie du couple, du moins ce qu'il en restait à l'époque de la disparition. Suzanne souhaitait-elle divorcer Sans doute.

Le lendemain de sa disparition, elle avait rendez-vous chez un avocat. Jacques le savait-il Non, affirme-t-il. Pour dresser le portrait de l'accusé, on fait appel en partie à ses maîtresses, Valérie, Catherine, Emilie. La plus âgée a quarante-six ans, la plus jeune vingt-neuf. 3 en liaisons, 3 histoires communes.

Il était le professeur, elles étaient ses élèves, elles l'admiraient, il aimait être dans leurs bras. Après la disparition de Suzanne, ils iront avec toutes, sauf avec Emilie. Ils vivront 8 ans ensemble. Lors du procès, Emilie évoque un homme déprimé.

Ceux qui l'ont décrit comme un monstre ne le connaissent pas. Donc je crois qu'il est important d'entendre des gens qui le connaissent, c'est tout. Ceux qui le décrivent comme un monstre, c'est des gens qui ont entendu dire des choses sur vous. Ça veut dire qu'on ne l'avait pas dit Oui, il a passé un petit moment. Je suis habitué à le voir dans un paleta.

Donc là, je l'ai trouvé figé, oui figé. Il me il me donne souvent l'impression d'un d'un gibier traqué qui ne comprend pas ce qui lui arrive.

Ce jour-là, un autre témoignage fait sensation, celui de la baby-sitter, Séverine. Comme beaucoup, elle a été interrogée à plusieurs reprises par la police. Le 20 septembre deux-mille, soit 5 mois après la disparition de Suzy, elle s'est rappelée un détail. Le lundi vingt-huit février, le lendemain de la disparition, elle s'est rendue chez les Viguier. Dans la salle de bain, au fond de la baignoire, elle avait des traces de couleur rose, du sang peut-être.

À sa sortie de la salle d'audience, la baby-sitter cache son visage, mais pas sa haine contre le professeur Viguier.

Je suis

toujours convaincu de ce que j'ai vu maintenant comme je l'ai dit à part si j'avais pu moi faire un test tout de suite pour être sûr que c'était bien du sang, il restera toujours un doute. Mais bon après il y a beaucoup d'autres choses qui font que moi je reste

persuadé que c'est monsieur Viguier qui

a fait disparaître madame qui a fait disparaître Suzy.

Avec ce témoignage, le doute s'installe dans l'esprit du public comme dans celui du jury. Jacques aurait donc tué Suzanne, admettons. Mais quand Le matin, après le départ des enfants avec leur grand-père, mais a-t-il mis le corps Y a-t-il eu préméditation Mystère. Le lendemain, le commissaire en charge de l'affaire Robert Saby entre en scène. Dans les coulisses, si la première aux journalistes a un show, personne ne sera déçu.

Minute après minute, Saby fait revivre l'enquête. Dépositions, interrogatoires, perquisitions, on se dirait dans un film de Claude Miller. À la barre, il exprime ses doutes. Dès le début, l'attitude de Jacques Viguier l'a intrigué. Pourquoi a-t-il attendu 3 jours avant de signaler l'absence de Suzanne C'est vrai quoi 3 jours, c'est long, même quand on n'aime plus.

Le premier mars lors du signalement, Jacques Viguier n'était ni inquiet ni pressé. Saby n'a aucune preuve, mais un pressentiment, le fameux flair du flic peut-être. Le commissaire évoque la perquisition du 10 mars 2000 et 2 choses l'ont marqué. La découverte du sac de Suzanne que Jacques a oublié de signaler à la police et l'absence du matelas, ah le matelas. Depuis le début, il est au coeur de l'enquête.

Quand les enquêteurs découvrent son absence, Viguier quitte précipitamment la pièce. Stressé, anxieux, il fait les 100 pas, seul dans le jardin. Mais qu'a-t-il fait du matelas bien, il dit d'avoir jeté la déchetterie. Mais pourquoi Ses réponses évoluent, inconfortables. D'abord, dit-il, il devient ensuite le symbole de l'adultère.

Alors, il l'a jeté. Ah bon, devant les jurés ce jour-là, le commissaire Sabby ne se limite pas à rappeler l'enquête. Il imagine un possible mobile. Viguier est un homme bien élevé avec des valeurs, dit-il, mais il ne peut pas accepter le divorce. C'est plus fort que lui.

Ah bon, Aux journalistes, le commissaire délivre ainsi son intime conviction.

C'est une affaire criminelle ou c'est un accident qui tourne mal

Moi je pense que c'est un accident qui tourne mal.

Vous pensez qu'on sort un jour la vérité justement. Il n'y a

que lui qui l'a assez la vérité. La vérité, c'est que je l'ai dit, c'est c'est mon argumentaire auprès

de Viguier, donne une tombe descente à ta femme, pour tes enfants et pour toi-même.

Le problème c'est que le commissaire n'a trouvé aucun élément qui confirme cette idée. Devant la cour, on l'interroge sur la nuit de la garde à vue de Viguier, il avoue à tête à tête sans pv d'audition. Selon son expression, il le travailla. Il lui souffle un scénario possible de la disparition. Une nouvelle dispute, des mots qui blessent, des coups qui tombent, si Dan chute, elle ne se relève pas.

En droit pénal, on appelle ça coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner et c'est 5 ans, oh pas la mer à boire dans l'esprit du flic. Vigy écoute, mais n'en démord pas, il est innocent alors pourquoi fabriquer de la prison, ne serait-ce que 5 ans, ce qui au passage est une éternité. Pourtant, 9 ans après, dans son box, Viguier regarde le commissaire presque sans réagir, proscrit, recroqueviller, comment fermer à l'intérieur de lui. Est-ce le poids de la culpabilité ou la dépression provoquée par ces 9 années d'accusation Lui seul le sait. Le procès a-t-il basculé Peut-être.

Dans

la salle n'est pas perdue, le chroniqueur judiciaire du monde Yves Bordenave reste prudent.

En l'état du dossier, s'il sort de la acquitté, il n'y aura rien de scandaleux et s'il sort de la condamner, il n'y

aura rien de particulièrement scandaleux non plus. Le dossier

est suffisamment comment dire, Le dossier est suffisamment comment dire suffisamment faible pour qu'on puisse la quitter et en même temps la personnalité et il y a suffisamment d'éléments troublants pour qu'il puisse également être condamné. En fait tout dépend de lui, de de la manière dont il va se comporter mal à cette audience, de la manière dont les débats vont se dérouler, de l'impression qu'il va faire à la cour d'assises.

Pour l'heure, Viguier est un piètre accusé, il ne se défend pas et puis il est psychotrope, ça n'aide pas. Or les accusations pleuvent sur lui. Alors sans doute conseillé par ses avocats, Jacques se fait violence et contacte des journalistes de France 2 qui tournent un reportage sur son procès. Ce soir-là, seul dans son bureau, il parle à découvert.

Personnellement, intimement, d'un point de vue religieux, vous avez fait le deuil d'elle

C'est une discussion qu'on a souvent avec les enfants, ou sur le fait de savoir si les individus vivent vivent en dos morte. C'est vrai que je j'ai encore de l'émotion en utilisant ces termes parce que pour les enfants, c'est vrai que la question est aussi grave que pour moi et donc nous avons des divergences parfois là-dessus. Moi je pense qu'elle est même morte, mais les enfants peuvent pensent qu'elle est encore vivante.

Vous avez peur d'aller en prison

J'ai envisagé l'hypothèse bien sûr même par rapport à mes enfants, qu'est-ce qu'il faudrait faire au cas où, mais franchement je suis innocent donc on ne peut absolument pas démontrer une culpabilité. Alors Alors bien sûr moi je ne peux pas démontrer une innocence, une innocence ne se démontre pas, mais il faut démontrer une culpabilité. Et il est impossible de démontrer une culpabilité de quelqu'un qui est innocent.

Monsieur Viguier, voulez nous dire quelque chose.

Dans ce théâtre les apparences, l'image est tout et dans ce jeu de rôle, c'est Olivier Durandé l'amant qui joue celui du gentil. Le vingt-sept avril deux-mille-neuf lors de son passage à la barre, il fait un sans faute. Et pleurer sans être larmoyant, accusateur sans être enragé, il est parfait. C'est un petit bonhomme, dit Rendée, un gars qui paraît sans histoire. Il a rencontré Susan au club de tarot.

De tournoi en tournoi, il est devenu le confident, l'ami présent à la table du foyer. Les enfants l'appréciaient, Jacques l'acceptait. Savais-il que Suzy lui, apparemment non. Voyez-vous, Jacques est professeur, lui intérimère, aime la chasse, lui l'écarte, leur sujet, lui impossible. Pourtant, Jacques Guylier aurait se méfier de cet homme, car ce sont ces accusations qui ont fait du mari le coupable idéal pendant l'enquête.

À la barre, Durand V invite les jurés dans la maison du couple. C'était la guerre, dit-il, ils s'engueulaient tout le temps. Puis l'amant se souvient d'un dîner février durant lequel Suzy aurait exprimé son souhait d'un divorce à l'amiable. Et arrive la soirée du vingt-sept février 2000. Comme promis, après l'avoir déposé à 4 heures et demie du matin, Olivier a appelé Suzanne.

Elle n'a jamais répondu. Depuis, il cherche ce qui est arrivé.

Au bout de

2 semaines de procès, l'avocat général s'est fait un avis. Il demande une lourde peine, 15 à 20 ans de réclusion. Le lendemain, maître Henri Leclerc, l'avocat de Jacques entame sa plaidoirie. Sans colère, sans excès, l'avocat expérimenté parle aux jurés comme un père. Il ne souhaite pas les diriger, mais il espère les aider.

Avec calme, douceur, il reprend le fil de l'histoire, il exprime ses craintes et conseille à ses hommes et à ses femmes de se méfier des attitudes des témoins, de la victime même. On aurait presque oublié qui était Suzanne. L'avocat parle d'une mère admirable sans aucun doute, mais il rappelle ceci, elle a installé son amant au domicile conjugal, demandé aux enfants de mentir à leur père. Ils s'arrêtent et ils concluent, je ne vais pas plus loin, ça suffit. Après les conseils, l'avocat pointe les erreurs, les raccourcis, les exagérations, les traces de sang dans la salle de bain, les experts ont parlé de micro-tâches et se analysent un crime.

Leclerc ne le pense pas et pour cela, il raconte une histoire. La veille de sa plaidoirie à l'hôtel, en se rasant, elle s'est coupée. Quelques gouttes sont tombées ici et là. Il sort alors un mouchoir taché de son sang et poursuit en ces termes. On se coupe tout le temps, vous savez, dans une maison, quand on se rase les jambes aussi.

La phrase fait son effet et l'avocat conclut, personne ne peut dire avec certitude que Jacques Viguier a tué sa femme. Dites-lui de repartir, ce ne sera pas une erreur judiciaire, vous devez la quitter. Bien c'est chose faite. Après 3 heures de délibéré, les 3 femmes et les 6 hommes du jury populaire votent pour l'acquittement. Jacques Viguier sort donc libre, entouré de ses enfants, Clémence, Guillaume, Nicolas.

Je remercie toujours d'y m'a soutenu et les avocats, le jury et tous mes amis.

Alors l'histoire est-elle terminée Pas totalement. Quelques jours plus tard, le parquet général fait appel et tout est à recommencer. Je ne peux plus dire je Si l'insolitude te pèse Quand tu viens

à pincer

Tu peux tous mes jours compter sur moi.

Non, s'il vous plaît, on ne te parle pas

de déclaration, vous savez, ce n'est pas la peine.

Non, on ne va pas.

Premier mars deux-mille-dix, Albi. 11 mois après son premier acquittement, Jacques Viguier est de retour dans le box des accusés. L'allure est désormais assurée. Main dans les poches, sans valise, l'homme semble sûr de lui. À ses côtés, 2 nouveaux avocats, Jacques Lévy et Eric Dupond-Moretti.

Ses enfants Clémence, Guillaume et Nicolas sont toujours auprès de lui comme sa belle-mère. Mais face à eux, les soeurs de Suza toujours persuadés de la culpabilité du professeur.

Je crois à

300 pour 100, ce n'est même plus 100 pour 100,

c'est 300 pour 100. Et

si c'est

un nouvel acquittement

Oui. Je ne pense pas, ce serait trop injuste.

On sait à ma soeur, c'est à ma soeur.

La première semaine du procès se déroule à l'image de celui de deux-mille-neuf. On déroule la biographie du professeur, son travail, son mariage, ses maîtresses. De Suzanne, on évoque les blessures, le caractère, les passions. Elle est professeur de danse, elle est chorégraphe également pour un établissement nocturne de la ville de Toulouse. Durant ces premiers jours, on parle de, des violences de Jacques.

On cite des écrits de Clémence qui parlent des grosses colères de papa. On convoque des amis de Suzy, l'une d'elles parle de coups, lui nie avoir levé la main sur elle. Ensuite, on revient sur la perquisition, le sacre trouvé, les gouttes de sang et le matelas évidemment. Le président interroge longuement Jacques Viguier à ce sujet. Quand l'a-t-il jeté ce fameux matelas Le 11 mars, en sortant du commissariat, je l'ai jeté sur un mouvement d'humeur, dit-il.

Le président lui rappelle l'évolution de ses dépositions, alors, viguier s'embourbe. Ce même 11 mars, il fait nettoyer la voiture de sa femme. Pourquoi Par habitude, répond-il. Les avocats de la défense baissent la tête. Ils ne poseront aucune question à leurs clients.

En dehors du palais, quelqu'un attend son tour, Olivier Durendet. Même s'il n'a pas encore parlé devant les jurés, les journalistes le repèrent et les interviews se multiplient.

Je pense qu'il s'est enterré dans un mensonge, avouer, ça serait avoué qu'il a menti à tout le monde pendant toutes ces années, avouer à à la police qu'elle a gagné et qu'elle avait raison dès le début, que moi j'avais raison, c'est dire à ses parents, à ses enfants, qu'il s'est foutu d'eux pendant 10 ans. Donc comment voulez-vous que maintenant il puisse, à moins à moins qu'il y ait un sursaut d'humanité chez chez cet homme-là, je ne vois pas comment il pourrait en être autrement. C'est bon pour tout le monde.

Durant D, un drôle de bonhomme. C'est du moins ce qu'a se dire Eric Dupond-Moretti en découvrant le dossier. Durant 2 amis amants, l'ennemi de l'intérieur, pensons certains. En tout cas, il est le dernier à avoir vu Suzy. Après le tournoi de tarot, ils ont fait l'amour chez lui et puis vers 4 heures et demie du matin, il l'a déposé chez elle.

C'est ce qu'il dit et on peut croire car les enquêteurs n'ont jamais douté de lui, n'ont jamais enquêté sur son planning, jamais vraiment perquisitionné son appartement. En fait, à aucun moment il n'a été soupçonné. Devant le palais de justice, 10 ans après, Durand Bay parle sans inquiétude. Sauf que, pour ce second procès, le président a versé au débat des dizaines de CD d'écoute téléphonique jamais exploitées. Des centaines d'heures non retranscrites qu'il a fallu éplucher.

Avec ses collaborateurs, Dupond-Moretti s'y est collé avec minutie, des jours et des jours, ils ont cherché un détail, une info, une piste. Bingo, lors d'un échange téléphonique entre Durandé et la baby-sitter, quelques mots révèlent un mensonge. Dupont-Moretti prend note. Le 9 mars, quand la baby-sitter s'avance à la barre, l'avocat est prêt. Madame, lors de vos dépositions, vous avez indiqué que le lendemain de la disparition, le lundi, vous êtes entré dans la maison.

C'est bien ça Oui. Et c'est ce jour-là que vous avez vu des gouttes de sang Oui Vous vous y êtes allé seule Oui Vous êtes sûr Oui Madame, vous êtes témoin, vous avez juré de dire la vérité. Or, nous disposons d'écoutes téléphoniques qui prouvent qu'Olivier Durambais vous accompagnait. Silence, la salle retient son souffle. La baby-sitter chavire, accrochée à la barre, elle avoue.

Oui, il est rentré, mais il est resté avec moi tout le temps. Au tarot, on appelle ça perdre son petit. La salle n'est pas perdue, les journalistes en sont certains, il vient de vivre un tournant, une journée comme seule en réserve les assises. Écoutez d'ailleurs cet extrait de la discussion entre spécialistes judiciaires pour divers journaux. C'est C'est un extrait de l'émission lundi spécial investigation diffusée sur Canal+.

Je ne sais pas si ça change le fond vraiment, mais sur

le fond, ça ça laisse, c'est un boulevard.

C'est vraiment pour la défense, c'est sûr.

On ne

sait pas

si la, si a tué ou pas effectivement, on se dit lié. Par contre, il y a tellement de troubles dans l'enquête que là, c'est un peu encore plus gros et qui fait que on

ne peut pas Ce

qui dit,

c'est difficile de condamner un mec avec des troupes dans l'enquête. Mais on découvre des trucs,

ça dit ça.

Oui, c'est sidérant.

Non,

enquête mal faite

et et à

charge enquête à charge je sais pas je j'ai en tout cas il

nous reste une semaine et demi avant

de faire découvrir des choses

Le soir même, Olivier Durendais est placé en garde à vue pour subordination de témoins. Le lundi 15 mars, il se présente à l'audience. Que dire de cette journée Surprenante, on attendait un témoin blessé sur ses gardes, mais non, il rendait fait face. Il reconnaît son mensonge. Il avait des doutes, il voulait entrer voir.

À l'oral précédent, il dit, vous savez, vous quittez quelqu'un dont vous êtes amoureux, vous lui dites à demain et puis il n'a plus rien. Touchant l'amant, ses erreurs sont celles d'un homme perdu à la recherche d'une femme qu'il pense morte. Alors Dupont-Moretti se lève pour l'avocat du grand-dénega mordeur. Les journalistes pensaient le duel inégal, ils se trompaient lors de ce face à face, Dupont-Moretti brutal, colérique et Durand des lui esquives, reste droit calme. Minute après minute, la machine de la défense se grippe.

Alors pour retrouver de l'élan, l'avocat demande l'écoute intégrale de la conversation téléphonique sans effet. Après 2 heures de duel, l'avocat se retire. Il espérait faire de l'amour un possible accusé. Durant dès ce soir-là, il restait l'amoureux un peu perdu qui cherche désespérément sa maîtresse. La baby-sitter et l'amant ne sont pas les seuls à être égratignés durant ce second procès.

Le commissaire s'habille, perd aussi sa superbe. C'est Dupont-Moretti encore une fois qui le fait tomber. Déstabilisé par l'amant, l'avocat de Viguier tente avec le commissaire le tout pour le tout. Il met en cause les conditions de garde à vue, le travail des enquêteurs, leur aveuglement, tout y passe. Dans ce réquisitoire, l'avocat a 2 cartes à jouer.

Le père de l'accusé Jean Viguier qui répète les mots du commissaire quand il a essayé de faire craquer son fils touchant le père. Puis il demande la diffusion d'un nouvel enregistrement des écoutes téléphoniques. Il s'agit d'un coup de fil du commissaire à la mère de l'accusé.

Restez sa mère, d'accord Comment Ne vous mêlez pas de cette affaire Ne vous mêlez pas de cette affaire, restez simplement comme vous l'avez été depuis quarante-trois ans, sa mère, de discuter avec lui parce que faute à vous est à moitié pardonné et dans son affaire, il a dégoupillé il me l'a il me l'a refroidi à sa femme parce qu'il voulait elle voulait divorcer que c'était imminent le lundi vingt-huit elle avait rendez-vous chez un avocat et lui c'était insupportable ça bon il a il a refroidi il a refroidi il le reconnaîtra un problème, moi je suis Il a refroidi, mais vous amèneront le de mots vous pour dire Je ne suis pas aussi blasé que vous. C'est le seul seul problème, ça va être de savoir s'il aura le jour du remords.

Il l'a refroidit, paroles de flics, teinté de moralisme de surcroît. Ces enregistrements téléphoniques font de ce second procès une autre affaire. Un jour, on fait entendre le premier coup de téléphone du commissaire Saby à Jacques Viguier. C'était le 9 mars. Le téléphone sonne.

Clémence, la plus grande de la famille Viguier décroche. Papa, un monsieur pour toi. Jacques prend le combiné, il parle, sa voix est différente de celle d'aujourd'hui. Il ne semble ni surpris ni inquiet. Au loin, on entend jouer les enfants.

La mort semblait bien absente de la maison. En 2010, lors de ce second procès, Clémence, l'aînée de la famille Viguy a désormais 10 ans de plus, bientôt la vingtaine. Une moitié de vie sans sa mère. Elle, comme ses frères, n'a jamais douté de son père. Durant les témoignages, Clémence a souvent la tête posée sur l'épaule de l'un de ses 2 frères.

À chaque interruption, elle rejoint son père qu'elle soutient comme elle peut par des mots d'encouragement au creux de l'oreille, par des idées griffonnées sur un bout de papier. Marvel Wrame, la famille restée unie, c'est la seule vérité qui demeure de ces 2 procès. Le dernier vestige de cet amour passé, ce sont eux les enfants, le père, les grands-parents. Alors qu'à la barre, tous les témoins ont un peu menti, a un peu échoué, les enfants eux se sont présentés sans fioritures, sans artifices. Aux jurés, ils ont raconté la vie avant le départ de maman et puis l'enquête, les questions, l'incarcération de papa, le tunnel judiciaire, la longue chute de leur père dans la dépression.

Et leur mère, bien ils l'espèrent vivante bien sûr et n'exclut pas qu'elle soit partie, juste partie. À Clémence, on pose une question importante, l'a-t-elle rejointe le dimanche vingt-sept février au petit matin dans son lit comme son père l'a évoqué Elle ne sait plus, elle ne veut plus savoir. Comme en deux-mille-neuf, l'avocat général requiert contre Jacques Viguier 15 à 20 ans de prison. Et comme en deux-mille-neuf, Jacques est acquitté. L'un après l'autre, les avocats passent devant les micros des journalistes.

Dupont-Moretti d'abord.

Il était absolument impensable que la cour d'assises du Tarn rende une autre décision que celle qu'elle a rendue. Plus personne ne pourra sous-entendre, plus personne ne pourra suggérer la culpabilité de Jacques Viguier. Je voudrais simplement vous dire que la cour d'assises du Tarn n'a pas manqué ce soir son rendez-vous avec la justice. Comment vous dites Ça n'est, ça n'est pas une victoire de la défense, c'est une victoire de la justice et pardonnez-moi de vous le dire, c'est vraiment la moindre des choses.

Francis Piner ensuite.

Les jurés certainement au terme d'un long débat en leur

âme et

conscience ont estimé qu'ils ne pouvaient pas avoir de certitudes. Je regrette qu'ils n'aient pas partagé notre intime conviction qui reste intacte, mais comme je l'ai dit Vox Populi Vox Day.

Dans quelques semaines, en février deux-mille-vingt, cela fera 20 ans que Sizanne a disparu. Alors est-elle encore en vie Peut-être. Mais que dire d'autre dans cette affaire que peut-être.

Sais-tu, ma belle, que les amours les plus brillantes ternissent le saint soleil du jour le jour les soumet au supplice

tu vois

bien on

se débarrasse pas de moi comme ça

tu m'embrasses et ça passe je vois bien on se débarrasse pas de toi comme ça je vois bien on se débarrasse pas de toi comme ça

Vous vous écoutez affaires sensibles sur France Inter aujourd'hui l'affaire viguier avec notre invité Stéphane Durand-Soufflant, bonjour.

Bonjour.

Vous êtes chroniqueur judiciaire au Figaro, auteur du livre intitulé Frissons d'assises, l'instant le procès bascule, dans lequel vous abordez ce procès parmi d'autres ou plutôt ces procès vigués, puisque il y en a eu 2, vous les avez couverts tous les 2 et je précise que vous avez publié un autre livre, un an auparavant, qui lui était intitulé Disparition d'une femme et qui parlait de l'affaire Viguier et seulement de l'affaire Viguier. Et à ce propos, avant qu'on retourne dans les faits d'exposer, il y a une filiation, je parle une filiation du crime, de la disparition en tout cas chez chez les Viguier.

Oui, il y a une histoire extraordinaire. En mille-neuf-cent-quarante-sept, la grand-mère de Suzy Viguier a été elle-même assassinée, c'était à Narbonne et à l'époque, on avait également soupçonné son mari. Il y avait dans le, dans dans le jeu judiciaire, un, une espèce de témoin à charge qui pourrait évoquer le la personnalité d'Olivier Di Randet dans l'affaire dont nous parlons aujourd'hui et l'affaire à l'époque s'est terminée par un non lieu. Il n'y avait aucune preuve et d'ailleurs le le le mari n'avait aucun mobile non plus, mais et donc on n'a jamais su non plus comment, dans quel, qui a tué la grand-mère de Suzy Viguier.

Ça a été évoqué dans l'anneau de procès.

Ça a

été évoqué rapidement et ça permettait de d'avoir une une appréhension très différente de la mère de Suzy qui comme vous l'aviez rappelé ne croyait pas à la culpabilité de son gendre et cette femme vous vous imaginez sa situation elle-même fille d'une d'une femme dont on n'a jamais su comment elle était morte et mère d'une fille qui est aujourd'hui encore et aujourd'hui encore est disparu.

Effectivement alors cette affaire pose la question de l'intime conviction quand la justice n'arrive pas à prouver la culpabilité de quelqu'un, que sa défense n'arrive pas à elle à prouver son innocence même si c'est un droit français, il faut on, c'est la justice qui doit prouver la culpabilité. Le cavalier nous renvoie au principe fondamental selon lequel il vaut mieux acquitter un coupable que condamner un innocent, c'est le fameux bénéfice du doute qui doit être en faveur de l'accusé parce qu'il y a doute justement. Est-ce que de ce point de vue, le double verdict des assises du Tarn est exemplaire

Oui, je pense qu'il qu'il montre aussi que l'intime conviction contrairement à ce qu'on croit, ce n'est pas une espèce de de vague impression, ce n'est pas au

doigt au J'espère.

Au doigt, oui. Et le, il il, cette intime conviction, elle est elle est définie de manière assez précise par un article du code de procédure pénale, l'article trois-cent-cinquante-trois qui est lu toujours avant que les jurènes se retirent, c'est un texte absolument magnifique et on demande aux jurés de s'interroger quel effet a produit sur leurs raisons les preuves apportées. Donc même s'il n'y a pas une preuve absolue et il y a beaucoup d'affaires il n'y a pas de preuves absolues, mais c'est tout un faisceau de choses qui doit amener les les juges à à réfléchir, à peser très très sérieusement les éléments matériels, la personnalité de l'accusé et de dans la le cadre de l'affaire Viguier, c'est ça qui était extrêmement patient, il y avait peu d'éléments matériels et une personnalité de de Jacques Viguier extrêmement intrigante et qui lui a coûté très cher parce que ça lui a valu quand même des années de de suspicion et puis ça n'a pas été bon non plus pour pour son moral à lui, c'est Voilà,

vous avez été dépressive.

Très dépressive voilà. Donc ces ces 2 avec cette affaire-là, on était au coeur vraiment de d'un dossier qui qui plaçait vraiment les jurés devant leurs pleines responsabilités et qui faisaient appel au plein exercice de de l'intime conviction.

Les journalistes aussi ont une intime conviction qui n'a pas de de valeur juridique et pénale, quelle était la vôtre Qu'est-ce que vous avez pensé quand vous avez entendu Alors

quand on est chroniqueur judiciaire, on essaye de ne pas avoir d'intime conviction, c'est un exercice un peu difficile ou et c'est encore plus difficile parce qu'on essaye de ne pas en avoir quand on travaille et alors qu'on en a forcément une quand on discute avec les copains et qu'on va dîner le soir après les audiences. Dans le cadre de la fer viguée, très franchement, j'en avais aucune, j'en avais aucune parce qu'on était un peu ballotté surtout au premier procès qui s'est terminé par acquittement après une plaidoirie absolument exceptionnelle d'Henri Leclerc les avocats les pénalistes disent toujours un peu peut-être par coquetterie que ça sert pas à grand chose la plaidoirie mais c'est pas vrai la plaidoirie d'Henri Leclerc a été magnifique pour remettre les choses en place à son bénéfice en l'occurrence. Mais et à un moment, on a entendu tout à l'heure un confrère qui disait Yves Bordenave du monde, qui est toulousain en plus, donc c'est une affaire qui a le, qu'il devait lui parler particulièrement. Il disait, il pourrait être condamné ou acquitté dans les 2 cas, on pourrait très bien l'expliquer. Mais il parle d'ailleurs après de la personnalité, c'est-à-dire que s'il avait été condamné, on aurait pu vraiment lui l'expliquer par la personnalité et s'il avait été acquitté, on pouvait très bien l'expliquer par l'absence de l'absence de charge.

Donc on avait des explications un peu dans tous les cas de figure et là, le le la culpabilité a été écartée les 2 fois.

Il y a un élément troublant dans dans cette affaire, c'est ce qu'on a fait d'Olivier Durandé après tout. Voilà un homme qui accuse, c'est très très grave parce qu'il dit à un moment, il dit, mais oui oui de toute façon, il a tué sa femme, il prend le risque quand même d'envoyer ce type 20 ans.

Ah mais Olivier Durandais, il le dit le le jour de la disparition de Suzy, c'est un dimanche, à dix-sept heures le dimanche, il envisage au téléphone avec une des soeurs de de Suzy que Jacques Viguier a pu tuer sa femme. C'était immédiatement quelque chose qu'il envisage et qu'il formule.

Sauf que c'est quand même le dernier à l'avoir vu et pas soupçonné, enfin tranquille quoi, c'est un témoin.

Alors, qu'est-ce

qui se passe

L'affaire Viguier, c'est aussi le le, c'est c'est pour ça qu'on en parle encore aujourd'hui. D'ailleurs, c'est aussi l'histoire d'une enquête très mal faite puisque l'enquête n'a pas fermé la porte du Randais. Donc évidemment, il serait totalement absurde d'accuser Olivier Randais de quoi que ce soit. Il n'y a pas non plus à son encontre, il n'y a ni preuves matérielles, ni mobiles apparent, c'est très énigmatique, mais ce qu'on sait, c'est que l'enquête est partie sous la direction du commissaire Saby immédiatement sur Jacques Viguier, qu'il a été aiguillonné en cela par Olivier Durendet. C'est vrai qu'Olivier Durendet, lui, il pousse vraiment à la roue et même il va jusqu'à, comment dire téléguider des témoignages, c'est apparu très clairement et à commencer par le témoignage de la baby-sitter qui mentait depuis 10 ans à la demande d'Olivier Durendel l'a dit, mais il y en a d'autres aussi qu'il avait vraiment soufflé les réponses qu'il fallait faire aux policiers pour orienter l'enquête dans le sens qu'il, de de son intime conviction à lui.

Et et d'ailleurs ceci explique peut-être cela, il n'est pas pas spécialement en temps, subordant à son témoin, vous êtes pas grave, vous avez menti, oui bon voilà. Est-ce que ça montre qu'effectivement il était dès le début de l'enquête, il se sentait dans le dans le camp des des gentils ou soutenus par la police Écoutez, est-ce que son comportement peut être expliqué par ça Il

y a une écoute très très troublante qui a été diffusée pendant pendant les procès, c'est Olivier Durendet avec un des enquêteurs qui n'est pas le commissaire Sabi, qui est un autre commissaire de de police et on l'entend qu'il discute avec lui, tout sur un ton très amical et Durendet dit, oui je suis embêté, j'ai des affaires à moi dans la maison des figuiers, j'aimerais bien les récupérer, Bon si j'entre et que je les prends, c'est c'est embêtant et le policier lui répond commissaire de police, divisionnaire lui dit, oui enfin endroit c'est une violation de demi-gé, mais enfin pas vu pas pris. C'est quand même fou, c'est une espèce de connivence entre un témoin majeur et les enquêteurs qui n'a évidemment qui qui qui est totalement troublante puisque il n'y a pas eu d'enquête sur Olivier Durendet, vous savez le mari, la femme, l'amant, l'un des 3 disparaître, on enquête immédiatement sur les 2 autres, sur sur les 2 qui restent, quel que soit le cas de figure et non, on est parti sur Jacques Viguier, l'étrange

En l'occurrence sur le mari. Voilà. Tiens, Durand D, on va l'écouter. Un extrait d'un entretien réalisé durant le procès par les équipes de France 2 pour le reportage intitulé Activité.

Vingt-sept février deux-mille, c'est rapide, c'est c'est 4 heures et demie du matin, je la dépose, on se dit au revoir, je lui dis, on s'appelle le lendemain et c'est fini. Après, ce n'est plus que de l'inquiétude et de l'angoisse et et pendant 9 ans du combat. S'il s'était passé quelque chose et que Suzy pour une quelconque raison soit partie ou soit sortie ou peu importe, Je la première chose qu'elle faisait, c'est qu'elle elle venait, elle m'en parlait ou elle me téléphonait, on se retrouvait quelque part elle venait à la maison. Donc n'ayant plus ce mode de fonctionnement que que qui s'était instauré entre nous, moi je me rends bien compte qu'il y a quelque chose de pas normal. C'est tout simple et la seule chose qu'elle cherchait en fait c'était de l'amour et non pas du matériel.

Suzy était idéaliste, si elle avait pu garder sous le même toit le le le père de ses enfants avec ses enfants pour qu'ils aient une cellule familiale suite à à à elle le divorce qu'elle avait vécu, qu'elle avait mal vécu de de de ses parents. Moi, elle voulait, elle avait peur que ça se reproduise auprès de ses enfants, donc elle ne voulait pas ça et et que chacun puisse avoir une vie à côté et c'est un peu idéaliste et en tout cas, c'était, ouais, c'était Suzy et puis elle s'est bien rendu compte que ça ne marcherait pas.

Donc c'est

bien lui qui parle, ça c'est la mort. Maintenant, on va entendre le mari parler de sa femme.

Dans ce livre bien évidemment, vous revenez sur la personnalité de votre femme, vous n'êtes pas très tendre avec elle, vous la considérez comme dépressive, une séductrice ambiguë, manipulatrice, un petit peu voleuse puisqu'elle elle soutient de l'argent à vos baby-sitter et même carrément mythomane. C'est à cela que ressemblait Suzy

J'ai pris des exemples dans les procès verbaux qui ont été faits par ses amis pour ne pas paraître subjectif. Et moi je l'aimais profondément et j'ai continué à l'aimer même malgré nos difficultés, mais en même temps elle avait une personnalité ambiguë, j'ai évité d'en parler avant le procès, le procès l'a montré donc à ce moment-là je pouvais en parler.

Qu'est-ce que vous en pensez Stéphane durant ce soir On vient entendre l'amant et le mari qui parle de la la femme partagée si j'ose dire de façon très différente.

Jacques Viguier est est est un homme qui ne, alors je pense qu'il est d'une éducation assez assez austère, on pourrait dire un peu puritaine, je pense qu'il a beaucoup de mal à parler de de sentiments d'une manière générale, il est très froid, il a une façon de raisonner extrêmement déconcertante alors que du Rwandais c'est tout à fait le contraire, c'est un un méditerranéen beaucoup plus exubérant et qui lui, c'est ça aussi qui est une donnée majeure des des 2 procès, a placé immédiatement Olivier Durendais, c'est la première personne qui vient parler d'amour à la à la cour d'assises. Et vous savez dans la justice, c'est souvent le des des, on attend beaucoup de de de chacun qui joue un rôle très précis. Donc le veuf épleuré ou le mari épleuré qui recherche la femme, il doit pleurer, il doit se lamenter, il doit jouer sur la. Viguier, pas du tout là-dedans. Et mais s'il avait fait ça, on l'aurait taxé d'hypocrisie puisqu'on dit, mais attendez, vous pleurnichez, mais votre femme, en fait, vous étiez séparée de fait depuis des années.

Donc Viguier, lui

Il n'a pas coincé.

Il est très coincé, il n'a jamais le beau rôle. Et Olivier Durendais, lui, s'engouffre dans cette grande brèche de de de ce de cette histoire de non amour qu'est devenu le mariage du gay et lui, il arrive tout plein d'amour et il parle de Suzy sans arrêt sans arrêt de manière extrêmement comme comme on peut l'attendre d'un homme amoureux.

Est-ce que vous pensez que les médias, les médias jouent un rôle important dans dans les procès comme chambre d'écho ou comme récit Est-ce que dans ce procès les médias ont été encore plus prégnant dans dans les autres Parce qu'on a beaucoup dit Canal plus qui avait suivi Villiers pendant le procès le soir.

C'est c'est une, l'affaire Viguier est une une des affaires très clivantes, c'est-à-dire qui donne lieu à des débats passionnés, même des des des internautes puisque c'était un peu le début dans la presse qu'on pensait avoir des commentaires d'internautes, c'était parfois d'une violence absolument incroyable. Je crois même que ma consoeur du monde avait supprimé le, il me semble que c'est dans cette affaire, elle a coupé le le robinet de son blog parce que ça devenait un tenable. Oui, les médias ont ont beaucoup couvert, mais je crois que ça s'est vraiment passé à l'intérieur de la cour d'assises et que les les les choses qui ont fait basculer vraiment le

Oui, ils sont restés dans

le cas judiciaire. C'est resté dans le cadre judiciaire. C'est la, par exemple la plaidoirie d'Henri Leclerc, le retournement de la baby-sitter au deuxième procès qui marque indéniablement, on le voit bien au résultat, il y a un avant, un après, donc ça, c'est des choses intra intra prétoires. Après à Toulouse, c'est une affaire qui est qui est encore extrêmement, c'est c'est une affaire toulousaine, le le beaucoup de gens ont connu Viguier, les enfants de Viguier, il y a beaucoup d'étudiants par par, quand j'étais à l'hôtel à Albi par exemple pour le deuxième procès, la réceptionniste lui dit vous êtes pour le procès, mais j'ai eu comme professeur. Et c'était voilà, c'est l'ancienne étudiante de Viguier, donc il y en a partout.

Donc forcément, c'était une affaire là-bas extrêmement commentée.

Dernière chose, on l'a dit parce que c'est vrai que Suzanne Villet travaillait dans le monde de la nuit également chorégraphe ou par établissement de nuit à Toulouse

Crazy Moon. Crazy Moon disait avocat général.

Est-ce que

c'est une piste qui était imaginée après tout le monde de la nuit tout ça.

Elle a été vaguement mais très vaguement très vaguement envisagée mais il n'y avait pas ça n'a franchement rien donné il y avait non on ne peut pas dire que ça a été que ça a été fouillé d'ailleurs c'était un des griefs qu'on qu'ont fait les enfants quand ils sont venus à là-bas, ils ont dit, vous n'avez cherché aux enquêteurs, vous n'avez cherché que notre père et vous auriez trouver, vous auriez chercher bien ailleurs.

Bien, ça sera le mot de la fin en forme de de morale, Stéphane Durand, en soufflant, merci, je rappelle le titre de votre dernier livre, Frissons d'assises, L'instant le procès bascule séché de Noël. Merci, au revoir. Au revoir.

Au revoir.

C'était affaire sensible aujourd'hui, l'affaire Viguier, une émission que vous pouvez bien sûr réécouter en podcast sur France Inter point f r. Rendez-vous également sur la page Infères sensibles du site de France Inter pour toute information complémentaire à notre émission et merci à Romain Baillet qui était à la technique aujourd'hui.

Podcast: Affaires sensibles
Episode: 27 février 2000, Toulouse, une femme disparaît...