Mais pour être honnête, nous
on va pas vraiment être en vacances, en tout cas pas tout l'été. On va continuer de publier des vidéos sur la chaîne YouTube et d'aider les élèves qui font nos cours et on va surtout préparer le nouveau format du podcast. Oui parce que comme on vous l'a dit avec Ingrid dans le dernier épisode, on veut faire évoluer le podcast. D'ailleurs, je vous rappelle qu'on vous a envoyé un petit sondage, un questionnaire pour partager vos suggestions. Si vous ne l'avez pas reçu, vous pouvez aussi le trouver sur le site.
On ne vous en dit pas plus pour
le moment, mais vous pouvez vous attendre à quelques surprises pour la rentrée. C'est pour ça qu'on a besoin de faire une pause cet été pour s'organiser et être prêt en septembre. D'ailleurs, si vous voulez profiter de l'été pour faire encore plus de français, les inscriptions pour notre cours avancé sont ouvertes cette semaine. Je vous en ai déjà parlé, c'est un cours qui s'appelle « Raconte ton histoire » et qui est fait pour vous aider à comprendre les conversations à vitesse réelle. Si vous me comprenez bien mais que vous avez plus de difficultés avec les épisodes où je discute avec Ingrid ou d'autres invités, ce cours est fait pour vous donc n'hésitez pas à aller faire un tour sur innerfrench.com slash histoire pour trouver toutes les infos.
Voilà, maintenant on peut passer à notre sujet du jour. Je vous propose de continuer notre série sur les accents. Après le français québécois, on va s'intéresser au français belge. Et pour ça, j'ai invité Élisabeth Castadeau, qui est professeure de français à la faculté d'interprétation et de traduction de l'université de Mons en Belgique. Avec Elisabeth, on a discuté de la place du français dans son pays, notamment par rapport aux autres langues officielles, parce que oui, il y a trois langues officielles en Belgique, mais aussi des différences de prononciation, des belgicismes, les expressions typiquement belges.
Elle m'a aussi expliqué pourquoi les Français se trompent complètement quand ils imitent l'accent belge et pourquoi ça peut être intéressant d'apprendre le français en Belgique plutôt qu'en France. Bref, j'ai appris plein de choses passionnantes grâce à Elisabeth. Vous verrez qu'on s'est concentré sur la partie linguistique et qu'il y a certaines références culturelles qu'on n'a pas expliquées. Donc j'ai aussi publié une vidéo sur la chaîne YouTube pour vous aider à mieux comprendre ça, à mieux comprendre comment les Belges sont perçus par les Français et d'où viennent ces stéréotypes. Donc je vous encourage vraiment à regarder cette vidéo avant ou après l'épisode.
Voilà, maintenant je vous laisse en compagnie d'Elisabeth Castadeau. Bonne écoute
Bonjour Elisabeth
Bonjour, bonjour Hugo
Merci d'avoir accepté mon invitation.
Avec plaisir
Alors pour commencer, est-ce que
vous pourriez vous présenter en quelques mots
Oui, donc je m'appelle Elisabeth Castadeau et je travaille donc à l'université de Mons qui est une université en Wallonie, une région de Belgique, une région francophone de Belgique et j'enseigne ici le français langue étrangère donc aux étudiants qui viennent en séjour d'échange, en séjour Erasmus, à la faculté de traduction et d'interprétation. J'enseigne aussi avec grand plaisir la maîtrise du français écrit, orthographe, structure syntaxique, voilà, puisque les Belges francophones, comme beaucoup de francophones, ont besoin de passer de l'oral à l'écrit soutenu par un certain apprentissage. Il n'y a pas que pour les personnes qui apprennent le français comme langue étrangère que le français représente des bizarreries ou des aspects particuliers.
C'est sûr, c'est sûr. Pour les Français aussi, je sais que ça pose pas mal de problèmes.
Oui, on a plusieurs étudiants français d'ailleurs qui viennent s'inscrire à la faculté de traduction et d'interprétation de l'Université de Mons, dont la réputation s'étend apparemment jusqu'à Nantes, puisque j'ai eu ce matin une étudiante de là qui présentait son travail de fin d'études.
D'accord, ok. Alors dans notre conversation aujourd'hui, on va se concentrer sur le français belge et ses particularités. Il y a pas mal d'idées préconçues, notamment chez les français, qui concernent le français belge, donc on va essayer un peu de décerner le vrai du faux. Et pour commencer, je pense que ça pourrait être une bonne idée de faire un petit rappel de la situation linguistique en Belgique, parce que c'est assez différent de la France. Alors, quelles sont les langues qui sont parlées en Belgique
Alors, dans la région principalement francophone, la région qui s'appelle la Wallonie, bien le français est la langue officielle. Alors, il existe le dialecte wallon, mais très peu de personnes aujourd'hui le maîtrisent complètement. En tout cas, ce n'est pas la langue de l'enseignement. C'est une langue que parlait la population il y a plutôt quatre, cinq générations. Alors ensuite, c'est vrai que je devrais avoir une carte de la Belgique.
Donc la Belgique, c'est une sorte de losange comme ceci. La région au-dessus, au nord, s'appelle la Flandre et la langue officielle de cette région, c'est le néerlandais. Donc la même langue que pour les Pays-Bas. Ceci dit, il y a des variétés, des particularités, donc on appelle parfois aussi cette langue le flamand. Et puis, il y a à l'intérieur de la Flandre encore une région-ville qui est Bruxelles, vous connaissez tous ce nom, cette ville, et Bruxelles est la seule région officiellement bilingue où tant le néerlandais que le français ont le statut de langue officielle.
Donc on a un pays avec, ah oui et j'oubliais, il faut pas passer à côté de ça, il y a quelques petites communes dans l'Est qui sont germanophones, donc où la population parle allemand. Ces communes, au départ, à la création de la Belgique, ne faisaient pas partie du pays, du territoire, mais ont été rattachées après la première guerre mondiale. Donc on a trois langues officielles, le néerlandais, le français et l'allemand. Mais en fonction de la situation, un belge peut passer de l'un au autre. Pour certains belges qui sont bilingues, on connaît encore souvent quelques mots de Wallon ou pour les personnes en Flandre, pas mal de mots de variété régionale.
Donc c'est un pays avec beaucoup de particularités linguistiques.
Et est-ce qu'avec le français on peut se débrouiller dans le nord de la Belgique ou est-ce que c'est compliqué
En Flandre C'est ça, en Flandre. Non, en fait, la Flandre est une région unilingue néerlandophone, on parle le néerlandais, mais beaucoup de Flamands maîtrisent assez bien le français puisque l'enseignement du français est encore obligatoire et assez poussé en Flandre. Ça peut provoquer des réactions difficiles de certains interlocuteurs qui souhaitent la fin de la Belgique, ce qu'on appelle les nationalistes flamands, qui vont rejeter tout ce qui leur rappelle cette appartenance à un pays bilingue, néerlandais, français. Donc, vous pouvez, si vous arrivez en Flandre et que vous commencez à vous adresser directement en français, avoir certaines réactions un peu voilà inconfortables et désagréables de certains interlocuteurs, mais c'est rare et surtout si c'est pour des personnes qui ne sont pas belges. Mais c'est un reproche souvent entendu que les Belges francophones qui habitent la Wallonie parlent très mal le néerlandais.
Et c'est vrai puisque le néerlandais n'est pas obligatoire à l'école. Il y a une grande discussion pour l'instant au niveau politique sur la nécessité de rendre l'apprentissage d'une irlandaise obligatoire aussi en Wallonie.
D'accord, ok. Donc la langue officielle dans l'administration, ça dépend aussi selon si on est en Flandre ou en Wallonie.
Oui, c'est la langue du sol.
Donc concernant la capacité des Belges à parler plusieurs langues, tous les Belges ne sont pas trilingues, j'imagine.
Non, non, non, non, non. En fait, l'enseignement d'une Irlandaise en Wallonie n'est pas obligatoire et pas nécessairement très poussé. L'anglais est beaucoup plus demandé par les élèves. Alors à Bruxelles, l'enseignement d'une irlandais est obligatoire, mais de nouveau, Bruxelles est une ville cosmopolite, donc pour une grande partie, beaucoup d'élèves, le français n'est déjà que la deuxième langue à la maison. Ils vont parler, voilà, ça peut être le turc, le polonais, tout, voilà, comme dans toutes les villes internationales.
Alors maintenant on va se concentrer un peu sur la prononciation. En France, on imagine, on croit qu'il
y a un accent belge
qui a été notamment popularisé par Coluche avec ses sketchs dans les années 80. Alors est-ce que
c'est vrai Est-ce qu'il existe un accent belge
Alors C'est un peu plus spécifique que ça, en fait ce que Coluche montrait dans ses sketches, ou qu'il caricaturait, dont il se moquait, c'est le belge populaire qui, en fait, assez souvent avait pour première langue un dialecte qu'on appelle le bruxelaire, donc qui est un dialecte de la même famille que le flamand, le néerlandais, et pour lequel le français était plutôt une deuxième langue, presque une langue étrangère, même si beaucoup de personnes parlaient français. Mais d'écrire les langues en Belgique, c'est aussi parler de rapports politiques, de rapports sociaux, puisque le français en fait était la langue de la bourgeoisie, de ceux qui avaient l'argent et le pouvoir, et donc Seules ces personnes-là apprenaient le français très tôt et le maîtrisaient. Et les domestiques, les ouvriers avaient plutôt pour langue un dialecte, que ce soit le Wallon ou le bruxellaire à Bruxelles. Donc ce que Coluche montre, c'est quelqu'un dont le français n'est pas la première langue et dont les particularités de prononciation viennent en fait de... Il y a comme un accent étranger en fait, comme un italien qui parlerait français aurait des particularités.
Donc maintenant c'est beaucoup moins le cas, les élèves ou allant qui sont éduqués en français, dont les parents parlent français depuis une, deux, même trois générations, ne vont pas développer, ne vont pas parler avec ces particularités en prononçant de cette manière là mais il reste des traits, des particularités par exemple le O on va très souvent entendre des belges francophones prononcer mon vélo Je sais pas si vous l'avez entendu avec un O qu'on aurait par exemple dans port. Dans port vous avez un O qui est plus ouvert que dans pot. Donc là où on prononcerait en français de France, en français standard vélo, euro, on va entendre vélo et euro. Donc oui, il y a des particularités qui persistent. Ici, évidemment, je travaille avec des étudiants qui se forment à l'interprétation, à la traduction, donc on va leur faire prendre conscience de ça, comme on le fait avec des étudiants qui apprennent le français langue étrangère, mais dans des situations informelles, il n'y a pas de problème, on s'exprime évidemment.
Alors ce qu'on va dire aussi, et ça c'est très courant, on va prononcer le « an
»
qui s'écrit « un » différemment que le « in » qui s'écrit « I n » ou « AIN ». Donc on va dire un brin d'herbe, mais un ours brun. Évidemment c'est ténu, c'est difficile à entendre. Quand j'essaye d'expliquer à des étudiants non francophones, c'est différent s'ils l'entendent pas vraiment. Mais comme pour le français du Québec, il y a des particularités qui étaient prononcées par les français, en tout cas du Nord, ne pas parler du Midi de la France, c'est encore différent.
On prononce pour certains aspects, comme le français d'il y a 100 ou 150 ans.
C'est vrai, il me semble que dans le sud de la France, ils ont tendance aussi à prononcer les O de manière plus ouverte, ce qui se rapproche peut-être plus de la prononciation belge, comme vous l'avez dit avec Vélodrome.
Oui, oui.
Il me semble que c'est le cas aussi dans le sud de la France.
Dans le sud de la France, en fait, tout ce qui est écrit à U suivi d'une consonne, donc par exemple, elle saute, elle saute en l'air, elle saute en l'air. Mais oui, donc, oui, il y a quelques, quelques particularités, même si c'est beaucoup moins marqué que pour le français québécois. Je crois qu'il n'y a pas tellement de films ou de séries télévisées belges qui passent à la télévision française. Mais en fait, si c'est le cas, ce qui va être demandé aux comédiens, c'est de se redoubler, entre guillemets, de, par exemple, de redire certaines phrases qui contenaient des belgicismes, mais beaucoup moins pour faciliter la compréhension. D'ailleurs, la plupart des étudiants étrangers qui viennent ici me disent ah j'avais peur de rien comprendre en arrivant et pourtant c'est pas tellement différent de ce que j'entendais dans mes cours de français donnés par un Français.
Vous voulez dire qu'on attend des acteurs qu'ils forcent encore leur particularisme, c'est ça
Ah, pour les séries télévisées Non, en fait, pour les séries télévisées belges produites en Belgique par des acteurs belges, si elles doivent passer à la télévision française, ce qu'on va demander aux comédiens, c'est de redire certaines phrases sans les belgicismes. Par exemple, si dans une phrase, ils ont dit « je vais téléphoner, donne-moi mon GSM
»,
ils vont devoir redire la phrase je vais téléphoner donne moi passe moi mon portable, évidemment peut-être pour certaines particularités mais sous titrer totalement la série comme ça pour le film comme ça pourrait se faire pour des films québécois.
D'accord ok ok c'est vrai qu'à ma connaissance il me semble que sur Netflix il y a eu quelques séries belges assez populaires qui ont bien marché en France aussi mais même de manière plus générale les acteurs et actrices belges sont très très populaires en France et très très demandés. Benoît Poulvorde, évidemment, François Damiens, Virginie Fira, etc. Et c'est assez intéressant de voir comment ils adaptent leur façon de parler selon les films, selon les rôles qu'ils doivent jouer. Je pense à Poulvorde notamment, qui d'un film à l'autre, sa façon de s'exprimer, et les particularismes belges s'entendent plus ou moins.
Oui, mais vous ne vous en rendez pas compte, mais ça fait presque partie du programme scolaire de prendre conscience des différences entre le français de Belgique et la variété tant admirée et contemplée du français de France qui est complètement idéalisé.
Le fameux français standard.
Oui, pour vous donner une anecdote, dans les années 60 et 70, on avait la télévision publique diffusait des émissions de la quinzaine du bon langage, où on expliquait au public qu'il ne fallait pas prononcer tel mot, qu'il ne fallait pas prononcer de telle manière, ce qui n'y aurait pas vraiment, j'imagine mal, sur France 2, une émission. Attention, vous parlez mal français.
On a l'Académie française qui s'en charge très bien. Donc, ils n'ont pas d'émission de télé.
Mais il y a une conscience en fait dans la mentalité belge, attention, le français n'est pas tout à fait notre langue. On doit toujours mieux prouver qu'on le parle mieux, même si c'est notre langue maternelle.
J'ai l'impression que c'est en train de changer grâce à ces acteurs et actrices ou des artistes comme Stromae, Angel, etc. Qui revendiquent au contraire leur « Belgitude
».
Et maintenant en France, c'est un peu en train de devenir cool, justement, et au lieu de se moquer de ces belgicismes, on a tendance à essayer de se les approprier. Donc, c'est intéressant de voir ces évolutions qui sont plus liées finalement à la culture qu'à la linguistique.
Oui, c'est un mouvement aussi assez général dans d'autres grandes aires linguistiques, dans les pays anglophones aussi, mais oui, la francophonie, pas uniquement avec le Paris comme centre.
On essaye d'être un peu moins franco-centré, j'ai l'impression.
En tout cas, en Belgique, il y a un petit retour à une fierté, parce que fière d'être belge, c'est très compliqué, mais une acceptation de soi au lieu d'avoir ce regard totalement admiratif par rapport à la France. Oui, oui, oui, il y a des belgicismes, mais en fait, Ce ne serait pas possible d'empêcher, de supprimer tous les belgicismes de la manière dont les Belges parlent français, puisque si on prend, là j'en ai pris un, il y a d'autres versions de dictionnaires des belgicismes, il
y en a. C'est assez épais.
Oui, oui, oui. Donc, on peut commencer à indiquer à un enfant tous les belgicismes qu'il ne devrait pas prononcer s'il veut parler un bon français mais on s'est finalement rendu compte que ça n'avait pas beaucoup de sens et que c'était peut-être en fait dommage de perdre certains aspects, certains aspects, certaines particularités.
D'accord.
Mais oui, oui, pour la prononciation. On va prononcer un wagon, un WC et pas le W comme le V. Vu le contact en fait avec des langues proches de l'anglais, parce que le néerlandais est une langue de la même famille que l'anglais, si vous apprenez le néerlandais, vous allez vous rendre compte que, par exemple, « eaten
»
c'est « manger » comme en anglais « to eat ». Donc il y a beaucoup, beaucoup de mots très proches.
Ce qui est finalement plus logique parce que nous on prononce les W comme les Watt par exemple mais effectivement pour certains mots comme wagon donc on dit pas wagon mais wagon et WC ou WC parfois alors que vous êtes plus cohérent finalement en Belgique.
Oh non non, plus cohérence non, vu les particularités politiques et les incohérences ne manque pas
il me semble que les lettres UI aussi vous les prononcez de manière un peu différente par rapport à nous donc le chiffre nous on dit 8 et vous dites
8 comme un oui en fait comme le mot pour pour accepter donc on va dire couille alors tous les francophones ne le prononcent pas de manière aussi caractéristique, mais « couïzine » comme si on prononçait « couïe ». C'est vrai, c'est vrai, parfois j'essaie de corriger ça, mais si je demande par exemple à mon téléphone de programmer 8 minutes avec la commande vocale, je vais toujours dire 8 minutes et il ne comprend pas, ça ne s'enclenche pas.
Donc ils ont le... Oui je pense que ça dépend des systèmes d'opération et parce que parfois je sais que pour le québécois par exemple ils ont une version français québécois mais peut-être pas pour le français belge. Et le mot bruit par exemple vous dites bruit
ça peut arriver ouais un bruit
ok ok et au niveau de la prononciation le dernier mot qui est assez drôle parce que nous les français on vous corrige sur le nom de votre capitale parce qu'on a tendance à le prononcer Bruxelles alors que c'est Bruxelles.
C'est Bruxelles et quand vous prononcez 60, vous prononcez Soixante Non mais de toute façon la graphie je ne sais pas très bien d'où vient le X, parce que c'était SC comme dans Science, en fait, dans Bruxelles avec SC. Je ne sais pas quand est apparue l'écriture avec le x mais oui oui bruxelles bien sûr brussels
bruxelles et non pas bruxelles donc ça
c'est pour tous
les francophones français
qui vont nous regarder et les habitants de Bruxelles savent qu'un français s'adresse à eux quand ils prononcent Bruxelles.
On est repéré tout
de suite. Les Belges sont repérés tout de suite en France mais ne croyez pas que le contraire ne soit pas le cas.
Donc on va passer peut-être à la partie lexique et on va parler un peu des belgicismes. Et pour commencer, on l'a abordé rapidement, mais est-ce que vous pourriez nous en dire plus sur ce qu'on appelle le parler bruxellois
En fait, le bruxellaire c'était un dialecte, c'est toujours, il y a très très peu mais encore quelques personnes qui parlent assez couramment le bruxelaire, c'est un dialecte, C'est un type de langue de la même famille que le néerlandais. Donc la famille des langues néerlandais, anglais, allemand, on appelle ça des langues germaniques. Et ce parler est resté, pour beaucoup de mots, dans la manière dont parlent les personnes dans des situations familières ou les personnes d'origine populaire. Mais disons qu'en fait, ce qui est considéré, ce qui est décrit comme bruxellois, c'est un français qui reprend, qui intègre beaucoup de ces mots d'origine bruxellaire. Donc beaucoup beaucoup de mots que les bruxellois dans des situations familières, populaires, utilisent sont en fait des mots de cette langue puisque c'est une langue.
Alors il existe des vidéos avec de vieux bruxellois qui vous proposent quelques phrases, d'apprendre quelques phrases en bruxellois. Alors moi, je suis née à Bruxelles, mais je ne parle pas du tout le bruxellois, mais je connais très, très bien les mots qui sont couramment repris dans cette espèce de variété de français qui est finalement le bruxellois. Mais la syntaxe, c'est du français, La structure des phrases, c'est du français. La plupart des mots courants sont du français. Mais effectivement, il y a pas mal de mots.
C'est ça qu'on va retrouver dans des films où on vous présente, dans lesquels apparaît un personnage de Bruxellois authentique. Mais c'est le type de personnage. Je suis tout autant une bruxelloise authentique puisque je suis née là et j'habite à Bruxelles. Mais si vous avez un extrait d'un film dans lequel il montre bien que le personnage essaie d'apprendre à une femme étrangère à se faire passer pour une belge. Il dit attention si tu es plutôt de tel quartier de Bruxelles tu dois parler comme ça.
Bruxelles est une ville comme Paris avec des quartiers différents, des catégories sociales différentes. Le bruxellois, effectivement, c'est cette image d'une personne bon vivante et populaire qui n'hésite pas à utiliser dans son français beaucoup de mots du dialecte bruxellaire.
D'accord, je pense au film Dick & Neck, est-ce que Dick & Neck c'est un mot justement du parler bossément D'accord.
Donc « dick » c'est « gros » et « neck » c'est la nuque, en fait le cou. Donc oui, ça veut dire « gros cou
».
Ça existe aussi en français, je pense, cette expression, avoir le gros cou, être une personne arrogante, trop surdelle.
On dit avoir les chevilles qui enflent. Je ne sais pas si vous avez cette expression aussi. Avoir les chevilles qui enflent, c'est justement quand on a une espèce de fierté un peu excessive, on dit prendre le melon aussi, donc avoir une grosse tête, voilà, prendre le melon, mais un gros coup, moi je l'ai jamais entendu, mais peut-être peut-être dans certaines régions, peut-être dans le nord, mais c'est possible.
Non, c'est peut-être effectivement en fait, en les particularités du français de Belgique, sont souvent des transpositions à partir de belgicisme et donc on ne sait plus trop finalement si c'est un belgicisme repris du bruxellaire ou quelque chose qui se dit aussi en France. Oui, donc effectivement, Diconec, c'est la figure type du bruxellois et de son parler bruxellois.
D'accord. Est-ce que vous pouvez nous donner un ou deux exemples d'expressions ou de mots qui sont très populaires et qui appartiennent aux bruxellois
Oui, de nouveau, ça va être utilisé dans certaines situations, pas dans toutes, mais il fait douf, il fait très chaud pour l'instant en Belgique et je pense en France, il fait douf, ça s'écrit D0EF. Alors c'est marrant, les Français ont un peu de mal quand ils voient cette écriture O E, ils ne savent pas très bien si vous prononcez E ou D E. Non, en fait, en néerlandais, si vous écrivez O E, ça se prononce OU, comme OU en français. Donc, notez que quand vous allez boire une ou gardonne c'est pas si vous connaissez cette marque de bière ouais ouais c'est une bière belge bien connue je pouvais pas m'empêcher de parler de bière donc on prononce ougarde
d'accord ok c'est vrai que je pense que pour les français ça peut porter à confusion parce que nous on a le mot verlan ouf que vous connaissez peut-être et quand on dit voilà quelque chose de ouf pas d'ouf mais de ouf quelque chose qui est fou qui est incroyable donc il fait d'ouf effectivement ça peut...
Il fait d'ouf, il fait très chaud...
Ok moi je l'aurais pas compris sans explication il fait d'ouf ok Une expression qui va être de plus en plus utile malheureusement dans les années
à venir. Oui, oui. Non, alors il y a aussi le mot « zineke » qui est très très lié. Le mot zineke qui est très très lié, c'est un bâtard, une personne un peu... Voilà dont les origines sont plutôt populaires, indéfinies.
Au départ c'est un chien bâtard mais on l'utilise, alors c'est pas nécessairement une insulte, c'est pas méchant pour quelqu'un qui a un parcours de vie particulier, qui a des idées, mais c'est très affectueux c'est très sympathique Zine que Un zine que
Un zine
que Une zine en fait c'est une idée bizarre Donc quand vous avez e que c'est plutôt pour quelque chose d'affectueux.
Ok ok.
Chou-que, par exemple chou-que, chou bah c'est un petit nom sympathique pour une personne qu'on aime et à Bruxelles on va dire chouque.
C'est petit chou.
Oui voilà, tout à fait. D'autres encore, mais comme je l'ai dit, il y en a plein. Alors il y a François Damiens qui a fait un film qui s'intitule Mon Quête. Un quête, c'est un petit garçon.
D'accord. Là aussi, c'est OK. OK, je ne sais pas s'il a dû sortir en France, mais ça ne me dit rien. Il est sorti il y a longtemps
Non, il y a quelques années, 3-4 ans.
D'accord.
Peut-être qu'effectivement, il n'a pas eu la même diffusion parce que là, il utilisait vraiment énormément de belgicisme. C'était un film qu'il a réalisé avec des caméras cachées. Donc toutes les scènes intégraient des personnes qui ne savaient pas qu'elles étaient filmées.
Maintenant, je vais partager quelques expressions qui, selon nous, les Français sont Belges, et vous allez nous dire si oui ou non, elles le sont. Alors pour commencer…
Je ne suis qu'un témoin. Comme je l'ai dit, moi je suis de Bruxelles, mais après dans d'autres villes, à Liège, à Namur, à Spa, les gens vont peut-être avoir d'autres manières de le dire.
C'est vrai, moi aussi, je suis souvent surpris dans mes vidéos, justement parce que, par exemple, dans la vidéo que j'avais faite avec Geneviève sur le français québécois, par moments, je disais un nom, ça, on ne le dit pas du tout en France. Et ensuite, dans les commentaires, des personnes du Nord, par exemple, disaient « ah si si, chez nous on dit comme ça », etc. Donc c'est vrai que voilà.
Oui, nous on a très bien compris la carabistouille d'Emmanuel Macron, quand il avait le débat avec Marine Le Pen qui lui disait « vous dites des carabistouilles ». En Belgique, il y a même un jeu qui s'appelait Carabistouille.
D'accord, ok. C'est vrai qu'Emmanuel Macron a un talent pour ressortir certaines expressions un peu désuètes, un peu démodées et les remettre sur le devant
de la scène. Des mots du nord de la France. Ici, je dis des belgicines, en tout cas de Bruxelles, mais il y a beaucoup de mots que les Belges francophones utilisent, mais qui s'utilisent aussi dans le nord, à Roubaix.
Ok. Alors, le premier mot, c'est plutôt une expression, c'est une fois. Alors ça, ça a été aussi popularisé par Coluche et nous on pense en France que les Belges terminent toute leur phase par une fois.
Vous l'ai-je une fois seulement dit ici Non, en fait, ça vient d'une caricature produite par des Belges eux-mêmes au début du XXe siècle. Il y a une pièce de théâtre qui a eu vraiment beaucoup de succès en Belgique et à Paris qui s'appelait « Le mariage de Mademoiselle Bœhlemans » dans laquelle les auteurs avaient volontairement caricaturé le bruxellois et donc avaient placé des « une fois » dans presque toutes les répliques des personnages. Alors, je ne vais pas du tout vous dire qu'aucun belge n'utilise jamais ce « une fois » mais on va beaucoup plus l'utiliser maintenant je crois que ça a été beaucoup corrigé donc les jeunes belges francophones utilisent peut-être plus « un peu
»
on vient un peu ici plutôt que vient une fois ici.
D'accord.
Voilà, ça arrive, mais placer une fois dans toutes les phrases comme le faisait Coluche, non.
D'accord. Ensuite, on a, vous l'avez déjà dit, mais 70 et 90, donc ça par contre c'est bien utilisé en Belgique.
C'est tellement plus pratique que 70
C'est sûr, mais vous avez 80 quand même
Oui, on est resté à mi-chemin... 80 voilà c'était une seule multiplication ça mais 70 non non et alors 90...
Oui ça pour les étudiants, pour les apprenants de français langue étrangère, c'est vraiment le boss final, le 99. Ensuite, l'expression « il drache
».
Oui, de nouveau, dans une situation formelle, Si je dois m'adresser à mon supérieur hiérarchique et que je ne veux pas lui dire qu'est-ce qu'il drache, mais dans un contexte familier, oui, bien sûr.
Et qu'est-ce que ça
veut dire Il pleut beaucoup. On parle souvent, Lorsqu'il pleut, le jour de la fête nationale, le 21 juillet, les médias vont parler de la drache nationale.
D'accord, ok.
Mais ça se perd un peu, effectivement, avec le réchauffement climatique, on a eu moins de drache nationale ces dernières années.
Parce qu'il fait douf. Et dans le nord de la France on utilise aussi Ile-de-Rache il me semble donc voilà les frontières administratives ne correspondent pas aux frontières linguistiques.
Non
Ensuite une chic... Qu'est ce que c'est une chic
ça ça va être... Si vous regardez un petit film, une petite vidéo produite par les autorités belges francophones, un film parodique, en fait une chic ça va dépendre À Bruxelles, c'est du chewing-gum, si je peux utiliser un anglicisme. Mais à Liège, ça va être une sucrerie. Je ne sais pas si vous utilisez en France, vous allez dire bonbec, peut-être. Un bonbon.
Un bonbec, on n'utilise pas du tout ça. Je ne donnerai jamais de bonbec à mes enfants, tout simplement parce que je ne vois pas, je ne sais pas si je demande dans un magasin en Belgique, on ne va jamais me dire ah oui, c'est par là. Des bonbons à Bruxelles et à Liège. Donc Liège c'est une ville qui se trouve à la frontière des Pays-Bas, près de la frontière des Pays-Bas et de l'Allemagne. Là, il chique oui un bonbec.
Donc effectivement dans la vidéo, je sais pas si je peux vous mettre des liens après. C'est un liégeois et un bruxellois qui discutent et en fait ils n'arrivent pas à se comprendre, ils se disputent un petit peu justement parce que les belgicismes qu'ils utilisent ne sont pas les mêmes.
C'est comme avec une poche en France ou dans le sud-ouest une poche c'est un sac, un sac plastique pour faire les courses alors que dans le reste de la France c'est simplement les poches d'un pantalon
par exemple.
Ensuite l'expression « je te dis quoi
»
dans quel contexte vous l'utilisez
Alors quand on ne sait pas encore donner, on n'a pas encore de réponse à donner, par exemple quand est-ce qu'on pourrait se voir, attend je dois d'abord savoir quand sera fixée cette réunion et puis après je te dis quoi.
D'accord.
Donc c'est pour dire pour l'instant je peux pas te donner de réponse, mais bientôt on va on va on va discuter de ça et on fixera, on aura une réponse.
Et vous l'utilisez à la forme interrogative aussi Est-ce que vous dites tu me dis quoi par exemple
Oui bien sûr, c'est tellement pratique. Mais c'est amusant parce que c'est une structure en fait pour laquelle je n'avais pas conscience que c'était un belgicisme. En fait à l'école on va plutôt corriger des belgicismes lexicaux du type draché ou qu'est-ce qu'on avait d'autre qu'on corrigeait beaucoup. Oui, Broll, par exemple, que la chanteuse Angèle a utilisé comme titre de son premier album mais on corrige pas beaucoup les structures syntaxiques ou les expressions et donc c'est un étudiant étranger qui m'a dit en fait qu'est ce que ça veut dire je te dis quoi tu as pas appris ça en français et c'est là que je me suis rendu compte que en français elle se disait pas
parce que c'est plus utilisé à l'oral aussi j'imagine donc vous
le voyez rarement
On va peut-être dans un mail informel, je te dis quoi, mais non, effectivement ça s'emploie pas à l'écrit.
D'accord.
Bah c'est pratique comme ça.
Très pratique, très pratique, effectivement.
Plutôt que je reviens vers vous avec une réponse
ouais ouais comment de manière plus informelle je pense qu'on dirait je te dis ça nous on dirait je te dis ça je te dis ça plus tard quand on quitte quelqu'un qu'on va revoir un peu plus tard, en français on dit à tout à l'heure, et en Belgique, vous avez une autre expression, il me semble
À tantôt. À tantôt. À tantôt, mais De nouveau, c'est à l'oral, c'est familier, je ne vais pas non plus saluer mon supérieur hiérarchique, je lui dire alors à bientôt, Mais pas à tantôt, c'est vraiment dans le contexte amical et familier, mais oui, oui.
D'accord. Et à tantôt, ça peut être pour à demain aussi Parce qu'en français, en France, à tout à l'heure, c'est forcément quand on va revoir la personne le même jour
Oui, à tantôt c'est pour le même jour, oui.
D'accord, ok.
Pas pour demain, c'est vraiment dans quelques heures maximum.
Ok, après la pause déjeuner. Ouais. Ok. Et ensuite il me semble que...
Après l'heure de table en Belgique.
L'heure de table pour le déjeuner.
Oui, la pause déjeuner, l'heure de table. Et on a aussi, comme au Québec, le déjeuner pour le premier repas de la journée et puis le dîner pour le repas de midi mais voilà de nouveau c'est un peu plus archaïque les jeunes vont plutôt utiliser un anglicisme le lunch. L'heure de table c'est dans un contexte professionnel en fait, en famille on prend pas une heure de table.
Ok, oui c'est vraiment une pause déjeuner. Et le soir c'est le souper du coup
Parfois le dîner aussi, pas de différence très stricte.
Ok et le dernier point j'ai lu que parfois vous utilisez pouvoir à la place de savoir ou savoir à la place de pouvoir Est-ce que vous pouvez m'expliquer ça
Ouais, en fait, donc en français, on va utiliser savoir pour une maîtrise ou une connaissance qu'on a acquise, pour laquelle il y a eu un apprentissage et pouvoir, quand on a une possibilité, une capacité immédiate. Mais en Belgique, cette distinction parfois, et donc on peut avoir une situation où la porte est fermée à clé et on va dire, on ne sait pas entrer.
Au lieu d'entrer,
Il ne faut pas d'apprentissage pour ouvrir une porte. Et donc, la nuance entre les deux verbes, quand ils sont suivis d'un infinitif, donc d'un verbe pas conjugué, n'est pas très nette. Mais bien sûr, on ne va pas utiliser savoir et pouvoir s'ils ne sont pas suivis d'un infinitif en les confondant.
Vous n'allez pas dire je ne peux pas à la place de je ne sais pas, par exemple.
Non, non, non, non. Donc, effectivement, si on vous demande quand a lieu tel événement, vous n'allez pas répondre. Je ne peux pas à la place de je ne sais pas. C'est vraiment quand il y a un verbe pas conjugué derrière. Mais oui, oui, effectivement, moi aussi, c'est tellement courant qu'il faudrait vraiment que je réfléchisse pour bien utiliser pouvoir et pas savoir quand il n'y a pas d'apprentissage.
Donc, c'est vrai que
je ne
sais pas entrer. La porte est fermée. C'est super amusant dans Astérix et Obélix chez les Belges. Les Belges, à la fin, quand ils ont gagné contre les Romains, vont dire « c'est le sauf qui sait
». «
Hourra, nous avons gagné, c'est le sauf qui sait
».
Alors que dans une expression, en Belgique, on ne va jamais dire, un belge francophone ne va pas dire dans une expression où il y a le verbe pouvoir, le verbe savoir à la place.
Donc c'est un faux belgicisme.
Oui, Astérix et Obélix, la série est de toute façon caricaturale pour même les régions de France. Je ne suis pas sûre que les Corses se reconnaissent dans les images d'Astérix et Obélix en Corse, mais c'est super amusant, l'image à donner des belges comme bon vivant et un peu brouillon.
C'est vrai, c'est vrai.
Oui, oui.
Une image qui change, qui est en train de changer, heureusement, après toutes ces années.
Non, non, mais oui, oui, savoir, pouvoir, suivi d'un verbe, c'est finalement... Est-ce qu'on a vraiment bien maîtrisé ce qu'on peut faire, ce qu'on ne sait pas faire Une vraie question philosophique.
Philosophique finalement, oui, tout à fait. Alors pour finir justement une autre question un peu plus philosophique peut-être, mais vous êtes également professeur de FLE, donc vous avez des étudiants étrangers qui apprennent le français, Et vous avez écrit notamment un article à ce sujet. Donc j'aimerais savoir selon vous en quoi les spécificités du français belge peuvent être utiles pour les étudiants étrangers.
Les étudiants au CACJDC sont en Belgique donc ils ont pas mal besoin de pouvoir connaître ces particularités. S'ils ont vraiment envie d'entrer en contact avec des étudiants belges, c'est toujours tellement plus facile si on connaît quelques particularités plutôt qu'un français très très lisse qui va paraître plus éloigné. Pour des étudiants qui apprennent le français, langue étrangère, mais qui n'ont pas l'intention de venir en Belgique, ou... Ce n'est pas le projet immédiat, ça peut toujours. En fait, c'est peut-être une manière de découvrir aussi un français qui est très influencé par d'autres langues, donc qui va paraître plus lié à une diversité linguistique avec lequel ce sera peut-être possible de faire des liens aussi pour les étudiants dont la langue est une langue pas comme l'espagnol ou l'italien qui sont très proches du français.
Oui, c'est nouveau une image peut-être un peu cliché, mais quelque chose de très créatif, de très inventif dans les structures, dans les mots utilisés. Découvrir peut-être un autre rapport à la langue française qui justement est celui de francophones qui naissent, qui vivent dans l'idée que le français n'est pas une évidence, ne va pas de soi, donc voilà, découvrir le français de Belgique c'est découvrir une espèce d'entre deux, un milieu entre le français peut-être standard et puis un français plus étrange, plus étranger. Plus créatif. Non, je crois que le français du sud de la France, des régions, est très créatif aussi, mais il y a cette conscience que le français reste une espèce de chose un peu étrange qu'on ne maîtrise pas, qui peut se retrouver dans la position. Je ne sais pas comment le vivent les étudiants, les apprenants en Pologne, mais...
Oui, je pense que, effectivement, d'avoir cette approche un peu plus ouverte sur les autres langues, sur l'influence qu'elles peuvent exercer les unes sur les autres, c'est quelque chose d'assez intéressant. Et je ne sais pas, il n'y a sûrement pas d'études sur ce sujet, mais peut-être que pour des étudiants étrangers, il y a un peu plus de bienveillance en Belgique, quand les gens essayent de parler français qu'en France où on a un peu toujours cet état d'esprit, cette nécessité de parler un français parfait, de corriger les moindres petites erreurs. J'imagine qu'en Belgique c'est
un peu moins le cas.
En tout cas, pour les étudiants non francophones, on essaye pour nos étudiants francophones de les amener à une très bonne maîtrise du français écrit. Mais oui, étant donné que La Belgique est au carrefour de multiples influences. Finalement, beaucoup de Belges connaissent un peu d'autres langues, des connaissances qui ne sont pas francophones. Il n'y a pas d'entre-soi. C'est impossible.
Donc, oui, on ne va pas tout de suite prendre une position impatiente ou arrogante par rapport aux difficultés d'expression des non-francophones.
Très bien. Pour finir, est-ce que vous pourriez peut-être recommander une ou deux oeuvres ou un ou deux médias pour les apprenants qui justement aimeraient découvrir le français belge
Oui, alors Il y a plusieurs vidéos qui ont été produites par des humoristes belges. Il y a un humoriste qui s'appelle Guy Homme. Ça s'écrit G-U-I, trait d'union et puis Homme, H-O-M-E. Il fait plusieurs vidéos humoristiques. Il parle très vite, mais parfois ses vidéos sont sous-titrées.
Il y a aussi une série de vidéos qui s'appelle La Minute Belge, faite par deux humoristes. Au départ, ils ont aussi produit une bande dessinée. Ils expliquent l'origine de plusieurs belgicismes de manière très humoristique et avec des petits dessins. Donc, la Minute Belge, ça, c'est pour ce qu'on peut trouver en ligne. Alors, évidemment, c'est un bouquin, mais c'est le guide ultime de la Belgitude.
Alors, Je devrais inverser parce que là, vous n'allez pas le lire, de Philippe Jeunion. Il commente tous les belgicismes, les plaisirs culinaires, parce que c'est vrai qu'on n'en a pas beaucoup parlé, mais beaucoup de mots de Belgicine sont liés à une spécificité gastronomique, des mots pour désigner des sucreries qui n'existent qu'en Belgique. Et pour des livres éventuellement, toujours certains livres d'Amélie Nothomb, grande écrivaine belge francophone. Alors, peut-être encore une bande dessinée comment devenir belge ou le rester si vous l'êtes déjà de gilles dalle et fred janin mais mais oui des vidéos d'humoristes belges pas mal Ils ont tendance à parler assez vite, mais beaucoup d'humoristes français parlent très vite aussi.
C'est sûr, c'est sûr. Peut-être qu'avec les bandes dessinées, justement, ça peut être une bonne porte d'entrée. Donc, évidemment, on mettra toutes les références dans la transcription et sur le site Internet. Elisabeth, merci beaucoup pour vos réponses, votre expertise. On a appris beaucoup de choses et je suis sûr que ça va donner envie aux élèves d'en apprendre un peu plus sur le français belge.
Voilà, merci beaucoup.
Si vous êtes étudiant, n'hésitez pas à vous documenter sur les programmes de l'Université de Mons, à proposer à votre université des contacts avec cette université en Belgique francophone.
Merci beaucoup.
Merci à vous. Au revoir, bonne fin de journée.
Au revoir.