Ces arbres avaient été plantés par les rois de France. Certains avaient plusieurs centaines d'années, il n'en restait plus un seul. J'étais fasciné par la tempête et par sa force. J'avais envie de découvrir comment les tempêtes se formaient, comment elles pouvaient tout détruire. Je voulais tout savoir et cette fascination allait changer le reste de ma vie.
La météo.
À dix ans, j'observais la météo et je notais ce qu'il se passait dans mon petit cahier une fois par jour, puis quand j'ai eu onze ans, je faisais ça toutes les heures. Ensuite, à douze ans, c'étaient toutes les demi-heures, le jour et la nuit.
Leur vitesse.
Avec la station météo que j'avais installée dans la cour de mon immeuble, j'ai pu obtenir de nouvelles mesures, la température, la vitesse et la direction du vent. Je mesurais aussi la quantité de pluie qui était tombée. Comme ça, j'avais des chiffres plus précis. La station météo dans ma cour avait un petit ordinateur qui ne gardait les résultats que pendant une semaine. Donc, je refusais de partir en vacances plus d'une semaine, sinon je risquais de perdre toutes ces informations.
Je n'avais jamais rencontré personne qui était aussi passionné par la météo que moi, mais sur ce site internet, j'ai découvert qu'il y avait plein de gens comme moi. J'ai pu partager mes observations et en discuter avec eux. J'avais aussi accès à des informations plus précises que les miennes, c'était une vraie mine d'or.
Sergent Schfeld, this with a good mind, une mine d'or.
À Noël, mon oncle m'a offert un petit appareil photo numérique. J'ai tout de suite commencé à prendre des photos et des vidéos du ciel dans la cour de mon immeuble, mais mes photos étaient floues et trop sombres. Quand j'ai filmé un éclair pour la première fois, j'étais super heureux. Ma mère ne voulait pas que je sorte tout seul avec des inconnus rencontrés sur internet. Elle trouvait ça trop dangereux.
Mais moi, mon rêve, c'était de rencontrer mes amis virtuels et de sortir avec eux pour prendre des photos d'orage.
Ses amis virtuels, de Versailles.
Ma mère a compris que mes amis étaient des gens comme moi. Ils avaient mon âge et on partageait la même passion. Il n'y avait pas de danger, alors elle a accepté que j'invite mes amis à la maison et que je sorte prendre des photos avec eux. J'avais l'impression d'être un lion qui sortait de sa cage. J'étais tellement heureux.
L'été de mes quinze ans, mes amis et moi, nous sommes allés dans la Beauce. C'est une région à cinquante kilomètres au sud-ouest de Paris qui est particulièrement plate. Donc on voit très très loin à des centaines de kilomètres dans toutes les directions. C'est l'endroit parfait pour observer les orages se former. Chasser les orages, c'est technique, mais c'est aussi dangereux.
Alors les chasseurs d'orages se transmettent leurs connaissances. Les personnes plus âgées apprennent aux personnes plus jeunes. Heureusement, mes parents ne réalisaient pas du tout que c'était dangereux. Il faisait déjà nuit, mais il faisait chaud et humide et je regardais les éclairs à l'horizon. Le vent commençait à souffler.
Avec mes amis, on regardait l'orage approcher. Petit à petit, les nuages et les éclairs venaient vers nous et je sentais l'adrénaline monter en moi. Vers minuit, l'orage était assez proche et les gouttes de pluie commençaient à tomber. Mes amis et moi, on était prêt à prendre des photos de l'orage et des éclairs. On était au cœur de l'orage et je prenais mes toutes premières vraies photos d'orage.
C'était vraiment formidable. Depuis que j'ai quinze ans, je cherche toujours à prendre la plus belle photo possible. Les sensations fortes et le danger, ça fait partie du plaisir de la chasse.
C'est l'adrénaline, mais je cherche surtout la beauté. Je veux capturer et partager cette
beauté avec tout le monde. Au bord de la Méditerranée, il y a un type d'orage unique qu'on appelle un épisode méditerranéen. Ces orages arrivent tous les ans à l'automne. À cette période, la mer est encore très chaude, mais l'air est déjà froid. Cela produit des orages très violents et très beaux.
Alors tous les ans, d'août à octobre, je chasse les orages le long de la côte méditerranéenne. La côte méditerranéenne est très belle, il y a la mer et les montagnes et ses orages sont très petits, donc on peut les voir en entier. Souvent, on voit des éclairs qui sortent des nuages et c'est très beau, mais il faut être là au bon moment et au bon endroit. La première partie de la chasse, c'est le moment des prévisions, c'est le moment le plus scientifique. C'est moi qui fais les calculs, alors c'est beaucoup plus précis que les prévisions météo à la télé.
Et chaque jour, je vérifie et je perfectionne mes prévisions. Souvent, il pleut très fort. Alors, on voit mal l'éclair au milieu de la pluie. Parfois, l'éclair est tout petit ou alors il ne sort pas des nuages. Et d'autres fois, je sors pour rien parce que finalement, il n'y a pas d'orage du tout, mais ça fait partie du plaisir de la chasse
Finalement,
c'est quand je chasse l'orage que j'exprime toutes les dimensions de ma personnalité la science l'aventure et la recherche de la beauté Ce week-end-là, je n'avais rien vu sur les cartes. Mon ami d'orient m'a montré un orage très petit et très isolé. J'étais très fatigué ce soir-là, mais j'avais envie de sortir et de prendre l'air, alors je l'ai suivi. Dans la voiture, on a mis notre matériel de photos, des affaires pour dormir et des sandwiches. On a pris la route jusqu'à la baie de Cannes.
On a choisi un lieu qui nous permettait de voir toute la ville et toute la baie. On est arrivé vers dix-huit heures et on s'est installé. C'était un très bel endroit. Devant nous, on voyait la mer et les lumières de la ville qui brillaient le long de la côte.
Serge après
plusieurs heures l'orage qu'avait prévu dorian n'arrivait toujours pas Tous les autres chasseurs d'orage étaient déjà partis. Moi, je ne voulais pas partir, mais je commençai à ne plus y croire et j'étais vraiment fatigué. Donc j'ai laissé Dorian surveiller la baie et je suis allé dormir dans la voiture. J'étais à peine réveillé et j'ai dit à Dorian de me laisser dormir. Alors Dorian a insisté et m'a dit arrête tes bêtises, lève-toi, je vais installer ton appareil photo.
Donc je me suis levé et j'ai vu dans le ciel un nuage qui grossissait vite. J'ai compris tout de suite que nous allions avoir un bel orage. J'étais encore sur mon téléphone en train de regarder les prévisions, quand mon appareil photo a pris automatiquement une photo du premier éclair. Je n'ai même pas vu l'éclair, seulement le flash. Quand j'ai regardé vers le ciel, c'était déjà fini.
Illuminait la nuit.
Toute ma vie, j'avais rêvé de faire cette photo. C'est très rare de photographier des éclairs qui sortent des nuages, mais sur cette photo, tout était là. La lune, les étoiles, la mer
et surtout les nuages et cet éclair qui illuminait la nuit. C'était magnifique.
Très vite, j'ai compris que cette photo était différente. Elle recevait beaucoup plus de commentaires que les autres les gens décrivaient ce qu'ils voyaient dans les nuages c'était très poétique. Quelqu'un a dit qu'ils voyaient un éclair qui sortait d'une tête de lion. Je me suis dit vraiment, c'est le genre de photo qu'on prend une fois tous les dix ou vingt ans. Ma photo a gagné le premier prix du public et le troisième prix du jury.
Le jour des résultats, j'ai appelé ma mère et je lui ai dit, merci maman de m'avoir permis de chasser l'orage quand j'avais quinze ans. Tu vois le résultat maintenant.