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France Inter. Aujourd'hui leur affaire sensible, l'assassinat Pierre Paolo Pasolini. Le 2 novembre mille-neuf-cent-soixante-quinze, au petit matin, le corps du cinéaste italien est retrouvé supplicié sur une place d'hostie près de Rome. Ecrivain, poète, réalisateur, essayiste, Basolini est au moment de sa mort une figure majeure de la vie artistique et intellectuelle de l'Italie, alors plongée dans la violence des années de plomb. Très vite, une affaire semble résolue.

Un prostitué romain de dix-sept ans, Pinope Losi s'accuse du crime, une prestation sexuelle qui aurait mal tourné. Mais il apparaît très vite évident que Pelosi n'a pas agi seul, que le meurtre a probablement été prémédité et que son véritable mobile dépasse le jeune homme. S'en suivent une enquête et un procès bâclé, des contre-enquêtes et des théories en tout genre dont la plupart point la mafia, l'extrême droite ou les 2. Une partie de l'Italie catholique et bien pensante se plaît avoir dans cette affaire sordide un châtiment pour cet intellectuel communiste homosexuel et prompt à dénoncer la corruption des classes dirigeantes et de la bourgeoisie dont son film salaud, les 120 journées de Sodome, est une métaphore dérangeante à souhait. 50 ans après, l'assassinat de Pierre Paolo Pasolini reste l'un des grands mystères italiens.

Notre invité aujourd'hui est René de Sécati, écrivain, traducteur, spécialiste de Pierre Paolo Pasolini, auteur de plusieurs ouvrages sur le cinéaste, dont une biographie rééditée en deux-mille-vingt-deux aux éditions Folio dans une version augmentée. Affaire sensible, une émission de France Inter diffusée en direct, récit documentaire, Eloïse Rambert, rédaction en chef Franck Cognard, chargé de programme, Rebecca Denante, réalisation Frédéric Fabrice Drouenne, affaires sensibles sur France Inter. 2 novembre mille-neuf-cent-soixante-quinze, Ostie sur la côte italienne à une trentaine de kilomètres de Rome. Il est une heure et demie du matin. Une voiture de la caraminier patrouille sur la route du Longjammaire.

Soudain, une Alfa Romeo surgit en excès de vitesse et en sens interdit. Les gendarmes italiens l'apprennent immédiatement en chasse. Quand ils arrêtent la voiture et mettent en joue le conducteur, voit sortir un très jeune homme aux cheveux noirs bouclés qui s'empresse de reprendre la fuite à pied. Alors il faut courir derrière lui pour lui passer les menottes. On dirait une scène de l'un de ses gialli, ses polars italiens des années soixante-dix.

Le fugitif s'appelle Giuseppeelozzi, il n'a que dix-sept ans, et il n'est pas censé être au volant d'une voiture de sport, voler de surcroît, une alpha 2000 GT métallisée. Les carabiniers identifient rapidement le propriétaire Pierre Paolo Pasolini, poète, écrivain, essayiste, journaliste, cinéaste très célèbre et assurément l'un des plus grands intellectuels italiens de son époque. La voiture au dépôt et Pelosia la prison promeneur de Casal de Marmo à Rome, il n'est pas dépaysé cela dit, ça fait un moment qu'il patauge dans la petite délinquance. Mais arrivé dans sa cellule, il s'épanche. Après tout, à quoi bon le cacher de toute façon, la police va le découvrir, il a tué Pasolini.

Aux premières heures du jour, un corps vite identifié comme celui du cinéaste et découvert près de la mer sur un petit terrain de football au milieu des déchets et des mauvaises herbes. Le quartier misérable est proche du bidonville. C'est une habitante de l'un des baraquements voisins qui déclare avoir aperçu le corps en premier. Et elle s'exprime devant les caméras de la Rail, la télévision italienne de service public.

C'est à cet endroit, exactement cet endroit-là il y a les taches de sang cachées par un peu de terre, que le corps de Pierre Paolo Pasolini a été découvert ce matin à la périphérie d'Austi. Madame Mariano Le Brigida a été la première à découvrir le corps, à quelle heure

À 6 heures 30, je sortais de la voiture, j'ai dit, mais regardez-les, ils jettent de plus en plus de déchets sur la

route. Je

me suis approché pour les ramasser et les jeter. Je suis arrivé à cet endroit-là il y a la boîte de conserve et j'ai dit,

mais ce

n'est pas un déchet, c'est un cadavre. J'ai couru vers mon mari et mon fils, je

leur ai

dit, regardez, c'est un mort, c'est un cadavre, c'est un mort, un mort. Alors mon mari m'a dit, va prévenir la police. Mon fils a couru prévenir la police et ils sont arrivés ensemble.

Et à quoi il ressemblait Comment il était habillé

De loin, j'ai vu un pantalon bleu clair et un maillot vert. Sa tête de ce côté et ses pieds de ce côté.

Le débardeur de repasolini est remonté dans son dos, sa ceinture est défaite, la fermeture éclair de son pantalon est baissée. À côté de lui 2 planches de bois, l'une est pleine de sang et des cheveux collés dessus, l'autre est cassé en 2. Sa chemise ensanglantée, à plus de soixante-dix mètres de lui. Il y a aussi des traces de pneus, de la grille d'entrée du terrain jusqu'à lui. Le corps est retrouvé face contre terre.

Quand les carabiniers le retournent, il découvre sa mâchoire fracturée, son oreille arrachée, ses phalanges fracturée et coupées, ses parties génitales tuméfiées, ses côtes cassées, a été massacrée. La nouvelle de sa mort horrible saisit l'Italie déjà plongée dans la violence. Le pays traverse une décennie noire, trouble, celle des années de plomb marquées par la lutte armée et les actes de terrorisme perpétrés tant par l'extrême gauche que par l'extrême droite, succession d'enlèvements, d'assassinats politiques et de balles perdues dont sont parfois victimes les passants. En mille-neuf-cent-soixante-quinze, en Italie, on tue et on meurt pour des idées ou pour être passé au mauvais endroit au mauvais moment. Le 5 novembre, lieu les funérailles de Pasolini, une foule immense vient lui rendre un dernier hommage, place Campori Fiori à Rome.

Des intellectuels, des acteurs, des metteurs en scène, des écrivains, des poètes et une masse d'anonymes. Parmi eux, il y a l'un de ses très proches amis, pas tout à fait anonymes d'ailleurs, l'écrivain Alberto Moravia. Au moment de monter sous Inestrane pour prendre la parole, ces notes lui échappent des mains. Alors il se lance et il improvise.

Ces derniers jours, j'ai été continuellement hanté par les images de la mort de Pierre Paolo Pasolini. Non seulement à cause de la cruauté, de l'atrocité de cette mort, mais aussi parce que je n'arrivais pas à en trouver le sens, la signification. Je veux vous dire que nous, ces amis, vous autres et en définitive tout le peuple italien avons perdu. Nous avons perdu un homme courageux bien plus courageux que beaucoup beaucoup de ses concitoyens et de ses contemporains nous avons perdu avant tout un poète et des poètes il n'y en a pas beaucoup dans le monde Il en est que 3 ou 4 par siècle.

À la

fin de ce siècle, Basolini sera l'un des rares à compter parmi les poètes.

Mais qu'on ne s'y trompe pas. Tout le monde n'est pas aussi déchiré par la disparition de Pasolini, une autre Italie sans forcément l'avouer et soulagé voire satisfaite, car l'homme était aussi admiré qu'il était haï. Pierre Paolo Pasolini cinquante-trois ans au moment de sa disparition, laisse derrière lui une oeuvre poétique littéraire et cinématographique majeure. Une oeuvre éclectique exigeante, métaphorique composée d'ombre et de lumière en neige à gauche. Lui est issu de la petite bourgeoisie, son père est militaire et sa mère institutrice.

Dans son premier roman paru en 1900 cinquante-huit, il dépeint une certaine jeunesse bien différente de la sienne et peu raconté celle des faubourgs romains. Les en question sont ces petits voyous qui vivent de menus larcins et de prostitution. On les appelle aussi en Italie, les vitelloones. Ils intéressent autant l'intellectuel basolini qu'il n'attire l'homme à titre personnel, car il n'a jamais caché son homosexualité. Son cinéma largement récompensé s'impose dès mille-neuf-cent-soixante-et-un avec notamment, l'évangile selon Saint Matthieu, théorème et bien sûr l'Inde, la salle de salaud, les cent-vingt journées de Sodome.

Dans l'Italie conservatrice des années 60 et soixante-dix, les thèmes qu'il aborde et sa personnalité sans concession lui valent un véritable acharnement judiciaire. Au cours de sa carrière, il sera poursuivi trente-trois fois par les tribunaux. Brillant, charismatique, ténébreux, visage comme découpé à la Serpe, Pasolini devient l'observateur le plus intransigeant des changements profonds de l'Italie de l'après-guerre. Nous avons perdu la voix la plus haute de notre mauvaise conscience, s'étrangule l'écrivain Vasco Parottoliini à l'annonce de sa mort. Car Pasolini fustige sans relâche le consumérisme, les médias de masse, la petite bourgeoisie corrompue et le conformisme.

Les personnes que j'aime le plus et de loin sont celles qui n'ont peut-être même pas été jusqu'au c m

un.

En d'autres termes, les gens qui sont d'une simplicité absolue. Je ne fais pas de rhétorique dans mes déclarations, je ne dis pas cela par rhétorique. Je le dis parce que la culture petite bourgeoise, du moins dans mon pays, mais peut-être aussi en France et en Espagne, apporte toujours de la corruption

et de l'impureté.

Alors qu'un analphabète, quelqu'un qui a juste fait l'école primaire, a une certaine grâce qui se perd ensuite dans la culture. Et puis après il y a un très haut niveau de culture. Mais la culture moyenne est toujours porteuse de corruption. Un auteur quand il est désintéressé, passionné

est toujours

une contestation vivante. Dès qu'il ouvre

Dès qu'il ouvre la bouche,

il conteste quelque chose au conformisme, à ce qui est officiel, à ce qui est étatique, à ce qui est national, à ce qui est en somme convient à tout

le monde.

Ainsi, dès qu'il ouvre la bouche, un artiste est nécessairement engagé. Pense couvrir la bouche est scandaleux toujours.

Marxiste convaincu, Pasolini est exclu du parti communiste en mille-neuf-cent-quarante-neuf pour homosexualité après une accusation de détournement de mineurs. Son engagement politique se fait alors hors des partis. Et si l'écrivain énerve à droite, il prend aussi des positions qui hérissent à gauche. Par exemple, quand il soutient les policiers contre les étudiants en soixante-huit, car ce sont eux selon lui, les fils du prolétariat, les flics. Non, pas ces jeunes nés avec une cuillère en argent dans la bouche et qui font des études.

Ou quand ils se prononcent aussi contre la légalisation de l'avortement ou du divorce. Pasolini n'en est pas moins un auteur homme qui conformiste subversif souvent pessimiste, toujours visionnaire. Et c'est donc, petit délinquant au droit sorti d'un film pasoliniien surnommé la grenouille qui s'accuse. Sa bague a même été retrouvée près du corps. Et voilà ce qu'il raconte à la police.

Le premier novembre, à vingt-deux heures 30, avec 3 copains, ils traînent près de la gare de Rome, la gare terminée, au lieu du trafic et des rencontres tarifées. Arrive alors auteur d'Inalfa Romeo. La vitre se baisse, un homme est au volant, ce n'est pasolini, mais Pelosi dit ne pas le connaître. Alors il lui propose de faire un tour, très bien. Les 2 s'arrêtent rapidement dans un restaurant l'écrivain a ses habitudes, Pasolini fait le plein d'essence et à vingt-trois heures 30, ils prennent la route pour hostie.

Pasolini veut emmener Pelotti dans un coin isolé. Là, ils feront ce qu'ils ont à faire et lui donnera 20000 livres. Ensuite, c'est l'histoire d'une légitime défense. Pasolini veut imposer une pratique sexuelle à Pelotti qui se rebelle. Le cinéaste devient alors violent, le jeune homme le frappe à la tête avec une planche, puis de toutes ses forces avec un bâton avant de partir en tronc, de rouler accidentellement sur le corps du poète et de se faire cueillir par la patrouille, fin de la déposition.

De remblais, beaucoup de proches de Pierre Paolo Pasolini n'y croient pas. Impossible qu'un Freud qui de dix-sept ans ait infligé de telles blessures à un homme plutôt fort, sportif en tout cas, habitué au monde de la nuit et toujours sur ses gardes. Et puis lorsqu'il était arrêté, les vêtements de étaient immaculés, pas une goutte de sang, pas une égratignure, invraisemblable pour un adolescent sans cesse être livré à une lutte à mort. Dès le lendemain, des journalistes qui connaissaient personnellement l'écrivain se lancent dans une contre enquête. Le vingt-et-un novembre, Poriana Faracci publia un scoop dans le journal l'Europeo.

Pelosi disposait de plusieurs complices. Et ce sont aussi les conclusions du journaliste Fourlio Colombo qui témoigne en deux-mille-vingt-deux dans un documentaire de la Rail intitulé Le cas Pasolini.

J'ai eu l'idée d'aller frapper à toutes les portes des baraquements qui entouraient la zone désolée ça s'est passé.

Et je

l'ai fait et je n'ai eu aucune réponse, sauf une, sauf une, celle d'un homme, tâche moyen qui m'a dit, j'ai entendu beaucoup de bruit, beaucoup de cris et venait de là,

c'est tout

ce que je peux dire, mais

il y avait beaucoup de monde.

Les témoins interrogés par la presse décrivent un passage à tabac infernal, interminable, 30 minutes d'agonie pour Pierre Paolo Pasolini. Ils criaient maman, maman rapporte des voisins et fait les enquêteurs ne prennent pas en compte leurs déclarations. Les journalistes exhortent bien les témoins à dire ce qu'ils ont vu et entendu cette nuit-là, mais ils refusent par peur des représailles. Les innombrables manquements de l'enquête sont aussi épinglés ils sont à peine croyable. Par exemple, le matin du 2 novembre, les policiers laissent agglutiner une foule de curieux autour du corps et donc piétiné la scène de crime.

L'Alfa Romeo reste 4 jours au dépôt avant d'être confié à la police scientifique, 4 jours, portières ouverte, exposée aux 4 vents et à la pluie de novembre. Et tout ça parce que l'instruction se focalise sur Punopelozzi et ses dires. Elle est bouclée en un temps. En Italie, la loi fixe à quarante-cinq jours maximum la durée des investigations dans les affaires impliquant des mineurs. Le 2 février soixante-seize, soit 3 mois après le meurtre, le procès de Perosi s'ouvre.

Le juge Alfredo Carlo Moreau préside. C'est le frère d'Aldo Moreau qui sera tué 3 ans après par le sérabisseur des brigades rouges. Face à l'incurie des enquêtes préliminaires, il demande des contre expertises au docteur Faustino sommité de la médecine légale en Italie. Or, l'expert ne croit pas à la thèse d'un garçon armé d'un ou 2 bouts de bois. Il s'exprime au journal télévisé le 7 octobre

Je suis arrivé à la conclusion qu'il y avait 2 aspects qui à mon avis n'apparaissaient pas trop dans le rapport d'expertise du tribunal et qui n'avaient pas tellement été pris en compte. L'un d'eux était qu'on avait volontairement roulé sur le corps, qui avait donc un caractère volontaire à cet écrasement. D'autre part, que les blessures de Pasolini n'avaient pas pu être causées par les objets qui ont été retrouvés, à savoir la fameuse planche et par ce bâton qui était plus ou moins comme celui-ci, de cette taille, très friable, très petit. Et qui donc ne pouvait absolument pas causer toutes les blessures que Pasolini a subies.

Au terme de 3 mois de procès, Pinopellotzi est reconnu coupable d'homicide volontaire avec le concours d'inconnu. Tel est le libellé parce que le tribunal s'est rangé à cet avis. Le jeune homme n'a pas pu agir seul. Il écope de 9 ans, 7 mois et 10 jours de prison. Se produit alors une chose jamais vue dans l'histoire judiciaire italienne.

Le parquet général attaque le jugement avant même d'en avoir lu les motivations. Ce concours d'inconnus de toute évidence appelle une réouverture de l'enquête. En appel, le parquet s'emploie à démonter point par point les éléments qui paient pour un crime collectif. Mais le verdict est finalement requalifié en homicide volontaire. Alors les complices disparus ou presque.

Leur présence est jugée extrêmement improbable. Tous ces Pessalmes juge à ses soeurs au premier procès exprime son amertume en 2000 vingt-deux.

Il y a eu une opposition de point de vue non seulement procédurale, mais idéologique. Entre ceux qui soutenaient que puisqu'il y avait des aveux, il était inutile d'enquêter au-delà et ceux qui au contraire, comme c'est écrit dans le verdict de première instance, ont affronté le procès comme on affronte tout procès la vie d'un homme a été ôtée. Et peu importe que cet homme soit un artiste reconnu dans le monde entier ou qu'il pense d'une manière ou d'une autre. Nous savions qu'il y avait eu des complices. Il devait donc y avoir un mobile, une cause, mais ils n'ont pas pu être identifiés.

Et ça en tant que citoyen, ça ne peut que nous laisser insatisfait.

Oui, c'est un peu comme si la justice avait peur de découvrir qui sont ces mystérieux inconnus et surtout leurs commanditaires. Se pourrait-il qu'il en sorte une vérité inquiétante Officiellement, Pasolini est donc la victime d'une vulgaire affaire de mort. Il avait une vie dissolue, il l'a payé, voilà tout. Difficile de ne pas voir là, la revanche de cette petite Italie corrompue et compromise que le poète a combattu toute sa vie. Et l'autre si lui s'accroche à son improbable version.

Il n'en démordera pas pendant 30 ans avant de changer son fusil d'épaule.

Vous

écoutez affaires sensibles aujourd'hui la mort violente et mystérieuse de Pierre Paolo Pasolini. Affaire sensible, Fabrice Drouelle. Pour le meurtre du poète italien, seul le jeune Pinopellozzi est donc condamné. Mais il ne reste pas longtemps derrière les barreaux. Dès l'année quatre-vingt-trois, il bénéficie d'une liberté conditionnelle.

Les années suivantes, il repasse ensuite régulièrement par la case prison pour divers délits. Il ne disparaît pas non plus des radars médiatiques, notamment parce qu'il publie une première autobiographie en mille-neuf-cent-quatre-vingt-quinze. Mais c'est en deux-mille-cinq qu'il fait une sortie fracassante dans l'émission de la rail, l'ombre du jaune, il honore une toute autre version d'affaires.

Je suis innocent et je ne suis le complice de

personne. Expliquez-nous mieux, vous n'êtes pas l'assassin de Pasolini

Non, j'ai vécu 30 ans dans la terreur. J'ai été menacé, moi,

ma mère, mon père.

Mais tant qu'ils sont morts, je suis seul. Je n'ai plus peur parce que j'ai fait vingt-deux ans de prison. J'ai quarante-six ans. Je suis seul. Je n'ai plus peur, sûrement parce que ces personnes sont soit mortes, soit âgées.

Mais je ne les connais pas, je le répète, je ne les connais pas.

Donc ce

soir vous nous dites, je ne suis pas l'assassin de Pierre Paolo Vasolini. Par ces mots, vous revenez sur une thèse que vous avez soutenue pendant 30 ans.

Penodzi ne donne que des indications très vagues sur ces personnes. Elles étaient 3, ont surgit dont on sait où. Les hommes en question avaient un accent sicilien ou calabré à les savoir. Et pendant qu'il massacrait, pas Zolini, ils auraient crié salpede, salcomeniste. Pelosi, lui, n'a pas participé à l'exécution, il a même essayé de le défendre.

Présent sur le plateau de la Raïs ce soir-là, les 2 avocats du cinéaste demandent immédiatement une réouverture de l'enquête. Refus du parquet de Rome pour cause de manque d'éléments. Difficile de se fier appel au en effet. Ces propos sont toujours assez douteux, trop d'incohérences. Il ne dit certainement pas toute la vérité.

Et puis, de toute évidence, c'est un homme qui ne dit pas non plus non à un peu de publicité. Les années suivantes, il n'aura de cesse de changer d'version et de lâcher des informations puis il semble revenir en mémoire comme ça à la faveur de la sortie d'un ouvrage ou d'un autre sur l'affaire. En 2011 notamment dans une deuxième autobiographie, il n'évoque non plus 3, mais 6 hommes. Il cite même 2 néo fascistes romains, les frères Borcelino. Problème, ils sont morts et les morts peuvent difficilement affirmer ou confirmer.

Il revient aussi sur un élément clé de ces témoignages précédents. Non, il n'a pas rentré Pierre Paolo Pasolini le soir du premier novembre mille-neuf-cent-soixante-quinze, mais au début de l'été de cette année-là. Et si Pasolini s'est retrouvé à Ostie, c'est parce que des gens lui ont intimé l'ordre de les conduire pour qu'il récupère des bobines volées de son dernier film, salaud ou les 120 journées de Sodome. D'ailleurs, un vol a bien eu lieu, c'est un fait avéré. Au coeur de l'été soixante-quinze, des négatifs en effet sont dérobés dans les studios romains de la technicolor, dont ceux du salaud de Pasolini.

Cette idée que le meurtre du cinéaste ait pu être en lien avec ce vol n'est pas nouvelle. Déjà en soixante-seize, le producteur italien Enrico Marossig évoquait cette piste au journal télévisé français.

Rosolini avait fait un film, les certains négatifs de ce film avaient été volés à la technicité et on avait demandé 1000000000 de lire pour les racheter, avec un film de féline aussi. Pasolini fut à l'origine du refus du producteur parce qu'il avait dit que lui était un grand artiste et il pouvait faire un film avec des déchets. Il paraît qu'une certaine mafia américaine qui était derrière tout ça avait juré de faire payer à Pasolini cette histoire.

Le producteur de Pasolini Alberto Rivaldi essaie d'abord de négocier le prix de la rançon mais ne rentre pas finalement dans le jeu des maîtres chanteurs. Tout compte fait, les dommages financiers et artistiques infligés ne sont pas si importants. Pressoli d'ailleurs ne semble pas particulièrement affecté par cette perte. En septembre et en octobre soixante-quinze, le cinéaste se consacre au montage de Salomé. Avec certains plans de second choix, c'est vrai.

Mais d'après son monteur, il est satisfait. Fin octobre, il a en main une première version de son film. Et quel film. Adapté

du

Marquis de Saad, c'est une oeuvre scandaleuse, noire, éprouvante, sur ce que le pouvoir fait subir aux hommes. Dans Salo, 4 dignitaires nazis fascistes en quarante-cinq infligent les pires sévissent à de jeunes gens séquestrés dans une villa de la république fantoche de Salo sur les rives du lac de garde. Le film, c'est à prévoir, va choquer. Fin octobre, Pasolini reçoit un coup de téléphone. On lui explique que le vol des bobines du film est une regrettable erreur et qu'en fait, on ne veut pas d'argent et que le fruit de son travail va lui être restitué.

Ce sont en tout cas les dires de Sergio Citi, ami et collaborateur de Pasolini. Depuis le jour de l'assassinat, il en est convaincu, sa mort est liée à ses bobines. Alors en deux-mille-cinq, lorsque Perlozzi évoque un crime collectif, il crie de nouveau sa vérité dans la presse. Peu avant sa mort, Pasolini doit se rendre à Stockholm à l'invitation du centre culturel italien suédois, puis à Paris pour superviser le doublage de Salo. La veille de son départ, il s'en ouvre à tchitti.

il doit partir mais à son retour il ira récupérer les négatifs. À Paris la veille de son assassinat il donne cette toute dernière interview télévisée en l'occurrence chez Philippe Bouvard.

Est-ce que vous allez être quand votre dernier film va sortir, il s'intitule les 120 jours de Sodome, une fois de plus celui par lequel le scandale arrive.

Je pense que scandaliser c'est un droit. Être scandalisé c'est un plaisir. Et le refus d'être scandalisé c'est un c'est une attitude moraliste.

Est-ce que vous avez parfois la la nostalgie de l'époque les gens vous insultaient dans la rue

On

m'insulte encore aujourd'hui. Et ça vous cause un certain plaisir

Je ne refuse pas parce que je ne suis pas un moralisateur.

Pourquoi avez-vous entouré le tournage des 120 jours de Sodome d'un tel mystère Ce mystère parce que toutes les oeuvres doivent être doivent mettre dans le mystère. J'ai essayé

de la défendre plus que les autres parce qu'il y avait des dangers

immédiats. Plus lourds, mais rien de spécial. Est-ce que vous appelez des dangers immédiats L'apparition d'un moraliste qui refuserait le plaisir d'être scandalisé.

Rentré à Rome et toujours d'après Sergio Citi, se serait rendu à Hostie dans le but de récupérer ces négatifs accompagnés de Pelosi qui peut-être, peut-être, a joué les facilitateurs. il serait tombé dans un piège tendu par la mafia sicilienne et le mouvement d'extrême droite Orginenero, l'ordre noir. Mais cette explication aussi des zones d'ombre. Enfin pourquoi le réalisateur ce serait-il autant soucier de ces rushes devenus inutiles En tout cas, la commission parlementaire italienne anti mafia, elle y croit. Le 16 décembre 2000 vingt-deux, elle rend un un rapport qui juge la piste crédible et l'audition d'un repentir de la pègre romaine qui confirme avoir participé au vol des bobines corrobore cette hypothèse.

Bien, mais pourquoi a-t-on tué Pasolini Après tout, la question reste entière. En soixante-quinze, l'homme a des ennemis partout. Comme le dit ses amis de l'époque, Pasolini, tout le monde l'a sur l'estomac. C'est qu'à force de rupture et de provocation, il s'est isolé, Pasolini, et il dérange plus que jamais. Son exécution pourrait être due à ses écrits, beaucoup le pensent.

Et on l'a dit au début de ce récit. Pasolini est aussi journaliste. Et au début des années soixante-dix, il publie ses articles dans les colonnes de journaux de tous bords comme pas de Cera Imondo ou dans le quotidien il corriere de la Cera classé au centre droit typiquement le journal de cette petite bourgeoisie milanaise qu'il exècre. Le 14 novembre soixante-quatorze, par ce qu'on dit à confectionner et imprimer à Milan, il écrit un éditorial très violent titré le roman des massacres. C'est une charge frontale contre la classe dirigeante italienne qui l'accuse d'ourdir la violence qui ensanglante le pays depuis le début des années de plomb, 5 ans auparavant.

Sa pensée est limpide et son constat lucide, Ceux des palais de la république et ceux qui contrôlent l'information connaissent l'identité des responsables de ces attaques terroristes, ils ont des preuves qui permettraient d'épingler cette bande de thouars et leurs commanditaires. Mais tous se tiennent par la barbichette et se taisent, car ils ont des intérêts communs. Voici les mots de Pasolini.

Je

sais, je sais les noms des responsables du massacre de Milan, le 12 décembre mille-neuf-cent-soixante-neuf. Je sais les noms des responsables des massacres de brescia et bologne dans les premiers mois de 1974 je sais les noms de ceux qui entre 2 messes ont donné des instructions et assurés de leur protection politique de vieux généraux, de jeunes néo fascistes et même néo nazis, et enfin des criminels ordinaires. Je sais, mais je n'ai pas de preuves, ni même d'indices. Je sais

parce que

je suis un intellectuel, un écrivain qui s'efforce de suivre tout ce qui se passe.

Au moment de savoir, Pierre-Paul Opasolini travaille à un projet d'envergure et tout le monde le sait depuis plusieurs mois. Commencé un livre qui m'occupera peut-être pour le reste de ma vie, dit-il en janvier soixante-quinze à la Stampa, le grand journal turvinois. Je ne veux pas en parler et pourtant, sachez qu'il s'agit d'une sorte de somme de toutes mes expériences. Ce livre, c'est Pétrole. Pasolini l'imagine en 2000 pages, il ne pourra en écrire que 500.

L'ouvrage s'annonce comme une fresque romanesque autour de la mort mystérieuse d'Enrico Mattei, magna du pétrole, il disparut en mille-neuf-cent-soixante-deux dans un crash d'avion et dont nous vous avons raconté l'histoire dans un autre numéro d'affaires sensibles. Dans les pages de pétrole, Mattei et son successeur à l'ennemi, la société italienne des hydrocarbures, Genius et fils apparaissent soudainement emprunt, mais ils sont parfaitement identifiables. Pasolini développe une thèse. Ses fils auraient fait liquider Matei pour prendre sa place. L'auteur l'a-t-il payé de sa vie Après tout, c'est arrivé à d'autres avant lui.

En soixante-dix, Mauro di Mauro, un journaliste qui enquêtait sur la ferme ATELI était supprimé vraisemblablement par la mafia. Et mystère dans le mystère, un chapitre du livre aurait été volé au domicile romain de Pasolini après sa mort. Le lien entre le crime et le roman est entouré de beaucoup de fantasmes. Dans les faits, il ne l'inquiétait pas lui-même sur la ferme ATELI. Donc, rien ne laisse penser que Pasolini était en possession d'informations inédites et compromettantes.

Il l'a dit lui-même dans son article, il n'a pas de preuve, à moins qu'il n'en ait obtenu quelques-unes entre temps. Durant les dernières semaines de sa ville se dit victime de. Menaces. Plusieurs témoins trouvent d'ailleurs Pasolini nerveux, agité, pessimiste, notamment un journaliste du Dominica del Corelre qui l'accompagne à Stockholm quelques jours avant sa mort. Dans le documentaire Le Capasolini de 2000 vingt-deux, Giovanni Giovannetti, journaliste et auteur de plusieurs enquêtes sur l'affaire, rapporte une anecdote jacente relative à ce même séjour.

Quelques jours avant sa mort, il est en Suède. Il est à table avec quelques personnes dont son éditeur et son traducteur. À un moment, Pasolini s'absente et l'entendent dire j'ai peur. Mais il parle tout seul. Qu'est-ce que tu as dit Pierre Paolo Qu'est-ce Qu'est-ce que j'ai dit Tu as dit que tu avais peur.

J'ai dit que j'avais peur, ce n'est pas vrai. Je n'ai pas dit que j'avais peur, je n'ai pas peur. Je savais qu'il était en danger.

Le premier novembre entre 16 heures et dix-huit heures, accorde une ultime interview aux journalistes au four you Colombo. Il parle société italienne éducation progrès. L'écrivain tient aussi des propos plus personnels et très troublants à posteriori. Pour la vie que je mène, il y a un prix à payer, c'est comme quelqu'un qui descend aux enfers déclare-t-il. À la fin de l'entretien, il n'est pas complètement satisfait de ses réponses.

Donc il enverra des notes le lendemain à Colombo. Avant de l'équité, le journaliste lui demande s'il a une idée de titre pour l'interview. Pasolini hésite et lui répond, tu ne sais jamais qui est en train de penser à te tuer. Mais ce titre, si tu veux, on va prendre celui-là, tiens, nous sommes tous en danger. Le soir même, il est assassiné.

Presque 50 ans après les faits, nous ne connaissons toujours pas le nom des meurtriers ni leur mobile avec certitude. La justice rouvre pourtant le dossier en 2008, car 5 traces d'ADN sont retrouvées sur le pull de Pasolini. Mais l'affaire est classée en deux-mille-quinze, sans avoir pu trouver à qui appartenaient ces empreintes génétiques. Reste que les amis de l'écrivain sont hélas. En mars deux-mille-vingt-trois, ils demandent une troisième réouverture du dossier.

L'un d'eux, David Griaco, confie alors son amertume, mais aussi ses espoirs à une agence de presse italienne.

N'oublions pas

que Pasolini, malgré le centenaire de sa naissance, malgré tout ce qui s'est passé, reste pour la justice italienne, un homosexuel qui prend un jeune garçon à la gare, fait 30 kilomètres et l'emmène à l'hydrobase, Tostie. Et quand le garçon a des doutes, ne veut plus de cette relation, il lui saute dessus, le bat, l'écrase et s'en bat. C'est la vérité judiciaire que nous avons et

c'est honteux.

Si nous pouvions identifier, non pas tant les assassins, si tant est qu'il y en ait un qui sont

encore en

vie, mais les

donneurs d'ordre. L'affaire

Pasolini pourrait être une clé pour accéder à toute la période de la stratégie de la tension en Italie, qui est un énorme morceau d'histoire que nous n'avons pas, que nous ne pouvons pas transmettre à nos enfants et que nous n'avons pas résolu.

Nouvelle porte qui se ferme. En novembre dernier, le parquet de Rome estimait qu'il n'y a pas matière à se replonger une nouvelle fois dans ce traumatisme national. Et il y a maintenant bien peu de chance que la lumière soit faite sur la disparition de Pierre Paolo Pasolini. Reste à son heure cinématographique en premier lieu dont l'évangile selon saint Matthieu témoignage de son catholicisme chevillé au corps, communiste et catholique, Pasolini aura toute sa vie brouiller les pistes. France

Inter,

affaires sensibles, Fabrice Drouelle. Aujourd'hui la mort de Pierre Paolo Pasolini, notre invité René de Seccati, bonjour.

Bonjour.

Vous êtes écrivain traducteur spécialiste de Pasolini, auteur de plusieurs ouvrages sur lui, dont une biographie rééditée en deux-mille-vingt-deux aux éditions Folio dans une version augmentée et à l'occasion du centenaire de la naissance de Pasolini qui est à Bologne, on ne l'avait pas dit, voilà c'est dit. J'ai envie de vous demander d'abord votre intime conviction, vous n'êtes pas journaliste judiciaire, mais votre intime conviction sur la mort de de Pasolini.

Moi, je suis du même avis que David Griezk, au au de toutes les personnes qui ont réouvert à titre privé ou journalistique le procès enfin ils ont essayé. C'est évident maintenant que que ce qu'avait dit Oriana Fallacci d'ailleurs vous avez cité l'article qu'elle avait publié dans l'Europeo, c'est évident que Pelosi n'était pas seul et que moi moi je je je suis prêt à croire le deuxième livre de Pelosi parce que dans ce deuxième livre il explique comment au fond, Paolini l'a suivi uniquement pour ne pas le mettre dans l'embarras. Je pense que Paolini, bien sûr qu'il se savait menacé, mais il se croyait plus fort qu'elle n'était et donc il a accepté d'aller sur cette plage d'hostie et puis l'attendait des inconnus et donc c'est ça ça a très mal tourné. Moi moi je me suis longtemps interrogé est-ce que le le meurtre était vraiment programmé ou est-ce que ce n'était pas une simple intimidation Intimation,

mais ça pourrait être ça.

Très très musclé mais c'est pas une intimidation et que ça a mal tourné effectivement. La chose très très complexe que que que montrent tous les livres qui ont été écrits sur la mort de Pasolini, c'est qu'il y avait des commanditaires qui ne se connaissaient pas entre eux, c'est-à-dire qu'il y a eu plusieurs couches de de de D'agresseur. Enfin les agresseurs et des petites mains en fait et donc c'était en effet la pègre probablement la pègre rue de Catane comme on l'a laissé entendre et et aussi le la bande de la Maliane qui était une bande donc de la banlieue de Rome qui était facilement utilisable pour ce genre de choses. Maintenant qui était derrière, ce n'était pas uniquement d'ailleurs l'extrême droite, le problème, c'est beaucoup plus grave.

C'était la démocratie chrétienne. Oui, la démocratie chrétienne.

Et alors là, bon, à partir du moment le gouvernement a envie de se débarrasser de quelqu'un, il a de très très bonnes armes pour cacher tout. Voilà donc on est dans une situation au fond que je ne croyais pas possible en démocratie, mais qui finalement était possible dans cette Italie-là.

Alors on ne peut pas prétendre comprendre Pasolini, on n'a pas beaucoup lu autour de lui et notamment livre, parce que c'était un

homme à la pensée très

complexe, avec des prises de position étonnantes, notamment pour un homme de gauche, on l'a dit, il était contre la légalisation de l'avortement ou du divorce, ça, c'est son côté chrétien, j'imagine. Il était Pas uniquement, ah oui, dites-moi.

Non non, à propos du du, il faut nuancer un petit peu pour l'avortement parce que l'avortement il n'était pas hostile à l'avortement thérapeutique bien entendu ou à l'avortement après un viol donc ce n'était pas la position sectaire réactionnaire, mais simplement il pensait que l'avortement banalisait les rapports hétérosexuels entre entre hommes et femmes et occultait une autre sexualité, et ça a lutté le côté militant un peu inattendu. Mot sexuel, d'accord. Oui oui, c'est à dire qu'il pensait qu'il y avait une vulgarité hétérosexuelle qui s'était mise en place et que d'une certaine manière il avait favorisé de par ses propres films.

Comment vous résumeriez votre sa pensée alors c'est que c'est difficile parce que justement elle est très complexe, elle est contradictoire. Qu'est-ce qu'est-ce qui l'animait, qu'est-ce qu'il cherchait au-delà de son art et aussi à travers son art

Vous savez c'est un poète, il ne faut pas, il ne faut jamais oublier que Pasolini est un poète et donc il exprimait sous forme poétique ces prises de position. Le, on a cité pendant pendant le sujet le le fameux poème contre les étudiants, mais c'était un poème qui a été présenté comme un comme une espèce de pamphlet, comme s'il avait écrit un article parce que le le le texte apparu dans les splé, dans un hebdomadaire, mais en fait il avait une pensée poétique qui était ambiguë, ce n'était pas uniquement pour défendre les policiers, après il l'a commenté très longuement, vous voyez donc, on le problème c'est qu'il s'exprimant dans des grands journaux dont le collègue assez en première page on avait on avait un peu tendance à le transformer en éditorialiste qu'il n'était pas parce que il faisait les films, il écrivait des livres complexes et donc il a été si vous voulez pousser dans les positions caricaturales qu'il a payé très cher parce que ses lecteurs ne le comprenaient pas complètement alors ce n'était pas justement aussi en disant qu'il valait mieux ne pas avoir fait d'études et s'arrêter au court moyen que que les choses allaient s'arranger donc il finissait par avoir des positions assez inacceptable en disant qu'il fallait fermer les écoles, et caetera.

Bon, ce n'est pas parce que sa haine de la petite bourgeoisie lui faisait prendre des positions extrêmes sans se rendre compte qu'il avait face à lui des ennemis très puissants et très très puissants.

Et qui

avait des leviers. France Inter, affaires sensibles. Aujourd'hui la mort de Pierre Paolo Pasolini. René de Ségati, vous avez traduit Pétrole, le livre dont on a parlé, roman inachevé, il voulait en faire à deux-mille pages, je crois qu'il en a écrit cinq-cent, vous savez cinq-cent pages à traduire. Oui, un

peu plus parce qu'en plus moi, mais il y a les commentaires qui sont nécessaires pour la lecture de ce livre, c'est un livre extrêmement complexe, en effet il voulait tout mettre, c'est-à-dire que il y a au centre l'enquête en effet sur la mort de Matei qui qui justifie le titre du livre, mais il y a beaucoup d'autres choses parce que c'est un livre aussi qui voulait changer le statut du roman, donc il y a une partie théorique qui est importante et je dis toujours qu'il faut lire en même temps que Pétrole, description, description qui sont ces critiques littéraires, parce qu'on voit quelles sont les sources de Pétrole, enfin des, il a fait beaucoup de lectures sur l'anthropologie, sur la poésie bien sûr, sur les différents grands romans classiques dont ceux de Dostoïevski parce qu'en fait pétrole intègre de nombreuses pages, des chapitres entiers de de de des démons de Dostoïevski et il y a en même temps une sorte de de rêve d'un film qu'il pourrait tourner et donc il y a une partie qui qui apparaît un peu comme un scénario à l'intérieur du livre et il y a aussi une prise de conscience de sa propre sexualité, mais dont il ne parle pas de manière directe, vous voyez donc il y a une partie sexuelle très très importante dans le livre dont un chapitre qui souvent est d'ailleurs représenté au théâtre et qui est le le chapitre de la vie à de de la vie à Casilliina qui on voit le personnage principal avoir des rapports sexuels avec une cinquantaine de garçons donc c'est un évidemment un chapitre extraordinairement provoquant et et il se, il fait un autoportrait, mais ambigu parce qu'en réalité le personnage n'est pas lui.

Vous voyez et donc et tout est

et Toujours toujours cette ambiguïté, cette, il convoque notre réflexion, notre intelligence, c'est le moins qu'on puisse dire. Je ne sais pas, donc il n'est pas forcément abordable et dans son cinéma et dans sa littérature. Ça dépend. Il est exigeant quand même.

Ça dépend, il y a des poèmes, vous savez, si si Pasolini appartient maintenant comme l'a dit Moravia, au fond c'est un des plus grands poètes du vingt-et-unième siècle, il le doit à 2 ou 3 poèmes qui sont très faciles à lire. Le le supplie qu'à ma mère est un poème d'une très grande facilité à un pape il s'en prend à à à à Pie 12 est un poème absolument limpide. Vous voyez, il a écrit aussi des poèmes très limpides, mais bien sûr c'est une oeuvre difficile et son cinéma de la même manière.

Alors justement son cinéma, il y a le fameux salaud le 120 journal de Solène, je ne vois pas que ce film-là occulte tout le reste, Mais enfin quand même celui-là, il pose question. On peut y voir une métaphore de la déliquescence de la bourgeoisie italienne et peut-être même de de son gouvernement piloté par la démocratie chrétienne si longtemps. Qu'est-ce qu'il veut nous dire à travers ce film qui est difficile à regarder N'est-ce que c'est à regarder C'est d'ailleurs difficile de tenir jusqu'au bout. Beaucoup de gens partent nous dire.

Oui, moi j'ai assisté au d'ailleurs à la première qui avait lieu au théâtre de Chaillot et et des gens sont partis, ont crié, ont demandé d'arrêter la projection, c'était c'était très très mouvementé, c'était très très mouvementé. Bon il faut dire qu'il y avait la mémoire aussi et ça ça a été 3 semaines après la mort de Pasolini. Donc l'image, l'image de Pasolini écrasée, massacrée, se surimposait sur les grands, c'est c'était ça le grand problème. Mais Pasolini c'est-à-dire que avait fait 3 films sur la sexualité complètement épanouie, heureux, qui qui qui était la trilogie de la vie, donc des caméras, Canterbury et les 1000 et une nuits, et il a voulu renverser complètement le rôle de la sexualité qui n'est plus un moyen d'épanouissement et de et de bonheur, mais devient au contraire un moyen d'humilier

De domination et de domination.

Et donc, Basolini, bon, ce n'est pas le premier film politique dérangeant, il avait fait un autre film qui était Porcherie, qui avait tout à fait, c'était d'ailleurs pire si on peut dire, mais parce que c'était sur la zoophilie, donc c'était quelque chose il voulait montrer aussi une espèce de de dégoût de de de la sexualité pour parler de ce qui vraiment le découlait, qui était le fascisme en réalité Et donc il pensait que la métaphore allait être extrêmement efficace. Bon il n'a pas vécu pour voir la réaction des des des gens, mais je je voudrais pas qu'on ait uniquement la la vision d'un Pasolini comme ça uniquement provoquant parce que aussi la gloire de Pasolini, il la doit en grande partie à l'évangile selon saint Matthieu. Oui.

Donc alors d'accord il y a aussi théorème qui lui est violent quand même théorème le propos la situation est violente.

La situation est violente, mais mais mais en même temps, c'est un film sur la révélation divine. C'est c'est c'est violent parce que aussi, il a utilisé la sexualité comme métaphore, mais comme métaphore de la révélation et du bouleversement qui que pouvait vivre une petite famille bourgeoise. Mais non non je parle simplement de l'évangile saint Matthieu parce que ça a été un film beaucoup plus consensuel.

Merci infiniment René de Séquati merci pour vos éclairages. Au revoir.

Je vous en prie au revoir.

C'était affaires sensibles aujourd'hui l'assassinat de Pierre Paolo Pasolini, une émission que vous pouvez réécouter en podcast bien sûr, à la technique. Aujourd'hui, il y avait Fabrice Desmas.

Podcast: Affaires sensibles
Episode: Pier Paolo Pasolini : mort d’un poète