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Épisode quatre-vingt-dix-neuf, faire un bébé sans homme grâce à la PMA. Salut à toutes et à tous, c'est moi Ingrid et je suis heureuse de vous retrouver pour un podcast que je présenterai exceptionnellement toute seule. Je profite des vacances d'été pour voler le micro et vous parler d'un sujet qui me tient à coeur, celui de l'accès à la maternité pour toutes les femmes grâce à la PMA, la procréation médicalement assistée. C'est un sujet qui peut intéresser tout le monde, mais c'est un sujet qui concerne avant tout les femmes, leurs corps, leurs droits. C'est pourquoi j'ai pensé que c'était un bon thème pour mon passage solo sans mon acolyte masculin.

Un acolyte c'est un camarade, un complice, je parle d'Hugo évidemment. Mais surtout la PMA est un sujet d'actualité qui va nous permettre de parler de la société française et de comment elle évolue. En effet, une loi a été votée le mois dernier en juillet deux-mille-vingt-et-un, ouvrant l'accès à la PMA aux femmes célibataires et aux couples de femmes. À partir de septembre normalement, ces dernières vont pouvoir faire appel à la médecine pour avoir un bébé légalement et gratuitement. Jusqu'ici, cette aide médicale était réservée aux couples hétérosexuels infertiles.

Alors évidemment cette nouvelle loi va entraîner un grand changement de société avec des nouveaux droits pour les personnes LGBTQ et aussi la reconnaissance par l'État de nouveaux types de familles. Ça fait des années que ce changement de société est réclamé par certains, mais combattu par d'autres. Alors aujourd'hui, j'ai envie de vous raconter d'abord en quoi consiste la PMA, mais on va aussi voir comment cette question a évolué et quels sont les arguments pour et les arguments contre. C'est parti. À notre époque, il existe de nombreuses techniques médicales qui permettent d'aider à procréer.

Procréer, ça veut dire tout simplement faire un enfant. On peut aussi dire enfanter ou se reproduire. Quand on parle de procréation, en général, on parle plutôt du côté féminin et de tout le processus de la grossesse, quand une femme est enceinte puis quand elle accouche. Aujourd'hui, la médecine peut permettre d'aider les femmes à être enceintes puis à mener à bien leur grossesse. Par exemple, on a des technologies pour s'assurer que le bébé est en bonne santé.

On connaît les recettes pour éviter certaines maladies. On peut réaliser des accouchements par césarienne, etc. Et il existe même des méthodes qui permettent de tomber enceinte sans passer par la voie entre guillemets naturelle, c'est-à-dire que la femme n'a pas besoin d'avoir une relation intime avec un homme. Ces techniques, celles qui permettent de tomber enceinte sans relation intime sont regroupées sous le sigle PMA En France, en moyenne, un bébé sur trente naît grâce à une PMA. C'est un sigle donc très répandu, connu par la population, qu'on peut entendre ou lire de façon régulière partout dans la presse depuis plusieurs décennies maintenant.

Dans le texte de loi, ils utilisent plutôt le sigle AMP assistance médicale à la procréation. C'est strictement la même chose. Seulement le premier terme PMA est plus répandu et c'est donc celui que j'utiliserai. Juste une parenthèse, vous ne trouvez pas que l'expression tomber enceinte est un peu bizarre C'est l'expression qu'on utilise de façon très courante en France pour parler d'une situation de grossesse. Ça donne un peu l'idée qu'on devient enceinte par hasard, que ça nous tombe dessus, que c'est un accident.

On utilise le même verbe dans d'autres expressions comme tomber malade ou tomber amoureux. Alors c'est drôle parce que justement les femmes qui sont enceintes grâce à une PMA ne le sont pas du tout par hasard. On parle même d'un parcours de PMA. Un parcours, c'est un long chemin avec plusieurs étapes. Et en effet, entreprendre une PMA est un choix mûrement réfléchi et ça demande souvent de la patience et de la force mentale.

En France, il y a trois techniques autorisées et pour chacune de ces techniques, il y a des avantages et des inconvénients qui font que c'est plus ou moins long et éprouvant. Éprouvant, ça veut dire difficile, te fait passer par des états émotionnels et physiques compliqués. Pour vous donner une idée, en France, en deux-mille-quatorze, il y avait plus de cent mille femmes qui étaient dans un parcours de PMA. Et en deux mille quinze, il y a seulement vingt-cinq mille bébés qui sont nés de cette façon. Mais de quelle façon exactement Alors pour l'instant, je suis restée assez vague en vous parlant de PMA de façon très générale.

Alors je pense que maintenant c'est le bon moment pour vous définir exactement les différentes techniques. Ça va vous faire beaucoup de vocabulaire à mon avis, alors prenez note. En France, on utilise beaucoup de sigles, c'est-à-dire des séries de lettres pour décrire des réalités. Tout le monde connaît ces expressions et donc si vous lisez les journaux français, il est que vous en voyez certaines sans aucune explication. La méthode la plus simple est l'insémination artificielle.

Elle consiste à injecter des spermatozoïdes dans l'utérus le jour de l'ovulation. Les spermatozoïdes peuvent être ceux du conjoint de la femme ou celui d'un donneur anonyme. Pour donner plus de chance à la technique de fonctionner le plus souvent, la femme suit préalablement un traitement hormonal. C'est la méthode la plus simple, la plus rapide et la moins chère à réaliser. Pour ceux qui suivent un peu les séries à l'eau de rose, les sites com, c'est par exemple la méthode qui est utilisée dans la série Gender Virgin ou en espagnol pour l'original juana la Verchen une femme tombe enceinte par accident parce que le docteur lui fait une insémination artificielle.

Bref, c'était mon exemple de la pop culture. La seconde méthode, celle à laquelle on pense souvent en premier quand on parle de PMA, c'est la fécondation in vitro. On l'appelle communément FIV. FIV, c'est un acronyme, ça veut dire qu'on lit les premières lettres d'une expression comme si c'était un mot normal en les lisant attachés. La FIV consiste à féconder en laboratoire un ovule avec un spermatozoïde, puis d'implanter l'embryon dans l'utérus de la femme.

Un embryon, ça s'écrit avec un YENBRY0N, c'est le tout premier stade de la vie humaine. Après, il devient un foetus puis un bébé. La FIV peut se faire grâce à un don d'ovule ou un don de sperme, mais en France, il est interdit de recourir à un double don. C'est soit l'un, soit l'autre. Pour les couples qui ne peuvent fournir ni un ovule ni un spermatozoïde, il existe une troisième technique.

Cependant, elle est beaucoup plus rare. Il s'agit de l'accueil d'embryons. Ça consiste à implanter dans l'utérus de la future mère un embryon déjà existant et conservé. Ceci est possible grâce à un don d'embryon. Quand un couple est en processus de FIV, la technique précédente dont je viens de vous parler, les docteurs congèlent plusieurs embryons et quand le couple finit par réussir à avoir un enfant, il reste des embryons qui n'ont pas été utilisés.

On les appelle embryons surnuméraires. Depuis deux-mille-quatre, les couples peuvent s'ils le souhaitent faire un don anonyme de leurs embryons surnuméraires. Mais évidemment, comme je vous le disais, ça reste un cas très rare. Voilà donc ces trois techniques sont les trois qui sont pratiquées en France et elles sont toutes remboursées par la sécurité sociale. Par contre, quand on parle de PMA, en France, on exclut la GPA.

Encore un cycle, je vous explique. GPA c'est le raccourci de gestation pour autrui. Il s'agit d'une méthode d'insémination la femme qui porte le bébé n'est pas la future mère. C'est ce qu'on appelle une mère porteuse, un mot composé avec un trait d'union. aussi j'ai une petite référence à la pop culture et celle-ci peut-être que vous serez plus nombreux à la connaître, je parle évidemment du personnage de Phoebe dans Friends.

Vous savez à un moment le frère de Phoebe lui demande si elle peut porter son enfant parce que sa femme est trop âgée et qu'elle ne peut donc plus le faire elle-même. C'est une méthode qui pourrait être utile pour les couples hétérosexuels la femme ne peut pas porter un enfant ou par exemple pour les couples homosexuels composés de deux hommes, mais pour l'instant même si la question est débattue, comme elle soulève des questions profondes que les autres méthodes, elle reste traitée à part et pour l'instant complètement interdite. Enfin, avant de vous en dire plus sur l'évolution de la loi et pourquoi il y a des personnes qui sont contre, je voulais vous donner une précision. Dans tout ce podcast, quand je parle d'hommes et de femmes, je parle de personnes cisgenres, c'est-à-dire de personnes qui ne sont pas trans genres. Pourquoi Alors ce n'est pas mon choix, mais c'est simplement parce que les personnes trans genres ont été exclues de la loi dans la majorité des cas et ce serait vraiment trop compliqué d'expliquer en plus ces cas particuliers.

Mais si ça vous intéresse, je vais vous mettre un article sur ce thème dans la bibliographie sur le page de l'épisode. Voilà, alors maintenant qu'on est tous d'accord sur les définitions, laissez-moi vous raconter comment l'accès à la PMA a évolué ces dernières années en France. La PMA est encadrée en France par une loi appelée loi sur la bioéthique. C'est une série de plusieurs lois qui se succèdent, se complètent et s'annulent. La première a été votée en mille-neuf-cent-quatre-vingt-quatorze, puis il y en a eu une nouvelle en deux-mille-quatre, une autre en deux-mille-onze et enfin la dernière vient d'être votée en juillet deux-mille-vingt-et-un.

On dit loi sur la bioéthique parce que la bioéthique consiste à étudier comment les évolutions scientifiques sont moralement acceptées dans la société. Et donc une loi sur la bioéthique, c'est une loi qui sert à approuver, interdire ou encadrer certaines pratiques scientifiques comme le clonage, le don d'organes, l'euthanasie ou encore ce qui nous intéresse aujourd'hui l'aide à la procréation. Il y a souvent des révisions de cette loi parce que la société évolue en permanence. Ce qui était accepté hier ne le sera peut-être plus demain et au contraire, ce qui choque aujourd'hui sera peut-être normalisé dans un futur proche. La première française née par PMA s'appelle Amandine.

Elle est née en mille-neuf-cent-quatre-vingt-deux. À l'époque, elle a fait toutes les unes des journaux, on disait que c'était le premier bébé éprouvette français. Mais à ce moment-là, il n'y avait aucune règle, aucune loi pour encadrer cette pratique. C'est seulement douze ans après, en mille-neuf-cent-quatre-vingt-quatorze, qu'a été votée une première loi pour définir dans quelles conditions la PMA serait autorisée. Les règles de mille-neuf-cent-quatre-vingt-quatorze sont les suivantes.

Premièrement, la PMA peut être demandée seulement par un couple hétérosexuel. Deuxièmement, elle doit répondre à un problème d'infertilité ou à un risque de transmettre une maladie congénitale. Troisièmement, le couple ne peut faire appel qu'à un seul don de gamète, c'est-à-dire soit un don de sperme, soit un don d'ovocyte ovule. Enfin, le don doit être fait de manière anonyme et gratuite. Depuis mille-neuf-cent-quatre-vingt-quatorze, il y a eu plusieurs petites évolutions.

Par exemple, depuis deux-mille-quatre, comme je vous le disais, il est possible de faire un accueil d'embryons. Mais de manière générale, les conditions d'accès n'ont pas beaucoup changé en près de trente ans. Enfin, jusqu'à aujourd'hui. Avec la nouvelle loi, toutes les règles d'origine vont être modifiées. Avant, comme vous l'aurez compris, une femme devait être accompagnée par un partenaire homme dans sa démarche pour pouvoir prétendre à la PMA.

À partir de septembre, toutes les femmes cisgenres pourront entrer dans un parcours de PMA. Et dans le cas des couples de femmes, celle qui ne sera pas enceinte sera légalement reconnue comme deuxième parent avant même la naissance de l'enfant. Jusqu'à maintenant, les femmes célibataires et les couples de femmes qui voulaient connaître l'expérience de porter leur bébé devaient se rendre dans les pays voisins. En effet, en Europe, une dizaine de pays autorisent la PMA pour toutes les femmes. L'Espagne, le Portugal, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Danemark, le Royaume-Uni, l'Irlande, la Suède et la Finlande.

Il y en a aussi d'autres qui l'autorisent seulement pour les couples de femmes ou seulement pour les femmes célibataires. Bref, beaucoup de femmes françaises ont déjà fait une insémination artificielle ou une FIV dans un de ces pays. Malheureusement, cela entraînait souvent des problèmes légaux, notamment pour faire reconnaître le deuxième parent et cela coûtait cher puisque ce n'était pas du tout remboursé par la sécurité sociale. À partir de septembre, tout cela va changer. Les femmes qui ne sont pas en couple avec un homme vont pouvoir entrer dans un parcours de PMA.

A priori, elles vont surtout faire appel à l'insémination artificielle puisque beaucoup d'entre elles n'ont pas de problèmes physiques d'infertilité. Si l'insémination artificielle ne marche pas, elles pourront recourir à la FIV puis en dernier recours à l'accueil d'embryon. Le problème, c'est que toutes ces femmes vont avoir besoin de sperme. Or, comme le don est gratuit en France, il y a déjà une pénurie. Pénurie, ça veut dire un manque quand une société n'a pas un produit entre guillemets dont elle a besoin.

En plus, il risque d'y avoir moins de moins en moins de dons parce qu'à partir de septembre et ça donc c'est un autre changement profond qui vient de cette nouvelle loi, les dons ne seront plus anonymes. Les donneurs vont devoir accepter de révéler leur identité. Ça risque vraiment de faire encore plus baisser la motivation à faire un don. Cette nouvelle loi va donc radicalement changer la vie de milliers de personnes et la manière dont notre société aborde la parentalité. La grossesse ne rimera plus avec couple hétérosexuel.

Et ça, forcément, ça fait débat. Et il y a eu de fortes oppositions à ce grand changement. L'ouverture de la PMA à toutes les femmes était une promesse de campagne de l'ex président de la République François Hollande en deux-mille-douze, mais la question a été progressivement abandonnée au cours de son quinquennat. Un quinquennat, c'est cinq ans de mandat présidentiel. Puis cinq ans plus tard donc, c'était une promesse de campagne de l'actuel président Emmanuel Macron en deux-mille-dix-sept.

Le projet de loi a finalement été proposé au Parlement en juillet deux-mille-dix-neuf, puis approuvé, faites le calcul maintenant deux-mille-vingt-et-un donc deux ans plus tard. Il a fallu deux ans de débat pour que les élus français acceptent de permettre aux femmes célibataires et aux couples de femmes d'avoir accès à l'assistance médicale à la procréation. Ce qu'il s'est passé, c'est que pendant deux ans, la loi a fait des allers-retours entre l'Assemblée siègent les députés et le Sénat siègent les sénateurs. Cet aller-retour est obligatoire pour voter une loi. Ça s'appelle la navette parlementaire.

Chaque chambre, Sénat y Assemblées, doit lire le texte et l'étudier, le modifier puis le renvoyer à l'autre chambre. Le texte fait en général un ou deux allers-retours jusqu'à être validé en prenant en compte des modifications faites par différents groupes et différents partis. Normalement pour qu'une loi soit validée, il faut que le texte final soit adopté à la majorité par l'Assemblée et par le Sénat. Mais dans le cas les deux chambres n'arrivent vraiment pas à se mettre d'accord, c'est l'assemblée qui a le dernier mot. C'est ce qu'il s'est passé cette fois.

Les sénateurs n'ont jamais approuvé l'ouverture de la PMA pour toutes et les députés ont fini par valider le texte de façon unilatérale. Unilatérale, c'est donc d'un seul côté. Sur les deux chambres, une seule a dire oui, on fait passer cette loi. Il faut dire qu'à chaque fois que le texte était étudié par le sénat, il était complètement vidé de sa substance. Vidé de sa substance, c'est une expression très utilisée en politique, ça veut dire retirer l'essentiel, enlever le plus important.

En l'occurrence, les sénateurs qui sont en moyenne plus âgés que les députés, plus masculins et plus conservateurs, supprimaient à chaque fois l'ouverture de la PMA à toutes les femmes. Alors je pense que c'est important d'expliquer pourquoi ils s'y sont opposés parce qu'ils représentent une partie des Français. Alors c'est parti pour la troisième partie. Sont les arguments pour et contre l'ouverture de la PMA à toutes les femmes Le terme PMA pour toutes est une expression utilisée par les personnes en faveur de cette couverture. Du côté des opposants, c'est une autre expression qui est utilisée.

Il l'appelle la PMA sans pair. Père p e accent grave r e le papa. Leur principale préoccupation est de protéger la famille traditionnelle et de ne pas permettre que des enfants grandissent sans un parent masculin. La majorité d'entre eux sont proches d'un mouvement appelé la manif pour tous. C'est un mouvement issu de la droite catholique qui a été créé pendant les débats sur l'ouverture du mariage pour les couples homosexuels que le gouvernement appelait à l'époque le mariage pour tous.

Donc la loi sur le mariage s'appelait le mariage pour tous et le mouvement qui s'y est opposé s'est appelé la manif pour tous. Ce nom de mouvement a pu prêter à confusion. J'ai d'ailleurs déjà vu des témoignages d'étrangers qui pensaient que c'était un mouvement de protection des LGBTQ alors que pas du tout, c'est tout le contraire. C'est un mouvement qui s'oppose aux familles homoparentales. D'abord en s'opposant au mariage pour les couples homosexuels, ensuite en s'opposant à ce qu'ils accèdent à la PMA.

Ils se font appeler comme ça parce qu'ils prétendent défendre les enfants, tous les enfants. Le problème de l'argument de la famille traditionnelle, c'est que ce débat a déjà été tranché. Trancher, ça veut dire décider en choisissant une position claire dans un débat. En France, les débats sur le mariage pour tous et l'adoption par les couples homosexuels a été l'occasion de parler du bien-être de l'enfant, des besoins essentiels au développement correct des enfants, etc. Des experts sont intervenus, des citoyens ont témoigné et les législateurs ont décidé que la France acceptait les familles homoparentales, que les enfants pouvaient être aussi heureux avec deux mamans, deux papas qu'avec un papa et une maman.

Alors les familles homoparentales sont acceptées dans le cadre de l'adoption, il n'y a pas de logique à revenir sur ce même débat pour rejeter la PMA pour les couples de femmes. De manière générale, en France, seulement soixante-et-un pour cent des enfants vivent dans une famille dite traditionnelle. Il y a des parents divorcés, mais aussi il y a de très nombreuses familles mono-parentales, ça veut dire avec un seul parent. La plupart du temps, quand il y a un seul parent, c'est une femme. Alors c'est vrai, il peut y avoir des dysfonctionnements et des difficultés quand une femme est seule pour élever ses enfants.

Mais ces difficultés viennent plutôt du fait que le père a abandonné la mère, la laissant avec un projet qui n'était pas le sien et des difficultés économiques en général. Alors bien sûr, ces situations n'ont rien de comparable avec le cas d'une femme célibataire qui aurait mûrement préparé son projet et pris la décision de faire un bébé toute seule. Après, tous les arguments des opposants à la loi découlent de la même idée de la famille traditionnelle. Par exemple, ils évoquent un droit à l'enfant entre guillemets parce que selon eux, les militants qui défendent la revendication de la PMA pour toutes le font pour défendre le droit des adultes à avoir un enfant. Ce serait égoïste et ce serait en opposition avec le droit de l'enfant.

Alors j'ai cherché et je n'ai trouvé aucune à cette notion de droit à l'enfant dans les arguments en faveur de la nouvelle loi. Au contraire, ce qui est défendu, c'est plutôt l'idée d'une égalité entre les hétérosexuels et les homosexuels entre les personnes en couple et les personnes célibataires. C'est aussi plutôt l'idée de la reconnaissance de familles qui existent déjà parce que de nombreuses femmes font déjà des parcours de PMA à l'étranger. Les pro PMA défendent aussi le droit des femmes à disposer de leur corps et à être soutenues par la société dans ce choix, avec une protection médicale et une protection légale. Après tout, avec ou sans aide de la médecine, une femme peut tomber enceinte.

Il y a même des femmes célibataires ou des couples de lesbiennes qui trouvent des solutions artisanales pour tomber enceinte. Alors si la médecine peut aider à le faire de façon sûre et en protégeant légalement toutes les parties, pourquoi ne pas laisser le choix à chacun Bien sûr, la question du remboursement est aussi posée et on en vient à un troisième argument des anti PMA pour toutes. Selon eux, la PMA ne devrait être remboursée que dans le cadre médical pour des personnes qui ne peuvent pas avoir d'enfants à cause d'un problème de santé. La médecine servirait dans ce cas à combler un manque du corps, un problème médical, physique. Au contraire, dans le cadre de la nouvelle loi, on permet à la médecine d'équilibrer une infertilité sociale.

Est-ce que c'est vraiment le rôle de la sécurité sociale En fait, oui telle qu'elle est aujourd'hui. Ça peut être questionné, mais aujourd'hui, la sécurité sociale en France rembourse beaucoup d'actes médicaux qui ne sont pas essentiels à la santé ou qui ne répondent pas à une maladie physique ou à, mais plutôt à un besoin psychologique ou social. D'ailleurs, si on y réfléchit, l'infertilité des couples hétérosexuels n'est pas non plus une question de vie ou de mort. Dans tous les cas, la PMA peut être évitée d'un point de vue de la santé, mais on la rembourse parce qu'elle permet à des citoyens d'accéder à un bien-être psychologique et social. De manière générale, la nouvelle loi est largement acceptée par la population.

Donc sa mise en place et son remboursement ne devraient poser aucun problème. En effet, je vous l'ai dit, les élus de droite qui s'opposaient au texte représentent une partie des Français, mais ils sont très loin d'être majoritaires. En effet, à chaque nouveau sondage, la part des Français favorables à la PMA pour toutes augmente. Un sondage vous savez c'est une enquête on pose des questions à la population pour pouvoir connaître l'opinion générale sur un sujet souvent sur des sujets de société. Donc le tout dernier sondage sur la PMA a été réalisé par l'Ifop et les résultats ont été publiés le sept juin deux-mille-vingt-et-un.

Donc ces chiffres sont tout frais, tout neufs. Aujourd'hui soixante-sept pour cent des Français sont favorables à l'ouverture de la PMA pour les couples de femmes et les femmes célibataires. L'institut de sondage note qu'il n'y a pas un groupe social ou économique qui se d'un autre. Par contre, il semble que la différence d'opinion soit générationnelle. En effet, quatre-vingt-quatre pour cent des jeunes de dix-huit à vingt-quatre ans sont en faveur de la nouvelle loi alors qu'ils ne sont que la moitié chez les plus de soixante-cinq ans.

En fait, et je vous donne mon opinion personnelle, je pense que la majorité des Français voient cette loi comme une évolution naturelle et inévitable. Si la médecine le permet, la société doit l'accepter. On se dit qu'il n'y a aucune bonne raison à s'y opposer tant que personne ne souffre de cette évolution. Le prochain débat, ce sera peut-être celui de la GPA, la gestation pour autrui dont je vous parlais dans l'introduction. Les sondages montrent aussi que c'est de plus en plus accepté dans l'opinion publique.

Cependant, je pense que ce débat va encore beaucoup tarder avant d'arriver à l'Assemblée nationale et au Sénat car la question de la GPA est bien plus complexe. Elle comprend une personne tierce en plus du couple qui veut avoir un bébé et la question de la marchandisation du corps peut être posée. Alors je laisse ce sujet de côté et qui sait peut-être que ce sera un nouveau sujet de podcast dans quelques années. Voilà, je pense qu'on a fait le tour de la question. Je pense que j'ai parlé un peu rapidement, mais voilà comme normalement vous êtes un peu plus avancé, on s'est mis d'accord pour que les podcasts commencent à augmenter un peu la vitesse, mais comme d'habitude, vous trouverez la transcription complète sur le site inner french point com.

J'espère que ça vous a plu. Je serais très curieuse de connaître votre opinion sur l'épisode et sur le sujet de la PMA, alors n'hésitez pas à commenter ou à nous envoyer un email. À la rentrée, vous retrouverez Hugo pour un épisode spécial pour le numéro cent du podcast InnerFrench. Et moi, je vous dis à bientôt. Salut salut.

Podcast: InnerFrench
Episode: E99 Faire un bébé sans homme grâce à la PMA