Aujourd'hui dans affaires sensibles, l'affaire Athanor, C'est une histoire folle où se rencontrent pour le pire et le pire des francs-maçons, des militaires de la DGSE, un commandant de police spécialisé dans le renseignement, un pilote de course, des chefs d'entreprise prospères, un syndicaliste, une formatrice de coach, un élu ou encore un agent de sécurité. C'est une histoire folle en mode dérive, des individus qui glissent dans le crime comme une voiture dérape sur le verglas pour finir dans le mur. Mur. Ou plutôt entre les murs d'une prison pour une partie des protagonistes. C'est l'histoire folle d'une abolition du sens moral au nom d'ambitions douteuses et d'argent faciles.
C'est l'histoire folle de manipulation, de mensonges tellement grossiers qu'on se demande encore comment on peut y croire. Athanor, c'est une loge franc-maçonne incontrôlable au sein de laquelle 2 hommes faisaient tourner une petite officine de gros bras devenu 2 en gage, les premiers persuadant les seconds qu'il tabassait et tuait au nom de l'État. Car il y a eu expédition punitive, meurtre, tentative de meurtre et incendie volontaire, les faits sont rares. Notre invité aujourd'hui Matthieu Sud, journaliste à Mediapart, auteur d'une série de 6 articles sur cette affaire. Sensibles, une émission de France Inter, récit documentaire et rédaction en chef Franck Cognard, chargé de programme, Rebecca Denante, réalisation Étienne Bertha.
Fabrice Drouet,
affaires sensibles sur France Inter.
C'est une petite rue de banlieue terriblement banale où des résidences de 3 ou 4 étages côtoient des pavillons récents et des maisons en Molière. Les voitures qui stationnent là ne sont ni luxueuses ni misérables. Elles sont moyennes, banales. Pourtant, un riverain remarque cette Clio noire qui n'a rien de remarquable sauf qu'elle est à moitié garée sur un passage piéton et que surtout, sa plaque arrière est mal fixée. Plus encore, ce sont les occupants qui attirent l'attention de ce plombier qui passe devant après avoir déposé son fils à la crèche.
Les 2 hommes sont habillés en noir et portent des gants. Bizarre en ce jour d'été, le vendredi vingt-quatre juillet deux-mille-vingt. Le passager fait semblant de dormir, le conducteur surveille du coin de l'oeil se passant inquiet qui appelle la police. On ne sait jamais, après tout, on entend tellement de choses de nos jours. Quelques minutes plus tard, des garants de la paix arrivent rue de l'Espérance à Créteil.
Une chose leur saute aux yeux, la plaque d'immatriculation est grossièrement fixée avec du scotch et quand il vérifie, elle correspond à un Kangoo, pas une Clio. Les 2 hommes à l'intérieur sont alors interpellés, aucun n'a de paquet d'identité. Dans l'habitacle, les policiers découvrent un 9 millimètres et une balle engagée prêt à faire feu. Au même moment, Marie-Hélène Dini sort de chez elle. Elle est en retard à son travail et se dirige vers l'attroupement qui bloque la rue de l'Espérance.
Elle ne le sait pas encore, mais la balle était pour elle. Quant aux 2 hommes interpellés, très vite, ils préviennent les policiers. Nous sommes militaires, nous sommes en mission pour le service action de la DGSE. 10 jours plus tard, le 3 août, le journal parisien titre Le Parisien titre, 2 agents de la DGSE arrêtés pour un projet de meurtre. Les autres médias embrayent comme France 3.
Alors ce que l'on sait ce soir c'est que les 2 agents secrets français ont été interpellés dans la nuit du vingt-trois au 20 juillet dernier à bord d'une voiture en possession d'armes. Ces 2 hommes appartiennent tous les 2 au prestigieux service action de la DGSE, mais aujourd'hui, ils sont suspectés d'avoir eu le projet de commettre un meurtre dans le cadre d'une affaire totalement privée. Alors très peu d'informations à filtrer sur cette affaire forcément sensible puisqu'elle met en cause les services secrets français. Mais ce soir, le parquet confirme que les 2 agents secrets français ont été incarcérés suivant les réquisitions du parquet.
Si les journalistes en sont encore à commenter l'interpellation de ces 2 agents du prestigieux service action, les enquêteurs, eux, savent bien que les 2 hommes sont tout sauf des pointures sortis du bureau de légende. Celui qui était au volant de la Clio s'appelle Karl Hessenot et le passager Pierre Bourdin. Oui, ils sont militaires. Oui, ils sont employés par la DGSE qui les a surnommés. Comme c'est l'usage, Adolar est à Gobar.
Mais aucun des 2 n'est agent de terrain. Ceux qui exemple connaissent du terrain, c'est celui qu'ils gardent, le camp militaire de Sercotte en Sologne. C'est effectivement un centre d'entraînement des services actions, mais eux ne sont que des plantes. En garde à vue, Adolar et Dagobar n'en démordent pas. Ils ont été missionné pour abattre Marie-Hélène Dini au nom de la France.
C'était d'ailleurs pour eux le moyen de gravir les échelons, d'être pris au sérieux, enfin d'être autre chose qu'un subalterne entrier qui fédéraux des patients dans une guérite. Bien, mais pourquoi Marie-Hélène Dini L'avocat de cette dernière maître Vézinet répond à cette question en mai deux-mille-vingt-et-un dans Secrets d'infos sur France Inter.
Les premiers éléments qu'il livre, c'est qu'il travaille pour le compte de la DGSE et assez rapidement, il consent à dire qu'ils étaient là pour éliminer ma cliente pour le compte de l'État, estimant que celle ci présente un danger pour les intérêts de la France puisqu'elle ferait d'après eux de l'intelligence économique et elle serait une espionne à la solde du du Mossad.
Au lendemain de l'interpellation de Nagomari Adelar, la brigade criminelle passe 8 heures à retourner l'appartement et les véhicules de Marie-Hélène Tiny sans rien trouver. Interrogée, elle ne comprend pas de quoi lui parlent les enquêteurs. C'est comme s'ils évoquaient une autre personne. Non, elle ne travaille pas pour le Mossad ou pour quelque autre service étranger. Elle est une ancienne comptable reconvertie en coaching.
Tu pourrais vouloir la tuer. Non, Marie-Hélène Dély ne le voit toujours pas. Les enquêteurs non plus ne voient pas très bien, mais ils avancent et quarante-huit heures après, ils interpellent un troisième homme. La piste n'a pas été très compliquée à remonter. Ils ont fouillé dans un téléphone retrouvé au pied de la Gomart dans la Clio et les policiers partent donc le dimanche vingt-six juillet arrêter Sébastien Leroy dans son appartement parisien.
Troisième homme, troisième surnom, la Flèche, Mais lui n'appartient pas à la DGSE. Le trentenaire est agent de sécurité et en garde à vue, ni. Je ne connaissais pas ces personnes, je ne les ai jamais vues. Je n'étais pas au courant du projet d'assassinat. Je fais de la filature, mais pas d'assassinat, moi.
Alors pour ce qui est un enquêteur, expliquez-nous pourquoi vos empreintes digitales se sont retrouvées sur la fausse plaque de la voiture. Et là, le roi se met à table. Oui, il a fourni la voiture aux 2 autres. Oui, il a filé Marie-Hélène Dini, oui, il a collé une balise sous sa voiture pour ne rien rater de ses déplacements, mais il n'a pas fait que ça. Quelques semaines avant la tentative d'assassinat, lui et un complice ont tabassé Marie-Hélène Dini devant chez elle, ils lui ont volé son ordinateur.
Mais s'il le répète aux enquêteurs, il travaille en sous-main pour la DGSE. Que ce soit vrai ou faux, importe peu pour l'instant. Les policiers de la tribune tiennent le commando du tueur. Reste maintenant trouver le commanditaire et c'est le roi qui aiguille les enquêteurs. Son donneur d'ordre, c'est un agent secret Ancorin qu'il a baptisé le vieux et dont il connaît le prénom Daniel.
Cet homme de 60 ans n'est pas un agent secret, mais un ex policier reconverti dans la sécurité privée. Plus de 30 ans de carrière aux renseignements généraux, puis à la DCRI, le FBI à la française, créé par Nicolas Sarkozy. Beaulieu est arrêté en janvier deux-mille-vingt-et-un et tout de suite il reconnaît. Oui, c'est moi qui ai chargé le roi de recruter des tueurs pour abattre Marie-Hélène Dini. Beaulieu et Leroy se sont rencontrés 8 ans plus tôt.
Et voici ce que l'avocat de ce dernier, maître Antoine Auri, dit de leur relation devant les caméras de complément d'enquête en mai 2000 vingt-deux.
Au moment où il se rencontre, il lui explique qu'il est officier traitant la DCI et qu'il travaille pour les opérations spéciales. Il y croit donc. Il a de bonnes raisons d'y croire parce qu'encore une fois Daniel lui-même est un ancien des services secrets, mais en tout cas c'est quelqu'un qui sur ce plan-là est extrêmement crédible. C'est quelqu'un qui a officié pendant plusieurs dizaines d'années à la DCI. Donc forcément, si vous voulez, quand une personne comme ça s'adresse à vous, que vous avez vingt-deux ans et que vous avez des étoiles dans les yeux quand on vous explique que vous allez peut-être faire ça, vous y croyez.
Daniel souhaitait avoir des équipes opérationnelles sous la main pour vraiment multiplier les contrats homos comme il disait.
C'est-à-dire les contrats homicides, voilà, d'État.
Présentés comme tels.
La DGSE a effectivement la possibilité et la capacité de tuer sur ordre. En théorie, jamais sur le sol français, toujours à l'étranger, Mais ces missions sont rares et planifiées à l'extrême. Alors, dans ce même numéro de complément d'enquête, l'idée que les 2 planons, oui des planons de la DGSE aient pu se croire chargés d'une opération homo, fait doucement rigoler Pierre Martinet, un ancien du service action.
Franchement ça tue pas la route.
Et pourquoi Pourquoi
Parce que ça passe ça se passe comme ça. C'est c'est un truc sérieux quoi. Imaginez-vous 2 secondes, nous sommes des des on va dire des fonctionnaires, des militaires, donc on est payé. Vous croyez qu'on touche du fric en plus pour, tiens tu vas aller faire une mission homo, on va te payer un peu plus d'argent, on va donner un vos gens. Pas que ça fonctionne.
C'est du travail minutieux, de très longue haleine, qui demande beaucoup de travail de préparation, beaucoup de réunions, beaucoup, c'est énorme sur le plan administratif. Même à la fin, on n'a plus le service action, on n'a plus le service administratif tellement on avait de de de réunions, de de de comptes rendus. Donc vous voyez, on n'est pas tamponné au bord d'un lac pour nous dire tiens on va te tiens tiens 10000 balles pour aller faire, on ne sait pas comme ça que ça fonctionne.
Récapitulons, Beaulieu manipule un modeste agent de sécurité en lui faisant croire qu'il agit au nom de l'intérêt national. Leroy répercute et recrute 2 plantons de la DGSE rencontrés un soir par l'intermédiaire d'une connaissance commune, les 2 étant persuadés d'être les futurs 0 0 7 français. Mais il reste cette lancinante question, pourquoi vouloir abattre Marie-Hélène Dini La réponse se trouve plutôt. C'est dans cette ville de la petite couronne parisienne que se tiennent une fois par mois les réunions de la loge maçonnique à Tannor. Beaulieu il côtoie notamment un certain Frédéric Valiot, ancien journaliste, ancien communicant devenu patron de société de sécurité et d'intelligence économique.
Un beau parleur ce Valiot. Dans un p v de garde à vue publié par Mediapart, il déclare, cette affaire m'a été apportée par Valiot. Il m'a demandé si je connaissais des gens qui pouvaient mener une opération musclée sous une personne, je lui dis que oui, ça pouvait se faire. Marie-Hélène Dini est donc une première fois passée à tabac. Puis Vallio insiste auprès de Beaulieu, il faut la tuer.
Alors ce dernier contacte le roi et le convainc. Je l'ai amené à croire qu'il s'agissait d'un contrat d'État, ajoute-t-il devant les enquêteurs. L'histoire du Mossad rendait la chose crédible. Arose m'a cru sur parole. Et voilà comment Hagomar et Adolar se retrouvent chargés de tuer Marie-Hélène Vini pour 30000 euros, leur part sur les soixante-quinze 1000 que touchent Valliot.
Car ce dernier n'est pas le vrai client, lui il n'a aucune raison d'en vouloir à la quinquagénaire de Créteil, à part l'argent. Non, le vrai client, c'est encore un membre de la loge maçonnique à Thanor, Jean-Luc Bagur. Celui-là dirige une entreprise de formation en coaching et c'est un concurrent de Marie-Hélène Dini, un concurrent anxieux parce qu'elle a pris la tête d'un syndicat, parce qu'elle veut réglementer la profession et parce que Bagur craint de perdre des clients, il lance un contrat sur la tête de sa rivale. Au cours de son audition rapportée ici par l'émission secret d'infos, il finit par reconnaître les faits.
J'ai dit à Frédéric que ça ne pouvait plus durer. Je me suis entendu dire qu'il pouvait régler mon problème, mais pour cela, il fallait qu'il emploie les grands moyens. Il m'a demandé si je comprenais bien ce que cela voulait dire et ce que cela impliquait. Je lui ai dit oui à 2 reprises. Je reconnais que notre relation était irrationnelle.
Le voir devant moi pendant des années circulant avec une arme à la ceinture, être capable d'obtenir des informations sensibles, ça me tournait un peu la tête. Je me rends compte qu'il avait une emprise toxique sur moi, moi qui n'ai jamais volé une pomme de ma vie.
Élisabeth Bagur vont plus loin, toujours par l'intermédiaire de Valiot et Beaulieu. Il a par le passé terrorisé une axe associée. Piratage informatique, surveillance physique, pneu crevé, rats empalé devant la maison. Et là aussi l'issue aurait pu être dramatique. Les gros bras envoyés par les très chers frères de Bagur, mettent le feu à la voiture de son ex-associé.
Les flammes lèchent la façade de la maison dans laquelle dorment 2 petites filles, heureusement la famille réussit à sortir satisfaction en tout cas la brigade criminelle le dossier d'il est clos il raconte une histoire de dérive personnelle qui s'ajoute les unes aux autres. Le franc-maçon Bagur en difficulté professionnelle, mandat de son frère Valiot pour se débarrasser de ses problèmes. Ce dernier mandate à son tour son frère Beaulieu qui sous-traita Leroy, qui envoie les planteaux de la DGSE. Ce que ce dossier dit également, c'est à quel point ses protagonistes ont abandonné tout sens commun, toute rationalité. Bagur veut faire tuer ses concurrents, rien que ça.
Valiot se voit et se vit en deus ex machina du crime. L'ex L'ex policier Beaulieu dirige de fait une officine de tueurs à gages. Les 2 planons de la DGSE croient dur comme fer que le service les juge suffisamment compétents pour être des agents de terrain, voire des tueurs d'État. Tout cela paraît fou, insensé. Enfin, pas totalement.
Baliot est très terre à terre quand il s'agit d'argent. La tentative de meurtre a été facturée à Bagur soixante-quinze-mille euros, on l'a dit, une facture très officielle, évidemment avec des prestations fantaisistes. Mais ça a permis de récupérer la TVA. Fin de l'histoire, non. Car comme le crie le journaliste Matthew dans Mediapart, le dossier d'Innis se referme, pour autant les policiers n'imaginaient pas qu'en poussant les différents protagonistes aux aveux, ils allaient ouvrir une boîte de Pandore.
En garde à vue, les frères de la loge Athanor se révèlent intarissables à propos d'autres crimes. Vous écoutez affaires sensibles aujourd'hui l'affaire Atanor.
France Inter, affaires sensibles.
Nous sommes à la fin du mois de janvier deux-mille-vingt-et-un. Depuis 6 mois, 3 hommes dorment en prison, Adelarena Gomart, 2 sous-fifres de la DGSE et Sébastien Leroy, un agent de sécurité privée qui les a recrutés pour tuer Marie-Hélène Dini. Heureusement pour cette femme sans histoire, leur tentative n'a pas abouti. Et en cette fin du mois de janvier, la brigade criminelle tient les commanditaires, 3 hommes dont 3 frères au sens maçonnique du terme. Il y a là l'ex flic Daniel Beaulieu, celui qui a fait croire aux hommes demain que leur cible était une espionne étrangère à faire disparaître au nom de la raison d'État.
Il y a là encore Jean-Luc Bagur, rival professionnel de Marie-Hélène Dini, le commanditaire donc, et puis Frédéric Valiot, le facilitateur. Lors de son audition rapportée par Mediapart, un enquêteur interroge Valiot qui vient de reconnaître son rôle dans la Verdini. Souhaitez-vous évoquer autre chose monsieur Valiot Oui, j'aimerais prendre un verre d'eau puis je vous parlerai ensuite. Et il parle. Et cette fois, il parle d'un meurtre, un vrai.
Là encore, l'histoire paraît invraisemblable une fois posée sur le papier. En 2000 dix-huit, Vaillot rencontre sur un circuit automobile un couple d'une soixantaine d'années, passionné de course comme lui. On sympathise, on discute et on finit par raconter ses soucis. Et le couple en a un qui pèse 100000 euros, qui est pilote professionnel et qui s'appelle Laurent Pascolli. Oh ça ne les empêche pas de vivre, la vente de leur laboratoire d'analyses médicales dans les Hauts-de-France les a rendus millionnaires, mais quand même 100000 euros ce n'est pas rien.
En mai dernier, voici comment l'avocate du couple Corinne Dreyfus-Schmitt présente les choses au magazine complément d'enquête.
Les époux sont des fans de course automobile et donc ils ont rencontré Laurent Pascuali sur des rallyes des compétitions automobiles jusqu'au moment où monsieur Pasquali a demandé une aide financière, ils ont une situation économique plutôt florissante et qui leur donnait la possibilité de lui prêter 100000
euros. Cet argent, Laurent Pascolis est censé l'avoir remboursé depuis 4 ans. Or, malgré les relances du couple, malgré une décision judiciaire, le pilote de foi champion de France ne règle pas sa dette. Frédéric Valiot, toujours prêt à rendre service, demande à Daniel Beaulieu de retrouver la trace de Pascouali. Et c'est Sébastien Leroy qui se met en chasse et qui fait le sale boulot.
Il retrouve l'adresse du pilote à Levalois de Peyrey en région parisienne. Un soir de novembre deux-mille-dix-huit, avec un complice, il attend dans son parking et selon le roi, son acolyte du Pascoline balle dans le coeur. Le roi dira plus tard aux enquêteurs que c'était la première mission aux mots que Beaulieu lui confiait. Beaulieu dira, lui, que jamais il n'a été question de meurtre. Mais voilà, il y a maintenant un corps étendu là sur le sol du parking.
Ensuite, Beaulieu appelle Valiot, dont voici la déposition transcrite par l'émission secrète d'info.
Daniel m'a dit, il y a juste un problème. Ils ont buté le mec. Ils sont rentrés dans le garage, ils l'ont suivi et puis boum, ils lui ont tiré dessus. Je lui ai dit, ça ne va pas, c'est quoi ce truc Il m'a dit, ça arrive. Saviez-vous ce
que Beaulieu ou son équipe ont fait du corps de Laurent Pascouali
Daniel m'a raconté qu'ils avaient emmené le pilote je ne sais pas où, qu'ils avaient fait beaucoup d'heures de route. Il m'a montré une photo du pilote, J'en ai déduit qu'il l'avait emmené dans une forêt. L'individu avait un sac en plastique sur la tête. Il était en chien de fusil dans un trou.
Le corps de Pascuali, disparu un an avant, est retrouvé un dimanche de septembre deux-mille-dix-neuf par accueilures de champignons dans une forêt de hautoir, pas loin du village où a grandi Sébastien Leroy. Arrêter le couple de passionnés de course au taux tombe de haut. C'est des malades, ces mecs, dit Marie aux enquêteurs qui semblent persuadés que le couple ne voulait pas la mort de Pasquali. Et pour cause, une fois le pilote mort, qui allait leur rembourser les 100000 euros prêtés La mécanique en place dans ce meurtre est glaçante et illustre le fonctionnement de ce qu'on pourrait appeler le système Valiot. Il reçoit des doléances et assure qu'il peut résoudre le problème.
Il appelle Beaulieu qui raconte un bobard à Leroy à base de raison d'État et d'intérêt national. Ensuite charge à Leroy persuadé d'être un agent clandestin de la France, de faire le nécessaire, soit lui-même, soit en déléguant comme dans la Ferdinand avec les plantons de la DGSE. Voilà donc un autre dossier qui se referme pour la crime. Mais ce n'est toujours pas la fin de l'histoire pour les frères de la loge Adanor et leurs petites mains du crime, car ils ont encore des choses à raconter. Comme Sébastien Leroy, en prison, il a eu le temps de comprendre qu'il n'était qu'un jouet pour Beaulieu et Valiot, un pion commode crédule, perdu dans un jeu qui le dépassait.
Oui, le trentenaire a avalé tout ce que Beaulieu lui disait, DGSE, Mossad, service secret, mission clandestine, la France, tout ça. Mais il ne faut pas pour autant le réduire à une marionnette. Dans son journal intime, saisi par la police, il écrit, je sens que je suis fait pour ça. C'est étrange comme sensation que de gagner de l'argent pour défoncer quelqu'un. Mais devant sa cellule, le roi a le temps de réfléchir à ce qu'il a fait, à ce qu'on lui a demandé de faire.
Alors il balance. Sa première mission, c'était en 2016 à Saint-Maur-des-Fossés en région parisienne. Le 11 octobre, le journal Le Parisien titre, sa mort, le conseiller départemental hospitalisé après un guet-apens. Mais qui pouvait bien en vouloir à cet élu Jean-François Le Eloco, au point de le roi de coups dans son jardin un matin sous les yeux de sa femme enceinte. Réponse Frédéric Valiot.
Pourquoi Parce que Eloco était un adversaire politique local de la compagne de Valiot.
Frédéric Valiot se met en colère quand un adversaire politique Jean-François le Ellocaut accuse sa compagne de détournement de fonds publics.
C'est un monsieur qui a pendant des années écrit, propagé, diffusé le maximum de méchanceté, d'horreurs et de fausses rumeurs sur ma compagne. J'ai demandé clairement à ce qu'on lui casse la gueule.
Ballio confesse plus tard aux enquêteurs qu'à partir de là, il était pris dans un tourbillon. Ce passage à tabac est le premier acte de sa carrière criminelle. La première collaboration avec Beaulieu en chef des opérations et le roi en exécutant. Pour l'anecdote, la compagne de Valiot a par la suite été condamnée pour détournement de fonds. Mais revenons un instant sur Valiot lui-même, prospère patron de société de sécurité.
Le quinquagénaire aime porter une arme à la ceinture, adore laisser entendre qu'il sait beaucoup de choses et connaît beaucoup de monde en glissant dans les conversations des mots comme opération spéciale ou service. Un beau parleur, un manipulateur, comme le présente l'un de ses anciens employés interrogés par France 2 en mai 2000 vingt-deux.
Il me
disait voilà, tu suis telle personne, tu prends des photos de telle personne, je faisais, je lui envoyais, il nous demandait de pénétrer des propriétés privées. Et après, ouais, plus les missions passaient. Il me demandait effectivement si ça devait aller plus loin, est-ce que, est-ce que j'étais chaud quoi
Plus loin, c'est-à-dire
Nous a dit si on était prêt à kidnapper quelqu'un, mais il faut dans le coffre de force, est-ce que ça serait faisable pour nous
Il vous avait répondu quoi J'ai
répondu que
ce n'était pas dans nos attributions. Après moi je me suis embrouillé avec lui, est-ce que je peux vous dire que quelqu'un de de très manipulateur qui se croit au-dessus des lois.
Manipulateur va yoler nettement moins au trente-six devant les policiers de la brigade criminelle et dans la salle d'interrosatoire, il ne se croit plus au-dessus des lois. Il pleure, il se lâche et ajoute une nouvelle histoire, un nouveau contrat, un copier-coller des précédents dans le mode opératoire. Tout commence par une rencontre en 2000 dix-huit lors d'un événement organisé par une marque de montres de luxe va y rencontrer un couple muriel et gérald de millet lui dirige une entreprise de PTP une société de fabrication de pièces en plastique à Isnor, dans l'Ain. Comme dans le dossier Pasquali, on sympathise, on échange et puis on se confie. Murielle sort tout.
Elle dirige avec Laurent, son frère, l'entreprise créée par les parents, mais développée par eux. Et franchement, tout va bien. Sauf, sauf cet Hassan. C'est un bon employé ce Hassan certes, mais quand même pendant la crise des gilets jaunes, il passait ses soirées sur les ronds-points. La preuve, un journal local l'a pris en photo et ça, Murienne n'apprécie pas.
Alors elle se tourne vers Valiot et voici comment il présente les choses lors de sa déposition selon le secret d'info.
La patronne de l'entreprise m'a dit, on a un gars qui n'arrête pas de nous emmerder et en plus c'est quelqu'un qu'on ne peut pas virer. C'était le délégué CGT du site. Elle m'a dit, parfois j'aimerais bien lui casser la gueule. Son mari a renchéri sur le sujet et ça s'est fini par, si on ne l'avait plus, qu'est-ce que ce serait bien Je leur ai dit que c'était des choses qui pouvaient exister. Ils ont réfléchi 2 ou 3 semaines et ils ont dit ok.
J'en ai parlé à notre ami Daniel, il m'a répondu tout de suite qu'il s'en occupait. Je me souviens qu'il m'a dit que ses tarifs étaient compétitifs. Pour le neutraliser, il demandait 50000 euros. Je sais qu'il a envoyé des gens sur place faire de la surveillance.
Et ce
n'est pas très compliqué de deviner qui va passer un peu de temps dans l'Ain en cet hiver 2020. C'est Sébastien Leroy, bien sûr, que Beaulieu a appelé après avoir été missionné par Valiot. Toujours ce même schéma. Pendant une semaine, Leroy photographie Assane au travail, Assane sur la route, la compagne d'Hassan, leurs 2 petites filles, leur école. Et toutes ces photos, les enquêteurs les présentent à Hassan.
Il en témoigne en 2000 vingt-deux dans complément d'enquête.
De ce que j'ai vu moi dans dans les dossiers, il y avait des photos de de ma maison, les voitures, les routes qu'on prend. Au boulot,
vous ne nous êtes pas rendu compte d'avoir été surveillé
Pas du tout, pas du tout, je me suis rendu compte de rien.
Avec son téléphone, Sébastien filme cette rivière. À cet endroit précis où d'après les enquêteurs, il aurait envisagé de se débarrasser du corps du syndicaliste. Le paquet comme il l'écrit dans ses notes. Une rivière à quelques kilomètres de la maison d'Hassan.
Cette rivière c'est c'est une route qu'on prenait 2 à 3 fois par semaine. C'est, encore aujourd'hui avec tout le recul qu'il y a, j'ai encore du mal, j'ai encore du mal.
Moralité, si Hassan est toujours vivant aujourd'hui, il le doit beaucoup à Marie-Hélène Dini. Parce que si la coach de Créteil n'était pas sortie en retard de chez elle, le vingt-quatre juillet, Peut-être que les 2 plantons de la DGSE qui devaient l'abattre devant chez elle n'auraient pas inquiété un riverain. Qui n'aurait pas appelé la police Qui n'aurait pas arrêté les 2 hommes Qui ne serait pas passé à table Et le contrat sur la tête d'Hassan n'aurait pas été abandonné. C'est seulement parce que le système à Ténor, cette officine de tour à gages a été démantelée, que le syndicaliste a échappé à la mort. Alors 3 ans et demi après l'arrestation de Dagomare et Dadela, pour un départ de cette histoire, où en est l'affaire à Tannor Le juge d'instruction a terminé ses investigations et vingt-trois personnes sont mises en examen.
Au fil des pages du dossier, il y a un meurtre, des tentatives de meurtre, des passages à tabac, des incendies volontaires. Et pourquoi cette incroyable dérive criminelle, cette abdication du sens commun chez tous les protagonistes Pourquoi un très prospère patron de société de sécurité, Frédéric Valiot, se met-il à proposer des exécutions et des agressions comme un commercial présente un catalogue de prestations Comment un ex policier du renseignement, Daniel Paullieu, a-t-il pu se dire qu'après tout, faire tuer des gens plutôt que les protéger n'allait poser aucun problème Comment un jeune trentenaire banal, Sébastien Leroy, a-t-il pu croire qu'il était un agent clandestin de la France autorisé à tuer en son nom Comment 2 plantons de la DGSE habitués à côtoyer de vrais agents ont-ils pu penser qu'ils avaient été choisis, eux qui végétaient dans une guérite de camps militaires pour exécuter des missions secrètes Et puis comment des retraités respectables, aisées, comment des chefs d'entreprise ont-ils pu se dire que oui, faire tuer, tabasser, menacer quelqu'un à les résoudre leurs problèmes. Tout paraît tellement fou dans cette histoire, comique parfois. Mais, ce serait oublier un cadavre enterré dans une forêt auvergnate. Ce serait oublier des corps recroquevillés par terre, roués de coups, ce serait oublier des vies brisées.
France inter. Affaires sensibles, Fabrice Drouel.
Aujourd'hui l'affaire à Thanor dont nous parlons avec notre invité Mathieu Suc, bonjour.
Bonjour.
Vous journaliste à Mediapart, auteur d'un feuilleton sur cette affaire paru à l'été deux-mille-vingt-et-un, auteur également de plusieurs livres dont le dernier paru chez Harper et Collins en octobre dernier s'appelle vendredi 13. Alors vous travaillez où Vous avez travaillé sur le terrorisme, le grand banditisme, vous avez travaillé sur Carlos Ghosn également. Alors cette affaire à Tannor, est-ce que vous diriez qu'elle est à part des des autres sujets que vous avez l'habitude de couvrir
Je vous répondrai oui et non. Non, elle n'est pas tellement à part parce que je travaille sur les questions aussi de renseignements à Mediapart et depuis pas mal d'années, enfin depuis que je suis à Mediapart, on a eu l'occasion de chroniquer, de documenter des dérives individuelles d'agent de renseignements au sein de services ou même de services entiers qui qui ont essayé de cacher des bêtises ou des choses comme ça. Par ailleurs mon livre qu'elle vous faisait référence sur Carlos Gaulle en fait c'est l'affaire des faux espions, on voyait déjà des des anciens des services qui quand ils basculent dans le privé n'avaient plus de de limites et commettaient les les pires turpitudes.
Les faux espions de de chez Renault, ils ont une affaire sensible, à traiter cette affaire-là évidemment.
Tout à fait et et oui parce que ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre quand on traite de faits divers, il y a toujours une histoire et même plus souvent qu'on ne croit où on se dit mais bon sang je leur ai écrit en roman, mes proches s'inquiéteraient pour se dire est-ce que tu as toute ta tête et où est-ce que tu prends des drogues.
Parfois le réel a plus de talent que la fiction.
Voilà et là on a quand même enfin vous vous l'avez très bien dit mais enfin à un moment encore une fois je ferai un roman en disant une officine qui siège dans une loge maçonnique va employer des anciens des services, des militaires, des policiers pour aller buter des concurrents ou des salariés de patrons de PME, je pense que même Gérard de Villiers aura une pudeur pour écrire un s s.
Et donc on l'a dit dans le récit, cette affaire de débute avec l'interpellation de 2 militaires se revendiquant de la DGSE. Quand vous voyez les premiers articles de presse sur le sujet, article d'ailleurs assez assez imprécis, qu'est-ce que vous vous dites parce que les opérations homo, c'est-à-dire les, il s'agit d'abattre quelqu'un, que c'est un ordre, sont discrètes, ces opérations discrètes. Et quand elles ne le font pas qu'il y a des bavures, souvenez-vous l'émotion créée par l'affaire Greenpeace par exemple qu'est-ce que vous vous dites vous
Et bien alors je moi j'ai un souvenir très précis et il se trouve que quand le parisien sort l'information je suis en vacances au fin fond du Finistère et je reçois un appel d'Edwy Plenel qui me dit tu as vu ça il y a quand même quelque chose de très bizarre et quand Edwy Plenel à l'appel, il a quand même un peu de flair donc je me dis ah je regarde mais encore une fois je suis au fin fond du Finistère en vacances avec ma famille et je me dis bon qu'est-ce que je peux faire, je ne vais pas pouvoir avoir de rendez-vous privé en plus on est en plein pendant la période estivale avec des sources voilà donc je me dis la première premier réflexe que j'ai je me dis il faut que je fige une réponse de la DGSE donc je contacte officiellement la DGSE en disant mais qu'est-ce que c'est de cette histoire et en me disant ben on va voir s'ils ne répondent pas ou s'ils me font leur traditionnel pas de commentaire, c'est éminemment suspect et puis après s'ils me parlent on verra un peu ce qu'ils me disent et on est le soir la nuit on est dans le jardin de notre location je suis en train de manger des langoustines je me rappelle très bien
Pas de savoir de vacances hein.
Voilà et la DGSE m'appelle me répond et et me parle de tout ça alors leur leur première réaction c'est non mais quand même vous nous connaissez on serait un peu plus habile que ça bon ça c'est une réponse facile mais par ailleurs et alors ils me disent mais attendez c'est inadmissible on parle d'agent de la DGSE oui ils sont chez nous mais ce sont des gardes barrières et ce n'était pas encore sorti dans la presse et bien sûr que la DGSE peut mentir et que je ne vais pas prendre pour argent comptant, mais dans leur manière assez franche de me parler déjà je me dis il y a il y a un problème et vraisemblablement enfin l'opération homo financée décidé au coeur de l'état me semble avoir un peu de plomb dans l'aile. Il se trouve que quand je vais revenir je vais commencer à travailler je vais avoir des sources qui me laisse entendre ça aussi donc on a une affaire sur un fait divers, une affaire criminelle voilà plus classique semble-t-il. Mais je ne l'exclus pas a priori et je vais continuer à enquêter avec cette idée aussi c'est que cette affaire qui est un peu les poupées russes, on passe d'une affaire dans l'autre, on en découvre une autre effectivement moi quand je lis les premiers articles je me dis mais c'est imbitable, incompréhensible pour le grand public, il faut prendre un peu de recul et essayer de donner du sens à tout ça et c'est là qu'on va faire notre enquête.
Alors déjà ces ces deux-là, 2 plans vont le CERCODE, c'est quoi Cercot
Alors Cercot c'est un des 3 centres du du service action de la DGSE donc le le service action c'est le bras armé de la DGSE un peu comme le Cosse pour l'armée pour les troupes officielles sauf que là ce sont des gens qui agissent en civil donc c'est l'affaire du Rainbow warriors comme vous le comme vous le rappeliez donc c'est le bras armé clandestin d'élite et clandestin de l'état sauf que et donc il y a 3 il y a 3 camps d'entraînement par exemple pour les les nageurs de combat et Sercotte c'est pour ceux
Nageurs de combat c'est encore ça je crois.
Il y a et en Bretagne aussi et là donc c'est plutôt terre et c'est à la fois là qu'ils vont être formés et c'est aussi là qu'ils reviennent entre 2 missions pour avoir un peu des des réajustements ou des des nouvelles formations. Donc ça c'est le camp de cercotte et à l'intérieur bien sûr c'est top secret et à l'intérieur faut assurer une bulle de protection donc il y a des militaires très classiques en tenue kaki qui assure la sécurité mais qui eux-mêmes n'ont pas de contact avec les agents secrets. Donc ces militaires-là statutairement font partie du service action mais n'en font pas partie dans le sens où ce ne sont pas les clandestins.
Donc comme l'information circule mal à niveau là, on peut avoir ce genre de choses avec 2 plantons qui se retrouvent soi-disant Voilà. Tous passionnés pour une affaire d'état et pour l'état.
Et eux quand ils discutent avec des gens qui sont du métier ou dans le privé enfin ou de société privée et bien sûr elles ne précisent pas qu'ils sont de garde barrières, ils disent qu'ils sont au service action, ce qui n'est pas tout à fait faux mais qui n'est pas tout à fait vrai non plus.
Alors ce qui pose quand même la question de la crédulité des divers maillons de la chaîne. Pourquoi ils sont si crédibles, ils pensent dur comme fer que oui qu'il faut une opération pour l'état. Alors. Ça l'effet mousser
Oui et par ailleurs je vous disais tout à l'heure que cette histoire est extraordinaire au sens premier du terme et en même temps souvent dans ces histoires on arrive sur quelque chose de presque médiocre on se dit mais comment on peut en arriver là et en fait dans cette histoire tout le monde manipule tout le monde
et tout
le monde a très envie de croire au mensonge de l'autre parce que par ailleurs ça nous valorise aussi de se dire ah bah je vais travailler sur le compte de l'état et tout ça alors que vous vous l'avez très bien dit comment penser quand vous êtes garde barrière que l'état va aller va vous choisir vous pour aller éliminer une agente du Mossad pour pour vous expliquer comment ça se passe sur les missions du service action en fait la DGSE va contacter le chef du camp de Cercot en lui disant voilà on a besoin de tant d'hommes avec telle qualification. Ils leur disent pas l'objectif de la mission et c'est le chef enfin la chefferie de Cercot qui va décider parmi les agents clandestins qu'ils ont à disposition dire lequel quels sont les gens ils choisissent au gré des compétences des complémentarités et il les envoie sans eux-mêmes les chefs du camp ne savent pas eux-mêmes pourquoi ils les ont donc imaginez que c'est tout ça dans un cadre très administratif comme le disait Pierre Martinet avec des ordres de mission, imaginez qu'on va envoyer des simples gardes barrières par ailleurs en France.
En plus en France pas à
l'étranger voilà
que la GSGCE n'a n'intervient pas en principe en France.
Voilà, ces gardes barrières pourront eux exercer des missions à l'étranger mais simplement déjà une garde barrière pour des objectifs français.
France inter affaires sensibles, Fabrice Drouelle.
À qui a su qu'on se demandait comment les 3 exécutants Adolard, Dagomard et Sébastien Leroy ont-ils pu croire qu'ils avaient été choisis pour tuer quelqu'un et défendre l'intérêt national, eux qui étaient des sous-fifres, mais également comment cet ancien policier, la DCRI, Daniel Beaulieu compétent, expérimenté a-t-il pu basculer lui aussi
Alors c'est c'est c'est marrant, ce ce week-end nous avions le festival de Mediapart et on avait un atelier sur l'éthique du renseignement qu'on animait avec mon complice Yann Philippin et en fait la ça ça pose une question c'est qu'en fait ces espions on leur demande dans leur travail de violer les lois éventuellement de la République ou de de pays ennemis voire amis.
Les gens les assassinats ciblés par exemple.
Oui, mais même ou même sur de l'espionnage plus plus classique, moins violent, la base de leur métier, c'est justement de franchir toutes les barrières et et de ne pas respecter des choses. C'est ce que l'état leur demande. Et après quand ils basculent dans dans le privé notamment, il faut pas s'étonner que parfois certains bien sûr ce n'est pas le cas de la grande majorité franchissent encore plus loin ces barrières et pour là une raison qui ne serait pas noble ou en tout cas les les intérêts de la nation, mais pour une raison purement crapuleuse et par ailleurs il y a un élément de contexte que j'ai pu que j'avais pu retrouver aussi dans l'affaire des faux espions de Renault, c'est que vous avez ces gens qui sont dans les services de renseignement, c'est des espions, ils se vivent ou en tout cas ils sont perçus par la la population comme des James Bond. Ils se disent, je vais arriver dans le privé, je vais gagner 5 fois mon salaire de de fonctionnaire.
Et en
fait, ils montent leur structure et la concurrence est extrêmement féroce et donc c'est difficile et à un moment ils sont prêts à tout pour gagner de l'argent.
Et quid de de Value qui semble être la tête du réseau Frédéric Value.
Alors lui c'est il vient du monde opposé, c'est-à-dire qu'il est journaliste à la base, il est communicant, il monte des entreprises, il fantasme cet univers des espions et à force d'en côtoyer, il joue un rôle et là encore il s'aperçoit qu'il y a de l'argent à gagner mais ce n'est pas en restant dans les clous de la loi. Il passe outre.
La DGSE a lancé une enquête interne sur ces événements. Alors je vous cite, un militaire qui envisageait les militaires qui envisageait le meurtre comme ascenseur social. Bien, mais enfin que ce soit pour cette raison ou pure ou une autre, ça a créé un malaise au sein de la DGSE, donc enquête interne, ça a donné quoi
Alors ils ont entendu tout un tas de gens à Cercot, la la la hiérarchie de Cercot et tous les gardes barrières qui côtoyaient Dagomar et Adulars et ils se sont aperçus que en fait beaucoup des 10 gardes barrières étaient au courant alors pas de la précisément des contrats, mais de ce que faisait Dagomar qui se vantait énormément et qui cherchait de recruter certains de ses petits camarades. Voilà et en fait la DGSE a un peu été victime de son propre système, c'est que vous savez dans un service de renseignement, dans un service secret, il y a le traditionnel besoin d'en connaître, c'est-à-dire que je n'ai pas à vous dire ce que je fais même si nous travaillons ensemble parce que voilà il faut préserver cloisonner les secrets et ben là vous avez cette espèce de camaraderie militaire et vous avez ce fameux besoin d'en connaître les uns et les autres se sont dit bon ce n'est pas à moi d'en parler et en fait tout le monde est au courant mais personne n'en parle à la hiérarchie et donc on ne peut pas arrêter la machine.
Est-ce que la justice a pu faire son travail parce que j'imagine que c'est difficile avec des organismes comme la DGSE qui peuvent dire bah non monsieur le secret d'état.
Alors là on était quand même sur des des crimes et je dois dire que la DGSE a plutôt joué le jeu judiciairement encore une fois il y a même le directeur de cabinet du directeur de la DGSE qui a été entendu tous les gens toutes les demandes du juge ont été acceptées nous ce que nous avons révélé juste dans Mediapart c'est que la DGSE a pris soin de contacter les proches de certains des mises en cause et de rencontrer et d'auditionner avant les auditions des policiers ou de la justice certains de ces agents qui allaient être entendus donc est-ce que c'était pour prévenir d'éventuelles patates chaudes qui allaient leur retomber dessus ou pour orienter un témoignage ça je ne sais pas.
Cette loge à Thanor qui est-elle par qui est-elle est-ce que le statut maçonnique il leur a fait penser qu'ils étaient au-dessus des lois
Alors c'est un peu comme pour le volet des agents secrets il y a beaucoup de mythes et de fantasmes sur la franc-maçonnerie et le problème c'est que ça attire aussi des gens qui ont ces fantasmes et ces idées-là et donc de de toute puissance et de dire si je suis un frère, je serai protégé. Donc c'est le cas des hommes dont dont vous avez parlé dans dans le récit et j'ai j'avais recueilli le le le témoignage d'un d'un d'un membre d'un service de renseignement qui avait été dans l'ancêtre de la loge à Thanor parce que la loge à Thanor est le fruit d'une fusion de 2 loges et qui me disait qui il était intéressé par la franc-maçonnerie, par les réflexions que ça pouvait provoquer et que il était arrivé dans cette loge et il avait vu que des gens qui cherchaient à avoir des services rendus par leurs frères et que ils s'en étaient 1000 filles et qu'il était reparti.
Donc ce n'était pas pour refaire le monde, c'était pour faire du réseau quoi.
Voilà, essentiellement.
Alors dernière chose, il y a d'autres affaires qu'on peut peut-être relier à Thanor, je ne sais pas, un temps le Canard enchaîné a évoqué une piste possible dans l'affaire de la tuerie de Chevaline, je vous rappelle c'est une famille entière qui est massacrée, tuée près de dans sa voiture et auprès de sa voiture le long d'un fossé.
Oui alors c'est à l'heure où je parle, c'est en, ça n'a jamais pu être établi, ça semble être une fausse piste déjà la plupart des protagonistes n'étaient même pas majeurs enfin l'aide des protagonistes de l'affaire qui nous occupe aujourd'hui n'étaient pas majeurs à cette époque-là À
l'époque de cette époque-là.
Alors ça pourrait être une autre équipe actionnée par Daniel Beaulieu, mais il n'était pas encore à ma connaissance dans le privé là je crois que cela relève plus du fantasme par contre il y a une histoire c'est un opposant congolais qui s'appelait Mbao qui a été victime de 2 tentatives enfin d'une tentative d'assassinat et d'un projet en France Sébastien Leroy a dit au juge alors qu'on lui posait même pas la question qu'il avait reconnu cet individu et qu'il a, on lui avait fait faire des filatures, là il y a quelques éléments qui peuvent intriguer, mais à l'heure où je vous parle, la juste ça n'a pas abouti.
Bien et la tuerie de Chevaline reste aujourd'hui au moment où nous parlons un grand mystère
en ce
qui a tué cette famille, merci infiniment Mathias.
Merci à vous.
Au revoir. C'était affaires sensibles aujourd'hui, l'affaire à Ténor, une émission que vous pouvez réécouter en podcast, bien sûr. Aujourd'hui à la technique, il y avait Jérôme Ragano.