Aujourd'hui dans affaires sensibles, la garantie foncière ou la république des coquins ou des copains et des coquins selon l'expression consacrée. À la fin des années 60, cette garantie est le symbole de l'optimisme des 30 glorieuses. Tout le pays connaît son existence et les petits épargnants ne jurent pas par elle. C'est une société d'investissement immobilier au rendement faramineux, alors bien sûr, elle attire le chaland. Fondée par un entrepreneur audacieux Robert Frankel, dirigée par un baron du gaullisme, André Riv de Laves.
Elle promet à ses souscripteurs un retour
sur investissement rapide et sûr, dans
un secteur alors en sur investissement rapide et sûr, dans un secteur alors en pleine expansion, l'immobilier. Mais en juillet soixante-et-onze, tout bascule. Un article du Monde révèle que tout cela n'est qu'une escroquerie basée sur un schéma bien connu des magouilleurs, la pyramide de Ponzi. Et pour couronner le tout, une rumeur commence à circuler. Les révélations viendraient d'un ennemi intime du mouvement gaulliste, un ministre pas encore président, Valéry Giscard d'Estaing.
Affirisme et service public sur fond immobilier, les ingrédients d'un scandale politico-financier qui va tenir la France en haleine pendant des mois sont réunis. Jean-Pierre Mocky en fera un film et Henri Salvador une chanson. Alors, c'est quoi exactement cette garantie foncière Notre invité aujourd'hui Jean Garrigues, historien auteur des scandales de la République de Panama à l'affaire Elfe, livre paru chez Robert Laffont. Affaires sensibles, une émission de France Inter diffusée en direct, récit documentaire Guillaume Malandras, coordination et rédaction en chef Francognonard, attaché de production Rebecca Donante réalisation Hélène Vizio.
Fabrice Drouelle,
affaires sensibles
sur France inter.
Quand on fait des placements dans la pierre ça tient toujours alors qu'avec du papier ou de la monnaie on sait jamais où on veut.
1515000000 de vieux francs c'est la somme que monsieur Robert Franquet et son épouse sont accusés d'avoir détourné au détriment des souscripteurs de la garantie foncière.
Ils pouvaient par exemple acheter des immeubles à des sociétés dont ils étaient en fait les véritables propriétaires.
Et ce soir, il y a de nouvelles inculpations, notamment celle de monsieur Yves-Henri Delavez, député UDR du dix-neuvième arrondissement.
L'affaire franqu'elle risque d'avoir des prolongements dans bien des milieux à la limite de la politique et les connaît. Mercredi
7 juillet mille-neuf-cent-soixante-onze, seizième arrondissement de Paris. Sous un soleil de plomb, une poignée de journalistes fait le pied de grue devant l'immeuble cossu du vingt-deux rue Jasma. Chemise en lin et calepin en poche, ils ont attendu pour écouter les explications d'un patron pris dans la tourmente d'un scandale politico-financier, un certain Robert Franquel. Pour les français, ce moustachu corpulent est un inconnu, mais dans le monde de la pierre, il est une sorte de légende. C'est lui, l'artisan du succès d'une société qui a démocratisé l'investissement immobilier, une entreprise dont les publicités recouvrent les murs de Paris depuis des années, la garantie foncière.
Le principe est redoutable. La société achève des immeubles parisiens en investissant l'argent de petits épargnants. Ensuite, les fonds générés par les locations leur sont reversés. Le rendement promis par Franquet et sa garantie foncière est inédit dans le secteur, 10 virgule vingt-cinq pour 100. Pour donner un ordre de grandeur, c'est 2 fois plus qu'un livret de caisse d'épargne 4 fois le rendement de cette pauvre assurance vie qui ne rapporte plus grand chose sur tous les fonds en euros sécurisés, mais indigents en termes de rapport pour les épargnants.
Alors à Paris, ça fait des années que les spécialistes s'interrogent, mais comment fait ce Franquel pour assurer un rendement de 10 pour 100 Quel est donc ce secret fabrication qu'il ne cesse d'invoquer Et bien c'est justement là que se situe le scandale. Le stratagème a été révélé dans un article du monde publié 2 jours plus tôt. Pour payer les intérêts du pourcent, l'entreprise piocherait dans les apports des nouvelles souscriptions. Dans le milieu de la magouille, on appelle ça une pyramide de Ponzi. Une technique implacable tant que le flux dans un flux et que l'argent entre, mais qui s'effondre aussi sec au moindre ralentissement, ruminant au passage toutes celles et tous ceux qui ont investi.
Et ils sont nombreux. En cet été soixante-et-onze, la société compte près de treize-mille épargnants inscrits, deux-cent-cinq 1000000 de francs d'actifs. Mais ce n'est pas tout. Franck Aile aurait détourné 15000000 de francs à ses souscripteurs et ses petites combines seraient dans le collimateur de la justice. Bref, ça sent mauvais pour le volume du patron, l'atteste cet extrait du journal de France Inter.
1515000000 de vieux francs, c'est la somme que monsieur Robert Franquet et son épouse sont accusés d'avoir détourné au détriment des souscripteurs de la garantie foncière. 15000000, c'est une jolie somme et c'est une opération qui n'a été rendue possible que parce que les sociétés civiles immobilières qui comme leur nom l'indique ont un statut de droit civil ne sont pas contrôlés aussi étroitement que les sociétés commerciales.
Alors Robert Franquel a-t-il profité du statut avantageux des sociétés civiles immobilières Avant de répondre à la justice, l'homme a décidé de convoquer au siège social de son entreprise tous les journalistes qui n'ont pas fui Paris pendant l'été. Alors quand ils poussent lourdes portes du vingt-deux au jasmin, tous se posent la même question, quelle va être la ligne
de défense de l'homme d'affaires
En réalité, si cette histoire passionne autant les rédactions, ce n'est pas seulement parce qu'un grand patron a été pris la main dans ça, on connaît, non Cette affaire présente aussi et surtout un volet politique parce que Frank Haen n'est pas le seul homme fort de la garantie foncière. Son principal associé et ancien PDG de la société est une figure de la vie publique, un élu au centre et au piluré impeccable, le comte André Riv de l'Aves, que tout le monde appelle Rivenry. Allez savoir pourquoi. Toujours est-il que résistant puis déporté du des Elym arrondissement et aussi ancien secrétaire adjoint de l'UNER, le parti gaulliste majoritaire à l'Assemblée, cet homme discret arbore le sérieux bien habillé qui rassure l'épargnant. Et puis après tout, si un baron du gaullisme valide le filon, c'est forcément du solide.
Pris dans le tourbillon médiatique, l'élu se défend de toute malversation au micro de France inter.
Monsieur Riven-Ry Delavez, ça a été de juillet mille-neuf-cent-soixante-neuf à janvier mille-neuf-cent-soixante-onze, le président directeur général de la Cofra Jim, c'est-à-dire la société qui gérait la garantie foncière. Et c'est du reste monsieur Robert Frankel qui lui avait succédé en tant que PDG.
Député, est-ce que je peux
vous demander si vous êtes solidaire de monsieur Frankel Je n'ai pas raison de solidaire monsieur Franquel, je suis solidaire de moi-même par rapport à ma gestion, je n'ai aucune raison d'être solidaire de celle des autres.
Ce 7 juillet, quand les journalistes pénètrent dans l'imposante salle de réception de la société, ils sont plusieurs à se demander si l'alliance entre les 2 hommes tient toujours. Mais surtout, quel rôle exact a joué le député Autrement dit, s'agit-il d'un scandale d'État Hélas, pour les journalistes, l'élu est déjà loin. Suite à son intervention à la radio, Henri Henry est parti cette claque murée dans son luxueux appartement canoë. Et 2 responsables, seuls, Franquetel est prêt à s'expliquer. Enfoncé dans son fauteuil Louis 15, le front perlé de sueur, l'homme affiche une mine livide presque transparente.
Entouré de ses tapisseries de velours et de sa femme qui a passé une robe de soirée pour l'occasion, il s'éponge au front, puis il commence à répondre à quelques questions.
Quel est le style des opérations que vous menez
Il n'y a pas de style, nous achetons des immeubles que nous louons aux plus grandes sociétés et nous répartissons le produit des loyers à nos porteurs.
Un émetteur qui achète vos immeubles par votre intermédiaire.
Ils n'achètent pas les immeubles, ils ont des parts et les parts sont attributives de l'ensemble des immeubles dans la société propriétaire.
Incontestablement vous avez des difficultés monsieur Frankiele, comment comptez-vous les réseaux.
Nous n'avons aucune difficulté s'il part si vous voulez une campagne de presse, vous n'en créez pas vous-même en affolant si vous voulez les porteurs de parts.
Pour Frankal donc, aucun problème à signaler. Et quand on lui demande pourquoi la justice s'apprête s'apprête
à inculper, bien
il suggère que la campagne de presse dont il est victime a été orchestrée par ses ennemis politiques. Autrement dit circulez, il n'y a rien à voir. Bien joué, cela dit, car dans l'assistance, quelques sourcils se lèvent. Certes, Franquet l'atout du combinard sur la défensive, mais s'il avait raison. Après tout, il est de notoriété publique que ce patron n'a pas que des amis dans le milieu politico-médiatique parisien.
Dans l'ombre des palais de la République, il y a même un homme qui tire les ficelles depuis des mois pour faire tomber la garantie foncière et avec elle toute la petite gaulliste, un certain Valéry Giscard d'Estaing. En cet été soixante-et-onze, celui qui deviendra président de la République 3 ans plus tard est un politique en pleine ascension. Ministre de l'économie du président Pompidou, il fait partie de cette nouvelle génération d'hommes de droite qui veulent tourner la page des années de Gaulle et faire basculer le pays dans un libéralisme à l'anglo-saxonne. Un moderne assurément, ce Giscard, déjà un as de la com. Depuis le retrait de la vie politique du général et sa mort quelques mois plus tôt, c'est ainsi la majorité de se déchirer.
Entre les 2 amis issus de la résistance, comme le Premier ministre Jacques Charcot-Delvas, un important d'une furieuse modernité pour l'époque, où le député Rivorri justement. Et puis les libéraux avides, eux, de changement comme Giscard qui vertu en monde hier estime que la fraude est incompatible avec l'économie moderne.
À partir du moment où on entre dans l'économie moderne, les règles du jeu ne peuvent pas être faussées par la permanence d'une fraude qui fait que les uns contribuent à la vie collective et que les autres se soustrait à cette contribution. Il faut absolument dans une économie moderne que les règles de jeu soient respectées par tous. C'est c'est donc un accord normal qui veut simplement dire autre chose c'est que les règles du jeu fiscal seront désormais respectées. Alors
le scandale de la garantie foncière cache-t-il un règlement de comptes politiques Car elle est bien là, la question centrale de cette affaire. Pour mieux la comprendre, il faut revenir 4 ans en arrière en mille-neuf-cent-soixante-sept. Le général de Gaulle est à l'Élysée et les 30 glorieuses à leur apogée. Le pays vit une période de modernisation frénétique, de prospérité inédite depuis le second empire. C'est l'heure des 4 L de la nature qu'on piétine, on verra l'année plus tard.
C'est l'époque des yéyés, du formica et de la démocratisation
de la
propriété. Les chantiers poussent comme des champignons, les investisseurs petits et grands renouent avec une vieille passion française l'immobilier. Dans ce contexte d'euphorie générale, un jeune patron de trente-trois ans à la tête d'une affaire d'import export décide de se lancer dans ce marché juteux et il s'appelle Robert Frankel.
Dans les 30 ans à venir, il faudra construire autant de logements qu'il en existe actuellement et il faudra les construire en ville où les terrains de plus en plus rares coûtent de plus en plus cher. Aujourd'hui 30 pour 100 parfois même 50 pour 100 du prix des logements demain le double peut-être peut-être peut-être peut-être. C'est l'urbanisation de la France, son passage de l'âge agricole à l'âge industriel qui risque de se trouver littéralement bloqué parce que le sol nécessaire à tous est retenu très légalement d'ailleurs par un petit nom.
Paris trente-et-un décembre mille-neuf-cent-soixante-sept. Alors que la capitale s'apprête à fêter la nouvelle année, Robert Franquet, lui, se prend à croire au père Noël. Enveloppé dans son épais manteau, surmonté d'un chapeau mou, une mallette de cuir à la main, le jovial patron arrive au numéro un du boulevard du palais. Il s'engouffre dans le tribunal de commerce. La mine engourdie mais réjouit, il s'avance jusqu'au guichet.
C'est une journée décisive pour l'entrepreneur, car il vient inscrire au sa toute nouvelle affaire de SCPI, soit société civile de placement immobilier appelée garantie foncière. Malgré ses trente-trois ans, Franquel n'est pas un débutant. Après avoir fait ses armes dans l'entreprise familiale de confection, il s'est lancé dans l'importation de produits électroniques japonais. En 3 ans, le chiffre d'affaires de son entreprise a flambé, ce qui lui permet de mener un train de vie confortable. Mais l'homme est du genre ambitieux et depuis son récent séjour aux États-Unis, il rêve de faire fortune dans l'immobilier, alors en pleine explosion comme on l'a dit.
Et à New York, comme à Paris, c'est la mer en laine. La pierre, le parpaing ou le béton rapportent des 1000000 à ceux qui les bons coups. Alors un peu partout, le prix au mètre carré s'envole. Avec un bureau, un téléphone et de la volonté, certains arrivent à transformer un local commercial ou même lopin de terre à betteraves en kilo d'or. Bref, c'est le moment idéal pour investir.
Dès lors, pour l'Osacio Frankel, une question se pose, comment acquérir rapidement du foncier avec un capital de départ modeste bien tout simplement en sollicitant l'épargne publique des Français. Chaque bien immobilier pourra être divisé en des dizaines, voire des centaines de parts. Et de cette façon, même les ménages les plus modestes pourraient investir et accéder à un marché réputé hors d'atteinte pour un budget normal, l'immobilier parisien, ce qui est toujours le cas aujourd'hui d'ailleurs. C'est sous cette idée brillante que naît la garantie foncière. Pour 1000 francs la part, l'épargnant devient copropriétaire d'un immeuble parisien et encaisse chaque mois une fraction du loyer.
Le plan de Frankel est implacable. Il lui ouvre des parts de marché au sein des milieux alors en plein boom la classe moyenne. À ses 1000000 de clients potentiels, Frankel propose un investissement sûr au rendement jamais vu, 10 virgule vingt-cinq pour 100 par an. Donc, imprimé sur chaque publicité, ce chiffre devient bientôt l'argument massue de la société. On l'a vu, ce rendement est largement dû à une pyramide de Ponzi.
Frank, elle paye les intérêts avec les ministres de départ des nouveaux membres. Des années plus tard, c'est ce même système qui fera le bonheur, puis le désespoir de Bernard Madoff et surtout de tous ceux que ce malfaiteur à grande échelle à ruine poussé au désespoir.
Ils pouvaient encore payer les 10 ou 12 pour 100 d'intérêt qu'ils promettaient à leurs nouveaux adhérents non pas avec les loyers encaissés mais avec le renfort des nouveaux fonds qu'ils avaient recueilli. Ainsi, étaient-ils condamnés à une espèce de fuite en avant. Grâce à une publicité toujours plus racoleuse, il leur fallait sans cesse convaincre plus de Français des avantages, déplacements dans la pierre.
Pour attirer les épargnants et alimenter la machine, Frankel organise une communication agressive où il met en avant un visage connu, celui du très rassurant compte André Rig de L'Aves alias arrive à Henry. Dès le départ, le député endosse le rôle de PDG. Et de cette façon, c'est tout le mouvement gaulliste qui devient au moins aux yeux de l'opinion, le garant de la garantie foncière.
Il faut
dire qu'en cette fin des années 60, le mariage du pouvoir et de l'argent est largement consommé. On ne compte plus les élus gaullistes anciens et nouveaux comme Antoine Roland ou Roland Magessert accusés de tremper dans des affaires plus ou moins tordues. Autrement dit, André Privandri n'est ni le premier, ni le dernier à pratiquer le mélange des genres. Mais sous les dorures des palais de la République, certains grincent des dents. Le premier ministre en tête, Georges Pompidou.
Virgule en critique du pantouflage, il montre une hostilité à peine voilée contre les élus de combinard et d'autres spéculateurs. L'immobilier, c'est nécessaire sans doute, dit-il, avant d'ajouter, mais c'est mal fréquenté. Quoi qu'il en soit, les gaullistes pur sucre semblent intouchables. Entre un général bien occupé à l'Élysée et la vaste majorité parlementaire, Lüder fait la pluie et le beau temps sur la vie politique. Et comme beaucoup, Riem Henry ne se méfie pas et mobilise son carnet d'adresse pour booster la garantie foncière.
10 virgule vingt-cinq pour 100 dans la pierre, ce n'est pas un miracle.
Tandis que l'agitation et les hasards règnent aujourd'hui sur la plupart des placements, l'immobilier poursuit une tranquille ascension.
La garantie foncière propose à ses associés une rentabilité nette de 10 virgule vingt-cinq pour
100. C'est inscrit au miracle, d'autres voient dans ce chiffre le résultat d'opérations inavouables.
Pour nous,
c'est la revanche de
la pierre.
Ainsi, début soixante-huit, quand les premières pubs apparaissent dans des journaux, l'engouement est instantané. Excités par un rendement fou, rassuré par la présence d'un député, les capitalistes du dimanche influent 10, 100000 et bientôt 7000, les premiers mois d'exploitation dépassent toutes les attentes. De nombreux immeubles sont acquis et des intérêts promis sont payés rubis sur l'ongle. En quelques mois, voilà l'ancien marchand de tissus et l'élu à la tête d'un empire immobilier, car la pyramide de Ponzi n'est pas la seule conçue par Franguel. L'homme compte sur une autre manigance dont il a entendu parler pour la première fois lors de son séjour aux États-Unis, la sur-révelvation des actifs.
Alors là encore, l'astuce est simple, les biens immobiliers payés avec sont achetés au prix fort à une deuxième société plus discrète, mais contrôlée elle aussi par Franquin et qui a acquis des biens en question au prix du marché. Il y a par exemple cet immeuble cossu de la rue du Louvre, siège de l'entreprise de textile Saint-Frère. La société parallèle l'a acheté dix-sept 1000000 de francs et après quelques petits travaux, elle l'a revendu vingt-cinq 1000000 souscripteurs de la garantie foncière. Une plus-value de 8000000 de francs encaissés discrètement. Grâce à ce savant montage, Franck L, réalise son rêve, faire fortune.
Mais
20 ans plus tard, au printemps soixante-neuf, la France est secouée par un événement politique majeur, la démission du président de Gaulle. Suite à l'échec de son référendum sur la décentralisation et la réforme du sénat, d'autres thèmes dont les français se fichent complètement, l'homme du dix-huit juin en tire la leçon et sa révérence. Ses proches comme ici le président de l'assemblée, Jacques-Charland Elmas, peinent à cacher leur émotion sincère.
La séance est ouverte, j'ai reçu la lettre suivante, le texte de cette décision est ainsi libellé vingt-huit avril mille-neuf-cent-soixante-neuf, je cesse d'exercer mes fonctions de président de la République, cette décision prend effet aujourd'hui à midi, signé Charles de Gaulle.
Pribe de son chef, la majorité gaulliste se fissure. Plusieurs tendances émergent, avec d'un côté les fidèles du général, les barons du gaullisme, dont Rivonry et de l'autre, les modernes qui veulent dépoussiérer la droite. C'est le chaos, en tout cas l'intention affichée de l'ancien premier ministre qui vient tout juste d'être élu président Georges Pompidou mais aussi de son nouveau ministre de l'économie Valéry Giscard d'Estaing. Fondateur de la Fédération nationale des républicains indépendants, un parti qui peut tenir congrès dans une cabine téléphonique, Giscard n'a jamais fait partie des sérariolistes et il compte bien profiter de la période pour glisser quelques pots de banane sur la route de ses vieux ennemis. Dès sa prise de fonction en juin, il charge discrètement l'un de ses conseillers, Antoine Brunet de surveiller la garantie foncière.
Proster et rigoureux, ce jeune fonctionnaire, fils d'un gouverneur de la Banque de France se met au travail. Il se procure les déclarations de patrimoine, les transactions bancaires et des statuts de la société. Mais bientôt, l'information remonte jusqu'à Rive-Henri. Alors, pour ne pas prendre de risque, le député décide de se référer des statuts et la présidence retourne au fondateur Robert Franker. Bien évidemment, Harry Henry continue de travailler au sein de la garantie foncière.
Après tout, pourquoi changer l'équipe du Hai Mais, sauf que les 2 hommes ne se doutent pas que dans quelques mois, ils seront la risée du pays.
Dans un journal très documenté, j'avais lu cette publicité. Placement dans
Vous écoutez affaires sensibles sur France Inter aujourd'hui le scandale de la garantie foncière.
France inter. Affaire sensible.
Rive de la Méditerranée, soirée du 10 de la société d'investissement immobilier la plus connue du pays, suivez mon regard. Chemise en lin et coupe de champagne à la main, tout célèbre, leur succès collectif en discutant tranquillement de leur épargne et des fameux 10 pour 100 de rendement qu'ils touchent chaque année. Au milieu de ses invités, un homme rondouillard affiche un large sourire. Robert Frankel, bien sûr, créateur de la garantie foncière, gros chat luisant de malice, comme l'écrira le journaliste Jean-Jacques Faust, il savoure sa réussite. L'argent des autres, c'est son affaire.
Ou plutôt leur affaire, car à ses côtés, cigares à la main et lunettes fumés sur le nez, se tient l'autre homme fort de la société, le député André Rivan Henry. Un peu plus tôt dans la journée, le vieux gaulliste a pris le temps de répondre à quelques questions de l'ERCF pour le journal télévisé.
Le Madeleine a peut-être un peu disparu, mais ce Madeleine est remplacé par autre chose, par des placements et aussi par des achats.
Quand on fait des placements dans la pierre, ça tient toujours alors qu'avec du papier ou de la monnaie, on ne sait jamais loin.
Néanmoins dans la soirée, le député apparaît plus fébrile que son bon-père. C'est probablement qu'il sent les ennuis approcher et notamment ce diable de Giscard qui veut lui faire la peau. Alors entre 2 vers, il tente de se rassurer. Après tout, il sait que les statuts de la société ont été peaufinées jusqu'au moindre détail par l'avocat engagé par Franquel, le mystérieux Victor Roche-Noire. Qui absolu là c'est le troisième homme de la garantie foncière et son rôle est déterminant.
Juif engagé dans la résistance à l'âge de 14 ans, passé par le socialisme et le maoïsme cyclothymique et ambitieux, Roche Noir a eu la charge délicate de créer le montage juridique de la société garantie foncière. Assis cela une table, il s'irrite silencieusement à vers le cognac. Parmi les invités, personne ne le connaît et pourtant, il est l'un des artisans principaux du succès du jour. Grâce à son travail, il est très difficile de prouver que l'entreprise mobilise une double arnaque, la permis de Ponzi et la surévaluation des actifs. Ainsi a-t-il profité de plusieurs flous législatives pour créer un orchevêtrement savant qui garantit, du moins pense-t-on à l'époque, l'impunité.
Mais Giscard lui est confiant, ce trio va tomber, c'est sûr. Son conseiller Antoine Brunet a travaillé d'arrache-pied ces derniers mois et il a accumulé de nombreuses pièces qui prouvent que la garantie foncière est un repère d'escrocs. Alors pour précipiter une enquête officielle, Giscard décide d'envoyer les conclusions de Brunet à son collègue du garde des sceaux René Plenaine. Pourtant, dans les semaines qui suivent, rien, la justice ne bouge pas. Il faut dire que même si le mouvement gaulliste a perdu sa superbe, il est toujours très implanté dans l'administration.
Parmi les fonctionnaires, ils sont nombreux à hésiter avant de s'attaquer à un fidèle général. Or Giscard est de genre tenace. Pendant des semaines, il relance son confrère, multiplie les courriers, prévient plusieurs institutions comme la commission des opérations de bourse. Et il peut compter également sur un coup de pouce d'Ilestin. Le 9 novembre soixante-dix, son vieil ennemi, héros de la France libre, Charles Hall meurt à Colombais.
Le pays est en deuil. Face à la caméra de l'ORTF, quelques passants réagissent à la nouvelle.
Vous êtes un homme droit. C'était qui, qui va aller-vous Ce n'était pas un saint. Il était comme les autres. Il avait il avait ses défauts, mais c'était un homme d'impels. On a tenu comme cela.
Et puis qui aimait la France.
Ça, moi je trouve ça pénible qu'il soit mort comme ça et je trouve que rarement, je crois dans l'histoire, nous n'avons eu un personnage aussi aussi énorme et aussi pur.
Il me demandait parce qu'à présent, hier présent c'est quelque chose d'extraordinaire en mille-neuf-cent-quarante Ça a été un flambeau pour les pauvres gens qui se sont vus sous la boîte allemande.
Hasard des calories au pas 2 mois plus tard. En janvier soixante-onze, une information s'est ouverte concernant la garantie foncière.
Enfin
la justice met le nez dans les affaires de Frank-Alerig-Henri. Pourtant un problème se pose pour les enquêteurs. Comment prouver que la société a opéré dans l'illégalité Jusqu'à preuve du contraire, vendre un bien aussi du prix du marché n'est pas interdit. Et puis ce roche noir, il était malin. Il a profité d'une législation pas très claire pour concevoir une ville à gaz difficile à attaquer.
Dans les semaines qui suivent, les fonctionnaires du ministère des finances remontent le fil de toutes les transactions. Et bien à force de travail, tout de même, ils arrivent à accumuler suffisamment de pièces pour prouver qu'une partie des intérêts, les fameux 10 virgule vingt-cinq pour 100 ont été payés avec les apports des nouveaux épargnants et que Frank Hale a détourné au bas à mots trente-deux 1000000 de francs au détriment de milliers de souscripteurs. Finalement, le 5 juillet mille-neuf-cent-soixante-et-onze, comme nous l'avons raconté au début du récit, un article du Monde révèle l'affaire au grand public. Sommet de s'expliquer, Frankel convoque la presse 2 jours plus tard, le 7 avant d'être inculpé, le 9. Les charges lourdes, escroquerie, abus de confiance et abus de biens sociaux.
Puis quelques jours plus tard, c'est au tour du député Rivenrie. Après une première audition face aux juges, il répond à quelques questions au micro de France Inter.
C'est aucun doute que je suis parfaitement innocent, il était parfaitement nécessaire également que je sois entendu et peut-être même inculpé de manière à ce que la situation s'exerce. Si c'était la place du ministère des finances,
j'aurais fait exactement la même chose, je me serais informé, c'est ce qu'a fait le ministre des finances.
Les Français découvrent alors la collusion malsaine entre la spéculation immobilière et la politique en particulier chez les gaullistes. Et au passage, ils découvrent Giscard. Face aux journalistes, le ministre joue la partition du responsable intègre, loin des petites combines des vieux amis du général. 2 ans plus tard, en octobre soixante-treize, le procès de la garantie foncière s'ouvre enfin. Très suivi, les débats s'orientent rapidement sur le volet politique de l'affaire.
À la barre, les 3 prévenus passent sous le feu des questions bien sûr, Ont-ils profité de complaisance à l'intérieur de l'appareil d'État Quel rôle a joué le parti gaulliste Pendant les 3 mois d'audience, l'opinion
se
passionne une dernière fois pour la garantie foncière. Il faut dire qu'entre temps, plusieurs affaires similaires ont éclaté. Parmi elles, citons celle du patrimoine foncier, une société gérée par un autre député. Ou encore le scandale de la financière de participation, une entreprise à un seul employé, un certain Jean Pinory, qui promettait à ses souscripteurs un rendement délirant de 15 pour 100. Autrement dit, dans le petit théâtre politico-magouilleur, les acteurs changent, mais la pièce reste la même.
Finalement, en mars soixante-quatorze, le jugement tombe, Robert Frankin, André Ayimanoui et Victor Henoir sont condamnés à des peines d'emprisonnement. 4 ans et demi ferme pour le fondateur et dix-huit mois avec sursis pour le député. Depuis son bureau du palais du Louvre, Giscard esquisse un sourire. Le ministre peut à son tour savourer le succès. Désormais incontournable au gouvernement, VGE se lance un mois plus tard dans son ultime revanche sur les gaullistes d'élections présidentielles.
Jouant sur son image de probité, son refus des petites combines, mais aussi sur sa proximité avec le pouvoir, il s'est fait élire sur une ligne typiquement centriste, le changement sans le risque ou le changement dans la continuité. Autrement dit sur un positionnement situé entre la lassitude des français pour le gaullisme et leur timidité face à l'aventure socialiste.
Le changement pourquoi Parce que le monde change, parce que le temps change, parce que vous changez et que la politique française doit s'adapter à ce changement. Les français le savent mais ils ont une certaine inquiétude sur les conséquences du changement, C'est pourquoi je vous propose le changement sans le risque.
Avec cette stratégie Giscard écrase au premier tour son concurrent direct le gaulliste Jacques Chapandelmas trahi par les pompidolia avant de remporter le dix-neuf mai son duel final contre François Mitterrand. Pour les Français, l'affaire de la garantie foncière semble déjà loin. L'année précédente, le choc pétrolier a sonné le gars des 30 glorieuses, une nouvelle législation sur l'immobilier a rendu l'accès au secteur plus difficile pour les mercenaires du foncier. Giscard à l'Elysée et Frankella à la santé. Au fond de sa cellule, l'ancien patron rumine.
La pierre, celle qui a fait son bonheur est désormais son cachot. Il ne le sait pas encore, mais la spéculation folle n'en est qu'à ses débuts, car entre les années soixante-dix et aujourd'hui, le prix du mètre carré parisien a été multiplié par 10. Vous vous écoutez Affaires sensibles sur France Inter, aujourd'hui la garantie foncière, notre invité Jean Garrigues, bonjour.
Bonjour Fabrice Drouelle.
Historien, spécialiste de la Cinquième République et de ses magouilles, entre autres. Vous êtes l'auteur des scandales de la République de Panama à l'affaire Elfe paru chez Robert Laffont et vous avez dirigé le livre, Histoire secrète de la corruption sous la Cinquième République paru lui aux éditions du Nouveau Monde. 2 questions sur la garantie parce que j'espère qu'avec le récit on était assez complet. Peut-on parler vraiment de scandale d'État
On peut parler d'un scandale politique, ça c'est sûr et on n'est pas loin du scandale d'État dans la mesure où je parlerai d'un règlement de compte de au niveau de, au plus haut niveau de l'État, puisque vous l'avez souligné, il s'agit quand même d'une affaire qui est un règlement de compte entre d'un côté Valéry Giscard d'Estaing et de l'autre côté des proches de Jacques Chaband-Delmas qu'on va retrouver tous les 2 comme adversaire à l'élection présidentielle de mille-neuf-cent-soixante-quatorze. Alors ça représente aussi d'ailleurs un règlement de compte entre 2 clans d'une part celui de Valéry Giscard d'Estaing, ces républicains indépendants qui sont en pleine ascension enfin autour essentiellement de de la personne et de la personnalité de Giscard et l'autre côté la vieille garde gaulliste, qu'un cas que représente aussi bien Chaban qu'André Riv Henry qui est un ancien résistant décoré, vieux vieux gaulliste qui a été secrétaire général adjoint de
Un baron.
Un baron du gaullisme. Il y a eu André Roland aussi qui était lui impliqué dans une autre affaire qui s'appelait celle de patrimoine foncier. Donc il y a l'entourage de Chaban delmas d'un côté et de l'autre Valéry Giscard d'Estaing en pleine ascension qui essaye de dégommer ses adversaires et ce qui fera dire à son alter ego Michel Ponyatowski, les copains et les coquins.
Ah ça
vient de lui.
Ça vient de lui, c'est c'est c'est qui dans un magazine s'appelle l'économie a parlé de ses copains et de ses copains de de ce système on dirait aujourd'hui le système gaulliste qu'il fallait essayer de supprimer en fait.
Donc Giscard en chevalier blanc comme Exactement. Avec ces petits cavaliers blancs autour. Exactement. Et et on parle à ce moment-là d'un gaullisme immobilier, de quoi s'agit-il Ce sont d'autres affaires immobilières comme ça
Oui, il y a une succession d'affaires à ce moment-là qui sont j'allais dire presque logiques puisque les gaullistes tiennent véritablement les pouvoirs dans cette société française des années 60, non seulement les plus voir nationaux, mais locaux aussi et et partout d'autres d'autres affaires éclatent d'ailleurs de pots-de-vin pour l'attribution de de d'hypermarchés ou de supermarchés, il y a énormément d'affaires de de ce style qui éclate dans ces années 60
Oui parce que les supermarchés arrivent à ce moment-là.
Voilà exactement et et donc là avec cette hyper croissance des années 60, les appétits, mais vous l'avez bien bien souligné cette frénésie de de logement et bien la plupart des grandes sociétés immobilières, ces fameuses SCPI prennent pour se légitimer des des hommes politiques au pouvoir, quelquefois plus ou moins impliqués comme Victor Rochenard qui était quand même avocat conseil de de la société garantie foncière et et et ces gens-là à plusieurs reprises sont impliqués dans les scandales, il y aura aussi Philippe de Chartres qui était ministre à l'époque qui était qui représentait l'aile gauche d'ailleurs
Des gaullistes.
Des gaullistes de gauche et qui était Et qui
était du châteauroux ou de l'Ambre.
Oui c'est ça et qui était impliqué lui dans une affaire de promotion immobilière sur l'île de Ré. Donc il y a plusieurs comme ça plusieurs élus qui vont être impliqués et il y aura il faut s'en souvenir aussi en dix-neuf-cent-soixante-douze une affaire qui va éclabousser vraiment tout tout le toute la toute la galaxie gaulliste qui est l'affaire Aranda de ce ce fonctionnaire de ministère de l'équipement qui a dévoilé comme ça tout un ensemble de comment dirais-je d'attribution de marché de de d'affaires très frauduleuses qui impliquait comme ça des des responsables gaullistes.
Alors on va parler de Giscard justement parce que les affaires de ce type ne sont vraiment intéressantes que lorsqu'elles ont des prolongements politiques, sinon c'est du fait d'hiver. Et Giscard, alors j'ai regardé figurez-vous hier en préparant cette émission, j'ai revu le documentaire de de pardon partie de campagne.
Je l'ai revu aussi comme vous il y a quelques jours.
Je vous ai vu. Alors c'est formidable parce que Giscard est le premier roi de la com, d'autant plus que ce film-là est à l'initiative de Giscard, il se met en scène et ensuite il va vous passer par le film parce qu'on me voile me me baigner là, ça va pas du tout. Bon, comment il est il est perçu ce ce Giscard qui est déjà dans la com avant d'être président
Oui Giscard comme vous l'avez dit, Giscard était très influencé par JFK, par John Fitzgerald Kennedy. Je pense que c'est déjà lorsqu'il était secrétaire au budget, c'est-à-dire on est dans les années cinquante-neuf, 60, qu'il a été amené à partir aux aux États-Unis et au début de de la présidence de Kennedy, il a été, il a été amené à côtoyer Kennedy, il l'a vu aussi dans les médias, et caetera et il s'en est beaucoup inspiré pour sa communication très moderne et alors il a eu aussi ce ce talent, mais ça c'est venu un petit peu plus tard de comprendre ce qui s'était passé en mai soixante-huit, qui avait là une génération qui aspirait justement à se faire entendre, à changer de vie, à changer cette société un peu archaïque qui était celle du général de Gaulle et donc Giscard a compris un peu les codes que que que voulait cette jeunesse, en soixante-quatorze il va faire campagne avec sa fille, il fait campagne, c'est la campagne de la modernité, il dévoile son corps, son corps de sportif, enfin il se voulait comme ça, il est dans la séduction permanente, donc c'est quelque chose de tout à fait nouveau par rapport à cette vieille garde gaulliste.
France inter.
Affaire sensible,
Fabrice de Rouël.
Jean Garrigues, je peux vous poser une devinette.
Avec plaisir.
Bon alors, le jeu, c'est qu'il faut donner un nom au portrait qui correspond et que je vous trace maintenant, d'accord Jeune ministre des finances qui prépare son coup pour la prochaine présidentielle quand il est déjà ministre des finances, c'est un centriste libéral sans grand parti politique. Il est jeune, élu jeune, sa roda com et devient président de la République jeune. De qui s'agit-il
Écoutez, on pourrait dire Valéry Giscard d'Estaing dans les années soixante-dix, mais aujourd'hui un certain Emmanuel Macron pourrait tout à fait correspondre à ce profil.
On est
d'accord, il y a des analogies.
Alors ça ça va là,
il y a des différences et puis les enjeux ne sont pas les mêmes, l'époque n'est pas la même, mais il y a des analogies.
On pourrait y ajouter, j'allais dire le en même temps parce qu'il ne faut pas oublier que que le projet de Giscard, c'était de réunir 2 Français sur 3, des gens qui auraient pu venir de la gauche, du centre, de la droite, alors était clairement marqué à droite quand il a fait les débuts de sa carrière, mais son ambition, c'était effectivement de de rassembler comme ça et c'était au début en deux-mille-dix-sept le projet aussi de d'Emmanuel Macron. Donc vous avez raison, il y a énormément d'analogies, s'il y a un personnage politique de notre histoire à comparer avec Macron ou plutôt à qui Macron devrait être comparé, c'est plutôt à Giscard.
Et même d'ailleurs dans son rapport au peuple.
Dans leur rapport au peuple. Exactement. Dans cette alors ça c'est très c'est très complexe parce que Giscard a couru pendant tout son tout son septeda et même avant après le peuple. C'est-à-dire que c'était un grand bourgeois à se faire aimer du peuple. C'était un grand bourgeois, plus qu'un grand aristocrate en réalité, mais c'est un grand bourgeois, un technocrate
Un bourgeois
éclairé, on peut dire. Un bourgeois éclairé, un surdoué, ce sera un point commun avec avec Macron, il faut le reconnaître, mais on le voit invitant des éboueurs, s'invitant chez les Français tous les mois dans cette quête perpétuelle d'un d'un contact de proximité et on voit bien que c'est aussi ce qui manque beaucoup ce qui a manqué
à à
Emmanuel Macron et qu'il court en permanence après après cette après ce contact avec le peuple, il m'a été donné de le suivre dans les les 3 jours des des commémorations du débarquement et j'ai vu à quel point il était friand de ce contact direct avec avec les Français, mais pouvant y rester des heures et des heures à discuter, à serrer des mains, et caetera et malgré ça incapable d'arriver justement à à à creuser ou plutôt à à combler ce ce fossé de de de cet écart, je dirais, entre celui qui incarne les élites et puis et puis la population.
Justement, concernant la dissolution annoncée dimanche soir, bon la question est claire que cherche Emmanuel Macron, j'ai envie de vous dire, mais qui est Emmanuel Macron
Oui, c'est effectivement c'est ça ça ça reste un mystère parce qu'on peut le considérer comme une sorte de technocrate de la startup nation, mais en même temps, c'est quelqu'un qui est très attaché à l'identité, à l'histoire, la culture française, c'est c'est très compliqué de savoir où il se où il se situe d'ailleurs, je parlais tout à l'heure de et à droite et et à gauche, très compliqué aussi de savoir ce qu'il veut exactement. Bon, il a décidé là de prendre une une décision historique, mais qui est un pari extrêmement dangereux puisque menaçant de de faire arriver au pouvoir, ce serait un événement enfin de cataclysmique l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir, c'est quelque chose qu'on n'a pas connu depuis les ultras de la restauration en fait depuis dix-huit-cent-quinze avec l'internet de Vichy, mais qui est qui est un contexte tout à fait spécial. Donc il prend ce risque et en même temps il nous dit dans sa conférence de presse, mais oui toujours en même temps, il nous dit dans sa conférence de presse et ça peut s'entendre que ce qu'il cherche, c'est avant tout une clarification des positions politiques et que véritablement se dévoile le véritable visage du rassemblement national et de l'autre côté essentiellement de la France insoumise.
Donc c'est c'est quelque chose qui théoriquement peut tout à fait se se justifier, mais est-ce que ça relève d'un calcul politicien cynique ou est-ce que c'est au contraire
J'allais vous poser la question, est-ce que vous croyez à cette hypothèse cynique qui consiste à confier le pouvoir au rassemblement national
provisoirement
de façon à lever l'hypothèque, est-ce que vous y croyez à ça
C'est c'est une c'est une possibilité, on ne peut pas l'écarter. Emmanuel Macron est un fin politique, la preuve comment il a réussi à prendre le
pouvoir en
deux-mille-dix-sept d'où il venait et dans les conditions qui étaient qui étaient les siennes, il a beaucoup profité de la du délabrement des partis traditionnels, de la de la division des partis traditionnels, mais enfin, il est capable de d'avoir eu ce ce ce calcul de se dire, la plupart des des premiers ministres se sont usés à Matignon, si Jordan Bardella s'use comme c'est prévisible dans l'exercice du pouvoir, il va délégitimer le rassemblement national et ce sera beaucoup plus difficile ensuite pour Marine Le Pen, ça peut être un calcul.
Alors si on veut continuer avec les comparaisons avec d'autres présidents, ça c'est un côté un peu mitterrandien quand même.
Ça c'est très mitterrandien effectivement, ce côté machiavélique.
Alors les scénarii possibles, la victoire du rassemblement national me semble être considérée par les médias comme acquise, elle n'est pas acquise en fait.
Elle ne l'est pas, elle ne l'est pas et là encore pour avoir un tout petit peu échangé avec Emmanuel Macron, elle ne l'est pas pour lui, mais il ne l'écarte pas non plus.
Bien sûr comment pourrait-il faire revenir Il
ne peut pas puisque la et les enquêtes qui ont été faites montrent que c'est tout à fait vraisemblable. En revanche, ce qui peut arriver me semble-t-il à l'heure actuelle de plus vraisemblable, qu'on se retrouve avec une situation qui va ressembler à celle d'aujourd'hui, c'est-à-dire que le rassemblement national progresse très largement, peut-être même qu'il est une sorte de une forme de majorité relative, mais qu'on se retrouve avec une une assemblée complètement éclatée avec un bloc d'extrême droite renforcé par quelques personnalités Des républicains. Des républicains, je ne cite pas de nom et puis un autre bloc de gauche qui semble se reconstituer même s'il y a beaucoup de tiraillements à l'intérieur de ce bloc et puis ce bloc central qui lui-même est très tiraillé parce qu'il faut quand même voir dans cette affaire que que ça soit Gabriel Attal le Premier ministre, Edouard Philippe, François Bayrou ont été pris de court par cette dissolution et que ça peut quand même poser des problèmes à terme.
Alors oui, est-ce que ça peut poser un blocage Quand quand on a une majorité relative, mais qui est relativement haute, on va chercher 5 pour 100 des députés pour faire passer une une loi selon l'inspiration sociale ou libérale de la loi, on va piocher d'un côté ou de l'autre, d'accord Mais quand on part à 30 pour 100, comment on les trouve les 20 pour 100 qui restent
Mais ce sera une situation d'ingouvernabilité Voilà,
c'est ça.
Et d'autant plus qu'on ne pourra pas dissoudre dans l'année qui viendra. Donc ça veut dire que cette situation à tout le moins elle peut durer pendant pendant un an alors ça dépendra aussi s'il advenait que le rassemblement national comme le prédisent les les les enquêtes ou ou les sondages arrivent en tête on aura une situation de cohabitation.
Mais le problème serait le même pour le gouvernement.
Exactement le même, exactement le même et pire encore parce qu'il est évident que Ça
sera plus difficile d'aller chercher Bien sûr, fera
tout ce qu'il pourra pour entraver la politique du du RN.
Alors imaginons une situation de
blocage, est-ce qu'une situation de blocage, est-ce qu'une situation de blocage, est-ce qu'une
situation de blocage de blocage institutionnel et politique peut déboucher sur une crise de régime
Oui, une situation de ce type peut déboucher effectivement sur une crise de régime, je suppose d'ailleurs que certains l'attendent, je ne pense pas que ça soit le cas évidemment des d'Emmanuel Macron qui de manière très j'allais dire là encore bonapartiste est persuadé je le suppose c'est quand même à mon sens son hypothèse première que malgré tout il va préserver un bloc central relativement fort qu'il va empêcher cette inéluctabilité de l'arrivée au pouvoir du du rassemblement national, mais je le répète là encore, c'est un pari extrêmement risqué et il y a un tel désarroi, plus que désaveu, je dirais désarroi de des citoyens face à leurs élites politiques et le spectacle qu'on est en train auquel on est en train d'assister notamment chez les chez les républicains, on donne une, je leur donne une un motif supplémentaire d'être d'être finalement dégoûté de la politique et c'est ça qui est dangereux.
Hier est-ce qu'on, est-ce qu'on change de de paradigme institutionnel et politique parce que aller chercher une majorité pour chaque projet de loi, c'est un raisonnement parlementaire
Oui.
Et qui qui est presque contre nature avec l'esprit de nos institutions, ce côté majoritaire et bipolaire.
Vous avez tout à fait raison car au fond c'était une pratique courante sous la troisième et la quatrième république surtout sous la troisième la quatrième république c'est encore différent on a des coalitions bâtarde mais qui arrive avant même que que que ne commence la session de à à à se à se mettre d'accord ou d'ailleurs à se disputer. Mais sous la troisième république, notamment dans l'entre-deux-guerres, il est très courant d'aller chercher en permanence des majorités de sur sur par texte, Par sur un texte, on va se se retrouver ensemble avec de centre gauche au centre droit, un peu de droite, un peu de gauche. Ça, c'est conforme à l'esprit des institutions de la troisième République, d'un régime parlementaire comme ils existent un
peu chez
nos voisins.
Chez nos voisins. Merci Merci infiniment Jean-Yves. Merci à vous.
Merci à vous.
Au revoir.
C'était affaires sensibles aujourd'hui, la garantie foncière, une émission que vous pouvez réécouter en podcast sur France inter point f r et ailleurs bien sûr à la technique aujourd'hui il n'y
avait pas
Affaire sensible est un podcast France Inter.